Un petit tas de cailloux rouges

-Bureau du Cipher Pol j'écoute ?
-Ouais c'est urgent, passez moi le chef !
-Allo qui demandez vous ?
-Le chef ! J'ai trouvé Red, je dois parler au chef !
-Qui êtes vous ?
-Rhaa... Je suis l'agent de faction sur Tortuga !
-Tortuga ? Je ne l'ai pas dans ma liste. C'est le nom de votre service ?
-Mais non, c'est une ile ! Je suis du CP 2 ! A Tortuga !
-J'ai l'impression que ça fait longtemps que vous n'avez plus appellé le standard. Vous ne connaissez pas les régles de communication ?
-Mais enfin ! c'est un communication urgente, prioritaire ! J'ai trouvé Red je vous dis !
-Ce n'est pas une raison. Si vous ne respectez pas le protocole de communication je ne peux rien faire pour vous.
-Mais mais..
-Bon,il me faut votre vrai nom, pas votre nom de code.
-O'Donnel. Robert O'Donnel
-Au service de ?
-De personne, je suis l'agent de liaison de Greed. Et il est mort bordel !
-Et vous étes ?
-Robert O'Donnel, du Cipher Pol deux. En mission à Tortuga pour servir d'agent de liaison au corsaire Greed.
-Et vous demandez ?
-Un responsable, je veux parler à un responsable, n'importe qui !
-N'importe qui c'est un peu vague...
-Je sais ! L'autre la, du CP8, Ao Novas ! Passez moi Ao Novas !
-Vous voyez que tout est plus facile quand on reste professionnel... Et vous êtes ?
-Snif... Robert O'Donnel, du Cipher Pol deux.
-Votre ordre de mission ?
-Tortuga ! Je suis en charge de la surveillance de Tortuga, sur Grand Line ! Et j'ai trouvé Red !
-Haaaa... Je vois. Hélas il m'est impossible de vous passer monsieur Novas. Mais ne vous inquiétez pas je vais lui transmettre votre message. Vous dites que c'est urgent ?
-Mais oui c'est urgent ! Rhaaaaa ! RED bordel ! J'ai trouvé RED ! ça doit bien vous dire quelque chose non ?
-Bon, ne quittez pas, je vous passe un coordinateur.

...Patientez quelques minutes,
votre correspondant est en ligne et va probablement répondre à votre appel....

...Patientez quelques minutes,
votre correspondant est en ligne et va probablement répondre à votre appel...

...Patientez quelques minutes,
votre correspondant est en ligne et va probablement répondre à votre appel...

-Allo ?
-Snif snif... Hein? Allo ? Pardon je... Je suis un peu fatigué, ça fait une heure que j'attends et...
-Et qu'est ce que voulez ?
-Faire mon rapport monsieur, juste faire mon rapport, parce que je suis agent de surveillance alors je me disais que... Peut être que je pourrais faire un rapport... Sob... Parce que c'est important quand même et...
-Et vous êtes ?
-Sob... Je suis Robert O'Donnel, du Cipher Pol deux snif... A, a Tortuga...
-Et vous dites que vous avez vu Red ?
-Oh? On vous l'a dit ? C'est merveilleux snif... Formidable je... Pardon je... Oui oui je l'ai vu, il est la !
-Vous voulez dire, la, à Tortuga ?
-Euh, non. Enfin oui, il est la. La... Juste a coté de moi...
-Vous l'avez capturé ?
-Non. Il vient d'arriver et... Snif... Je crois que ça va couper.
-Ah... Je vois... Et bien. Merci Robert, le Service n'oubliera pas votre sacrifice.
-...
-Robert ? Vous êtes encore la ?
-Non.

Clap.

