Une discussion des plus étranges pour des personnes aucunement ordinaires. Mon devoir de marin m'oblige à tenter quelque chose pour emprisonner le révolutionnaire qu'il est. Mais face à lui, tout est vain. Je l'attrape, il se transforme en fumée gazeuse et s'échappe. Je voudrais le capturer. Je devrais. Ca m'assurerais une promotion éclair. Mais je ne peux pas. Et plus important, je ne veux pas. Mon allégeance ne va ni à la marine, ni au Gorosei. Il va aux habitants du monde. Un monde que j'ai promis de protéger et de servir en tout temps et toute cause. Un monde dont ma vision semble correspondre avec celle de Rafaelo, même si c'est pas comparable tellement c'est différent. Le grand méchant loup gris n'est finalement rien de plus qu'un humain avec des idées dérangeantes pour le gouvernement. Un homme qui prend le partie de dire tout haut ce que je pense tout bas. Parce qu'il est puissant. Parce qu'il est rusé. Parce qu'il est dangereux. Et parce qu'il assume ses dires, il est en danger perpétuellement. Traqué, chassé comme une bête aux quatre coins du monde. Tout ça à cause des mots qu'il prononce ... Dans mon monde idéal, chacun est libre de dire ce qu'il veut sans risquer la peine de mort. Dans mon imagé, le peuple élit ses représentants qui dirigent équitablement chaque partie du monde. Il n'y a plus de pirates, plus de révolutionnaires, plus de marines, plus de chasseurs de prime. Juste des civils, des citoyens honnêtes qui aident les personnes âgées à porter leur courses, qui sortent leur chien parce qu'elles se sont cassé la jambe. Ca, c'est mon rêve. Un rêve impossible, d'après l'homme fumée. Je ne comprends pas tout ce qu'il raconte, car beaucoup me dépasse. Mais je retiens ses mots pour les utiliser plus tard.
" Donner plus de suffrages aux citoyens ... Pourquoi chaque citoyen n'élirait-il pas ses représentants ? Chaque île, chaque pays serait dirigé par une personne élue par son peuple, mise au pouvoir par son peuple. Et chacun de ses représentant se réuniraient un nombre donné de fois par an pour discuter des problèmes et du monde. Ca serait surement mieux que maintenant. Lorsque Basara a été tué, son petit fils a été mis au pouvoir, sans rien demandé au peuple. Pourtant, sans la population, le pouvoir du conseil n'est plus. "
Je murmure plus pour moi que pour l'autre homme. La partie concernant son pouvoir me mettait des étoiles dans les yeux. Un rêve de gamin qui se réalise. Un être qu'on ne peut toucher que s'il le permet. Un magicien parmi tant d'autres dans ce vaste monde. Mais le premier que je rencontre. Celui grâce à qui, plus tard, je poserai des questions sur les fruits du démon.
" La fumée, ça passe partout, non ? Vous pouvez traverser la matière, comme des murs ? Vous pouvez vous infiltrer dans un endroit sans qu'on ne s'en rende compte ? Et une fois de l'autre côté, reprendre une solidification humaine ? Et vous pouvez vous réduire ? Ou grandir ? "
Le gamin que je suis à des millions de questions dans sa tête auxquelles il veut des réponses. Et le criminel traqué, sur le qui-vive, qu'il est, n'a sans doute pas la patience de toutes les écouter et d'y répondre en gardant ce qu'il reste de son calme. Mon regard se porte sur l'arme qu'il a créé. Sans difficulté, sans effort, comme si c'était aussi difficile que de respirer, pour lui. Nous autres, le commun des mortels, lorsqu'on perd son arme lors d'un combat, on est quasiment condamné à mort. Lui, il n'a même pas à se soucier de ça. Déjà, on ne peut pas le toucher s'il ne le permet pas. Ensuite, il semble pouvoir créer des épées comme un bouge les cils. Ca lui permet sans doute de tuer bien des ennemis. ... Ennemis qui sont mes camarades, mes frères et sœurs de serments. Ma gorge se noue. Combien ? Combien de soldats a-t-il tué pour accomplir ses missions ? Combien de vaillants êtres ont péris sous ses coups ?
" Vous avez déjà affrontés des marines je suppose. Et je suppose que vous en avez déjà éliminé plus que vous ne pouvez vous en souvenir. Ces hommes, ces femmes, ces êtres qui ont péris par votre main ... le méritaient-ils ? On dit que les révolutionnaires veulent aider les gens, changer le monde. Vous avez souvent tendance à oublier que les marines font aussi partit de ces personnes. Certains font se métier par vocation, d'autre pour la solde, pour assurer la survie de leur famille. Tous ne suivent pas aveuglément les ordres. Et tous ne méritent pas de mourir. Alors qu'est-ce qui vous fait croire que votre vie vaut plus que les leurs ? Une vie vaut une vie. Si vous avez déjà tué des hommes simplement parce qu'ils portaient l'uniforme, vous ne valez surement pas mieux que les conseils des cinq étoiles. "
C'est pas forcément la chose la plus maline à faire, ça. Critiquer un type infiniment plus fort que moi, un type que je ne peux toucher, auquel je ne peux échapper. Mais ça me vient du cœur. Et je ne peux le réfréner. Pour moi, qu'on soit un dragon céleste ou un mendiant, la vie à la même valeur. C'est la chose la plus sacrée dont on dispose. On ne devrait jamais en gâcher. Que ce soit la sienne, ou celles des autres personnes. Je m'assoies contre l'arbre duquel est descendu Rafaelo. Ca me fait bizarre de discuter de tout ça avec lui. Mais c'est bien la première personne avec qui je peux le faire. Et puis de toute façon, je ne suis même pas sûr d'en réchapper. Alors quitte à mourir, autant apprendre ce que je peux pour mourir moins stupide.