Des dizaines d'humains étaient attroupés devant la scène en bois, des adultes comme des enfants, en train d'encourager l'entrée en scène de l'artiste en criant et en applaudissant en chœur. Tranquillement perché sur un poteau, je ne pouvais que me sentir ravi de voir autant de gens réunis. Mon maître allait enfin avoir sa chance. Je n'étais qu'un vulgaire corbeau, je ne connaissais donc pas grand chose au domaine du spectacle, mais apparemment, la petite fille qui venait toujours voir Mao avait raconté à tout le village qu'elle avait trouvé un artiste fabuleux, et avait réuni tous ces gens dans l'unique but de leur faire découvrir. Bien sûr, afin d'éviter tout préjugé sur l'apparence, la jeune Lise avait caché l'identité de ce dernier. Voletant jusqu'à la scène, je passai habilement derrière le rideau, où se trouvait mon maître, Fear Face l'épouvantail, ainsi que la petite Lise, en train de lui ajuster son costume de spectacle. Je pouvais sentir le stress monter dans le corps de bois de Mao, qui demanda d'une voix fébrile à sa seule amie humaine :
"Tu... Tu es sûre que ça va bien se passer ?"
"Bien sûr, voyons, ne t'inquiète pas ! Les humains de ce village sont peut-être un peu craintifs, mais ils ont une bonne notion du spectacle. Dès qu'ils te verront sur scène, ils t'adoreront tous ! Allez, tu les entends t'acclamer ? Il est l'heure pour toi d'entrer sur scène, Mao, hihihi !"
Fear Face déglutit de la paille à ces mots, et avec une pression énorme, se mît face au rideau, prêt à entrer sur scène. Ne voulant pas louper une seule seconde de son numéro, je ressortis immédiatement des coulisses et reprit place sur mon plateau, alors que l'heure de l'entrée de mon maître avait sonné. L'heure de son premier grand spectacle, devant un public humain... L'instant décisif où il pourra peut-être devenir un célèbre artiste, comme il en a toujours rêvé. Finalement, l'épouvantail se décida à rentrer sur scène et salua son public, qui se tut immédiatement. Sans attendre, Fear Face commença à jongler avec des quilles, six à la fois, tout en dansant sur la scène, faisant des mouvements absolument incroyables avec son corps de bois. Mais soudain, alors qu'il venait de récupérer avec une habilité extraordinaire ses six quilles, Mao se prit une tomate en pleine joue. J'écarquillai les yeux, alors que la surprise passée, le public commençait à huer l'épouvantail. Et pas que. Les femmes hurlaient d'effroi, disant aux enfants de s'éloigner du bord de la scène, et les hommes commençaient à insulter mon maître, lui disant d'enlever son corps monstrueux de leur scène. L'épouvantail trembla légèrement en voyant ça, mais ne se laissa pas démonter, gardant un magnifique sourire alors qu'il faisait un numéro de jonglage encore plus impressionnant. Cependant, le public n'en avait rien à faire, certains fuyant, d'autres jetant tout ce qui leur passait par la main sur l'épouvantail, les plus fragiles s'évanouissant. Voyant cet horrible spectacle, Lise sortit de derrière les rideaux et essaya de raisonner le public, désespérée.
"Arrêtez ! Regardez ce qu'il fait au moins, c'est absolument fabuleux !"
"La ferme, gamine ! Qu'est-ce qui t'a pris de l'amener ici, d'abord ?"
"Bien d'accord, c'est un monstre, éloigne-toi en avant de te faire massacrer !"
"Cette chose n'a rien de fabuleux, comme tu dis... C'est juste une abomination !"
Malgré toutes ces insultes, Fear Face continuait à jongler, sans perdre un instant son sourire, tandis que des traits d'humidité commençaient à se former sur le tissu sous ses yeux. Finalement, certains hommes commençaient à arriver avec des fourches, et les larmes aux yeux, Lise fut contrainte de prendre Mao par le bras et de l’emmener le plus loin possible, alors que je regardais d’un air méprisable les villageois briser les rêves de mon maître.
