Par un beau matin d’automne…
Non, pas du tout. C’était sous des nuages lardés d’ombres et d’éclairs, et dans une atmosphère orageuse que Dogaku regarda paresseusement à travers la fenêtre de son petit appartement. Bien content de ne pas avoir à mettre les pieds dehors, il retourna se blottir dans son imposant fauteuil, celui qui faisait face à son feu de cheminée. Paisiblement affalé dans son confort, en compagnie de Scott, son escargophone, il s’apprêtait à passer une énième journée à s’efforcer de…
N’absolument rien faire du tout. Juste apprécier le temps qui passe. Et il s’en régalait d’avance.
Cela faisait une dizaine de jours qu’il passait l’essentiel de son temps cloitré chez lui. Depuis qu’il s’était fait éjecter de la milice, pour être exact. Pour une personne aussi douillette et paresseuse que lui, c’était prévisible : sans fonction, il ne faisait pratiquement plus rien de son temps. Et ne nous offrait pas le moindre sujet susceptible d’alimenter un récit digne de ce nom.
Heureusement, en cette sombre matinée, un parapluie pourpre faisait route vers chez lui. Une jeune femme qu’il connaissait bien, même s’il ne s’attendait pas à la revoir. Et encore moins de sitôt.*
* *
*
-Et vous dîtes que… c’est ici qu’habite Dogaku ?
De son habituel air inquisiteur, Evangeline Haylor étudia le hall d’entrée de l’immeuble. Ca n’était pas chic, loin de là. Ca ne s’essayait même pas à donner une impression de soin, ou de bon goût. Elle qui appréciait les ambiances feutrées reconnaissait pourtant que les vieux bâtiments d’époque avaient leur caractère, mais… juste, non.
Ou alors, c’était son interlocuteur qui la mettait particulièrement à l’aise. Plutôt bel homme, avec une barbe de trois jours soigneusement entretenue et un regard azur où elle se serait noyée volontiers, le trentenaire qui l’avait accueillie lui faisait un effet saisissant. Elle, qui ne souriait que rarement, irradiait littéralement de bonne humeur.
Comme à chaque fois qu’elle côtoyait un homme séduisant. Absolument. Chaque. Fois.
-Sigurd Dogaku, oui, répondit le gardien. Il vous attend ? Vous voulez que je vous fasse annoncer ?
-Ca ne sera pas la peine, merci. Je préfèrerais éviter qu’il n’essaie de s’enfuir ou de se faire passer pour absent en entendant mon nom.
-Je vous demande pardon ?, s’inquiéta l’homme.
-Je compte simplement lui rendre une petite visite surprise, corrigea brutalement Haylor. Une surprise.
-Vraiment ?
-Oui. Nous… je suis une de ses anciennes collègues. Nous avons servi pendant un an sur le même bâtiment, dans la milice. C’est pourquoi je vous ai dis qu’il sera surpris de me voir. Vous comprenez ?
Le gardien avait l’air vaguement inquiet à l’idée de laisser entrer une personne non annoncée, mais les explications d’Haylor suffirent à le rassurer. En temps normal, la jeune femme aurait craché du venin sur quiconque aurait eu la mauvaise idée de lui poser tant de questions. Mais elle avait tendance à devenir stupidement aimable et conciliante quand elle avait affaire à de séduisants éléments de la gent masculine. Surtout si ça lui laissait l’occasion de se régaler devant un spécimen aussi bien conçu.
Et tout ça, c’était sans mentionner la chemise du beau mâle qui moulait agréablement son torse bien entretenu. Ni d’autres détails que nous passerons sous silence pour conserver un label tous publics.
-J’aime beaucoup cette bâtisse, mentit-elle avec entrain pour continuer la conversation. De quand date-t-elle ?
-Honnêtement ? Je n’en ai pas la moindre idée. C’est plus vieux que moi, en tout cas.
-Mmmh… je vois.
-…
-…
-…
-Et je me demandais…
-Troisième porte à gauche au deuxième étage. Pour Dogaku.
Raté. Haylor eut un petit pincement au cœur en voyant son mannequin l’abandonner pour rejoindre une autre. C’était une petite vieille qui résidait ici, et qui avait besoin d’aide pour monter ses courses dans les escaliers.
