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♪ Nettoyer, Astiquer, s'maraver.... ♫


La nuit était tombée sur la mer. Un bateau pirate mouillait au Cap des jumeaux. Il patientait avant d'attaquer la redoutable route de Grand Line. 
Le passage de Reverse Mountain, qui avait eu lieu à peine quelques heures auparavant, aurait pu être pire. Il fut néanmoins mouvementé. Les membres de l'équipage avaient besoin d'une petite halte ; le bateau aussi. L'atterrissage suite à la chute d'eau brutale et le rattrapage in extremis du charpentier n'étaient pas sans conséquence. Des réparations devaient être faites pour éviter des déboires futurs. Axel avait déjà commencé les travaux, une fois remis de ses émotions. 
Pendant très longtemps, le Capitaine, Seido D. Noroma, avait pensé ne jamais pouvoir quitter les premières mers de ce monde. Son équipage avait rétréci au lavage. Heureusement, malgré les événements mouvementés qui y avaient eu lieu, l'île de Zaun s'était révélée être une excellente étape. Elle avait permis au petit groupe de s'étoffer, retrouvant un charpentier et un navigateur qu'ils n'avaient plus en posant le pied sur ces terres hostiles. 
Alors que les étoiles brillaient et qu'un air étonnamment chaud pour la saison berçait le navire encore calme, quelque chose vint briser cette sérénité. Les pirates étaient bien réveillés. Avec la fatigue de cette journée, ils auraient dû se prélasser sur leur couche. Pourtant, ils se dirigeaient les uns derrière les autres, à quelques secondes d'écart, vers la salle à manger. Il ne manquait plus que les torches et les manteaux à capuche pour croire à un rendez-vous de comploteurs. 
 
Certains arrivèrent dans la pièce avec beaucoup de discrétion, sans qu'on puisse remarquer leur présence. Le Capitaine, tout d'abord, qui savait se cacher et agir sans être repéré. La Cuisinière, qui marchait avec la grâce d'un chat et parvenait à se faufiler en silence. Quant au Forgeron, il était arrivé à toute vitesse, suffisamment prestement pour ne pas être vu. 
D'autres agissaient d'une manière moins conventionnelle. Le Charpentier, par exemple, ne cherchait pas à se dissimuler, et paraissait tellement naturel qu'on n'y attachait pas d'importance. 
Il existait une dernière catégorie : ceux qui n'avaient rien compris aux notions de discrétion, qui réveilleraient même un ours en pleine hibernation. Lorsque la Canonnière pénétra dans l'antre obscure, juste éclairée par une bougie, elle s'exclama d'une voix joyeuse et tonitruante.

- Hey !!! C'est pas un peu sombre ici ? On ferait mieux d'allumer le chandelier, non ?

Et au reste de l'équipage de lui répondre, l'index collé sur sa bouche, les sourcils froncés, l'air désapprobateur...

- CHUUUUUUUUUUUUUUUUT !

- Je vous signale que vous faites encore plus de bruit que moi, maintenant.

***

Les cinq pirates s'installèrent autour d'une petite table ronde, qu'on utilisait plus pour jouer aux dés ou aux cartes que pour manger. Le Capitaine posa la bougie à cet endroit, éclairant les autres personnes en présence d'une lueur fantomatique. Seido attendit quelques instants avant de déclarer la séance ouverte.

- Tout le monde est là, je commence.

Non, tout le monde n'était pas là ; mais s'il manquait quelqu'un à l'appel, c'était normal. On allait justement parler de ce "cas".
Le nouveau navigateur n'avait rien à voir avec son prédécesseur, Edward W. Flower. Ils étaient même diamétralement opposés. Edward était une personne ouverte, tournée vers l'extérieur, ne craignant pas de se salir les mains. En tant que fleuriste, il offrait souvent des herbes aromatiques à Elinor, cultivait des plantes utiles pour les médicaments de Seido. Une joie communicative. Et puis, il savait se battre, avec des techniques singulières. C'était assez fascinant de le voir en action.
Stefan... ne sortait pas beaucoup. Il passait de sa chambre/bibliothèque à la salle de bain, de la salle de bain à la barre, de la barre à sa chambre. Il ne vivait en communauté que pour manger, ou poursuivre les moindres salissures avec son arme personnelle ; un balai télescopique qu'il emmenait partout avec lui. 
A la base, c'était un petit bâton des plus ordinaires. Il suffisait qu'il donne un petit coup de poignet pour que l'objet se développe sous une forme allongée ; un bâton de sa taille, avec lequel on pouvait combattre. Enfin, si l'on maîtrisait le style martial approprié. Quand ils découvrirent l'objet la première fois, les deux inventeurs en titre du navire avaient admiré l'ingéniosité du système, typique de Zaun. Une arme que l'on pouvait cacher discrètement et avoir toujours sur soi. Avec enthousiasme, Seido et Axel réclamèrent une démonstration de Bozendo. Ils déchantèrent vite devant l'air hautain de l’intéressé, qui appuya sur un petit bouton secret, dévoilant la nappe souple et végétale d'un balai.

Il était temps que le jeune homme comprenne certaines choses, qu'il semblait avoir du mal à assimiler. Il était à présent un pirate ; et à ce titre, ne pouvait se permettre d'être vulnérable. Tout le monde était passé par l'étape de l'entrainement (Elinor s'en souvenait toujours avec nostalgie et tristesse). Il ne pouvait pas rester enfermé, sans communiquer avec les autres. Certes, il deviendrait à terme un excellent navigateur ; ses connaissances leur avaient permis de bien progresser et d'affronter Reverse Mountain sans trop de dégâts. Il débutait encore à tenir la barre, pourtant. Affronter Grand Line ne l'effrayait pas beaucoup, il disait qu'il savait tout ce qu'il y avait à savoir sur le sujet.
Mais si les Desperados devaient combattre sérieusement, contre d'autres pirates, un monstre marin, voire la Marine, il serait dans l'incapacité de répliquer, faisant de lui une cible facile.

La question avait été posée : devait-on se débarrasser de lui ? Bien sûr que non. Car outre ses connaissances et ses compétences, il assurait le ménage du bâtiment. Il fallait juste lui apprendre à s'adapter à cette nouvelle situation, et accepter de travailler en équipe. Et pour cela, rien n'était plus formateur que l'entrainement. 
Ils s'accordaient un peu de temps avant de reprendre leur voyage ; autant en profiter maintenant, avant que les choses ne se corsent. 

A ces mots, les comploteurs marquèrent une pause avant de reprendre leur discussion sous cape. L’entraîner, fort bien. Mais qui ? Ce fut d'abord par élimination qu'on procéda. Elinor fit la première à prendre la parole.

- Je serai ravie de m'en occuper, sachant que je suis celle qui l'approche le mieux. Malgré ma tâche de cuisinière, je parviens toujours à rester correcte. Malheureusement, j'ai moi-même la nécessité de progresser. Je maîtrise sans trop de problèmes mon fruit du démon, à présent, mais je veux vraiment développer mes capacités. Je ne veux plus me défendre ; je veux attaquer. Je ne veux pas être un poids comme je l'ai été à Zaun ou à la prison. Vu que Wohr...  (elle avala sa salive) n'est plus parmi nous, Seido, tu es le plus à même de m'aider à cela.

Le Capitaine acquiesça avec un sourire, déclarant qu'il était d'accord. Elinor était exclue du rôle d'entraineur. Elphys fut la seconde à réagir.

- Euh, idem qu'Elinor. Non parce que déjà ben... Faudrait voir son domaine déjà, comment il peut se défendre... Et je ne crois pas que ce soit avec des canons. Vu la tronche qu'il tire quand je manipule la poudre...Et puis il m'évite comme la peste, je n'ai pas vraiment pu lui parler. Je ne comprends pas pourquoi.

"Je ne comprends pas pourquoi", disait cette personne qui avait le visage noir de suie à l'instant où elle articulait ces mots.
En bref, aucune des deux filles n'était légitime pour cela. Restaient les trois hommes. Seido était l'un des meilleurs combattants du navire. Homme orchestre, il maniait aussi bien l'épée que le pistolet, savait forcément se battre à main nue.
Il était suivi de près par le petit nouveau, Axel, qui se révélait d'une efficacité extraordinaire, au style dément et inimitable.
Gin, enfin, n'était pas à négliger. Il était un excellent sabreur, avait la force et l'expérience.  Tous les trois avaient la capacité de remplir ce devoir peu attrayant. D'ailleurs, personne ne se précipita pour se porter volontaire. Tous conservaient le silence, se regardant en chiens de faïence.

- Vous allez vous décider, oui ?

Non, aucune réponse. On sentait une certaine pesanteur s'installer dans la salle commune. Elinor poussa un soupir, elle ne comprenait pas ce comportement face au navigateur...Enfin, si, elle ne le comprenait que trop, mais ce n'était pas ainsi qu'il fallait procéder pour avancer. Lassée par ce mutisme, elle lâcha une solution certes très arbitraire, mais qui avait pour mérite de décoincer la situation.

- Faites çà à Pierre, Papier, Ciseaux....



Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 4 Déc 2013 - 20:08, édité 17 fois
    Au moment où Elinor proposa cette alternative rudimentaire, gamine mais on ne pouvait plus impartiale, les trois pirates mâles préparèrent alors leurs poings derrière leur dos. Ils se fixaient du regard, les yeux se lançant des éclairs, n'exprimant qu'une seule et unique volonté : "Et non, c'est pas moi qui vais m'y coller..."


    En réalité, être un coach ne les gênaient pas vraiment, aucun des trois : Seido se sentait comme le papa des Desperados, Gin adorait bouger partout, sans arrêt et Axel... Bah Axel aimait maraver les gens. Bon professeur, sûrement pas... Mais la méthode était efficace. Après tout, lui, il avait appris à se battre comme ça, grâce à Anders avant tout. Et c'était comme ça que papi Giriko il s'y prenait : à la dure, et pas autrement. Le p'tit Axel allait pas en cours ? Une tarte. Le p'tit Axel avait fait une connerie ? Une tarte. Le p'tit Axel avait évité la tarte ? Une tarte. Y avait pas plus simple comme système.

    Alors Axel, bah vu que papi Giriko était un putain de cyborg lui aussi (d'ailleurs, l'auteur en question des bras mécanisés de son petit-fils, c'est vous dire s'il connaissait l'engin), les tartes ça faisait mal. TRÈS mal. Alors la peau du mini-punk se durcissait. Ensuite, vu que ça faisait toujours mal, bah le mini-punk devenait plus réactif, pour pouvoir éviter les baffes. Et puis, vu que papi Giriko, bah, il rattrapait toujours Axel, le mini-punk devenait plus malin, plus adroit et plus doué pour l'attaque. Sauf que papi Giriko c'était un trèèès grand bonhomme. Alors il sentait pas les coups du petit. En réponse, bah il foutait une tarte. Se référer à l'étape 1.

    Ce cycle de la jeunesse du garçon continua durant son adolescence trouble (bah oui, quand tu apprenais avec Anders, les petits gamins au coin du quartier, ils te faisaient plus peur du tout...) et les chamailleries avec son aïeul cessèrent d'être physiques, car sinon trop violentes. Il apprit la discipline (enfin, plutôt le "respect") et le boulot de charpentier complétait son entraînement quotidien. C'était comme ça qu'il avait appris Axel. Et Stefan serait littéralement traumatisé s'il devait apprendre de la sorte.




    "CHI - FU - MI !"

    Malheureusement, quand le résultat du tirage au sort se fit, Axel avait la main ouverte à plat alors que ses deux compatriotes avaient seulement l'index et le majeur bien pointés. Bref, Axel avait perdu, et sa poisse continuait d'être légendaire. Fuck Murphy.

    Le punk releva les yeux, le visage décomposé, totalement dérouté le pauvre vieux, devant les sourires sardoniques et moqueurs de Gin et Seido. Oui, même Seido, derrière son manteau. Il ne vit plus un capitaine devant lui, non. Ce gars, c'était pas le même que sur Zaun. Quelques mois avaient passé depuis, et les Desperados s'étaient rapprochés (sauf Stefan, évidemment...). Ce n'était pas un capitaine, poli et respectable, à ce moment, non. C'était un frère d'armes qui se moquait ouvertement de l'un de ses camarades, sans gêne, sans vergogne. En tout cas, le jeune Giriko le vit comme ça, et aucun Desperado n'allait le contredire sur ce point.

    "WHHHAAT ??? IL N'EN EST PAS QUESTION !"

    Axel se leva et fracassa ses poings sur la table, tout en criant d'indignation. Il se rassit après s'être pris une baffe monumentale et groupée du reste de l'équipage. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il se rappela qu'il ne fallait pas faire de bruit. Damn it... Et pendant les prochaines minutes, il tenta de se défendre, d'argumenter du mieux qu'il pouvait afin d'éviter cette tâche qui lui incombait désormais, et qu'il craignait déjà. Il sortit l'argument du "Je suis pas doué pour ça", "C'est pas pour ça que j'ai signé", "Je vais vous le fracasser votre navigateur, et vous allez pas être contents...". Et oui, même il employa même la menace. Mais tout ce qu'il eut en retour, c'est un "Le jeu, c'est le jeu, Axel" et un ultimatum qui le condamnait à nettoyer les toilettes, le pont, la vaisselle, les canons et les voiles (franchement, quel pirate nettoyait ses voiles ?... Bon, Stefan, bien sûr, mais à part lui ?) s'il ne servait pas de coach à Mr.Propre. Après quinze minutes de débats insensés, durant lequel chaque Desperado enfonçait le charpentier avec un sourire malsain au coin des lèvres, Axel dut se résigner, enfin, à accepter ce fardeau. Mais il put néanmoins imposer une condition.

    "D'accord, d'accord, je m'y colle, je m'y colle. Mais seulement si on le fait à ma façon."

    Et à ce moment, à la lumière faiblarde des chandelles qui éclairait la sombre cuisine, il exprima son plan à l'équipage.


    ----------------------


    Le lendemain, la porte de la chambre du navigateur s'ouvrit, et Stefan en sortit, et se rapprocha de la barre afin d'effectuer, comme chaque jour, un rituel propre à lui : vérifier le cap du Marvel Genbu, le modifier si nécessaire, tenter de deviner le temps qu'il allait faire, et vérifier si le pont et la barre étaient propres. Il avait son balai sur lui, car de toute façon, le pont n'était jamais propre. La barre non plus. Bah oui, c'était un navire pirate, pas un nuage immaculé de Skypiea. Quoique même les nuages de Skypiea n'étaient pas suffisamment propres pour lui.