-Tu vas me tuer ?
-C'est fou comme ça devient vite une idée fixe hein ? Et ben tu sais quoi Robert, non, je vais pas te tuer. Enfin... Je ne vais peut être pas te tuer. Et y'a un truc qui tombe plutôt bien, c'est que ça dépend surtout de toi.
-De moi ?
-Ouais Robert, de toi.  Regarde on va jouer à un jeu. Je vais te poser une question, et si la réponse me convient, tu survivras. Facile non ? Et tu as déjà fait ça à l'entrainement.
-Ben euh... D'accord alors.
-Sauf que le souci pour toi, c'est tu chiais encore dans tes couches que moi j'étais déjà agent du Cipher Pol. Et du coup, je sais exactement ce qu'on t'a appris. Et je sais très bien qu'en ce moment ce qui te passe par la tète c'est le cours de résistance a l’interrogatoire qui préconise que résister ne sert a rien et qu'il est nettement plus productif de donner de fausses informations.
-Euh... Pas du tout ?
-C'est pas grave Robert, on est ce qu'on nous apprend. Ce que je veux, c'est que tu me fasses une liste de tous les agents CP qui trainent comme toi dans le coin.
-Mais...
-Mais comme je sais que tu vas essayer de me tromper, je te propose de corser un peu le jeu pour qu'il y ait un peu plus de suspens. Tu vois, t'es pas le premier agent que j'attrape. Et je leur ai posé la même question qu'a toi. Ce qui fait que j'ai déjà les noms que tu vas marquer. Bref, si ceux que tu marques ne correspondent pas du tout à ceux que j'ai, ça veut dire que tu mens comme on te l'a appris, et je t'assure que ça te conduit tout droit à un moment horriblement douloureux et fatal.
-Ah...
-Oui, ah... Maintenant, tu es en train de penser que tout ça est surement du bluff. Que mon carnet a moi ne contient pas de noms et que je te monte un bateau pour essayer de t'impressionner et éviter que tu ne mentes. Et t'as raison, ça pourrait être le cas.
-Je... Je pensais pas ça du tout...
-C'est sur... Mais je vais quand même marquer un nom en premier sur ton papier pour t'aider à te décider. Le nom d'un agent que tu connais et qui est ici.... Tiens, regarde. Et prend ma plume, je te la prête.

Et voila Robert qui prend le papier et qui réussit la prouesse de se décomposer encore un peu plus.  Parce que le nom sous ses yeux est bien celui de la responsable locale du Cipher Pol 2. Et dans sa tête les pensées paniqués se bousculent comme des mineurs coincés par une montée des eaux. Après tout, Red est u ancien CP, il peut connaitre les agents locaux. Et il était marine quand il est passé ici la première fois, il a pu simplement les contacter par la voie normale. Et si c'est le cas alors ce qu'il dit est vrai, et il a des noms. Et s'il a des noms, lui mentir risque d’être moche. Et surtout parfaitement inutile. Et si Robert se souvient bien d'un truc de son entrainement, c'est que l'inutile ne sert à rien. Et que tant qu'a faire un agent doit aussi protéger sa vie pour pouvoir continuer à servir plus tard.

Regard sur Red dont le regarde s'assombrit. Aux pieds de Robert une mare sombre monte lentement le long de ses jambes. Il n'en faut pas plus pour que l'agent se mette a écrire frénétiquement sur son bout de papier, et balance tout.

Et quelques minutes plus tard quand Red abandonne l'agent menotté aux mains de ses hommes, il a en sa possession une jolie liste qu'il n'a qu'a transmettre aux Usuriers ravis des de se débarrasser de la vermine.

-Allez Messieurs, au travail, la chasse est ouverte !

Ce soir sur Tortuga, c'est les espions qui quittent le navire...

Dans la tête de Red il y a eu des moments de bordel, c'est sur. Des moments ou tout était flou et ou la réalité semblait indistincte, fuyante, n'offrant aucune prise ou se raccrocher et disparaissant à chaque fois que Red voulait la saisir. Des moments ou Red se débattait dans un brouillard obscur semé de vapeur d'alcool.

Mais ça, c'était avant.

A quoi ressemble ton esprit aujourd’hui ?

Red a toujours vu le sien comme une sorte d’entrepôt. Un grand entrepôt de métal, toujours soigneusement rangé et plongé dans une pénombre agréable, calme et apaisante. Un entrepôt aussi hermétique et blindé que le parfait agent Red. Et puis l’entrepôt s'est ouvert, percé de trous comme un navire après un combat. Des trous diffusant la lumière au travers de ce papier translucide dont ont fait les fenêtres du coté de Shimotsuki. Des fenêtres derrière lesquels un monde riche de potentialité se dessine peu à peu.

Et ou tout devient clair et accessible.

