Marcher. Vagabonder. Sur le port, trainant des pieds sur un sol plus ou moins poussiéreux. Sous cette atmosphère froide, quelques lampadaires longeant ce chemin, m'éclairent aussi bien que le fait la pleine lune qui brille majestueusement au-dessus d'Amity Island. Une île bien petite, à l'égale de ses récifs montagneux qui se logent en son centre. Des monts pas très hauts, ni très larges. Ils sont cependant entourés d'une sylve bien dense verdoyante. Je m'y suis habitué rapidement, à cet environnement. Je foule l'endroit depuis une douzaine de jours après tout. Et puis, l'île est semblable à beaucoup d'autres. Mais le port reste l'endroit que j'ai squatté, et que je squatte constamment, en espérant l'arrivée d'un homme assez généreux pour m'arracher de cette île. Hélas, rare se fait cette race humaine ces temps-ci.
-Magnus : Je crève la dalle !! Tu crois qu'une personne assez sympathique nous donnerait à manger ?
-Yago : Aucune idée. Les restaurants jettent les restes parfois.
-Magnus : Ow, je vois ! Partons donc à la recherche d'un restaurant !!!
Non loin du quai, quelques habitations sont présentes. Un petit village, où règne la solidarité et une bonne entente entre chaque habitants, qui font de leur mieux pour subsister dans ce monde où tout peut arriver inopinément. "Le vagabond du port", me surnomment-ils. Il ne m'a pas fallu énormément de temps pour atteindre l'endroit. Malgré l'heure tardive, quelques personnes demeurent toujours présentes dans la grande rue pavée face à moi. La majorité semblent être sous l'emprise de l'alcool, mais là n'est pas le problème. Je marche, sur ce sol, usé par les traces de roues provoquées par les charrettes qui ont l’habitude de passer dans le coin la journée. La plupart des maisons sont constituées de bois. Certaines plus imposantes que d'autres. Les formes varient, exprimant souvent la richesse, le milieu social de l'habitacle.
J'ai longuement marché, avant de tomber sur un bar assez spécial, qui propose non seulement des boissons alcoolisées, mais également des menus qui me semblent alléchants. Rien qu'en lisant les noms des plats, ma faim n'a fait qu'augmenter que de la salive me pend aux lèvres. Mais miséreux je le suis. Sans de quoi payer ces mets. Espérant que je pourrais manger les restes, j'entre dans ce gouffre où l'air est imbibé d'alcool. L'apparence est semblable à une taverne classique, bien portant. Un vieux barman, accoudé au bar, nettoie les verres assidument. Il me fixe indifféremment. Le gérant sans doute. Il en a le profil, ce quinquagénaire, vêtue d'un élégant costard noir. Deux hommes complétement ivres semblent toujours présents, assis à une table non très loin. Leur voix flottantes d'hommes bourrés ont l'air d’agacer le barman. Je m'assois sans plus tarder sur une chaise en bois bien haute, face à ce dernier.
-Barman : Vous voulez boire quelque chose ?
-Magnus : Je cherche plutôt à manger. Héhé !
-Barman : Désolé, les cuisiniers ne travaillent plus. Ils sont rentrés chez eux.
-Magnus : Il vous reste encore les restes, non ? Ça serait du gâchis de les jeter.
Généreux et aimable, le vieil homme m'a apporté trois plats en métal, semblables à des gamelles. La nourriture n'est pas chaude, mais je n'peux pas m'en plaindre. À vue d’œil ça reste comestible. Je n'ai pas perdu une seconde, et l'ai dégusté à une rapidité hallucinante, tel un ogre n'ayant pas mangé depuis des jours. Le ventre plein, le sommeil semble peser sur moi à présent. Juste quand je décide de me lever, les deux bonhommes enivrés, empestant l’alcool, m'abordent.
-Bill : Hey, mais c'est notre vagabond du port ! Hic ! T'es venu mendier par ici maintenant ?
-Boule : Tu sais, si l'île reste dans la situation actuelle, les gens vont commencer à devenir avare, hic ! Donc, profites tant qu'tu peux, vagabond ! Hic !
-Magnus : Ah ? De quoi vous parlez ? J'suis pas au courant.
-Bill : Beaucoup de gens d'ici commercent en empruntant la mer. Et pas seulement ! Hic ! Les grandes boutiques de l'île reçoivent parfois des cargaisons de divers produits. Cependant, hic, depuis le début de la semaine, on dit que beaucoup de navires font naufrages non loin des côtes. Rares sont ceux qui peuvent accoster. Même les pêcheurs commencent à craindre. Pour le moment, le maire ferme les yeux pour ne pas créer d'avantages de paniques. Mais il ne va pas tarder à agir je pense.
Des heures passent. Allongé dans l'herbe froide, légèrement humide à cause de l’atmosphère de fraicheur ambiante. C'est un endroit calme et agréable pour pioncer, situé entre le port et la forêt. Un lieu fort fréquenté par les gamins quand l'astre de feu brille au-dessus de l'île. C'est ainsi, que je me pose des questions sur cette rumeur dont ont parlé Boule et Bill.
-Magnus : Yago. Si la rumeur est vrai, on n'va pas pouvoir quitter l'île avant un bon moment.
-Yago : On est en sécurité sur cette terre. Ce n'est pas plus mal...