    Ceci dit, ce jour-ci se passa différemment : en effet, peu après que le navigateur put sortir de son antre, la porte se referma derrière lui, toute seule. Stefan se retourna et vit Axel, les bras et les jambes croisés, adossé à la sus-dite porte. Le punk lançait un regard agressif, méchant, sérieux, la tête légèrement penchée sur la droite, le sourcil gauche relevé. Mais Stefan n'y prêta pas attention. Il se dit que le charpentier s'était levé du mauvais pied, s'il en avait un de bon déjà... (Bah oui, Stefan n'était pas fan d'Axel non plus... Trop bordélique, le cyborg) et retourna à ses occupations. Il se pencha sur le pont, passa son doigt dessus et, voyant que le pont n'était en effet pas propre du tout, il grimaça et sortit son bâton favori.

    Cependant, avant même qu'il puisse appuyer sur le bouton pour le transformer en balai, il entendit un énorme "Splash" venant de derrière lui. Axel s'était approché et avait renversé du pied un seau d'eau sale qui traînait par là. Remarquant le regard encore un peu plus médusé de Stefan, Axel envoya son menton en avant et interpella le navigateur :

    "Qu'est-ce qu'y a, Princesse ? J'ai fait une connerie ?"

    Et Stefan se plongea dans un mutisme, effrayé par l'acte abominable de son "compatriote". Mais Axel n'allait pas s'arrêter là. Alors que Stefan s'empressait de vouloir tout nettoyer, Axel prit une pomme de sa poche et la porta à sa bouche, sans la nettoyer bien sûr. Il croqua un bout dedans, le mâcha bruyamment, la bouche ouverte, et avala le tout. Il cracha ensuite sur le pont du Genbu, et jeta la pomme en question dans un coin du navire. Tout ce petit manège allait faire son effet, le punk en était sûr. Tellement sûr de ce fait qu'il continua, sans même attendre la réaction de Stefan.


    Il porta encore une fois sa main droite à sa bouche pour se ronger les ongles, avec dédain et mépris. Il cracha les rognures d'ongles sur le pont du Marvel Genbu, et refit son manège plusieurs fois. Et quand il sut que c'était le moment où Stefan allait vraiment commencer à péter un câble, il prit dans sa poche des billes de petite taille : des bombinettes artisanales, que lui avait donné Elphys, explosant au contact. A ce moment, il lança une de ces petites merveilles sur Stefan, qui explosèrent aussitôt qu'elle touchèrent le visage du pirate métrosexuel, et qui libérèrent un nuage de talc et de poudre, salissant de façon conséquente le Zaunien.

    Sans même prendre le temps d'observer la réaction de son cobaye, il en balança une seconde. Soudain, Axel s'exclama alors :

    "Hé bé quoi, on dirait que je te pose problème ?"

    Ensuite, le punk jeta une troisième bombinette de talc. Il prit une quatrième bille en main, et joua avec, se préparant à la lancer. Il continua son discours provocateur.

    "Si c'est le cas, alors viens m'en empêcher, Princesse !"

    Il lança alors la quatrième bille en question. A ce moment, le punk laissa se dessiner sur son visage un sourire, ce sourire qui allait bientôt se transformer en démence pure. Cette démence qui précédait chaque combat. Qui précédait chacun des mini-instants d'extase que lui procurait la sensation de combattre. Stefan était à bout, et il allait pas tarder à se ruer sur le charpentier. Axel se permit alors une simple pensée, en réponse à cette idée.


    *This is gonna be fun !*


    Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mer 4 Déc 2013 - 21:19, édité 2 fois
    • https://www.onepiece-requiem.net/t9308-timbeeeeeeeeer-fiche-d-axe
    • https://www.onepiece-requiem.net/t9281-axel-chainsaw-giriko

    Spoiler:
    Tandis que, comme tous les matins, Stefan se préparait dans sa chambre avant de rejoindre la barre, de multiples pensées l'assaillaient concernant sa nouvelle existence. Jusqu'à présent, il n'avait pas voulu se mêler trop à l'équipage, car il éprouvait beaucoup de difficultés à quitter l'environnement sain dans lequel il avait vécu pendant presque cinq ans. Il n'était pas très communicatif, il le reconnaissait. L'équipage était pourtant sympathique, bien que dérangé, mis à part le Capitaine qui semblait à peu près normal. Seulement, passer d'une exclusion presque totale du monde à la vie en communauté, avec des éléments hygiéniques qu'il ne maîtrisait pas, c'était difficile. Ne souhaitant pas se dévoiler non plus outre mesure auprès de ses camarades, il était resté froid et distant. Avec le temps, il savait que cela irait mieux et qu'il sortirait de son isolement. Il avait déjà fait des progrès. Toutefois, ce qu'il s'était passé cette nuit l'interrogeait sérieusement.
    Il savait qu'une réunion extraordinaire s'était tenue pendant la nuit ; réunion à laquelle il n'avait pas été convié. Force était de reconnaître que pour une réunion dite secrète, certains manquaient vraiment de discrétion. Elphys aurait pu crier sur les toits :"y a une réunion mais tu n'es pas invité", cela aurait été pareil. Ainsi donc, ils avaient parlé de lui. A quel sujet ? Ce n'était pas difficile à deviner. Il comprenait fort bien le problème avec lui. Sa mise à l'écart, son dédain factice, sa focalisation sur la propreté. Remettaient-ils en cause sa présence dans l'équipage ? C'était de bonne guerre, mais après tout, ce n'était pas pour devenir pirate qu'il avait embarqué : on lui avait assuré une protection contre les criminels de Zaun...
    Bref, ce matin, il savait qu'il allait entendre parler des décisions qui avaient été prises à la lueur d'une chandelle, et ce fut avec appréhension qu'il passa le seuil de sa porte. Il n'eut pas à attendre longtemps, cependant. La porte se ferma juste derrière lui, dévoilant un membre de l'équipage qui n'était pas des plus commodes. Quant au sort que celui-ci lui réservait, le jeune Zaunien avait tout imaginé, sauf ce scénario-là.
    ***
    Le navigateur n'en pouvait plus. Outre le fait qu'il était presque en état de catatonie, il se demandait ce qu'il avait fait pour mériter ça. Dire que sa sœur Linette l'avait poussé à suivre les Desperados pour éviter les représailles des sbires de Giant, et qu'il se retrouvait à présent en compagnie de personnes encore plus cruelles.
    Cela avait déjà commencé en fanfare. L'eau sale, la pomme, le crachat, les ongles. De quoi devenir fou, surtout que le géographe n'avait même pas le temps de nettoyer. Axel ne lui laissait aucune opportunité. 
    Mais cela n'avait pas été suffisant. Il y avait pire que la saleté autour de soi. La saleté sur soi. Quatre fois, il avait été touché par des espèces d'explosifs, et recouvert de poudre blanche (talc, farine...autre chose ?). Sous le choc, il laissa tomber son balai. Il tremblait des pieds à la tête, envahi d'une terreur sans nom. Il fallait qu'il se nettoie, vite, très vite. Il commençait déjà à s'épousseter avant de se gratter la peau jusqu'au sang. Et de prendre la fuite, direction la salle de bain, vite, très vite. Il s'enferma à double tour, enleva ses vêtements, vite, très vite. Il se glissa sous l'eau tiède de la douche, le corps pris de convulsions nerveuses violentes, tandis qu'il se recroquevillait sur lui-même en attendant que le liquide bienfaiteur chasse les impuretés. 
    Lorsqu'il fut suffisamment propre pour se remettre à réfléchir sans pensées parasites, il fit comme il faisait dans tous les cas de crise : analyser la situation. Pourquoi Axel faisait-il ça ? D'accord, ils n'étaient pas de grands amis, mais ils ne se haïssaient pas, quand même...A moins que le comportement de Stefan fasse écho chez le charpentier jusqu'à lui vouloir du mal. Mais non, ce n'était pas cela. La réunion d'hier... Axel était en mission commandée de la part de l'équipage. Dans quel but ? L'obliger à sortir ? Le chasser du bateau (pas très judicieux au moment d'affronter Grand Line, cela dit) ? Il ne saurait qu'en posant la question, mais ce n'était pas le moment.
    Alors que sa peur disparaissait au fond de la douche, une lourde colère prit le relai. Le jeune homme n'était pas quelqu'un de particulièrement violent. Pour autant, il n'était pas non plus un pacifiste, et n'avait aucune intention de se laisser faire, contrairement à ce que l'insulte de "princesse" le laissait présager. Peut-être qu'effectivement, il avait donné l'impression d'être fragile et faible, à cause de son enlèvement et de son évanouissement dans l'entrepôt.
    Il n'avait pas une très grande force physique en comparaison des trois autres hommes de l'équipage, qui étaient entraînés au combat. Pour autant, Stefan n'était pas une femmelette, et s'il avait la capacité de frapper quelqu'un sans se salir, il pouvait distribuer de bons coups de poing. L'un des sbires de Giant s'en souvenait encore lorsqu'il avait essayé de lui mettre la première fois la capuche sur la tête.
    Il était donc temps de songer à une stratégie.
    ***
    Quand il sortit enfin de sa cachette, Stefan s'était changé. Il ne portait pas sa tenue habituelle. Juste une chemise et un pantalon noir, les cheveux attachés par un ruban noir. Il était chargé de deux baquets lorsqu'il débarqua sur le pont, où Axel attendait en sifflotant, persuadé qu'il avait fui comme un lâche. Le charpentier regardait l'horizon et tournait le dos au pont. Il ne devait pas trouver le navigateur dangereux pour s'exposer ainsi.
    - Hey, connard ! La Princesse a un mot à te dire !
    Surpris par le ton, mais surtout par le vocabulaire châtié du jeune homme, contrastant avec sa distinction et son éducation habituelles, Axel fit volte-face avant de recevoir un savon sur le front.
    - Cela, c'est ce qu'on appelle se prendre un savon. Au sens "propre" du terme.
    Le savon en question était de couleur brune, légèrement humidifié, qui tomba au niveau des yeux du cyborg. Ce n'était pas un produit qu'on utilisait pour se laver le corps. Il s'agissait de savon noir, qui se désagrégeait plus vite, qui glissait affreusement, et qui menaçait de brouiller la vue de sa victime sous peu s'il ne réagissait pas.
    Profitant de la seconde d'inattention d'Axel, Stefan s'élança en courant vers le provocateur, à une vitesse assez impressionnante qu'on ne lui soupçonnerait pas. A 1 mètre de l'impact, il murmura, assez fort toutefois pour être entendu...
    - Metallium !
    Et tandis qu'Axel lui jeta un regard médusé, le jeune homme le frappa à la mâchoire.
    Stratégie n°1 : L'effet de surprise




    Dernière édition par Elinor Lafayette le Jeu 5 Déc 2013 - 8:32, édité 16 fois
      Pour être surpris, Axel l'était. C'était même un euphémisme. Il n'avait jamais imaginé Stefan capable d'agir de la sorte, avec tant de fierté et d'agressivité.

      Le plan avait fonctionné du début à la fin. Provoquer Stefan, jusqu'à ses derniers retranchements, et le pousser à attaquer. Le punk avait même failli être déçu quand Stefan s'était retiré. Il avait cru un instant qu'il ne reviendrait pas. Ceci dit, il savait que le navigateur était loin d'être stupide. Preuve en était qu'il s'agissait d'un navigateur, après tout, donc capable d'assimiler les informations quant à sa position, et de les traiter afin de manœuvrer correctement vers la destination choisie. Bref, son "élève" loin d'être idiot, ce dernier avait dû se douter que quelque chose n'allait pas. Le plan était grotesque, et ainsi, loin de pouvoir être vu comme autre chose qu'un plan. Mais c'était précisément le point. L'incompréhension, l'exploitation des phobies, la persécution : Stefan allait péter un câble, et il fallait juste attendre que l'effet se produise.



      Axel, lui, n'avait pas pu éviter ni le savon, ni le coup à la mâchoire. Ce n'était pas qu'il n'avait pas voulu, c'était juste qu'il n'avait pas pu. Stefan avait bien utilisé l'effet de surprise, de par sa personnalité et de son vocabulaire soudain changeants, et une prise d'avantage de la situation. Mais il oubliait un point important : c'était Axel qui était en face, soit une masse d'une centaine de kilos mécha-humaine, qui pouvait encaisser des coups comme celui-ci.

      Le menton en arrière, poussé par le coup, le jeune Giriko prononça quelques mots, sachant que Stefan était à peu près au courant de ce qui se passait.

      "Leçon numéro un..."

      Et à ce moment, le punk mit son pied droit en arrière, afin de se redresser et envoya une mandale droite vers la tête du navigateur. S'ensuivirent alors un coup de poing gauche au niveau de l'abdomen et un coup de genou droit qui le succéda. Le jeune Giriko finit l'enchaînement en agrippant le cou de Stefan à l'aide de sa main droite, et envoya ce dernier à l'autre bout du pont.

      "Ne baisse jamais ta garde. Surtout après un coup."



      Première erreur de Stefan. Il avait réduit la distance entre lui et Axel, sans laisser d'ouvertures pour s'échapper ou pour continuer à frapper. Une mise en danger inutile si la réaction ne suivait pas. De plus, Axel se servant de ses poings comme principale arme, le corps-à-corps, c'était sa tasse de thé. Cette distance rompue avait permis au charpentier de placer un enchaînement rapide et, vu la différence de gabarit des deux hommes, ça allait faire mal. Le charpentier se tourna alors en face de son projectile, qui avait atterri depuis, et prit sa propre mâchoire cyborgesque dans sa main droite.

      Oh, Stefan avait bien frappé en tout cas. D'ailleurs, si Axel n'avait pas eu la carrure qu'il avait, ce coup bien placé aurait certainement pu le mettre à terre, sonné pour quelques secondes. Étonnant d'ailleurs de la part d'un mec qui n'était jamais sorti de Zaun, et qui n'avait pas l'habitude d'être agressif. Le punk se redressa alors et se mit en garde, le pied droit un peu en avant, les jambes légèrement fléchies, les mains ouvertes, levées au niveau du cou.

      Ce qui était troublant pour le jeune Giriko... c'était qu'il s'amusait déjà. Il avait franchement du mal à s'empêcher de sourire. Le coup bien placé qu'il avait reçu, l'enchaînement qu'il avait pu placer, l'adrénaline qui montait petit-à-petit dans les corps des deux combattants... C'était déjà jouissif. Ça lui faisait le même effet qu'un amuse-gueule de luxe : c'était délicieux, et surtout ça promettait un repas somptueux. Il entendit même une petite voix à l'arrière de sa nuque, cette petite voix qui était de plus en plus présente depuis qu'il avait quitté Bliss. Cette petite voix qui avait brisé la nuque de Giant, et qui maintenant prenait en compte le coup qu'avait donné Stefan. Cette petite voix, assoiffée de sang, qui était à cet instant toute petite, mais qui n'allait pas tarder à grandir. Cette petite voix ridicule, qui ne disait qu'une chose.

