Je crois que je suis perdue.
Nous avons compris ça quand on vous a vu réapparaitre la cinquième fois sur le pont.
Ne vous moquez pas.
Huhu... Aie !
On n'oserait pas !
Mh... Je ne le fais pas exprès, c'est juste que je tourne a gauche au lieu de tourner à droite au fond du couloir, et ça fait que je tourne en rond.
Euh... Pour rejoindre le cabinet du Docteur, il faut tourner à gauche puis à droite.
Attendez... Vous êtes sûr ?
Et descendre les escaliers.
J'ai monté des escaliers à un moment.
Ils étaient ou ?
Euh... Au fond du couloir à droite puis à gauche.
Fallait pas.
Ces escaliers mènent au bureau du Cap', non ?
Sûrement.
Je m'en doute maintenant.
Vous êtes sûr d'avoir envie d'y aller, à son cabinet ?
Je serais vous, j'irai pas.
C'est à dire qu'il m'y a assigné.
Attendez, vous êtes obligée d'y aller ?
Oui oui. Obligée.
Waouh, il a le droit de faire ça ?
Dur...
Bonne question...
Pour le coup, pour avoir la réponse, faudra aller le voir...
Puis je risque de me perdre après lui avoir cassé la tête, vous avez peu de chance de me revoir avant trois jours...
Vous avez besoin d'une escorte ?
Je ne dis pas non. Je n'arriverais pas trop en retard comme ça...
Suivez-moi.
Voilà, on y est.
On est ou ?
Devant son bureau...
Pourquoi il s'est installé dans la cale ? Il a un hublot au moins ?
Je ne crois pas. Il est un peu bizarre, vous savez...
Oui, ça je sais... Mais à ce point.
Probablement que ça lui rappelle des souvenirs.
Je ne veux pas savoir.
Bon... Bon courage hein.
Merci Soldat.
Bon.
Docteur ? Z'êtes là ?
Discussion sur le Divan
« Gmpf. »
Ça remuait, ça grognait. Un truc qui bâfrait sans scrupules et qui en ferait presque remuer le navire. Des trucs qui se rangeaient en pagaille, des choses qui s’empilaient. Craquaient même. Puis ça s’arrêta.
« Oui ? Heu ... Ah, Lilou ! Entrez donc, mademoiselle Jacob, je vous attendais ... presque. » grogna la chose de l’autre côté de la cloison.
Puis le bateau tangua, du moins avec un bordel c’était pas possible qu’il fasse autrement. Un pas lourd, annonciateur d’une machine de guerre. Ou d’un géant, mais quelque chose d’asse épais pour faire sale impression. Sans compter l’odeur immonde de pot pourri à la lavande qui émanait de la pièce, comme si on avait voulu camoufler un truc encore plus immonde mais en ne faisant qu’empirer les choses. Le genre de truc qu’on racontait au psy, un souvenir traumatisant, une odeur qu’on pouvait plus supporter. Et ça tombait bien, puisque c’était là, le psy. Le Docteur ouvrit la porte à la volée, l’encadrement lui arrivant à peine à mi-poitrine. Il se baissa tant qu’il pu pour inviter la jeune femme à entrer. L’endroit était exiguë et quasiment pas éclairé. Avec l’odeur, on se sentait comme dans des égouts. Quelque chose qui faisait froid dans le dos. Glauque à souhait. Cela ressemblait plus à une tanière qu’à un bureau. S’il avait fait des efforts pour tout organiser dans un premier temps, la masse de travail l’avait vite surpassé et des piles de papelards trônaient un peu partout, formant un cocon perturbant. Pas une seule décoration, pas une seule chose personnelle. Froid et inquiétant. La température, elle, était bien trop haute pour assurer un quelconque confort. Un nid, voilà ce que c’était.
« Bienvenue dans mon humble bureau, mademoiselle Jacob. Veuillez m’excuser pour le bazar, comprenez que les dossiers de plus de trois cent personnes, ça prend de la place, hé hé. Et je suis arrivé avec un peu trop d’effets sur le navire, ça ne doit pas arranger les choses. Non non, j’ai espoir d’avoir une bureau un pplus grand, c’est vrai, mais ici je peux dormir, voyez-vous ? Je suis pas loin de l’infirmerie ... et puis je sais pas. Une petite ambiance qui ne me laisse pas indifférent. Une sorte de réminiscence agréable, vous voyez ? Ah, douce nostalgie ... hé hé. » tenta-t-il de s’expliquer en lui présentant le divan d’une main nonchalante.