La miss l’aurait beaucoup moins bien vécu s’il l’avait quittée pour une belle blonde au physique avenant, mais…
Non.
Evangeline secoua la tête, comme pour chasser toutes ces idées bizarres de son esprit. Elle n’était pas maniaque, se répéta-t-elle. Ni folle. Et surtout pas complexée par quoi que ce soit.
Ou peut être juste…
Non. Non non non non non non non.
Elle était venue pour Dogaku, d’abord. Tout simplement.*
* *
*
-Bonjour, Capitaine.
Sigurd cru halluciner. Haylor qui se présentait devant sa porte. C’était comme s’il était lieutenant dans la marine, qu’il avait décidé de prendre une permission pour rendre visite à sa famille, et que le sous-amiral tyrannique auquel il était rattaché venait toquer à sa porte pendant un petit déjeuner avec mère-grand.
A ceci près qu’ils n’étaient plus dans la milice. Et que Haylor était sensiblement plus lugubre et effrayante qu’un sous-amiral de la marine, à ses yeux.
Sans surprise, son premier choix fut de refermer la porte en grimaçant bêtement. Hors de question que la collègue qui l’avait tourmenté avec tant de plaisir et d’acharnement ne vienne troubler sa quiétude. Hors. De. Question.
Pas elle. Pas ici. Et pas maintenant. Jamais, plutôt. Oui : jamais.
-Capitaine, j’aimerais vous parler, commença-t-elle à travers la paroi.
-Euh… non ?
-Je dois vous parler. S’il vous plait.
Malgré la mauvaise surprise, Dogaku se mit à sourire. Même après un mois, il reconnaissait les intonations meurtrières de sa collègue, et devinait le regard noir qu’elle devait lui adresser à travers la porte. Il était sûr que, si un regard pouvait bruler, le sien aurait déjà creusé son chemin jusqu’à lui en passant par les murs s’il le fallait.
Et puis, très vite, il ravala ce sourire. Il n’avait sûrement pas envie de sourire. Haylor avait beau avoir globalement son âge, elle était déjà une bureaucrate aussi intraitable que les pires gargouilles embauchées par les administrations du gouvernement mondial. Elle n’était pas foncièrement mauvaise, et il la soupçonnait même d’avoir un très bon fond. Quand on arrivait à voir au-delà de ses techniques de management qui s’inspiraient largement du manuel d’un gardien de prison.
Mais même avec ce recul, il savait qu’il devait refuser. Elle lui avait fait voir des couleurs assez sombres pour qu’il n’ait pas la moindre envie d’interagir avec elle. Et encore moins dans son petit coin de tranquillité bien à lui.
-J’ai dis non.
-Capitaine. Vous êtes ridicule. Je suis venue jusqu’ici pour vous voir et vous parler. Je me présente simplement devant chez vous. Je n’ai encore rien dit qui puisse vous… non, je n’ai même rien dit du tout, tout simplement. Alors, pourquoi une telle réaction ?
-Pourquoi ? Vous voulez que je vous dise pourquoi ?
-…
-…
-Oui, j’en ai envie ?, rumina Haylor en soufflant.
-Eh ben euh… bonne question, tiens.
-Ah. Bien. Nous progressons.
-…
-…
-…
-Nous progressons même à grande vitesse, à ce que je vois, s’amusa-t-elle.
-Rhoo, ça va, hein.
-Tout à fait, Capitaine. Je préfère largement que vous me donniez une réponse réfléchie. Prenez votre temps.
-…
-…
-Je dirais que c’est purement de l’instinct de survie, en fait. J’veux dire, après un an passé à jouer à cache-cache avec vous dans le bateau pendant qu’on naviguait tranquillement… mwarharharh, ça fait limite drôle dit comme ça…
-J’aurais plutôt tendance à dire que vous êtes ridicule…
-… et je dirais que vous avez raison quand j’aurais deux bons mois de plus pour prendre du recul. M’bref. Haylor. Je vous aurais croisé dans la rue par accident que j’aurais fait exprès de me cacher pour pas que vous m’aperceviez. Et là, vous venez carrément me chercher chez moi pour me tourmenter ? Mais c’est franchement… vous êtes affreu…
Comme à chaque fois qu’il allait commettre un impair et dire ce qu’il pensait en choisissant de très mauvais mots, l’ex-commissaire de la milice braqua sur lui son double regard aussi sombre que le canon d’un fusil. Les mots s'étouffèrent dans la gorge de Dogaku, et il déglutit pour s’assurer qu’ils n’en réchappent pas.
