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Les sourires sont plus beaux à deux

Le noir.
Encore des rêves ? Encore un voyage ? Non. Rien de tout cela. C'est juste que j'ai un énorme mal de crâne. Je vais rajeunir, c'est ça ? Mais pourquoi je pense à ça ? Il n'y a pas de corrélation entre rajeunir et avoir mal au crâne. Je sais pas ce qui s'est passé, mais ça m'a chamboulé les idées. J'ai la flemme d'ouvrir les yeux, alors, je me contente de sentir ce qui m'entoure. Dans mon dos, la surface rassurante de l'écorce d'un arbre. Dans les airs, je sens une petite nuance de viande grillée. Quelqu'un cuisine. Je suis chez des civilisés. L'odeur est appétissante. J'en ai l'eau à la bouche. Et je m'aperçois que j'ai soif. Terriblement soif. Ma langue est un tel un bout de papier. Déshydraté. J'entrouvre la bouche pour la laisser sortir, comme si je pouvais capter quelques fines gouttelettes tombant quelque part. La pluie est passée sur Innocent Island. Le temps s'est calmé. Régulièrement, j'entends des gouttes tomber des feuilles imbibées d'eau. Pourquoi j'en ai pas ? Juste une.

Vous voulez de l'eau ?

Une voix. Une voix dans l'obscurité. Une belle voix. Une petite voix d'enfant, assurément. Une voix pure qui s'inquiète pour quelqu'un. Un léger tremblement dans la voix. La peur de parler. L'appréhension. Malgré la douleur, cette voix me donne envie de voir sa propriétaire. Lentement, j'ouvre les yeux. La lumière du soleil m'assaille. J'ai mal. J'essaie de maintenir les yeux ouverts et les larmes me viennent pour les protéger. Et au travers des larmes et de la lumière, je la vois.



Innocent Island. L'innocence même. De grands yeux qui m'observent sans savoir quoi faire. Une petite taille. Un petit corps délicat. Une enfant. Une simple enfant. Je la découvre, même si au fond de moi, j'ai l'étrange sentiment de l'avoir déjà vu. Elle est accroupie à côté de moi. Dans ses douces mains, elle tient une gourde, posée sur ses genoux. Elle voit mes yeux. Elle voit que je la fixe. Elle recule un petit peu. Je cligne des yeux pour enlever mes larmes. L'une coule sur ma joue. Elle le voit. Elle s'en inquiète et s'avance un petit peu, comblant son précédent mouvement de recul.

Vous pleurez ?

Toujours cette voix douce. Cette gentillesse. Je me sens prise d'un sourire. C'est étrange de se réveiller au côté d'un si petit bout de fillette aussi adorable. À sa question, je fais non de la tête. J'élargis mon sourire. Elle hésite, puis elle sourit aussi. Un sourire timide alors que ces yeux sont toujours inquiets. J'essaie de bouger, mais je sens mon corps qui refuse de bouger. Pas encore. Il faut rester un peu au repos avant de m'y remettre. J'ai juste assez de détermination pour lever ma main. Elle la fixe. Je pointe du doigt la gourde. Elle sursaute.

Oh ! J'ai oublié !

C'est déjà pardonné. On pourrait tout lui pardonner, en fait. Timidement, il approche la gourde de ma bouche que j'entrouvre avec difficulté. La gourde se penche et l'eau sort ; trop rapidement. Elle m'éclabousse tout le visage, coulant sous mes paupières et même jusqu'à mes lobes d'oreilles. La fillette sursaute à nouveau de son erreur et fait un geste de recul. Dans l'action, elle perd sa stabilité et tente de se maintenir avec sa main. Son autre main lâche la gourde et elle vient se renverser sur mon ventre. La fraîcheur de l'eau m'horripile un bref instant avant que je ressente son effet bénéfique sur ma peau. Ça me réveille. Un peu d'eau à couler dans ma gorge. Juste ce qu'il fallait. Ça fait un bien fou. Pour la petite, ça ne s'est pas aussi bien passé. Elle a finalement complètement perdu l'équilibre et elle s'est écroulée sur moi, trempant légèrement son vêtement sur l'eau qu'elle a renversé. Elle a poussé un petit cri. Tellement mignon.

Elle lève les yeux vers moi, les joues rosies par une légère honte. C'est la goutte d'eau de trop. Je ris malgré ma bouche mi-humide. Un rire franc. Tout cela m'amuse. Elle m'amuse. Je suis heureuse. Et elle rougit encore plus, baissant les yeux pour ne pas me regarder. Elle aurait besoin de réconfort. Je lui en donne. Ma main droite se lève avec une vigueur retrouvée et vient se poser sur sa chevelure d'un très beau noir. Elle lève les yeux subitement, surprise. Mais je me contente de lui caresser la tête, souriante. Elle hésite, regarde sur le côté, puis cesse d'être aussi crispée. Mon sourire se communique. Ses petites lèvres se déforment en un rire d'enfant. D'abord timidement, puis complètement libéré. Elle se redresse et s'agenouille, les mains sur les genoux. Elle rit encore, les yeux à moitié fermés. Je ris de concert avec elle.

C'est simple. Mais c'est tellement bon.

Qu'est-ce qui se passe Uran ?!

Le rire prend fin. Elle se retourne subitement tandis qu'un groupe de jeune apparaît. À sa tête, une gamine dans le genre de… Uran, c'est ça ? Et quand je dis Uran, c'est plus onze, voire douze ans. Les mains sur les hanches, elle semble être à l'opposer d'Uran. Elle fait la fière. Derrière elle, je découvre une demi-douzaine de garçons. Certains sont plus grands qu'elle, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle semble en imposer davantage que les plus costaux. Son visage enfantin est empli d'une certaine fierté. Pas un visage dur, plutôt un visage d'enfant, tout de même. Heureux et fier. Voilà les bons mots. Et c'est seulement maintenant que je capte où je suis.Sur le côté droit et devant moi, un mur de bois, ou plutôt, un rassemblement de branches et de brindilles qui forment un mur plus ou moins uni. Derrière moi, c'est pareil, sauf qu'un arbre sert de charpente. Pas de doute, c'est une sorte de cabane, suffisamment grande pour que je puisse m'allonger un peu dedans. Le groupe de gamin a surgi sur le côté gauche. Au travers des corps, j'aperçois d'autres cabanes autour d'une sorte de clairière.

Vraiment étrange, tout ça.

En attendant, celle qui semble être la chef s'approche d'Uran et lui tend la main.

Viens !

Uran hésite, puis elle saisit cette main tendue, se relevant presque à contrecoeur, me regardant avec un reste de rire dans les yeux. L'autre gamine regarde la tache d'eau sur le vêtement d'Uran. Son visage se renfrogne, mais ça sonne faux à mes yeux. Elle joue la comédie. Comme un rôle. Un jeu même.

Je te défends de mouiller mon amie Uran !

