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Sirup, très tôt le matin.

Assis devant son minuscule bureau, Gon grommelait. Il portait l’uniforme réglementaire des officiers de la Marine, avec les épaulettes, la cape et tout le bordel. Difficile de faire pire scénario pour un révolutionnaire dans l’âme. Il avait accepté en toute conscience le rôle d’agent double et avait intégré la marine d’élite de son plein gré. Mais pourtant… Il prenait vraiment cet accoutrement comme une humiliation personnelle et un piétinement de ses principes les plus fondamentaux. Comble de tout, il était entouré de marines, commandait des marines, obéissait à des marines, mangeait avec des marines, s’habillait Marine, mangeait Marine, parlait Marine, Marine, Marine, Marine !!! Partout où il posait les yeux, il n’y avait que ce putain de blanc et ce putain de bleu ! Argh !!!

Pas plus tard que ce matin, le commandant Théos l’avait contacté par Den den Mushi pour lui confier sa deuxième véritable mission sur le terrain. Cela faisait des mois que la marine enquêtait sur un certain Fred Lock, violeur et meurtrier multi récidiviste. En entendant ça, Gon eut un frisson glacé qui lui parcourut le dos. Plus la voix monocorde et dénuée de toute émotion de son supérieur débitait les atrocités qu’il avait fait subir à de jeunes filles à peine pubères, plus il se sentait bouillonner. Il n’en laissa rien paraître et se contenta d’émettre quelques sons de temps à autre pour signifier qu’il entendait bien. Il raccrocha le combiné et hurla à tout le monde de se mettre à son poste !

Depuis une semaine à peine, il avait été promu sergent et on l’avait affecté au commandement d’une troupe de marine d’élite. Depuis, ils naviguaient sans réel but à travers les Blues. Etant préparés à intervenir à n’importe quel moment, n’importe où, ils étaient équipés d’un navire très rapide, mais très peu armés. Ils arrivaient en trombe, débarquaient et agissaient en vitesse. Tel était le mot d’ordre. Rapidité d’exécution. Ils avaient immédiatement fait cap en direction de Sirup, une petite île paisible d’East Blue qui était réputée pour être un repère de nobles friqués et influents. Quand Fred Lock avait été repéré dans les parages, criminels primés à 15 millions de berrys, la Marine avait envoyé sans tarder l’équipe de Marine d’élite la plus proche : celle de Gon ou plutôt du sergent Blacknife.


Si ce n’avait pas été des nobles, je suis sûr qu’on aurait envoyé une simple patrouille à la con, remplie de bras cassés comme on en voit à tous les coins de rues. Mais non ! Là, il s’agit de riches ! D’aristocrate ! De gens « importants » ! Alors là, bien entendu, on envoie l’équipe la plus rapide et la plus forte des environs. Pas question qu’on touche à un cheveu d’une fille de bourge. Ca fait des années que ce salopard viole et tue des jeunes filles sans que la Marine ne se bouge. Elle attendait probablement que des chasseurs de primes s’occupent de ça. Décidément, je déteste vraiment la Marine. Enfin, au moins, là, je vais m’en occuper moi-même. Il ne quittera jamais Sirup vivant, j’en fais le serment.


Inconsciemment, Gon se sentait particulièrement touché par cette ordure. Il avait lui-même une petite fille de 8 ans et il était intérieurement terrifié de savoir que des hommes pareils se baladaient sur les Blues. Comble, Sirup n’était qu’à quelques kilomètres de Shimotsuki où il avait laissé sa famille. Il avait hâte d’arriver. Il sortit de sa cabine personnelle et alla directement sur le pont. Le navire fendait les flots avec sa pointe effilée et aurait presque cru qu’il sautait de vague en vague tant il était léger et rapide. L’île était déjà en vue et Gon préparait d’ors et déjà ses sabres. L’excitation le gagnait et il ne cessait de réprimander tout matelot qui n’était pas entièrement opérationnel. Il ne supportait pas de regarder cette bande de mange-merdes.

-Secouez-vous un peu ! Aujourd’hui, c’est du sérieux, je veux que vous me montriez tout ce qu’on vous a appris au BAN ! Stratégie, discrétion effet de surprise… TOUT ! On va chopper cet enfoiré de violeur par la peau des couilles et on va le pendre haut et court !

Les hommes se mirent à hurler. Pour eux aussi, il s’agissait de leur première mission. L’excitation les submergeait tout autant que Gon. Mais il fallait avant tout du sang-froid. La dernière chose qu’il voulait, c’était une bande de groupies hystériques à l’idée de croiser un pirate pour la première fois. Il se planta devant les trois rangées de dix hommes qui tentaient de rester au garde à vous malgré le roulis.