      *Tue-le.*



      Axel reprit rapidement ses esprits. Ce n'était qu'un entraînement. Ce n'était qu'un entraînement... Il savait qu'il comptait y aller mollo. Il se l'était promis. Ça n'allait pas déborder d'aucune sorte, non. Il allait juste rester professeur. C'était tout. Stefan n'allait pas vouloir le tuer, il n'avait pas à tuer Stefan.

      L'auto-persuasion était ce qui tournait le plus dans la tête du punk en ce moment. Axel n'était pas à deux doigts de la folie, non, pas encore. Il sentait juste que le mur qui le séparait d'elle s'amincissait petit à petit. Il était encore sain d'esprit, capable de maîtriser ce combat, sans pour autant arracher violemment la tête de Stefan de son corps. Mais il avait peur que cet état d'esprit, cette sérénité, cette raison tout simplement ne lui fassent défaut dans les combats à venir, sur Grand Line. C'est pour cela qu'il avait lui aussi besoin de cet entraînement.


      Le jeune Giriko se redressa alors, faisant totalement face à son adversaire, les poings serrés. Fixant son élève qui se remettait des chocs, il l'interpella à nouveau.

      "Leçon numéro deux : toujours déterminé à frapper. Si tu frappes c'est pour mettre l'autre K.O, avant que lui ne te mette K.O. N'hésite jamais, à aucun moment. Parce que si toi, tu hésites..."

      Suite à ce morceau de phrase, le punk avança brutalement le pied gauche et balança son bras droit dans un mouvement circulaire, vers l'avant, tout en libérant sa chaîne. Il n'allait pas se rapprocher, juste tirer profit de la distance et voir ce que Stefan allait faire, comment il allait réagir face à cette chaîne d'acier qui voulait le balayer. Si jamais l'élève se rapprochait, Axel avait déjà son poing gauche serré, prêt à lui mettre un direct droit dans la mâchoire. Il finit alors sa phrase.

      "... ton adversaire n'hésitera pas."


      Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mer 4 Déc 2013 - 21:21, édité 2 fois
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      Bonne stratégie de départ : le bluff avait porté ses fruits. Les insultes, le metallium, et surtout la rapidité accrue de Stefan sur ce coup de poing. Le navigateur avait tout prévu ; il avait mis du savon sous ses chaussures et avait utilisé l'eau renversée par Axel, tout à l'heure, pour glisser. Comme il n'était pas une personne maladroite, il avait utilisé à bon escient l'effet savon-eau pour porter son coup. Certes, l'eau était sale, mais vu qu'il avait du savon sur les chaussures, cela le protégeait des impuretés (c'est beau d'être naïf).
      Seulement, il savait à quoi il s'exposait et Axel ne le rata pas. Les premiers coups qu'il prit furent particulièrement douloureux, avant de sentir la poigne du cyborg autour de son cou. Et de faire un beau vol plané. Stefan eut le souffle coupé et mit quelques secondes à récupérer, abruti par ce qu'il venait de prendre. Il n'avait pas ressenti autant de souffrance depuis.... Le navigateur se secoua, pas question de penser à ça maintenant.

      L'incident de ce matin-là n'était pas une dispute, un désaccord avec l'équipage ou un licenciement musclé. Ce n'était pas un règlement de compte, ou un combat gratuit. Pour ce dernier point, l'adversaire d'Axel serait plutôt mal choisi, il n'en aurait pas pour son argent. Non, cette comédie n'avait qu'un seul but. Et cela redoublait la colère du jeune homme. Contre les autres habitants de ce navire, mais pas seulement.

      Depuis qu'il avait mis les pieds sur ce bateau, il avait volontairement pris le parti de s'éloigner et d'établir une sorte de barrière invisible. Il avait ses raisons, et elles étaient peut-être mauvaises. Sûrement, même. Mais pouvaient-ils comprendre, eux, pirates, ce que lui pouvait ressentir face à son handicap ? Pourquoi n'étaient-ils pas venus lui parler, tout simplement, plutôt que d'utiliser cette méthode malhonnête (en même temps, ils étaient pirates, on ne pouvait pas attendre grand chose de ces êtres sans scrupules) ? Quoiqu'il en soit, Stefan avait contribué à se donner une mauvaise image. Et il était en colère contre lui-même. Alors, si on le forçait à s'entraîner en lui envoyant le taré de service (le plus taré de service), il allait prouver aux Desperados que leur navigateur pouvait se faire défoncer la figure en restant fier et sans se terrer comme un animal apeuré. Oui, il avait peur de la saleté, mais il n'était pas un trouillard.

      Seulement, pour cela, il fallait pouvoir se lever sur ses jambes. Ce qui se révélait difficile à ce moment précis. Il devait faire vite, car il trouvait déjà étrange le répit qu'on lui accordait.  Il jeta un vif coup d’œil à son entraîneur : il semblait perdu dans des pensées et elles ne semblaient pas réjouissantes pour autrui. Axel se rendait-il compte que son visage trahissait son état d'esprit, et que ce n'était pas brillant ? Il ne manquerait pas d'évoquer ce sujet avec le cyborg, un de ces quatre. 

      Une sensation désagréable extirpa Stefan de son observation. Ses globes oculaires pivotèrent avec appréhension vers sa main droite. Il avait posé sa paume sur un peu de terre qui avait été abandonnée là par une semelle de chaussure. Il afficha une grimace de dégoût et sentit l'urgence de se laver, avant que Giriko n'ait l'opportunité de l'assommer.
      Ignorant alors le bruit de craquement provenant de sa hanche droite, le jeune géographe releva son genou droit, les orteils légèrement relevés pour donner l'impulsion nécessaire à éviter le prochain coup qui le menaçait. Une attaque peu sympathique, car pouvant être effectuée à distance. De plus, si les chaines...Rah, baste soit de la réflexion ! Son pantalon avait une tache blanchâtre au niveau du genou !

      Il entreprit de se précipiter vers un des deux baquets qu'il avait amené au début du combat (évitant par là l'offensive d'Axel, mais ce n'était que pur hasard, cette fois-ci). Il trempa ses mains dans le liquide, profita d'avoir les mains propres pour enfiler des gants doublés (il regretta de n'avoir pu les mettre avant pour éviter la terre, mais cela aurait mis à mal son plan), récupéra au passage le balai qu'il avait judicieusement caché avec les seaux, et lui redonna sa forme courte. Il évita une nouvelle chaîne du cyborg, de justesse, en se plaquant au sol. Pas totalement au sol, en vérité, il se maintenait à quelques millimètres de hauteur. La situation n'était pas dangereuse au point de se barbouiller.
      Il redressa son dos, frotta la tache qui partit enfin. Ça y est, Stefan était prêt à une contre-offensive.

      Il s'empara du second seau, qu'il n'avait pas touché jusqu'à présent. Tenant bien l’anse entre ses doigts, il se mit à tournoyer sur lui-même. La force centrifuge s'occupa du reste, de sorte qu'il ne répandit rien à terre. Il calcula son angle de tir et son timing ; lâcha au moment opportun, afin qu'Axel soit arrosé d'une eau bouillante ; la température qu'on use pour désinfecter.

      Stratégie n°1 : l'effet de surprise.
      Stratégie n°2 : la diversion. Depuis le départ, Stefan avait fait en sorte de détourner l'attention du cyborg pour qu'il ne distingua pas la fumée qui s'échappait du baquet. Dans la même optique, il avait attendu avant d'enfiler les gants qu'Elinor revêtait pour sortir les plats du four. Gants qui venaient juste de sortir de la machine, une coïncidence plutôt plaisante.


      Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 4 Déc 2013 - 20:13, édité 3 fois
        Axel n'avait pas du tout prévu ce coup. Fallait croire que Stefan était spécialisé en coups fourbes... Il n'avait pas tort. Dans un combat, tout était bon à utiliser pour éviter de perdre la vie. C'était ce principe d'ailleurs qui était à l'origine de la piraterie elle-même.

        Le voyant tourner de la sorte sur lui-même, le jeune Giriko savait que Stefan préparait quelque chose. Néanmoins, un seau sur la tronche n'allait pas faire bien mal, ni l'eau dedans d'ailleurs. Ce n'était que de l'eau. Mais ne sous-estimant pas un seul instant l'intelligence et la perspicacité de l'élève, le professeur se mit tout de même en garde. Une fois que le baquet fut lancé, il fit un pas sur le côté droit instinctivement, mais renonça à l'idée d'esquiver plus que ça. En combat, économiser ses mouvements était l'une des choses les plus importantes qu'il avait pu apprendre. Ergo, esquiver de l'eau, ça ne valait pas le coup une seule seconde. Du moins, c'était ce qu'il pensait.

        Le punk déchanta soudainement quand il crut apercevoir de la fumée sortant des milliers de gouttelettes déferlant sur la moitié gauche de son corps, mais il était trop tard : les molécules d'H²0 transpercèrent sa chair, et brûlèrent son bras et son flanc gauche. Surtout qu'il avait un débardeur, parce qu'*aujourd'hui il faisait beau* pensait-il. Connerie...



        Axel grimaça : la douleur était atroce, et elle n'allait pas cesser tout de suite. D'ailleurs, cette douleur naissante qui titillait les récepteurs liés à son cortex excitait de plus en plus la petite bête derrière sa nuque. Il n'était pas masochiste, non, loin de là, mais la douleur se faisant plus importante, son instinct de survie s'exprimait plus. Et dans un combat, pour survivre, il fallait manger l'autre, selon l'ordre naturel lui-même. En conséquence, chaque peine, chaque dommage, chaque dégât que le punk encaissait lui donnait encore plus envie de déchirer son opposant en deux et de se délecter langoureusement de son sang, encore chaud et frais.



        Cependant, ne voulant pas perdre pas un instant, Axel se priva d'aller (encore une fois) faire un tour du côté de chez sa meilleure amie la folie, et reprit ses esprits. Il ramena son bras gauche contre lui, et mit sa main droite dans sa poche.

        "Leçon numéro 3..."

        Il prit alors cinq petites bombinettes de talc et les lança vers Stefan, de sorte à ce qu'il ne puisse pas toutes les éviter. Juste après son lancer, il décroisa les bras d'un coup sec, et le ronronnement des tronçonneuses se fit entendre. Et tout l'équipage savait ce que ça voulait dire, depuis tous ces mois passés ensemble : Axel ne jouait plus. Axel était dangereux. Axel allait faire une connerie, et il allait aimer ça. Que quelqu'un arrête Axel.

        Néanmoins, contrairement aux apparences, Axel savait ce qu'il faisait, et de toute manière, il fit jurer aux membres de l'équipage de ne pas intervenir, quoi qu'il pouvait arriver. Il avait même, pour les convaincre, utilisé une simple tournure de phrase qui resta gravée dans les esprits : "Si vous l'aidez, je le tue." Et bien que ce fut une blague à l'origine, personne ne voulait courir le risque de voir s'il rigolait ou pas. Parce que si jamais ce cas arrivait, pour éviter la mort de Stefan, il aurait fallu causer celle d'Axel. Ainsi, pour éviter de faire couler plus de sang qu'il n'en fallait, l'équipage laissa Axel faire couler la quantité que lui jugeait appropriée.

        "... utilise les faiblesses de ton adversaire, parce que lui utilisera les tiennes."



        Une fois les bombinettes lancées et son "Rock on" activé, le punk se rua vers Stefan et lui mit un coup de poing droit au niveau du plexus, agrémenté d'un "Rock out", démultipliant considérablement de par ce fait la puissance du coup porté. Et alors que Stefan était projeté au loin, Axel le rattrapa à l'aide d'une de ses chaînes et prit cette dernière à deux mains une fois le grappin bien mis en place. Le charpentier se retourna alors et fit passer la chaîne par dessus sa tête, se servant de l'assemblage Stefan-chaîne comme d'un marteau. Le pauvre petit navigateur s'écrasa alors un peu plus loin sur le pont.

        A vrai dire, Axel se contenait beaucoup dans cet affrontement. D'habitude, il aurait été beaucoup plus mobile, plus sauvage et aurait utilisé le "Rock on" beaucoup plus tôt. Et d'ailleurs, pour ce coup, il ne l'aurait jamais fini de la sorte : il aurait tout de suite enchaîné par son "Dust'n'bones" qu'il avait utilisé contre le chef des chiens de pierre à Saint-Urea, ou par un "Double talkin'jive" qu'il avait utilisé sur Giant, à Zaun. Il aurait donc ramené Stefan à lui et, grâce à un "Rock Out", il aurait pu tenter de lui briser quelques côtes. Mais c'était avant tout un entraînement, et même si son Jormungandr interne y avait pensé, Axel était encore seul maître de son corps, et savait pertinemment où étaient les limites.

        Il prit un moment pour observer l'endroit où avait atterri le navigateur, ainsi que ses alentours : le bateau, bien que solide, allait être amoché à force d'impacts violents comme celui-ci. Axel allait avoir du pain sur la planche, encore... De plus, à la fin de cet entraînement, le pont serait sale, avec tout ce que les deux combattants avaient renversé dessus. Et, vu comment Axel le traitait, le navigateur serait sûrement trop mal en point pour pouvoir y changer quelque chose dans l'immédiat. Ce sera à Gin de le faire, hihihi...

        En y réfléchissant, Axel se demandait s'il était le professeur adéquat pour Stefan, et se dit alors que si. Gin n'aurait sûrement pas su quoi faire, cet imbécile surexcité perdu dans le vaste. Il se serait assis en face de Stefan et aurait tenté un truc à la "petit scarabée". Stefan en aurait eu marre, même lui. Et Seido, lui, capitaine majestueux des Desperados, aurait sûrement montré des mouvements semblant inutiles, à faire sans arrêt pendant qu'il nettoyait le pont. Et puis au bout de deux semaines, le navigateur aurait eu un déclic en disant "Je connais désormais le kung-fu...". Bref, y avait qu'un malade mental mécha-humain totalement désaxé et prêt à lui faire vivre les pires horreurs pour qu'il apprenne bien. Ça ne pouvait pas être Anders, alors c'était Axel.



        Le punk retourna à ses moutons et, fixant le navigateur à l'état piètre, il l'interpella alors.

        "Tu sais, Princesse, il va falloir que tu réagisse plus vite..."

        Soudain, le jeune Giriko fit un pas en arrière, déclencha ses tronçonneuses, et fit un "Rock out" pour prendre de la hauteur, juste au dessus de Stefan. Il comptait tomber comme une masse sur son élève, le talon bien en avant, et ça allait faire bien mal : un coup de talon mécha-humain ajouté à la gravité, voilà un plan pour détartrer correctement et en intégralité le petit Stefan, s'il n'avait pas la possibilité d'esquiver. Encore en l'air, au point culminant de son vol, Axel reprit la parole :

        "... sinon je vais vraiment finir par te faire la peau."


        Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mar 3 Déc 2013 - 21:38, édité 1 fois
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        Cachée près de la barre, Elinor surveillait la scène depuis le début. Et elle ressentait un certain malaise à observer ce qui ressemblait plus à un combat qu'à un entrainement. Elle appréciait beaucoup Axel ; il la faisait rire, il était fort et se débrouillait tellement bien pour réparer le bateau. Et pourtant, en le voyant ainsi, elle avait du mal à le reconnaître. Et cela la démangeait d'aller les interrompre. 
        Les Desperados avaient juré de ne pas intervenir ; ils avaient même ri lorsque le Charpentier avait dit qu'il tuerait Stefan s'ils se montraient. Mais devant ce qui se déroulait devant ses yeux, la jeune fille se demandait s'il s'agissait réellement d'une plaisanterie. 
        Il était nécessaire d’entraîner le jeune Navigateur, qui paraissait incapable de se défendre si un équipage pirate ennemi ou la Marine s'interposaient. Mais était-ce obligatoire d'en passer par de telles méthodes ? Wohr ou Seido n'avaient pas été ainsi avec elle.  Nerveuse, elle quitta son observatoire pour aller trouver le Capitaine...

        ***
        Le "Maître" déblatérait encore ses leçons. En restant honnête, cela restait très instructif, et la mémoire eidétique du géographe n'était pas prête d'annihiler ces données précieuses. Si toutefois il restait en vie pour appliquer les conseils, car cet entrainement prenait une tournure dangereuse. Dans son fort intérieur, Stefan se doutait qu'un entrainement lambda ne se déroulait pas ainsi. Il imaginait mal Elinor ou Elphys se prendre des gnons en pleine face. Le fait d'être une femme pouvait-il jouer ? Il n'en croyait rien: un ennemi se moquait du sexe et tuait sans considération. Pour tenir, une femme devait se battre et donc se préparer à la dure, comme un homme. Toutefois, avec Axel, on avait dépassé ce stade. Et le pire était à craindre.

        Le pire était de retour, avec ces satanées billes explosives au talc. Malgré ses esquives, Stefan en reçut une de plein fouet, ce qui ne manqua pas de le déstabiliser complètement. Il serra ses bras contre lui en baissant la tête, pris de ses insupportables tremblements qui le saisissaient à chaque fois qu'il était en proie à sa phobie. Cette dernière prenait le dessus à cause de cette poudre blanche qui recouvrait ses vêtements. Il oubliait tout en cet instant, le bateau, l'équipage, Axel, pour retourner dans cet enfer sombre. La peur, oui, s'emparait à nouveau de lui. Mais un autre démon menaçait de faire face. Cette colère sourde, son seul salut face à un formateur qui se moquait royalement que son élève puisse y passer.

        Les tronçonneuses déployèrent leur air et leur son sinistre dans le silence du navire. C'était à se demander où étaient les autres membres de l'équipage. Regardaient-ils, cachés ? Allaient-ils intervenir si Axel allait trop loin ? Non pas que Stefan comptait sur eux. C'était entre lui et Axel. Toutefois, il s'interrogeait sur le degré de complicité. Il connaissait l'équipage depuis quelques mois maintenant, et ne s'était jamais imaginé qu'on eut pu lui faire un tel coup. Cette bonne humeur, sur le bateau, était-elle factice ? Quelle était leur sincérité ? Était-ce cela, être pirate ? Stefan était-il vraiment un des leurs, ou ont-ils juste recruté une bonne poire, une bête de foire, un bouc-émissaire dont on se moque et qu'on décide de torturer, en riant autour d'une table ronde, en pleine nuit, à la lueur d'une chandelle ?

        Trop embourbé dans son problème, incapable de bouger le petit doigt malgré le péril sous-jacent, Stefan ne put que subir la suite. Il n'eut même pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Retour au sol. La douleur. Aiguë, plus que tout à l'heure. Des débris...étaient-ce les poutres d'un plafond ? Les briques décrochées du mur ? Était-ce sur lui, ce poids qui lui écrasait les jambes ? Stefan ouvrit difficilement les yeux, et constata qu'il n'y avait aucune poutre ou brique sur lui. Juste des morceaux de bois du navire, séparés de la coque à cause du choc. Malgré toute sa volonté, le géographe avait de plus en plus de mal à bouger. Son corps lui faisait mal de partout, il avait un mal de crâne pas possible, une angoisse qui lui serrait les entrailles et des vertiges. Il  chercha Axel du regard, mais ne le trouva pas. Il l'entendait encore l'invectiver (à l'occasion, il ferait avaler de la javel à son Mentor pour laver cet horripilant "princesse" de sa bouche), entendait à nouveau la tronçonneuse, mais...où était-il ? Confus par tout ce qui détournait son esprit, il éprouvait d'énormes difficultés à aligner ses idées, n'avait qu'une seule envie à l'instant présent : mourir. A quoi servait une existence comme la sienne ? Il avait quitté Charybde pour tomber entre les griffes de Scylla ; il se demandait si Linette avait eu toute sa tête en poussant son frère vers cet équipage. Il était leur navigateur ? La belle affaire ! Ils en trouveraient d'autres, aussi compétents, meilleurs combattants. Les aventuriers couraient les rues, alors pourquoi s'encombrer d'un loser plus proche de l'ermite que d'un conquistador, qui restait enfermé toute la journée ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

        Axel tombait sur lui, le pied en avant. Il suffisait juste de ne plus bouger, pour que cela finisse. Qu'il le tue, et qu'enfin il soit libéré de ses tourments.
        Quelques secondes.
        Quelques centimètres.
        Et la paix de la tombe.

        Stefan se recroquevilla sur lui-même, en position fétale, passant du flanc gauche au flanc droit. Une main lui protégeant le visage, la seconde en travers de son corps, posée sur sa hanche.
        Avec ce simple changement de côté, il s'assurait que la vitesse du charpentier l’empêcherait de changer de direction. Il ne pourrait plus l'écraser.
        Avec cette main posée sur sa hanche, il déclencha son piège salvateur ; d'un coup de poignet, son balai se déplia sous sa forme de long bâton, prêt à l'embrocher sans pitié.
        Avec cette main lui protégeant le visage, il fit porter sa voix suffisamment fort pour que le "Maître" l'entende.

        - Tu sais, Axel, il va falloir que tu réagisses plus vite...


        Stefan, pour la première fois qu'il était entré chez les Desperados, se mit à sourire.

        - ...sinon tu vas finir en brochette.

        Stratégie n°1 : l'effet de surprise.
        Stratégie n°2 : la diversion.
        Stratégie n°3 : l'instinct de survie.



        Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 4 Déc 2013 - 20:15, édité 2 fois
          *Par...fait.*

          Axel abattit son talon sur le pont, avec une violence extrême ne laissant aucun doute sur l'état d'un adversaire qui l'aurait pris de plein fouet. Mais ce n'était pas le cas de Stefan. En effet, encore au sol, ce dernier s'était écarté suffisamment pour éviter le coup, et il avait pris son bâton pour l'enfoncer dans les côtes du cyborg. Ce dernier point ne manqua pas. En effet, aussitôt que le C.V.N.I atterrit (Cyborg Volant Non Identifiable), ce dernier se prit le bâton en plein dans l'abdomen.

          Pour le cyborg, cette stratégie était une preuve indéniable de l'aptitude de son élève : Stefan avait pu être suffisamment au bord du gouffre pour pouvoir réagir, comme il le fallait. Il s'était décalé juste assez pour éviter un coup fatal et, sans perdre un instant, il contre-attaqua sur une ouverture béante, un temps mort de son adversaire. Ce mouvement, connu depuis la nuit des temps maintenant, était toujours aussi efficace, mais tellement dur à placer pour les néophytes du combat. Il fallait vraiment être, pour ces derniers, au maximum de ses capacités, dos au mur, sur le fil qui se tenait entre la vie et la mort. Et c'était exactement là où Axel voulait emmener son élève, lui faire prendre conscience de cette toute petite limitation dans laquelle se trouvait tant de potentiel. Une fois que le rat savait qu'il pouvait mordre un chat, ce n'était qu'une question de temps avant que ce musaraigne ne devienne la terreur du quartier félin.

          Le jeune Giriko était à ce moment fier de son boulot de professeur, fier d'avoir pu lui faire prendre conscience de tout ce potentiel que Stefan avait. C'était le plus important, avant même les techniques et conseils à appliquer. D'ailleurs, ce coup de bâton très bien placé, de par son timing et de l'emprise sur la force et la vitesse de l'adversaire, pouvait sûrement terrasser une bonne partie de ses opposants. Mais il en fallait plus pour Axel.

          Le punk, à ce moment, avec le bâton enfoncé dans le corps, se mit à cracher un peu de sang. L'impact était conséquent, et même si Axel était rodé au combat, ce genre de coup était non-négligeable, capable de dommages importants. Cependant, une main cyborgesque vint attraper l'arme du navigateur, juste en face de son impact, et un sourire. Non. Ce sourire déchirait à nouveau le faciès du professeur. Ce sourire empreint uniquement de folie pure, ce sourire qui fut la dernière chose que Giant avait vu. Ce sourire qui assurait à Stefan qu'il allait se faire buter.

          "Leçon numéro 4 : Ne vends jamais, jamais, ô grand jamais, la peau de l'ours avant de l'avoir tué."



          Deux chaînes enserrèrent alors le cou de Stefan, et l'étranglèrent alors qu'il se relevait de force. Axel était en train de couper le souffle de Stefan, tirant sur les chaînes pour qu'il se relève. Une fois son opposant à son niveau, il tira d'un coup sec sur ses chaînes d'acier et envoya un coup de boule phénoménal sur le visage de Stefan qui s'était approché, envoyant le navigateur valser à plusieurs mètres alors que les chaînes enlevaient leur emprise.

          Axel savait que Stefan était à bout. Déjà qu'il était pas habitué, Axel tapait vraiment dur. Quel professeur... Le jeune Giriko rangea alors ses chaînes, tout doucement, s'approchant du corps de Stefan, à quelques mètres, qui était déjà à bout.

          "Et enfin, leçon numéro 5..."

          Les pas se rapprochaient, pesants, lourds, menaçants. La petite voix derrière la nuque d'Axel n'arrêtait pas de crier, de se réjouir. Elle hurlait, dans un rire maléfique, résonnant dans chaque blessure du cyborg. Elle hurlait de le tuer, de l'achever, de se délecter d'un sang qu'elle avait ravi, pour lequel elle avait combattu. Elle hurlait, dans toute sa folie. Et Axel ne pouvait que l'entendre. L'air sérieux, les traits graves, le regard décidé. Axel avançait, lentement, tandis que ses chaînes se rétractaient petit à petit, tandis que ses poings se resserraient. Axel entendait cette voix. Il était conscient de ce qu'elle voulait. Il mettait un pied devant l'autre, chaque pas ravivant ses blessures, rendant quasi-euphorique le petit démon à l'arrière de sa tête.

          Et il arriva face à Stefan. Son élève à ses pieds, le punk le regardait, le mirait de haut, avec des yeux supérieurs, des yeux qu'une panthère avait en face de la gazelle blessée. Il tendit son poing haut, avant de l'abattre en s'abaissant au niveau du navigateur.



          "... toujours faire confiance à ses alliés."

          Et le poing s'arrêta juste en face du plexus de Stefan, à une vingtaine de centimètres. Ce poing se changea en une main tendue. Le visage d'Axel s'était métamorphosé presque, remplaçant toutes ses expressions de haine et ce rictus malsain par un véritable sourire de Duchenne. Ce sourire qui transparaissait non seulement au niveau des lèvres, des commissures notamment, mais qui transparaissait aussi dans les yeux, dans les sourcils. Ce sourire sincère, pacifique, paternel.

          Et cet Axel complètement différent, un genou au sol, attendait la réaction de son élève, un sourire mêlant confiance et fraternité.

          Qui rassurait le navigateur Zaunien sur le simple fait qu'Axel était bel et bien un allié après tout.


          Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mer 4 Déc 2013 - 21:27, édité 2 fois
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          Stefan avait réussi à blesser Axel, et à lui faire couler le sang. Encore une tache difficile à faire partir ! Possibilité de transmissions de maladies et tout le toutim. Mais pour une fois, c'était le navigateur qui était à l'origine d'une saleté. Il tenta de lever la main vers le visage de son mentor et adversaire pour nettoyer l'hémoglobine qu'il venait de cracher. On ne lui laissa pas ces quelques secondes. Le jeune homme manqua de perdre connaissance tandis que l'air devenait de plus en plus difficile à circuler entre l'extérieur et ses poumons. Il ne pouvait plus se défendre ; physiquement, il ne pouvait plus rien faire. Au moins il pouvait se satisfaire d'avoir plutôt bien tenu pour quelqu'un qui se cantonnait à sa chambre pour des exercices de sport (qu'on ne pouvait qualifier d'intensif) et qui était plutôt mince et peu musclé. Mais la limite était atteinte, et il se sentait ballotté comme une poupée de chiffon. Quand un jouet n'est plus en état de fonctionnement, on le jette. Ce que fit présentement Axel.

          Stefan tomba sur le sol une énième fois ; il respirait à nouveau, il cherchait l'air au point de s'étouffer. Son cœur battait la chamade, perturbé par cette maltraitance physique (et les débris de bois, le sang, la sueur et autres particules dont il ne pouvait pas se débarrasser à cause de son immobilité forcée). Son front lui faisait souffrir le martyr ; du liquide vermeille s'étalait sur son visage. Pourtant, il ne nettoya pas. Il ne pouvait plus bouger. Et Axel se rapprochait inexorablement vers lui pour sa cinquième et visiblement dernière leçon.

          Pourquoi Axel avait tenu à faire cet ultime enchaînement, comprenant un nouveau coup et un étranglement ? Le navigateur était déjà cuit, à terre, sans aucune possibilité de réplique. Le cyborg avait insisté ; alors qu'il avait définitivement le dessus. Pourquoi ? Cela n'avait aucun sens ! Une pensée avait déjà perturbé le jeune homme un peu plus tôt ; une nouvelle vint confirmer ce qu'il pensait déjà. Lorsqu'on ne peut expliquer un geste déraisonnable, il faut aller chercher ailleurs, dans son contraire. Et il l'avait bien compris à présent : Axel était fou. Pas de la douce folie qu'on pouvait voir chez Elphys, pas le brin de folie d'Elinor. Non, la vraie folie, maladive, dangereuse et perverse. La démence pure, qui déformait les traits du cyborg et abreuvait des instincts meurtriers, sauvages et sadiques.
          Le charpentier ne faisait pas cet entrainement cruel contre son gré. Il prenait un malin plaisir à faire souffrir autrui, sans avoir de griefs particuliers contre la personne. Que subirait alors un quidam contre qui il avait une dent ? Stefan en frissonna, rien qu'à cette idée. Les Desperados avaient-ils la moindre idée de qui ils avaient pris dans leurs rangs ? S'il pouvait placer un mot avant que cet enfer ne se termine, il tenterait de dire une dernière chose. Si sa bouche acceptait de s'ouvrir.