Je me redresse un peu en m'aidant de mes mains. Les garçons sursautent, apeurés. La chef s'avance d'un pas et pointe le doigt vers moi.

Interdiction de bouger !
Mais… pourquoi ?
Parce que tu es notre prisonnière !
Mais…
Pas de mais !
Qui… êtes-vous ?

Elle me regarde un instant et une petite lumière brille dans son regard.

C'est évident ! Nous sommes des pirates !


Dernière édition par Adrienne Ramba le Dim 13 Oct 2013 - 21:37, édité 1 fois
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Ahah. Voyez-vous ça. Des pirates. Je cache difficilement un sourire. La chef se fâche en faisant la moue.

Te moque pas ! Je suis la capitaine de ce groupe de pirate ! Je suis Eylis ! Et j'ai navigué avec de grands pirates !
Ah… qui ça ?
Des pirates terribles ! De vrais pirates ! N'est-ce pas ?

Elle s'adresse à sa petite troupe. Et le chaos se déclenche. Tout le monde va de son commentaire, de son soutien à la théorie de la capitaine Eylis. Ils font tous les fiers. Sauf Uran. Je la regarde du coin de l'oeil. Elle semble étrangement effacée, très différente de la troupe de garçons, et même d'Eylis. Elle me regarde timidement, puis sa capitaine, sans trop savoir quoi faire.

Mais… sinon… qu'est ce que je fais là ?
Tatatata ! On ne parle pas !
Mais…
Pas de mais ! Tu es notre prisonnière, alors chut !
Sinon ?
Sinon… on te prive de gouter !

La bande de garçons fait des grimaces. L'idée d'être privé de gouter ne semble pas du tout les ravir. Ça doit être une punition horrible.

Sérieusement... ?
Oui ! Et même pendant plusieurs jours.

Un garçon devient livide.

C'est pas trop dur ?
Rien n'est trop dur ! On est des pirates, non ?
OUAI !
Alors ?
Alors… quoi ?
Tu vas pas bouger, hein ?
Oui… oui oui.

Ils sont attendrissants. Pas que j'ai particulièrement envie de rester une éternité ici, mais je peux bien prendre encore une heure pour me reposer.

J'aurais besoin… d'un peu d'eau.
D'accord… tu en auras ! Qui lui apporte ?

Elle regarde les garçons. Chacun se fait tout petit comme pour éviter d'être désigné. C'est à ce moment-là qu'Uran s'avance d'un pas, l'air décidé.

Je le ferai !

Eylis semble vouloir dire quelque chose, mais finalement non. Il hoche de la tête avant de se retourner vers moi. Elle ne sourit pas et c'est bien la première fois que je la sens sérieuse.

Si tu fais du mal à Uran, tu subiras un châtiment encore pire que d'être privé de goûter.

Tout un programme. Elle s'en va, suivie des garçons. Il ne reste qu'Uran est moi. Je la regarde avec le sourire. Un instant passe. Je le vois. Je le vois se dessiner. Les courbes d'un sourire amusé. Elle rit doucement. Nous rions ensemble. Et alors qu'elle part chercher de l'eau, je la regarde s'éloigner, reposée.

Revenant vers moi, on commence tout doucement à discuter. Elle s'appelle Uran et son histoire n'est pas très drôle. Elle voyageait avec ses parents sur un navire lorsqu'une tempête survint. Elle passa par-dessus bord et elle fut repêchée quelque temps plus tard par un équipage de pirates. C'est là qu'elle fit la rencontre de Eylis, une fille espiègle dont les pirates s'étaient entichés. Ils étaient plutôt du genre gentil et fêtard et alors qu'Uran déprimait d'avoir perdu ses parents, Eylis lui remonta un peu le moral. Toutefois, elle ne sait pas ce que sont devenus ses parents. Elle a le vague souvenir de voir le bateau écraser par une énorme vague. Puis plus rien. Personne ne put lui dire quelque chose à ce sujet. Et alors qu'elle s'intégrait à l'équipage de pirates, ces derniers rencontrèrent un équipage de marines. Sûr d'être défait, ils mirent les deux enfants dans une chaloupe pour qu'elles évitent le combat. C'est ainsi qu'elles débarquèrent sur Innocent Island, devenu terre contrôlée par des enfants. Eylis devint facilement le chef d'une bande de gamins un peu crédule en mettant en avant son expérience de la piraterie, ce qui était un plus indéniable pour gonfler l'aura. À la tête de sa petite bande, elle se fait obéir et joue aux jeux d'enfants habituels, survivants sur l'ile. Toutefois, Eylis semble être très protecteur avec Uran.

Au fil des discussions, je commence à percevoir l'état d'Uran. C'est le genre de fille qui a besoin d'un cadre. De ses parents, d'une famille. Eylis et les gamins, ça ne suffit pas. Et le fait de ne pas savoir si ses parents sont en vie la plonge dans une importante mélancolie. Elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas ce qui est bien pour elle. Elle est là. Elle survit en se morfondant dans ses pensées. C'est comme ça que je l'ai trouvé, la première fois, il y a deux heures. Je m'en rappelle maintenant, la mémoire m'est revenue. Franz m'avait éloignée du théâtre d'affrontement avec les Black Templars. J'étais capable de marcher, mais ce n'était pas la joie. Il m'a soignée avec quelques onguents qu'il possédait. Des trucs assez efficaces. Et alors qu'on revenait vers le campement des Étrangers, j'ai entendu du bruit. Je me suis dirigée vers ce bruit tandis que Franz disparaissait. J'ai alors découvert Uran qui se faisait agresser par un chien errant. Elle s'était éloignée pour penser qu'elle vient de me dire. Se morfondre, oui. Le chien, j'en ai fait mon affaire, évidemment. C'est là que j'ai perdu le fil de ma mémoire. La suite est simple. Eylis et ses pirates me sont tombés dessus littéralement et m'ont assommée avec une grosse branche. Juste un petit coup, le coup de trop. Pas de chance.

Et ils m'ont tirés jusque-là, moi, leur prisonnière.

J'ai dû dormir une heure. Ça m'a fait du bien, au final. Un repos bien mérité après tout ce que j'ai vécu. Une bonne journée. Et elle n'est pas encore terminée. D'après l'ensoleillement, je dirais qu'il me reste 3 heures de jour. Facile. Encore un peu de repos et je m'en irais. Pour passer le temps, je me livre à Uran. Je lui parle de moi, de mon ile, de ma famille, de mes aventures. Les Walkyries, les Étrangers, l'Église. Tout. Elle m'écoute avec de grands yeux, buvant mes paroles. Elle rit de mes pitreries, elle a peu lorsque j'ai été en difficulté. Elle est triste lors de mes passages difficiles. J'ai du mal à tout dire, puis je finis par vraiment me lâcher. Ça me fait beaucoup de bien. Parler sans retenue. Sans avoir un regard inquisiteur en face. Parler sans devoir en subir les conséquences. Parler pour communiquer. Un vrai plaisir. Un partage avec l'autre. J'en viens à parler de choses et de rien. De saveur, de souvenirs personnels, d'animaux étranges. Elle parle aussi. C'est une véritable discussion. Et petit à petit, le peu de mélancolie sur ses traits disparaît pour laisser place au plaisir de la discussion, de la découverte et de l'émerveillement.