-D’après ce qu’on sait, cet homme agit seul. On ne devrait donc à priori pas tomber sur une troupe ou dans un guet-apens. Nous allons nous répartir. Caporal Blane !
-Sergent !
-Vous et vos hommes vous répartirez tout autour de l’île. Repérez les différentes embarcations et surveillez les de près. De la discrétion est tout ce que je vous demande. Personne ne doit quitter l’île durant toute la durée de notre opération. Caporal Archi !
-Sergent !
-Vous partirez vingt minutes après avec votre groupe pour inspecter toutes les habitations. Soyez rapides, hurlez son nom, faîtes du bruit et faîtes peur. Je veux que cette raclure se chie littéralement dessus en vous entendant arriver. Il va vouloir s’enfuir, sortir, bouger. Comme à la chasse, vous ferez du bruit dans les fourrées pour pousser les proies à sortir de leurs cachettes. Caporal Antedonopopoulos !
-Sergent !
-Vous avez pas trouvé plus long comme nom ? Bref ! Vous viendrez avec moi, on quadrillera la ville et on s’occupera de le chopper. Des questions ? J’espère bien que non ! Vous êtes trente, vous me faîtes trois groupes de dix et que ça saute !

Instantanément, les hommes se séparèrent en trois groupes de dix, comprenant chacun un caporal. La hiérarchie avait ses avantages. Gon n’avait besoin de retenir que trois noms, ceux des caporaux. Eux, en revanche, allaient devoir apprendre ceux de leurs dix hommes par cœur. Quelques minutes seulement après, la proue se figeait dans le sable de la plage et  les troupes débarquèrent en rangs ordonnés. Sans un bruit, la troupe de Gon et celle du caporal archi se positionna à l’entrée de la crique sans faire le moindre bruit. Pendant ce temps, les hommes du caporal Blane se lancèrent dans une nage effrénée. En dix minutes à peine, ils devaient se répartir sur toute la périphérie de l’île. Ils avaient subit un entraînement titanesque dans le BAN et nager plusieurs kilomètres sans s’arrêter ne leur faisait pas peur.

Gon sortit une cigarette, la tassa sur son ongle et l’alluma. La tension était à son comble. Il n’avait pas peur de ce mec. Non, il n’était pas très fort d’après les renseignements. Juste complètement malade et dangereux pour la population. Ce qu’il craignait, c’était d’arriver trop tard ou de le laisser lui filer entre les doigts ; d’avoir la mort d’une petite fille sur la conscience.
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Ça sentait le stupre. Une des odeurs les plus écoeurantes de l’espèce humaine. Dans une bicoque délabrée, des draps sales. Des liens. Un matelas crasseux, loin des cris et des citoyens. C’était la planque idéale. Non pas qu’elle fut bien cachée ou isolée. C’était un endroit qu’on ne pouvait atteindre que si on en connaissait l’emplacement. Posée à même la falaise, elle avait été abandonnée des années plus tôt. Le bois s’était recouvert d’une mousse verte odorante et le ressac de la marée couvrait les cris. Une planque idéale pour un dégénéré de l’acabit de Fred. Il avait découvert ce passage par hasard, au détour d’une nuit lugubre.

Il avait décoré la pièce pour l’occasion, profitant de cette cachette inespérée pour sévir à divers endroit de Syrup. Son mode opératoire était toujours étrangement similaire et se soldait invariablement du même constat. Une chambre fermée, une femme en moins. Il les préférait jeunes. Trop jeunes. Et comment s’en débarrassait-il ? Il suffisait de regarder en bas.

Kendy était la troisième fille qui avait disparu à Syrup depuis ces dernières semaines. La troisième à avoir fugué, pensait-on. Mais le mode opératoire de Lock avait été rapidement identifié, sans compter l’argent fou que mettait la famille de sa victime noble pour le retrouver. Joli brin de fille, elle avait disparu dans la nuit précédant l’arrivée du Sergent Blacknife, ce qui expliquait certainement l’accueil qui lui fut réservé ...

