Je viens des barques et?

Sept appels escargophoniques. Sept longues discussions de plus d'une heure. Des adieux discrets. Rien de bien flagrant en somme. Le Khan était enfin parti de Tesoro Azul avec June. 2 mois. Il était resté sur cette île près de deux mois. Et maintenant il ramait. Au sens propre m'voyez? La barque de la douce p'tite dame qui l'accompagnait avait été remise à flot et rafistolée. Pis ils étaient partis. Pour leur bien. Les deux jeunes gens n'auraient jamais pu rester sur une île aussi terrible. Puis maintenant que tout était réglé, il n'y avait plus rien à y faire. Alors autant partir explorer les îles voisines. Banaro par exemple. Première île de la voie 2. Petru avait conseillé au Khan d'y aller. L'endroit était étrange mais plutôt calqué sur son style avait dit Petru. Chaotique. Puis il avait ri comme un riche marchand en voyage d'affaires qui s'ennuyait follement.

Ses bras suaient et continuaient d'aller et venir sans discontinuer. Ils n'avançaient pas bien vite mais il voyaient déjà le bout de rocher qui permettait de fixer l'emplacement de Banaro. Un bout d'caillasse devenu célèbre à cause d'la baston d'deux pointures Logia entre elles y a bien longtemps. Un vestige du passé quoi. Ils allaient probablement rester le temps de choper des provisions ou quoi puis ils s'en iraient. Et il allait leur falloir un Log Pose. Ouaip. Comme quoi s'aventurer sur Grand Line sans Log Pose n'était pas une attitude des plus intelligentes. Quoi qu'il y avait été emmené de force.

Il posa son regard sur June. Elle semblait fatiguée. Depuis le massacre au monastère, elle n'était plus tout à fait la même. Il voulait qu'elle soit bien mais ne savait pas trop comment s'y prendre. Il n'avait jamais su de toute manière. Ses yeux s'égarèrent sur leurs possessions. Quelques armes. Des salaisons et autres provisions de nourriture sur quelques jours. Un p'tit portefeuille dégarni rempli d'une maigre somme de berrys. Rien d'bien monstrueux en somme. Si. Quelques armes. Un peu d'tout. Le Khan avait récupéré des munitions et quelques autres trucs après le massacre. L'avait fourré le tout dans un grand sac. Pistolets, lames et deux fusils. Là aussi rien d'énorme. Le fait qu'il se ballade avec autant d'armes alors qu'ils n'étaient que deux aurait pu alarmer les gens mais bon... Autant se protéger comme il faut.

D'ailleurs... Il avait mangé ce fruit et ne connaissait toujours pas son pouvoir. Une belle blague ça. Juste pour enrager trois moines. Vrai qu'il s'était un peu excité pour le coup. Et pis si c'était l'fruit du ragondin ou du cure-dents, l'était pas dans la merde. M'enfin. Il verrait bien en temps voulu. L'île approchait à grands pas. V'là qu'ils étaient plus qu'à une centaine de mètres du rivages. Fallait lui parler du fruit ou pas? Le Khan préférait garder ça de côté pour pas causer plus de soucis à la belle. Pis si ça contentait la Bête. Tout est OK. V'là qu'le Kan' s'prend à réfléchir sur l'usage qu'il aura d'son fruit. Belle connerie tout ça. Pas l'temps d'réfléchir. Sont presque arrivés. Arrivés en fait. Fallait pas tant s'prendre la tête. Arrivée en bonne santé. Reste à voir la suite.

» Je viens des barques, et ? ;

Quel têtu ! Non mais franchement, ça en devenait carrément inconscient là. Elle lui avait bien dit, pourtant, elle avait insisté, elle l’avait même menacé de le jeter à la mer. Grrrr ! Cet imbécile de Kanbei refusait de lâcher les rames, refusait de se reposer. Grmbl. Bien sûr, elle savait pertinemment qu’ils ne pouvaient pas s’attarder sur l’île ; de toute façon elle n’en pouvait plus, elle voulait partir. Mais elle avait imaginé le voyage comme quelque chose de plus paisible. Qu’il dorme un peu. Etait-il blessé ? Elle avait peur pour lui, il fallait l’avouer. Mais, ayant finalement compris qu’il ne cèderait pas, elle avait abandonné. Alors voilà, ils fuyaient. Et elle s’en voulait, quelque part, de le laisser en faire qu’à sa tête.

La barque était petite, mais genoux repliés et yeux tournés vers la mer, June se construisait un espace impénétrable, où elle était seule, perdue dans ses pensées. Le silence s’était finalement installé. Et avec lui, les douloureux souvenirs de la folie qui les avait saisis à Tesoro Azul. Encore maintenant, elle ne comprenait pas tout. Elle avait perdu Kanbei, il était réapparu couvert de sang à peine séché. Elle avait sommeil, encore. Et quelque chose frappait dans sa tête, l’assourdissait. Elle voulait partir très loin. « Où allons-nous ? » Banaro… Quelque part non loin, voie deux de Grand Line. Elle avait demandé, mais ça ne l’avançait pas plus que cela. Parce qu’elle ne savait pas où elle allait, elle n’avait jamais su. Revenaient-ils vers l’entrée de Grand Line ou poursuivaient-ils encore plus loin ? Avant, quand son paradis avait été saccagé, elle s’était mise en tête de revenir sur ses pas, revenir sur les Blues. Sa Blue à elle. Maintenant, elle espérait juste que la prochaine île sur laquelle elle mettrait les pieds serait un peu tranquille. Qu’ils pourraient explorer allègrement. Sans se soucier de combats, de destruction et de vies à sauver. La douce avait fait part de son envie à Kanbei lors de leur rencontre – celle de se poser quelque part, et de vivre tranquillement –, mais Dieu savait ce qu’il avait en tête maintenant.

