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Un réveil douloureux


Où, où suis-je ? Au paradis ? Non, je ressens la douleur dans mon bras. Je jette un coup d'oeil vers celui-ci. Et à ma grande stupéfaction, il est bandé. Je suis donc bel et bien en vie. Je ne me rappelle de rien. Juste qu'El Corazone allait me transpercer, mais on dirait qu'il a échoué. Je me relève et m'appuie contre le lit. Je regarde autour de moi. Je ne sais pas où je suis, mais c'est une grande salle avec des murs blancs. Ils sont colorés par des teintes acidulées et chaudes. La chambre est éclairée par la lumière naturelle. Elle met à l’honneur les matériaux bruts et un aménagement en toute simplicité. Elle est ouverte sur la nature, chaleureuse et agréable à vivre. C'est l'effet qu'elle me procure dans un premier temps.

Je regarde brièvement autour de moi et je ne vois qu'une seule femme. Je remarque très vite qu'elle appartient au Cipher Pol, tout comme moi. Elle porte le même écusson au même endroit. Je la fixe, elle dort à poing fermé. Je suppose que c'est elle qui est venue à mon secours.

J'esquisse un sourire. Je suis content. Content d'être en vie et de pouvoir continuer à vivre. De pouvoir répandre la parole de la justice. J'ai envie de la remercier, mais je ne veux pas réveiller ma bienfaitrice. Alors je la regarde. Elle porte un cache-oeil sûrement parce qu’elle l'a perdu dans une bataille. Ses formes sont plus que généreuses. Sa poitrine est quasiment à nue si ce n'est qu'elle est couverte par ce petit bout de cuir. Plus bas, elle porte une sorte de … je ne sais pas trop, je ne vois pas très bien. Peu importe, elle a l'air excentrique et ce n'est pas pour me déplaire.

Elle commence à faire la moue et son seul œil commence à s'ouvrir. Elle est en train de réveiller. Très vite, je m'aperçois que nous avons autre chose en commun elle et moi. Des yeux rouges. Je pensais être unique, mais a priori ce n'est plus le cas.

« Agent Rai Zeruksion du CP5. Je te remercie de m'être venue en aide. j'ai bien cru que ma dernière heure était arrivée. J'ai remarqué que tu étais du CP toi aussi, tu appartiens à quelle division ? »

J'ai tant de question à lui poser, que ça en devient presque frustrant. Je continue de lui sourire attendant un signe ou une réponse de sa part …
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    Les choses s’étaient passées comme je l’avais prévu, une fois la porte de l’officine défoncée, il fut assez rapide pour moi de bander sommairement mon confrère avant qu’un homme plus compétent prenne la suite des opérations. Il avait perdu pas mal de sang disait le médecin, mais il devrait s’en sortir.

    Sans doute a-t-il vu dans mon regard que de tout de façon, il n’avait pas d’autre choix que de l’en sortir de cette torpeur pouvant s’avérer bien trop profonde.

    Sa blessure au bras était profonde, mais grâce à mes aiguilles et aux connaissances approfondies de l’homme de sciences, je pus apporter une contribution non inutile au sauvetage de cet agent. Mon unique œil me piquait. Je ne savais toujours guère trop ce qu’il venait de se passer entre lui et ce révolutionnaire de malheur, mais je ne tarderai probablement pas à le savoir.

    Je devais juste me retenir de le réveiller, de le secouer, l’enquête n’attendait pas, la piste ne faisait que refroidir à présent. La proie était blessée, elle ne pouvait pas partir bien loin et de tout évidence, elle n’était point arrivée jusqu’ici pour sa part.

    Pourtant, étrangement, à lorgner de façon incessante mon collègue, je ne pus que sombrer moi aussi, dans une torpeur moins douloureuse, mais tout aussi réparatrice.

    Mais pourtant de courte durée, déjà, je me sentais moins à mon aise, moins calme, je ne pouvais que repenser à cet homme masqué. Je le sentais comme proche de moi, sa présence était … écrasante. Je le savais que si dès à présent je courais après, je ne pourrais que trouver la défaite au bout du chemin. Il était parvenu à m’écarter de son chemin avec une telle facilité.