On le regardait d’un oeil lourd de sous-entendus, l’oeil des gens qui n’en pouvaient plus et qui voulaient à tout prix se débarrasser d’un homme aussi dérangé. Certains avec soulagement, d’autres avec colère. Toujours était-il que les citoyens de Syrup n’appréciaient pas qu’on parle aussi haut du tabou. Car c’était ainsi que les actes de cet homme étaient perçus. Ils n’avaient que vaguement conscience de ses méfaits, mais c’était préférable à l’indicible horreur qui saisissait ceux qui savait à quoi Kendy allait devoir faire affaire. Ce fut ainsi que l’un des piliers de comptoir alpagua le Sergent, au moment même où celui-ci s’en allait, après plusieurs tentatives infructueuses. Il l’attrapa par le bras, au moment où il sortait. Chose que personne n’oserait faire en temps normal.

- Sergent ... pourquoi ... pourquoi vous n’arrivez que maintenant, hein ? Ma .. ma fille ... ils m’ont dit qu’elle avait fugué, mais je sais moi. Je sais qu’elle a pas pu fuguer ... Et maintenant, la fille du forgeron, hein. Kendy ... pour elle vous venez, hein ... mais pas pour ma fille !!

Haleine chargée, yeux rouges. Nul doute que cet homme cuvait son malheur dans les fonds de verre. Si son accusation était dure à encaisser, elle ne témoignait pas forcément d’une vérité absolue. Il était le père de la deuxième gamine, selon tes informations. Il avait tellement régressé que tu aurais pu passer à côté sans t’en rendre compte, les photos ne lui rendant pas honneur. Mais il s’agissait là d’un désespoir réel. Si la troisième fille avait été enlevée, cela voulait dire que le pire était arrivé à sa fille. Sa colère était certes mal placée, mais compréhensible. Des images d’horreur, quant à ce qui avait pu arriver à sa frêle, son innocente Léa.

Le barman posa la main sur son épaule, lui demandant de te lâcher. Lui disant que tu étais là pour ça, pour éviter que ça ne se reproduise. Que tu avais fait aussi vite que tu pouvais et que la glorieuse marine allait protéger la ville, maintenant. Et qu’il pourrait avoir sa vengeance, puisque tu allais t’occuper de faire payer cette ordure.

- Hein, Sergent, vous allez l’arrêter ? Faites le saigner, faites le payer ... Des petites filles, bon Dieu. Un monstre pareil ne devrait pas fouler ce sol.

Soudain, un cri retentit. Une femme passa la porte en trombe, les yeux écarquillés.

- On ... on a retrouvé Kendy ...

Puis elle sortit, alors que la taverne se vidait. Un flot de personnes se dirigea vers la découverte supposée du corps. Une petit place avec une fontaine. Fontaine où pendait une corde. Corde où un corps était attaché. Et sur un écriteau de sang, étaient écrits les mots suivants.

« A l’adresse du Sergent Gon Blacknife.
~ ♥ »

    Les gars s’étaient déployés et avaient ratissé l’île de long en large pendant des heures durant, mais rien n’y avait fait. Cette enflure de Fred continuait de répondre absent. Chaque maison, chaque bâtiment avaient été fouillés, mis à part les manoirs, bien entendu, faut pas déranger les bourges qui sont trop occupés à bouffer des gâteaux avec plein de crèmes. Derniers à se bouger le cul mais premiers à chouiner dés que quelque chose ne va pas, ceux-là. Gon était exaspéré. Il n’était nulle part ! Mais c’était tout simplement impossible ! L’île était complètement bouclée et toute embarcation tentant de partir de Sirup était interpellée. Et en cas de refus d’obtempérer, il avait expressément ordonné que l’on coule les récalcitrants ! Il était forcément, là, quelque part !

    Je ne vois qu’une explication, il a été prévenu de notre arrivée et a eu le temps de se planquer. Peut-être même qu’il a un complice ! En tout cas, ce n’est pas normal, vu la vitesse à laquelle a été effectuer l’opération, il n’aurait pas du avoir la moindre chance. Il va falloir qu’on fasse une enquête, maintenant… Bordel ! J’ai horreur de ça…