Alors, elle s’aperçut qu’ils étaient arrivés. Cela avait été rapide. A moins que ce ne soit pas Banaro ? Mais un regard lancé à Kanbei l’avait assuré que si. Ils accostèrent. Elle sauta hors de la barque et eut une grimace. Mal aux jambes. Mauvaise idée que de rester roulée sur soi au fond d’une toute petite barque. Elle aida tant bien que mal l’homme à tirer la barque hors de l’eau et se tourna vers l’intérieur des terres. C’était… Banal. Pas bien différent de ce qu’elle avait vu jusqu’à présent. Bon… Il fallait débarquer les affaires, et puis se trouver un coin. N’était-il pas trop tard ? Elle espérait que Kanbei ne veuille pas partir à la découverte de l’île dès à présent. Elle, elle n’y connaissait rien, mais ça ne semblait pas être particulièrement habité. Du moins, pas ce côté-là.

« Euh… Je reviens. » Elle rougit un peu, soudainement. Fichtre, cela survenait à un moment fort peu opportun. Et encore, ce n’était pas pendant qu’ils étaient dans la barque, perdus au milieu de nulle part. Là, elle aurait été vraiment très embêtée. Le rose aux joues, elle pria Kanbei par un regard suppliant de ne pas poser de question embarrassante et de faire comme si de rien était. Et partant au petit trot, elle avisa un coin de verdure. C’était dur la vie de femme, seule avec des hommes ! Trouvant une fougère un peu haute, elle se planqua derrière, non sans avoir vérifié par deux fois si elle était bien seule.

Silence… C’était calme. Trop calme. Elle faisait beaucoup de bruit. Y’avait des bestioles sauvages sur cette île ? Pourquoi n’avait-elle pas demandé à Kanbei des renseignements ? Et puis, il était où ? Elle n’était pas partie trop loin au moins ?

« Au secours ! Kanbei ! » Des yeux. Des yeux. Des yeux. Dans la fougère, des yeux. June se remit en état et courut vers l’endroit où elle avait laissé le Khan.

Les yeux encore endormis et l'esprit divaguant, je me réveille. J'avais besoin d'un bon sommeil réparateur après cet entraînement. Je n'aurais jamais pensé qu'apprendre à utiliser mon fruit serait aussi éprouvant. Mais bon, maintenant que c'est fait, je vais pouvoir repartir à mes occupations … Mes occupations ? Je me mets à réfléchir, je me rappelle très bien de ce que je voulais faire une fois ce fruit ingurgité. Cependant, ce n'est plus le cas. Les effets du monolithe sont encore présents, et ce n'est pas bon. Je ne me reconnais plus, je n'aime pas celui que je suis en train de devenir. Peut-être, devrais-je retourner au monolithe et subir de nouvelles vagues énergétiques. Ou alors, peut-être que ce n'est qu'une mauvaise passe. Je ne sais pas.

Mais pour l'heure, je vais retourner voir cette belle jeune femme. Je ne veux pas l'inquiéter ou lui causer des soucis. Je vais juste lui faire mes adieux et la remercier de sa gentillesse. Je me tape sur le front, je divague. L'ancien moi n'aurait jamais fait ça. Je l'aurais juste tué. J'hésite ... Quel choix insoutenable ! Je plisse le front et me tire les cheveux. Si seulement, je savais quoi faire. Oh, et puis merde. Je verrai bien une fois sur place.

C'est donc avec ces idées complètement divergentes que je me mets en route vers cette femme. Je suis dans mes pensées à peser le pour et le contre. Si bien, que je ne regarde pas où je mets les pieds. Et ça, c'est un tort. Puis, en une fraction de seconde, je déboule une pente rocheuse et je viens atterrir la tête la première dans la boue. Je l'extirpe tant bien que mal de cette vase et aperçois juste en face de moi une jeune femme. Elle est accroupie et de toute évidence en train de faire ses besoins. Le problème, c'est que les éclaboussures atterrissent en plein sur mon visage et ça, ça a le don de m'énerver.

Je vais lui foutre mon poing dans sa gueule et elle va comprendre qu'il ne faut pas me manquer de respect de la sorte. Je me relève et me dirige vers la pisseuse, mais je glisse dans la boue et tombe une nouvelle fois la tête la première dedans. Un petit ruisseau de pipi s'est formé et viens finir sa course dans mes cheveux. Cette fois, c'en est trop ! Elle va le payer de sa vie.