    Si seulement j’étais plus puissante, si seulement mon corps pouvait être plus résistant, je le savais qu’avec les diverses arcanes du Rokushiki, je pourrais pleinement abattre un homme tel que lui, et ce avec une certaine aisance même. Mais je n’étais pas encore prête, on me l’avait déjà répété plusieurs fois. Il fallait que je fasse mes preuves, que je prouve ma volonté à servir le gouvernement. Ses techniques secrètes ne pourraient qu’être des récompenses pour un travail bien fait.

    Mais au fond de moi, lorsque j’écartais mon impatience, je le savais : j’étais trop faible. Beaucoup trop faible.

    La moue, cette moue que tu vis, juste avant que mon unique œil ne s’ouvre, lardant ton regard d’un coup de poignard. Mon œil était vif, comme taillé au couteau, j’étais sûre et en soi, assez froide. Tu me souris, mais au premier abord, je ne semble guère y être réceptrice. Mon silence répond à tes propos tandis que je te toise, j’étais assise, pourtant je semblais comme me grandir, mon air hautain semblait vouloir mettre de la distance entre nous.

    Finalement, un clignement, avant que mon visage change du tout au tout : un sourire éclaircit mon visage aux allures ravagés, abominablement affublée de ce cache œil que je ne peux m’empêcher d’un peu gratter. Il m’arrivait encore que cet œil me démange, comme pour me rappeler cette promesse : celle de rendre la monnaie de sa pièce à cet homme, dont j’ignorais toujours tout à présent.

    Mais il ne s’agissait pas de cet homme, mon examen était clair, il n’était pas celui qui m’avait retiré mon œil en son temps. Il n’avait pas cette présence, cette folie au fond du regard, il n’avait pas cette puissance, qui n’avait dû cesser de croître depuis cette funeste rencontre que je fis avec lui.

    « Je suis l’agent Gamma, je proviens du Cipher Pol 8. »

    La phrase était dépourvue de chaleur, elle était juste neutre, mon sourire était toujours présent, je me levais, langoureusement, ma démarche était féline, loin d’être féminine, je ressemblais plus à un chasseur. Ma main se posant sur l’épaule du jeune homme, avec une certaine délicatesse, une douceur étonnante provenant d’une femme telle que moi.

    « Alors ? Comment est-ce que ton bras ainsi que ton ego se sent ? »

    C’était de l’ironie, gentille, une petite pique provenant d’un agent du Cipher Pol 8, habituée à travailler en équipe ayant dû secourir un homme du Cipher Pol 5 qui devait théoriquement pouvoir réagir en solo face à toute situation. L’habituée au travail d’équipe ayant dû secourir le loup solitaire, en voilà bien une situation cocasse.


    En plein dans le mille ! Elle n'a pas perdu de temps pour me lancer ce pique qui me perfore le cœur de toute part. Ma fierté en a pris un coup surtout qu'en plus je viens de me faire secourir par un agent du CP8. Ils accomplissent les mêmes tâches que les miennes, mais en groupe. Ça pour un coup dur, c'en est un et un gros ! Je vais sûrement passer pour un minable sous ces yeux et c'est bien normal. C'est ce que je suis après tout. Je les baisse rapidement et enlève sa main de mon épaule.

    « Je suis pitoyable. J'ai perdu face à ce mécréant, ce criminel. Je ne le supporte pas, je ne peux me le pardonner. Si seulement j'étais plus fort, tout ceci ne serait jamais arrivé. »

    Les larmes commencent à perler mes yeux. Le surplus de celle-ci les font renverser me faisant ainsi pleurer. Je le regrette du plus profond de mon cœur. Je n'aurais pas dû échouer. Ce qui me fait mal, ce n'est pas tant la défaite mais plutôt de penser à toutes les vies qui vont être détruites à cause de mon inefficacité. Je suis le gardien de la vie et j'ai échoué dans ma mission principale. Je suis impardonnable. Mais je dois me reprendre, nous devons parler afin de prendre les mesures adéquates. J'essuie mes larmes et fixe la jeune femme.