Il s’empara de son calepin, fit de la place en écartant d’un bras une pile de dossiers qui s’écrasa en toute splendeur contre trois autres, formant un tas incohérent de papier. Le Docteur marqua un temps d’arrêt, estimant le temps qu’il lui faudrait pour reclasser tout ça puis soupira de dépit. Peut-être que le délai était un peu trop exagéré après tout ...
« Bon bon bon ... hum. Donc, pourquoi veniez-vous déjà ? »
Ça remuait, ça grognait. Un truc qui bâfrait sans scrupules et qui en ferait presque remuer le navire. Des trucs qui se rangeaient en pagaille, des choses qui s’empilaient. Craquaient même. Puis ça s’arrêta.
« Oui ? Heu ... Ah, Lilou ! Entrez donc, mademoiselle Jacob, je vous attendais ... presque. » grogna la chose de l’autre côté de la cloison.
Puis le bateau tangua, du moins avec un bordel c’était pas possible qu’il fasse autrement. Un pas lourd, annonciateur d’une machine de guerre. Ou d’un géant, mais quelque chose d’asse épais pour faire sale impression. Sans compter l’odeur immonde de pot pourri à la lavande qui émanait de la pièce, comme si on avait voulu camoufler un truc encore plus immonde mais en ne faisant qu’empirer les choses. Le genre de truc qu’on racontait au psy, un souvenir traumatisant, une odeur qu’on pouvait plus supporter. Et ça tombait bien, puisque c’était là, le psy. Le Docteur ouvrit la porte à la volée, l’encadrement lui arrivant à peine à mi-poitrine. Il se baissa tant qu’il pu pour inviter la jeune femme à entrer. L’endroit était exiguë et quasiment pas éclairé. Avec l’odeur, on se sentait comme dans des égouts. Quelque chose qui faisait froid dans le dos. Glauque à souhait. Cela ressemblait plus à une tanière qu’à un bureau. S’il avait fait des efforts pour tout organiser dans un premier temps, la masse de travail l’avait vite surpassé et des piles de papelards trônaient un peu partout, formant un cocon perturbant. Pas une seule décoration, pas une seule chose personnelle. Froid et inquiétant. La température, elle, était bien trop haute pour assurer un quelconque confort. Un nid, voilà ce que c’était.
« Bienvenue dans mon humble bureau, mademoiselle Jacob. Veuillez m’excuser pour le bazar, comprenez que les dossiers de plus de trois cent personnes, ça prend de la place, hé hé. Et je suis arrivé avec un peu trop d’effets sur le navire, ça ne doit pas arranger les choses. Non non, j’ai espoir d’avoir une bureau un pplus grand, c’est vrai, mais ici je peux dormir, voyez-vous ? Je suis pas loin de l’infirmerie ... et puis je sais pas. Une petite ambiance qui ne me laisse pas indifférent. Une sorte de réminiscence agréable, vous voyez ? Ah, douce nostalgie ... hé hé. » tenta-t-il de s’expliquer en lui présentant le divan d’une main nonchalante.
Il s’empara de son calepin, fit de la place en écartant d’un bras une pile de dossiers qui s’écrasa en toute splendeur contre trois autres, formant un tas incohérent de papier. Le Docteur marqua un temps d’arrêt, estimant le temps qu’il lui faudrait pour reclasser tout ça puis soupira de dépit. Peut-être que le délai était un peu trop exagéré après tout ...
« Bon bon bon ... hum. Donc, pourquoi veniez-vous déjà ? »
C'est...
Passons le désordre et l'entrée en fanfare. Passons.
Mh...
Passons l'air bête sur son visage et ses grands yeux étonnés de me voir ici.
C'est vous qui m'avez demandé de venir ! J'ai une assignation officielle pour faire cette consultation.
Passons ma voix un poil agacée.
Si je vous dérange, je repars : j'ai mieux à faire.
Passons à la suite, ça ira plus vite.
« Heu. Oulah. D’accord. Enfin non, pas d’accord. Tant que vous passez pas cette consultation, vous êtes en tort, donc bon ... libre à vous, hein, mais pas libre à vous, en un sens. Vous savez, ce n’est pas un jeu de question réponse, tout comme il n’y a pas de manière conventionnelle de parler des choses, mademoiselle Jacob. Mais je vois que nous ne nous comprenons pas trop ... Je vais tâcher d’être clair.
Si vous pouviez vous asseoir, merci.
Donc je reformule ma question : que venez-vous faire ici ? Selon vous, pourquoi vous venez, hmm ? »
Si vous pouviez vous asseoir, merci.
Donc je reformule ma question : que venez-vous faire ici ? Selon vous, pourquoi vous venez, hmm ? »
Bien...
