Rainbase ! Eldorado des hommes en quêtes de plaisirs et de richesses faciles ! Amérique de tous les pauvres qui croient en la chance et qui rêvent de changer de vie ! Cette capitale des jeux d’argent et de hasard possédait une telle force d’attraction qu’elle arrivait à aspirer la volonté de ceux qui y entraient, pour en faire ses adeptes.
Et toutes ces facultés étaient très utiles pour faire une introduction enthousiaste !
C’est ici que pour la première fois de son existence, Ange Del Flo prenait pleinement conscience de ce que signifiait vraiment être riche. En quelques jours à peine, son existence avait été complètement bouleversée ; et pourtant c’était fou la vitesse à laquelle il s’y était habitué ! Lui qui auparavant était un miséreux, et -par orgueil et pour ne pas se croire envieux- fier de l’être, et qui ne se gênait d’ailleurs pas pour critiquer toutes les dépenses inutiles auxquelles se livraient les riches "civilisés", vivait maintenant avec faste grâce à ses revenus, dans une profusion de luxe et de dépenses superflues.
L’homme aux dents d’or avait élu domicile dans l’un des hôtels les plus chers de Rainbase, le Reine d’Alabasta, qu’il avait choisi parce qu’il avait plus d’étoiles que tous les autres qu’il avait vu dans le centre-ville. Il y occupait ce que l’on appelait une suite, c’est-à-dire un ensemble de grandes chambres luxueuses qui ne lui servaient pas, et qui contrastaient radicalement avec la cabine de sept mètres carrés qu’il avait occupée jusqu’alors. Mais, après seulement quelques nuits à y dormir, il avait déjà oublié les mois passés dans sa cabine étroite, ainsi que les années à dormir dehors dans la rue, comme un clochard ou dans des auberges misérables les jours de fortune.
Un autre changement radical s’était opéré, dans les rapports qu’il entretenait maintenant avec les « civilisés ». Désormais, les gens qu’il croisait lui disaient bonjour en le voyant. Poliment, en plus. Et même, ils le reconnaissaient ! S’il était vrai que le capitaine des Truands passait difficilement inaperçu avec ses nouvelles dents en or et ses chemises de plage, tout le mérite en revenait en réalité aux millions que chacun savait qu’il possédait. Oh, bien sûr, il était loin d’être le plus riche en ville, loin de la ; mais un homme capable de dépenser trois millions par mois attirait toujours la sympathie !
Comme tous les jours, avec enthousiasme parce que c’était encore tout nouveau et tout beau pour lui, Ange se rendait au casino pour travailler. Dans son casino. La source de sa fortune ! Celui-ci avait ouvert ses portes depuis peu, sur les restes d’un ancien établissement que le capitaine des Truands s’était ingénié à ruiner. Les évènements qui avaient entouré cette histoire, sans parler du fait que le nouveau patron était un pirate avec une sale dégaine, avaient rendus les débuts un peu délicats, mais il y avait toujours à Rainbase des personnes prêtes à tenter l’exotisme. Et en matière d’exotisme, le Tam Tam Casino offrait ce qu’il fallait !
Le bâtiment en lui-même était une grande pyramide en marches d’escaliers, dans le style de celles que l’on imagine tout à fait se faire découvrir par un intrépide explorateur après des moins de baroudage dans la jungle. Une soi-disant référence aux origines indigènes d’Ange, ce qui était assez abusif puisque celui-ci n’avait jamais connu de tels monuments dans la petite tribu un peu minable dont il était originaire !
La brochure publicitaire prétendait que l’intérieur faisait tout pour reproduire une ambiance exotique. Soit c’était un mensonge, soit l’auteur de cette idiotie était sincèrement convaincu que l’on pouvait trouver d’épais tapis pelucheux, des fontaines à nénuphars, des statues à gogo, des lustres, et des dorures à foison, dans les vieux temples de la jungle !
Le tout était réparti sur deux étages : le rez-de-chaussée pour les salles de jeu, et l’étage en mezzanine pour la restauration.