-Ok, ok. J’ai rien dit. Oubliez ça.
-Je vous remercie.
-Mais je dis quand même que… et puis d’abord, comment vous avez fait pour savoir où j’habite ? J’ai pris l’appart’ à l’arrache y’a moins d’un mois…
-Mmmh. Je suis l’ancienne responsable du Tarmac. Je peux savoir tout ce que j’ai envie de savoir sur les membres de l’équipage, Capitaine. Même maintenant.
Sigurd tressaillit. Les liaisons et connections tentaculaires entre les bureaucrates de la milice étaient déjà quelque chose, mais savoir que les anciens gardaient des contacts et pouvaient facilement s’en servir n’avait rien de rassurant. Outre Haylor, il connaissait quelques personnes suffisamment dangereuses pour faire un très mauvais usage de ce pouvoir. De trop nombreuses personnes, d’ailleurs.
Il suffisait par exemple qu’un des capitaines fiers à bras qu’il s’était mis à dos n’ait envie de venir le massacrer, et…
-Rassurez-moi, c’est juste vous, ou bien tout le monde a accès à ces infos ?
-Je vous demande pardon ?
-Eh bien en fait je… euh… nan, laissez tomber. Veux pas savoir. Vive l’insouciance. C’est mieux comme ça.
Il avait beau dire ça, il ne pouvait pas s’empêcher de dresser mentalement la liste des personnes qu’il ne voulait absolument plus jamais revoir. Une distraction dont se serait bien passée l’ancienne commissaire. Avec une douceur toute relative, elle l’arracha à ses souvenirs.
-Bon. Maintenant que nous avons perdu beaucoup de temps pour rien… ou plutôt, pour que vous puissiez vaguement vider votre sac… pouvez-vous me laisser entrer ? Il s’agit d’un sujet particulièrement important, expliqua-t-elle.
-Important ?
-Vous imaginez bien que je ne me serais jamais déplacée si ça n’était pas le cas.
-Bin oui mais euh… j’étais en train de… beuh… en train de faire un… euhh… truc particulièrement important, répéta-t-il sans même s’en rendre compte.
-…
-…
-…
-Trop évident, comme mensonge ?
-Vous mentez tellement mal que je ne peux même pas vous reprocher d’essayer de me mentir. Ca ne peut pas en être un.
-Rhooo. Chuis si nul que ça ?
-Capitaine, je vous en prie. Ouvrez-moi cette porte et cessez vos enfantillages. Je n’ai pas fait tout ce chemin jusqu’à chez vous pour repartir sans même vous avoir parlé correctement. Vous ne comptez tout de même pas me laisser ici pendant des lustres, non ?
Ah tiens, se dit-il. Inhospitalier, lui ? Si elle le prenait par les sentiments, il ne pouvait évidemment pas refuser. Avec réticence, et l’impression de commettre une gigantesque erreur, Sigurd décida d’obtempérer.
-Je vous remercie.
La miss s’avança dans l’humble demeure du blondinet. Propre et bien rangée, remarqua Eva, agréablement surprise.
-Eeeeet… juste un truc, au passage. Pourquoi vous m’appelez encore Capitaine, en fait ? On est de retour chez les civils, maintenant.
-J’ai du mal à perdre mes habitudes, mentit-elle. Excusez-moi si je continue à vous appeler comme ça.
Elle ne pouvait pas lui expliquer qu’elle avait du fournir de gros efforts pour s’habituer à l’appeler comme ça. Les premiers mots qui lui venaient à l’esprit, qui oscillaient aux alentours de « Crétin » et « Imbécile », n’auraient pas été appropriés dans la bouche d’un officier, encore moins pour en qualifier un autre. De ce fait, il lui avait fallu passer quelques semaines pour se conditionner, et faire en sorte que l’habitude s’enracine.