    Après avoir reçu le rapport de tous ses hommes, il fit un point avec eux. On maintenait bien évidemment la surveillance côtière au maximum, en faisant des roulements car l’opération risquait d’être bien plus longue que prévu. Les autres se séparaient et interrogeaient tous les habitants. Sauf les bourges… Bien entendu… Depuis son arrivée, il avait appris que ce qu’ils redoutaient était arrivé. Les nobles avait contacté la Marine pour expliquer que leur fille avait fait une fugue et qu’ils sauraient se montrer généreux si jamais elle leur était ramené au plus vite. Quelle bande d’imbéciles ! Comme s’il pouvait s’agir d’une fugue ! A force de vivre dans un cocon de luxe et d’assistanat, ils n’étaient même plus capables de faire la différence entre la réalité et leurs souhaits. Elle avait été enlevée. Gon le savait. Les habitants le savaient. Ses supérieurs le savaient. L’évidence crevait les yeux. Mais ses parents, déjà aveuglés par leur fortune, ne le sentaient pas.
    -Monsieur ! Sergent Gon Blacknife. Auriez-vous la moindre information qui pourrait faire avancer l’enquête sur la disparition de Kendy ?
    -Kendy ? Pfff… Bien sûr que je sais ! On le sait tous, monsieur. Elle s’est faîtes attraper par le violeur fou et on ne la reverra jamais. Comme Irène et Léa. Mais bien sûr, elles, la Marine n’en a cure. Leurs parents n’ont pas de pot de vin à vous donner !

    Partout où il allait, les réponses se faisaient sur ce ton. Et Gon, bouillonnant intérieurement, ne pouvait que leur donner entièrement raison ! Il haïssait ce qu’il représentait et n’avait qu’une envie, c’était de balancer à la flotte le sergent d’élite qu’il représentait. Mais lui n’était pas pareil. Il ne faisait que jouer un rôle. Et il en profiterait pour chopper ce salopard de Lock et lui passer sa lame à travers les boyaux. Au cours de son enquête, Gon fut interpellé par un homme qui n’était autre que le père de Léa. Au fin fond d’une très profonde dépression, il tentait désespérément de remonter à la surface en nageant dans l’alcool. Piètre nageur, il avait plutôt tendance à s’y noyer. Ses yeux étaient rouges et des poches, si profondes qu’on aurait pu y plonger la main, tiraient son visage vers le bas. Il était amère envers le marin et voulait des réponses que Gon ne pouvait lui fournir. Tout ce qu’il aurait pu faire c’était s’asseoir à ses côtés et cracher avec lui sur le gouvernement de ce monde. Cela aurait même été avec plaisir, mais la petite Kendy, elle, attendait toujours d’être sortie des griffes de ce malade.
    - Hein, Sergent, vous allez l’arrêter ? Faites le saigner, faites le payer ... Des petites filles, bon Dieu. Un monstre pareil ne devrait pas fouler ce sol.
    -Ca, c’est la seule chose que je peux vous promettre. La Marine est blâmable. Votre fille est morte et elle n’a rien fait. Elle n’a pas levé le petit doigt. Je comprends votre rancœur et je la partage. Moi, en tant que personne, tout ce que je peux faire, c’est vous amener personnellement la tête de ce monstre pour que vous puissiez cracher dessus et voir de vos propres yeux que votre fille aura été vengée. Et… Toutes mes condoléances…

    Alors qu’il allait sortir, une femme déboula en hurlant que Kendy avait été retrouvée. Comme, de toute évidence, il ne s’agissait pas d’un cri de joie, Gon se précipita dehors, le sang glacé. Elle était là, sur une place, pendue. Son corps était lacéré et son sang avait coagulé. Elle était déjà froide. On l’avait emmenée ici par pure provocation. Une petite note était directement adressée au sergent Blacknife. Les yeux du révolutionnaire s’agrandirent entre la stupéfaction, l’horreur et la haine.

    Ce… Ce… Ce sale bâtard ! Comment connaît-il mon nom ? Pourquoi il… il… Il a tué cette fillette juste pour me faire chier ? C’est inhumain ! Il ne sait pas ce qu’il vient de déclencher, là ! Un Minos énervé en vaut deux, je ne partirais pas d’ici tant que sa tête n’aura pas roulé à mes pieds ! Même si je dois rester ici jusqu’à la fin de mes jours ! Il y a une taupe dans la Marine qui communique avec ce psychopathe, c’est maintenant sûr !


    Le poing tremblant de rage se referma sur le papier teinté de sang. Il était hors de lui. S’approchant d’un de ses hommes, il n’hésita pas une seule seconde et lui flanque son poing en travers de la gueule. Le marin tomba directement au sol, sonné.
    -COMMENT CET ENFOIRÉ A-T-IL PU TRAVERSER LA VILLE AVEC UN CADAVRE SUR LE DOS, L’ACCROCHER ICI ET REPARTIR SANS QUE PERSONNE NE LE REMARQUE !!?? ET COMMENT PEUT-IL ME CONNAITRE ?! JE SUIS PAS TOJI ARASHIBOUREI, BORDEL !!! J’ATTENDS UNE EXPLICATION !!!