Le troisième était principalement occupé par le bureau du directeur. C’était une grande pièce assez tape à l’œil, que l’on imaginait bien conçue par un homme sans imagination, qui se serait borné à réunir une bonne partie des articles les plus clichés que l’on pouvait trouver dans un bureau de ce type. C’est-à-dire qu’il y avait la du mobilier à la pointe de la mode (donc moche, et dont l’espérance de vie avant d’être démodé est ridiculement faible). Aux murs se déployaient de grandes photographies avec des légendes telles que "Le port de Logue Town", "Montagnes de Tanuki", ou encore "La côte de Suna Land". Il y avait aussi un gros plan sur un insecte rond, rouge à pois noirs, dont Ange ignorait le nom, qui rampait sur une feuille sur-zoomée. Face à l’entrée, pour tenir compagnie à toutes ces vues exotiques et dans l’espoir d’impressionner les visiteurs, se trouvaient une série de copies de peintures d’un artiste apparemment célèbre, dont ni Ange ni aucun des personnes qui avaient l’occasion d’entrer dans le bureau n’avaient jamais entendu parler. En tout cas, vu la grosseur de sa signature en bas de ses œuvres, il tenait à le devenir. Et c’était un fanatique du rouge. Il n’avait même tendance à n’utiliser que ça !
Le capitaine des Truands avait aussi acheté une immense plante, qu’il avait baptisée pétunia. Il n’avait franchement pas compris l’intérêt d’arroser ce truc tous les jours, ni pourquoi tout le monde trouvait ça chic de laisser se développer de la végétation dans un endroit aussi propre ; ni non plus de lui donner un nom (d’ailleurs la plante en question était un Spathiphyllum, et non un pétunia), mais selon ce que lui avait expliqué son architecte, "c’est ce que tout le monde fait. – Et cela fera seulement deux millions de berrys supplémentaires : une affaire pour vous !".
Le bureau qui trônait au milieu de la pièce méritait plus l’appellation d’ «aquarium» que de bureau. C’était un large rectangle de verre transparent, dans lequel une bande de poissons aux couleurs criardes jouaient à cache-cache au milieu des incontournables décors en formes d’épaves, des fausses algues, et du petit scaphandrier en laiton qui faisait des bulles. Ange avait déposé dessus un petit tas de feuilles blanches et un pot à crayons fantaisie, mais en vérité le bureau lui servait surtout à appuyer ses coudes, et à s’occuper le regard en cherchant les poissons clowns lorsqu’il n’avait rien de mieux à faire.
Affalé sur son fauteuil –modèle à roulettes, 65% bois d’ébène, 30% bois composite, on ignore ce que sont les 5% restants, avec rembourrage en cuir naturel et en plumes d’oiseau rare, mais ressemblant beaucoup à celles d’un poulet-, ou il était occupé à prendre la pose plus qu’à écouter ce qu’on lui racontait, le patron du Tam Tam Casino recevait les doléances du représentant du personnel. De loin, cet homme aurait pu passer pour un cousin d’Ange mais avec cinquante kilos de plus : les directives du casino exigeaient en effet que le les membres du personnel soient grimés en sauvages, avec des perruques, des pagnes, et du maquillage, "pour faire plus vrai". Et c’était justement de ces directives que se plaignait le représentant du personnel.
Ange était plutôt novice dans le domaine de la direction d’entreprise. Ce n’était pas comme un équipage, ou on obtenait des résultats simplement en prenant une voix autoritaire, et en faisant de beaux discours. Ici les employés s’organisaient pour se soutenir, et passaient leur temps à vouloir grappiller des privilèges, des jours de congés, et une augmentation de leur paye. Mais, assez rapidement, l’homme aux dents d’or avait trouvé une technique pour se débarrasser des problèmes gênants comme celui-ci, et même en général de tout ce qui concernait les employés.
Pour commencer, tu poses les coudes sur ton bureau, et tu joins le pout des doigts.
Et je souris, aussi ?
Oui, mais sans montrer tes dents. Sinon, tu as plus l’air d’un gourmand que d’un patron sur de lui !
Mais elles sont très bien mes dents !
Après, tu lui sors la petite phrase rassurante que tu as apprise.
- Ahem, euh…
Tu t’en souviens, non ? Tu as passé la soirée à répéter !
Ah, oui.
- Hum, vous avez bien fait de venir m’en parler.
Voilà. Maintenant, tu élargis un peu ton sourire et tu écartes les mains.
Comme ça ?
Hum… non. Vu comme il se tasse sur son fauteuil en grimaçant, ça n’a pas l’air de lui plaire.