Mais le temps que je me relève, la pisseuse est déjà partie en courant et en hurlant à tout bout de champs. Fais chier ! Je me sors de la boue et essaye de me dépoussiérer. Devrais-je la suivre ou l'attendre ici ? D'un côté, j'ai envie de la punir. De l'autre, je suis presque prêt à lui pardonner. Encore un nouveau choix cornélien ! Ne sachant pas trop quoi faire, je m’assois en attente d'une idée lumineuse …

P'tite pause pour la madame. Un p'tit pipi. Ou un p'tit brésilien. M'enfin rien de très glamour. Du moins elle réussit à lui faire comprendre cela de manière très saine. Avec un p'tit rougissement de gêne assez choupi d'ailleurs. Le Khan se mit à tirer la barque sur le sable et fit une petite pause. Il avait la dalle. Carrément faim même. Il se traîna jusqu'aux provisions et ouvrit un des récipients. Viande salée. Ouaip. Ca c'est bon. Il mastiquait comme un gros porc. Et en même temps... Il fallait se mettre à réfléchir. Le Khan commençait violemment à réfléchir sur son avenir. Maintenant que ses problèmes de santé mentale n'étaient plus très dangereux pour ses proches, il se sentait capable de se définir une nouvelle trajectoire.

Il avait bien progressé depuis qu'il était sur Grand Line. Même au combat. Il n'était plus le même homme. Il était un homme juste. Peut-être pas bon mais juste. Et il avait follement envie d'une vie meilleure. Peut-être que c'bout d'caillou serait la terre promise. Peut-être pas. Il avait tout d'abord... Ils avaient tout d'abord besoin d'argent. Il n'allait pas faire vivre la charmante petite dame comme une gitane jusqu'à la fin de ses jours. Donc il fallait un plan. Thune et relations. Voilà les bases. Et son passé de pirate l'aiderait pas forcément trop. Enfin il pouvait toujours se débrouiller. Il lui fallait des infos sur cette île. Et des infos lui permettant de pourvoir à la survie de June et de sa personne. Donc il allait falloir se chauffer bouillant bouillant. Et voilà que l'ingénieur se creusait la tête à échafauder des plans plus complexes les uns que les autres.

Et qu'elle cria.

Son sang ne fît qu'un tour. Elle était en danger? Sa main se porta à sa ceinture et il dégaina son pistolet. Une balle aurait vite fait de régler le problème. La p'tite dame arrivait vers lui tout débraillée et semblait affolée. Quelle mouche avait bien pu la piquer? Son regard intrigué ne sembla pas la faire réagir. Un problème? Où ça? Il observa le buisson d'où elle venait sortir. Y avait-il quelqu'un derrière? Aucune idée. La petite dame sauta dans ses bras et il l'enlaça doucement.

"Ca va aller p'tite dame. Dis moi ce qui se passe et je verrai ce qu'on peut faire okay?"

Il sourit à pleines dents. Elle était craquante comme une baguette de pain. Choupi à souhait. Certains auraient même employé des termes encore plus pointilleux et littéraires mais la connaissance linguistique du Khan s'arrêtait là. Il fallait juste qu'il voie quel était le problème et il le règlerait.

Elle n’avait plus rien en tête que de fuir très loin et de retrouver Kanbei. La douceur de ses yeux attentionnés et la chaleur de ses bras protecteurs. « Un monstre » souffla-t-elle dans un murmure. Et elle lui décrit très rapidement ce qu’elle avait vu. Des yeux d’un gris-bleu à la lueur inquiétante, qui la fixaient dans l’ombre de la fougère, à l’aspect incertain d’une masse mi boueuse mi pâle. Un fantôme, un monstre sorti des entrailles de la Terre ? Et au fil de son discours, son esprit fertile imaginait une bête extraordinaire, un croisement entre végétal et golem de terre. Cela pouvait exister, elle en était sûre. Tout était possible dans ce monde. Elle se tut et regarda le Khan, à demi émerveillée, mais surtout apeurée.

Il souriait. La douce s’empourpra. Non pas par colère – il était fort probable qu’il se moquât d’elle en ce moment, d’où ce sourire – mais par gêne. Elle le voyait rire et son cœur battait. Penses à autre chose.
« Il faut aller voir ! » Et elle saisit la main libre de l’homme pour l’entrainer vers les lieux du crime, courant presque. Mais arrivés là, elle fut forcée de constater que la scène avait changé du tout au tout. Un homme à l’allure fragile quoique peu engageante était assis là, apparemment plongé dans ses pensées. Elle s’arrêta, déconcerté. Oh… Et son esprit se mit à tourner follement pour tenter de trouver une explication rationnelle à ce phénomène. L’aspect poussiéreux, pour ne pas dire boueux de la tenue de l’inconnu la mit sur la voie et elle s’exclama intérieurement. Sans hésiter – mais il fallait avouer que c’était la présence de Kanbei à moins d’un mètre qui lui permettait d’être si confiante – elle s’approcha de lui. Le fixa. Ouvrir la bouche pour le saluer… Mais ce fut une nouvelle exclamation qui en sortit ; ces yeux ! « Quels yeux ! C’est lui ! Kanbei, c’est un monstre ! » Et elle s’empressa de retrouver le contact corporel avec son ami en se cachant derrière son dos.

