« En faites, tout à l’heure je t’ai menti. Ton corps ne maitrise pas seulement le Tekkaï et le Kami-E, mais toutes les autres formes. Ton corps est capable d’utiliser toutes les techniques du rokushiki. Le seul problème, c’est l’esprit. Il a besoin d’être dans une situation extrême pour pouvoir acquérir leur utilisation … »
Et sans vraiment que je m’en rende compte, Raoul m’emmène dans une sorte d’arène. Elle est ovale et me fait penser à un colisée, là où les gladiateurs se battaient en duel. Des murs de six, sept mètres de hauteur l’entourent pour délimiter la zone de combat.
« Regarde derrière toi. »
Je me retourne et aperçois une grille. Je me demande ce qu’il peut bien y avoir à l’intérieur, mais mon petit doigt me dit que ce n’est pas quelque chose d’amical. Néanmoins, n’écoutant que mon courage, je décide d’aller voir. Je ne fais qu’une dizaine de pas et j’aperçois qu’un guépard tourne en rond. Et visiblement, il a faim.
« Geppou ! Je suppose que tu as compris. C’est ton entrainement pour le soru. Vis ou meurs. »
Une grille métallique se referme au-dessus de moi m’empêchant ainsi d’utiliser le Geppou. Même si je ne le connais pas encore. Il veut vraiment que je n’utilise que le soru. Mais contre un guépard, n’est-ce pas un peu trop tôt ? Pas le temps de se plaindre, la grille de ce dernier est en train de s’ouvrir. Seulement, ce n’est pas un, mais deux fauves qui en sortent et ils ont l’air plus qu’affamés.
En une fraction de seconde, ils se mettent à foncer à toute allure vers moi. Je me mets à courir, mais il me rattrape en un rien de temps. Après tout, ils ont une vitesse de pointe de 120km/h. L’un d’eux se jette sur moi et essaye de me mordre au niveau de la gorge. Si je ne fais rien, je vais finir par leur servir de casse-croute.
« Tekkaï »
Après tout, pourquoi courir ? Il me suffit juste de rester immob … AIE ! Les crocs ont transpercé mon tekkaï comment, est-ce possible ? Je me défais tant bien que mal du fauve et reprends ma course. Je ne comprends pas, je pensais le maitriser.
« J’ai oublié de te dire, mais ces guépards sont spéciaux. Ils peuvent utiliser le Haki sur leurs dents. Inutile d’utiliser le tekkaï ou le kami-E. Contente-toi de courir. »
Bien fait ! Ça m’apprendra à en vouloir faire qu’à ma tête. J’ai douté de mon senseï et j’ai été puni. Je vais donc l’écouter sans réfléchir et je me mets à courir. L’esprit est mon seul allié. Je pense donc à ma survie, à une sensation d’extrême vitesse. Mon corps sait, mais l’esprit n’est pas au courant.
Soudain, je les vois courir au ralenti comme s’ils étaient en train de marcher. J’arrête ma course et remarque que je suis passé derrière eux. Aurai-je utilisé le soru ? Je ne sais pas, mais il n’y a qu’un moyen de le savoir. Ils me cherchent et me trouvent bien vite. Une nouvelle fois, ils redonnent la charge. Je n’ai qu’à repenser la même chose que tout à l’heure. Je suis la lumière. Invisible et puissante. Ils ne sont plus qu’à quelques mètres de moi et bondissent.
« Soru ! »
En une fraction de seconde, je disparais et apparais à l’autre extrémité de la salle. Je le maitrise ! Tout à coup, un sifflet se fait retentir et les fauves retournent tout naturellement dans la cage, comme s’ils étaient dressés. Je me retourne vers Raoul, pour comprendre ce qu’il vient de se passer, mais il me fait signe de regarder le sol …
Posté Lun 11 Nov 2013 - 20:39 par Rai Zureksion
Je baisse alors mon regard et c’est avec stupéfaction que j’aperçois que le sol de l’arène est en faites deux plaques métalliques reliées entre elles. Le sol fait maintenant place au vide et à une chute libre de plusieurs mètres. Je tombe. L’attraction terrestre me semble pour la première fois vraiment dangereuse. Je sais que si je n’arrive pas à remonter, je vais m’aplatir comme une crêpe.
Les larmes me montent aux yeux et je me mets à pleurer. Ce n’est pas parce que je suis triste, mais à la vitesse de ma chute. L’air me pique les yeux et ces derniers sécrètent les larmes pour se protéger. Mon premier réflexe est d’agiter frénétiquement les bras. J’essaye d’imiter un oiseau qui bat ses ailes, mais ce n’est pas possible, j’ai juste l’air ridicule et le temps commence à m’être compté.
« Entrainement au Geppou. Plus bas, il y a des piques de métal. À tout de suite. »
J’espère qu’il n’a pas vu ma piètre performance de tout à l’heure. C’est donc l’entrainement au Geppou ? Je sais ce qu’il faut faire. Je dois bondir sur l'air, donnant l'impression de voler. Pour ce faire, je dois frapper plusieurs fois dans le vide, à très grande vitesse de façon à durcir l'air, ce qui va augmenter se densité. Une fois fait, je vais pouvoir marcher sur l'air !
Mon corps sait comment faire, seul mon esprit doit en être capable. Je me mets à frapper frénétiquement l’air comme ce que j’ai pu lire dans la théorie, mais rien n’y fait. Je continue de tomber. Alors, j’essaye d’imaginer l’oiseau qui vole et je me mets à frapper une nouvelle fois. Mais ça ne marche pas. Les piques se rapprochent de plus en plus de moi, ou plutôt, je me rapproche de plus en plus d’elles. Quoi qu’il en soit, moi + les piques = pas bon ménage.
Je dois vite libérer mon esprit. Je ne peux pas mourir ici après avoir appris à maitriser trois des six techniques. Je dois marcher, je vais marcher sur l’air ! Et soudain, le miracle s’accomplit. L’air semble s’être durci. Je jette un coup d’œil et remarque que j’ai réussi juste à temps. Les pointes n’étaient plus qu’à une dizaine de centimètres. Il ne me reste plus qu’à remonter.
« Geppou ! »
Je remonte au niveau de l’arène, mais je suis épuisé. Mon corps sait le maitriser, mais il a des limites. Je dois garder en tête que c’est la combinaison du corps et de l’esprit qui rend cet art ultime, un corps faible et un esprit fort où l’inverse ne fonctionnera jamais à la perfection. Dans mon cas, je n’ai aucun des deux. Mais j’apprends vite …
« Bien. Finissons ton apprentissage avec les deux dernières techniques manquantes. Je vois en toi un énorme potentiel. Tu me fais un peu penser à Rossignol … »
Rossignol ? Parle-t-il de ce traitre ? Cet homme qui s’est détourné de la justice pour aller répandre l’anarchie à travers les blues ? Si c’est le cas, je suis à la fois flatté et vexé. Je n’ai rien à voir avec cet individu.
« Je ne suis pas un traitre. Et lorsque je serai devenu assez fort, je le chasserai ! »
« Ahahah, pour l’instant suis-moi. On va finir ton entrainement … »