Le temps passe si vite en bonne compagnie.

Elle ne cesse de me poser des questions. Mes voyages. Mes rêves. Mes rencontres. Elle voyage au travers de mes mots. Des fois, elle rit. Et je ris de concert. Il a suffi de juste quelques mots pour établir une certaine complicité entre nous. Et quand vient le moment où Uran doit s'en aller, c'est presque avec regret. Eylis l'appelle. Mais est-ce finalement important de venir, en fait ? Elle hésite. Que choisir entre son amie et ma compagnie ? Elle décale son départ. Encore une question. Encore une histoire. Et je raconte. Encore. Elle rit encore. Attendrissant.

Qu'est-ce qui se passe Uran ?

Eylis. Elle est là. Elle regarde Uran avec un visage sans sourire. Uran baisse les yeux brutalement après l'avoir vu, le sourire défait. Elle qui riait à l'instant.

Je suis désolée. Eylis. J'aurais… j'aurais dû venir.
Alors viens.

Elle passe devant Eylis tandis que cette dernière me jette un regard étrange. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre, mais je le sentiment qu'elle me jalouse. Ça peut se comprendre. J'accapare son amie. Je soupire tandis que, seule, je passe en revue mes articulations. Tout à l'air de bien fonctionner. Je me suis parfaitement reposée. Et si je ne veux pas rentrer quand il fera noir, je dois bientôt repartir. Ce fut une rencontre agréable. Je me relève doucement et je sors de la cabane. Dans la clairière, je vois un petit chemin qui semble mener vers le bord de mer. Trois pas pour m'y engager, mais on m'arrête soudainement.

Stop !

C'est Eylis ! Les garçons m'encerclent, armer d'épée en bois et de pistolet en bois. Un jeu. Eylis vient se planter devant moi, les bras croiser. Uran est derrière elle. Elle me regarde tristement. La tristesse de me voir partir.

Tu ne partiras pas.
Oui… je sais, je suis votre prisonnière, mais…
Non ! Tu n'es plus notre prisonnière !
Vous me libérez ?
Non ! Tu vas devenir une pirate de mon équipage, j'ai dit !

Ah. Je m'y attendais pas à ça.

C'est que… je dois m'en aller.
Tu t'en iras pas ! Sinon, tu vas rendre triste Uran et j'aime pas que Uran soit triste ! Alors, tu restes !

Je regarde Uran.

C'est ce que tu veux ?

Elle baisse les yeux, se mordant la lèvre inférieure. Je sens bien que ce n'est pas facile pour elle. À discuter comme on l'a fait, on a créé une sorte de lien entre nous. Il y a vraiment un bon feeling entre nous. C'est un peu douloureux, pour elle qui a beaucoup perdu, de perdre une nouvelle amie. Mais… mais j'ai des devoirs. Alors, il faut que je dise que…

Non Eylis ! Laisse là partir !

Je la regarde. Ça doit être dur de dire ça. Quel courage.

Et puis, c'est une pirate aussi, elle a déjà un équipage.

Il y a une réaction chez les pirates. Je ne m'attendais pas à ça. Ils me regardent tous avec une admiration sans bornes. Quand on se prétend pirate, ça doit être un rêve d'en croiser une vraie. Les questions fusent déjà.

C'est vrai ? T'es une pirate ?
T'es primé alors ?
Combien ?
T'as fait quoi ?
T'es recherché ?
Tu es connu ?
Tu es capitaine ?

Même Eylis ne peut pas s'empêcher d'être surprise et de poser des questions. Alors, je réponds sommairement. Les Étrangers. Ishii. Ma prime. Quelques actions que j'ai faites. Je les impressionne. C'est un peu dur de se sentir flatter en exposant tout ses méfaits, mais c'est un fait. J'aime tous ces regards émerveillés. Uran en rajoute même. Des anecdotes que je lui ai racontées.

… on a un tireur d'élite, il fait que dormir ! Il arrête pas de squatter avec un t... euh… une sorte de poney qui mange des sucres et qui fait gnuh ! Il a cette forme là...

Gnuh ?
Oui. « Gnuh ! »

Ils rient. Sauf Eylis. Elle me fixe.

C'est pas un poney, c'est un tapir.

Je reste bouche bée un instant. Ça refroidit légèrement l'atmosphère. Et dire que je pensais que le poney serait plus vendeur que le tapir. Les pirates semblent rassasier de questions. Eylis aussi qui reste songeur.

Bon... je peux partir... alors.
Non ! Tu restes avec nous !
Mais… puisque je vous dis que je suis déjà dans un équipage…
C'est pas grave ! J'ai la solution. Si t'es vraiment une pirate, tu dois connaître ce jeu !

Quel jeu ? Oh... non… pas quand même... ce jeu.

Ce… jeu.

Oui ! Moi, Eylis, capitaine des pirates d'Eylis, je te défie dans un Davy Back Fight !

Merde.
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Oh oui ! Un Davy Back Fight ! Super !
Euh …
Tu es une pirate ! Tu es obligée d'accepter.

Je sais que c'est un truc de pirate, mais c'est pas vraiment mon trip, ce genre de jeu. Je connais de nom. Pour le règlement, c'est moins bien. Il suffit de lancer le défi pour être dans le trip ? Pas sûr.

Je ne crois pas que …
Si tu te dégonfles, tu auras affaire à moi.

Eylis me fixe avec un regard qui me fait frémir dans le dos. Prudence. Peut-être que sous ses airs de petites filles gentilles se cachent un personnage puissant. Vigilance constante. Je cherche une autre solution pour éviter tout ça.

Mais, pour faire un Davy Back Fight, il y a besoin de mon capitaine, non ?
Ouai !
Ouai !
Oui, mais si on te laisse le chercher, tu vas pas revenir, j'en suis sur.

Roh, j'suis pas si fourbe.

Mais, j'peux pas être seule quand même, non ?
Bah, il faut quand même quelqu'un avec elle.
Mais elle doit pas aller chercher les autres, sinon, elle va fuir ou pire, ils vont nous chasser !
Ah non !
Mais j'vous jure qu'on va pas le faire...
Silence ! Tu as deux minutes pour trouver un allié ! Mais interdiction de sortir de cette clairière.
Et sinon ?
Tu es d'office dans mon équipage.

Tu parles d'une proposition à choix multiples. Un bâton dans une main, Eylis ne semble vraiment pas d'humeur à me laisser partir tranquillement. Et vu mon état, on va éviter de faire des folies. Faut quand même garder à l'esprit qu'elle a déjà réussi à m’assommer.
Un allié, hein ? Je regarde Uran. Je l'interroge du regard brièvement. Elle rougit en écarquillant les yeux et se détourne. Mauvaise idée. De toute façon, elle fait partie des pirates d'Eylis. Qui pourrait me sauver la mise ? Lui.