- Nous allons… organiser une réunion de service pour discuter de ça. Ainsi que des autres petits problèmes que vous aurez à soumettre. Je suis sûr que ce sera très… euh ?
Productif.
Ah, oui, c’est ça !
… productif !
Ça ne veut pas dire grand-chose, si ?
Ne t’inquiète pas : lui, il comprend.
Tous les deux savaient très bien ce que donnerait ce genre de réunion : alors qu’elle serait prévue de longue date on l’organiserait tout au dernier moment, en s’arrangeant pour que les personnes géantes soient en repos ce jour la. Finalement l’ordre du jour serait confus, on proposerait une modification qui déplairait à tout le monde, comme une réforme des horaires, et tous s’efforceraient de batailler pour faire avorter le projet ! Grâce à ça on oublierait la petite histoire sans importance des uniformes de travail ! Et le mieux dans tout ça, c’était que les deux côtés s’en repartiraient convaincus d’avoir remporté une victoire !
Le représentant du personnel, n’étant pas né de la dernière pluie, aurait du insister. Mais hélas, il n’avait pas grand-chose à quoi se raccrocher. Il aimait bien sa fonction, et il la remplissait d’habitude avec enthousiasme, mais ce nouveau patron avait quelque chose de perturbant. Peut-être ses yeux cachés derrière ses lunettes de soleil qui empêchaient de savoir ce qu’il pensait vraiment –et pour quelqu’un qui avait autant de mal a organiser ses idées, c’était un gros progrès !-. Ou l’impression qu’il donnait de toujours agir au hasard et d’avoir de la chance. Ou alors… son sourire, dont il était certain qu’il avait déjà déchiqueté de la chair humaine. Et tout homme zélé qu’il était, le représentant du personnel, il ne tenait pas à sacrifier sa petite vie de famille tranquille et sa position, en se faisant dévorer par un patron fou, juste pour défendre ses collègues !
Le représentant du personnel lui répondit quelque chose, mais le pirate ne prit même pas la peine de retenir quoi. Il ne pouvait qu’accepter, non ? Aussi le congédia-t-il gentiment mais sans appel, en lui demandant de faire rentrer la personne suivante.
Ha ha ha, c’était vraiment plaisant et facile de tyranniser les pauvres petits pnj sans importance !!!
Et toutes ces facultés étaient très utiles pour faire une introduction enthousiaste !
C’est ici que pour la première fois de son existence, Ange Del Flo prenait pleinement conscience de ce que signifiait vraiment être riche. En quelques jours à peine, son existence avait été complètement bouleversée ; et pourtant c’était fou la vitesse à laquelle il s’y était habitué ! Lui qui auparavant était un miséreux, et -par orgueil et pour ne pas se croire envieux- fier de l’être, et qui ne se gênait d’ailleurs pas pour critiquer toutes les dépenses inutiles auxquelles se livraient les riches "civilisés", vivait maintenant avec faste grâce à ses revenus, dans une profusion de luxe et de dépenses superflues.
L’homme aux dents d’or avait élu domicile dans l’un des hôtels les plus chers de Rainbase, le Reine d’Alabasta, qu’il avait choisi parce qu’il avait plus d’étoiles que tous les autres qu’il avait vu dans le centre-ville. Il y occupait ce que l’on appelait une suite, c’est-à-dire un ensemble de grandes chambres luxueuses qui ne lui servaient pas, et qui contrastaient radicalement avec la cabine de sept mètres carrés qu’il avait occupée jusqu’alors. Mais, après seulement quelques nuits à y dormir, il avait déjà oublié les mois passés dans sa cabine étroite, ainsi que les années à dormir dehors dans la rue, comme un clochard ou dans des auberges misérables les jours de fortune.
Un autre changement radical s’était opéré, dans les rapports qu’il entretenait maintenant avec les « civilisés ». Désormais, les gens qu’il croisait lui disaient bonjour en le voyant. Poliment, en plus. Et même, ils le reconnaissaient ! S’il était vrai que le capitaine des Truands passait difficilement inaperçu avec ses nouvelles dents en or et ses chemises de plage, tout le mérite en revenait en réalité aux millions que chacun savait qu’il possédait. Oh, bien sûr, il était loin d’être le plus riche en ville, loin de la ; mais un homme capable de dépenser trois millions par mois attirait toujours la sympathie !