Faisons.
J'imagine que vous êtes tenus par une inspection de routine. Vous avez débarqué après Drum, mais entre Drum et Navarone, il s'en est passé des choses...
Et il s'en est passé avant Drum.
Faudra être un poil plus précis, parce que des raisons pour me forcer à venir, j'en vois au moins cinquante, des plus ou moins sympas et des plus ou moins sérieuses.
Alors, par quoi on commence ?
« Par là, par exemple. Cinquante raisons ? Et bien, ça tombe bien : j’ai du temps devant moi.
Pourquoi pas par le début, mademoiselle Jacob. Parlez-moi de vous. Dites moi ce qu’il vous passe par la tête. C’est votre esprit, non pas le mien. Je n’ai pas la prétention de vous connaître aussi bien que vous connaissez, et ne l’aurai jamais d’ailleurs.
Alors, mademoiselle Jacob, qu’il ya-t-il au début de votre histoire ? Ne me dites pas ‘du sang’, je sais que ce n’est pas vrai. Il n’y a jamais de sang au début d’une histoire, toujours ... une situation initiale. Un état supposé de béatitude. Quelque chose d’heureux, de lumineux. Et vous, vous n’échappez évidemment pas à cette règle. Alors commençons par là : mettons en lumière la lumière. Non ? »
Pourquoi pas par le début, mademoiselle Jacob. Parlez-moi de vous. Dites moi ce qu’il vous passe par la tête. C’est votre esprit, non pas le mien. Je n’ai pas la prétention de vous connaître aussi bien que vous connaissez, et ne l’aurai jamais d’ailleurs.
Alors, mademoiselle Jacob, qu’il ya-t-il au début de votre histoire ? Ne me dites pas ‘du sang’, je sais que ce n’est pas vrai. Il n’y a jamais de sang au début d’une histoire, toujours ... une situation initiale. Un état supposé de béatitude. Quelque chose d’heureux, de lumineux. Et vous, vous n’échappez évidemment pas à cette règle. Alors commençons par là : mettons en lumière la lumière. Non ? »
Comment ça se passe ? Je m'allonge sur le divan et vous me filez un paquet de mouchoir pendant que je vous parle de ma vie, de ma relation à ma mère durant mon enfance en pleurnichant sur le pourquoi je suis née alors que j'étais quand même sûrement beaucoup mieux dans son bidon ?
Ou on s'arrête immédiatement avec ces fausses idées ?
Parce que l'état de béatitude, de bonheur et d'amour du début de vie, ça a pas trop été pour moi je dois vous avouer. Déjà parce que personne ne peut me serrer dans ses bras pour me donner tout son amour sans me casser deux côtes... Ensuite parce que j'ai été abandonné dès ma naissance. Et enfin parce que je suis le jolie petit cadeau issue d'un viol.
Bien.
Ca dit, je ne me sens ni mieux ni pas mieux. Mais vous savez.
On peut en revenir au présent et ce qui concerne la marine et votre présence ici, vous croyez pas ? Si vous avez des questions, posez les. Mais mon enfance n'a strictement rien à voir avec le pourquoi vous êtes ici.
Et vous voyez, moi, c'est ça qui m'intéresse, beaucoup plus que mon complexe d'Oedipe.
« N’inversons pas les rôles, mademoiselle Jacob. Je suis le Docteur. Pas le patient. Pourtant, votre curiosité est tout à fait intéressante et traduit un certain sentiment d’insécurité. Auriez-vous une raison de redouter mon entretien ? Est-ce pour cela que vous autant cherché à le repousser ?
Votre enfance est justement intéressante car c’est à cette période que la plupart des gens sont façonnés. Tout comme votre aptitude à vous retrancher derrière cette mine sévère et ce regard accusateur. Vous seriez bien plus jolie sans faire la moue, mademoiselle Jacob. Regardez-moi, pensez-vous sincèrement que j’étais un plus beau cadeau que vous ? Et encore, je crois que je suis bien mieux encore en faisant la moue.
Hu hu.
J’ai cru comprendre que votre maladie vous avait en effet handicapé. Mais il en faut de la volonté pour arriver là où vous en êtes malgré cela. Alors nous ne nous attarderons pas sur cela, sauf si vous le désirez bien entendu. Vous avez su trouver un palliatif si j’ai bien compris.
Mais je vous propose tout de même quelque chose, mademoiselle Jacob. Parlez-moi de vous, et vous aurez le droit de me poser une question, à laquelle je répondrai bien entendu. Un échange de bons procédés, en somme, voulez-vous ?