    « J'étais en mission. Une mission simple, je devais éliminer tous les criminels qui prêchent les idées anarchiques. J'ai ainsi détruit deux de ces lieux de rébellions et c'est sur le dernier que j'ai rencontré cet homme. La garde royale est arrivée et a commencé à l'affronter, mais l'écart de niveau était bien trop grand. Alors, je les ai congédiés afin qu'il ne perde pas la vie inutilement, puis j'ai entamé le combat. Même pour moi, il a été dur et laborieux. Il esquivait tout, et avec une aisance hors du commun. Cette blessure, je l'ai volontairement accepté pour lui asséner une série d'attaques, mais il a su se relever. Moi pendant ce temps, j'avais perdu trop de sang. La suite tu la connais … »

    Pfiou

    Je suis comme soulagé d'un poids après lui avoir raconté tout ça. Je reprends ma respiration, et enchaîne de plus belle.

    « Je ne pense pas qu'on devrait se mettre à sa poursuite. Actuellement, nous ne sommes pas en mesure de l'éliminer. Peut-être si nous combinons nos forces. Cependant, je suis bien trop faible. Je pense donc qu'on devrait prévenir nos chefs respectifs et demander une prime sur sa tête. »

    Mes yeux la fixent, lui disant qu'en dis-tu ? Mais seul mon regard la questionne, ma voix elle ne daigne émettre un tel son.

    « Et toi, que faisais-tu ici ? »
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      Une de mes aiguilles, cette fois verbale plus que physique venait de percer un abcès que je ne soupçonnais pas. Je me doutais qu’il devait être quelque peu … atteint par cette défaite. Mais de là à ce qu’il en vienne à pleurer devant moi, je ne pouvais pas m’en douter. D’un coup, je me retrouvais figée, mon œil unique rivé sur ton regard, larmoyant. Qu’est-ce donc que cela ? Ma main retombe le long de mon corps et n’en bouge plus.

      Je restais stoïque face à son rapport. Suis-je donc un socle sûr dans ton esprit perdu Rai ? Tu es un agent, tel que moi. Nous sommes des poutres, profondément enfoncées dans les fondations du Gouvernement Mondial. Notre solidité ne doit plus être éprouvée, notre solidité est un acquis, il n’est pas à en douter. Alors pourquoi pleures-tu ? Tu as failli, c’est un fait. Mais ne devrais-tu pas plutôt penser à la façon dont tu pourrais réparer cette erreur ? Je ne te comprends pas Rai, ne devrais-tu pas plutôt relever la tête, plein de colère envers ce révolutionnaire t’ayant fait fléchir ?

      Mais sa remarque ne manque pas de logique, il a atteint la même conclusion que moi, nous deux avons peut-être une chance contre cet homme, mais nous restons trop faibles tout de même que pour pouvoir lui tenir tête en l’état actuel des choses. Pourtant, il ne s’agit probablement pas de la seule option qui est à notre disposition, et ça, j’en suis convaincue.

      Ce que je faisais là ? Voilà un jeune homme bien curieux…

      « J’ai comme qui dirait entendu les bruits caractéristiques d’un homme se prenant une dérouillée … Je n’ai pu que venir voir de quoi il en retournait. »

      Une nouvelle petite pique, avec encore moins de méchanceté que précédemment. Pourtant, j’étais convaincue qu’il serait fortement atteint par cette remarque. Mais c’était la meilleure façon pour moi d’éluder la question. Il voulait donc se contenter de prévenir nos chefs ? Oui, c’était l’une des choses à faire, en effet. Mais pas que, il y avait aussi des hommes armés dans cette ville, une famille régnante ainsi qu’un ambassadeur établi par le gouvernement mondial. Nous pouvions nous charger de les prévenir, et tenter de les convaincre de cette chose. Mais d’abord, il fallait qu’il se reprenne en main.

      Mon regard te toise enfin, d’une dureté étonnante, je me faisais louve, couvant du regard un louveteau faisant preuve de faiblesse, de paresse.

      « Connais-tu la loi du Talion, Rai ? »

      Ma voix était à couper au couteau, j’étais froide, glaciale, mon regard se voilait d’un voile bien sombre, bien funeste. Le souvenir était douloureux pour moi, ma main se portant à mon œil blessé, l’espace d’un instant avant qu’elle ne s’abaisse, dans un mouvement sec, rigide.