Cette fois, c’était bien plus l’outrage qu’elle avait subi que la gêne, qui colorait ses joues de rouge. « Monsieur, vous êtes un pervers ! Vous zieutiez dans le buisson ! Et fort de votre forfait, vous restez sur les lieux du crime, pensif. Y songez-vous encore ? Êtes-vous satisfait de ce méfait ? » La douce brandit un poing, de derrière Kanbei. Balbutiante, elle se tut finalement. Elle était furieuse, maintenant qu’elle comprenait ce qu’il s’était passé. De toute sa vie, alors même qu’elle avait vécu sur un bateau deux longues années, entourée d’hommes et de brutes parfois, jamais on ne lui avait fait un tel affront. Il fallait dire que, toujours, quelqu’un avait gardé un œil sur elle et surtout sur les autres, pour empêcher tout accident de la sorte de survenir. Les larmes lui montèrent aux yeux.

Peut-être avait-elle été un peu dure ? Elle se mordilla les lèvres. Bon Dieu ! Sûrement pas ! Il méritait qu’elle lui mette une claque ! Pas un seul instant elle envisageait que le malheureux aurait pu se trouver là par un incroyable hasard.

Elle est revenue, et avec de la compagnie. Un homme plutôt bien habillé. Un noble ? Peut-être … Elle me montre du doigt et m'accuse de je ne sais quoi. Je lève les yeux vers le ciel, sans vraiment prêter attention à ce qu'elle peut bien baragouiner.

Si elle est revenue, c'est que c'est un signe. Ça voudrait donc dire que le châtiment à lui infliger serait la mort ? Sûrement. Je la fixe, elle a l'air si faible, si fragile. L'homme lui donne du courage. Et puis, elle me traite de monstre. Et moi , ça me fait réfléchir. Elle a raison, c'est ce que j'étais, ce que je suis toujours. Alors une partie de moi part en vrille.

Ça fait si longtemps que je n'ai plus disséqué un humain. Que je ne me suis plus abreuvé de sang. Cette douce mixture rouge et chaude qui émoustille mes papilles. Alors je leur souris. S’ils sont là, c'est pour me rappeler qui je suis. J'ai envie de me laisser aller, de les tuer.

La belle et la bête sur mon trophée de chasse. Ça serait si jouissif. Je mets alors ma main dans mon dos et empoigne mon kusarigama. Mais bizarrement, je n'arrive pas à le sortir. Je n'arrive pas à montrer ma détermination. Mon esprit est encore tiraillé. Devrais-je leur pardonner ou bien les tuer ?

J'ai l'impression que le choix est évident, qu'il saute aux yeux. Mais au fond de moi, je pense autrement. J'ai besoin de voir, de comprendre pourquoi ils sont revenus. Que cherchent-ils ? Je ne sais pas.

Je regarde la pisseuse, et je vois dans son regard qu'elle m'en veut. Il crie vengeance et cet homme va sûrement accomplir les désirs de la belle. Il a l'air si flatté d'attirer ses égards, qu'ils feraient tout pour l'impressionner.

Je sais qu'il va vouloir se battre, c'est plus qu'une intuition, c'est une conviction. Pourtant, je n'arrive pas à prendre les devants. J'ai envie de croire en l'humanité. Chose que je n'ai jamais ressentie avant, je les savais perdus et condamnés. Maintenant, j'ai le besoin de leur laisser cette seconde chance.

Cependant, c'est plus fort que moi. Mes instincts de prédateurs se réveillent. Eux, ils ne se trompent pas. Ils ressentent le danger. Et, je me mets une nouvelle fois à sourire. Plus par nervosité qu'autre chose. Pourtant, ça suffit à instaurer une atmosphère lourde et pesante. Que vont-ils décider …

Cool. Enfin non. Enfin à moitié quoi. La petite dame venait de l'amener jusqu'au monstre. Un homme en fait. Un simple et vulgaire homme. La petite Howk a peur. On le sent. Mais elle est si adorable que le Khan se sent obligé de la protéger. Elle était si mignonne. Il avait envie de la prendre dans ses bras et de rouler dans l'herbe. Mais pour le moment, il fallait voir quel était le problème. Il l'avait observée en train de faire pipi? Ca semblait un peu incohérent. Un voyeur pedobear? Sa main se raidit sur le pistolet. La p'tite dame le traitait de monstre. Elle y allait peut-être un peu fort. Le gars semblait pas un mauvais bougre. Pas de quoi le corriger.

Wooooooh, mon sens d'araignée s'affole.

Le mec en face de lui est dangereux. Le Khan vient d'le sentir. Pis la main dans l'dos est pas des plus rassurantes. D'manière, il a une bastoss réservée s'il tente la moindre merde. Et vu la tête qu'il tire et les actions qu'il fait, il a l'air un peu timbré. Dans la veine Kanbei Show. Les p'tits malades qui aiment le sang et qui le boivent en dansant sous la pleine lune. Le Khan a donné dans c'registre là. Il a même inauguré la rubrique Carotide featuring Dentition. Pas glorieux. Mais désormais, c'est un homme neuf. Un homme bon. Donc il va lui pardonner. Parce qu'il est bon. Puis l'atmosphère commence à être merdique. Du genre à faire flipper la damoiselle. Et ça ne lui plaît pas des masses.