Faut-il encore le trouver.

Je ferme les yeux et j'écoute. Je sais qu'il est là. Il est forcément là. J'essaie d'entendre un son, de sentir une fluctuation qui le trahirait. Forêt, aide-moi. J'ai besoin de toi. Là-bas ? Non. Gauche. Droite. Craquement. J'ouvre les yeux. Un arbre. Une branche qui s'agite un peu plus que les autres.Je souris. Trouvé. Je m'avance vers l'arbre tandis que les gamins me suivent de près. Je ne sors pas de la clairière et j'arrive devant l'arbre. Levant les yeux, je ne vois pas. Alors, j'agite. L'arbre. Je le saisis à deux mains et je l'agite très fortement. L'arbre craque. J'entends une exclamation étouffée. Encore un peu plus fort et le voilà qui arrive. La tête la première, Franz s'écroule en bas de l'arbre.

J'ai trouvé mon partenaire.

Il se relève, la lèvre en sang et me regarde avec une surprise ahurie ; yeux écarquillés, bouche béante. Pourquoi j'ai fait ça ? Héhé.

T'as pas entendu ? On nous défit dans un Davy Back Fight. J'ai besoin de toi.
Mais … mais … mais !
Pas de mais !
Alors c'est lui ton allié ?
Oui, c'est lui.
Mais...
Il s'appelle Franz. Franz dit bonjour aux enfants.
Mais …
Pas de mais !

La vérité sort toujours de la bouche des enfants.
… Bonjour.

Il tire une de ces tronches . Il devait être confortablement installé sur sa branche à m'observer galérer. S'il devait s'attendre à participer à ce Davy Back Fight. Justement, je lui demande s'il connait. Pas trop. Un peu comme moi. Pas top. On dépend des gamins pour connaître les règles. Et il me dit qu'on pourrait se barrer facilement, qu'il a pas envie de jouer. C'est sûr que derrière son air impassible, on a du mal à se l'imaginer s'amuser. Qu'il ait eu une enfance difficile, ça m'étonnerait pas. Mais finalement, j'ai pas envie de me barrer. Au fond de moi, ça me donne une excuse pour rester un peu avec Uran. Elle si gentille. Cette dernière semble faire semblant de m'ignorer, mais je capte des regards qu'elle m'envoie de temps en temps. Mais mon intérêt se porte d'abord sur Eylis.

Vous êtes deux, ça suffit !
Soit...
Que commence le Davy Back Fight !

OUAAAAI !

Place à la première épreuve alors. J'ai quelques souvenirs d'épreuve pour ce genre de compétition. Course, combat, et autre sens de l'agilité ; c'est pas des épreuves faciles. Ça devrait bien se passer pour moi. Je vois difficilement comment je pourrais perdre face à des gosses, surtout que j'ai Franz avec moi. Excepté Eylis, ils ne semblent vraiment pas extraordinaires, ces gosses.

Alors ?
La première épreuve sera …

Une épreuve en deux manches gagnantes de « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette. » !


Je tombe de haut.
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J'avoue que je ne m'y attendais pas. En même temps, ce sont des gosses, ils ne vont pas faire des épreuves comme les adultes. Comme les vrais pirates. Et même si ce sont des jeux d'enfants, ça nous favorise plutôt, Franz et moi. J'regarde Franz et ma conviction s'affermit. Regardez-le. Ce visage impassible. Je parie qu'il n'a jamais rigolé franchement de sa vie. Le pauvre, c'est vrai. Mais c'est à mon avantage. Et pour moi, je pense que je saurais résister. Résister à quoi ? Des grimaces ? Des blagues ? Quelles sombres machinations peuvent surgir des esprits innocents de ces enfants ? Vigilance, toutefois. On est sûr de rien. On se met en place. Franz et moi d'un côté, les enfants de l'autre. Comme premier adversaire, on a Eylis en personne. Elle semble sûre d'elle. Probablement l'adversaire la plus redoutable de sa petite bande de jeunes. Après une rapide concertation, c'est Franz qui s'en charge. Il ramènera un point important, forcément.

L'un face à l'autre, elle le défit du regard. Lui reste impassible. À côté, les enfants et moi sommes stressés. Qui va gagner ? D'un commun accord, Uran et moi démarrons le duel. Pas besoin de se toucher le menton, c'est une épreuve assez libre. Tout les coups sont permis. Tous pour faire rire. Et Eylis commence. Grimace, blagues, danse ridicule. C'est un ras de marées de postures ridicules, de blagues pas forcément drôle et de petits cris plaintifs. En tout cas, elle fait son effet dans ses troupes. Ils rient tous. Même Uran ne peut s’empêcher de laisser un petit rire s'échapper. En face, Franz reste immobile.

Et c'est là que je comprends mon erreur. Franz ne peut pas rire, mais il ne sait pas faire rire. Compliqué. Peut-être que Eylis va se lasser. Peut-on gagner par abandon ? Possible. On me dit que oui. Eylis a beau être forte, elle est aussi impatiente. Elle peut faire une erreur. Je souris. C'est dans la poche.


Ptfff...

Hein ? J'ai bien entendu. Surprise, je fixe avec davantage de concentration Franz. Il semble... différent. Ah ! Il se mord l'intérieur des joues et même ses lèvres. Non. Il n'est quand même pas sur le point d'exploser de rire ? Si. Incroyable. Franz. Le type qui est toujours impassible. Enfin, très souvent. Lui, rire, grâce à Eylis. Non, impensable.

Ptffff …. pftsss …. Ah … Ah ah … Mouahahahahah ! AHAHAHAH !

Et c'est un point perdu.

Qui l'aurait cru ? Franz à terre, rigolant franchement, faisant des roulades. Et en face, Eylis, le visage conquérant. Si Franz ne bougeait pas, elle aurait le pied sur son corps pour avoir la posture adéquate. J'suis perturbée. C'est si soudain. J'avais confiance en Franz et il me fait défaut. J'aurais jamais pu y penser. Qui aurait cru qu'il se cachait ça sous le visage austère de Franz ?

C'est à ton tour !
Hein ?
Oui ! À toi d'affronter l'un des miens !
Et qui ça sera ….
Mmmh... Uran !

Ouille. La désignée regarde Eylis, surprise, avant de me regarder. Son regard est un mélange de doutes et de peur. Pourquoi Uran ? Est-ce pour me déstabiliser ? Est-ce pour me jeter dans un piège ? Un plan diabolique ? Ou est-ce que ce n'est pas du tout calculé ? Ce sont des enfants. Je ne sais pas quoi penser. Être vigilant, mais tout ne peut pas être un piège, non ? Trêve de réflexion, c'est à mon tour. Je remplace Franz qui a bien du mal à s'arrêter de rire. Dans ses yeux emplis de larmes, je vois un peu de déception, mais aussi beaucoup de surprises. La surprise d'avoir rit. La surprise de s'être rendu compte d'être différent de ce que l'on croyait. Je lui souris, au passage. Il faut le rassurer. Ce n'est pas sa faute. Juste un peu, mais c'est pas grave.