Les monstres n’étant pas galants, je pose la mienne en premier : comment vous sentez-vous, sur le Léviathan ? »
Votre enfance est justement intéressante car c’est à cette période que la plupart des gens sont façonnés. Tout comme votre aptitude à vous retrancher derrière cette mine sévère et ce regard accusateur. Vous seriez bien plus jolie sans faire la moue, mademoiselle Jacob. Regardez-moi, pensez-vous sincèrement que j’étais un plus beau cadeau que vous ? Et encore, je crois que je suis bien mieux encore en faisant la moue.
Hu hu.
J’ai cru comprendre que votre maladie vous avait en effet handicapé. Mais il en faut de la volonté pour arriver là où vous en êtes malgré cela. Alors nous ne nous attarderons pas sur cela, sauf si vous le désirez bien entendu. Vous avez su trouver un palliatif si j’ai bien compris.
Mais je vous propose tout de même quelque chose, mademoiselle Jacob. Parlez-moi de vous, et vous aurez le droit de me poser une question, à laquelle je répondrai bien entendu. Un échange de bons procédés, en somme, voulez-vous ?
Les monstres n’étant pas galants, je pose la mienne en premier : comment vous sentez-vous, sur le Léviathan ? »
Comme au travail.
Vous sentiriez-vous en sécurité si vous étiez obligé de faire un entretien que vous n'avez pas envie de faire avec une personne qui à votre carrière entre les mains et qui pourrait, sur son simple rapport, faire ce qu'il veut de vous ?
Je suis venue. Mais je suis venue à reculons, pas de gaité de coeur. N'en demandez pas plus.
Il griffonna sur son bloc.
« Hm-hm. Je vois. Est-ce votre question ? De mon côté, je serais d’humeur à croquer cet individu, mais je sais me montrer civilisé. Ah ah.
Hm.
C’est dommage, mademoiselle Jacob, je suis sûr que nous pourrions nous entendre à merveille. Donc je ne vais pas plus vous embêter avec ces questions stériles que vous éluderez systématiquement pour me les retourner. Passons donc dans le vif, dans le cœur du sujet, voulez-vous ? Promettez-moi juste de ne pas crier, taper, grogner, griffer ou même partir. Bien ?
Parlez-moi de votre expérience à Drum. Ennemis, amis. Ou supérieurs et collègues, vu que pour vous il semble y avoir une différence … N'omettez rien, je le saurais : vous êtes l'une des dernières à passer. »
Il lui offrit un affreux sourire. Un de ses sourires qui voulait dire quelque chose du genre 'je sais, mais ce n'est pas la peine de me frapper : je suis déjà assez moche comme ça' ou plutôt qu'il savait que ça ne ferait que l'énerver mais qu'il préférait être honnête.
« Hm-hm. Je vois. Est-ce votre question ? De mon côté, je serais d’humeur à croquer cet individu, mais je sais me montrer civilisé. Ah ah.
Hm.
C’est dommage, mademoiselle Jacob, je suis sûr que nous pourrions nous entendre à merveille. Donc je ne vais pas plus vous embêter avec ces questions stériles que vous éluderez systématiquement pour me les retourner. Passons donc dans le vif, dans le cœur du sujet, voulez-vous ? Promettez-moi juste de ne pas crier, taper, grogner, griffer ou même partir. Bien ?
Parlez-moi de votre expérience à Drum. Ennemis, amis. Ou supérieurs et collègues, vu que pour vous il semble y avoir une différence … N'omettez rien, je le saurais : vous êtes l'une des dernières à passer. »
Il lui offrit un affreux sourire. Un de ses sourires qui voulait dire quelque chose du genre 'je sais, mais ce n'est pas la peine de me frapper : je suis déjà assez moche comme ça' ou plutôt qu'il savait que ça ne ferait que l'énerver mais qu'il préférait être honnête.
Mon expérience à Drum ?
Et vous voulez que je parte en grognant, griffant, frappant ou je sais pas quoi d'autres ? J'ai une raison de faire ça ?
Alors... Mon expérience à Drum, c'est quand même assez large comme question... Vous avez probablement déjà lu le rapport que j'ai moi-même écrit faisant l'état de la situation et des lieux avant et après notre passage. Je me vois mal être plus précise sur ce qu'il y avait et sur ce que j'en pensais. Même si parler au conseil des cinq étoiles de ce que j'en pense ne se fait pas forcément, j'imagine...
