Le noir.
Encore des rêves ? Encore un voyage ? Non. Rien de tout cela. C'est juste que j'ai un énorme mal de crâne. Je vais rajeunir, c'est ça ? Mais pourquoi je pense à ça ? Il n'y a pas de corrélation entre rajeunir et avoir mal au crâne. Je sais pas ce qui s'est passé, mais ça m'a chamboulé les idées. J'ai la flemme d'ouvrir les yeux, alors, je me contente de sentir ce qui m'entoure. Dans mon dos, la surface rassurante de l'écorce d'un arbre. Dans les airs, je sens une petite nuance de viande grillée. Quelqu'un cuisine. Je suis chez des civilisés. L'odeur est appétissante. J'en ai l'eau à la bouche. Et je m'aperçois que j'ai soif. Terriblement soif. Ma langue est un tel un bout de papier. Déshydraté. J'entrouvre la bouche pour la laisser sortir, comme si je pouvais capter quelques fines gouttelettes tombant quelque part. La pluie est passée sur Innocent Island. Le temps s'est calmé. Régulièrement, j'entends des gouttes tomber des feuilles imbibées d'eau. Pourquoi j'en ai pas ? Juste une.
Vous voulez de l'eau ?
Une voix. Une voix dans l'obscurité. Une belle voix. Une petite voix d'enfant, assurément. Une voix pure qui s'inquiète pour quelqu'un. Un léger tremblement dans la voix. La peur de parler. L'appréhension. Malgré la douleur, cette voix me donne envie de voir sa propriétaire. Lentement, j'ouvre les yeux. La lumière du soleil m'assaille. J'ai mal. J'essaie de maintenir les yeux ouverts et les larmes me viennent pour les protéger. Et au travers des larmes et de la lumière, je la vois.
Innocent Island. L'innocence même. De grands yeux qui m'observent sans savoir quoi faire. Une petite taille. Un petit corps délicat. Une enfant. Une simple enfant. Je la découvre, même si au fond de moi, j'ai l'étrange sentiment de l'avoir déjà vu. Elle est accroupie à côté de moi. Dans ses douces mains, elle tient une gourde, posée sur ses genoux. Elle voit mes yeux. Elle voit que je la fixe. Elle recule un petit peu. Je cligne des yeux pour enlever mes larmes. L'une coule sur ma joue. Elle le voit. Elle s'en inquiète et s'avance un petit peu, comblant son précédent mouvement de recul.
Vous pleurez ?
Toujours cette voix douce. Cette gentillesse. Je me sens prise d'un sourire. C'est étrange de se réveiller au côté d'un si petit bout de fillette aussi adorable. À sa question, je fais non de la tête. J'élargis mon sourire. Elle hésite, puis elle sourit aussi. Un sourire timide alors que ces yeux sont toujours inquiets. J'essaie de bouger, mais je sens mon corps qui refuse de bouger. Pas encore. Il faut rester un peu au repos avant de m'y remettre. J'ai juste assez de détermination pour lever ma main. Elle la fixe. Je pointe du doigt la gourde. Elle sursaute.
Oh ! J'ai oublié !
C'est déjà pardonné. On pourrait tout lui pardonner, en fait. Timidement, il approche la gourde de ma bouche que j'entrouvre avec difficulté. La gourde se penche et l'eau sort ; trop rapidement. Elle m'éclabousse tout le visage, coulant sous mes paupières et même jusqu'à mes lobes d'oreilles. La fillette sursaute à nouveau de son erreur et fait un geste de recul. Dans l'action, elle perd sa stabilité et tente de se maintenir avec sa main. Son autre main lâche la gourde et elle vient se renverser sur mon ventre. La fraîcheur de l'eau m'horripile un bref instant avant que je ressente son effet bénéfique sur ma peau. Ça me réveille. Un peu d'eau à couler dans ma gorge. Juste ce qu'il fallait. Ça fait un bien fou. Pour la petite, ça ne s'est pas aussi bien passé. Elle a finalement complètement perdu l'équilibre et elle s'est écroulée sur moi, trempant légèrement son vêtement sur l'eau qu'elle a renversé. Elle a poussé un petit cri. Tellement mignon.
Elle lève les yeux vers moi, les joues rosies par une légère honte. C'est la goutte d'eau de trop. Je ris malgré ma bouche mi-humide. Un rire franc. Tout cela m'amuse. Elle m'amuse. Je suis heureuse. Et elle rougit encore plus, baissant les yeux pour ne pas me regarder. Elle aurait besoin de réconfort. Je lui en donne. Ma main droite se lève avec une vigueur retrouvée et vient se poser sur sa chevelure d'un très beau noir. Elle lève les yeux subitement, surprise. Mais je me contente de lui caresser la tête, souriante. Elle hésite, regarde sur le côté, puis cesse d'être aussi crispée. Mon sourire se communique. Ses petites lèvres se déforment en un rire d'enfant. D'abord timidement, puis complètement libéré. Elle se redresse et s'agenouille, les mains sur les genoux. Elle rit encore, les yeux à moitié fermés. Je ris de concert avec elle.