Maintenant, c'est à moi d'affronter Uran. Et on commence. Uran a été coaché par Eylis. Elle fait la même chose : grimace et blague, mais elles sont moins pertinentes que Eylis. Je ne sens pas vraiment le rire me venir, plutôt de l’attendrissement, encore. Elle est si mignonne à vouloir me faire rire. Je lui souris. Elle s'aperçoit de ce que je ressens. Elle rougit, honteuse. Mais elle sourit aussi. Enfin, il faut que je la fasse rire quand même et je n'ai jamais été très bonne en humour. J'essaie de trouver quelque chose. Quelque chose de drôle. Qu'est ce qu'il y a dans mon entourage qui est drôle.

Je cherche.
Je trouve ?

Gnuh ?

J'imite Gnuh. Je louche et je mine une sorte de trompe. Uran me fixe, interloqué. Je lui ai beaucoup parlé de Gnuh tout à l'heure. Elle doit voir précisément à quoi il ressemble. Et son image fait le chemin dans sa tête. Elle pouffe un peu. Mesquinement, je continue à l'imiter, attrapant des cailloux ou des branches comme si je cherchais à manger. Je continue à faire mes « gnuh ? », « gnuh ! » et mes Gnuuuuuuuh ! ». Il ne faut pas longtemps pour qu'elle craque. Elle craque. Un point pour moi. Je ne peux m’empêcher de lui tapoter la tête avec le sourire et elle me répond par le sien. Adorable.

Un partout. Ça fait du bien au moral. On dirait que je suis plus apte à réussir que Franz. Celui-ci en convient rapidement avec moi, cachant mal sa petite honte d'avoir échoué dans son épreuve. Lui aussi, il est mignon. On dirait presque un gosse.  Pas grave. C'est même presque plaisant de voir que tu es capable d'éprouver des émotions aussi humaines que le rire et la honte. C'est donc décider, je serais la candidate pour la troisième manche. La manche décisive.

Non ! Tu n'as pas le droit de participer !
Bah … pourquoi ?
Tu viens de participer à la précédente. Il est interdit de faire deux manches d'affilée. C'est pas du jeu.

Pas du jeu. L'argument ultime. Je connais pas les règles du jeu. Je me suis arrêtée au simple jeu d'enfant que je faisais étant jeune. Comment j'étais censée savoir qu'il y avait des vraies règles ? Tss. Alors Franz doit y retourner. Je reviens vers lui et je le sens fébrile. J'essaie de le rassurer autant que je peux, parce qu'il doit déjà aller se placer. Son adversaire et l'un des garçons. Il a pas l'air très futé. En y pensant, Eylis aurait pu participer à nouveau avec cette règle. Pense t'elle que Franz est incapable de gagner ? Sa victoire est acquise ? Franz a dû le remarquer. Ça le fragilise davantage. Marrant qu'une épreuve aussi peu importante puisse avoir autant d'effet sur nous en fait. Bref. On ne peut pas perdre. Mais je le dis pas à voix haute ; il ne faut pas lui mettre la pression.

Face à face avec son adversaire, le coup d'envoi est donné.

Le gamin est sensiblement moins talentueux qu'Uran au niveau des blagues et des imitations, mais la stratégie employée est la même. Franz encaisse bien. Son visage déformé par la concentration laisse peu de doute sur ta totale motivation à ne pas échouer. Courage Franz. Toutefois, même s'il résiste bien aux attaques humoristiques, il ne porte lui-même pas d'attaques. Je vois Eylis encourager son champion, alors, je fais de même.

Vas y Franz ! Je sais que tu peux le faire ! Il doit rire !

Il me regarde brièvement, apeuré. Terrible. Il est vraiment aux abois. Je sais pas ce qu'il peut faire. Faire le Gnuh ? Ça ne peut que marcher avec Uran. Des blagues ? Non. Oublier. Franz ne doit même pas connaître une seule blague. Il faut qu'il trouve !

Reste pas planter ! Là ! Bouge!

Il me regarde encore. Et c'est là que je vois un éclair de génie dans son regard. Quoi ? Il se met à bouger. Mais c'est... très étrange. Sautant sur place, il agite ses bras et sa tête dans tous les sens dans des gestes saccadés, comme un robot. Ses yeux roulent dans ses orbites tandis qu'il commence à faire des onomatopées électroniques. Oui. Franz fait le robot. Je n'aurais cru voir ça un jour. C'est … hallucinant. En tout cas, ça fait son petit effet sur les enfants pirates. Uran rigole. Eylis a de grands yeux et un sourire se dessine sur ses lèvres. D'autres rigolent. D'autres non. Leur candidat arrive à se contrôler, mais il semble très affecter par la technique de Franz. C'est vrai qu'il est drôle, comme ça. J'rigolerais bien, mais je me retiens, je veux pas le déstabiliser. De toute façon, encore quelques secondes et l'autre devraient abandonner.

Utilise la technique spéciale !

Technique spécial ? J'ai à peine le temps de faire l'aller-retour entre Franz et Eylis que je vois le garçon bondir avec le prêtre d'Élite et lui mettre les mains sur les côtes. Et il se mit à les agiter. Non. On a le droit de faire ça ? On a le droit de faire … des guili-guili ?

C'est de la triche ?!
Non non. Tous les moyens sont permis. Même celui-là.

Raaah. L'attaque prend Franz complètement au dépourvu. Et on dirait que le gamin n'est pas le dernier des nuls en matière de chatouilles. Ses doigts sont agiles et déjà, Franz se contorsionne. Il le supplie. Il sourit. Il … il …

Non.

On a perdu.
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Il était pas loin, mais il a perdu. Je lui donne un peu d'eau parce qu'il s'est un peu déshydraté. Il a beaucoup ri. D'abord le rire qui l'a fait perdre. Puis il a continué à rire ; parce qu'il a perdu. Pour tromper sa honte d'avoir doublement perdu. Je lui ai dit que c'était pas grave, mais il n'a rien voulu entendre. Un vrai gosse. À quelque pas, Eylis nous laisse un peu d'intimités pour bavarder à voix basse avec sa bande. Si je me souviens bien les règles du Davy Back Fight, comme ils ont gagné, ils peuvent prendre quelqu'un de mon équipe. Franz ou moi ? Ça craint. Alors qu'il se relève péniblement, Eylis vient vers nous, l'air visiblement très satisfait.

Comme on a gagné la première épreuve. On peut prendre l'un de votre équipe.
Moui... et ?
On a choisi … lui !