Mon expérience donc. J'ai été sur pas mal de fronts, et j'ai aidé dans pas mal d'affaires. Je ne vois pas ce que vous voulez que je dise de plus que ce qu'il y a dans ce rapport. Ni sur qui, ni sur quoi. Soyez plus précis et je vous répondrai. C'est comme ça que ça marche non ? Il faut parfois partir de détails pour aller vers un tableau complet. Mais par quel détail commence-t-on... ?
Si par contre vous voulez que je vous donne mon avis, j'ai quand même eu largement l'impression qu'on nous envoyait au casse-pipe.
« Pourquoi croyez-vous donc que vous soyez en train de me parler sur un Divan, mademoiselle Jacob ? Ce rapport est précisément la raison de ma venue. Ça et les choses qui ont filtré. Vous savez, entre ce que vous devez écrire et ce que vous avez vécu il y a toujours un écart.
Vous envoyer au « casse-pipe ». Pourquoi cette impression ? La désinformation ? Un manquement de la part de monsieur Fenyang ? Ou … autre chose ?
Ce que vous me direz ici restera sous le couvert du secret médical, mademoiselle Jacob. Dussè-je entendre un secret d’Etat que ma fonction m’empêcherait de le transmettre aux instances supérieures. Comme je vous l’ai déjà répété, mademoiselle Jacob, je suis médecin. Je suis là pour aider, guérir. Je ne suis pas là pour mettre un pansement sur une jambe de bois : si le Gouvernement estime que je suis l’homme nécessaire, c’est aussi parce que cela fait depuis que la construction du Léviathan a été annoncée que j’ai fait suivre une demande de ré-affectation. Croyez-moi, je ne suis pas là pour vous nuire : les choses sont bien souvent ce qu’elles paraissent réellement … »
Vous envoyer au « casse-pipe ». Pourquoi cette impression ? La désinformation ? Un manquement de la part de monsieur Fenyang ? Ou … autre chose ?
Ce que vous me direz ici restera sous le couvert du secret médical, mademoiselle Jacob. Dussè-je entendre un secret d’Etat que ma fonction m’empêcherait de le transmettre aux instances supérieures. Comme je vous l’ai déjà répété, mademoiselle Jacob, je suis médecin. Je suis là pour aider, guérir. Je ne suis pas là pour mettre un pansement sur une jambe de bois : si le Gouvernement estime que je suis l’homme nécessaire, c’est aussi parce que cela fait depuis que la construction du Léviathan a été annoncée que j’ai fait suivre une demande de ré-affectation. Croyez-moi, je ne suis pas là pour vous nuire : les choses sont bien souvent ce qu’elles paraissent réellement … »
Sommer un équipage qui se remet difficilement de ses blessures de révolutionner une situation déjà perdue en arrivant sans la moindre information à nous transmettre au préalable, oui bizarrement, j'appelle ça "envoyer des gens au casse-pipe". Rien à voir avec Fenyang, rien à voir avec quoique ce soit d'autre. Composer avec mon équipage et les évènements en face, ça me parait pas déconnant, qu'on s'entende... Ce qui me parait déconnant, c'est d'envoyer les gens de qui je suis responsable se faire couper la tête au premier pas parce qu'on voit pas à trois mètres devant nous...
La faute à qui ?
Pourquoi suis-je la seule à devoir rendre des comptes après ça, mh ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'on est un peu les seuls coupables de ce bordel ?
On me demande d'être responsable de vie, Wallace. On me bassine sur des devoirs, des responsabilités, des obligations,... Et en contre partie, on me plonge consciemment dans une situation que personne n'envierait en m'ordonnant d'être responsable...
Vous savez quoi ? Rien que d'y penser, ça m'énerve.
Alors, ouais, on va arrêter de me prendre pour une idiote, Wallace. Vous êtes là... Non, TU es là pour une très bonne raison. Et toi comme moi, on la connait cette raison. Ton secret médical, il est aussi discutable que l'honnêteté des gens qui nous commande. Alors arrête avec ton regard de celui qui a tout vu et qui sait déjà tout sur tout parce que tu as déjà discuté avec tout le monde et que je suis la dernière à passer. Arrête avec tes grands "je suis là pour t'aider" et blah et blah et blah... Je suis pas en demande. Toi, si. Si tu veux jouer au plus malin, je passe mon tour.
Mais si tu as des questions, tu les poses. Et tu te caches pas derrière ta psychanalyse et tes grands airs de monsieur-je-sais-tout.
Passe-moi ça, tu veux ? On est des adultes.
« Donc c’est au Gouvernement qu’en reviendrait la faute selon vous, hmm. Cela soulève une étrange question, mademoiselle Jacob : peut-être que cela était le but de ces révolutionnaires, vous attirez dans un piège. Vous véhiculez le symbole de la Marine après tout. Cela est évidemment un manquement de la part de la hiérarchie à vous écouter.