Sa main repose le pistolet dans son dos. Autant prendre le taureau par les cornes. De manière cool et zen. Puis l'mec a l'air de... D'AVOIR D'LA PISSE DANS LES CHEVEUX? Hahahaha. Le Khan essaie de ne pas rire. De la pisse dans les tifs. Frais. Non ce mec est en rogne pour une bonne raison mais il a pas l'air d'vouloir s'magner le cul. Donc pas d'fight pour aujourd'hui, on range les grigris. Pourtant le Khan a toujours c'petit frisson d'excitation. Mais faut pas le dire. C'est un secret. Va falloir régler ça entre bonhommes.

"C'est pas un monstre p'tite dame. C'un monsieur. Et tu lui as... Enfin non oublies. J'vais régler le compte à ce monsieur."

WOUH. Gros suspense. Ou petit blanc d'attente en fait. Il sait très bien que ce gars est purement dangereux. Et prendre le risque de se battre avec la p'tite dame si près est pas envisageable. Donc on avise un autre plan. Le plan B.

"J't'invite à boire un coup c'est moi qui paie. Le monsieur s'excusera d'avoir été méchant okay?"

P'tit clin d'oeil de connivence. June fourbifiée. Il aura le temps de lui expliquer après. Le mec faut lui refaire descendre la pression. Et lui en servir quelques unes si vous voyez c'que je veux dire. Donc reste plus qu'à attendre la réponse du monsieur. En espérant qu'elle soit positive et qu'ça génère pas de conflits.

Il comprenait pas. Il comprenait même vraiment rien.
Elle ne voulait pas qu’ils se battent. C’était fou tout ça ! Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il s’excuse. Mais elle était en colère ; un peu honteuse, à vrai dire. Et terrifiée. Elle sentait que quelque chose clochait avec le type qu’ils avaient trouvé – outre le fait que c’était carrément louche de zieuter comme ça dans un buisson. Il n’était pas comme eux. Ou plutôt si, comme Kanbei quand celui-ci était furieux. Mais alors que l’un était plus dans la violence, l’autre semblait… Il n’y avait pas de mot pour le décrire. C’était palpable. Ce sourire, cette façon de ne rien dire, alors même qu’elle l’avait sauvagement attaqué. Non, il ne fallait surtout pas qu’ils se battent. Elle avait peur que cela réveille l’instinct furieux du Khan, cette part de lui qui avait l’air de s’être envolée depuis quelques temps.

Néanmoins, l’invitation de Kanbei semblait tout aussi improbable. Pourquoi était-il si gentil ? La douce se sentait trahie ; il ne comprenait pas. Mais à vrai dire, il ne le pouvait pas. C’était un homme. Dans un autre monde. Et elle, elle était résolument seule, pour le coup. Aucun d’eux ne pouvait ressentir sa honte, ce sentiment d’avoir été dépossédé de quelque chose qu’elle conservait, précautionneusement. Sûrement que son irritation n’était pas seulement causée par cet inconnu mais aussi parce que, au fond, c’était sa faute tout ça.
Trahie. Et la douce s’arracha au contact de Kanbei pour se replier sur elle-même. Et maintenant, elle lui en voulait à lui aussi. Ce n’était pas son genre, tout ça. Bizarre.

Peut-être y avait-il une raison ? Au fait que Kan’ soit si conciliant. Avait-il peur ? June se mordit les lèvres. Impossible ; il avait défait tous les moines, tout seul, sur son île. Il avait battu le prêtre, alors qu’il était dans une situation fort peu avantageuse. Elle ne l’avait jamais vu éprouver de la peur, même au contact de la mort. Alors quoi ? Tout se mélangeait dans sa tête, et ce bruit qui l’assourdissait dans la barque, un peu plus tôt dans la journée, revenait sans cesse.
Si le Khan ne cherchait pas le combat, alors que l’instant d’avant il avait l’air déterminé, il devait y avoir un problème. Bien plus fort que lui. C’était l’unique solution.

Du reste, elle n’avait pas le choix. Et d’une voix faible, elle s’exprima. « Non, c’est moi qui suis désolée. Je me suis emportée. Je veux dire, pour le monstre. C’est parce que je croyais vraiment qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire dans le buisson, que j’ai ramené Kanbei, vous savez. Mais… Enfin, je vous en veux toujours parce que vous zieutiez, hein. Ça ne se fait pas. » Elle avait si mal à la tête. De la fièvre ?
Finalement, c’était elle qui ne comprenait pas. Pourquoi tous les deux, par leur attitude, semblaient dire qu’elle était la fautive dans l’histoire.

L'un me propose à boire et comprend mon rang. L'autre continue de me traiter de monstre, de me rejeter la faute dessus. Drôle de sensation que j'éprouve en ce moment. Tiraillé entre le fait d'accepter la proposition de l'homme ou de les disséquer tous les deux. Surtout la pisseuse, qui continue à m'insulter.

Alors je les fixe. Mon sang bouillonne et très vite mes douces pensées remplies d'humanité me délaissent. J'ai envie de sang, de meurtre. La raison, je l'ai. Je leur souris et m'avance lentement vers les deux jeunes gens. L'atmosphère s’alourdit de plus en plus et la tension est à son comble.