Lui, c'est Franz. Je suis aussi étonnée que lui. Il me fixe, cherchant une réaction chez moi. Qu'est ce que je peux lui dire ? Ils t'ont choisi, je vais pas remettre en cause leur décision. Deux gamins s'approchent et attrapent les bras de Franz et le trainent tandis qu'il continue à me fixer, béat, observant mon absence de réaction. Je le regarde plus. Le goût amer de la défaite est toujours dans ma bouche et comme, en plus, il y a encore deux épreuves. Ça craint. Si je perds à la prochaine, je me fais chaparder. Et à la troisième ? Je veux pas imaginer ce qu'ils pourront inventer.

Déjà, Franz semble faire l'unanimité chez les gosses. Faut dire ce qu'il est, le pauvre est abasourdi par sa défaite humiliante. Amorphe, il se laisse monter dessus par les gosses qui lui font des grimaces. Tranquille Franz. Je viendrais bientôt te délivrer.

On passe à la seconde épreuve !

Déjà ? Pas le temps de souffler.

Euuuh … oui. Qu'est ce que c'est ?

Elle sourit. C'est mauvais signe.

Un cache-cache !

Instant de silence. J'ai perdu.

Un cache-cache comme on aime en faire. Dans chaque camp, il y a la reine. Et l'équipe adverse doit attraper la reine de l'autre camp. Donc, les reines doivent se cacher pour qu'on les attrape pas ! La première équipe qui attrape la reine adverse gagne !
Chez nous, ça sera Uran la reine !

Elle sourit timidement. Peut être gênée de passer devant Eylis dans la catégorie reine.

Et pour … mon équipe ?
Comme tu es tout seul, tu feras la reine !
Donc … je dois me cacher, mais attraper en même temps la reine adverse ?
Oui ! Et si on t'attrape, tu perds !
Mais quand on dit attraper, c'est pas juste touché, hein ?
Bah non, ça serait de la triche !

Ouf. Et je vois pas pourquoi je suis rassurée en fait. Ces règles sont clairement à mon désavantage. Tandis qu'une dizaine de gosses vont me poursuivre après, je dois trouver Uran. Facile, non ? Tu parles. Pour me laisser un avantage, on me laisse cinq minutes pour partir en avant et me cacher. Après, ça sera la traque. Je discute pas trop et je fonce dans la forêt, zigzagant entre les arbres pour distancer un éventuel tricheur. Trouvant un fourré suffisamment grand pour moi, je m'y incruste et je guette une approche. Faut dire la vérité, ça va être très dur. Je fais de la masse, c'est indéniable et me cacher va être difficile. En plus, je dois me déplacer pour trouver Uran et je ne sais pas où elle est. Si seulement j'avais Franz avec moi, il pourrait se déplacer d'arbre en arbre en toute discrétion. Ça, je sais pas faire. Problème de poids, il paraît. Alors que je médite à un plan, j'entends déjà les premiers gamins arrivés. Ils passent autour de moi en zieutant à peine dans mon fourré. Eylis est à leur tête. J'pense qu'ils sont certains de gagner. Pour l'instant, je peux pas les contredire.

Alors qu'ils viennent de passer, j'entends un bruit que je n'arrive pas à identifier. Je me tais. Je bouge plus. Je fais le vide autour de moi et j'écoute. Les sons de la forêt, je n'y pense plus. J'écoute juste les bruits bizarres. Les bruits qui ne devrait pas y avoir. Un craquement. Timide. Sur l'arbre. Je connais cette essence d'arbre. C'est un bois très solide en flexion. Pas le genre d'arbres qui craque au premier écureuil. Un autre craquement. Je souris. Et juste après, je roule sur moi-même, sortant du fourré. L'instant d'avant, il y a eu un craquement plus fort. La forme a bondi. J'esquive donc et elle atterrit dans mon fourré. Je me relève, prête à combattre. La forme grogne. La forme s'avance. La forme est visible.

J'ouvre la bouche.

Franz ?

Il est là. Il est des feuilles dans les cheveux, mais il semble normal.

Mais qu'est ce que tu faisais ? Tu m'as fait peur ! Heureusement que t'es là, tu vas pouvoir m'aider à attraper Uran.

Il fait non de la tête. J'incline la mienne sur le côté, les sourcils froncés. Qu'est-ce qui ne va pas Franz ? Pourquoi tu as l'air heureux pour une fois ? Pourquoi tu souris ? Pourquoi t'as ce je ne sais quoi dans les yeux qui m'inspirent pas confiance. Il bondit en avant. J'esquive avec un pas sur le côté. Ces mains ne brassent que du vent. Il refait la même. J'esquive à nouveau.

Franz … ?
Je dois t'attraper …
Tu déconnes Franz ?
C'est le jeu !

Oh. Seigneur. Franz a vu la lumière. Il est arrivé en enfance. Lui qui n'a pas eu d'enfance, il se découvre aux jeux. Il découvre ce plaisir. Si j'avais su, Franz, que derrière ton cœur de pierre se cache l'âme d'un enfant refoulé. C'est à se demander ce que tu fous dans l'Inquisition. Tu serais plus heureux dans la garderie. Ça se voit que t'aimes rire. Sauf que j'ai pas vraiment envie de rire. Trop heureux de pouvoir exprimer ton bonheur, t'oublies que si tu me chopes, c'est fini ! On a perdu ! Alors, m'attraper, c'est hors de question. Mais il continue. Deux fois. Ça fatigue et surtout, j'risque à tout moment d'avoir un gosse dans le dos pour me choper. Pas que je sois incapable de m'en dépatouiller, mais je veux pas leur faire mal. C'est des gosses quoi.

Franz ! Écoute-moi !

Il écoute pas. Alors, je vais pas tricher, mais je vais mettre les choses au point. Je compte gagner et il va pas m'en empêcher. Les enfants, je les touche pas. Mais toi, je te touche. Et alors qu'il s'approche un peu trop près, c'est une mandale phénoménale que je lui mets sous le menton. Il encaisse difficilement le coup qu'il a pas vu venir et s'effondre en se massant douloureusement.

Désolé Franz. Mais c'était nécessaire.

Et j'espère que tu m'en tiendras pas rigueur sur ton rapport auprès de l'Inquisition. Je le laisse là, en plan, à grogner. Le quart d'heure qui passe, je l'occupe à me déplacer avec le maximum de discrétion. J'croise les gosses un paquet de fois. Par deux fois, je me fais repérer et j'arrive à les semer. Je dois une deuxième fois cogner Franz qui pensait m'avoir en traître. Et avec tout ça, je trouve toujours pas Uran. Sauf que je finis par capter une chose : les gosses ne cherchent plus trop, ils se contentent de surveiller les abords de leur campement. Mon instinct me dit qu'Uran n'a pas dû le quitter et que les petits pirates la défendent en sachant éperdument que je suis obligée de passer devant eux pour l'attraper.

Diabolique. Mais en matière de démon, j'ai aussi mes atouts.