      « Œil pour œil, dent pour dent. Ce qu’il a pu te faire comme mal, tu dois le lui rendre. »

      Ma gabardine était grande ouverte, ma poitrine se soulevait un peu plus frénétiquement, comme si j’avais bien du mal à avoir une respiration régulière. Mes muscles se contractaient, cela se voyait au niveau de mon abdomen et de mes épaules. Mon corps se contractait, ma main se leva vivement, se dirigeant immédiatement vers l’épaule du bras encore sain de cet agent pleureur.

      « Le gouvernement mondial a essuyé des échecs, par le passé, tout comme toi aujourd’hui, tout comme moi auparavant. Nous avons tous souffert d’échec, des vies ont été sacrifiées pour construire la structure que nous défendons. Je ne doute pas un instant que des civils soient morts pour cela, je ne doute pas que d’autres mourront encore pour sa subsistance. Tu pleures ? Non, emplis toi de cette défaite pour en créer de la rage, mais ne pleure pas, il n’y a pas de place pour cela dans les Cipher Pol. Nous sommes des agents, nos états d’âme n’importe que peu. »

      Je pressais gentiment son épaule.

      « La seule chose devant nous intéresser : c’est la subsistance du gouvernement mondial. Et ce par tous les moyens possibles. »



      J'écoute ces dires, mais elle ne me comprend pas. Elle a tort et raison à la fois. Je ne pleure pas parce que j'ai perdu, ou parce que j'ai souillé le nom du gouvernement. Il est vrai que ça me blesse, mais ce n'est pas la principale raison. Je dois lui dire pour qu'elle puisse comprendre la vraie raison, pour qu'elle puisse me comprendre.

      « Je pleure pour les vies qui seront détruites à l'avenir. Peu importe ma rage, ma colère ou même la vengeance. Je serais responsable de toutes les vies qu'il détruira et corrompra dans le futur. C'est pour cela que je pleure. »

      Maintenant, peut-être qu'elle va me comprendre. Peut-être qu'elle va comprendre ce lourd fardeau que je viens d'obtenir sur mes épaules. Je l'espère, car c'est ce qui me peine. Cependant, elle a raison. On se doit d'arrêter cet homme le plus vite possible. Elle veut appliquer la loi du talion. Je la connais, mais je n'en suis pas partisan. Je ne prends pas les décisions. C'est pour cela que nous avons des supérieurs. Je ne déborde jamais de mes missions.

      « Que veux-tu que l'on fasse ? Je t'écoute. »

      Je veux entendre. Entendre ce qu'elle a à me dire. Les idées qui lui traversent l'esprit. Veut-elle mobiliser un bataillon de marine ? Faire appel à la garde royale. Je ne sais pas. Je veux l'entendre de sa bouche. Ma mission n'est pas une réussite totale, mais j'ai tué deux speakers et le dernier est en fuite.

      Je la fixe, elle a ce regard obscurci d'un voile sombre, qui lui donne un air bien funeste et triste. Elle porte en elle un lourd passé, comme nous tous, comme d'autres. Seulement là, ce n'est plus question de nous, mais aussi de vie d'autrui. Je ne prendrais aucune décision à la légère. Le chef pense, et moi j'exécute. Mais je suis ouvert d'esprit. Je veux entendre ce qu'elle a dire.

      « Ma mission consistait à tuer les speakers qui répandaient ces messages de corruption. J'en ai tué deux et en ai laissé un fuir. Ce n'est pas une réussite totale, mais dans l'idée j'ai éloigné la menace sur le pays. Alors, dis-moi qu'elle est ta mission. Pourquoi étais-tu ici à Inu Town ? »

      Qu'elle est sa mission ? En quoi consiste-t-elle ? Je dois le savoir, pour prendre la meilleure décision possible …
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        « Des vies ? »

        Oui, je comprends parfaitement là où il veut en venir. Mais je n’en ai cure. Après tout, dès mon enfance j’ai eu l’habitude d’avoir des vies entre mes mains, non pas que leur vie pouvait en dépendre, mais ma famille leur fournissait un gagne-pain et plus d’un se bousculait aux portillons à l’époque, tout comme aujourd’hui, certainement.