Seulement moi, j'ai changé. Et pour remercier l'homme de sa compréhension à mon égard, je vais juste éviscérer cette femme. La faire souffrir et la faire hurler. Je ne peux pardonner un tel affront.

Je détourne mon regard et porte toute mon attention sur la petite chose. Je veux lui insuffler la peur, je veux qu'elle se pisse dessus. Je veux du respect. Aucun des deux ne bouge, et très vite j'arrive au niveau de la jeune femme. Nos regards s'échangent et mes yeux lui crient : « A mort ! ». Je viens alors poser ma main sur son épaule et, me tourne vers l'homme.

« Ta pisseuse m'insupporte. Ai-je l'air d'un monstre ? Penses-tu que je devrais la punir ici avant d'accepter ta proposition ? »

Je ne sais pas quoi faire. Je vais juste suivre mon nouveau moi. Ce moi humain ... Je lâche alors l'épaule de la femme, et m'éloigne des deux tourtereaux. J'ai envie de leur laisser une chance. L'un m'a convaincu, l'autre moins. Peut-être que tout ceci changera autour d'un bon verre. Allez savoir …

« Allons boire, on avisera ensuite la punition adaptée pour ta miss. Et au passage, je m'appelle Ylvikel Strauer et non Monstre ... »

Un irrépressible sentiment de colère déferla dans l'esprit du Wanajima. Ce qui venait de se passer était des plus improbables. Alors qu'il tentait de concilier les deux partis, June s'était excusée. Pourquoi? Avait-elle senti le danger elle aussi? Elle n'avait pas à s'excuser. Le type était là pendant qu'elle urinait hein. Normal d'avoir peur. Puis quelque chose dans le comportement de la jeune fille le gênait. Elle ne semblait pas très bien. Il ne fallait pas qu'elle soit dans cet état là. Il était là pour la protéger. Et il le ferait jusqu'à ce qu'elle lui demande d'arrêter. Jamais espérait-il... Elle était son unique point d'ancrage. Son repère dans les abîmes, son fil d'Ariane.

Et v'là que l'autre chose s'la ramène à son tour. Dans un phrasé des plus désagréables. Et il se rapproche d'eux d'un air mauvais. Et il la touche. Un frisson de folie fait alors trembler l'échine du Khan. Et cette ordure se met à lui parler en la traitant de pisseuse. Putain. Ylvikel Strauer c'est ça? Il propose de la punir? De la châtier? June? Une des seules personnes encore pures dans ce monde? Et ce type s'éloigne. Il voulait aller boire et discuter du châtiment de June après. C'était plus que ce qu'il ne pouvait en supporter. Il croyait pouvoir dire ça impunément et boire un verre avec eux sans que rien ne se produise? Pour qui les prenait-il? Ce type là était totalement à la masse. Et il le foutait en rogne à un degré assez inimaginable pour quelqu'un de non atteint par des envies de meurtres. Ses mains tremblaient. Il était pris de frénésie et dût se mordre la lèvre pour ne pas faire de bêtises. Il avisa June. Il fallait la mettre en sécurité. Un simple regard suffit à lui faire comprendre que la situation allait bientôt dégénérer.

Pas besoin de pérorer plus longtemps.

Ce gars là avait besoin d'un recadrage. Qu'importe qui il était et sa dangerosité. Plan C. On pose ses c******* et on s'affirme. Et dans ce registre là, il n'était pas en reste. Le mec en face de lui allait l'apprendre à ses dépens. Sa mâchoire pour commencer. Un sourire prototype transparût sur les lèvres du Khan, ne laissant nullement présager ce qui allait se passer. Une fraction de seconde plus tard et une rotation du bras bien placée venaient placer les jointures du Wanajima en troisième décan avec la gueule du monstre. Oui. Ce gars là était un monstre. Rien que pour sa manière de parler. Et son geste venait de lui faire comprendre. Il ne perdît pas son adversaire du regard mais lui laissa le temps de reprendre ses esprits.

"Moi c'est Kanbei Wanajima."

Et j'viens d'te cogner mec. Et ouais. Ca fait mal nan? Dis toi que c'est rien à côté de c'qui s'passera s't'emmerdes encore ma copine. J'te présente ma main droite. Elle te plaît? Attends de voir la gauche. Biche, j'passerais peut-être voir le bon Dieu aujourd'hui mais dis-toi que ça te fera comprendre ô combien ta manière d'être est répugnante.

"Traites-encore June de pisseuse et j'fais en sorte que tu puisses plus marcher sans déambulateur. Si ça t'plait pas, tu demandes à t'excuser platement. Sinon, j'suis là pour t'expliquer mon point de vue sur le monde. T'en dis quoi?"

Et pendant qu'il se rétablit de son choc, le Khan se fend d'un sourire de défi. Il n'était pas venu pour se battre. Oh que non. Mais ce gars-là est trop bête pour le comprendre. Il est un de ceux qui ont été brisé par le monde. Comme Kanbei. Mais lui n'a pas réussi à remonter la pente. Pas d'soucis, on est là pour ça.