Je fais quelques apparitions et le camp adverse se regroupe pour mieux m'avoir. Une énième fois, je me montre et ils me courent tous après. Le plan fonctionne et je me cache. Là, je prends ma forme animale et une fois que c'est fait, je sors de ma cachette pour foncer dans le tas. Les gosses ne connaissent pas mon pouvoir. Et la seule chose qu'ils voient, c'est une espèce de bousier géant leur foncer dessus. Et ça, même s'ils sont courageux, ça fait peur. Le petit groupe qui me pourchassait se met à fuir dans tous les sens, criant au monstre, les bras en l'air. C'est comique. Moi, je cours. Je fonce. Et Franz tente de me stopper. Je lui passe dessus. Trois zéros mon grand. Et j'espère que c'est toujours pas marqué dans ton rapport.

J'arrive finalement au camp sans problème. Alerté par les cris, Uran sort d'une des cabanes. Elle devient livide en me voyant et commence à courir dans la direction opposée. Trop lente. Je suis sur le point de l'attraper qu'elle trébuche. C'est le moment que je choisis pour reprendre ma forme humaine. Alors que mes bras reviennent, j'arrive à la saisir et à la plaquer contre mon corps. On roule au sol, mais c'est moi qui prends tout. Et on finit par s'arrêter de rouler, moi et mon dos un peu labouré, elle indemne. Lui laissant un peu d'espace, elle ouvre les yeux et les écarquillent en me voyant.

Adrienne ?
Oui... c'est moi. Je n'allais tout de même pas de te blessé, tout de même.
Le … le monstre … c'était …
C'était moi. J'ai mangé un fruit très spécial. Un fruit du démon. Tu connais ?
Je … je crois. Eylis en a déjà parlé. Je pensais que c'était une légende.
Ce n'est pas une légende. Mon fruit me permet de me transformer en ce monstre. Mais même si je ressemble à un monstre, je reste toujours la même.

Elle me sourit. Je lui souris. Je lâche un peu mes bras pour lui permettre de se relever, mais, étrangement, elle ne fait rien pour. Elle se blottit contre moi. Je regarde aux alentours.

Et bien … je crois qu'ils vont mettre un certain temps à revenir avec la frayeur que je leur ai mise.

Elle pouffe. Moi, je pense à Franz. Pauvre Franz. Et tandis qu'ils arrivent au compte-goutte, on reste là. L'un contre l'autre.
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Finalement, ils ont retrouvé leur chemin. Sous les insistances de tout le monde, je me suis transformée en bousier. Ils ont bien ri. Ils ont joué sur moi. On a bien ri, en fait. Puis, on s'est arrêté. Comme j'ai gagné, je peux reprendre Franz. Il semble un peu déçu de quitter les enfants qui l'ont accepté comme l'un des leurs. C'est douloureux Franz. Mais faudra bien passer par là.

Tu choisis qui ?
Je choisis Uran.

Tout le monde fait la gueule. Surtout Uran. Et Franz. Moi, je souris et j'invite de la main à Uran de me rejoindre. On dit que j'ai pas le droit. Mais si j'ai le droit. Et Eylis bouillonne intérieurement. Oser prendre sa protégée, elle apprécie pas. De son côté, Franz est larmoyant. Mais non que je ne t'ai pas oublié. Mais t'as l'air si bien avec eux que je prolonge ton bonheur un peu plus. Cool, non ? À mes côtés, Uran ne sait pas où se mettre. Alors, je passe le bras au-dessus de son épaule pour la colle contre moi. Ça semble la rassurer et elle lève la tête pour me regarder.

Toi, je t'adopte.

Elle rougit. Si mignonne.

Qu'elle sera la dernière épreuve ?
Tu perds rien pour attendre !
Mais encore ?
Ça sera …. La marelle !

Héhé. Je m'y attendais. Pas spécialement à la marelle, mais c'est le genre de jeu qui pouvait tomber. Un jeu de gosse. Et c'est pour ça que j'ai pris Uran. Elle doit être experte dans ce genre de jeu. Forcément. En tout cas, beaucoup plus que Franz. La marelle en question est déjà tracée. Je l'avais remarqué. On s'en approche et tout le monde se positionne autour. Le but est simple et si vous connaissez pas la marelle, faut vous renseigner. Là, c'est un peu différent. Le premier fait son truc autant de fois qu'il veut. Dès qu'il fait une faute, c'est à l'équipe adverse de faire le jeu. Il doit alors dépasser le nombre de fois qu'a fait le précédent. L'exercice est pas si simple. Il nécessite de l'endurance et un sacré sens de l'équilibre pour le tenir aussi longtemps. Parce qu'il n'y a pas vraiment de pause. C'est sévèrement contrôlé. Il n'y a pas de cailloux aussi. Tout doit s’enchaîner rapidement.

Deux manches gagnantes.
Sans lui demander son avis, c'est Uran qui passe en première. Je la pense habile. En face, c'est un des gosses qui s'y colle. Il commence l'épreuve et il se débrouille plutôt bien. Les parcours s’enchaînent. Cinq. Dix. Le gosse est talentueux. Uran ne semble pas inquiéter, totalement concentrer qu'elle est. Finalement, c'est au bout de la quatorzième fois qu'il échoue en mordant une ligne. Au tour d'Uran. Elle me paraît si confiante que je ne m'inquiète pas. Et elle commence et j'ai eu raison d'avoir confiance. Elle excelle dans le domaine et les parcours s'enchainent encore plus rapidement. À chaque faux mouvement, je me surprends à m'inquiéter. Je crie avec les autres. Je la supporte. De l'autre côté, Franz fait des grimaces à deux gosses qui s'en foutent de l'épreuve. Un heureux, je l'ai dit.

Et puis c'est le drame, à la fin du douzième parcours, elle fait mal son mouvement et atterrit tout proche de la ligne, de peur, elle pose presque le pied par terre. Un peu. Juste un instant. Mais Eylis l'a vu. Franz aussi ; tiens, il regardait à ce moment-là. Du coup, Uran perd. Et on est mené 1 – 0. C'est problématique. Très problématique, parce que je comptais sur elle. Est ce que je saurais gagner pour recoller au score ?

Y a plus qu'à passer, puisque c'est mon tour. Mon adversaire est désigné. Et c'est Franz. Surprise. Ça promet. Et c'est un adversaire dangereux, même dans une activité aussi peu pratiquée. J'en ai fait durant mon enfance, surement pas pour Franz. J'ai une chance. Je dois la saisir. Alors, je m'y mets. Mes premiers pas sont hasardeux, mais je prends rapidement le coup. À côté, on essaie de me perturber en me racontant n'importe quoi. Les sagouins. Je fais abstraction de tout ça et je continue. Les premiers parcours sont réussis. Et je finis par rater une case. Élimination directe.

J'ai fait quatre parcours.
Un score pourri.
C'est mort.