        « Ces vies n’ont aucune importance. Chaque meurtre sera une preuve, une piste, que nous devrons remonter jusqu’à lui. Peut-être que nous devrons effectivement escaladés des monts de cadavres, mais notre seul objectif doit être de le vaincre. »

        J’étais penchée sur lui, il pouvait sentir mon souffle chaud doucement glisser sur son visage. Pourtant, mes propos étaient des plus acérés, blessants, et d’une froideur intense. Mon regard, d’une rare intensité était d’une dureté assez rare. Comprends-tu Rai ? Comprends-tu que rien n’est plus important que ta mission ? Mais tu ne sembles pas encore prêt pour cela. Peut-être idéalises-tu trop ta mission en tant qu’agent.

        « Pour combattre et avoir des objectifs honorables, il fallait se diriger vers la marine. Es-tu un véritable agent, Rai ? Ne t’es-tu pas trompé de profession ? »

        Je me redressais tout en me redressant avec application tout en lui donnant une petite tape sur le torse. C’était amical, bien que je ne laisse aucun doute sur ce que je sous-entendais par là. Es-tu assez fort Rai ? Non pas physiquement, cela n’est qu’une question d’entraînement, mais as-tu les qualités psychologiques nécessaire à cette vie de … sournoiseries. Ou alors est-ce que tu penses que je me suis détourné du véritable chemin et que je ne suis qu’une révolutionnaire portant l’insigne du Cipher Pol ? Je n’en ai en réalité que faire de tout cela, ton avis m’importe peu.

        La seule chose qui m’importe, c’est cet homme qui vient de te défaire.

        « Mon idée ? Oser. »

        Ma voix semblait plus forte, je le faisais exprès, je voulais me montrer charismatique, je devais parvenir à le convaincre, car seule, je ne pourrais probablement pas atteindre la fin de la mission que je venais de m’imposer.

        « Tu es la preuve même que cette île et cette ville est plutôt hostile au gouvernement mondial. N’est-ce donc pas la mission de chaque garnison d’assurer la sécurité la plus sommaire ? »

        Mon sourire s’étendait sur mon visage, il se transformait quelque peu en un long rictus. Je perdais toute féminité, toute beauté, je ne semblais être plus qu’une bête féroce, mon cache œil semblait comme dissimulé dans les ténèbres, mon seul œil valide étincelant d’une lueur à la limite malsaine.

        « Nous allons devoir aller un peu secouer, diplomatiquement, les puces de cette prétendue monarchie, sapant tout réel pouvoir à notre ambassadeur. Sans doute faudrait-il leur présenter les choses de façon concrète en voyant ce que leur population a pu faire à un agent gouvernemental ! »

        Et au diable nos chefs !

        Nous n'avons pas le même point de vue. Elle est prête à tout sacrifier pour tuer cet homme. Est-ce sa mission ? Non. Elle veut frapper fort, elle veut détruire le pouvoir de cette ville, donner une leçon. Mais elle se fourvoie, ces gens sont fidèles au gouvernement. J'écoute ces propos, sans broncher. J'analyse la situation, j'analyse son état d'esprit. Elle pense que je n'ai pas la mentalité pour supporter un tel poids, mais elle se trompe. Je suis prêt à tout pour la survie du peuple, même à me tuer si cela peut permettre à tous de les sauver.

        Elle se rapproche de moi, et sa voix devient plus ferme. Essaye-t-elle de m'impressionner ? Où veut-elle en venir ? Je ne sais pas. Je veux connaître le fond de sa pensée. Et très vite,  ces idées insensées me sont jetées à la figure. Est-elle en train de devenir folle ? Est-elle aveuglée par sa soif de vengeance qu'elle serait prête à détruire autant de vie innocente ? Je ne suis qu'un soldat, mais je ne peux approuver ça. Je n'ai reçu aucun ordre à ce sujet.

        Dans ces propos, j'ai l'impression qu'elle veut faire un coup d'État. Le gouverneur n'est pas responsable de mon échec. Il n'est même pas au courant de ma présence ici. C'est à ça qu'on sert nous le CP, faire les missions dans la discrétion la plus totale. Certes, sur ce coup-là, ça a aussi foiré. Mais le gouverneur n'est pas à blâmer.

        Je me suis assez reposé. Je pose mes deux pieds au sol et me lève de mon lit. Mon épaule est bandée. Je fais quelques mouvements pour voir si tout fonctionne correctement et apparemment, il n'y a pas de problème majeur à constater. Je me dirige donc vers le porte-manteau et enfile ma chemise ainsi que ma veste qui avait été pendue là.