Je lui pardonne et voilà qu'il se met à me frapper. Pourquoi est-il si en colère ? Qu'ai-je bien pu faire ? Est-ce parce que j'ai intimidé la pisseuse ? Oui. Moi qui voulais croire en eux. Ils me déçoivent. Et en plus de ça, ils m'insultent. Il a osé me frapper pour si peu. J'avais quelques doutes, mais je n'en ai plus. Parler autour d'un verre n'est que de l'histoire ancienne. Je vais juste les tuer.

Je vais laisser mes pulsions me guider afin de leur montrer qui je suis. Je me demande même comment j'ai bien pu vouloir leur laisser une seconde chance. Je vais juste étriper la femme devant les yeux de ce mec. Je veux lui faire ressentir la douleur au plus profond de sa chair. Je veux que son corps soit meurtri et que son esprit soit détruit.

« Très bien ... »

Je me relève et fixe Kanbei. Mon regard s'est assombri. Et ce petit grain de folie qui commençait à me quitter commence à revenir petit à petit. Je me mets alors à leur sourire bêtement. La pression devient de plus en plus intense. C'est voulu, il faut qu'ils comprennent qu'ils sont finis.

Je tends alors ma main devant moi et la regarde. J'ai acquis un nouveau pouvoir et il est temps pour moi de l'utiliser. Je ne savais pas comment, mais la question ne se pose plus. J'espère que l'homme sera en mesure de me satisfaire assez longtemps.

En une fraction de seconde, quelque chose de blanc sort de mon bras et se dirige tout droit dans les jambes de June. Au contact de sa chair, la cire se durcit immédiatement, l'empêchant ainsi de bouger. Inutile de la mêler à ce combat. Elle ne ferait que gêner l'homme. Au moins, il a une raison de se donner à fond …

« Ta pisseuse est prisonnière de ma cire. Inutile d'essayer de la briser, c'est impossible pour toi. Cependant, je peux pardonner ton affront si tu te transperces la main droite avec une arme. Qu'en dis-tu ? »

Virement de situation. Pourquoi s'emmerder à se combattre, si l'on peut manipuler quelqu'un par les sentiments ? C'est tellement plus jouissif après tout …

Trancher. Egorger. Empaler. Embrocher. Etriper. Eviscérer. Enucléer. Découper. Manger. Croquer. Lacérer. Fusiller. Plomber. Fumer. Bruler. Noyer. Foudroyer.

Autant de solutions s'offraient à lui pour faire du mal à cet homme. Et pourtant... Il ne l'avait pas cherché. Bien au contraire. Cet individu était venu faire le mal de lui-même. Menacer. Gronder. Claquer du bec. Il n'en avait que faire. Kanbei l'avait prévenu et cet homme n'avait pas écouté. Cet homme allait souffrir. Peut-être moins que le Khan mais il allait souffrir. Son air est bestial mais il ne lui fait pas peur. Pourquoi? Il est lui. A quelques années ou mois près. Il se veut la Bête. Et son sourire grandit au fur et à mesure que sa fureur grandit. Oser emprisonner June dans une prison de cire? Intéressant. Probablement un paramecia. Ca veut tout de même dire qu'il peut déguster.

Et voilà cet homme qui révèle son vrai visage. Le visage de la fourberie et de la couardise. Se blesser pour pardonner son affront? Ha. Le voilà bien drôle. Ylvikel c'est ça? Le type le plus lâche qu'il ait jamais rencontré. Même les pires cafards étaient capables de se battre dignement. Alors que lui était sale. Souillé. Il était un monstre. Oui. Comme Kanbei. Deux monstres sans coeur. Tandis que lui était parvenu à réchapper à la Bête qui sommeillait en lui, le détenteur du Paramecia de la cire semblait laisser au monstre libre cours. Le choc allait être rude. Que pouvait-il faire face à une telle brutalité? Dans les yeux de June se lisait une peur certaine. Il ne fallait pas qu'elle ait peur.

Ses poings se serrèrent et il regarda le Strauer droit dans les yeux. Avec un air de dégoût. Ses yeux étaient empli de dégoût. Il allait le faire. Pour June. Sa main droite prît son pistolet et il le regarda longuement. Une crosse en noyer finement ciselée. Un canon en acier forgé. Une belle pièce. Pas de quoi casser trois pattes à un canard mais ça suffisait amplement pour se battre. Il passa l'arme en main gauche et se rapprocha un peu d'Ylvikel et sourit. Il n'allait pas se laisser abattre. Il aligna l'arme sur sa main droite et pressa la détente.

En direction d'Ylvikel.

La balle siffla et partit en direction du médecin, déchirant la chair de sa main au passage et touchant plus que probablement le monstre en face de lui. La surprise était totale et il fallait remercier les tissus déchirés de sa main qui désormais coulait le sang. Il ne lui laissa pas le temps de répliquer et bondit sur son adversaire en lui décochant un coup identique au précedent. Crochet du gauche cette fois-ci. T'as voulu faire le malin? Vallah. T'as goûté mes deux mains. Et il avait respecté le défi.

"Ne la retraites jamais de pisseuse. *petit silence* J'ai respecté ta règle de merde. Maintenant c'est à toi de t'excuser."