Comme s'il n'y avait qu'a suivre une ligne de petits cailloux rouges...

Plouf !

Dans sa tête Red jette négligemment un des cailloux à l'eau. Le problème des agents est résolu et la pierre qui le symbolise va rejoindre celle des Usuriers, des Flibustiers et des Vive Card au fond de l'eau. Reste les suivants, celui d'Izya ce soir. Et en attendant un autre caillou rouge. Celui du chantier...

Ces chantiers indispensable à la survie d'une ville comme Armada.

-Hey, y'a quelqu'un dans ce trou ?

La porte repoussé du hangar ne donne pas vraiment sur la scène auquel s'attend Red. Pas d'activités florissante ici. Pas de cacophonie de bruits de métal et de gens. Pas de types en train de s'agiter autour d'un navire en cale sèche, pas d'odeur de goudron frais ou de peinture, pas de particules de sciure qui vole dans l'air. Non, rien.
A la place le coin semble désert, abandonné. La forme est déserte, la poussière qui macule le sol n'a l'air dérangé que par les piafs qui ont trouvé refuge sous la charpente, les outils ne sont plus sur les murs, et partout des bâches recouvrent des pièces ou des montages inachevés et abandonnés n'importe ou en l'état.

Pas vraiment le chantier de Tortuga qu'on a vendu à Red.

-Hey, répondez bordel ! Je sais que vous êtes la !

Et effectivement Red sait. Il n'a plus maintenant besoin que d'une légère concentration pour embrasser l'espace autour de lui et devenir quasiment omniscient dans ce rayon qui grandit tous les jours. Et il sait que la bas. Dans cette zone qui doit abriter les bureaux des contremaitres se trouvent deux personnes qui l'ont bien entendu mais ne semblent pas pressés de se bouger.

-Ouais ça va ça va... Je viens...

Sortant du bureau une silhouette aussi massive que rousse s'avance vers le capitaine en claudiquant sur une jambe de bois. Jambe de bois main de fer. Bon titre aussi. C'est Bout de bois, d’après tous les avis compétents, le meilleur charpentier et ingénieur de Tortuga. Et le patron officieux des radoubeurs du coin.

-J'suis Bout de Bois, le patron du chantier, qu'est ce que vous voulez ?
-J'avais une commande en fait...
-Une commande ? Bien sur Capitaine, j'appelle mes ouvriers tout de suite. Hein les gars qu'on va se mettre au boulot?

Ironie mordante et lasse, et personne évidemment...

Derrière le gros type à la jambe de bois une série de couinement de terreurs et un miaulement signalent que les seuls trucs vivants et disponibles dans le coin sont pour l'instant beaucoup trop occupés pour jouer les charpentiers de marine.

-Il s'est passé quoi ici ?
-Il s'est passé quoi ici ? Le chantier est mort voila tout. Vous devriez le savoir, c'est vous qui l'avez tué. Capitaine Red...
-Hum...
-Le chantier c'était Greed. Et vous l'avez descendu. Puis les Usuriers ont pillés ce qui lui appartenait. Ils ont tout pris. Plus d'or dans les caisses. Plus de quoi payer les constructions en cours, plus de quoi rembourser les clients, plus de quoi payer les ouvriers. Les chefs ont foutu le camp, et ensuite tout le monde s'est mis à piller ce qu'il pouvait aussi vite que possible. Et maintenant voila. On est plus que deux dans le coin a pas vouloir abandonner. Et je ne suis plus que le chef d'une carcasse vide et inutile. Alors je sais pas ce que vous voulez. Mais je peux rien pour vous.
-Je vous ai vu sur la place l'autre jour. Je voulais passer un contrat pour la maintenance d'Armada.
-Sacré boulot c'est sur. Quand vous aurez mis tout ça à l'eau faudra constamment des types qui s'y connaissent pour surveiller. On assemble pas des bateaux au petit bonheur la chance en espérant que ça tienne. Le lamanage c'est un boulot de spécialiste. Sinon votre ile se désagrégera à la première tempête sérieuse et tout puissant que vous soyez ça changera rien.
-Oui. Et c'est pour ça que j'ai besoin du chantier.
-Alors c'est foutu Capitaine, y'a plus de chantier, fini, pfuit, envolé !
-Les hommes sont encore la non ? C'est de l'or qu'il vous manque. Distes moi combien ?  
-Combien ? Beaucoup c'est sur. Mouche ! Hé Mouche ! Viens donc ici voir le capitaine Red, il veut te parler de tes chiffres.