          De ses yeux qui menaçaient d'un moment à l'autre d'être englués de sang, Stefan observait son bourreau. Cette scène avait un goût de déjà-vu. Il y avait cinq ans...Ce fameux moment qui l'avait plongé dans l'enfer. Oui, il y avait beaucoup de points communs avec cela. Cette fois, déjà, il avait cru que sa vie serait finie, et qu'il allait mourir. Au lieu de ressentir une délivrance, malgré la souffrance qu'il subissait, une partie de lui-même refusait de mourir. Mais sa volonté ne pouvait pas le sauver.
          Le poing d'Axel arrêta sa course avant le ramponneau fatal. Comme ce jour-là, la mort n'était pas venue le prendre.  

          Son professeur changea d'attitude du tout au tout, affichant sourire et ... difficile à dire, en fait. Le changement pouvait paraître surprenant. Mais pas chez Stefan qui commençait à saisir à qui il avait affaire. Était-il prêt à pardonner ce qu'il lui avait fait subir ? Absolument pas ; il était toujours en colère contre tout l'équipage, Axel compris. Peut-être que Stefan n'était pas l'homme le plus sympathique du monde, mais il ne méritait pas cela. Il comprit cependant une donnée essentielle : finie la douceur de ses appartements à Zaun. Il était parmi les pirates, et les faibles se faisaient dévorer sans état d'âme. Leçon n°6.
          Pourtant, malgré son courroux, le jeune homme n'était pas quelqu'un de rancunier ; et plutôt un bon joueur. Il répliqua en murmurant presque, avec un simili sourire se dessinant  sur ses lèvres.

          - Avec des alliés comme toi, on n'a pas besoin d'ennemis.


          Stefan tenta de lever sa main pour saisir la main du Cyborg. Mais son bras refusa d'obéir. Il avait beau essayer de mobiliser toutes ses forces, plus rien ne venait. Son corps entier n'était que douleur ; ses muscles vidés d'énergie ne lui répondaient plus. Il fit plusieurs tentatives avant de laisser tomber.

          - Je crois que je ne peux plus bouger. Par contre, je peux parler. Et pour une fois, je vais parler. Libre à toi de décider de me tuer après ce que je vais dire. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre.

          Il fit une pause nécessaire avant de respirer (ce qui lui comprima sa cage thoracique en souffrance).

          - Lorsque j'étais chez moi, tous les jours, on me faisait parvenir le quotidien de Zaun. J'essaie toujours de suivre l'actualité de notre monde. Le jour où j'ai préparé mes affaires pour rejoindre le Marvel Genbu, j'ai embarqué avec moi le journal, mais je ne l'ai lu qu'après notre départ. Il y avait un article sur ce qu'il s'était passé la veille. Et notamment sur ce qu'il était advenu du mal nommé Giant. Décédé, après un combat d'une rare violence.

          Il jeta un regard très lourd de sens à Giriko.

          - Je soupçonnais depuis longtemps quelque chose à ton sujet. Mais je ne parle jamais ; et donc, j'ai gardé pour moi ce que j'ai lu dans cet article. Je n'ai pas l'intention non plus d'en parler au reste de l'équipage. On peut m'adresser de nombreux reproches sur mon comportement et mes obsessions. C'est de bonne guerre. Si vous croyez que je ne suis pas conscient de ce que je suis pour les autres comme pour moi... Pour autant, je ne chercherais jamais à prendre qui que ce soit en traître et à répéter ce que j'entends. J'ai un certain honneur.


          Il s'arrêta à nouveau avant de plonger ses pupilles inquisitrices, mais dénuées d'agressivité, dans les yeux pour l'instant apaisés du Charpentier.

          - Les autres sont-ils au courant de la folie qui te ronge de l'intérieur ? Si non, comptes-tu leur en parler ?


          Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 4 Déc 2013 - 20:20, édité 4 fois
            Face à toutes ces questions, Axel se mit à rire. Ce n'était pas un rire malsain, diabolique, non. C'était un rire amusé, un rire fraternel. A vrai dire, Axel pouvait paraître très, mais alors là très bipolaire si l'on se fiait juste à la scène, à ce combat d'une rare violence pour un simple entraînement. Mais le jeune Giriko, comme il l'avait assuré au reste de l'équipage, savait ce qu'il faisait.

            "Oui, Stefan. Ils sont au courant."

            En voyant que son élève n'arrivait même pas à remuer un doigt, le punk renonça à l'idée de le ramasser pour aller voir Seido, et s'assit aux côtés du quasi-cadavre, état dont il était l'auteur. Il allait prendre goût à cette conversation, il le savait. Il se contenta alors, de s'asseoir là, comme après un entraînement, à palabrer avec le navigateur. Bah oui, ce n'était pas un entraînement ordinaire. Bah oui, ce n'était pas une conversation ordinaire. Mais bon, après tout, ces deux protagonistes étaient loin d'être ordinaires, eux non-plus.

            Le punk s'assit donc, dans cette position de clodo, sa favorite il fallait croire : le bras sur le genou, celui de la jambe surélevée, tandis que l'autre main était au sol, en compagnie d'une jambe perpendiculaire à l'autre, en dessous quant à elle, ces deux éléments stabilisant le punk. Une fois sa position prise, il continua ses explications.



            "Je ne leur ai jamais dit, mais ils le savent très bien. Seido a bien vu dans le hangar que, contrairement à lui je ne prenais pas de gants, et que j'adorais ça. De plus, le capitaine n'est pas stupide : il sait que Giant est mort. Au mieux, carbonisé et au pire... Enfin, il ne veut pas imaginer ce qui s'est réellement passé."

            Il se tourna alors vers Stefan et fit apparaître sur son visage un petit sourire malicieux, qui pourrait paraître innocent s'il n'avait pas été précédé de cette phrase. A ce moment, c'était juste flippant. Le punk poursuivit.

            "Tu sais, moi je suis un gars simple, après tout. J'aime le combat, certes mais je ne suis pas misanthrope, loin de là. J'ai tué un homme, peut-être plusieurs, et j'en tuerai certainement bien d'autres, c'est vrai. Mais cela ne m'empêche pas de rire avec Gin, de cuisiner avec Elinor, ou bien de faire des câlins à Elphys. Stefan, dis-toi que je suis peut-être fou, qui sait. Mais t'es encore en vie à l'heure qu'il est. Alors que Giant lui ne l'était pas."

            Le sourire d'Axel s'effaça alors, et son regard se détourna de Stefan pour se perdre dans le vide alors qu'il prononçait ces paroles. A ce moment, Axel avait l'air... Sérieux. Juste sérieux. Pas suffisamment calme pour être serein, pas suffisamment agité pour être énervé, pas suffisamment souriant pour être hypocrite. Non. Axel, c'était ça. Il avait, conformément à ce qu'il venait de dire, l'air d'un gars simple après tout. Avec ses défauts, ses qualités. Ses travers, et ses droits. Et contrairement à la populace moyenne, il ne se cachait pas. Non. Il ne se cachait jamais. Il s'affichait comme il était, rien de plus, rien de moins.

            "Enfin bref... Moi, dans les aventures à venir, je n'hésiterai pas à tuer nos opposants, contrairement à Seido. J'en éprouverais même un certain plaisir parfois. Est-ce que ça fait de moi un fou ? Peut-être bien. Mais en m'engageant, Seido savait à qui il avait affaire. Les Desperados n'approuvent pas forcément tout ce que je fais, et je sais qu'on ne se connaît que depuis quelques mois, mais..."

            Le charpentier leva alors son bras droit, et caressa sa nuque. Une grimace un peu peinée en ressortit. Le côté droit des lèvres relevées, les dents bien visibles, le sourcil droit levé lui aussi alors que l'autre ne l'était pas. Ce genre d'expression traduisait une peine morale plus que physique.

            "... ils m'ont accepté. Stefan, tout comme toi, cet équipage est loin d'être stupide. Même Gin, oui, je sais... Je disais donc, ils sont loin d'être stupides. Eux aussi ont vu que quelque chose ne clochait pas chez moi. Mais ils me font confiance. Ils savent que je peux me contrôler, que je sais faire la différence entre amis et ennemis. Ils croient en moi, Stefan."





            "Et voilà d'ailleurs le point sur lequel toi tu te méprends."

            A ce moment, le regard d'Axel recroisa celui du navigateur, le fixant droit dans les yeux. Comme un frère d'armes qui en regardait un autre, en sachant pertinemment qu'ils allaient de toute façon mourir à la guerre, tous les deux. Comme si la bataille qui allait suivre allait être sans aucun précédent, outre-mesure même. Tout simplement parce que c'était bel et bien le cas, après tout.

            "Je sais que t'es en colère. Tout simplement parce que t'es pas stupide. Ce que tu ne saisis pas, par contre, c'est que si cet équipage t'a accepté en son sein, c'est pas pour que tu nourrisses les requins. On trouve toujours un nain ou deux pour ça. Non, s'ils t'ont accepté ici Stefan, et si justement ils ont préféré te soumettre à un entraînement plutôt qu'à autre chose, c'est parce qu'ils savent qu'y a pas meilleur moyen de se rendre compte des choses que ça. Est-ce qu'ils auraient mieux fait de t'en parler ? Oui, peut-être. Mais ça n'empêche pas le fait que s'ils ont tant voulu te faire passer cet entraînement, c'est parce qu'ils ne veulent pas que tu crèves, tout simplement."

            A ce moment, une main se posa doucement sur l'épaule de Stefan, se voulant rassurante. Axel, dans son discours, ne voulait pas faire pardonner l'équipage, ou changer la manière de penser de Stefan. Non, absolument pas. D'ailleurs, s'il voulait les quitter après cet incident, Axel n'allait rien y faire. Axel exposait son point de vue, tout simplement. Il tenait juste à ce que Stefan sache le pourquoi du comment, c'était tout. D'ailleurs, en continuation vis-à-vis de cette désinvolture, Axel continua, mais avec un sourire narquois cette fois-ci.

            "Après, le fait que moi, je t'ai miné la tronche, ça, c'était ma méthode. Oui, tu pourrais éventuellement m'en vouloir pour ça, en effet, Princesse."

            S'en suivit un clin d’œil malsain et un léger rire démoniaque. Ouais, bon ben, on pouvait pas changer la bête non plus, hein...

            "Mais bon, tout ça pour te dire, Stefan, que t'es ici chez toi. Les Desperados, c'est ta famille. Que tu leur en veuilles ? D'accord. Que tu veuilles m'en mettre une ? Accordé, du moins si t'en es capable... Mais ici, on est tous très fier de toi. Oui, même moi. On t'en veux pas d'être maniaque, loin de là. On t'en veux pas si tu pètes un câble parce qu'il y avait un mouton de poussière sur la poignée de la cabine. Mais il faudra que t'apprennes à nous faire confiance vieux, ou bien tu vas te faire bouffer."

            Axel se tourna alors de l'autre côté, dos à Stefan donc, et cracha une nouvelle boule de sang.

            "D'autant que tu te débrouilles pas mal, mon petit salopiaud..."



            Et sans même attendre la réponse du navigateur, Axel se mit à hurler.

            "Desperados ! Le navigateur, il est en miettes, et moi je répare que les bateaux !"

            Et un sourire confiant sur le visage, il tendit l'oreille pour écouter ce que Stefan avait à lui répondre.


            Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mer 4 Déc 2013 - 21:28, édité 3 fois
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            Stefan, bien que souffrant, et bien qu'il avait besoin de prendre un bain, écoutait avec beaucoup d'attention ce que le Charpentier avait à dire. L'équipage savait de quoi ce dernier était capable. Cela ne fit que rendre le navigateur plus amer. Même si c'était pour son bien que toute cette histoire avait eu lieu, il éprouvait quelques difficultés à se montrer reconnaissant. Peut-être en rirait-il dans quelques jours, lorsqu'il ne porterait plus de bandages et de plâtres. Ce n'était qu'une question de temps.
            Concernant celui qui serait son bourreau...pardon, mentor, ce dernier parlait de sa démence sans aucune gêne particulière. Il acceptait son problème ; il ne le reconnaissait pas comme un problème. Tant mieux, dans un sens, au moins il était heureux de sa condition et de sa vie actuelle. Il avait été accepté par cet équipage. Stefan espérait seulement que le Capitaine saurait arrêter son nakama s'il allait trop loin ; et pas qu'il demeure un simple observateur, comme  pour cette séance d'entrainement des plus singulières. C'était la seule crainte du Zaunien ; qu'Axel perde la raison pour de bon et décime sans état d'âme ni réflexion. Il pouvait y avoir des risques qu'il se retourne contre l'équipage, qui savait ? Il venait de montrer ce qu'il était capable de faire envers un allié. Les voilà avertis. Dommage pour Stefan que cet exemple l'ait autant concerné.

            Tandis qu'Axel se confiait, Stefan découvrait une autre partie de lui plus intime, plus réfléchie et surtout plus triste. Triste, vraiment ? Peiné, peut-être.Cet homme si dur et si torturé avait-il été touché par l'acceptation des Desperados ? Cachait-il une souffrance cachée, un abandon, de sorte qu'il ne veille pas rester seul ? Tout comme le métal dont il était composé, le Charpentier était difficile à percer. Il ressentait des émotions tellement diverses et extrêmes... Il fallait être fin psychologue pour saisir la complexité de ce personnage. Sa vie n'avait pas dû être facile pour en arriver là. Avait-il été battu, de sorte qu'il reproduise le seul mode d'éducation qu'il connaissait ? Avait-il seulement été aimé, apprécié, choyé par quelqu'un ? Cette façon d'évoquer l'équipage et cette idée de famille supposait que cet homme, pourtant rude gaillard et fort en gueule, ne pouvait vivre seul, malgré tout ce qu'il pourrait faire croire. Cela le rendait déjà plus humain. Sans toutefois tout lui pardonner.

