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Vox populi.


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Jour 8 - aube.

"Votre majesté ! Nous avons réussi à l'intercepter, finalement ..."

La tête couronnée baisse la main, fait souffler sa victime. Sourit. Depuis l'explosion, il sait. Il se saisit du combiné. De l'autre côté, c'est un visage dans l'ombre qui lui parle. Il se sait écouté. Il l'a fait exprès. Pas assez fou pour tenter de joindre le Roi directement, assez téméraire pour se laisser approcher.

"Je sais que vous m'entendez. Je sais que vous êtes là à m'écouter. Je sais que vous avez peur. Vous avez peur de nous, vous avez peur du changement. Je ne prétends pas connaître le futur, je ne suis pas venu vous dire comment cela va se terminer. Je suis venu vous dire comment cela va commencer. Je vais raccrocher, et je vais montrer aux gens ce que vous ne voulez pas qu'ils voient. Je vais leur montrer un monde, sans vous. Un monde sans privilèges ni contrôle. Inégalité et esclaves. Un monde où tout est possible. Là où nous irons à présent, c'est une décision que je vous laisse."

Puis plus rien.

Le plan:
Code de couleurs:


Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Mar 22 Oct 2013 - 3:25, édité 4 fois
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Vox populi. Army_by_mozy_ryzel
Entrée Nord - Flanc de montagne - Roi des ordures.
Theme:
L'explosion retentit, amplifiée par la chaîne de montagnes qui lui fait écho. La Citadelle s'illumine sous l'effet de la déflagration et les sirènes hurlent. Bô baisse sa longue-vue et s'en revient vers ses conseillers, avec un hochement de tête. La pluie tombe et les trempe jusqu'aux os. Ce sont là des centaines d'hommes qui se réunissent sur les contreforts rocheux avec en main leur seul espoir. Le pari le plus risqué de leur siècle, la chance la plus insensée de leur existence. La fin d'une époque, le début d'une autre. L'espoir fleurissant sur les mares de sang qui allaient couler. Tous sont solennels, en ordre impeccable. S'ils furent bandits, aujourd'hui ils étaient combattants de la liberté. Le Roi des ordures lève haut son glaive.

"Camarades. Nous voici à l'aube de notre rêve ! Nous voici à l'aube de la plus grande bataille que vous connaîtrez jamais ! Nous sommes rassemblés ici dans un seul but, dans une seule voix pour nous opposer à ce Royaume décadent et meurtrier ! Levez vos armes, faites trembler la montagne sous vos pas ! Ce soir, nous dinerons en peuple libre ! Battons nous pour la liberté ! Battons nous pour nos vies !" hurle-t-il, sa voix couvrant les tumultes de la tempête.

S'il n'est pas un guerrier émérite, il est sans conteste un grand meneur d'hommes. Ses hommes lèvent haut leurs armes sans un cri.

"Révolutiooon !!" hurle-t-il en se lançant seul à l'assaut des murailles de Goa, au grand galop.

"Révolutioooon !!" répondent les centaines d'hommes, suivant comme un seul être leur leader.

Le tonnerre frappa une fois, illuminant la scène irréaliste d'un homme seul chargeant une ville sertie de murailles.

Ce fut alors un flot intarissable de révolutionnaires et de bandits qui se déversa sur le flanc de la montagne, contournant le contrefort rocheux qui peinait à les masquer. La plupart d'entre eux ne possédaient pas de chevaux, mais l'allure était maintenue à la vitesse de ceux qui couraient, donnant encore de puissance apparente à cette charge. En contrebas, les portes de la cité se fermait, pour révéler les canons disposés sur les murailles et les soldats prêts à les recevoir. Les canons crachèrent leurs boulets, générant de colossales explosions parmi les hommes chargeant la muraille. Masser un tel nombre de soldats n'avait pas été difficile à percevoir, et comme les révolutionnaires l'avaient prévu, Goa était prêtre à les recevoir.

Le Roi des ordures s'empara de la corne de brume qui pendait à sa ceinture et la porta à sa bouche, soufflant de tous ses poumons à travers. Le son surpassa le vacarme ambiant et surplomba la chaîne de montagne. Les canons révolutionnaires s'avancèrent et se découvrirent, camouflés là par l'ingéniosité de Bô. Une dizaine à peine, mais suffisamment hauts pour atteindre la cité sans que celle-ci ne puisse directement répliquer. Et à son second signal, les révolutionnaires donnèrent la contre-attaque, les boulets frappants les murs de Goa avec des bruits sourds. Le fracas des hommes contre le mur résonna dans la cité. Protégés par d'imposants boucliers en bois, certains hommes commencèrent à s'avancer avec un étrange ustensile. Un imposant bélier prévu pour enfoncer la porte de la première muraille de Goa. Au milieu de ses troupes, Bô se confondait dans la masse et vociférait des ordres à chacune de ses unités par l'intermédiaires de ses dendens. Il préférait demeurer au centre pour que ses adversaires ne puissent le neutraliser si facilement.

Le bélier tomba deux fois, à chaque fois repris par des hommes téméraires. Et il s'en fallut de peu pour qu'il ne puisse donner le premier coup d'assaut. La muraille résistait aux canons, vibrant sous leurs impacts et bien assez vite, la porte de la muraille trembla sous l'assaut de la Révolution. Plus qu'une révolte, c'était une véritable guerre qui se livrait là. Les révolutionnaires tombaient cependant bien trop vite ... jusque ce que Bô ne souffla une troisième fois dans sa corne de brume.



Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Mar 22 Oct 2013 - 3:45, édité 4 fois
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Vox populi. Army_by_chevsy-d3gm6kc
Entrée Est - Grey Terminal - Homme-Chien.
Theme:

Il se tient droit pour la bataille. Son casque ne cache pas ses dents limées. Les avait-il la veille ? Peut-être pas, mais il a l'air d'un roquet bien plus impressionnant que ce qui ricanait face à Auditore. Un chef dans toute sa gloire, le maître de l'Antre du Grey Terminal. Ses homme se parent du rouge du sang et de la victoire, l'aube serait sans merci. Il s'avance sans frémir monté sur un chien colossal ...

"Tu ne pensais pas que l'on m'appelait l'Homme-Chien qu'à cause de mon allure, Auditore, voyons ... Je suis le mâle alpha ... waf waf waf ... et j'ai toute une meute pour me servir." se gourmande-t-il en avançant parmi ses sbires.

Chiens du Grey Terminal:

Le bandit flatte l'encolure de son monstre à l'haleine ensanglantée et le fait avancer en tirant sur les chaînes qui jugulent sa force féroce. Des cicatrices, des meurtrissures. Une race issue des croisements les plus infâmes et une loi imposée par la souffrance et la force. Une arme redoutable pour forcer Goa à payer de ses crimes. A ses côtés, la cage où trône le Prince Anthony. La chair lacérée pour que chacun de ses mouvements ne soit que torture. Les hommes de l'Homme-Chien la tirent sur le monticule d'ordures aménagé pour l'accueillir et le laissent là, avant de descendre en bas, là où les milliers de bandits se massent en vue de la bataille. Au loin retentit l'explosion, illuminant le port.

"Waf waf waf ... admire ta ville qui brûle Anthony. Regarde de tes yeux, toi qui m'a puni d'avoir usé des miens. Waf waf waf ! Il t'en reste au moins un pour pleurer, d'oeil." ricane l'odieux personnage, tapotant l'encolure de son terrible chien.

Le signal est donné, l'heure n'était plus aux railleries mesquines, mais bien à la guerre. Lentement, l'Homme-Chien tire sa lame de son fourreau, la levant haut dans le ciel. Un éclair zèbre le rouge de l'aube et le révèle dans toute sa splendeur. Les bandits commencent à marteler le sol de la hampe de leurs armes. Et le vacarme fait écho au portes de la ville, qui se ferment à l'annonce de la clameur. Les rares êtres à errer encore dehors fuient aussi vite qu'ils le peuvent, face à l'armée qui avance sans frémir. Si les révolutionnaires ont opté pour la stratégie et la technologie, ici c'est le nombre qui l'emportera.


"Le prix du sang ! Waf waf waf !" ricane le véritable Roi du Grey Terminal, avant d'abaisser son arme.

Et les bandits se ruèrent à l'assaut, dans une cohue incomparable et bien décidés à abattre ces murs en grimpant sur les cadavres de leurs congénères. Une charge féroce et brutale qui fut accueillie par les canons implacables de la cité. Les hommes montés sur des chiens, à l'instar de leur chef, restèrent en retrait, regardant la marmaille s'écraser sur les murs comme l'écume de l'océan. L'Homme-Chien mit la main à sa ceinture, s'emparant d'une corne de brume. Avec un sourire amusé, il souffla dedans à pleins poumons. Puis les chiens les plus proches se mirent à courir, emportant leurs cavaliers. Ils étaient au nombre de huit. On vit alors qu'ils se déplaçaient deux par deux, harnachés à d'étranges sphères. Rapidement, les miliciens de Goa comprirent le plan et s'acharnèrent à neutraliser les montures. Les plaques aménagées pour les protéger furent suffisantes à assurer leur attaque, ainsi que leur rapidité incroyable. L'un des groupe réussi à s'échouer devant la porte principale. Les miliciens tentèrent alors d'enrayer le flots d'hommes qui se jeta dessus pour les apporter plus loin, mais encore une fois le nombre l'emporta. En quelques minutes, les sphères furent placées près de la porte, la vitesse des chiens les ayant suffisamment approchées pour surprendre les troupes.