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Brusquement, je me réveillai en sursaut, l’air déstabilisé. J’étais dans la cale du navire, tranquillement installée sur une chaise, non loin de mon maître, Fear Face. Il me fallut un certain temps pour me rendre compte que j’avais rêvé. Sur le passé en plus, j’ai l’impression d’être un humain refoulé par moments. Cependant, il fallait bien avouer qu’il était tout à fait approprié à la situation que Mao vivait. Celui-ci était assis au sol, contre un mur, et semblait pensif. A vrai dire, il était comme ça depuis des heures, et depuis que je m’étais endormi, il n’avait changé ni de position ni d’expression. J’avais bien essayé de comprendre ce qu’il avait, mais il restait silencieux. De toute manière, je me doutais bien de quoi il retournait. Son rôle de Satan… Tokigawa… La réunion qu’ils avaient eue tout à l’heure en vue de la bataille les attendant demain. Soudain, le silence pesant de la cale fut coupé par l’ouverture de la porte d’entrée, d’où surgit Alicia, qui regarda Fear Face d’un air légèrement perturbé. Le voyant effondré au sol, ce dernier ne levant même pas le visage en l’entendant entrer, la prêtresse de la débauche frémit légèrement et lâcha tout à coup, d’une voix joviale et forte :
"Oh, je vois que je ne suis pas la seule à avoir repéré ce coin tranquille ! Toi aussi, tu ne trouves pas le sommeil ?"
"Je ne peux pas dormir."
"Ah oui, c’est vrai, hahaha ! »
Alicia rigola d’une façon assez forcée, alors que Fear Face restait impénétrable. Sa réponse n’était ni sèche ni méchante, elle était juste dénuée de tout sentiment et de toute animosité, un peu comme tout à l’heure durant la bataille. Même moi, j’avais un peu du mal à cerner le cœur de son problème. Cependant, l’alcoolique ne relâcha pas pour autant son grand sourire, semblant cacher un certain malaise que j’avais remarqué à son arrivée, et elle but une grande gorgée de son boisson habituelle avant de s’asseoir juste en face d’épouvantail, au sol calée contre un canon. Voyant que celui-ci ne réagissait toujours pas, Alicia déglutit discrètement, et finalement directement à son objectif, d’une voix soudainement franche et sérieuse :
"Je suis désolée pour ce que j’ai dit tout à l’heure… En fait, je suis désolée pour mon comportement en général depuis notre rencontre. Je n’ai pensé qu’à moi et… Je n’ai jamais tenu compte de votre avis. Bref, je n’ai pas été cool avec vous tous, toi en particulier."
« Tu n’as rien à te faire excusé. Tu n’étais pas la seule à vouloir t’enfuir à ce moment-là. Même moi, j’ai pensé à le faire… Ne te tracasse pas avec ça. »
"… Dis-moi. Pourquoi tiens-tu tant à sauver ces satanistes ? J’ai bien compris qu’on ne peut pas les abandonner, tout ça… Mais tu dois bien avoir une autre raison, non ?"
Fear Face ne répondit pas tout de suite, toujours aussi impassible, son apparence d’épouvantail n’aidant pas à percevoir ses émotions. Finalement, après un petit temps d’attente, et à ma légère surprise, mon maître se décida à répondre, se confessant à cette étrange femme.
"Mon rêve, depuis toujours, c’est de devenir un artiste célèbre. Mais avec mon physique, tout le monde m’a toujours considéré comme un monstre. J’ai beau m’être persuader mille fois du contraire, remettre ça sur la cause de mon incompétence, au fond, je sais que c’est la vérité. Et là, voilà qu’un village tout entier me considère comme une idole, m’applaudisse, m’ovationne, m’adore. Je suis leur grand Satan-sama, leur dieu vénéré. Je me plais beaucoup à ce numéro, et j’ai enfin l’impression d’être reconnu pour ce que je fais d’une façon positive. Cependant…"
"Le problème, ceux sont les conséquences de cette adoration, n’est-ce pas ?"
"On peut dire ça comme ça. Aujourd’hui, un membre de l’équipage est mort dans l’ombre totale, pour la cause que j’ai prôné, pendant que moi, j’attirais les regards de tous. Je risque la vie de mes amis pour pouvoir en aider d’autres… J’ai toujours voulu apporter le bonheur à tous, mais il semblerait qu’il soit impossible d’apporter le bonheur aux uns sans causer le malheur des autres. Je ne sais plus quoi faire..."