            Il parut surpris tandis que le monologue glissait à présent sur sa personne. Axel faisait un parallèle logique entre eux-d'eux. Après tout, ils avaient été recrutés en même temps, étaient assez spéciaux. Pourtant, cela n'avait pas posé de problème aux Desperados. Après tout, ils étaient à l'origine de leur recrutement, c'était donc qu'ils savaient ce qu'ils avaient à faire. Sinon, ils n'auraient jamais fait la proposition.
            Stefan n'avait jamais vu cela sous cet angle. Il avait tellement mis de distance entre lui et les autres qu'il n'avait même pas cherché à saisir. Peut-être avaient-ils des méthodes maladroites pour faire passer leurs messages ; mais aussi peut-être que Stefan n'avait pas non plus laissé l'opportunité d'être abordé. Sa colère s’apaisa en faveur de regrets. Dire que quelques secondes auparavant, il avait l'intention de tous les fusiller du regard et de leur faire une grosse peur - pendant une tempête à venir - histoire de les punir de leur acte. Mais à présent, cette rancune s'envola comme neige au soleil.
            Il se vengerait néanmoins gentiment - pendant une tempête à venir.

            Une famille...Fière de lui. Sur qui on peut faire confiance... Stefan se mit à sourire doucement à ces mots, avant de gémir de douleur. Il avait essayé de bouger d'un millimètre ; son sternum le rappela rapidement à l'ordre.

            - Faire confiance... Je n'ai jamais guère compté que sur moi-même. Encore une chose à apprendre. On en est à quel numéro de leçon ?

            Il attendait qu'on vienne enfin le chercher pour le soigner. Bientôt, son corps ne supporterait plus l'effort réclamé par la conscience ; le cerveau se déconnecterait ; évanouissement imminent. Mais Stefan n'avait pas fini, pas encore. Axel venait de se dévoiler, et il l'avait écouté avec beaucoup de respect et de patience ; il lui avait fait réaliser certaines choses. Le jeune homme venait de comprendre que sa vie ne serait plus jamais la même à partir de ce point. 

            - Merci, Axel.

            Il coupa rapidement la parole à son interlocuteur pour aller jusqu'au bout de sa pensée.

            - Non, pas merci de m'avoir bastonné de cette manière. J'ai mal à en mourir. Et je ne suis pas masochiste au point d'apprécier d'avoir mal, loin de là. D'autant plus que tu es d'une saleté épouvantable ; et ne me mens pas, je sais que tu viens de cracher par terre, je ne suis pas aveugle. Je ne dois pas être très reluisant non plus. Finalement je suis content d'être dans les vapes pour l'instant. Merci juste de t'être confié à moi. Merci de m'avoir ouvert les yeux et forcé à mettre le nez dehors. Tu m'as prouvé que tu n'étais pas un abruti fini, comme je le croyais.


            Il se mit à sourire faiblement, pour prouver qu'il plaisantait. Mais puisqu'Axel n'était pas idiot, il aurait forcément compris le second degré de la boutade. Non ?

            - Peut-être que tu t'en fiches, mais tu sais, avant, je n'étais pas comme ça. Réservé, si. Mais maniaque et phobique, non. Je sortais souvent de chez moi. J'étais même sur le point de rejoindre un équipage de scientifiques pour étudier les variations de climat sur Grand Line. Un équipage de renom, avec les plus éminents représentants de la profession. J'aurais été le plus jeune d'entre eux, et j'en étais fier.


            Il soupira un bon coup, sentant l'appréhension monter en lui, avant de parler à nouveau, d'une voix plus faible.

            - Si tu veux savoir la suite, je ne le dirais qu'à une seule condition.

            A nouveau, leurs regards se croisèrent, de manière à ce que la détermination et le sérieux de Stefan soient les plus évidents possibles.

            - Si tu parviens à convaincre Gin de nettoyer toute cette pagaille. 



            Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 20 Nov 2013 - 22:58, édité 2 fois
              Axel était flatté. C'était la première personne sur ce navire à qui Stefan se confessait. Ou du moins, c'était ce que le punk croyait. Il écoutait le navigateur parler, de ses impressions, de son histoire, entre deux tentatives d'humour, entre deux gémissements. Bah oui, il y était allé plutôt fort l'Axel... Ce que disait Stefan l'intéressait, l'intriguait beaucoup même. Il n'était pas comme ça avant ? Sans déconner ? Hé bé... Personne ne l'aurait jamais deviné, ça. Il parvenait même à SORTIR ? Fabulation certainement. Sinon tribulation étonnante que voilà. Et il parlait même d'un équipage de météorologistes, sur Grand Line. Axel se marra intérieurement en pensant à un équipage constitué exclusivement de navigateurs, ou de gens qui pourraient se contredire quant à la manœuvre à adopter. Ça lui irait bien au Stefan, après tout. Et voilà qu'il se trimbalait maintenant avec une bande de tarés sérieusement atteints du ciboulot, dont l'un venait presque de lui faire la peau. La vie était pleine de rebondissements, n'était-elle pas ?


              Le navigateur termina bientôt ses paroles, avec un air très solennel.

              "Si tu veux savoir la suite, je ne le dirais qu'à une seule condition.
              -Laquelle ?
              -Si tu parviens à convaincre Gin de nettoyer toute cette pagaille."


              Et Axel se mit à rire à gorge déployée. Un rire gras, pesant, massif. Un rire de papa, un rire de grand frère. Et, même s'il ne s'en rendait pas encore compte, le jeune Giriko commençait à avoir le rire de son aïeul Anders. Le punk continuait la conversation après s'être bien bidonné.

              "T'en fais pas, ce sera fait."

              Soudain, le charpentier tourna la tête, et vit un visage familier : Gin était venu en aide aux combattants, suivi d'une ribambelle de Desperados, tous au grand complet. Axel sourit alors, et se retourna vers le navigateur.

              "Tu vois ? Une belle grande famille !"

              Le punk retourna la tête vers l'équipage.

              "Hein, que j'ai raison ?"

              Et devant lui, la réaction que le jeune Giriko attendait ne fut pas. Tout simplement parce que les pirates en question affichaient sur leur visage une expression qui tint plus de l'inquiétude que de la sympathie. On pouvait lire de la surprise dans leurs yeux, écarquillés à la vue de l'état de Stefan. A ce moment, le punk réalisa que lui aussi, il allait s'en prendre plein la tronche après cet épisode...

              "... Et merde..."

              Axel se redressa alors, quand ces mots furent prononcés, et en profita pour s'étirer un peu. Une fois sa nuque craquée et ses jambes dégourdies, il se retourna alors vers son élève, et constata que lui ne pouvait pas faire de même. Pire encore, la tache de sang que le charpentier venait de cracher inquiétait Mr.Propre, de façon presque troublante. Axel soupira alors, en haussant les épaules, et se retourna vers le capitaine.

              "Job done, cap'tain. Désolé d'avoir mis notre navigateur dans cet état, mais je crois qu'il a bien retenu la leçon aujourd'hui. Occupe-toi de lui, moi ça va aller."

              S'ensuivit alors un soupir de Seido, suivi d'un très bref examen du blessé le plus grave sur ce pont. En voyant que même le fait de cligner des yeux lui faisait horriblement souffrir, on vit le médecin se relever, secouer doucement la tête, et approcher ses lèvres de l'oreille du charpentier.



              Ce dernier hocha la tête et mit alors un genou à terre, près du visage de Stefan.

              "Ok mec, marché conclu. Ton histoire m'intéresse beaucoup, et j'ai hâte d'entendre la suite. Le pont sera nettoyé. Mais pour l'heure, t'as plutôt l'air d'une mamie en décomposition, et tu peux même pas bouger. Si tu veux que le capitaine te rafistole, il faudra aller dans la salle d'opérations."

              Le charpentier se mit, à ce moment, à se frotter la nuque de la main droite. Rajoutant à cela un visage doucement mal à l'aise (les lèvres pincées, les sourcils relevés), on pourrait croire à une expression d'excuse, ou de compassion.

              "Vu que tu peux pas bouger, va falloir que je te porte. Et si je te porte, tu vas pas aimer ça et tu vas beugler. J'aime pas quand les gens beuglent, et surtout il semblerait que l'anesthésiant local ne suffise pas..."

              Le jeune Giriko crut alors voir une expression de terreur, un visage décomposé en face de lui. Stefan avait sûrement peur d'avoir saisi ce qui allait se passer. Il était pas débile après tout. Et Axel le savait. Avant même que le navigateur ne puisse ouvrir la bouche, le punk l'interrompit.

              "Désolé vieux."

              Axel joignit ses mains, et les serra entres elles, formant comme une petite masse d'armes. Il leva les bras et abattit cette arme, d'un coup sec, au niveau du front du pirate aux cheveux longs. Ce dernier perdit connaissance. Comme le prévoyait le charpentier.



              Le cyborg prit alors le corps inconscient sur une épaule, et se releva. Après avoir, encore une fois, craché l'excès d'hémoglobines sur le sol, il se mit en route vers la salle d'opérations, en compagnie du chirurgien. Les autres Desperados durent retourner à leurs occupations, sous l'ordre du capitaine. Ils n'en demeuraient pas moins inquiets. Il allait se faire une sale réputation, le cyborg...
              Seido ouvrit la porte, une fois que les deux pirates furent à destination. Axel, lui, aurait ouvert la porte brutalement, sans même faire plus attention à l'état du navire. Tout compte fait, il n'avait pas non plus fait gaffe lors de l'entraînement. Le punk se permit alors une vanne, pour détendre l'atmosphère.

              "Coucou, chérie. Je suis rentré."

              Malheureusement, Seido n'était pas d'humeur, ou alors le moment était mal choisi. Ou les deux. Axel s'avança vers la table d'opérations et allongea le corps gisant de Stefan. Il prit alors quelques bandages et une mixture dans une fiole, censée être analgésique, sans demander de comptes à qui que ce soit (il était fatigué le pauvre Axel. Migraine et blessures surtout). Il sourit alors au capitaine, pour ne pas paraître trop austère.

              Il tapota deux fois sur l'épaule gauche du cowboy, avant de s'en aller, plus calmement qu'il était entré. Soudainement, juste sur le palier de la porte, il se retourna vers le médecin, qui lui avait autre chose à faire pour le moment que de corriger le punk à propos de son entraînement.

              "Ah oui, j'oubliais. Cap'tain, vu que Stefan en a vachement bavé aujourd'hui et que moi, je me suis démené comme un fou, entre les réparations dues à Reverse Mountain et l'entraînement qu'on m'a confié, tu diras à Gin que c'est à son tour de laver le pont."

              Et Axel s'en alla, redoutant déjà les nombreux reproches que sa nouvelle famille aurait à lui faire. Il soupira en conséquence, et préféra miser sur la compréhension de ces derniers. Après tout, il y était allé mollo. Il aurait pu le tuer. Mais bon, cet argument était loin d'être suffisant... Ne se laissant pas abattre pour autant, le charpentier reprit ses esprits et traça un sourire on ne pouvait plus amusé sur son visage. C'était le pied cet entraînement quand même.



              *Je savais que cette journée allait être drôle !*



              ------------------------------



              Plus tard dans la journée, les Desperados avaient repris le cours normal de leur existence. Stefan était inconscient, Seido le réparait comme il pouvait, et Axel s'était fait engueuler à cause de l'état de Stefan. Maintes et maintes fois, d'ailleurs... Mais les Desperados ne semblaient pas lui en vouloir tant que ça. Ils essayaient certainement de comprendre la méthode d'Axel, et quelque part, ils devaient aussi trouver que c'était peut-être la solution après tout. Du moins, c'était ce qu'Axel espérait.

              Après ce moment difficile pour le punk donc, ce dernier était maintenant sur la barre en bois, à l'extrémité du pont supérieur avant, torse nu, avec tout plein de bandages sur lui. Le jeune Giriko était en train de se faire rafistoler de son côté par Elphys, derrière lui, qui essayait du mieux qu'elle pouvait de panser les plaies et brûlures du punk. Evidemment, elle se débrouillait difficilement, mais Axel ne s'en plaignait pas, déjà qu'elle était assez gentille pour s'occuper un peu de ce malade mental semi-métallique...

              Non, Axel lui s'amusait, en attendant que Stefan aille mieux : il s'était mis exprès à cet endroit pour mieux apprécier la vue qu'il avait du pont. Et en effet, il pouvait observer, avec le meilleur angle du monde, le forgeron des Desperados, torse nu lui aussi, mais doté d'une serpillière et d'un seau. Le pauvre Gin se démenait à nettoyer les traces du combat qui avait eu lieu plus tôt dans la journée, transpirant de partout et grommelant des insultes diverses et des malédictions concernant le sort d'Axel.

              Et le charpentier d'en remettre une couche :

              "Frotte plus fort, Gin ! Stefan veut que ça brille !"



              Réflexion faite, Axel aimait bien le jeu de Chi-Fu-Mi...


              Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mer 4 Déc 2013 - 21:32, édité 4 fois
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              Très inquiète, Elinor s'était rendue en courant dans l'antre de Seido. Le Capitaine discutait avec Gin. Les deux hommes faisaient mine d'oublier ce qu'il se passait sur le pont. Ils s'en préoccupaient, pourtant. Mais ils avaient tous promis, cette nuit, de ne pas agir.

              - Depuis quand les pirates tiennent-ils des promesses ? Axel ne va pas le tuer, pas volontairement peut-être, mais qui dit que Stefan survivra à ses blessures ? On ne peut pas arrêter ça ? 
              Seido apporta son argument ; Stefan avait besoin d'un électrochoc pour réaliser la situation dans laquelle il était. Et peut-être que, finalement, Axel était l’entraîneur qu'il lui fallait, même si la méthode était...rude.
              Elinor ne put échapper un rire sarcastique, que le Capitaine releva, en conservant le silence. Au moins avait-elle indiqué qu'elle désapprouvait.
              - Tu ne devrais pas retourner pour regarder, Elinor. Ce n'est pas une bonne idée.

              Entendre Gin sortir une réplique censée prouvait que tous étaient gênés.

              - Peut-être qu'effectivement, une parole de pirate demeure une parole de pirate ; elle est volatile. Mais dans notre équipage, nous avons une autre notion de la piraterie. C'est d'ailleurs pour cela que tu l'as rejoint, non ?
              Il posa sa main droite sur celle de la cuistot.

              - Nous avons décidé de nous faire confiance mutuellement, sur ce navire, Elinor.  Alors fais confiance à Axel aussi.

               Cela devait lui apporter un peu de baume au cœur, même si cette main était crispée. A contrecœur, serrant les poings et les dents, son esprit rempli de doute, elle avait remercié les deux hommes, contourné le champ de bataille pour retourner dans sa cuisine.

              Lorsqu'Axel annonça d'une voix puissante qu'il les autorisait à venir, elle respira profondément, et accourut immédiatement.