-Capitaine ?
-Mouche est l'ancien comptable du chantier. C'est lui qui tenait tous les livres et les relévés. Mouche ? Le Capitaine Red ici présent croit qu'il est assez riche pour payer nos traites. Dis lui donc combien il faudrait pour racheter les outils et ramener les hommes.
-Approximativement trois cent cinquante millions de Berry.
-Héhé, trois cent cinquante. Marrant comme somme non Capitaine ? En vous vendant à la marine j'aurais juste de quoi ramener le chantier à la vie...
-Trois cent cinquante...  
-Vous voyez ? C'est mort Capitaine...
-C'est amusant. (Lien)Il se trouve justement que j'ai passé quelques coups de den den avant de venir m'échouer ici. Et que je me trouve actuellement en possession d'une certaine somme en or dont je n'ai pas l'usage immédiat.  
-Une somme ? Quelle somme ?
-Disons, un peu plus de six cent millions de Berrys...
-Mais. Mais alors. Vous allez vraiement remonter le chantier ?
-Je ne sais pas. J'ai besoin d'un homme sur pour gérer les chantiers pour moi. Un homme qui saura s'occuper de les faire tourner et s'assurer qu'Armada ne finira pas au fond de l'eau par négligence. Est ce que tu es cet homme la Bout de bois ?  
-Je... Oui. Oui Capitaine. Oui. Je suis avec vous !

Tiens, Lion aussi traine dans le chantier de Tortuga

-Et ici c'est la zone de carénage. Les cuves la bas sont pour faire chauffer le goudron pour le rendre assez malléable pour qu'on puisse l'appliquer. Les cuves sont mues par les palans dont vous voyez les chaines juste au dessus. On les bascule dans ces bacs et ensuite on recouvre la coque avec ces trucs la.
C'est un boulot difficile, le goudron est un truc qui pue et qui brule. Mais a moins d'avoir ces nouvelles coques de métal rivetés comme les derniers cuirassés de la marine, y'a pas moyen d'éviter le goudron sur du bois...
-Et la ?
-L'atelier de couture. C'est la qu'on fabrique ou qu'on répare les voiles. On a des patrons de ballons aussi, mais c'est assez rare.
-Des ballons dirigeables ?
-Dirigeable, faut le dire vite. Trop de prise au vent et difficile d'installer des moteurs a vapeur dans ces petites nacelles. J'avais pensé à des dials une fois ou deux. Mais trop cher.
-Avec des dials pour le propulser, ça irait vite ?
-Ah sur oui. C'est léger, c'est pas ralenti par la flotte. Si vous rajoutez des dials pour pousser ça filera comme le vent...
-J'aurais l'usage d'une embarcation rapide... Combien de temps pour l'avoir ?
-Pour la fabriquer ? Ben, c'est pas simple. Y'a tout plein de calculs à faire, des plans aussi...
-Hum...
-J'ai bien une idée mais, ce serait plus cher...
-Oui ?
-Ben, y'a ce truc la, juste sous la bâche la bas. Une commande d'un type qui jouait les pilleurs d'épaves, un bathyscaphe qu'il appelait ça. Une belle coque étanche qu'il voulait accrocher sous son bateau a des câbles pour la faire descendre jusqu'au fond. Isolation parfaite, cabine tout confort et tout. Un bon contrat. Sauf que vous l'avez coulé en mer la dernière fois qu'il est venu. C'était le capitaine de l’équipage qui avait retrouvé votre amie marine.
-Ah oui, je vois... Et ?
-Ben je me dis, c'est plus cher qu'une simple coque de barque, mais vu qu'elle est déjà faite et que vous êtes pressé. Je peux vous récupérer cette coque la et je vous la met direct sous un ballon. Et du coup c'est une affaire terminée dans deux jours. Et, niveau confort, humidité et chauffage, vous aurez pas mieux. Z'en dites quoi patron ?
-Vendu.

L'heure tourne, il est temps de filer au resto.