Sachez que je comprends tout à fait ce que vous ressentez, mademoiselle Jacob : je suis médecin avant d’être assermenté par le Gouvernement. Mon unique but est de limiter la casse, de sauver le plus de vies possible. Je ne serais pas dans la Marine si j’estimais avoir un meilleur choix. Je comprends tout à fait votre colère, ce qui soulève un évident besoin de ma part de vous aider en effet.
Je ne suis en aucun cas là pour jouer, mademoiselle Jacob. J’ai écouté tout le monde, en effet. J’ai essayé d’aider tout le monde, en effet. Mais je n’ai pas écouté la personne qui tardait le plus à venir. Je n’ai pas écouté la personne qui en savait assez pour dresser ce fameux rapport. Je ne vous ai pas écouté vous, qui avait été au centre de cette bataille. Vous que le Cipher Pol a pris la peine de contacter alors même que la hiérarchie ignorait tout de sa situation actuelle. Vous qui étiez là lorsque tout à commencé et qui était encore là lorsque tout s’est terminé à vrai dire. Votre vision des choses a plus d’importance que vous ne voudriez bien l’admettre. Et vous savez pourquoi je pense cela, mademoiselle Jacob ? C’est parce je vous sens un peu comme moi au fond. Sous cette peau, ces dents, je me targue d’être un homme d’honneur. Je ne mens pas. Je suis loyal. Je ne tue pas. Voilà ce que je suis, un monstre d’honnêteté, ah ah.
Et c’est pour ça que je veux vous entendre. Pas voir un bout de papier qui ne rend pas compte de la douleur, du ressenti. Je sens la peur, la colère en vous. Ce n’est jamais bon d’intérioriser, mademoiselle Jacob. Cela en a poussé plus d’un dans le camp adverse. Non pas que ce soit un mauvais camp. Mais il le devient si nous y allons pour de mauvaises raisons.
C’est pourquoi je veux vous entendre. Ma spécialité est la psychologie. Cela entend qu'aux yeux de mes supérieurs je dois tout savoir de vous, c’est mon travail mademoiselle Jacob. Vous comme moi savons que les faits sont différents, et le demeureront. Allons bon, prenez un verre d’eau, et un petit bonbon à la menthe. Attendez, que je ne me trompe pas de boîte. Voilà. Ceux-là sont un délice.
Je vous écoute : vous me parliez de ceux qui vous ont envoyé à la mort. Vous me parliez de l’horreur du combat. Comment était-ce sur le pilier ? Que s’est-il donc réellement passé ? Jenkins, Fenyang, Krabbs, Envy ? »
Sachez que je comprends tout à fait ce que vous ressentez, mademoiselle Jacob : je suis médecin avant d’être assermenté par le Gouvernement. Mon unique but est de limiter la casse, de sauver le plus de vies possible. Je ne serais pas dans la Marine si j’estimais avoir un meilleur choix. Je comprends tout à fait votre colère, ce qui soulève un évident besoin de ma part de vous aider en effet.
Je ne suis en aucun cas là pour jouer, mademoiselle Jacob. J’ai écouté tout le monde, en effet. J’ai essayé d’aider tout le monde, en effet. Mais je n’ai pas écouté la personne qui tardait le plus à venir. Je n’ai pas écouté la personne qui en savait assez pour dresser ce fameux rapport. Je ne vous ai pas écouté vous, qui avait été au centre de cette bataille. Vous que le Cipher Pol a pris la peine de contacter alors même que la hiérarchie ignorait tout de sa situation actuelle. Vous qui étiez là lorsque tout à commencé et qui était encore là lorsque tout s’est terminé à vrai dire. Votre vision des choses a plus d’importance que vous ne voudriez bien l’admettre. Et vous savez pourquoi je pense cela, mademoiselle Jacob ? C’est parce je vous sens un peu comme moi au fond. Sous cette peau, ces dents, je me targue d’être un homme d’honneur. Je ne mens pas. Je suis loyal. Je ne tue pas. Voilà ce que je suis, un monstre d’honnêteté, ah ah.
Et c’est pour ça que je veux vous entendre. Pas voir un bout de papier qui ne rend pas compte de la douleur, du ressenti. Je sens la peur, la colère en vous. Ce n’est jamais bon d’intérioriser, mademoiselle Jacob. Cela en a poussé plus d’un dans le camp adverse. Non pas que ce soit un mauvais camp. Mais il le devient si nous y allons pour de mauvaises raisons.