    Il se tut un instant pour reprendre son souffle et observa le corps de la jeune fille.
    -ET QU’EST-CE QUE VOUS ATTENDEZ POUR LA DÉCROCHER DE LA, BANDE DE CONS !!!

    Presque terrorisés, les hommes obéirent sans perdre un instant et coupèrent la corde qui retenait la fille meurtrie. Il regarda autour de lui. Ses parents n’étaient pas encore arrivés ? Hum… Il aurait pu cracher encore un petit peu de venin, mais il n’y avait plus le cœur. Bourges ou traîne-patins, ils étaient à présent des parents ayant perdu leur fille. Et cette douleur, était universelle. En tant que père lui-même, il n’osait même pas l’imaginer.

    Bon… On se calme. Qu’est ce que je sais ? C’est un psychopathe qui est attiré par les petites filles qu’il tue après les avoir violées. Il a un complice dans la Marine et un complice sur l’île. Il n’aurait jamais pu passer à travers toutes les rondes tout seul. Il est même envisageable que ce soit un de mes hommes. Je ne suis pas encore très connu, seuls mes gars me connaissent. Et les gens de Torino, mais je ne vois pas bien le rapport avec la situation. J’ai un pourri dans mes rangs… J’en ai la certitude !


    Ils étaient tous là… Tous devant lui à attendre un ordre quelconque qui leur permettrait de quitter ce lieu sordide. Il ferma les yeux et croisa les bras devant sa poitrine en murmurant.
    -Muros tienen orejas... y ojos…

    Très discrètement, il fit pousser une oreille sur le crâne de tous les marins sous ses ordres. Avec le béret, cela ne se voyait absolument pas. En revanche, lui pourrait entendre tout ce que ses gars se raconteraient une fois le coin de la rue tournée.
    -Restez tous dans un périmètre de trois cent mètres ! On va sécuriser la zone jusqu’à ce soir ! Tout ce qu’on peut faire là, c’est éviter qu’une nouvelle victime ne s’accumule ! Rompez !

    Les hommes se dispersèrent avec soulagement. Voir une enfant morte n’était jamais chose facile, même pour des guerriers. Il s’assit sur le rebord de la fontaine et se concentra sur son ouïe. Il était très difficile de se concentrer sur plusieurs conversations en même temps, aussi il se bouche les oreilles. Il ne lui restait à présent plus qu’à attendre. Si un homme conversait avec Fred Lock, il le saurait. Si un homme avait un comportement louche, il le saurait. Et si un homme quittait la zone des trois cent mètres pour diverses raisons, il le saurait car l’oreille disparaîtrait alors. Son pouvoir ne lui permettait pas de s’éloigner d’une plus grande distance de ses organes. Seul le temps allait à présent faire avancer l’enquête.

    Je t’aurais petit enfoiré… Toi et ton complice. Vous ne quitterez pas cette île vivants…
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    [hrp : désolé pour le retard, irl chargée côté boulot, j’me rattrape]

    Comment il peut-il te connaître ? Là est la question. Comment avait-il pu anticiper ton arrivée ? Une autre question. Il n’y a pas de hasard dans ce métier. Et encore moins de coïncidence. L’archétype des psychopathes, après tout, est de n’avoir aucune empathie. Et celui là te donne bien le change. Une femme, une vie. Juste pour te narguer ? Inconcevable ... d’une horreur indicible. Quant au reste, il y avait beaucoup d’explications. Trop, même. La ville encerclée, les enquêtes de la marine ... si tu sais à quoi il ressemblait exactement, ce n’est malheureusement pas le cas du commun. Du moins, jusqu’à quelques heures auparavant. Il faut réduire le champ des possibilités. Quoi qu’il en soit, il s’est débarrassé de la seule chose qui aurait pu le trahir : sa proie. Ce n’était peut-être pas qu’un geste uniquement provocateur après tout, mais un acte dicté par la sagesse d’un meurtrier. Règle numéro une : ne pas se faire chopper.

    *siffle*

    Oreille numéro quinze, une heure plus tard. Quelqu’un a sifflé. Et puis ... plus rien. Un cri étouffé, un crac. Et plus aucun signal. Une brèche dans le périmètre ! Quelqu’un a neutralisé tes hommes, visiblement. Quelqu’un qui cherche à quitter ce périmètre. Les coupables reviennent toujours sur le lieu de leur crime, c’est certain, mais d’autres aiment à voir les réactions que sucitent leurs actes. Et ta cible était définitivement de ceux-là.