Puis l'Homme-Chien sonna un second coup. Des archers se découvrirent parmi les attaquants, et ils enflammèrent leurs flèches grâce à un système de silex placé sur leurs arches. L'aspect rudimentaire de ces invention avait suffi à les masquer assez longtemps pour qu'ils mettent leur plan en oeuvre. Et ils firent feu, vers la porte. Si la pluie mouillait petit à petit la poudre, la poix et les flammes arrivèrent assez vite pour palier à ce problème. Et, inexorablement, l'Homme-Chien commença à porter la corne de brume à ses lèvres pour le troisième coup, faisant écho à la terrible détonation qui s'en suivit. Auditore lui avait dit de se débrouiller pour ouvrir la porte, cela signifiait qu'il avait tout le champ libre, waf waf waf. Une marée grouillante se dessina alors derrière lui. Des dizaines d'yeux jaunes et cruels aux dents aiguisées et surmontés de cavaliers lourdement protégés. Le bandit leva son arme une seconde fois, puis l'abaissa pour la charge de la cavalerie.


"Régalez-vous de leur chaiiiir ! Waf waf waf !!" hurla-t-il en prenant la tête des dizaines de chiens montés.


Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Mar 22 Oct 2013 - 3:50, édité 5 fois
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Entrée Ouest - Les assassins (Judas & Céline).
Theme:
"Hardi messieurs, faites face : ils vont arriver !" lâcha le commandant, reposant son denden.

Les attaques avaient commencées sur les autres portes, et les services de renseignement de la cité avaient efficacement anticipé cette attaque. Pourtant, sur ce flanc, ils se faisaient désirer. Nul éclaireur n'avait pu apercevoir de force conséquence massée dans les montagnes, sinon quelques groupes isolés qui allaient et venaient. Les secondes s'égrenaient sans que rien ne se passe. La pluie battait les hommes, alors que les combats résonnaient dans tous les coins. Cela tardait bien trop. Beaucoup trop. Le Commandant restait de marbre, se pliant aux ordres. Le plan des révolutionnaires consistait vraisemblablement à attaquer sous tous les fronts à la fois, il y étaient donc préparés. Les portes étaient restée ouvertes jusqu'au dernier moment. Du moins, elles le devaient. Alors que là ... personne ne s'approchait. Avaient-ils décidé de n'attaquer que sur deux fronts, au final ? Une minute passa ... puis deux. Au nord, une corne de brume résonna. Rapidement, une réponse se fit à l'est. Puis des explosions. Et toujours rien ici.

"Messieurs, fermez les portes ! Nous nous replions dans la ville, mouvement arrière sur les positions nord et est !" hurla le Commandant, pointant son sabre de cérémonie vers les hommes chargés de la porte.

Hommes qui ne bougèrent pas d'un poil, restant fidèlement debout à leurs postes, rigides et sourds. La pluie et le peu de clarté n'aidait pas à distinguer ce qu'il se passait réellement. Pourtant, les ordres avaient été transmis. Usant de sa longue-vue, le Commandant la déroula et ajusta la lunette pour aviser ce qu'il se passait là. Les hommes étaient certes encore debout, mais le sang qui maculait leurs habits trahissait leur état. Ils étaient attachés, posés. Une mascarade ! Et les portes encore ouvertes ... Ils avaient été bernés par la violence apparente des combats aux autres portes, sans se rendre compte qu'ici, les hostilités avaient débuté depuis déjà trop longtemps. Le Commandant se retourna pour se saisir de son denden. Plus rien. Ce fut un rire gras, amusé qui lui répondit. Suivi par le couinement caractéristique d'un escargophone qui meurt.


"C'est ça que tu cherches ?" lui balança un homme encapuchonné au sourire mauvais.

L'homme était revêtu de l'habit des assassins, mais il le remplissait comme aucun d'eux ne l'avait jamais fait. Sa barbe blonde s'ouvrait sous un sourire carnassier, tandis qu'il lançait au gradé les restes du denden. Comment avait-il fait pour monter jusque là ?  Ses mains étaient maculées de sang, mais aucune arme ne ceignait sa ceinture. Il n'avait d'assassin que l'habit. C'était un loup à peau d'homme.


"Cesse de t'amuser, Judas. Tue-le" répliqua une voix féminine.

Le Commandant se retourna pour voir une femme revêtue de la même tenue. Elle venait de retirer une dague de la gorge de son Capitaine, sans même qu'il ne puisse l'entendre. Il se retourna tour à tour vers les assassins, mettant mollement en joue son sabre. Le dénommé Judas ricana.


"Tu dois m'appeler 'Très cher As de la Révolution' ma chérie, pas Judas." lui répondit-il, mimant un baiser de ses lèvres.

"On s'en fout, il aura pas le temps de le répéter ..." fit-elle en tournant le dos au gradé.

Atterré par l'insolence de la jeune femme, ce dernier en profita pour se jeter sur elle, croyant saisir là sa chance. Il eut la surprise de voir son geste suspendu en plein vol, alors que l'assassine disparaissait par dessus le parapet, décidée à s'occuper des hommes qui commençaient à se rendre compte du danger que courrait leur Commandant - les autres ayant déjà fait l'office de Judas. Il se retourna et vit le second assassin qui tenait la lame de son arme avec sa grosse pogne, mimant un 'non' de son index.


"Tut tut tut. T'es à moi l'emplumé." fit le colosse, avant de lui briser nuque et nez d'un seul poing.

Se relevant, Judas s'empara d'une corne de brume qui pendait à sa ceinture. Le plan d'Auditore avait connu quelques remaniements de dernière minute suite à la venue d'un autre véridique As de la Révolution. Comme quoi, les grands esprits se rencontraient. Du coup, c'était à lui qu'avait écopé la garde de la petite copine du grand chef fumeux de cette vaste mascarade. Elle se gardait à peu près bien toute seule, alors c'était plutôt facile. Par contre, il était venu l'heure d'ouvrir les hostilités. Judas souffla à demi-poumon dans la corne de brume, essayant de ne pas la briser. Puis un deuxième coup et un troisième coup, histoire de pas avoir à le refaire plus tard. Et les montagnes se recouvrirent de révolutionnaires qui chargèrent en direction des portes ouvertes, tandis que les soldats se retournèrent à l'unisson vers l'auteur de ce boucan. Judas se frotta les mains et jeta la corne de brume par-dessus le parapet. Il devait la garder au cas où il aurait besoin d'aide. Ridicule. Maintenant, il allait laisser parler le sang. Il sauta dans la ville, au milieu des soldats. L'onde de choc en fit voler plus d'un : c'était l'heure des réjouissances.




Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Mar 22 Oct 2013 - 2:18, édité 5 fois
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Vox populi. Concept-arts-inspir%C3%A9s-par-BioShock-Infinite-631x250
Town Center - Cellules de résistance.
Theme:
La troisième corne de brume. Chacun des meneurs des différents assauts avait pour consigne de souffler au moins trois fois avant la fin de leur attaque. C'était le signal auquel les cellules internes se mettraient en marche à l'intérieur de la cité. Le début de leur offensive. Les explosions, les cris. Tous attendaient ce moment depuis bien longtemps, engoncés dans leurs planques. Tassés comme des rats dans les souterrains encore inondés. Cachés dans les masures et taudis des esclaves. Camouflés dans les sous-sols des bourgeois alliés. Au troisième son, les rues vides depuis le passage de la milice commencèrent à se garnir. Des bâtons, des masses et de tout ce qui pouvait servir. D'abord, ce furent quelques cris de colère, puis ce furent des hurlements. On appelait à la guerre dans les rues de Goa, et ça se rapprochait des portes. Le bruit du verre brisé, la rumeur d'une marche révolutionnaire. Les rats du Grey Terminal, les esclaves se répandaient dans les rues, selon les ordres et les consignes des alliés de la Révolution. Peu nombreux d'abord, ils attirèrent les regards. Leur haine, leurs cris enflamma certains coeurs qui se joignirent à eux. Puis la milice fut dépêchée, maigre fraction de ceux qui gardaient les murs et étaient là en prévision d'un possible insurrection. Les armées étaient toutes occupées à gérer leur propre front, ce qui ne laissait que peu d'hommes pour gérer ces cas là. Ils furent tout d'abord anecdotique, puis comme une maladie, ils se généralisèrent. Des foyers entiers commencèrent à sortir dans la rue, comprenant que leur vie était condamnée quoi qu'il puisse résulter de cette bataille. La majorité resta cependant cloîtrée dans leurs demeures, de peur que la mort ne vienne les cueillir. Pourtant, dehors les slogans révolutionnaires et populaires éclataient. Des hommes vêtus d'une capuche blanche exhortaient les foules à se battre avant de disparaître vers d'autres lieux.

Rapidement, ce fut une foule compacte qui marchait vers les murailles, menés par quelques bourgeois téméraires. Des hommes que la Révolution avait pris soin de contacter auparavant, trop peu nombreux malheureusement. Mais l'armée ne pourrait faire tenir deux fronts. Quand bien même elle était forte et entraînée. Six fronts à la fois si l'on comptait les portes. La foule hurlait pour avoir du pain, pour avoir des droits. Elle hurlait contre l'injustice de la noblesse et la flamme de leur haine n'avait pas été difficile à attiser. A embraser. Plus elle devenait grande, plus elle attirait de monde en son sein, et rien ne résistait à son avancée. Le feu commençait à se répandre malgré la forte pluie et les torches se levèrent haut. Puis l'armée se décida à faire volte-face, chargeant les civils sur les ordres des Nobles à l'abri derrière leurs murailles. Le terme de boucherie prit alors tout son sens, tant la violence gratuite fut mise à l'épreuve. Du sang, des tripes et des abus. Puis les fronts se rattrapèrent, le nombre tint bon et l'on marcha sur les cadavres pour se faire une place. Les frères marchaient sur les sœurs, les mères mourraient pour les fils. Et les pères mouraient pour rien. Les masses abattirent les casques, les mousquets tuèrent les bérets. Il ne resta plus que des poings rouges, levés bien haut pour réclamer leurs droits.