En disant cela, Fear Face prit un air légèrement attristé face à son incompétence. Alicia soupira, regardant l’épouvantail avec malaise. Finalement, l’alcoolique s’approcha de Mao, se plaçant juste devant lui, son visage à une dizaine de centimètres du sien, mon maître étant légèrement surpris et gênée par cette action.
"On ne peut pas donner le bonheur à tous, c’est une chose impossible dès la théorie… Cependant, il y a une chose que tu fais très bien, et que tu dois continuer à améliorer…"
Alicia plaça alors son index sur Fear Face, au niveau de sa poitrine, et avec un léger sourire, continua :
"Donner de l’espoir. Autant aux pirates qu’aux satanistes. Et même peut-être un peu à moi… Tu as réussi à… Hem… Disons, à me donner l’envie de me battre avec vous demain. Et ça, c’est déjà beaucoup. Maintenant… Tu dois concrétiser cet espoir. Même quand tes camarades tombent, tu dois tenir bon, et toujours prôner nos chances de victoire… Car le jour où toi, tu sombreras dans le désespoir, nous y sombrerons tous… Sois le Satan des satanistes, la lueur de ton équipage, et fais de cet espoir que tu nous as tous donnés le bonheur que tu cherches tant à nous apporter."
La belle alcoolique avait dit ces mots d’une voix sérieuse et pleine d’émotions, son regard plongé dans celui de Fear Face, qui resta ébahi quelques instants. Même moi, je fus surpris d’entendre des choses aussi fortes de la bouche de la jeune femme. Celle-ci s’éloigna de Mao en se levant, avant de lui lâcher sérieusement :
"Je ne me bats pas pour des causes perdues. Penses-tu qu’on gagnera contre les long-bras ?"
Fear Face eut un grand sourire carnassier, avant de se lever à son tour, semblant de nouveau déterminé, et répondit finalement d’une voix pleine d’enthousiasme :
"Bien sûr, voyons ! Nous remporterons cette bataille à coup sûr, hahaha !"
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Le lendemain, les satanistes et les pirates avaient passé la journée à se préparer à l’arrivée imminente de leurs adversaires. Après leur victoire de la veille, une attaque ennemie de plus grande envergure était pour le coup obligatoire. Finalement, peu avant le coucher de soleil, Fear Face et Howard Prince attendaient côte à côte sur une branche d’arbre, guettant l’arrivée des envahisseurs. Des veilleurs comme eux étaient postés sur tous les endroits accostables de l’île. Alors qu’ils patientaient, l’épouvantail lâcha de sa voix criarde et joviale habituelle à Prince :
"On va se les faire, tu vas voir. Ils vont goûter à la puissance de Satan-sama et de ses puissants disciples, hahaha !"
"Tu... Tu es sûre que ça va bien se passer ?"
"Bien sûr, voyons, ne t'inquiète pas ! Les humains de ce village sont peut-être un peu craintifs, mais ils ont une bonne notion du spectacle. Dès qu'ils te verront sur scène, ils t'adoreront tous ! Allez, tu les entends t'acclamer ? Il est l'heure pour toi d'entrer sur scène, Mao, hihihi !"
Fear Face déglutit de la paille à ces mots, et avec une pression énorme, se mît face au rideau, prêt à entrer sur scène. Ne voulant pas louper une seule seconde de son numéro, je ressortis immédiatement des coulisses et reprit place sur mon plateau, alors que l'heure de l'entrée de mon maître avait sonné. L'heure de son premier grand spectacle, devant un public humain... L'instant décisif où il pourra peut-être devenir un célèbre artiste, comme il en a toujours rêvé. Finalement, l'épouvantail se décida à rentrer sur scène et salua son public, qui se tut immédiatement. Sans attendre, Fear Face commença à jongler avec des quilles, six à la fois, tout en dansant sur la scène, faisant des mouvements absolument incroyables avec son corps de bois. Mais soudain, alors qu'il venait de récupérer avec une habilité extraordinaire ses six quilles, Mao se prit une tomate en pleine joue. J'écarquillai les yeux, alors que la surprise passée, le public commençait à huer l'épouvantail. Et pas que. Les femmes hurlaient d'effroi, disant aux enfants de s'éloigner du bord de la scène, et les hommes commençaient à insulter mon maître, lui disant d'enlever son corps monstrueux de leur scène. L'épouvantail trembla légèrement en voyant ça, mais ne se laissa pas démonter, gardant un magnifique sourire alors qu'il faisait un numéro de jonglage encore plus impressionnant. Cependant, le public n'en avait rien à faire, certains fuyant, d'autres jetant tout ce qui leur passait par la main sur l'épouvantail, les plus fragiles s'évanouissant. Voyant cet horrible spectacle, Lise sortit de derrière les rideaux et essaya de raisonner le public, désespérée.
