Les Avalons - Arc I : L'ascension sur North Blue.
Ce n'est pas une affaire personnelle. [Log I-7]
L'île de Luvneel est derrière moi depuis plusieurs heures. Alors que le soleil est déjà haut dans le ciel, l'imposante Reverse Mountain commence à se dessiner à l'horizon... Et mon estomac appelle à l'aide : il est grand temps que j'avale quelque chose. Je descends donc dans la cuisine et attaque l'élaboration d'un plat du plat typique des Avalons... La purée. En fait, c'est aussi parce que, même si je suis riche comme Crésus désormais, j'ai pas eu le temps d'aller acheter (enfin, de faire aller acheter Yskino) des vivres. Du coup, il ne reste que des patates et du rhum dans la cale, et pour un régiment. Viald et Naoko étaient vraiment dans la démesure à ce niveau là... Contrairement à leur disparition, qui a été discrète et éclipsée par la nouvelle de la destruction du casino. Oui... C'est vrai qu'ils ne sont plus là, et qu'il ne reste qu'Yskino et moi. Mais bon, ce n'est pas grave. Le grand Lloyd Barrel n'a besoin de personne d'autre que lui même, de toute manière. Et ce même pour se concocter un copieux déjeuner (ça vous épate, hein), qui est actuellement en train d'être englouti par... Par...
Un fantôme ! Un fantôme est en train de dévorer ma purée, à moi, le grand Lloyd Barrel ! Une purée aux herbes des plus délicieuses ! Rien à voir avec l'infâme bouillie que préparait Kanbei ! Kanbei. Kanbei... Bref. Un aliment des plus dignes d'entrer en contact avec mes divines lèvres, à ravir mes papilles délicates, à descendre doucereusement dans mon gosier, à rassasier mon estomac affamé ! Et l'être spectral me manque de respect, pour couronner le tout, en ne me saluant pas et après avoir englouti mon assiette en laissant de côté celle que j'avais mal préparé pour Yskino. Mais que peut bien me vouloir cet esprit ? Ma renommée est-elle parvenue jusqu'au pays des morts ? Cet fantôme désire-t-il ardemment rejoindre mon équipage et se soumettre à mon autorité naturelle d'être supérieur pour m'assister dans ma conquête des mers ? Oui, sans nul doute. Et là, il apparaît d'un coup devant moi. Un jeune homme, d'à peu près mon âge et mon gabarit, et lui aussi aux cheveux blonds. Cependant, par rapport à moi, le grand Lloyd Barrel, aucune autre comparaison possible, je le surclasse en tous points en terme de classe : c'est bien simple, il n'a aucune allure. Un vrai péquenot baroudeur... Et surtout, il m'a volé ma purée. Et sans les mains. Parce que c'est visiblement quelque chose qui manque à ce garçon, et que je n'avais pas remarqué jusque là. Et pourtant, au vu de la quantité de purée qui est étalée sur la quasi-totalité de son visage, j'aurais pu m'en rendre compte un peu plus tôt. Ce manant... Il a non seulement osé me voler ma nourriture, mais en plus, il y a trempé sa gueule dedans ! Cet affront d'une extrême gravité mérite un châtiment exemplaire, et je vais lui faire comprendre tout de suite... Je m'élance donc sur ce rustre handicapé, arme mon poing droit, et me prépare à frapper, même si cela ne m'enchante guère de lever la main sur un individu en clair désavantage physique... Sauf qu'il prend la fuite. J'aurais dû m'en douter. Il vient de se rendre compte que je suis le grand et redouté Lloyd Barrel, et prend ses jambes à son cou. Je le suis en courant jusqu'au pont, où est planté Yskino, visiblement surpris de cette intrusion.
"Larbin !", commencé-je en hurlant. Je reprends : "Arrête moi ce manch..."
"Death Kick of Water Dragon !", beugle t-il en me coupant la parole à une vitesse phénoménale. A une vitesse si grande que je n'ai presque pas pu discerner le mouvement. Et je me prends un coup de pied dans la tête que je parviens à peine à amortir. La frappe est brutale, et le choc rude. Mon arcade, fraîchement refermée se rouvre. Le rouge coule à flots sur mon visage. J'ai vraiment mal. Mais qui c'est ce type ?