Sa voix était sans appel. Il était prêt à en découdre si la Bête d'Ylvikel ne se calmait pas. Il n'avait pas peur. Sa main droite était en sale état mais il n'en avait rien à faire. Il protègerait June coûte que coûte. Restait. à voir si son adversaire à de l'honneur. Ou s'il allait recevoir de sévères blessures aujourd"hui.

La balle transperce sa main et se dirige à toute allure vers moi. Je baisse la tête afin de l'éviter, mais elle me frôle. M'entaillant légèrement la joue. Pas le temps de laisser la colère m'envahir, que le kan se jette sur moi. Il veut refaire le même coup que tout à l'heure, me foutre un coup. Et pendant qu'on tombe tous les deux par terre, un petit mur de cire se crée sur ma joue.

Il ne l'a pas remarqué. Il me cogne mais il ne m'a pas réellement frappé, peu importe. Il ressentira la douleur un peu plus tard. Un petit sourire apparaît sur mon visage. Malgré tout, ses affronts à mon égard, il a quand même sacrifié sa main pour la femme.

« Ahahahah ! M'excuser ? Je rêve ... »

Je lui attrape alors les mains et j'enveloppe mon propre poing dans ma cire. Je lui assène un violent coup dans son abdomen. Le choc est tel, qu'il part s'encastrer tout droit dans un arbre.

La cire sur ma main se liquéfie instantanément après avoir porté le coup. Puis, je me relève et me dépoussière. Il est vrai qu'il a tenu parole. À moi d'en faire autant. Je me dirige donc, vers June. La pauvre petite chose est apeurée. Je la fixe droit dans les yeux et pose ma main sur la cire. Je lui souris et la cire se met à fondre. La libérant de mon étreinte.

Je lance un dernier regard vers ces deux êtres sans réel intérêt pour moi. Mieux vaut s'en aller ...

Il partait. Comme une tempête, il mettait la panique dans l’ordre des choses et disparaissait quelques heures après. Libérée, June n’osait pas encore bouger. Elle retenait sa respiration, et regardait cet homme étrange reprendre sa route. Elle ne se risquerait à émettre un son qu’une fois assurée qu’il ne les entendrait plus. Et qu’il n’aurait pas le temps de se jeter contre eux de nouveau. Il n’y avait  pas d’explication rationnelle à ce qui venait de ses passer, elle en était convaincue. Et la douce savait que, partout, des Hommes étaient fous. Mais elle avait toujours la conviction que quelque chose pourrait les sortir de là. D’après ce qu’elle en avait vu, cependant, elle se demandait bien ce qui pourrait l’aider lui. Il ne semblait même pas comprendre les liens qui se tissent entre les êtres humains, et qui les poussent à se protéger les uns les autres. Peut-être qu’il vivait tout seul, loin de tous. Un être si malsain. C’était triste. Toujours triste, à ses yeux. Car, candide, elle avait toujours la foi. Et d’un autre côté, c’était si… Elle eut un frisson incontrôlable.

Il n’était plus là. Elle aurait voulu lui dire quelque chose, avant qu’il parte. Mais même maintenant, elle ne trouvait pas les mots. Alors, elle courut vers le Khan qui avait chu un peu plus loin. Il était blessé. Sa bêtise avait encore fait des siennes, et il s’était abîmé. Pour elle. La demoiselle se pencha sur lui et tâcha de l’aider à se relever, en position assise du moins. Puis elle lui prit la main, sans lui demander son avis. Et avec un air qui lui signifiait qu’il avait tout intérêt à se laisser faire. Il fallait être autoritaire avec les enfants têtus. Elle considéra sa blessure. « Il était fou, hein… Plus que n’importe qui. » Avec douceur, elle palpa le pourtour de la plaie. Un trou béant. Kanbei aussi était fou. « Il faut qu’on trouve quelqu’un pour te soigner. Tu vas te vider de ton sang, s’pèce d’imbécile. » Ça devait faire mal. Très mal. De se transpercer la main d’une balle, à bout portant, comme ça. Et elle porta la main de Kanbei à ses lèvres. « Bisou magique ! » dit-elle en souriant. Sa maman faisait toujours ça, quand elle avait mal. Et lui prenant l’autre main elle l’aida à se remettre sur pied. Il n’avait pas eu de répit depuis l’île des moines, ce n’était pas bon. « Merci. C’était bête de faire ça, hein. Mais merci. » Il la protégeait.

Elle l’entraina vers l’endroit où ils avaient abandonné leur barque, tout d’abord. Parce qu’il fallait récupérer leurs affaires avant de repartir, de toute façon. Et puis, si le Khan ne se sentait pas d’y aller tout de suite, ils pourraient se poser un peu. Pendant qu’elle farfouillait dans leur matériel à la recherche de quelque chose qui pourrait faire office de pansement temporaire, elle lui demanda ce qu’il savait sur cette île. Qu’elle ne fasse plus l’erreur de se « balader » toute seule et de tomber sur de dangereux inconnus. Et puis, s’il y avait une grande ville, comme à T.A, ils pourraient trouver un médecin qui désinfecterait mieux sa blessure que ce qu’ils ne pouvaient le faire eux avec de l’eau.
Et puis elle se tut ; elle lui sourit.