              Le spectacle qu'elle découvrit était... Elle n'arrivait même plus à trouver les mots. Axel était encore debout grâce à sa résistance. Il ne semblait pas très en forme pour autant. Il crachait du sang, portait la main sur son corps. Stefan devait avoir du répondant pour parvenir à atteindre un gaillard comme Axel. A vrai dire, Elinor était persuadée qu'il ne tiendrait pas cinq minutes. Comme quoi, les géographes, c'était comme la météo. Imprévisible. Mais il avait payé cher sa résistance : son visage était couvert de sang ; ses vêtements déchirés, des bleus aux bras. Il arrivait encore à parler, avec beaucoup de difficultés. Il était incapable de se lever.
              Elle resta en silence, sur le côté, en attendant qu'Axel assomme le patient et le soulève pour l'emmener dans le cabinet de Seido. Était-ce nécessaire d'être aussi brute ?

              ***
              La jeune cuisinière venait de faire brûler son gratin de fruits de mer. Une bonne pêche fichue en l'air.  Elle ne brûlait jamais rien, pourtant. Elle était toujours attentive à ce qu'elle faisait, tout était toujours grillé au point. Elle n'avait tout simplement pas le cœur à se mettre aux fourneaux. Quand on la connaissait, c'était un comportement plutôt étonnant, vu qu'elle s'épanouissait derrière les feux chaleureux des plaques de cuisson. 

              Le Capitaine avait ordonné que les membres de l'équipage retournent à leurs occupations pendant qu'il soignait le blessé. C'est ainsi que la jeune femme s'était retrouvée là, face à une fumée épaisse sortant du four. 

              Peut-être que finalement, ce n'était pas forcément une erreur de la cuistot. C'était la première fois que cet incident arrivait. Si cela se trouvait, c'était un signe du destin, une malédiction divine. Pour avoir accepté la bastonnade en règle, les Démons de la mer les priveraient d'un repas délicieux, réduisant leur difficile pêche de l'autre jour à un tas de cendres immangeables...
              Peut-être aussi qu'elle avait mis le four à 300°C au lieu de 180°C et qu'elle était entièrement responsable. Comme elle était en partie responsable de ce qu'il s'était passé. Elle n'avait pas levé le petit doigt alors qu'elle observait la scène. Voyons, pourquoi avait-elle pris au sérieux Axel sur le fait qu'il tuerait Stefan si on intervenait ? C'était une simple plaisanterie, non ? A moins que non.... Elle ne savait plus quoi penser. Elle posa les mains à plat sur son plan de travail, faisant tomber deux rondelles d'oignons en vadrouille. 

              Elle avait le cœur serré, de façon désagréable et presque douloureuse. Elle avait compris depuis la Prison qu'elle avait jusqu'alors une image tronquée de la piraterie. Les contes pour enfants enjolivent les récits des flibustiers passés avec de belles images et une idée d'aventure sous-jacente qui faisait oublier les détails morbides qui entouraient cette profession à risque. La mort de Wohrwèch lui avait appris une chose importante, qui l'avait fait grandir et évoluer : ce n'était pas une histoire, on pouvait mourir, souffrir. Les pirates n'étaient pas de gentils barbus au rire amusant et qui aimaient bien manger. 
              Malgré cette nouvelle réalité, pourtant, elle n'avait pas démissionné. Elle restait attachée à cet équipage, elle aimait sa nouvelle vie. Elle se doutait cependant que la prochaine étape serait sûrement la mort donnée de sa main. Elle s'y préparait mentalement, tout en sachant qu'elle ne serait jamais prête le jour J. Elle avait revu sa façon de penser, et s'attendait à beaucoup de choses. Sauf à ce qu'il venait de se passer chez les Desperados. Une famille, avait dit Axel lorsque l'équipage avait accouru à son appel. Ma foi, il existe bien des parents qui battent leurs enfants. Mais Elinor n'avait jamais envisagé de se trouver dans une famille pareille, vu la chance qu'elle avait eu dans son enfance. 
              Elle se sentait de plus en plus mal, une sourde angoisse pesait sur elle, un sentiment désagréable qu'elle ne parvenait pas à repousser. 
              Malgré les conseils du Capitaine, elle sortit de la cuisine et se dirigea vers le Cabinet médical. Elle frappa doucement à la porte. Seido était présent, en train de travailler. Il demanda à sa nakama la raison de sa venue. 
              - Je peux aller voir Stefan, une seconde ? 
              Il donna son accord, et lui indiqua l'emplacement où il se reposait, toujours K.O, des draps posés sur lui. 
              Elinor s'assit sur la chaise que devait utiliser le médecin de bord pour veiller ses patients, et observa attentivement le résultat. Des bandages partout, des bleus sur son visage si fin, les cheveux en désordre. Il semblait si frêle, ainsi. Et pourtant, il avait réussi à blesser Axel jusqu'à lui faire cracher du sang. Comment s'y était-il pris ? Il cachait bien son jeu, le bougre. Elle se leva et alla récupérer un seau d'eau et une éponge ; revint quelques secondes plus tard et entreprit de faire la toilette du jeune homme. Il se sentirait mieux s'il était propre à son réveil. Et cela allégeait le cœur de la cuistot qui se sentait moins coupable. 
              - Elinor....
              Elle sursauta et regarda dans la direction de la voix. Stefan lui parlait. Un œil à demi ouvert. 
              - .... Oui, c'est moi...Comment tu te sens ? 
              - ....Dis...à ...Axel.... Qu'il peut venir me voir...
              Elle se mordit la lèvre, montrant sa gêne et son désaccord. Ainsi que son incompréhension. Elle rêvait, ou Stefan réclamait Axel ? Il n'en avait pas assez eu pour la journée ?
              - Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Euh...D'accord. Je vais voir ça. 
              - Elinor ? 
              - Oui, je t'écoute. Je suis là....De quoi as-tu besoin ?
              - Tu peux arrêter de reluquer sous les draps, s'il te plait ?

              ***
              Lorsqu'Elinor débusqua enfin le cyborg, ce dernier était en train de se faire soigner par Elphys. Décidément, ce couple - ci était bien curieux. Mais ils allaient bien ensemble, on aurait dit un frère et une sœur. Quel était le rôle d'Elinor ici ? La mère nourricière ? Parbleu, elle était trop jeune pour être considérée comme une maman !  
              Elle entra dans la petite cabine de la barre pour regarder en contrebas ; Gin était en train de nettoyer le sol comme un acharné. Le pauvre, il n'avait pas le beau rôle dans cette affaire. Elle quitta son silence pour regarder les deux membres d'équipage. Elphys n'était pas une pro du bandage, cela ressemblait plutôt à un gant de boxe qu'à un laçage propre. Si Axel n'était pas un cyborg, il serait déjà évanoui à cause d'une circulation du sang bloquée.
              - Je viens pour faire passer deux messages. J'ai cramé le prochain repas. Mais je crois que nous avons tous mérité de faire un petit jeûne pour juste un repas...Enfin, sauf Gin, il paie déjà sa part en sueur, en bas. La seconde chose...Axel, Stefan te réclame. 
              Elle attendit de voir sa réaction avant de sortir ce qu'elle avait sur le cœur. 
              - Libre à toi de me dire que je suis la dernière des sentimentales et que je ne mérite pas, à ce titre, d'être une pirate. Je me fiche de ton avis sur le sujet d'ailleurs, comme je me ficherais de savoir si tu es légitime ou pas. On est une famille, tu l'as dit tout à l'heure. Liée par la folie et non le sang.  Jamais je ne remettrais en cause la légitimité de quiconque ici. De même que je ne dirais pas ce qui est bien ou pas bien. Tu as ta conscience pour toi. Enfin, je l'espère...

              Elle fit une pause. Elphys se taisait, Axel attendait. Elinor se décida enfin. 

              - J'ai pour ma part mauvaise conscience. En toute sincérité...si nous étions intervenus...tu l'aurais vraiment tué ? Il n'y avait pas une autre solution pour l’entraîner que de le maltraiter comme ça ? 


              Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 4 Déc 2013 - 20:23, édité 6 fois

                Axel ne disait rien depuis quelques secondes.



                Il avait déjà été chambré par Seido, sur un ton paternel, lui disant de faire attention tout de même à ce qu'il faisait. Mais le capitaine ne lui en tint pas vraiment rigueur, car de toute manière, le boulot était fait, et Axel était comme il était après tout. Ce fut en suite le tour d'Elphys, qui elle avait vraiment du mal à parler, redoutant ce côté-là du cyborg. Mais cela ne dura pas longtemps, une fois que le punk lui expliqua quelques petites choses, histoire de la rassurer. Pour Gin, quant à lui, rien n'avait vraiment changé. Il semblait mettre l'accent sur le fait qu'ils étaient pirates, et que Stefan devait apprendre. Le forgeron semblait assez neutre quant à la méthode utilisée, et s'il lui en voulait un peu à Axel, c'était parce qu'il devait nettoyer le pont par sa faute, voilà tout. Bref, l'équipage tentait de comprendre Axel, du mieux qu'il pouvaient, et ne lui portaient pas vraiment une rancune bien tenace.

                Mais Axel redoutait deux choses, dans son for intérieur. Déjà, c'était vrai qu'il n'y était pas allé avec le dos de la cuillère avec un de ses alliés. Quand on faisait partie d'un équipage, ils avaient beau comprendre, ça n'empêchait pas l'image qu'ils avaient d'être légèrement altérée. Même si c'était dans le cadre d'un entraînement lié à une décision commune. Après tout, il avait quand même brutalisé Stefan avec une certaine violence. Et puis, le jeune Giriko n'était pas forcément ce qu'on pouvait appeler un esprit sain.

                La seconde chose tant redoutée, c'était Elinor. En effet, depuis quelques mois déjà, Axel n'avait pas vraiment eu d'accrocs d'aucune sorte avec la cuisinière. D'ailleurs, personne n'en avait : le punk voyait Elinor comme une personne douce et aimante avant tout. Il était évident qu'il n'allait pas résumer une femme aussi intéressante en simplement deux points. Il était évident qu'il ne la connaissait que depuis très peu de temps, et en ce sens, il n'allait pas se permettre de la juger d'aucune sorte. Mais il savait, tous les Desperados savaient, que quelque part, Elinor était peut-être la plus inquiète du sort de chacun. La plus dévouée à l'équipage.

                Aussi, quand le punk vit la cuistot arriver, il se tut. D'habitude, il n'était pas doué dans les relations humaines, avait tendance à en faire trop, ou à s'exprimer de façon trop crue. Mais là, il préféra se taire. Car il savait que, de toute manière, son comportement sur ce point-là, c'était "ça passe ou ça casse". Il savait qu'il n'avait rien à dire pour se défendre. Ça n'en valait pas la peine. Ce serait simplement des paroles. Juste des paroles. Et il savait plus que quiconque, que des actes ne s'excusaient pas aussi facilement.

                Il écouta simplement la cuisinière donner son avis, lui parler, lui dire ce qu'elle avait sur le cœur, ne serait-ce qu'une once. Et seulement quand elle s'arrêta sur une question, il eut le courage de répondre.

                "J'ai pour ma part mauvaise conscience. En toute sincérité...si nous étions intervenus...tu l'aurais vraiment tué ? Il n'y avait pas une autre solution pour l’entraîner que de le maltraiter comme ça ?
                -Non."




                Le punk marqua alors une pause, face à ce déni sans argument, face à cette négation qui manquait de justification.

                "Non, Elinor. Je ne l'aurais pas tué, sûrement pas. Et peut-être qu'il y avait d'autres manières. Certainement, oui. Mais si je l'ai fait de cette façon, Elinor, c'est qu'il y a une raison."

                Quand il parlait, Axel lui aussi avait du mal. Il n'arrivait pas à s'exprimer correctement, il ne savait pas exactement quoi dire. Comme avec Stefan. Il n'avait jamais su quoi dire au fond. Tout ce qu'il savait faire, c'était dire ce qu'il pensait. Rien de plus, rien de moins.

                "On est sur Grand Line, maintenant. Vous savez mieux que moi ce que ça veut dire. On va rencontrer des mecs nettement plus forts que moi, plus forts que toi, et plus forts que le capitaine aussi. On risque de se faire tuer à n'importe quel moment. Chacun d'entre nous. Et c'est exactement pour ça que tout s'était passé de la sorte."


                Il se leva alors de la barre, et se rapprocha un peu d'Elinor. Il la fixait, son regard observant le sien. L'air sérieux, solennel.

                "Si on voulait tout simplement entraîner Stefan, on lui en aurait parlé déjà. Mais on manque de temps, on manque d'entraînement, on manque de beaucoup de choses. Si j'ai agi de la sorte, ce n'est pas uniquement pour entraîner Stefan."



                "Il devait se rendre compte que maintenant, on est sur Grand Line. Il doit être capable de se défendre, de pouvoir survivre dans ce qu'est vraiment le monde d'aujourd'hui. Dans ce monde rempli de sang et d'immondices. Dans ce monde qui nous dégoûte et nous effraye, qui nous glace le sang, qui détruit nos repères un à un, et ce pour chacun d'entre nous. Elinor, Stefan n'est pas le seul à devoir se rendre compte de ça."

                Axel crut voir une étincelle de compréhension dans les yeux de la jeune fille. Le charpentier, lui, ne bougeait pas. Inflexible dans ses paroles.

                "On est un équipage. Si on est pas soudés, on va se faire bouffer. Si on ne se fait pas confiance, si l'on se considère juste comme des amis, des compagnons de voyage partageant un même bateau et s'amusant toute la journée, on va nous faire la peau. Un par un. Si l'on a traversé Reverse Mountain, c'est qu'on connaît les risques que ça implique : aucun d'entre nous ne doit être un boulet pour les autres. Aucun d'entre nous ne doit douter de ses alliés dans notre périple. Nous sommes les seuls sur qui nous pouvons compter sur Grand Line, nous sommes les seuls en qui nous pouvons croire."

                A la fin de ces mots, le charpentier marqua une pause. Il était dur avec Elinor, il le savait. Ça lui faisait du mal à lui aussi, de prononcer ces faits qui pouvaient paraître fatalistes, et négatives. Mais qui ne relevaient de rien d'autre que du réalisme. Qui n'étaient autre choses que des vérités.

                "C'est une prise de conscience que chacun doit avoir. Et si je dois passer pour la bête noire afin que vous l'ayez, alors ainsi soit-il. Je ne vais pas m'excuser pour ce que j'ai fait, Elinor. Si vous voulez survivre, vous devez pouvoir compter sur moi, autant que moi je compte sur vous. Et si aucun membre de l'équipage ne m'en veut actuellement, c'est parce qu'ils savent que j'ai raison."

                Le jeune Giriko marqua alors un silence. Un silence cette fois-ci qui semblait pesant, un silence de plomb. Il se répéta alors, afin d'insister sur la lourdeur de sens que ses paroles impliquaient.