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Comme tous les jours, avec enthousiasme parce que c’était encore tout nouveau et tout beau pour lui, Ange se rendait au casino pour travailler. Dans son casino. La source de sa fortune ! Celui-ci avait ouvert ses portes depuis peu, sur les restes d’un ancien établissement que le capitaine des Truands s’était ingénié à ruiner. Les évènements qui avaient entouré cette histoire, sans parler du fait que le nouveau patron était un pirate avec une sale dégaine, avaient rendus les débuts un peu délicats, mais il y avait toujours à Rainbase des personnes prêtes à tenter l’exotisme. Et en matière d’exotisme, le Tam Tam Casino offrait ce qu’il fallait !
Le bâtiment en lui-même était une grande pyramide en marches d’escaliers, dans le style de celles que l’on imagine tout à fait se faire découvrir par un intrépide explorateur après des moins de baroudage dans la jungle. Une soi-disant référence aux origines indigènes d’Ange, ce qui était assez abusif puisque celui-ci n’avait jamais connu de tels monuments dans la petite tribu un peu minable dont il était originaire !
La brochure publicitaire prétendait que l’intérieur faisait tout pour reproduire une ambiance exotique. Soit c’était un mensonge, soit l’auteur de cette idiotie était sincèrement convaincu que l’on pouvait trouver d’épais tapis pelucheux, des fontaines à nénuphars, des statues à gogo, des lustres, et des dorures à foison, dans les vieux temples de la jungle !
Le tout était réparti sur deux étages : le rez-de-chaussée pour les salles de jeu, et l’étage en mezzanine pour la restauration.
Le troisième était principalement occupé par le bureau du directeur. C’était une grande pièce assez tape à l’œil, que l’on imaginait bien conçue par un homme sans imagination, qui se serait borné à réunir une bonne partie des articles les plus clichés que l’on pouvait trouver dans un bureau de ce type. C’est-à-dire qu’il y avait la du mobilier à la pointe de la mode (donc moche, et dont l’espérance de vie avant d’être démodé est ridiculement faible). Aux murs se déployaient de grandes photographies avec des légendes telles que "Le port de Logue Town", "Montagnes de Tanuki", ou encore "La côte de Suna Land". Il y avait aussi un gros plan sur un insecte rond, rouge à pois noirs, dont Ange ignorait le nom, qui rampait sur une feuille sur-zoomée. Face à l’entrée, pour tenir compagnie à toutes ces vues exotiques et dans l’espoir d’impressionner les visiteurs, se trouvaient une série de copies de peintures d’un artiste apparemment célèbre, dont ni Ange ni aucun des personnes qui avaient l’occasion d’entrer dans le bureau n’avaient jamais entendu parler. En tout cas, vu la grosseur de sa signature en bas de ses œuvres, il tenait à le devenir. Et c’était un fanatique du rouge. Il n’avait même tendance à n’utiliser que ça !
Le capitaine des Truands avait aussi acheté une immense plante, qu’il avait baptisée pétunia. Il n’avait franchement pas compris l’intérêt d’arroser ce truc tous les jours, ni pourquoi tout le monde trouvait ça chic de laisser se développer de la végétation dans un endroit aussi propre ; ni non plus de lui donner un nom (d’ailleurs la plante en question était un Spathiphyllum, et non un pétunia), mais selon ce que lui avait expliqué son architecte, "c’est ce que tout le monde fait. – Et cela fera seulement deux millions de berrys supplémentaires : une affaire pour vous !".
Le bureau qui trônait au milieu de la pièce méritait plus l’appellation d’ «aquarium» que de bureau. C’était un large rectangle de verre transparent, dans lequel une bande de poissons aux couleurs criardes jouaient à cache-cache au milieu des incontournables décors en formes d’épaves, des fausses algues, et du petit scaphandrier en laiton qui faisait des bulles. Ange avait déposé dessus un petit tas de feuilles blanches et un pot à crayons fantaisie, mais en vérité le bureau lui servait surtout à appuyer ses coudes, et à s’occuper le regard en cherchant les poissons clowns lorsqu’il n’avait rien de mieux à faire.