"À mort !"

"Qu'ils payent !"

"Qu'ils nous craignent !"


Ces mots étaient dans toutes les bouches, révolutionnaires ou militaires. Le temps de Goa était révolu, quelque chose d'autre naissait dans le sang et toute la violence de l'être humain se libéra, dans un tumulte incohérent. Ceux qui pleuraient n'était pas ceux qui auraient du. Les soldats qui flanchaient se faisait impitoyablement massacrer. Les civils qui osaient lever le poing faisait office d'un déchaînement sans précédent de douleur. Le sang repeignait les murs calcinés de la cité, et la pluie se teinta elle aussi de carmin. Les corbeaux se perchèrent ça et là, admirant le festin qui se préparait à leurs pieds et se régalant de n'être que de simples oiseaux. Le sang était une valeur universellement humaine. Ce goût pour la guerre, ce goût pour le sang ... Qui donc était assez sot pour libérer une telle espèce, vouée à sa perte ? La violence engendrerait la violence. Mais derrière l'idéal de la Cause humaine, on se cachait et on essayait de faire mieux. Le mieux n'était qu'une notion de camp, en fin de compte. C'était là un combat pour la vie de chacun qui se déroulait, bien au delà des sphères réelles de ce combat. Ces sphères qui se cachaient derrière d'immenses murailles qui se pensaient à l'abri. Pour qui tant de morts étaient faits. Là étaient les têtes qui devaient tomber pour leurs crimes, mais pour l'heure c'étaient celles d'innombrables autres innocents qui foulaient le pavé et regardaient les corbeaux dévorer leur famille.

Les combats n'en finissaient plus, un avant-goût de l'apocalypse. Rien ne semblait pouvoir juguler la colère des hommes, un spectacle irréaliste.

En un mot. C'était la Révolution.

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Rafaelo vient d'ici
Vox populi. Assassin__s_creed_brotherhood_by_longai-d372c0m
Premier mur d'enceinte - les assassin (Rafael et Lord Vendetta).
Spoiler:

Une lame entre les dents, sous le couvert de la tempête. C’était ainsi que les assassins escaladaient les remparts. Couverts par le mauvais temps, ils avaient l’impression que les dieux en personne auréolaient leur combat. Leur leader, le visage masqué, avançait en tête. Il tira le premier sang, faisant basculer un homme par dessus les créneaux, sans un bruit. De nombreuses personnes étaient postées là, les attendant. Il y avait 20 hommes pour prendre la muraille et ouvrir la porte. Jamais assassins ne s’étaient déplacés en si grand nombre, jamais ils ne pourraient échouer. Les éclairs couvraient leur avancée et ce fut sur un signe de la main que Vengeance ordonna la mise à mort. Vingt hommes, entraînés pour la mort depuis des décennies, surgirent sans prévenir. Vingt soldats périrent. Puis ils avancèrent, pareils à une vague sur le rempart. Certains gagnaient de la hauteur, d’autres sautaient de bords en bords. Mais tous tuaient. Les soldats veillaient sur l’extérieur, sans penser que leur position avait déjà été envahie : Vendetta avait pris soin de neutraliser toute tentative désespérée. Ainsi, il se faisait un honneur de supprimer les vigies et les escargophones dès le moindre mouvement suspect. Ils étaient passés par les souterrains, nageant dans les eaux encombrées pour surgir au pied de la muraille sans soucis. Un passage secret menait du manoir du noble vers les profondeurs de la cité. Ainsi, ils avaient pu passer en nombre réduit, nageant entre les cadavres, sous la première muraille de la cité.

Au bout de quelques minutes, à peine, ils avaient parcouru plus de la moitié de la distance les séparant du mécanisme de la porte, soit une centaine de mètres sur le rempart. Il leur fallait progresser minutieusement pour ne laisser passer aucun détail : là était la difficulté de leur manoeuvre. Certains de se faire voir à un moment où à un autre, ils misaient sur le fait que cela arriverait plus tard que tôt. Ils arrivèrent ainsi en vue de la tour où siégeait le mécanisme, où déjà des hommes les attendaient en les mettant en joue. Les coups de feu partirent sans préavis, n’ôtant la vie que de deux malheureux assassins. Plus que dix-neuf. Fort des enseignements de son mentor, Vengeance craqua une bombe fumigène sur sa plaque pectorale et l’envoya rouler vers les tireurs. Une gerbe de fumée explosa, asphyxiant les soldats de Goa. Sans attendre, les assassins se ruèrent à leur assaut, les neutralisant en quelques gestes seulement. Nul doute, ils étaient attendus. Sur quelques gestes, Servo ordonna à ses frères de passer par les murs, en évitant à tout prix les meurtrières et les autres interstices. L’objectif était de gagner le sommet de la tour et de descendre en éliminant toute menace. Quant à lui, il ferait le chemin inverse avec cinq hommes pour les prendre en tenaille.

L’Assassino se cacha derrière un renfort de pierre et attendit le signal lumineux de son second, puis il se rua à l’assaut de la tour, alors même qu’une autre bombe fumigène éclatait au sommet de celle-ci, étouffant les vigies. Il attendit que la panique gagne l’endroit et ouvrit la porte à la volée. Bénéficiant d’un léger effet de surprise, il roula au milieu de ses adversaires et en tua deux avant qu’ils ne puissent réagir. L’un de ses hommes n’eut pas cette chance et fut gratifié d’une épée en plein coeur avant que ses frères ne mettent à mal la petite troupe qui siégeait là. Rapidement, les assassin nettoyèrent l’endroit, au moment où une sirène commençait à retentir dehors. Ils n’avaient plus beaucoup de temps et ils n’étaient plus que quatorze. L’assassin indiqua d’un signe de la tête la trappe qui menait au mécanisme de la porte, situé à l’étage d’en dessous. Nul doute que le vacarme avait du avertir les soldats présents là. L’un des assassins ouvrit la trappe et lança une bombe fumigène. Plusieurs coups de feu résonnèrent alors, le leurre avait fonctionné. Vengeance sauta en premier, comme tout leader digne de ce nom, et s’occupa de mettre à mort les pauvres âmes occupées à les recevoir. Nombreux et préparés, ils réussirent à en emporter trois de plus dans la tombe. Le nombre des assassins avait déjà diminué de moitié ... mais il étaient arrivé sur l’objectif. Un sacrifice valable pour une victoire juste et méritée. On scanderait leur nom en martyrs à la fin de cette guerre.


« Vengeance ! » hurla l’un des assassins, tandis que la fumée se dissipait.

Se retournant comme un seul homme, les assassins scrutèrent l’objet de l’attention de leur frère. La fumée commençait à peine à se dissiper, révélant un amas conséquent de poudre et d’explosifs divers. La peur souleva un instant le coeur de Servo. C’était ... un piège ! Il hurla à ses hommes de se retirer sur le champ, au moment même ou, sortant de l’ombre, un être vêtu de noir et au sourire malicieux. Un assassin du Roi, portant les insignes de Goa et demeurant masqué. Un simple coup d’oeil suffit à Vengeance pour s’assurer qu’il n’avait pas affaire à un homme de l’Umbra. Il avait douté d’Auditore un instant.

« Fuyez, maître ! Pour la Cause ! » hurla l’assassin qui l’avait prévenu, en se jetant sur l’homme vêtu de noir.

L’assassin vêtu de noir perfora la cage thoracique du misérable qui s’était jeté sous son épée. Conscient du sacrifice de son frère, Vendetta ne demanda pas son reste et s’engouffra par le passage en un éclair. Encombré par le cadavre, l’homme du Roi pesta et le balança contre le mur, alors que les cliquetis de son armement se mettaient en route. Il ferait ce pourquoi il était venu là. Il pointa un mousquet sur les barrils puis une détonation s’en suivit. Une explosion d’une violence sans précédent secoua la tour, réduisant le mécanisme a néant et faisant voler le sommer de cette dernière en éclat. Ayant à peine eu le temps de sortir, Vengeance fut projeté à bas de la muraille, rebondissant avec violence sur le sol. Sa vision troublée, un son strident qui lui vrillait les tympans. Une douleur atroce lui courait le long de l’épaule. Il rampa avant de se retourner sur le dos, contemplant la tour en flammes et la porte. Fermée. Condamnée. Autour de lui, quelques corps. Soldats et assassins. Ils n’étaient plus que cinq à respirer. C’était un échec total. Alertés les soldats commençaient à se rassembler ça et là. L’assassin rampa jusqu’au décombres, tentant de se relever malgré tout. Il tituba puis réussit à se mettre d’aplomb, boitant comme un miséreux. Autour de lui, les assassins survivants commencèrent à se rassembler. Il lui fallait trouver une solution ... et vite.


« En joue ! » hurla un sous-officier, avec une dizaine de soldats derrière lui.

Theme:

Les assassins étaient acculés, ils avaient failli à leur mission. Tout s’arrêtait là. C’était la fin. Vendetta serra le poing, adressa un dernier regard rageur au ciel. Un éclair zébra le nuages. Tout d’abord gris. Puis informe. Puis fin. Et enfin, fulgurant. Frappant le sol, il écrasa le sous-officier en lui brisant tous les os. Les soldats valdinguèrent, roulant à terre. Le poing sur le gradé se tenait un homme à la tenue noire. La tenue de la Confrérie. Il se releva avec lenteur, encore moulu des affres de son dernier combat. Soufflés, eux aussi, par son arrivée, les assassins peinaient à se relever.  Leur sauveur s’avança vers eux, tendant son bras à son homologue. Vengeance s’en empara avec un sourire.