    Pourtant, sur les lieux, seulement deux corps, les deux hommes qui fermaient le cercle à cet endroit. Rapide, efficace. Par surprise. Des traces de pas qui s’estompent rapidement, se perdant dans une ruelle. Le type sait ce qu’il fait, et cela fait des lustres qu’il vit ainsi, maintenant. Ça sera pas facile ...

    - Sergent, ce gars se fout de notre gueule ... j’suis sûr qu’il le fait exprès. On est pas les premiers qui lui courront après, y’a longtemps qu’il a dû se faire à nos méthodes. Mais j’suis sûr que vous, vous avez une idée pour le faire sortir de sa planque, hein ?

    Il a pas tort ... c’est un psychopathe après tout, et les mécanismes auxquels sont esprit malade obéit sont plutôt connu des psychologues en général.
      Son oreille sifflait encore douloureusement quand il se tenait debout face aux deux cadavres. Ses hommes avaient été éliminés avec facilité. Leurs armes étaient encore rangées, ce qui signifiait qu’il n’y avait même pas eu de combat. Tout ce que Gon avait pu entendre, c’était un sifflement avant le son strident causé par la disparition de son oreille. Nul doute que l’attention des soldats avait été détournée pendant que quelqu’un les attaquait. L’hypothèse du complice se confirmait. Et si les marines n’avaient pas jugé bon de sortir leurs sabres, il s’agissait très probablement de quelqu’un qu’ils connaissaient. Tous ces indices continuaient de le mener vers une direction qu’il n’aimait pas du tout. Une petite salope se cachait parmi son équipage et, non content d’aider un monstre à violer et assassiner des petites filles, tuait ses hommes.

      Bon… Récapitulons… Fred Lock est sur l’île. Ca c’est sûr, sinon mes gars postés tout autour de l’île m’auraient prévenu. De plus, un des membres de mon équipage est de mèche avec lui. Je ne les connais pas suffisamment pour savoir qui pourrait ou ne pourrait pas être le complice. Si je veux le démasquer, il va falloir ruser. Je pourrais… utiliser ce complice pour fausser ses actions. Sans même savoir qui c’est !! Hummmm… Je sens que ça pourrait marcher ! Si je donne une fausse info aux gars, celle-ci pourrait remonter jusqu’à Fred Lock par l’intermédiaire de la taupe et le pousser à la faute !


      C’était un plan un peu bancal, pondu à la va vite, mais il était loin d’être idiot pour autant. Gon fit apparaître des bouches un petit peu partout dans le périmètre autour de lui et ordonna à tous les marines de se rendre à la fontaine sans perdre une secondes. Disciplinés et obéissants, la garnison se retrouva en rang en à peine une minute, prêts à recevoir les ordres. Tous en muscles plus qu’en cervelle, ils n’attendaient qu’une chose, qu’on leur dise quoi faire afin d’éviter toute réflexion personnelle. L’utilisation abusive de connexions neuronales semblait très douloureuse chez ces hommes nés pour servir. Gon était amer, oui… Savoir que là, devant lui, se trouvait probablement l’enfoiré responsable de la mort de cette jeune fille le rendait malade. La Marine le rendait malade ! Il n’avait qu’une envie, c’était de sortir ses sabres et de tous les passer au fil de sa lame. Ainsi, il serait sûr que justice serait rendue. Contenant sa rage, il s’en tint au plan qu’il avait trouvé.
      -Fred Lock vient d’abattre deux de nos hommes, brisant ainsi le cercle dans la partie Nord. Il a réussi à sortir du périmètre. Il est donc certain qu’il se trouve dans la partie Nord de l’île ! Dans dix minutes, je veux voir absolument tout le monde en ligne au centre de l’île. Nous allons couper l’île en deux et organiser une battue jusqu’à arriver à l’extrémité Nord de l’île. Il ne pourra pas nous échapper !

      Les hommes acquiescèrent et claquèrent leurs talons avant de se concerter auprès des caporaux pour savoir qui se positionne où. Il y eu quelques cafouillages, mais la ligne fut finalement formée. Il n’y avait jamais plus de vingt mètres entre chaque soldat. Fort heureusement, Sirup était une petite île, ils parvinrent donc à former un « périmètre » entier. Gon se tenait en plein milieu afin de pouvoir donner et recevoir des informations de tout le monde le plus rapidement possible. Lorsque tout le monde se considéra comme prêt, Gon leva la main et attendit un moment.