        Puis, je me retourne vers Gamma et la fixe droit dans les yeux. Son visage a perdu toute expression rassurante et réconfortante. Son œil lui est comme qui dirait, avalé par les ténèbres. Elle n'a pas les idées claires, c'est évident.

        Cependant, elle a raison sur un point, les ordres sont les ordres. J'ai perdu la trace de ce speaker et il faut en avertir le gouvernement mondial. Il faut que les précautions nécessaires soient prises à son égard.

        « Écoute, laisse tranquille tous ces gens. Ils ne sont pas responsables de mes erreurs. Le gouverneur ainsi que le roi n'étaient pas au courant de ma venue. Cette ville a toujours été fidèle au GM et tu n'as pas à en douter. Je suis ici, car nous voulions faire passer un message fort aux révolutionnaires qui essayent de s'implémenter ici. Et sur ce point, ça a plutôt bien marché ... »

        Je reprends mon souffle, puis je me mets à sourire. Je sais que cela ne va pas suffire à la calmer. C'est pour cela que je vais lui confier un secret. Un truc sur lequel tout le CP5 travaille depuis quelques années. Et je pense que son aide pourrait s'avérer utile en temps voulu.

        « Tu te rappelles d'Ohara ? L'île que nous avons détruite il y a 100 ans. Eh bien, elle n'est plus à l'abri d'une nouvelle menace. La révolution commence à trop s'implanter là-bas et nous allons devoir y passer un message fort. Tu peux en être de la partie, mais en échange, oublies cette histoire. Appelons respectivement nos chefs afin de se mettre d'accord sur la rançon à mettre sur ce El Corazone. Qu'en dis-tu ? »
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          « ça a plutôt bien marché tu trouves ? »

          Mon regard était purement interrogateur, simplement ébahi. Toute rage semblait m’avoir quitté, je me dégonflais petit à petit, mon œil unique rivé sur lui alors qu’il entreprend à se rhabiller. Pense-t-il sérieusement être déjà sur le départ ? Sans doute ne comprend-il pas qu’il a été blessé assez sévèrement et que ce n’est pas encore le moment de repartir en mission, mais cela, je ne peux lui reprocher de vouloir reprendre du service rapidement.

          « Tu en as eu deux oui, mais le troisième a eu un agent du gouvernement en tout cas. Ne penses-tu pas que justement, les révolutionnaires de cette île ont constatés que nous n’étions qu’humains aussi en soi. »

          Je le toisais avec gentillesse, mon œil le couvait d’un air assez maternel, sa défaite n’était pas due à son incompétence, mais à un adversaire qui nous surclassait largement pour le moment. Il ne devait en retirer qu’une chose : la soif de puissance.

          « Je n’ai aucune crainte pour la population de cette île, les révolutionnaires tiennent à maintenir une certaine image de marque. J’ai plus de crainte pour la quatrième division marine qui est en faction ici. Ils doivent être gonflés à bloc étant donné cette victoire sur … le gouvernement. »

          Nous en sommes ses représentants Rai, ta défaite leur donner une victoire sur notre drapeau. Ils pensent pouvoir souiller la liberté que nous offrons à tout un chacun.

          « Ohara ?! »

          Mon oeil s’écarquilla, je te toisais d’un air éberlué, évidemment, j’étais bien trop bas dans la hiérarchie que pour être au fait de ce genre de missions. Est-ce que le Cipher Pol 5 verrait réellement d’un bon œil qu’une femme du Cipher Pol 8 s’insère dans une mission telle que celle-là ? Je n’en sais guère rien, mais maintenant que tu me l’as proposé Rai, je vais en être, pour sûr je vais en être.

          « D’accord, je vais oublier cette affaire Agent Rai, pour cette nouvelle mission … »

          Je semblais comme hésitante, comme si je n’étais pas sûre qu’il faille que je poursuive ma phrase. Je finis tout de même par me lancer

          « …Mais je pense tout de même qu’il faut prévenir au moins le Gouverneur, ce révolutionnaire n’était pas un simple démarcheur, cela me tracasse. »

          Je levais un doigt, comme pour t’empêcher de parler, je n’en avais pas encore fini, je savais que je devais passer pour une femme totalement obsédée par ce El Corazone. C’était peut-être un peu le cas, sans doute déjà était-ce pour cela que par le passé je ne pus monter en grade : j’étais trop impulsive, je ne pouvais tolérer lâcher une mission, l’abandon ou le repli n’était jamais une possibilité.

