Un bordel comme les autres, Logue Town.
http://cellar-fcp.deviantart.com/art/two-prostitutes-106774403
Elles étaient là, toutes les deux. Assises au milieu de ce long couloir tout orné, de crasse, salissures, vieux tableaux défraichis par le temps. Elles étaient là, toutes les deux, le regard vide, à ne faire rien d’autre qu’attendre le prochain client. Parce que c’était ça, leur vie, attendre le moment où elles devaient se lever, écarter les jambes et éteindre leur pauvre cerveau le temps d’une passe. Se faire baiser, frapper, violer, pour quelques pièces qu’elles n’avaient plus la force de dépenser. Elles n’entendaient pas les coups de feu voler à l’extérieur, elles n’entendaient plus cette violence qu’elles avaient déjà trop vu. A quoi bon tenter de réfléchir, si ce n’est pour orner leur pauvre têtes d’une autre violence, d’autre sang, d’autres morts, qu’elles pouvaient oublier là, le corps amolli et les yeux rougis de drogues et de larmes cachées.
Alors lorsque la porte au bout du couloir s’ouvrit sur cet étrange homme, immense, immonde, elles écartèrent leurs jambes toutes amaigries.
_Hmm. Marc est mort, c’est moi maintenant, le patron.
Elles levèrent les yeux, comme surprises. Il y avait une lueur de vie qui suinta un moment, avant de disparaître.
_Hmm… Vous êtes malheureuses ? Alors partez.
Elles ne bougèrent pas, restant inerte, là, sur leur pauvre banc, sans même sembler comprendre.
_Alors vous êtes heureuses. Souriez.
Elles sourirent.
_Plus de drogue, plus de larmes. De la joie et de l’amour pour les clients. Ou je vous jette à la rue sans plus personne pour vous nourrir. Sans plus personne pour vous protéger.
Sa main vola dans la joue de la première.
_Réveillez-vous, donnez-vous des claques jusqu’à ce que toute cette foutue drogue foute le camp.
A l’autre bout du couloir, une femme observait. Les joues plus grosses, le teint plus alerte. La peau vieilli par les années lui donnant une trentaine de printemps. Debout, à plusieurs mètres de la scène, elle ne faisait rien d’autre qu’observer.
_C’est toi, la maquerelle ? Et tu laisses ces filles ainsi ? Hmm… Reprends-toi, ou pars. Je les veux prêtes pour ce soir.
http://insolense.deviantart.com/art/self-portrait-361787130
La peur, c’était une corde dure, solide, tendue, prête à casser d’un coup de lame. Le respect, lui, n’était qu’une minuscule ficelle qu’elles allaient garder serrés contre leurs seins. Elles restèrent là, sans comprendre tandis qu’il partait déjà. Elles ne comprenaient pas pourquoi il ne les avait pas possédées. Pourquoi il ne les avait pas plus frappées.
Dernière édition par Ishii Môsh le Jeu 14 Aoû 2014 - 7:47, édité 1 fois