C’est pourquoi je veux vous entendre. Ma spécialité est la psychologie. Cela entend qu'aux yeux de mes supérieurs je dois tout savoir de vous, c’est mon travail mademoiselle Jacob. Vous comme moi savons que les faits sont différents, et le demeureront. Allons bon, prenez un verre d’eau, et un petit bonbon à la menthe. Attendez, que je ne me trompe pas de boîte. Voilà. Ceux-là sont un délice.
Je vous écoute : vous me parliez de ceux qui vous ont envoyé à la mort. Vous me parliez de l’horreur du combat. Comment était-ce sur le pilier ? Que s’est-il donc réellement passé ? Jenkins, Fenyang, Krabbs, Envy ? »
Tu as ce dossier, non ? Tu l'as lu, c'est pour ça que tu es là selon tes propres mots. Voilà comment c'était, tout ce qui c'est "réellement passé", y'a rien à savoir de plus. C'était un champ de bataille, pas pire ni mieux qu'un autre, pas vraiment sale, mais pas propre non plus. On était juste des Humains au milieu d'un combat de titans. Titans dont on ne supposait pas la présence. Présence qu'on m'a imposé au dernier moment en me demandant de gagner, qu'importe ce qu'on avait à perdre. Et tu veux que je n'ai pas l'impression qu'on ait tenté de me baiser salement ? Que je n'ai pas d'aigreur ? Que je fasse de grands sourires à ces fabuleuses têtes pensantes qui pensent "pions" et pas "humains" ?
Vraiment ?
Hinhin...
Tu poses des mots sur mes sentiments en les prenant pour acquis. Mais tu ne me demandes pas si c'est ce que je ressens. Tu penses tout savoir, mais qu'est-ce que tu sais vraiment ?
Je n'ai pas peur. Je ne suis pas en colère. Entend le ainsi ou non, c'est un fait.
Je fulmine et je suis terrifiée.
Et je ne fulmine pas seulement contre le gouvernement qui nous a utilisé comme une pièce sur un échiquier géant. Je fulmine aussi contre ces révolutionnaires qui ont utilisé des civils comme des pions, ces politicards qui ont joué de leurs pouvoirs, ces agents infiltrés de tous les côtés qui s'amusaient avec la vie de tout ceux en jeu. Comme si une guerre, c'était amusant... Je suis terrifiée par l'idée que ces gens agissent impunément et de me sentir impuissante face à eux, face à ces Humains.
Alors Jenkins, Fenyang, Krabb, Envy, Auditore, Ombre,... Je fulmine contre eux de les voir jouer à ce jeu morbide. Et je suis terrifiée de voir qu'ils ont ce pouvoir et qu'ils en profitent consciemment.
Je sais ce que je cristalise, Je sais ce que j'intériorise et je sais ce que je veux en faire. Je n'ai pas besoin de toi pour savoir l'impact que ça peut avoir ni pour m'entendre dire que c'est bien ou pas bien. Moi, je sais. Mais toi ? Hein.
Voilà comment c'était, là-bas...
D'une banalité déconcertante.
« Visiblement, nous avons le même soucis, mademoiselle Jacob. Ce point que vous soulevez est omniprésent. Et je ne parle pas que du Léviathan. Comme si les guerres des grands ne souffraient pas la présence des petits. Et pour qui se battent-ils, sinon au nom des petits … enfin bon, vous n’avez pas à vous préoccuper des pensées d’un monstre usé avant l’heure, hé hé.
Vous voyez, cette colère que je perçois en vous, déclenchée certes par mes tentatives maladroites d’en savoir un peu plus, cette colère est chose commune à tout le monde ici. Mais bien peu ont pu me l’expliquer comme vous. Cette sensation de démesure, c’est cela ? J’aimerais travailler avec vous sur ce sujet. J’aimerais savoir si nous pouvions envisager une solution, n’est-ce pas ?
Pour tout vous dire, je ne suis qu’un de ces pions, moi aussi : baladé de service en service. On me demande de soigner en deux semaines des choses qui ne peuvent l’être. Un esprit, ce n’est pas une fracture, ce n’est pas biologique au sens strict. Aussi complexe et mystérieux que méconnu : mes études m’ont appris que je ne sais rien, hé hé. Et tout le monde pense que je sais tout … rah là là … enfin bref.
Je suis épuisé, pour tout vous dire. 327 personnes en deux mois, c’est un peu trop, vous ne pensez pas ? »
Vous voyez, cette colère que je perçois en vous, déclenchée certes par mes tentatives maladroites d’en savoir un peu plus, cette colère est chose commune à tout le monde ici. Mais bien peu ont pu me l’expliquer comme vous. Cette sensation de démesure, c’est cela ? J’aimerais travailler avec vous sur ce sujet. J’aimerais savoir si nous pouvions envisager une solution, n’est-ce pas ?