      Vu le temps que nous avons mis à former la ligne, Fred a largement eu le temps d’être informé de notre action par son complice et de passer dans la partie Sud. J’ai donné dix minutes de rab afin d’en être vraiment certain. Maintenant, il va s’agir de le chopper.
      -TOUT LE MONDE FAIT DEMI-TOUR SUR PLACE !! ON PART VERS LE SUD !!
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      Tes hommes n'en démordent pas. Et ils ne s'arrêtent pas de chercher avec toi pour trouver la moindre preuve pouvant stopper cette folie...

      Ils sont autant motivés que toi à coincer ce salopard. C'est sûrement ce que tu peux leur reconnaître : ils ne font pas de zèles, ils ne visent pas la promotion et y mettent du coeur, ils ont la volonté des bonnes personnes qui comprennent la différence entre le bien et le mal, et qui comprennent que le type que vous traquait est évidemment le mal incarné. Vous êtes au moins tous d'accord sur un point : Fred Lock ne doit plus nuire. Qu'importe la manière.
      D'ailleurs, ils font toute la partie sud de l'île, cherchant même dans des endroits totalement incongrus. Mais au bout de plusieurs heures à retourner tout ce qui vous tombe sous la main, vous comprenez progressivement que si vous aviez dû trouver quelque chose, ça serait logiquement déjà fait. Pourtant, rien de rien. Pas une trace. Pas une empreinte. Pas même une preuve que Fred Lock a fréquenté la ville. Rien de distinct, rien qui ne sorte du lot.

      C'est un échec.

      L'initiative était bonne. Censée. Logique. Elle avait ses chances... Vous y avez passé toute la nuit et vous y avez mis de la volonté... Mais pas une foutue trace de ce fils de salaud. Il va falloir trouver autre chose. Et tu as encore quelques heures pour y penser avant que la ville ne se lève et que...

      Sergent ?

      Un de tes hommes s'avancent vers toi. Tu vois sur son visage épuisé des traits marqués par l'inquiétude. Ses petits yeux semblent tristes, teintés d'angoisse. Un mauvais sentiment te prend aux tripes. Il déglutit péniblement et t'indique d'un coup d'oeil un couple en arrière plan qui n'attend qu'après toi :

      Ces gens veulent vous parler.

      Tu te diriges d'un pas décidé vers eux pour savoir ce qu'ils veulent. Il est trop tard pour ne pas être couché, et trop tôt pour être déjà levé. La jeune femme a les yeux fous et embués de larmes, les cheveux emmêlés comme si elle venait juste de sortir du lit. Lui, il est impuissant, brisé à l'intérieur, tu as comme l'impression qu'il va s'effondrer en mille morceaux sur place, comme s'il allait éclater... Il tient dans ses mains crispés une enveloppe qu'il te tend en tremblant...

      Il... Il y a marqué qu'on... qu'on doit vous remettre cette lettre...

      Un papier de bonne qualité, quoiqu'un peu vieilli, marqué par l'empreinte du père. Une écriture penchée, annotée à l'encre noir. Des boucles sublimes, "A remettre au Sergent Blacknife". Tu remarques que l'enveloppe est déjà ouverte, d'ailleurs. Sûrement les parents. A ton tour, donc...

      Spoiler:

      ...

      Tu comprends que le temps que vous avez perdu à dire que vous alliez vers le nord, il l'a passé à trouver sa prochaine proie. Tu comprends aussi que vous avez ratissé la zone trop tard et que vous l'avez raté à quelques minutes près. Tu comprends qu'il a réussi à fuir par un moyen que tu ne connais pas ou alors, qu'il est resté caché patiemment avec une gamine d'à peine huit ans... Mais que tu l'as raté, et de très peu...
      L'homme qui te fait face ne peut s'empêcher de t'attraper les mains, attirant ton attention. Et tu peux le voir se mettre à genoux, ne retenant plus ses larmes, autant d'angoisse que de peur ou d'épuisement... Et d'une voix tremblante, il lâche entre deux sanglots :

      Pitié... Ramenez-la nous... C'est ma petite fille... Ma petite fille...
        La situation était en train d’échapper totalement au contrôle de Gon qui sombrait de plus en plus dans une psychose paranoïaque. Il n’avait pas fermé l’œil depuis trois jours, ressassant des pensées morbides de pauvres fillettes mutilées, violées, torturées… Plus le temps passait plus les fillettes de ses visions étaient déformées. Elles prenaient toutes le visage de sa propre fille. Illindore… Depuis combien de temps ne l’avait-il pas vu ? Plusieurs mois maintenant. Il n’avait pas la moindre nouvelle. Comment pouvait-il être sûr qu’elle allait bien ? Et Jilo son fils ? Et sa femme Mila ? Peut-être avaient-ils rencontrés un monstre de la trempe de Fred Lock ! Il s’était surement surestimé. Il était nul, un minable qui a voulu voler trop près du soleil. Il n’avait pas pu sauver Kendy et à présent cette Jodie était en ce moment même en train de subir des sévices inimaginables. Tu parles d’un sauveur !