« À point nommé. » le remercia-t-il, en se relevant.

« Toujours. » répondit Rafael, aidant ses autres frères à se remettre d’aplomb.

« Le roi est mort ? » questionna Vendetta, profitant de ce bref instant pour se tâter l’épaule.

« Vive le Roi. » eut l’assassin pour seule réponse, avec un sourire satisfait.

Les deux hommes s’échangèrent un bref signe de tête. Auditore semblait fatigué, cela n’avait pas du être facile. Beaucoup de sang maculait ses habits, mais visiblement pas le sien. Son fruit lui permettait de se reconstituer après tout, mais son énergie n’était pas illimitée.


« Ça va, Rafaelo ? » lui fit Vendetta, l’air soucieux.

« J’ai connu pire, disons que j’ai du recourir à des moyens un peu extrêmes. » ricana-t-il, alors que plusieurs soldats s’avançaient vers eux, tirant leurs épées au clair.

Ils étaient vingt face à six assassins. De quoi faire hésiter n’importe quel homme doué d’un minimum de sens tactique. Mais pas des assassins de la Confrérie. Ils s’échangèrent un regard entendu, puis mirent côte à côte.


« Je vais avoir besoin de vous pour les occuper le temps que j’ouvre la porte. » fit Rafael en se tournant vers les décombres.

La pierre barrait la porte et empêchait toute tentative d’user du mécanisme. Ce n’était quasiment plus qu’un amas de gravats qui constituait, ici, la meilleure des défense. Les soldats n’auraient qu’à investir le murs pour bénéficier de son couvert. Nul doute qu’ils avaient pensé à tout.


« Et comment vas-tu faire ? » lui demanda Servo, tirant une épée courte de sa taille, faisant fi de ses blessures.

« Ne t’inquiète pas. » répondit Rafael, ôtant le haut de sa tenue d’un simple geste de la main qui la transforma en fumée.

Il se retrouva torse nu, sous la pluie battante. D’un même geste, les assassins éclatèrent d’autres fumigènes et se ruèrent à l’assaut des quelques gardes qui se rassemblaient ça et là. On entendit rapidement des cris de souffrance et des corps s’affaisser. Rafael ne possédait que de peu de temps. Lentement, il rassembla ses mains et condensa en leur sein une légère boule de fumée. Il ferma les yeux, rassemblant autant de force qu’il le pouvait dans cette minuscule boule de fumée. Ses deux yeux se parèrent d’une teinte opale, tandis que ses cheveux se redressèrent, ne devenant que fumée. Chaque fois qu’il usait de cette technique, ils perdaient en couleur. Cette fois serait peut-être la dernière. Il contracta tous ses muscles, insufflant toujours plus de force à son attaque.


« Caaaa ... » fit-il, faisant doubler de volume la sphère grise.

« ... méééé ... » poursuivit l’assassin, faisant tournoyer de plus en plus vite les volutes.

« ... aaaaa ... » continua-t-il, alors qu’une véritable aura de fumée commençait à s’exhaler de son corps.

«  ... méééé ... » grogna-t-il, luttant visiblement pour contenir entre ses mains la boule qu’il condensait.

Une dépression s’était créée autour de lui, provoquant un étrange bruit. La fumée tournait de plus en plus vite entre ses mains et Rafael déployait une force colossale pour contenir sa propre attaque. Derrière lui, les assassins luttaient tant bien que mal pour le protéger. Il devait rester tangible pour cette attaque, sinon il ne pouvait en déployer toute la puissance. Une faiblesse à prendre en considération dans de telles circonstances. Ils n’étaient plus que quatre debout.


« ... HAAAA !!! » hurla-t-il en libérant toute la fumée condensée entre ses poings.

Il dirigea ses mains vers la porte et la boule se transforma en un faisceau de taille colossale, qui frappa les gravats et la porte. Un fracas épouvantable s’en suivit, plongeant toute la scène dans un brouillard plus dense que jamais. Momentanément vidé de toutes forces, Rafael posa un genou à terre, condamné à devoir reprendre son souffle pour se mouvoir de nouveau. Il posa un point à terre, puis se releva en titubant. La pluie acheva rapidement de disperser la fumée. Sans prévenir, Vendetta surgit de la brume et aida son mentor à se tenir debout. Une fois qu’il fut sûr qu’il pouvait rester droit, il le lâcha. Les soldats n’allaient pas tarder à affluer en masse. L’assassin se retourna pour contempler son oeuvre. Un trou béant fendait les remparts, comme si un géant avait décidé de passer à l’action. Ces derniers étaient allés s’écraser bien plus loin, fracassant des maisons aux alentours des murailles. La zone était dégagée, ils avaient réussi. Vendetta resta un instant interdit devant le spectacle de la force de Rafael. C’était inhumain, totalement incroyable. La fumée était déjà dure à avaler, mais ça ... Il savait que le fruit de l’assassin n’était en rien offensif, qu’il s’agissait là de la force brute de l’assassin, de tout ce qu’il pouvait décharger en un coup. Il se demanda alors qui pouvait résister à cela ? La réponse lui vint toute seul, avec un sourire. L’Amirauté, les Empereurs, les Atouts. Dans quel monde de fous vivaient-ils donc ?


« Je dois aller m’assurer que le reste des opérations se déroule bien. » lâcha Rafael, reprenant son souffle.

« Allez vous mettre à l’abri, il faudra que vous meniez les recrues et les quelques survivants de la guilde. Nous avons perdu beaucoup des nôtres, nous ne pouvons nous permettre de tous vous perdre. » continua l’assassin, recréant sa tenue d’un geste qui se voulait assuré.

Vengeance acquiesça, puis il ordonna à ses hommes de le suivre avant de disparaître dans les ruelles. Ils passèrent la prote ouverte au trot puis disparurent chacun de leur côté. L’assassin marcha doucement jusqu’à la muraille et s’y adossa quelques secondes, goûtant un bref un instant de repos. Des points noirs dansaient devant ses yeux. Le moment n’était pas venu de flancher, il y avait encore beaucoup à faire. Les soldats se rassemblèrent face à lui, sans qu’il ne bougea. Puis il en arriva de plus en plus. Il n’avait pas fallu moins de deux minutes pour que la cour ne se remplisse d’une véritable armée, affluant des deux côtés de la muraille. Reconnaissant l’assassin, ils s’arrêtèrent là, se contenant de l’encercler sans oser donner l’assaut.


« Et bien, quel comité ... » lâcha Rafael en rouvrant les yeux.

Il se redressa, faisant sursauter la quarantaine d’homme rassemblée là. Tout ça rien que pour lui. Voilà qu’il prenait de l’importance. Voilà qu’il devenait craint. Recherché. Trois ans avaient suffi. Ainsi que l’ingestion d’un fruit. Tout cela ne tenait qu’à peu de choses, finalement. Les soldats commencèrent à se rapprocher, galvanisés par l’absence de réaction de l’assassin. Etaient-ils assez sots pour penser qu’il se rendait ? Un sourire s’empara des traits de Rafael. Le moment de faiblesse était passé, mais il ne pourrait pas fanfaronner avant un petit moment. Les combats, ça allait pour l’instant. Il regarda le ciel puis dans un éclair gris, il disparut en soulevant des murmures de stupeur. Un trait gris s’envola parmi les nuages, pour ne retomber que plus loin, au milieu des demeures incendiées et des combats les plus sanglants.

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Vox populi. Ruins_burning_by_samuel3-d61wkvw
Theme:
Au coeur de la mêlée - la bataille :
« Quel est le rapport de la situation ? »
« Les citadelles résistent, mais trop peu. La garde royale se rassemble. Nous nous battons à dix contre un. »
« Vous avez sécurisé le port ? »
« Inutile, il n’y avait rien. »
« Rien ? »
« Nous n’avons pu localiser la flotte de Mendoza, ils ont fui. »
« Fui ? Comme ça ? Qu’en disent les taupes ? »
« Ils vont chercher de l'aide ... avec le Prince Eirikr. »
« ... »
« ... »
« Nous devons nous préparer à une contre-attaque au plus vite. Ils sont allé chercher les renforts. »
« Nous devrions fuir, nous ne résisterons pas à un buster call. »
« Et les bandits ? »
« Nous peinons à les juguler, ils ... ils pillent et tuent sans vergogne. Nous essayons de les contenir, mais le rythme des combats faibli. Sans Mendoza, nous aurons pris la ville basse dans moins d’une heure. »
« Il nous faut un plan de secours. »
« Ils sont partis avec le Prince, l’héritier en titre. Tout est fini. »
« Faisons d’une pierre deux coups, en ce cas ... »
« ... ? »
« Bô, je te laisse le soin de t’emparer des citadelles. Je m’occupe du reste. Je ne serais pas un bon As sans carte dans ma manche. »


*clac*

Une table au milieu des décombres, un assassin avec un escargophone blanc. Un sourire trônait sur ses lèvres, alors que les flammes dévoraient les bâtisses aux alentours. Des cris, des pleurs. De la souffrance et de la mort tout autour de lui. Ses généraux sur le champ de bataille. Un plan fait de fumée trônait sur la table, représentant l’évolution de la ville de Goa. Les différents rapports concordaient. La ville basse était pratiquement acquise. Le port était désert. Les citadelles ne se rendraient pas de si tôt. Mais ils ne sortiraient pas les prendre à revers : ils étaient en sous-nombre à cause de la trahison de Mendoza. Une nation si pourrie que le serpent s’en mordait la queue. Mais serpent il y avait. D’un geste, l’assassin dissipa la maquette et grava dans sa mémoire les avancées de ses pions. Venait le moment tant redouté, celui où la survie du peuple ne tiendrait qu’à un fil. Le moment où il lui fallait mater les fortes-têtes. La bataille faisait rage, sous le déluge de cette triste mâtinée. Les baraques fumaient, et les murailles étaient percées de centaines de trous. Ce royaume ne se remettrait jamais de cette terrible bataille, et encore fallait-il la gagner. Rassemblant ses effets, l’assassin se leva tranquillement et entreprit de marcher vers le coeur des combats. À l’odeur des cendres se disputait celle du sang et de la chair brûlée. Des cadavres gisaient un peu partout, des citoyens honnêtes pour la plupart. Des enfants recroquevillés sur le sein flétri de leur mère, des pères qui tenaient les restes de leur famille entre les mains. Un jour de deuil pour un massacre éhonté.