Au point tel que quand elle parlait, on entendait toujours la majuscule de capitaine. Et qu’elle était la seule à lui accorder cette marque de respect. Même la narration ne se donnait pas cette peine.
-Boah… pas d’soucis. Faîtes comme vous voulez.
Pour sûr, il n’avait rien à y redire. Lui, il l’appelait systématiquement Haylor. Parce qu’il s’était longuement répété que s’il avait la mauvaise idée de l’appeler « Affreuse sorcière », « Mégère », « Harpie » ou autres, sa vie dans la milice aurait été un enfer. Heureusement, elle avait la délicatesse de faire semblant de ne rien entendre, quand il s’égarait. Ca, ou alors elle prenait son ton le plus menaçant et s’assurait qu’il apprenne bien ses leçons.
-Alors euh, commença l’hôte. J’ai pas de thé… et encore moins d’Earl Grey, d’infusion à la bergamote ou de toute boisson certifiée ISO 3103 dont vous raffolez tant…
Haylor et Dogaku se connaissaient très bien. Ils ne s’appréciaient pas, avaient étés coincés sur le même navire pendant un an, et forcés de collaborer au jour le jour. Forcément, Sigurd avait étudié son ennemie pour survivre et améliorer son quotidien. De même, Haylor avait cerné les habitudes et mauvaises manies de son confrère pour mesurer quelles étaient les mesures à mettre en œuvre. Tout ça portait jusqu’aux préférences alimentaires de l’autre, et surtout, à l'heure de ses repas.
-… mais si vous voulez boire quelque chose, je fais un excellent chocolat chaud. Tablettes de chocolat et tout. Ou alors, café.
-Je n’ai besoin de rien pour le moment. Par contre, j’aimerais que vous jetiez un œil… à ça.
Avec l’air d’une conspiratrice projetant de renverser l’ordre mondial depuis un comptoir de taverne, Haylor ouvrit son sac et en retira un petit tube. A l’intérieur se trouvait une feuille parcheminée qu’elle tendit à son collègue.
Dogaku identifia très rapidement la nature et la portée du document qu’elle lui présentait… d’autant plus qu’il avait l’impression de l’avoir déjà vue auparavant.
C’était une carte. Très généreusement recouverte d’annotations, toutes écrites en pattes de mouches par une personne à la dextérité très discutable. Les notes faisaient référence à la localisation du secteur représenté, ainsi qu’aux endroits intéressants situés dans la zone.
Tout d’abord, il y avait l’emplacement d’un petit port dissimulé dans une crique. Un pied à terre pour pirates, où ils pouvaient reprendre des forces entre deux expéditions lapidaires.
Ensuite, il y avait une très jolie croix qui représentait assez efficacement l’emplacement d’un coffre au trésor. Lorsqu’il comprit, Sigurd sifflota.
-Whoulà. Vous avez trouvé ça où ?
-Vous n’avez pas besoin de le savoir.
Surpris, il leva les yeux. Cette fois, il n'eut aucun mal à la regarder droit dans les yeux... et remarqua qu'elle n'était plus aussi à l'aise qu'auparavant. Il adressa alors un léger sourire moqueur à sa collègue, la sondant du regard tandis qu’elle s’efforçait de rester imperturbable.
-Ca cacherait pas quelque chose de louche, des fois ?
-Vous n’avez pas envie de le savoir.
-C’est marrant, j’viens d’entendre un « oui ». Pas vous ?
-Pas du tout. Pas le moins du monde.
-Et en fait, maintenant que j’y pense… je suis sûr d’avoir déjà vu cette écriture quelque part.
-J’en serais très étonnée.
-Attendez, attendez, rigola-t-il. Ca va me revenir.
-Je vous dis que non, alors arrêtez ça.
Elle tenta de lui asséner un ton menaçant, mais ne parvint qu’à se trahir : l’humeur n’y était pas, tant pour elle que pour lui. Le bon point, avec Haylor, également connue sous le surnom de miss Parfaite, c’était que quand Sigurd pouvait la coincer, c’était toujours très, très, très satisfaisant pour lui.
-Mais si. C’est… oui, je sais ! La même écriture que celle d’Aios Kebabopoulos, le lieutenant des Ragonautes…
-…
-Ah ah. Surprise ?