Et Franz qui me sourit sardoniquement. Oui, il veut gagner. Tu boudes parce que je t'ai pas pris ? Vilain, va. Il commence son épreuve et je constate rapidement qu'il le réussit plutôt bien. Ça vient pas de son expérience, mais de ses talents physiques de base. C'est facile pour lui. Ça craint. De tout côté, on l'encourage. À côté de moi, Uran cherche à le déstabiliser. Perturber, ça fait un peu triche. J'aime pas. Et je sais pas quoi dire. Ça me fait juste plaisir de voir Uran qui est à fond dans le jeu. Je regarde Franz qui s'approche du troisième parcours. Trouver quelque chose ? Peut-être.

Tu sais que si tu gagnes, tu repartiras jamais ?

Son pied dérape et il s'allonge tout du long. Héhé. Si j'avais su. On crie à la tricherie, mais j'ai rien fait de plus que les autres. Ball de match. Franz va bouder plus loin. Qu'il est mignon. Dans mon équipe, c'est au tour à nouveau d'Uran. Je la coache un peu. C'était pas grave son erreur. J'ai confiance en elle. Elle approuve et me fait le serment de réussir. Adorable. En face, il y a problème.

Il y a Eylis.
Elle avait tout prévu. Qu'est ce que ça va donner contre elle ? Je vois le doute dans les yeux d'Uran. Affronter son amie est difficile. Une amie qui l'a tant aidé. Et puis, dans les faits, c'est lourd de conséquences pour Uran. Gagner, c'est ne plus faire partie de la petite bande de pirates. Évidemment, je la laisserais avec ses amis. Mais dans son jeune esprit, ça sonne un peu comme un défi lancé à Eylis. C'est dur. Oui. Eylis sourit. Elle sait qu'elle va gagner.

Et elle commence son épreuve. Elle semble tout aussi agile qu'Uran. Je crains un peu. Pas trop longtemps. Eylis finit par faire une erreur au bout du huitième parcours. C'est peu. Uran a déjà fait mieux. Elle peut le faire. Après un dernier mot d'encouragement, elle commence. Les minutes qui suivent sont longues pour moi. Je traque le moindre mouvement d'hésitation. La moindre erreur de placement. Mais Uran gère. La langue entre les lèvres, elle s'applique avec une hardeuse sans pareil. C'est beau. Alors qu'elle entame le huitième parcours, le dernier, Eylis s'approche et lui dit tout doucement avec un sourire vilain.

Si tu gagnes, tu ne seras plus des nôtres...

Vil. Mais j'ai fait la même. Une vague de peur glisse sur le visage d'Uran qui manque de tomber. Son visage se tourne vers moi. L'instant se fige. Qu'est ce que je peux bien lui dire ? Gagne ? C'est tout ce qui importe ? Fais ce que tu veux ? Je ne sais pas. Alors, je souris. Un sourire sincère. Va.

Elle sourit. Un sourire honnête. Un sourire plein de vie.
Son pas devient plus ferme. Plus précis. Les cases s’enchaînent. Elle finit son parcours. Elle continue. Elle continue avec le sourire. Alors qu'on a gagné. Eylis est abasourdi. Uran continue quand même. Et moi dans tout ça, je suis heureuse.

Puisqu'on a gagné, je dois en prendre un chez vous.
Je choisis …
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Franz est déjà loin. Quitter les gosses a été difficile et il ne préfère pas que ce moment dur. Ils lui auront appris beaucoup de choses sur lui en si peu de temps. Des choses qu'il ne pensait pas avoir. Il va y avoir beaucoup de changement chez lui. Je le sens. Tous les enfants se sont mis en lignes pour lui dire au revoir alors qu'il part vers le soleil couchant. Ce n'est pas un adieu, Franz, juste un au revoir. Moi, j'ai mon propre au revoir à dire. Et je dois le dire au visage le plus attendrissant du monde. Uran est triste. Très triste. Une larme coule sur sa joue. J'en ferais presque de même. Ce fut court. Ce fut bien.

Allons. Je reviendrais un jour. D'ici là … courage !

Je m'agenouille et elle s'avance, mettant ses fins bras autour de mon cou. Sa tête vient se poser dans le creux de la mienne. Les secondes passent. On est si bien ainsi.

Je veux pas que tu partes …
Quoi ?
Je veux pas que tu partes...
Uran …

Je me retire de son étreinte. Et voilà. Moi aussi, je pleure. Je veux l'enlever, mais finalement non. Elle est très bien là où elle est.

Je dois partir. Tu comprends ? Ce n'est pas contre toi. C'est ainsi...
Merci de cette journée avec toi. Je m'en souviendrais éternellement.

Je veux pas …
Aaaah...

Ses larmes coulent encore. Je suis un monstre de la faire pleurer, mais je ne sais pas quoi faire d'autres.

Je suis désolée.

Je me relève, m'arrachant presque à ses mains qui tentent de me retenir. Je lui tourne le dos. Un geste qui me fait mal. Un geste qui fait mal. Un geste nécessaire.

Pourquoi tu partirais pas avec elle, Uran ?

Cette voix, c'est Eylis. Je me retourne. Uran aussi. Eylis se tient là, fier, les poings sur les hanches.

Partir … mais … te … quitter …
J'ai perdu le Davy Back Fight. Tu fais partie de son groupe.
Euh … ça ne compte p...
TOI ! CHUT !

Okok.

Uran. Tu n'es pas faite pour vivre avec nous. Tu es faite pour partir avec elle.
Mais …
Pas de mais ! Tu m'écoutes !
Tu penses toujours à tes parents. Ne le nie pas ! Ce n'est pas en restant ici que tu sauras ce qu'ils sont devenus. Ce n'est pas comme ça que tu les retrouveras ! Premièrement !
Deuxièmement, je t'ai rarement vu autant rire qu'avec elle. Jamais autant vu souriante qu'avec elle ![/color]
Mais …
TROISIÈMEMENT …

alors que tu aurais pu perdre tout à l'heure, tu as quand même tout fait pour gagner. Alors que je disais que tu partirais si tu gagner. C'est que tu voulais gagner.
Mais …
PAS DE MAIS !
Eylis …

Elle pleure. À grosse goutte. Eylis. Uran. Elles pleurent toutes. Elle finit par se tourner vers moi. Ses grands yeux me traversent. Je peux y lire toute sa tristesse. Tout son malheur. Mais aussi une chose. Une chose infime.

L'espoir.

Adrienne ?

Oui ?

Est … Est … Est-ce … ce … est-ce k... que...

Les mots peinent à sortir. Elle se retourne deux fois vers Eylis qui l'encourage d'un sourire au travers de ses propres larmes.

Est … que … tu... est-ce … que ….

Allez. Dis-le.
J'en pleure. Je ne me retiens plus.

Es... tu … moi... veux …

Et puis une grande inspiration.

EST-CE QUE JE PEUX VENIR AVEC TOI ?

Si mignonne. Je lui tends la main.
Je l'attends.

Viens.

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