"Arrêtez ! Regardez ce qu'il fait au moins, c'est absolument fabuleux !"
"La ferme, gamine ! Qu'est-ce qui t'a pris de l'amener ici, d'abord ?"
"Bien d'accord, c'est un monstre, éloigne-toi en avant de te faire massacrer !"
"Cette chose n'a rien de fabuleux, comme tu dis... C'est juste une abomination !"
Malgré toutes ces insultes, Fear Face continuait à jongler, sans perdre un instant son sourire, tandis que des traits d'humidité commençaient à se former sur le tissu sous ses yeux. Finalement, certains hommes commençaient à arriver avec des fourches, et les larmes aux yeux, Lise fut contrainte de prendre Mao par le bras et de l’emmener le plus loin possible, alors que je regardais d’un air méprisable les villageois briser les rêves de mon maître.
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Brusquement, je me réveillai en sursaut, l’air déstabilisé. J’étais dans la cale du navire, tranquillement installée sur une chaise, non loin de mon maître, Fear Face. Il me fallut un certain temps pour me rendre compte que j’avais rêvé. Sur le passé en plus, j’ai l’impression d’être un humain refoulé par moments. Cependant, il fallait bien avouer qu’il était tout à fait approprié à la situation que Mao vivait. Celui-ci était assis au sol, contre un mur, et semblait pensif. A vrai dire, il était comme ça depuis des heures, et depuis que je m’étais endormi, il n’avait changé ni de position ni d’expression. J’avais bien essayé de comprendre ce qu’il avait, mais il restait silencieux. De toute manière, je me doutais bien de quoi il retournait. Son rôle de Satan… Tokigawa… La réunion qu’ils avaient eue tout à l’heure en vue de la bataille les attendant demain. Soudain, le silence pesant de la cale fut coupé par l’ouverture de la porte d’entrée, d’où surgit Alicia, qui regarda Fear Face d’un air légèrement perturbé. Le voyant effondré au sol, ce dernier ne levant même pas le visage en l’entendant entrer, la prêtresse de la débauche frémit légèrement et lâcha tout à coup, d’une voix joviale et forte :
"Oh, je vois que je ne suis pas la seule à avoir repéré ce coin tranquille ! Toi aussi, tu ne trouves pas le sommeil ?"
"Je ne peux pas dormir."
"Ah oui, c’est vrai, hahaha ! »
Alicia rigola d’une façon assez forcée, alors que Fear Face restait impénétrable. Sa réponse n’était ni sèche ni méchante, elle était juste dénuée de tout sentiment et de toute animosité, un peu comme tout à l’heure durant la bataille. Même moi, j’avais un peu du mal à cerner le cœur de son problème. Cependant, l’alcoolique ne relâcha pas pour autant son grand sourire, semblant cacher un certain malaise que j’avais remarqué à son arrivée, et elle but une grande gorgée de son boisson habituelle avant de s’asseoir juste en face d’épouvantail, au sol calée contre un canon. Voyant que celui-ci ne réagissait toujours pas, Alicia déglutit discrètement, et finalement directement à son objectif, d’une voix soudainement franche et sérieuse :
"Je suis désolée pour ce que j’ai dit tout à l’heure… En fait, je suis désolée pour mon comportement en général depuis notre rencontre. Je n’ai pensé qu’à moi et… Je n’ai jamais tenu compte de votre avis. Bref, je n’ai pas été cool avec vous tous, toi en particulier."
« Tu n’as rien à te faire excusé. Tu n’étais pas la seule à vouloir t’enfuir à ce moment-là. Même moi, j’ai pensé à le faire… Ne te tracasse pas avec ça. »
"… Dis-moi. Pourquoi tiens-tu tant à sauver ces satanistes ? J’ai bien compris qu’on ne peut pas les abandonner, tout ça… Mais tu dois bien avoir une autre raison, non ?"