C'est simple. Mais c'est tellement bon.
Qu'est-ce qui se passe Uran ?!
Le rire prend fin. Elle se retourne subitement tandis qu'un groupe de jeune apparaît. À sa tête, une gamine dans le genre de… Uran, c'est ça ? Et quand je dis Uran, c'est plus onze, voire douze ans. Les mains sur les hanches, elle semble être à l'opposer d'Uran. Elle fait la fière. Derrière elle, je découvre une demi-douzaine de garçons. Certains sont plus grands qu'elle, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle semble en imposer davantage que les plus costaux. Son visage enfantin est empli d'une certaine fierté. Pas un visage dur, plutôt un visage d'enfant, tout de même. Heureux et fier. Voilà les bons mots. Et c'est seulement maintenant que je capte où je suis.Sur le côté droit et devant moi, un mur de bois, ou plutôt, un rassemblement de branches et de brindilles qui forment un mur plus ou moins uni. Derrière moi, c'est pareil, sauf qu'un arbre sert de charpente. Pas de doute, c'est une sorte de cabane, suffisamment grande pour que je puisse m'allonger un peu dedans. Le groupe de gamin a surgi sur le côté gauche. Au travers des corps, j'aperçois d'autres cabanes autour d'une sorte de clairière.
Vraiment étrange, tout ça.
En attendant, celle qui semble être la chef s'approche d'Uran et lui tend la main.
Viens !
Uran hésite, puis elle saisit cette main tendue, se relevant presque à contrecoeur, me regardant avec un reste de rire dans les yeux. L'autre gamine regarde la tache d'eau sur le vêtement d'Uran. Son visage se renfrogne, mais ça sonne faux à mes yeux. Elle joue la comédie. Comme un rôle. Un jeu même.
Je te défends de mouiller mon amie Uran !
Je me redresse un peu en m'aidant de mes mains. Les garçons sursautent, apeurés. La chef s'avance d'un pas et pointe le doigt vers moi.
Interdiction de bouger !
Mais… pourquoi ?
Parce que tu es notre prisonnière !
Mais…
Pas de mais !
Qui… êtes-vous ?
Elle me regarde un instant et une petite lumière brille dans son regard.
C'est évident ! Nous sommes des pirates !
Encore des rêves ? Encore un voyage ? Non. Rien de tout cela. C'est juste que j'ai un énorme mal de crâne. Je vais rajeunir, c'est ça ? Mais pourquoi je pense à ça ? Il n'y a pas de corrélation entre rajeunir et avoir mal au crâne. Je sais pas ce qui s'est passé, mais ça m'a chamboulé les idées. J'ai la flemme d'ouvrir les yeux, alors, je me contente de sentir ce qui m'entoure. Dans mon dos, la surface rassurante de l'écorce d'un arbre. Dans les airs, je sens une petite nuance de viande grillée. Quelqu'un cuisine. Je suis chez des civilisés. L'odeur est appétissante. J'en ai l'eau à la bouche. Et je m'aperçois que j'ai soif. Terriblement soif. Ma langue est un tel un bout de papier. Déshydraté. J'entrouvre la bouche pour la laisser sortir, comme si je pouvais capter quelques fines gouttelettes tombant quelque part. La pluie est passée sur Innocent Island. Le temps s'est calmé. Régulièrement, j'entends des gouttes tomber des feuilles imbibées d'eau. Pourquoi j'en ai pas ? Juste une.
Vous voulez de l'eau ?
Une voix. Une voix dans l'obscurité. Une belle voix. Une petite voix d'enfant, assurément. Une voix pure qui s'inquiète pour quelqu'un. Un léger tremblement dans la voix. La peur de parler. L'appréhension. Malgré la douleur, cette voix me donne envie de voir sa propriétaire. Lentement, j'ouvre les yeux. La lumière du soleil m'assaille. J'ai mal. J'essaie de maintenir les yeux ouverts et les larmes me viennent pour les protéger. Et au travers des larmes et de la lumière, je la vois.
Innocent Island. L'innocence même. De grands yeux qui m'observent sans savoir quoi faire. Une petite taille. Un petit corps délicat. Une enfant. Une simple enfant. Je la découvre, même si au fond de moi, j'ai l'étrange sentiment de l'avoir déjà vu. Elle est accroupie à côté de moi. Dans ses douces mains, elle tient une gourde, posée sur ses genoux. Elle voit mes yeux. Elle voit que je la fixe. Elle recule un petit peu. Je cligne des yeux pour enlever mes larmes. L'une coule sur ma joue. Elle le voit. Elle s'en inquiète et s'avance un petit peu, comblant son précédent mouvement de recul.
Vous pleurez ?