-…
-Bah eh, c’est un des derniers pirates qu’on a capturé, et il distribuait toujours des copies de ses poèmes épiques relatant ses batailles navales. J’me souviens, quand on a perquisitionné son navire, y’avait des caisses entières de feuillets qu’il avait écrit. Donc forcément...
Et lentement, alors qu’il dénouait joyeusement le fil des évènements pour justifier son anecdote, Dogaku assemblait de lui-même tout ce qu’il y avait à savoir pour réintégrer les évènements dans leur contexte. Il venait de dire que leurs hommes, dans la milice, avaient capturé un pirate et ses subordonnés, et mis la main sur leurs possessions. Possessions qui devaient donc revenir au Royaume… ce qui l’amena enfin à comprendre de quoi il en était.
-Whaaaaattendez attendez attendez. Mwararharharh. Ca veut dire que. Oui. Vous avez volé une carte au trésor qui devait revenir à la milice ?
-Certainement pas, mentit Haylor.
-Vous ?
-Non.
-Vous ?
-Non !
-M’enfin… vous ? J’veux dire, vous êtes bien Haylor, non ? Normalement, les entorses au règlement, c’est tellement contre votre religion que ça vous rend malade au point de vous donner des boutons et…
-…, l’interrompit-elle.
-Ouais, ok, j’exagère un peu. Beaucoup. Mais quand même, c’est injuste ! Vous êtes allée jusqu’à faire des rajouts dans le règlement intérieur du navire pour m’empêcher de faire mes siestes là où je voulais pendant les heures de services, et je n’avais même plus le droit d’aller me reposer à l’infirmerie quand j’étais fatigué…
-…
-Ouais, ok, j’abusais carrément et vous aviez parfaitement raison. Soit. Mais ce que je veux dire, c’est que c’était des enfantillages de rien du tout. Alors si maintenant j’apprends que vous avez fait vos courses dans les perquisitions de la milice, et que y'a peut être un trésor à la clé, je mes dis quand même que c’est franchement... franchement… vraiment pas juste ? Non ?
Cette fois, c'était certain : Haylor fuyait vraiment son regard. Contrairement à d'habitude, elle ne trouvait rien à dire. Pire encore, elle commençait à s'empourprer. Ce qui n'était absolument pas normal. Les seules fois où l'avait vu gênée, c'était quand elle s'efforçait de tenir une discussion avec de jeunes et beaux officiers de la milice. Des hommes tantôt virils, tantôt puissants, parfois charismatiques, parfois intelligents, et qui rentraient généralement dans la catégorie des individus dangereux que n'aimait pas Dogaku. Et qui le lui rendaient bien.
Outre ces cas de figure, il ne l'avait jamais vu perdre sa contenance. Mais aujourd'hui, Haylor avait quelque chose à se reprocher. Ce qui ne convenait pas le moins du monde à Dogaku : il l'avait suffisamment cotoyé pour savoir qu'elle était ridiculement irréprochable.
Il s'imagina rapidement qu'elle avait des raisons bien à elle. Et considéra que ça ne le regardait pas le moins du monde. Moins il en saurait sur sa tortionnaire, plus il pourrait pester après elle sans éprouver le moindre remord.
-Bon, euh... oubliez ça. J'ai une meilleure idée. Je vous prépare un bon bol de chocolat chaud, vous profitez du quart d'heure que ça va me prendre pour choisir ce que vous voulez et ne voulez pas me dire, et on avisera après. Ca vous fera du bien, en plus, et... euh... vous êtes d'accord ? Oui ?
Pendant un an, il avait été habitué à la voir comme une bureaucrate psychorigide, toujours prête à lui tomber dessus. Surement pas comme une amie. Sa meilleure ennemie, plutôt. Il y avait là dedans quelque chose d'affectueux...
... mais seulement de très loin.
Et pourtant, quelque part, ils l'étaient très certainement devenus.
De très mauvais amis.
Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 19 Fév 2014 - 2:33, édité 6 fois (Raison : Une jolie répétition que j'ai zgribouillée, une phrase rafistolée, un mot qui avait besoin d'amour, un espace oublié...)