Ma soeur,
Je t'écris cette lettre sans te l'envoyer. Je l'enferme dans une bouteille de verre et dans son destin. Qu'elle arrive dans les mains rongées par le sel d'un pêcheur trop fatigué à trop travailler ou qu'elle se fracasse contre un rocher qui ne demandait rien à personne, sculpté par la mer qui s'écrase dans toute sa violence et sans répit contre lui. Je l'ai également enfermée dans mon coeur et dans celui de la Grande Dame Bleue en la jetant à la mer. Qu'elle te parvienne un jour ou non, quelque part, tu sauras que je t'avais écrit. Peut être trop tard mais je ne décide pas de cela.
Peut être que t'étonneras-tu à douter de ma réelle personnalité, à être surprise que je te livre mon coeur avec des mots qui ne sont habituellement pas les miens, avec des attentions que tu me croies étrangères. Alors tu demanderas si tu ne t'es pas trompée à mon propos. Ou à mon chevet. Devant ma tombe, si j'ai la chance et l'honneur d'en avoir une, autre que celle des abysses de la Grand Bleu, dernière demeure espérée toute ma vie de maudit pirate.
"Derrière ce Mister Mahach se serait-il caché un Docteur Besinger ?" Pirate fou et ignoble le jour, homme sensible et bohème la nuit. Alors je te le demande, Soeur. Qui de nous deux suis je ? Lui, ou moi. Si tant est qu'il y aie un "lui" et un "moi", et que celui que tu crois "lui" ne soit pas "moi".
Je vais te répondre, petite Soeur. Il n'y a ni de "lui" ni de "moi". Il n'y a que le monde et ceux qui le peuplent. Pourquoi fus-je une teigne toute ma vie ? En avais je vraiment l'envie ou bien le monde m'a-t-il forcé la main ? Etait-ce une façon pour moi de m'adapter à lui pour survivre ? Je n'en sais encore rien et m'en moque. C'est lui qui m'a façonné et qui fait que je suis ce que je suis aujourd'hui. Dois je le lui en vouloir ? Devais je ne jamais employer ces termes qui sont bien trop élaborés pour moi sous prétexte que je ne vaux rien ? Sans cette vie, aurais-je été tout autre ? Si je n'avais pas grandi au Grey Terminal, aurais-je été cet homme bohème le jour et cette racaille la nuit ?
Peut me chaut. Je suis ce que je suis mais j'ai aussi des principes que je respecte. Je ne recule jamais, je ne vais pas contre mes convictions, je respecte la Mer et le Code d'Honneur des Pirates. Pas que je m'e fiche complètement du reste mais je vis avec. Je dois vivre avec. Cela ne me fait aucun mal et je n'ai pas envie de me torturer l'âme à coups de mélancolie et de remords. La vie continue, on a fait des choix, nous vivons les conséquences, parfois ça fait mal. On serre des dents.
Parfois la plaie s'agrandit, parfois elle cicatrise.
Parfois on en meurt, parfois on en ressort que plus fort.
Hier j'avais du sang sur les mains.
Etait ce le mien ?
Dure labeur des années passées.
Aujourd'hui j'ai du sang sur les mains.
Est-ce le mien ?
Je me suis écorché à t'écrire cette lettre.
Demain j'aurais du sang sur les mains.
Sera-ce le tien ?
Nos choix, nos vies, nos histoires ont fait que nous devons croiser le fer.
Le regrettes-tu ?
J'espère que tu seras aussi forte que tu veux le montrer.
J'ai senti ta peine.
J'ai choisi d'assumer mes choix.
Nous ne pouvons plus reculer.
Demain, j'ai peur de faillir.
Soeur,
Sais tu demain lequel de nous deux aura le sang de l'autre sur ses mains ?
Abrutie, je me ronge les sangs à ton égard, à toi qui me les tourne.
Je t'écris cette lettre sans te l'envoyer. Je l'enferme dans une bouteille de verre et dans son destin. Qu'elle arrive dans les mains rongées par le sel d'un pêcheur trop fatigué à trop travailler ou qu'elle se fracasse contre un rocher qui ne demandait rien à personne, sculpté par la mer qui s'écrase dans toute sa violence et sans répit contre lui. Je l'ai également enfermée dans mon coeur et dans celui de la Grande Dame Bleue en la jetant à la mer. Qu'elle te parvienne un jour ou non, quelque part, tu sauras que je t'avais écrit. Peut être trop tard mais je ne décide pas de cela.
Peut être que t'étonneras-tu à douter de ma réelle personnalité, à être surprise que je te livre mon coeur avec des mots qui ne sont habituellement pas les miens, avec des attentions que tu me croies étrangères. Alors tu demanderas si tu ne t'es pas trompée à mon propos. Ou à mon chevet. Devant ma tombe, si j'ai la chance et l'honneur d'en avoir une, autre que celle des abysses de la Grand Bleu, dernière demeure espérée toute ma vie de maudit pirate.
"Derrière ce Mister Mahach se serait-il caché un Docteur Besinger ?" Pirate fou et ignoble le jour, homme sensible et bohème la nuit. Alors je te le demande, Soeur. Qui de nous deux suis je ? Lui, ou moi. Si tant est qu'il y aie un "lui" et un "moi", et que celui que tu crois "lui" ne soit pas "moi".
Je vais te répondre, petite Soeur. Il n'y a ni de "lui" ni de "moi". Il n'y a que le monde et ceux qui le peuplent. Pourquoi fus-je une teigne toute ma vie ? En avais je vraiment l'envie ou bien le monde m'a-t-il forcé la main ? Etait-ce une façon pour moi de m'adapter à lui pour survivre ? Je n'en sais encore rien et m'en moque. C'est lui qui m'a façonné et qui fait que je suis ce que je suis aujourd'hui. Dois je le lui en vouloir ? Devais je ne jamais employer ces termes qui sont bien trop élaborés pour moi sous prétexte que je ne vaux rien ? Sans cette vie, aurais-je été tout autre ? Si je n'avais pas grandi au Grey Terminal, aurais-je été cet homme bohème le jour et cette racaille la nuit ?
Peut me chaut. Je suis ce que je suis mais j'ai aussi des principes que je respecte. Je ne recule jamais, je ne vais pas contre mes convictions, je respecte la Mer et le Code d'Honneur des Pirates. Pas que je m'e fiche complètement du reste mais je vis avec. Je dois vivre avec. Cela ne me fait aucun mal et je n'ai pas envie de me torturer l'âme à coups de mélancolie et de remords. La vie continue, on a fait des choix, nous vivons les conséquences, parfois ça fait mal. On serre des dents.
Parfois la plaie s'agrandit, parfois elle cicatrise.
Parfois on en meurt, parfois on en ressort que plus fort.
Hier j'avais du sang sur les mains.
Etait ce le mien ?
Dure labeur des années passées.
Aujourd'hui j'ai du sang sur les mains.
Est-ce le mien ?
Je me suis écorché à t'écrire cette lettre.
Demain j'aurais du sang sur les mains.
Sera-ce le tien ?
Nos choix, nos vies, nos histoires ont fait que nous devons croiser le fer.
Le regrettes-tu ?
J'espère que tu seras aussi forte que tu veux le montrer.
J'ai senti ta peine.
J'ai choisi d'assumer mes choix.
Nous ne pouvons plus reculer.
Demain, j'ai peur de faillir.
Soeur,
Sais tu demain lequel de nous deux aura le sang de l'autre sur ses mains ?
Abrutie, je me ronge les sangs à ton égard, à toi qui me les tourne.