"Comment oses-tu voler ma purée, puis m'attaquer, moi, le grand Lloyd Barrel ?!", lancé-je, dégoûté de n'avoir pu esquiver ou bloquer son assaut. Mais je n'abandonne pas, je n'abandonne jamais. Je me suis déjà promis que je ne serai plus faible, que je ne perdrai jamais. Je fonce vers lui et tente un crochet, qu'il bloque avec force avec son moignon gauche. Il enchaîne en me portant un coup de genou dans l'estomac, avant même que je n'ai pu réfléchir à une suite d'attaques. Du sang part en gerbe depuis ma bouche et mon nez. La douleur est intense. J'ai l'impression que son coup se répercute dans tous mes organes, mes os et mes muscles tellement il est puissant. Et pourtant, il a l'air serein, calme, détendu quand il cogne. Comme s'il mettait une fessée à un enfant. Comme s'il prenait le combat à la légère. Comme s'il me prenait à la légère, moi, le grand Lloyd Barrel... Et c'est intolérable. Sauf que je ne peux rien faire du tout : aucune de mes attaques ne passent, et les siennes font mouche à tous les coups... Et font mal, très mal. Ce n'est pas comme contre Kanbei, dans ce rêve si étrange, où il m'avait donné beaucoup de fil à retordre mais ou j'étais quand même arrivé à le dominer... Là, c'est à sens unique. Et je suis en train de me faire corriger, les mains toutes tâchées d'un sang qui ne vient pas de l'homme que je suis en train d'affronter.
Yskino qui semble se réjouir, sans que je comprenne bien pourquoi, ne vient pas m'aider, et c'est tant mieux. Je ne le laisserai pas "m'aider". Le grand Lloyd Barrel ne peut tolérer un tel affront. C'est seul que je me dois de gagner ce combat. Tant pis pour le blondinet handicapé, il va voir ce qu'il en coûte de défier ma toute puissance... Je me prépare à lancer mon attaque la plus puissante, celle qui un jour a déchiré le ciel. Ce n'est pas sans risques, mais au plus je prends des coups, au plus je me dis que c'est ma seule chance... Quelle horreur d'avouer cela.
"HAKI !", m'époumoné-je, en concentrant toute mon énergie dans ce cri. Tout à coup... Non. Rien ne se passe.
"C'était quoi ce truc ridicule ?", s’interrompt mon adversaire. Non... Ce n'est pas possible... Mon attaque n'aurait aucun effet sur lui ? Non... Non... Mon divin haki... Ce n'est pas possible ! C'est inconcevable ! Irréalisable ! Il l'aurait bloqué ? Je prends la parole :
"Ce truc ridicule ? Tu oses en plus te moquer de ma technique ultime, de mon divin haki ? De cette attaque surpuissante grâce à laquelle j'ai fait se déchaîner les éléments sur Inu Town ?! J'ai frappé la moitié de l'île avec ! Je t'interdis de te foutre de moi ! Je vais t'écrabouiller !", m'emporté-je violemment. Je me jette férocement sur lui et tente un nouvel assaut, qu'il pare facilement.
"... Inu Town ?", dit-il lentement. Il reprend : "Je pense qu'il est grand temps de te donner une leçon, mon gars... Et de te montrer ce que c'est que le vrai haki."
Et là, tout devient confus. Ma vue se brouille, mon cœur bat la chamade, mon corps me pèse, et j'ai l'impression que mon crâne va exploser, tandis que les pupilles de mon adversaire prennent une forme des plus étranges. Je titube, chancelle, manque de tomber. Je pose un genou à terre. Je vomis du sang. J'ai la tête qui tourne, un nœud dans l'estomac, des fourmis dans tout le corps. Yskino s'effondre, mais a encore les yeux ouverts. La carène du navire craque, les mouettes ne piaillent plus : il ne règne plus que le silence. Son silence à lui. Un silence qui en dit long sur sa domination. Il est le maître de mon navire. Je... Je ne peux tout simplement pas lutter. Non. Je ne peux pas me permettre d'abandonner. Je suis le grand Lloyd Barrel, capitaine des Avalons et futur seigneur des pirates ! Je me relève, malgré une nausée dont je ne saurais dire si elle vient de sa technique ou du fait que mon haki a lamentablement échoué. Mais je ne peux pas, non, je ne dois pas y penser maintenant... Car une chose est sure... Ce combat n'est pas terminé ! Et je m'élance sur lui, mettant mes dernières forces dans un poing gauche qui ne m'a jamais trahi, lui...