***
Affalé sur son fauteuil –modèle à roulettes, 65% bois d’ébène, 30% bois composite, on ignore ce que sont les 5% restants, avec rembourrage en cuir naturel et en plumes d’oiseau rare, mais ressemblant beaucoup à celles d’un poulet-, ou il était occupé à prendre la pose plus qu’à écouter ce qu’on lui racontait, le patron du Tam Tam Casino recevait les doléances du représentant du personnel. De loin, cet homme aurait pu passer pour un cousin d’Ange mais avec cinquante kilos de plus : les directives du casino exigeaient en effet que le les membres du personnel soient grimés en sauvages, avec des perruques, des pagnes, et du maquillage, "pour faire plus vrai". Et c’était justement de ces directives que se plaignait le représentant du personnel.
Ange était plutôt novice dans le domaine de la direction d’entreprise. Ce n’était pas comme un équipage, ou on obtenait des résultats simplement en prenant une voix autoritaire, et en faisant de beaux discours. Ici les employés s’organisaient pour se soutenir, et passaient leur temps à vouloir grappiller des privilèges, des jours de congés, et une augmentation de leur paye. Mais, assez rapidement, l’homme aux dents d’or avait trouvé une technique pour se débarrasser des problèmes gênants comme celui-ci, et même en général de tout ce qui concernait les employés.
Pour commencer, tu poses les coudes sur ton bureau, et tu joins le pout des doigts.
Et je souris, aussi ?
Oui, mais sans montrer tes dents. Sinon, tu as plus l’air d’un gourmand que d’un patron sur de lui !
Mais elles sont très bien mes dents !
Après, tu lui sors la petite phrase rassurante que tu as apprise.
- Ahem, euh…
Tu t’en souviens, non ? Tu as passé la soirée à répéter !
Ah, oui.
- Hum, vous avez bien fait de venir m’en parler.
Voilà. Maintenant, tu élargis un peu ton sourire et tu écartes les mains.
Comme ça ?
Hum… non. Vu comme il se tasse sur son fauteuil en grimaçant, ça n’a pas l’air de lui plaire.
- Nous allons… organiser une réunion de service pour discuter de ça. Ainsi que des autres petits problèmes que vous aurez à soumettre. Je suis sûr que ce sera très… euh ?
Productif.
Ah, oui, c’est ça !
… productif !
Ça ne veut pas dire grand-chose, si ?
Ne t’inquiète pas : lui, il comprend.
Tous les deux savaient très bien ce que donnerait ce genre de réunion : alors qu’elle serait prévue de longue date on l’organiserait tout au dernier moment, en s’arrangeant pour que les personnes géantes soient en repos ce jour la. Finalement l’ordre du jour serait confus, on proposerait une modification qui déplairait à tout le monde, comme une réforme des horaires, et tous s’efforceraient de batailler pour faire avorter le projet ! Grâce à ça on oublierait la petite histoire sans importance des uniformes de travail ! Et le mieux dans tout ça, c’était que les deux côtés s’en repartiraient convaincus d’avoir remporté une victoire !
Le représentant du personnel, n’étant pas né de la dernière pluie, aurait du insister. Mais hélas, il n’avait pas grand-chose à quoi se raccrocher. Il aimait bien sa fonction, et il la remplissait d’habitude avec enthousiasme, mais ce nouveau patron avait quelque chose de perturbant. Peut-être ses yeux cachés derrière ses lunettes de soleil qui empêchaient de savoir ce qu’il pensait vraiment –et pour quelqu’un qui avait autant de mal a organiser ses idées, c’était un gros progrès !-. Ou l’impression qu’il donnait de toujours agir au hasard et d’avoir de la chance. Ou alors… son sourire, dont il était certain qu’il avait déjà déchiqueté de la chair humaine. Et tout homme zélé qu’il était, le représentant du personnel, il ne tenait pas à sacrifier sa petite vie de famille tranquille et sa position, en se faisant dévorer par un patron fou, juste pour défendre ses collègues !
Le représentant du personnel lui répondit quelque chose, mais le pirate ne prit même pas la peine de retenir quoi. Il ne pouvait qu’accepter, non ? Aussi le congédia-t-il gentiment mais sans appel, en lui demandant de faire rentrer la personne suivante.
Ha ha ha, c’était vraiment plaisant et facile de tyranniser les pauvres petits pnj sans importance !!!