L’assassin marchait au milieu de l’héroïque boucherie, la main sur son arme. Il contemplait de ses yeux ce que ses actions avaient engendré et gardait en son âme le compte de ses victimes. Il serrait les dents, réprimait ses hauts le coeur. C’était au-delà de la dimension d’une guerre. Un génocide, une tuerie infâme. Les frères se retournaient contre les frères, et les enfants contre les parents. C’était une bataille fratricide qui saignait à blanc la nation. La purge de Goa. Etait-ce ainsi que l’on décrirait cet évènement dans les livres d’histoire ? Cela dépendait du vainqueur. Seul le vainqueur écrivait l’histoire. Il trouva le premier bandit. Avachi sur une femme qui se vidait de son sang. Affairé à satisfaire ses besoins primaires, il éructait comme une bête. Noirci par la crasse et le sang, il ne pouvait prétendre à plus. L’assassin s’avança vers lui, suivi par le regard absent de sa victime. Elle n’était même plus là, il l’avait brisée dans tous les sens du terme. Il attrapa le bandit, s’empara de son épaule. L’homme se débattit, bestial. Rafael raffermit sa prise et l’envoya rouler contre une fontaine délabrée. Il s’y brisa, faisant chanceler la sculpture. Le temps se suspendit, alors qu’il offrait un répit inespéré à la pauvresse. Se relevant, les mains pleines du sang de la victime, il toisa les bandits qui s’affairaient ça et là. Une haine sans nom cognait dans sa poitrine. Tout ça, c’était de sa faute après tout. Il y avait toujours le choix. Valait-il mieux que ces tyrans qu’il essayait de renverser ? Certainement pas. Tout cela n’était qu’une question de camp après tout.

Puis on le reconnut. On arrêta de piller. Ils savaient ce que l’assassin avait dit, ils savaient que les révolutionnaires avaient tenter de les en empêcher. Mais ils étaient bandits dans l’âme. Ils avaient enduré tant de privations qu’il leur était légitime de se venger. Mais pas ainsi. Plus jamais. L’assassin avança parmi eux, alors que les pillage s’arrêtaient sur son passage. L’homme qu’il avait envoyé contre la fontaine eut un dernier soubresaut avant de mourir. Mais il n’en avait cure. Il descendit la route en silence, contemplé par ces ersatz d’humains. Il ne daigna pas leur concéder un regard. S’il le faisait, il ne pourrait se retenir de laisser libre court à sa colère. Contre lui, contre eux. Il gagna le coeur du groupe, l’Homme-Chien se plaisait à être au coeur de la bataille. Entouré par ses sbires canins, il ricanait en contemplant le spectacle. C’était pour lui une belle revanche. Sanglante et irraisonnée. Mais l’esprit des fous ne souffrait d’aucune limite. Il avait survécu en se réfugiant dans sa cruauté, dans sa folie. Un choix de faible. L’assassin écarta un malabar d’une main, l’envoya à terre plus violemment qu’il ne l’aurai voulu. Il faisait bien petit comparé à ces chiens et à la garde rapprochée de l’Homme-Chien.


« Auditore ! Waf waf waf ! Tout se passe à merveille ! Tu ne trouves pas ? » ricana le chef des bandits en montrant de ses deux mains le carnage qu’il avait causé.

« Nous avions un accord. Tu devais épargner la ville basse. » répliqua Rafael.

« Oh voyons, je ne peux prétendre à juguler tous mes hommes, je n’ai pas un oeil partout ... Waf. » répondit l’Homme-Chien, perdant subitement son ton enjoué.

Peut-être sentait-il venir la suite. Il lorgna l’assassin d’un oeil sagace. Puis il regarda ses hommes. La scène sembla soudainement s’arrêter. Tous se retournèrent, regardèrent leur chef. Il se dégageait quelque chose d’étrange de la confrontation des deux hommes. Rafael regardait leur leader droit dans les yeux, sans sourciller. La garde rapprochée de ce dernier fit un geste vers l’assassin. Geste qui se suspendit sous un regard de l’Homme-Chien. Un sourire amusé se peignit sur ses traits. Ce n’était pas déjà l’heure du combat fratricide, non ?


« Peu m’importe. Tiens les ou je le ferais. » grogna l’assassin, jetant un regard haineux aux sbires du bandit.

Le sourire de son interlocuteur perdit de sa superbe. Il y avait une différence entre jouer à l’insolent et risquer la colère de cet assassin. Il se lécha les lèvres, se recroquevilla légèrement avant de se rappeler qu’il était l’homme le plus puissant du Grey Terminal. Il n’avait pas à avoir peur d’un gamin qui se prenait pour un cador parce qu’il avait gobé un fruit légendaire.


« Tu le feras ? Et alors ? Waf. Tu as trop besoin de moi pour ta Révolution, Auditore. Ne t’avise pas de me donner des ordres ou ... » commença l’Homme-Chien en crachant sa salive à chaque parole.

En une fraction de seconde, la main de Rafael se referma sur la gorge de l’insolent. Sautant par-dessus sa monture, il l’envoya à terre et le maintint là d’une seule main. Il fit jaillit sa lame secrète de sa gaine, et l’appliqua contre la jugulaire de l’Homme-Chien qui laissa malgré lui échapper un couinement. Les bandits firent un mouvement vers l’assassin, rapidement stoppés par un geste de leur chef. Même la monture monstrueuse de ce dernier se figea. La lueur dans les yeux de Rafael était sans équivoque. Il était prêt à le faire.


« Ou ? » fit l’assassin, resserrant sa prise.

Un sourire se dessina sur le facies du chef des bandits. Il toussa, étouffé par la poigne de fer de Rafael, mais conserva son sourire. Le révolutionnaire rengaina sa lame et se redressa, laissa l’Homme-Chien dans la boue et le sang. Il offrit un regard sévère à l’assemblée.


« C’est bien ce que je pensais. » lâcha-t-il, en regardant le bandit à ses pieds.

« Je suis venu récupérer Anthony. Je vais avoir besoin de lui sous peu. » annonça-t-il, toisant l’Homme-Chien.

Ce dernier se releva péniblement du fait de son infirmité, puis se massa la gorge en toussant. L’humiliation était une chose qu’il souffrait peu, comme pouvait en témoigner l’air renfrogné qui se peignait sur ses traits déformés. Il se tenait courbé, prêt à mordre.


« Je ne veux pas, tu avais donné ta parole. » grommela le bandit en levant la tête vers l’assassin.

« Tu n’avais qu’à être sage, Homme-Chien. Fais attention ou ta part du gâteau pourrait encore se réduire. » répliqua ce dernier sans même le regarder.

« Tu n’oserais pas ... waf ... » grogna-t-il, montrant presque les dents.

« Tiens donc. » ricana Rafael en se retournant.  

Cette fois c’en était visiblement trop. Alors que l’assassin s’éloignait de quelques pas, l’Homme-Chien fit un signe de la tête à ses hommes. L’un d’entre eux porta sa main à son arme, levant vers Rafael une arbalète tandis qu’un autre dégainait une lame courbe. Le premier tira sur l’assassin. Ce fut le signal de la débandade. Tous les bandits convergèrent vers celui qui osait nuire à leur chef. Rafael leva alors le bras, attrapant le carreau en plein vol. Un sourire mesquin se dessinait sur ses traits. Il s’était battu contre Envy, la vitesse d’un carreau d’arbalète n’était rien face à lui.


« Pointe en granit marin ? Amusant. » fit-il, avant de craquer le carreau entre ses doigts.

Les bandits eurent un mouvement de recul, surpris par les réflexes de leur adversaire. Pas l’Homme-Chien. Il s’y attendait, seulement Rafael était venu trop tôt le voir, toutes les mailles de son filet n’avaient encore pu se refermer.


« Tu veux vraiment te risquer à ça ? Tu veux vraiment m’affronter ici et maintenant ? » répliqua Rafael en faisant de nouveau face à l’Homme-Chien.

« Tu as trop besoin de moi pour mener mes hommes, Auditore, tu ne me feras rien. » contesta le bandit en se léchant les babines.

Ses hommes assistaient à la scène, ne sachant réellement que faire. Leur chef leur avait donné l’ordre de s’occuper de l’assassin, mais il leur semblait hors d’atteinte. Même le carreau spécialement réservé à son attention n’avait pu atteindre sa cible. De tels réflexes n’étaient pas humains, d’autant plus qu’il n’avait pu le voir : à peine entendre la détonation. De plus, on disait de lui qu’il voyait tout et entendait tout. Une légende savamment entretenue par la pléthore d’assassin qui revêtaient l’habit de la Confrérie. Des tueurs impitoyables, implacables. On craignait cet homme dans toutes les blues. Il avait réussi à faire chanceler Goa. Et il ne semblait même pas avoir peur de venir les voir seul pour menacer leur chef. L’Homme-Chien menait ses sbires par la force et la peur. Combiné à son puissant intellect. Mais vraisemblablement, Auditore était plus fort que lui.