Toujours cette voix douce. Cette gentillesse. Je me sens prise d'un sourire. C'est étrange de se réveiller au côté d'un si petit bout de fillette aussi adorable. À sa question, je fais non de la tête. J'élargis mon sourire. Elle hésite, puis elle sourit aussi. Un sourire timide alors que ces yeux sont toujours inquiets. J'essaie de bouger, mais je sens mon corps qui refuse de bouger. Pas encore. Il faut rester un peu au repos avant de m'y remettre. J'ai juste assez de détermination pour lever ma main. Elle la fixe. Je pointe du doigt la gourde. Elle sursaute.
Oh ! J'ai oublié !
C'est déjà pardonné. On pourrait tout lui pardonner, en fait. Timidement, il approche la gourde de ma bouche que j'entrouvre avec difficulté. La gourde se penche et l'eau sort ; trop rapidement. Elle m'éclabousse tout le visage, coulant sous mes paupières et même jusqu'à mes lobes d'oreilles. La fillette sursaute à nouveau de son erreur et fait un geste de recul. Dans l'action, elle perd sa stabilité et tente de se maintenir avec sa main. Son autre main lâche la gourde et elle vient se renverser sur mon ventre. La fraîcheur de l'eau m'horripile un bref instant avant que je ressente son effet bénéfique sur ma peau. Ça me réveille. Un peu d'eau à couler dans ma gorge. Juste ce qu'il fallait. Ça fait un bien fou. Pour la petite, ça ne s'est pas aussi bien passé. Elle a finalement complètement perdu l'équilibre et elle s'est écroulée sur moi, trempant légèrement son vêtement sur l'eau qu'elle a renversé. Elle a poussé un petit cri. Tellement mignon.
Elle lève les yeux vers moi, les joues rosies par une légère honte. C'est la goutte d'eau de trop. Je ris malgré ma bouche mi-humide. Un rire franc. Tout cela m'amuse. Elle m'amuse. Je suis heureuse. Et elle rougit encore plus, baissant les yeux pour ne pas me regarder. Elle aurait besoin de réconfort. Je lui en donne. Ma main droite se lève avec une vigueur retrouvée et vient se poser sur sa chevelure d'un très beau noir. Elle lève les yeux subitement, surprise. Mais je me contente de lui caresser la tête, souriante. Elle hésite, regarde sur le côté, puis cesse d'être aussi crispée. Mon sourire se communique. Ses petites lèvres se déforment en un rire d'enfant. D'abord timidement, puis complètement libéré. Elle se redresse et s'agenouille, les mains sur les genoux. Elle rit encore, les yeux à moitié fermés. Je ris de concert avec elle.
C'est simple. Mais c'est tellement bon.
Qu'est-ce qui se passe Uran ?!
Le rire prend fin. Elle se retourne subitement tandis qu'un groupe de jeune apparaît. À sa tête, une gamine dans le genre de… Uran, c'est ça ? Et quand je dis Uran, c'est plus onze, voire douze ans. Les mains sur les hanches, elle semble être à l'opposer d'Uran. Elle fait la fière. Derrière elle, je découvre une demi-douzaine de garçons. Certains sont plus grands qu'elle, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle semble en imposer davantage que les plus costaux. Son visage enfantin est empli d'une certaine fierté. Pas un visage dur, plutôt un visage d'enfant, tout de même. Heureux et fier. Voilà les bons mots. Et c'est seulement maintenant que je capte où je suis.Sur le côté droit et devant moi, un mur de bois, ou plutôt, un rassemblement de branches et de brindilles qui forment un mur plus ou moins uni. Derrière moi, c'est pareil, sauf qu'un arbre sert de charpente. Pas de doute, c'est une sorte de cabane, suffisamment grande pour que je puisse m'allonger un peu dedans. Le groupe de gamin a surgi sur le côté gauche. Au travers des corps, j'aperçois d'autres cabanes autour d'une sorte de clairière.
Vraiment étrange, tout ça.
En attendant, celle qui semble être la chef s'approche d'Uran et lui tend la main.
Viens !
Uran hésite, puis elle saisit cette main tendue, se relevant presque à contrecoeur, me regardant avec un reste de rire dans les yeux. L'autre gamine regarde la tache d'eau sur le vêtement d'Uran. Son visage se renfrogne, mais ça sonne faux à mes yeux. Elle joue la comédie. Comme un rôle. Un jeu même.
Je te défends de mouiller mon amie Uran !
Je me redresse un peu en m'aidant de mes mains. Les garçons sursautent, apeurés. La chef s'avance d'un pas et pointe le doigt vers moi.
Interdiction de bouger !
Mais… pourquoi ?
Parce que tu es notre prisonnière !
Mais…
Pas de mais !
Qui… êtes-vous ?
Elle me regarde un instant et une petite lumière brille dans son regard.
C'est évident ! Nous sommes des pirates !
Dernière édition par Adrienne Ramba le Dim 13 Oct 2013 - 21:37, édité 1 fois