Fear Face ne répondit pas tout de suite, toujours aussi impassible, son apparence d’épouvantail n’aidant pas à percevoir ses émotions. Finalement, après un petit temps d’attente, et à ma légère surprise, mon maître se décida à répondre, se confessant à cette étrange femme.
"Mon rêve, depuis toujours, c’est de devenir un artiste célèbre. Mais avec mon physique, tout le monde m’a toujours considéré comme un monstre. J’ai beau m’être persuader mille fois du contraire, remettre ça sur la cause de mon incompétence, au fond, je sais que c’est la vérité. Et là, voilà qu’un village tout entier me considère comme une idole, m’applaudisse, m’ovationne, m’adore. Je suis leur grand Satan-sama, leur dieu vénéré. Je me plais beaucoup à ce numéro, et j’ai enfin l’impression d’être reconnu pour ce que je fais d’une façon positive. Cependant…"
"Le problème, ceux sont les conséquences de cette adoration, n’est-ce pas ?"
"On peut dire ça comme ça. Aujourd’hui, un membre de l’équipage est mort dans l’ombre totale, pour la cause que j’ai prôné, pendant que moi, j’attirais les regards de tous. Je risque la vie de mes amis pour pouvoir en aider d’autres… J’ai toujours voulu apporter le bonheur à tous, mais il semblerait qu’il soit impossible d’apporter le bonheur aux uns sans causer le malheur des autres. Je ne sais plus quoi faire..."
En disant cela, Fear Face prit un air légèrement attristé face à son incompétence. Alicia soupira, regardant l’épouvantail avec malaise. Finalement, l’alcoolique s’approcha de Mao, se plaçant juste devant lui, son visage à une dizaine de centimètres du sien, mon maître étant légèrement surpris et gênée par cette action.
"On ne peut pas donner le bonheur à tous, c’est une chose impossible dès la théorie… Cependant, il y a une chose que tu fais très bien, et que tu dois continuer à améliorer…"
Alicia plaça alors son index sur Fear Face, au niveau de sa poitrine, et avec un léger sourire, continua :
"Donner de l’espoir. Autant aux pirates qu’aux satanistes. Et même peut-être un peu à moi… Tu as réussi à… Hem… Disons, à me donner l’envie de me battre avec vous demain. Et ça, c’est déjà beaucoup. Maintenant… Tu dois concrétiser cet espoir. Même quand tes camarades tombent, tu dois tenir bon, et toujours prôner nos chances de victoire… Car le jour où toi, tu sombreras dans le désespoir, nous y sombrerons tous… Sois le Satan des satanistes, la lueur de ton équipage, et fais de cet espoir que tu nous as tous donnés le bonheur que tu cherches tant à nous apporter."
La belle alcoolique avait dit ces mots d’une voix sérieuse et pleine d’émotions, son regard plongé dans celui de Fear Face, qui resta ébahi quelques instants. Même moi, je fus surpris d’entendre des choses aussi fortes de la bouche de la jeune femme. Celle-ci s’éloigna de Mao en se levant, avant de lui lâcher sérieusement :
"Je ne me bats pas pour des causes perdues. Penses-tu qu’on gagnera contre les long-bras ?"
Fear Face eut un grand sourire carnassier, avant de se lever à son tour, semblant de nouveau déterminé, et répondit finalement d’une voix pleine d’enthousiasme :
"Bien sûr, voyons ! Nous remporterons cette bataille à coup sûr, hahaha !"
_____________________________________________________
Le lendemain, les satanistes et les pirates avaient passé la journée à se préparer à l’arrivée imminente de leurs adversaires. Après leur victoire de la veille, une attaque ennemie de plus grande envergure était pour le coup obligatoire. Finalement, peu avant le coucher de soleil, Fear Face et Howard Prince attendaient côte à côte sur une branche d’arbre, guettant l’arrivée des envahisseurs. Des veilleurs comme eux étaient postés sur tous les endroits accostables de l’île. Alors qu’ils patientaient, l’épouvantail lâcha de sa voix criarde et joviale habituelle à Prince :
"On va se les faire, tu vas voir. Ils vont goûter à la puissance de Satan-sama et de ses puissants disciples, hahaha !"