« Oh, tu sais ... je commence à penser que tu ne m’es plus trop utile. Je pensais te laisser vivre pour te remercier de ton aide ... mais finalement ... » fit Rafael en faisant un pas vers lui.

« Tuez-le ! » ordonna l’Homme-Chien en reculant d’un pas.

Sa bête, dressée à la perfection, obéit immédiatement à l’ordre. S’effaçant d’un pas, l’assassin dégaina une dague et l’enfonça dans sa gorge. L’animal roula sur lui-même et rebondit sur le sol avant de mourir en se vidant de son sang quelques mètres plus loin. Les bandits firent à nouveau un pas vers lui.


« Allons messieurs : qui veut mourir en premier ? » ricana Rafael sans prendre la peine de se mettre en garde.

Les hommes hésitèrent, ne bougèrent pas. L’assassin avança vers l’Homme-Chien. Celui-ci recula d’un pas, cherchant quelqu’un pour le défendre. Si ses hommes étaient fidèles et obéissaient habituellement à ses ordres, ils ne les gouvernait pas par adoration. Ils n’étaient pas prêts à vendre leur vie pour la sienne, ils étaient jugulés par une férule de fer  mais plaçaient leur vie au delà de ça. Ils obéissaient pour la conserver après tout. Alors lorsqu’ils voyaient un adversaire qu’ils ne pourraient mettre à bas sans y laisser leur vie ... il était logique de penser qu’ils ne feraient rien. Surtout s’ils voyaient là une échappatoire.


« Wouaf ! Tuez-le !! » aboya le bandit en trébuchant sur un cadavre.

Il s’étala de tout son long et se releva en se mettant à quatre pattes. Comprenant par là qu’il n’avait pas d’échappatoire, il se rua sur l’assassin, tentant de le griffer de sa main mutilée. L’assassin s’empara de son bras et le lui tordit en le maintenant à terre. De son poing, il lui brisa le coude avant de le faire tomber sur le dos en lui collant un coup de genou. Un des bandits trouva alors son courage pour attaquer l’assassin, faisant fi de toute logique. Ne comprenaient-ils pas qu’ils pourraient mieux vivre ainsi, débarrassés de la férule de ce porc ? Ceux qui étaient dans ses petites papiers ne voudraient assurément pas retourner au bas de la chaîne. Tant pis pour eux. Au moment où il allait abattre son arme sur l’assassin - chose plutôt inutile en soi - Rafael leva le bras pour l’en empêcher. Or le coup ne vint jamais. Le bandit était violemment reparti dans le sens contraire, emportant ce qu’il restait de la fontaine au passage.


« Bouyachaka. » ricana un homme revêtu d’une tenue d’assassin un poil trop petite.

Judas tenait encore dans sa main un morceau de la tunique du type qu’il venait d’envoyer valser dans le décor. Il regarda l’assemblée d’un oeil torve puis revint vers Rafael qui secouait la tête de dépit. Le plan ... Donner à Judas un ordre et vous pourriez être sûr qu’il ressortait de l’autre côté de la tête. Rester dans les ombres, à regarder : c’était pas si compliqué. Les deux hommes en tenue d’assassin se mirent côte à côte, contemplant la cohue qui s’assemblait autour d’eux. L’Homme-Chien se relevait en se tenant le bras, reculant derrière ses sbires. Mais il était trop tard, ils avaient hésité et il l’avait vu. L’arrivée d’un second homme du côté de Rafael semblait leur  redonner du poil de la bête. Comme si le fait qu’ils fussent deux signifiât qu’ils avaient assez peur d’eux pour appeler du renfort. Hélas, ce n’était pas exactement ça.


« C’était pas vraiment ce qui était prévu ... » grogna l’assassin.

« Et moi je t’avais dit de faire le Lion. Histoire de renvoyer le chienchien à la niche. » ricana Judas d’un rire gras , tout sauf obséquieux.

Le Lion. Tsss. Il lui donnait le rôle de l’appât et voilà qui jouait dans les hautes strates ? Sans blague. Plutôt que le gusse était comme ça. Franc, sans arrières pensées. Il lui gardait les pieds sur terre. C’était la méthode brutale, celle qui marchait malheureusement le mieux. Lorsque les plans de l’assassin tombaient à l’eau, que restait-il d’autre après tout ? Entrant dans le rôle du révolutionnaire servile, Rafael secoua la tête et fit un pas vers l’Homme-Chien. Rassérénés, ses hommes lui barrèrent le passage. Le premier leva la main. L’assassin s’arrêta, lui tordit le poignet puis l’envoya à terre d’un coup de genou. Il bloqua le coup du second de son bras libre puis le frappa du plat de la main, le faisant tomber et rouler plus loin. Il se releva doucement, manière de montrer à tous que cela ne lui avait coûté aucun effort. Qu’il était encore capable de les mater d’un seul revers de la main. Du moins, c’était là l’impression qu’il devait leur donner. Et Judas restait là, les bras croisés. Il se régalait du spectacle, alors qu’il aurait du jouer l’ombre imposante derrière l’assassin. Du moins, c’était ainsi que les choses auraient dû se dérouler. Qui avait vraiment mordu à l’appât de l’As Révolutionnaire ? Tss. Ainsi donc il devrait revendiquer sa prise de pouvoir. Avançant vers le chef des bandits, Rafael le toisa de toute sa taille.


« Tu vas me laisser le commandement de tes troupes sur le champ, et cesser de me résister, Khal. » grogna l’assassin, surplombant son adversaire.

Le nom de l’Homme-Chien. Secret gardé depuis des temps immémoriaux. Une information qui n’avait de valeur que son plus grand secret. Une estocade destinée à faire tomber de son promontoire ce qui fut autrefois un homme. Les yeux de la créature se plissèrent. C’était une chose que lui-même avait oublié, disparu au fin fond des geôles du palais. Un secret que Vengeance avait arraché il y avait bien longtemps, sans même lui trouver d’intérêt. Mais l’art de la mise en scène et la duperie étaient de puissantes armes. Si l’Homme-Chien semblait à peine frémir, ses yeux s’écarquillèrent et son statut en prit un coup. C’était fissurer l’image qu’il s’était établie. Devant quelques hommes, certes, mais cela suffirait pour jouer au Lion.


« Waf waf ... à peine tu m’auras pris mes hommes qu’ils te mordront la main, Auditore : c’est ça le fonctionnement d’une meute ... ne devient pas l’alpha qui le veut. » couina l’Homme-Chien, en tenant le bras.

« Justement, il se trouve que si. Merci à toi d’avoir aussi bien structuré ta tanière. Mais la chute du mâle alpha à celui de mâle omega est la plus dure. » fit Rafael en tirant lentement son épée.

Le bandit recula de nouveau, puis regarda ses hommes avec un regard empli de haine. Il était trop tard, ils ne viendraient pas l’aider. Fou était ce révolutionnaire que de penser qu’il pourrait juguler une armée de bandits. Ce n’était pas lui qui les avait unis sous une férule de fer, les avait martelés et domptés à ses souhaits. Non, il ne méritait pas ça. Ce n’était pas son oeuvre. Il n’était qu’un sale profiteur. Un voleur mesquin et cruel. L’Homme-Chien ouvrit la bouche et grogna en claquant des dents. Il se jeta sans prévenir sur Rafael, l’emportant avec son poids. Les deux individus roulèrent. L’assassin fit basculer son adversaire sur le dos et le maintint par la force. Les dents du bandit s’étaient refermées sur le gantelet métallique du révolutionnaire et s’acharnaient à le déchiqueter en vain.


« Tout aurait été plus simple si tu avais été un gentil chien ... repose en paix. » grogna Rafael en lui enfonçant sa lame secrète dans la gorge.

L’Homme-Chien se débattit quelques secondes puis rendit l’âme en frétillant dans tous les sens. L’assassin se releva lentement, toisant l’assemblée. Les bandits venaient d’assister à la mort de leur leader, sous la main de leur allié. De celui qui leur avait promis la moitié du port de Goa. Mais Rafael ne leur laissa pas le temps de douter. Il adressa un signe de tête à Judas, auréolé d’un sourire. Jouer au Lion, hein ...


« Vous avez le choix. Me suivre ou mourir. » commença-t-il, faisant reculer d’un pas les bandits assemblés autour de lui.

L’assassin monta d’un pas sur les gravats dominant la place où tous regardaient ce qu’il se passait à présent. Des centaines d’hommes qui venaient de voir un intrus anéantir leur chef. Il s’en fallut de peu pour que tout cela déborda. Le suivre ? Ou s’enfuir ? Il n’aurait pas le temps de tous les tuer, et le pouvait-il vraiment ? L’optique générale était à la fuite ou au combat. Mais ni l’un ni l’autre n’était satisfaisant.


« Vous avez le choix, habitants du Grey Terminal. » poursuivit l’assassin.

« Vous pouvez continuer à honorer le nom de ce traître. De ce bandit qui n’a pas hésité à vous menacer et à tuer vos frères : à poursuivre ses exactions. Ou alors ... Ou alors vous pouvez vous battre contre ceux qui vous ont forcé à le rejoindre. Pensez à ce qui a fait de vous ces hommes : le meurtre, le viol, le sang. Tout ça, c’est un tribut que Goa vous doit. Et vous pensez qu’il est légitime de vous rendre sur ceux qui parviennent à peine à respirer ?

Il y a cent ans, il y a un homme qui s’est dressé pour vous permettre de vivre. Un homme qui jette sur nous son ombre symbolique ! Un homme qui a fait un rêve. Un rêve que je partage : qu’un jour toutes les nations se lèveront et vivront le vrai sens de la liberté ! Car n’est-ce pas ainsi que vous avez vécu ? Vivre libre ou mourir : nul homme ne devrait vivre enchaîné. Voilà ce qui vous a poussé à devenir des parias, à tuer et à vivre au milieu de la vermine. Alors je vous le demande, pourquoi continuer à vivre comme ces hommes vous l’ont dicté ?