                "Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour notre équipage. Pour qu'on ait une chance de sortir en vie de Grand Line. Pour qu'on ne finisse pas avalé par ce monde fait de guerres et de violence."



                "Je ne vais pas m'excuser pour ce que j'ai fait, Elinor. Libre à toi de m'en vouloir pour ça."

                Et à la fin de ce discours, il prit son débardeur derrière lui, et passa à côté de la cuistot. Sans se retourner, sans un regard, sans une compassion. Rien. Il était terrifié par ce qu'il venait de dire, par le mal que ces paroles pouvaient causer. Il ne voulait pas affronter le silence de Gin sur le pont, en réponse à la véracité de ces propos. Il ne voulait pas affronter le visage peiné et perdu d'Elphys, qui elle non plus ne voulait pas en arriver à des paroles aussi dures. Et surtout, surtout. Il ne voulait pas affronter la réaction d'Elinor. Pas maintenant, non. Pas maintenant.





                Le cyborg se dirigea alors vers la salle d'opérations, là où il était demandé. Il descendit les escaliers rapidement, et silencieusement. Sur son visage, on pouvait lire de la haine. Non pas de la haine envers Elinor, ou même l'équipage, non. De la haine envers ce monde dégoûtant et affreux, qui l'obligeait à en arriver à de telles extrémités. De la haine envers la manière dont est fait cet univers aujourd'hui, où les enfants perdaient leur parents, où les hommes perdaient leurs proches, avec pour seule et unique raison un délire d'humains charcutant d'autres humains, dans les guerres entre Marine et Révolutionnaires, entre Chasseurs de primes et Pirates. Dans ces guerres au final insensées, qui perduraient en s'amplifiant depuis des millénaires déjà.

                Et puis aussi, de la haine envers lui-même.



                Croisant le capitaine, Axel rassembla tout son contrôle de soi en une formule de politesse, afin d'obtenir l'autorisation de venir voir le blessé. Seido acquiesça, et n'était pas aveugle quant au fait que le charpentier n'allait visiblement pas bien. Le punk, lui, continua sa route d'un pas orageux, jusqu'à la chambre où reposait le convalescent. Il poussa doucement la porte, la referma derrière lui, comme protégé, soulagé, et souffla un grand coup. Il afficha donc le meilleur sourire dont il était capable et vint à côté de Stefan.

                "Alors, frangin ? Ça va aller toi ?"


                Dernière édition par Axel "Chainsaw" Giriko le Mer 4 Déc 2013 - 21:34, édité 2 fois
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                Étonnamment, malgré la dureté des propos d'Axel, Elinor se sentait un peu rassurée. Il s'en voulait ; il était gêné. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, loin de son exubérance habituelle. Contrairement à ce qu'elle avait craint en assistant à cette corrida, il n'était pas un monstre. Il restait un humain malgré tout.
                Au fond d'elle même, elle savait qu'il avait raison. Confiance, le maitre-mot d'un équipage qui avait l'ambition de naviguer sur Grand Line. 
                Elphys et Elinor, laissées seules depuis quelques secondes, se regardaient sans dire un mot. Spectacle plutôt étonnant quand on connait l'excentricité des deux femmes. La canonnière fut la première à briser le silence.
                - Il n'est pas un mauvais bougre, tu sais !
                Elinor décida de quitter sa retenue pour redevenir plus gaie.
                - Sinon, tu ne le fréquenterais pas de cette manière. Je me trompe ?
                Elphys esquissa un sourire, avant de dévoiler ses dents, les commissures des lèvres montant jusqu'aux oreilles.
                - De toute façon, il ne peut pas être plus taré que moi !
                La rouquine ne put s'empêcher de pouffer. Plaisanter un peu libérait enfin la pesanteur désagréable de sa poitrine, et de l'ambiance à bord.
                - Ca, non. Impossible ! Bon, je retourne en cuisine, voir si je peux encore sauver quelque chose au milieu du massacre...
                ***

                Stefan se redressa quand il vit arriver Axel. Il grimaça légèrement de douleur mais afficha un petit sourire.

                - Je vais bien, prêt à te mettre une dérouillée. Toi, en revanche, cela n'a pas l'air d'aller. Et inutile de me dire le contraire. Ne me fais pas l'insulte de me prendre pour un imbécile.

                Il s'arrêta avant de planter ses pupilles d'un bleu glacial droit dans les yeux volcaniques du cyborg.

                - Alors, Gin frotte bien ?

                Il attendit la réponse avant de rire sous cape, et d'enchainer.

                - Chose promise, chose due alors.

                Il posa ses coudes sur le matelas pour avoir le dos plus droit et ne pas avoir l'air d'être complètement grabataire. Il remercia intérieurement Elinor qui, même si elle en avait profité un peu, lui avait permis d'être plus présentable et de supporter son état.

                - J'avais pour mission de mettre à jour le cadastre de l'île de Zaun. Ces derniers temps, de nombreux Zauniens se disputaient les limites de leurs propriétés, ce qui avait donné lieu à quelques conflits d'intérêts. Et avec les gens de cette île, ça ne donnait jamais rien de bon. Inutile de te faire un dessin.

                Stefan n'avait jamais aimé son île de naissance. La mentalité des habitants y était pour beaucoup. Le décor ajoutait une couche à une situation déjà bien désastreuse. Finalement, il était bien content d'être parti.

                - J'ai rencontré beaucoup d'hostilité de la part de ceux dont j'examinais le terrain. Tous avaient l'impression que j'allais les escroquer et que je défendais forcément leur adversaire. Toutefois, j'ai réussi à bien avancer, envers et contre tout. Sauf lorsqu'un vieux monsieur particulièrement revêche, qui ne m'accordait aucun crédit, m'a emmené soi disant voir son habitation. Je me suis retrouvé devant un bâtiment délabré. J'ai trouvé cela bizarre, mais avant même de pouvoir réaliser le piège, le vieux m'a poussé. Le sol pourri, incapable de supporter mon poids, s'est écroulé sous mes pieds.

                Il perdit son regard dans le vide, pensant péniblement à ce moment. Il frissonna malgré lui.

                - Quand j'ai repris connaissance, j'étais dans un lieu insalubre, où grouillaient tous les nuisibles possible, une humidité qui indiquait la proximité des égouts. D'ailleurs, l'eau s'infiltrait dans les cloisons fines... J'avais les jambes coincées sous une poutre. Et je n'arrivais pas à me dégager.

                Il bloqua ses bras contre son torse comme pour se protéger. Il ne se sentait pas capable de continuer. Mais il avait promis de tout dire à Axel. Baissant les yeux, commençant à être pris de tremblement, il tenta d'expliquer la suite. Mais cela restait bloqué dans sa gorge. Alors il demeura évasif.

                - Je suis resté trois jours en bas de cette ruine. Pour survivre, j'ai dû utiliser tout ce qu'il y avait autour de moi.


                Dernière édition par Elinor Lafayette le Mer 4 Déc 2013 - 20:25, édité 2 fois
                  "Je vais bien, prêt à te mettre une dérouillée. Toi, en revanche, cela n'a pas l'air d'aller. Et inutile de me dire le contraire. Ne me fais pas l'insulte de me prendre pour un imbécile."

                  A ces mots, le charpentier se frotta timidement la nuque. Stefan avait raison après tout.

                  "Ouais, non, ça va passer... Une petite prise de tête avec moi-même..."

                  Le navigateur fixa alors Axel. Et bien que ce dernier cherchait plutôt à éviter cet échange de regards, il finit par l'observer à son tour, avant de laisser échapper un soupir. Quelle idée d'avoir engagé un navigateur intelligent...

                  "T'en fais pas, vieux. Je suis juste pas doué dans les relations humaines, ça va passer.
                  - Alors, Gin frotte bien ?
                  -Comme si sa vie en dépendait : ça l'emmerde, mais il fait du bon boulot.
                  - Chose promise, chose due alors."


                  Et suite à un petit rire Defoesque, Stefan raconta alors son histoire, face à un Giriko attentif aux moindres détails. Le punk suivit l'histoire que lui narrait le convalescent, du début à la fin, s'étonnant que le Stefan en question ait vécu toutes ces choses-là. Il avait même terminé, dans un effort semblant titanesque, par citer la raison de son mal-être vis-à-vis de la saleté. Sans trop s'y attarder, timidement, sans détailler quoi que ce soit, sans rien, laissant l'imaginaire cyborgesque continuer l'histoire à sa place. Quand le navigateur eut terminé son récit, le Chainsaw éclata de rire, devant des yeux bleus ébahis.

                  Quand le charpentier put enfin poser quelques mots entre deux fous rires, il en sortit à peu près ceci :

                  "Bwahahahahahaha ! Excellente l'histoire frangin, excellente ! Bwahahahahahahahahahaha !"

                  Il repartit dans un autre rire démentiel devant un Stefan désemparé, ne sachant pas si son ami n'avait rien compris de l'histoire solennelle qu'il venait de narrer, ou si ce dernier se payait juste sa tête. Axel reprit.

                  "Et dire que tu voulais rester là-bas... On a eu raison de te pêcher au vol, vieux ! Bwahahahahahahaha !"

                  Et le jeune Defoe, à ces mots, comprit alors l'état de son interlocuteur : il se payait sa tête certes, mais c'était sa manière de compatir. Le navigateur laissa un sourire se dessiner sur son visage parfait.



                  Il se passa quelques minutes avant qu'Axel ne puisse s'arrêter. Cette histoire l'avait vraiment fait taper une barre... Son souffle repris, il prononça quelques paroles à son compatriote, tout en posant sa main droite sur l'épaule du convalescent.

                  "Ah là là... En tout cas, Stefan, je suis fier de toi. Fier de ce que tu as pu apprendre, et surtout content que tu nous fasses confiance. La route qu'on arbore va être rude, et j'espère qu'on s'en sortira."

                  Le charpentier s'éloigna alors, se préparant à partir, laissant le blessé se remettre un peu de cette folle farandole. Et, avant de franchir la porte, il lui laissa quelques paroles.

                  "Bon, je vais te laisser te reposer. De mon côté, j'ai encore quelques blessures et problèmes à régler. Sur ce, princesse, je te souhaite de guérir vite. Et à un prochain entraînement !"

                  Axel tourna alors les talons, et salua le pirate aux bandages conséquents. Et, alors que la porte se refermait derrière lui, le jeune Defoe put entendre une dernière phrase de la part du charpentier.

                  "Bienvenue dans la famille, Stefan !"


                  ----------------


                  Quelques minutes plus tard, l'astre solaire se préparait à finir sa descente, éclairant de sa lueur chaleureuse le pont du Marvel Genbu. Axel se tenait à cet endroit, les traits sérieux, le corps immobile, tenant une cigarette dans sa main droite. Il fixait le soleil qui se couchait alors, sans bouger d'un pouce, l'esprit torturé par cette journée pleine de rebondissements. Car, aussi surprenant que ça pouvait paraître, ce n'était pas les coups qu'il avait reçu aujourd'hui qui lui faisaient le plus mal, non. C'était cette conversation avec Elinor. Cette conversation, qui avait impliqué des paroles plutôt dures, et qui semblaient plus affecter celui qui les a prononcé que la destinataire. C'était aussi ça, Axel.

                  Il porta alors le bâton incandescent à sa bouche, et tira une bouffée de cet analgésique mental plus que physique. Il entendit alors quelques pas derrière lui.

                  "J'te jure, la prochaine fois, c'est toi qui nettoies ce foutu pont Axel... Ça m'a pris la journée entière et..."

                  C'était Gin, qui traînait là, profitant de la présence du cyborg pour se plaindre une énième fois de ses corvées. Mais quand la Tempête rouge vit son compatriote, de dos et pourtant l'air si solennel, il se tut. Le manteau carmin vint se ranger à côté du punk, regardant à ses côtés le soleil qui se couchait. Certes, Gin pouvait paraître plaisantin, joueur, hyperactif et frivole. Mais sous cette façade se cachait un pirate endurci et expérimenté, sachant supporter et comprendre ses camarades. Il pouvait être plus calme que Seido dans des moments de crise.

                  "Depuis quand tu fumes, toi ?
                  -Ça m'arrive de temps en temps. J'ai toujours un paquet sur moi.
                  -Tu sais, Axel, elle t'en veut pas, au contraire même. Ça l'a rassuré que tu parles comme ça tout à l'heure.
                  -Ouais, je sais. Elinor n'est pas idiote.
                  -Alors arrête de t'en vouloir."


                  Le forgeron posa alors une main forte et chaleureuse sur l'épaule du punk. Une de ces mains fraternelles, aimables, une de ces mains qui rassuraient un frère d'armes sur les batailles à venir.

                  "T'as bien fait, tu sais ?
                  -Peut-être. J'en sais rien.
                  -Bah, te tortures pas trop."


                  Gin tapota alors l'épaule d'Axel, doucement. Dans des moments comme ça, on préférerait rester seul en général, surtout vu comment le jeune Giriko était évasif. Mais quelque part, ça lui faisait du bien que Gin soit là.

                  "Ça va aller, Axel ?
                  -Ouais."


                  Et à ces mots, le charpentier tira une autre bouffée de sa cigarette. Il repensa, alors qu'il inspirait, il repensa à cette journée. Cet entraînement où il était professeur, cette fraternité qui s'était instaurée avec Stefan, ces vannes avec Elphys à propos de Gin, les reproches de Seido et la petite dispute avec Elinor, qui l'avait plus blessé qu'elle. Il repensa à cette journée. Il se disait que Gin avait raison, qu'il avait fait les bons choix. Qu'il avait fait les choses comme il le fallait. Mais il s'était surtout rendu compte d'une chose : du sens de ses propres paroles.

                  Les Desperados étaient devenus, comme il le disait à Stefan, une famille. Axel commençait à se rapprocher, à les apprécier,et à s'y attacher. Il leur faisait confiance, à chacun d'entre eux, et les soirées où l'alcool faisait rage, ou bien celles où une simple discussion prenait tout son sens, ces soirées, ce quotidien qu'il partageait avec l'équipage, tout cela importait énormément à ses yeux. Mais entre la petite bête dans sa nuque qui le rendait sanguinaire, et la possibilité que l'un d'entre eux se fasse tuer sauvagement, Axel était perturbé. Il ne se savait pas si sensible.

                  Le punk retrouva alors en lui un morceau de ce qu'il était, ce grand frère qui protégeait Naomi de toutes ses forces. Il retrouva une partie de son identité, celle qu'il perdait au fur et à mesure que la petite bête dans son dos grandissait. Cette journée était gratifiante. Pour tous.



                  Il inspira alors une seconde bouffée, qui le ramena à la réalité.

                  "Ouais. Ça va aller..."
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