          Je n’avais visiblement rien appris des leçons du passé. Je le savais, et pourtant, je comptais bien me verser à nouveau dans mes pêchés passés.

          « Repose toi encore un peu, tu as perdu pas mal de sang, cela ne servirait à rien d’arriver à Ohara affaibli. Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout, je vais contacter mon chef et aller trouver le gouverneur, ils doivent savoir. Je ne vais pas me lancer à la poursuite de cet homme. »

          Tapotant sur le matelas du lit, je l’encourageais à se tenir tranquille, je finis par m’éloigner quelque peu. Me dirigeant vers la porte de sortie, je ne fis que lui lancer au final une petite pique pour la forme.

          « Ne t’inquiète pas, le Cipher Pol 8 s’occupe de tout. »

          Et je sortis en toute discrétion, ne lui laissant pas le temps de m’empêcher de m’en aller.


        Spoiler:

          Je n'ai pas eu le temps de réagir. Pas eu le temps de lui répondre, qu'elle s'en est déjà allée. Cependant, elle s'est calmée et c'est tout ce qui m'importe. Plus j'y pense, plus je me dis qu'elle a un fort caractère et qu'en plus elle est bornée. De temps en temps, ça peut s'avérer utile. Malheureusement, c'est plus souvent le contraire. Elle veut prendre la relève, elle veut s'en occuper. Je ne vais pas lui courir derrière, ça ne servirait à rien. Qu'elle fasse ce qu'elle veut, elle a réussi à comprendre mon message. Le reste m'importe peu. Je mets ma main dans ma veste et en sors un miniescargophone.

          Clac

          « Agent Rai Zeruksion, chef. »

          « Ah, Rai ! J'attendais de tes nouvelles, pourquoi as-tu été aussi long ? »

          Comme je m'y attendais, il va falloir que je m'explique. Je ne vais pas lui apprendre que des bonnes nouvelles. Je sais qu'il comprendra, mais je sais aussi qu'il m'en voudra. Tant pis, je suis quelqu'un de franc et je ne dois pas cacher la vérité à la justice. Je prends une grande respiration et je me lance.

          « Disons, qu'il y a eu quelques imprévues. »

          « Explique-moi. »

          « J'ai trouvé et éliminé deux des speakers. Le troisième était au courant de ma venue, je l'ai poursuivi avec la garde royale. Puis lorsque nous l'avons enfin coincé, son niveau s'est révélé être tout à fait étonnant. Il a balayé les soldats comme s'il n'était rien. »

          Je marque une pause. C'est là que les choses vont se commencer à se gâter pour moi et je sais qu'il ne va pas apprécier.

          « La suite, je te prie ? »

          « J'ai donc décidé de combattre cet homme en face à face, mais j'ai essuyé un lamentable échec. J'ai même cru mourir, mais par chance l'agent Gamma du CP8 m'a sauvé la vie. Je ne sais pas pour quelle raison elle était ici, mais pour moi c'était une chance. »

          « Je vois, je vois. Tu as essuyé un échec. Tu connais les répercussions n'est-ce pas ? Si tu as échoué, c'est que tu n'es plus assez fort. Tu devras donc t'entraîner et passer de nouveau test. Rentre immédiatement au QG. »

          Le chef est généreux. Normalement, ça devrait être la peine de mort pour moi. Il est bon mon chef, mais je ne lui ai pas tout dit. Autant tout lui avouer d'un coup. La pilule passera mieux ainsi.

          « Chef, j'aimerais qu'un avis de recherche soit lancé sur la tête de ce révolutionnaire. Il se nomme « El Corazone ».  Pour sa prime, je vous laisse en discuter et même voir si cela est nécessaire. Je vous fais juste part de mon opinion. J'ai aussi prévenu l'agent Gamma pour Ohara. »

          « Ohara n'est pas un problème. Pour ton révolutionnaire, je vais en discuter avec les autres. »

          Clac.

          Il a raccroché. Bon, je ne vais pas faire attendre plus longtemps mon chef. Il est temps pour moi de rentrer à la base …    
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