Que votre revanche soit votre survie, votre combat. Venez avec moi et marchons sur les ruines de cette ville ! Marchons pour reprendre votre dû. C'est en hommes libres que vous êtes venus vous battre, en hommes libres que vous êtes. Mais comment garder votre liberté ? Il faut se battre ! Oui, battez-vous ! Battez-vous et mourrez peut-être. Fuyez, et vous vivrez, quelques temps du moins. Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Goa pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté ! »


L’assassin leva haut son poing. Indécise, la foule se concerta. Puis le premier hourra retentit. Si ses mots ne résonnaient pas dans toutes les oreilles, la puissance de sa voix endoctrinait les plus braves d’entre eux. Fort nombreux étaient ceux qui n’avaient guère eu le choix. Et les autres suivirent. Lentement, une clameur assourdissante s’éleva des ruines de la ville basse. Rafael descendit de son promontoire, alors que plusieurs bandits ployèrent le genou devant lui. Ils n’étaient pas une majorité à le suivre de bon coeur mais le nombre faisait son effet. En quelques minutes à peine, les poches de violences générées par les bandits s’estompèrent, avec la rumeur de l’Homme-Chien et la promesse de vengeance fournie par Auditore. Il avait raison : il était trop tard pour reculer. Il ne restait plus qu’à défendre leur liberté et commencer une nouvelle vie après ces combats incessants. Une lueur d’espoir qui gonflait leur coeur et les galvanisait d’autant plus que les fouets de leur défunt leader. Alors que les hourras retentissaient, l’assassin s’approcha de Judas.

« Mon général. » fit celui-ci avec une courbette moqueuse.

Rafael secoua la tête en souriant, puis lui attrapa l’épaule.


« Je te laisse les gérer, je dois encore façonner un Prince. » lui glissa-t-il à l’oreille, avant de s’avancer au milieu des bandits.

« Toi, toi et toi. Menez-moi où l’Homme-Chien a planqué le Prince. » ordonna-t-il à ... ses hommes.

Les hommes acquiescèrent avec un soupçon de crainte.


« Judas, hésite pas à t’imposer. » lâcha l’assassin avant de passer au milieu des bandits, escortés par trois des anciens gardes de l’Homme-Chien.

Anthony était vraisemblablement hors de la ville, et il n’avait aucune idée de la façon dont les choses se feraient durant son absence. D’autant plus que plier ce Prince là, ce ne serait pas une mince affaire ... mais si le Gouvernement Mondial intervenait dans leur petite affaire, cela se finirait bien mal pour eux. Il fallait à tout prix prendre les choses de vitesse et forcer le Prince à prendre les rênes sous le contrôle de la Révolution. Il était temps de rendre compte à Bô. À peine eut-il passé la porte principal de la cité qu’il s’empara de son escargophone. Les alentours étaient encore en flammes et petit à petit les pillages isolés se stoppaient, sous le passage du révolutionnaire et l’intervention des hommes les plus convaincus par son discours. Il n’était cependant pas totalement naïf et prévoyait la défection d’un bonne partie de cette nouvelle force sous son contrôle.


« Bô. Situation stabilisée avec l’Homme-Chien. Tout bandit qui ne se soumet pas est un dissident. » lâcha l’assassin, comme la brève du matin.

« Tu l’as tué ? » lui demanda la voix soucieuse du Roi des Ordures.

« Je n’ai pas eu le choix. Je leur ai donné un but et j’ai fait de mon mieux, peux-tu t’assurer qu’ils soient bien guidés ? J’ai laissé de quoi leur mettre du plomb dans la cervelle. Il saura gérer les fortes têtes. » répondit Rafael, empruntant un sentier bordé par les cadavres des bandits qui avaient mené le premier assaut.

C’était un charnier à l’odeur insupportable. Rien à quoi il ne fut pas habitué cependant. Il inspira profondément, rangea son escargophone blanc dans sa tunique puis demanda à ses guides d’accélérer le pas. La cage d’Anthony était au sommet de la colline de déchets, sous bonne garde. L’Homme-Chien tenait à ce qu’il voit sa cité tomber en ruines. Ils arrivèrent rapidement en vue d’une petite troupe montée qui montait la garde autour d’une esplanade aménagée dans les ordures. Au centre de celle-ci, un homme trônait. Le regard vide, les joues creusées. Il avait vécu ses pires journées entre les mains d’un expert en matière de souffrance. Il ne l’enviait pour rien au monde. Mais le travail avait été mâché, en somme ... Il s’avança vers les gardiens du Prince. Les gardes arrivèrent face à eux, s’expliquèrent. On refusa de les croire, tira les épées et les mousquets.


« Laissez-moi passer, et aucun mal ne vous sera fait. Vous feriez mieux de rejoindre vos frères sur le champ de bataille : nous allons bientôt mener l’assaut final contre le second rempart. La brèche et faite, et nous menons le combat. Cheminez avec moi, et vous pourrez vous venger, mes frères. Continuez à arborer le nom de l’Homme-Chien et vous le suivrez dans la mort. » les menaça Rafael.

Les gardes hésitèrent, puis baissèrent leurs armes. L’assassin soupira puis s’avança vers la cage de sa cible. Il s’accroupit devant Anthony. Ce dernier releva la tête, dodelina en gémissant de souffrance. Rafael soupira, contrit de devoir l’utiliser lui et non son frère. Il déverrouilla les loquets puis tira le Prince hors de sa cage. Celui-ci essaya de se débattre mais il était bien trop affaibli pour lutter. Sans nourriture, à peine d’eau. Il n’était déjà plus que l’ombre de lui même. En à peine quelques jours. Il présentait de nombreux stigmates de torture ... pauvre créature. Pauvre ? Pas vraiment. Tout cela n’était que trop mérité. Ainsi, l’assassin appuya sans vergogne sur ses stigmates et le leva à sa hauteur.


« Tu as perdu Anthony. Ton père est mort, ton frère en bonne voie. Ne reste que ta mère pour voir la citer brûler. » grogna l’assassin en le secouant.

« Tu as vu ce dont je suis capable, ces quelques jours entre les mains de l’Homme-Chien t’auront, je l’espère, servi de leçon. Sache que je l’ai supprimé. Il représentait une menace pour cette nation et son peuple. Tout comme toi. Hors, à ta différence, lui se présentait plus utile mort que vif. Ce qui te fait un avantage. Alors je vais te proposer un marché simple. Tu vois ces feux au loin ? À travers la pluie et les éclairs ? C’est ton palais. Tous ceux que tu as jamais chéri sont rassemblés là-bas. Et entre eux et toi se dressent vingt mille âmes en colère. » lui expliqua Rafael, en montrant la ville de sa main libre.

« Que me veux-tu, Auditore ? *kof* Tu m’as déjà pris celle que j’aimais, tu m’as déjà pris ma famille ... mon honneur. Ma vie ... Tu n’auras rien de plus, sur mon honneur je le j... ARGH ! » tenta-t-il de contester avant que l’assassin ne le fasse taire en enfonçant son pouce dans ses blessures.

Il le poussa en avant, le forçant à avancer sur ses pieds lacérés. Le Prince tomba à genou en piaillant de douleur. Dire qu’il s’était moqué de son jeune frère pour avoir agi de la sorte quelques jours plus tôt ... La vie était une chienne. Il se contint avec bien plus de dignité que lui. Un homme de fer. Mais même le fer connaissait son point de rupture.


« Je te propose de te rendre, d’ordonner à la Reine régente de cesser les hostilités et de nous remettre le royaume. Elle vivra, tu vivras. Ton oncle vivra. Mieux encore, tu deviendras Roi. » proposa Rafael.

« Marionnette, oui ... plutôt mourir que vivre ... ARGH ! » tenta-t-il à nouveau de répondre, avant que l’assassin ne le fasse taire en appuyant sur son dos.

« Vivre enchaîné ? Le quotidien des esclaves. Ironique, tu ne trouve pas ? Alors dis moi, Prince-héritier. Dois-je te remettre dans ta cage et t’envoyer dans les mines de sel ou obtempèreras-tu ? Réfléchis une seconde ... Sur le trône que tu as toujours désiré, sans concurrence. Seulement nous derrière, les gouverneurs dans l’ombre. Nous ne voulons que peu de choses : la paix, la justice et la liberté. Cela sera difficile si le Gouvernement profite de cette occasion pour rayer ce royaume de la carte et le faire sien, tu ne penses pas ? » lui fit Rafael, tendant au Prince une flasque d’eau en guise de symbole de réconciliation.

« J’accepte ou je vis un enfer pire que la mort. L’enfer que tu me proposes est au delà de ça, Auditore : je n’aurais plus de vie, j’aurais ta lame sur la gorge en permanence ... » grogna le Prince, s’emparant toutefois de la flasque.

« Libre à toi d’être un bon roi digne de confiance. Nos rapports n’ont certes pas bien commencé, mais sache qu’Uther t’a vendu sans vergogne et va tenter d’utiliser Eirikr pour s’emparer du Trône avec Mendoza. Alors dis-moi, laquelle de ces versions préfères-tu ? Libre à nous de réviser nos accords par la suite ... mais si tu veux que j’épargne à ta famille, à ta ville, la probabilité d’un buster call ou le passage d’une foule en colère : libre à toi. Vois ça comme l’amnistie royale ... Un nouveau départ pour un monde plus juste. Certes, tu y perdras mais tu y gagneras bien plus. Alors, tu as plus peur de la mort ... ou de ma proposition ? » lui proposa l’assassin en reprenant sa flasque.