Pour tout vous dire, je ne suis qu’un de ces pions, moi aussi : baladé de service en service. On me demande de soigner en deux semaines des choses qui ne peuvent l’être. Un esprit, ce n’est pas une fracture, ce n’est pas biologique au sens strict. Aussi complexe et mystérieux que méconnu : mes études m’ont appris que je ne sais rien, hé hé. Et tout le monde pense que je sais tout … rah là là … enfin bref.
Je suis épuisé, pour tout vous dire. 327 personnes en deux mois, c’est un peu trop, vous ne pensez pas ? »
Et quel sentiment de démesure, d'impuissance...
J'ai l'impression d'être une petite fille dans un monde de géants. Qui peuvent à tout moment m'écraser sous leurs grandes bottes. Et pourtant, je ne suis pas la plus petite. Je le sais.
Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Wallace ? Discuter de quoi ? Répondre à quoi ?
J'ai pas de réponse s'il n'y a pas de question.
« L’avenir du Léviathan. Que penses-tu que je devrais écrire dans ce rapport, hmm ? Vous encourager à continuer, ou condamner cette expédition une fois pour toute ? »
Arrêter cette expédition ?
Wallace...
Je suis peut-être pas douée pour les humains, mais les machines, ça me connait. Et le Léviathan est une machine incroyable, une création impressionnante. Il est trop génial pour être stoppé net, il y a aussi trop à parfaire pour le laisser rouiller dans un coin. Il est une île à lui seul où un univers complet vit et évolue.
Qu'on se le dise... On est pas l'équipage parfait. On ne le sera jamais. Les Rhinos Storm ont leur poids morts comme tous les autres équipages aussi soudés qu'ils soient.
Mais on est une famille.
Et le Léviathan est notre terre.
Alors ce que tu dois écrire dans ce rapport, c'est ça.
Mot pour mot.
Il posa son crayon sur son bloc note, avec un sourire.
« Alors vous me confortez dans mon choix, mademoiselle Jacob. Je pense qu’il y a fort à faire pour aider les gens ici, ainsi je vais certainement m’attarder quelque peu histoire que tout cela se passe pour le mieux.
Bien. Merci d’avoir pris le temps de me parler, mademoiselle Jacob. Je m’en voudrais de vous retenir plus longtemps. Vous avez une machine incroyable à faire fonctionner si je ne m’abuse. »
Le monstre se gratta la tête et posa son bloc-notes sur son bureau. Ainsi, en tendant l’œil, on pouvait percevoir un smiley souriant dessiné dessus. Cela pouvait à peu près résumer son humeur et sa satisfaction quant à l’entrevue avec Lilou. Bah quoi, il avait le droit d’être content, non ? Tout s’était plutôt bien passé en définitive et les entrevues l’avaient petit à petit convaincu qu’il retirerait un plus grand dommage en stoppant le Léviathan plutôt en le faisant continuer. Il avait appris à s’attacher un peu à ce monde et avait rejoint l’esprit d’équipage. Aider au mieux ces gens, c’était un but pas si mal, non ? Et puis bon, il y avait aussi de sacrés cas sociaux sur ce navire. Ça, ça le passionnait tout autant …
« Alors vous me confortez dans mon choix, mademoiselle Jacob. Je pense qu’il y a fort à faire pour aider les gens ici, ainsi je vais certainement m’attarder quelque peu histoire que tout cela se passe pour le mieux.
Bien. Merci d’avoir pris le temps de me parler, mademoiselle Jacob. Je m’en voudrais de vous retenir plus longtemps. Vous avez une machine incroyable à faire fonctionner si je ne m’abuse. »
Le monstre se gratta la tête et posa son bloc-notes sur son bureau. Ainsi, en tendant l’œil, on pouvait percevoir un smiley souriant dessiné dessus. Cela pouvait à peu près résumer son humeur et sa satisfaction quant à l’entrevue avec Lilou. Bah quoi, il avait le droit d’être content, non ? Tout s’était plutôt bien passé en définitive et les entrevues l’avaient petit à petit convaincu qu’il retirerait un plus grand dommage en stoppant le Léviathan plutôt en le faisant continuer. Il avait appris à s’attacher un peu à ce monde et avait rejoint l’esprit d’équipage. Aider au mieux ces gens, c’était un but pas si mal, non ? Et puis bon, il y avait aussi de sacrés cas sociaux sur ce navire. Ça, ça le passionnait tout autant …