Inutile de nier qu’Anthony ferait tout pour nuire à l’assassin. Qu’il ferait tout pour le trahir et retourner son plan contre lui. Il leur suffisait juste de mener leur barque le temps de doubler Mendoza. Rafael ne savait pas si ses ennemis avaient connaissance de la survie d’Anthony, mais il comptait bien utiliser cela à son avantage. Avec la parole du Prince, ils pourraient peut-être arrêter les hostilités plus rapidement que prévu. Il faudrait seulement trouver un moyen pour que le peuple l’accepte. Peut-être le montrer comme de leur côté, leur faire penser qu’il était là depuis le début comme il comptait le faire avec Eirikr ? Trop risqué ... ils verraient bien en temps voulu. Il était venu le temps de rassembler les différents chefs pour établir un sommaire conseil de guerre. Le fait que la flotte de Goa se soit échappée n’augurait rien de bon, et il fallait absolument statuer sur cela. Tant pis si cela donnait l’occasion à la Reine de rassembler ses forces. Cela donnerait aussi l’occasion à la résistance de rassembler les siennes.


« On verra ... » répondit Anthony, essayant de cacher au mieux l’étincelle de haine qui trônait au fond de son regard.

Rafael avait tué sa soeur, après tout. Son aimée. Dire qu’il en était réduit à utiliser un tel être comme bouclier ... Tout cela sentait le merdier à plein nez. Il lui fallait en discuter avec des hommes plus sagaces que lui. Il ne voyait pas l’ombre d’une lumière au bout de ce couloir. L’assassin soupira en secouant la tête.


« Bien. Allons donc siéger au conseil de guerre de ce pas. » répliqua-t-il, avant de faire signe aux gardes de faire avancer Anthony.


Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Mar 26 Nov 2013 - 18:14, édité 1 fois
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Encadré par ses nouveaux geôliers qui le tirent plutôt qu'il ne marche le prince s'immobilise soudain dans l'obscur couloir. Résistant aux quatre bras qui le maintiennent pourtant solidement il se cambre soudain comme s'il voulait se libérer, obligeant les assassins qui s'occupent de lui a le mettre aus ol d'une savante et imparable clés de bras.

Mais le prince ne cherche pas à s'évader.

Collé au sol par ses deux gardes il pousse un râle rauque de bête blessé, et se débat si fort qu'il se disloque l'épaule en se contorsionnant dans la prise de fer qui le maintient, obligeant les assassins a le lâcher et a reculer pendant qu'Anthony se met a se tordre au sol comme soudain ravagé par une douleur invisible et atroce.

Comme pris d'une soudaine crise d'épilepsie le prince convulse, bave, se tranche la langue d'un coup de sang sans cesser de hurler de douleur, ses muscles semblent ravagés par une armée de crampes et sa mâchoire se referme soudain si fort que ses dents se brisent.

Et que le prince retombe sur le sol aussi flasque qu'une poupée de chiffons qu'un enfant viendrait de lâcher.

-Il est mort.

Aussitôt agenouillé a coté du corps l'assassin le plus proche ne met guère de temps à prononcer le verdict. Poison.

Et aussi vite que le premier le second assassin réagit, bloquant le garde de l'homme chien qui une minute plus tôt protégeait l’accès à la cellule du prince, et qui tente de s'éclipser discrètement et se retrouve avec une lame froide sous la glotte.

-Qui a mené de la nourriture au prince ?
-C'est... C'était un des vôtres, un assassin envoyé par Rafaello et l'homme chien !

Uther évidemment. Encore lui.

    « QUOI ?! »

    La table vola dans le local, s'écrasant violemment contre le mur. Les feuilles s’envolèrent dans tous les sens et la lanterne éclata dans une gerbe de flammes. L’assassin poussa l’intermédiaire et se rua dans le couloir en direction de la geôle du Prince. Marchant au pas de course, il arriva rapidement sur les lieux, où déjà une dizaine de personnes se trouvaient. Ils s’écartèrent à son arrivée, pour révéler un Prince mort, recroquevillé. Un frisson de rage lui parcouru l’échine alors qu’il s’avançait vers le garde censé veiller sur lui. Il l’attrapa à la gorge, le plaquant contre le mur.

    « Tu n’avais qu’une seule mission, imbécile ! » grogna l’assassin.

    « Une putain de demi-heure, et une seule putain de mission ! » fulmina-t-il, le faisant décoller du sol.

    Le garde griffa l’air de ses doigts, à la recherche d’oxygène. Rafael le lâcha, et il tomba sur son séant, tout rouge.


    « Que s’est-il passé ... raconte-moi tout dans les moindres détails ... » ragea le révolutionnaire, se massant la paume de la main.

    Le garde bégaya, lui contant les détails de la venue de l’autre assassin. Il détenait une preuve écrite, signée de la main même de Rafael. Tellement sûr de lui qu’il n’avait pu le contredire ... Qui lui avait flanqué des incapables pareils. Trop occupé par les problèmes du champ de bataille, Rafael n’avait pas prit le risque de trop impliquer le Prince durant le laps de temps les séparant du Conseil. De rage, l’assassin frappa du poing contre le mur, fissurant la pierre sous son gantelet de métal. Une fumée noire s’exhalait de lui, témoin de son état. Il se retourna vers ses assassins.


    « Retrouvez-moi cet assassin, retrouvez-moi le et faites lui cracher tout ce qu’il sait sur Uther Dol. Il a forcément dû être aperçu par des gens, remontez sa piste et faites-moi parler cette enflure. » ordonna-t-il à ses hommes qui s’exécutèrent en hochant de la tête.

    « Quant à toi ... tu vas me suivre et tu vas expliquer à tout le monde pourquoi notre meilleur atout dans cette Révolution est mort. Tu vas leur expliquer que t’as ouvert la cage au premier abruti qui est venu te montrer patte blanche. » fit-il au pauvre garde.

    Celui-ci se releva péniblement, avec tout le poids de Goa sur les épaules. Il n’en menait pas large, était en train de se demander si mourir suffirait à apaiser ses tourments. La culpabilité l’étouffait et Rafael ne faisait rien pour l’épargner. L’assassin l’attrapa par l’épaule puis le poussa en avant. Le conseil allait avoir lieu dans deux minutes. Le destin était une chienne vicelarde.


    « Occupez-vous du corps, cachez-le. » fit-il aux autres personnes présentes là.

    Puis ils s’en furent vers le Conseil de Guerre.


    ~~~

    « Donc Mendoza se tient au large et attends des alliés ? On s’en doutait, mais ce n’est pas notre problème actuel. Nous sommes à l’aube de l’assaut final. Les chefs ennemis ont disparu, la Reine régente est incapable de les juguler. Les Citadelles ont fini par se rendre lorsqu’ils se sont rendus à l’évidence de la précarité de leur situation. Nous pouvons à présent affirmer contrôler la ville basse et le port de Goa. Malheureusement, mis à part les défenses des Citadelles, nous n’avons rien pour nous défendre contre les assauts extérieurs. Mais, encore une fois, ce n’est pas notre préoccupation première. »

    Bô se rassit, aux côtés de Céline et de Judas. Tous les différents leaders de la Révolution étaient rassemblés ici, et c’était Judas qui avait pris le commandement des bandits. Il en fut un autrefois, et ses mains alliées au discours et à la réputation de Rafael avaient suffit à les tenir assez longtemps pour les masser en bas des murailles de la ville haute. Céline menait une partie des révolutionnaires, mêlée à  des bandits, tandis que Bô gérait la réelle force de frappe révolutionnaire du Grey Terminal. Les civils s’étaient joints à eux et mêlés à peu près partout. Les combats faisaient encore rage, mais les révolutionnaires prenaient petit à petit possession des dernières poches de résistance. Vengeance brillait pas son absence, mais cela ne semblait offusquer personne : il avait ses propres consignes. Restait enfin Rafael, qui présidait la table en chêne, au milieu d’une maison ravagée par un tir de mortier durant la bataille. Un lieu de réunion au coeur des troupes amassées dans Goa.

    « Il faudrait convaincre la Reine de se rendre au plus vite afin d’épargner les pertes civiles. Nous avons déjà du mal à juguler les bandits de l’Homme-Chien, bien que nous en ayons rallié une partie. Les autres restent de la vermine. Ils se battront avec nous pour la plupart, mais je mets ma main au feu qu’Uther attend sagement que nous nous entre-dévorions. Je ferais la même chose. Il y a six mille hommes entre le palais et nous. Nous avons l’avantage du nombre. Mais je pense à aller demander audience pour la faire abdiquer avant qu’il ne soit trop tard. C’est, il me semble, la seule solution pour nous épargner tous. » expliqua l’assassin, avec une moue dubitative.

    Judas bougea sur son siège, Céline affichait une mine triste mais déterminée. Il en avait déjà parlé avec eux, il connaissait leur avis.


    « C’est du suicide, Rafael. Elle cherchera à tout prix à se venger. » fit Bô, appelant pour la première fois l’assassin par son prénom.

    « Je dois lui offrir le choix, je dois lui permettre de se rendre. Sinon, nous ne pourrons pas user de notre dernier atout. Je commence à être un peu à sec d’idées, mais celle-là devrait marcher. J’ai bien veillé à palier à toutes nos déficiences précédentes. Ainsi, l’ordre de mission est entre les mains de la seule personne qui soit à même de réaliser la mission, et qui n’ait pas besoin d’être présent sur le champ de bataille. Vous verrez en temps voulu. Soyez seulement prêts à mon signal. » expliqua l’assassin.

    « Le signal ? » demanda Bô, haussant un sourcil.

    « Lorsque ma mort viendra, vous attaquerez. »

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