        Il était accroupi contre le rebord d’une maison, la tête entre les genoux. Il réfléchissait. Encore et encore. Mais rien ne venait. Cette lettre, cette dernière provocation prouvait que l’homme derrière tout ça était bel et bien sur l’île. Après deux heures de réflexion, il avait établit trois théories.

        Il est impossible que cet homme soit passé à travers nos filets, nous l’aurions repéré. Son affiche est placardée partout, n’importe qui aurait pu le voir. Première possibilité : nous avons à faire à un copieur, qui prétend être Fred Lock mais qui ne l’est pas, un autre fou qui utilise l’image de Fred Lock pour ne pas être soupçonné. Deuxième possibilité : Fred Lock possède une cachette indétectable où il se réfugie à chaque mouvement de troupes. Dernière possibilité, et de loin la pire : Fred Lock a plus d’un complice qui l’aident à se planquer et le couvrent.


        Il se releva et emplit ses poumons d’air.
        -CAPORAL ARCHIIIIIII !!!
        -A vos ordres sergent !
        -Vous allez aller voir le maire de Sirup, prendre le registre des habitants de l’île et tous mes les amener sur la grande place. Prends tous les hommes que tu veux, je fais une exception. Explique aux habitants, tous, même les petits bourges, même le maire lui-même, que toute personne se trouvant sur la liste des habitants et n’étant pas sur la grande place dans une heure sera considérée comme complice de Fred Lock et traitée comme telle. Vous me les entassez là, et personne n’est autorisé à quitter les lieux, même pour aller pisser !
        -Bien sergent !

        Pendant que la traque s’exécutait selon ses ordres, Gon décida de changer de point de vue. Parfois, il faut savoir prendre de la hauteur, du recul pour pouvoir voir les choses dans leur ensemble. Il ferma les yeux et croisa les bras en murmurant.
        -Giganto miembro.

        Une paire de jambe poussa sous la plante de ses pieds. Puis une autre. Et encore une autre. Une bonne vingtaine de jambes s’accumulèrent jusqu’à propulser Gon sur des échasses de plus de vingt mètres. D’ici, il avait une vue magnifique sur tout ce qui se passait en dessous de lui. Peu importe s’il traquait véritablement Fred Lock ou un usurpateur. La petite fille en sa possession était bien réelle et se trouvait forcément quelque part. Il se mit à marcher en scrutant tout autour de lui. Avec des jambes de vingt mètres, la marche était bien plus rapide. Au fur et à mesure qu’il avançait, il faisait apparaître un vrai nuage d’yeux autour de lui, sur les murs, les rochers, les troncs, les branches et les feuilles, le sol ou même les cheminées. Il ne voulait laisser aucune chance au hasard.

        Après avoir traversé toute l’île, il arriva au bout. Juste une falaise et après ce serait la mer. Anéanti, il resta là, à contempler la falaise en face de lui. Il allait se résigner à rentrer lorsqu’un de ses yeux aperçut une tache rouge au milieu de la végétation verte. Il s’approcha et fit remonter l’objet par l’intermédiaire de nombreux bras jusqu’à lui. C’était un morceau de tissu.

        Si ce morceau était encore dans les branches, cela signifie que cela ne fait pas longtemps. Sinon le vent aurait fini par le faire tomber au sol. Il est dans le coin, j’en suis sûr. Mais où ? Je ne vois rien à des centaines de mètres à la ronde. A moins que…


        Son regard se tourna à nouveau en direction de la falaise face à lui. C’était la seule chose qui lui bouchait la vue. D’un claquement de doigt, il fit disparaître tous ses yeux et profita de ce reflux de concentration pour faire pousser à nouveau des jambes en dessous de lui et le soulever plus haut encore. Il parvint à dépasser la crête de pierre et se pencha par-dessus. Là, un renfoncement dans la paroi de pierre lui attira le regard. Cet endroit n’était pas visible depuis la mer et semblait inaccessible depuis l’île. A moins de connaître le chemin ! Gon sortit son DenDenMushi et chuchota.
        -Caporal Blane ? J’aimerais que vous vous approchiez de la partie Nord-Nord-Ouest de l’île et que vous inspectiez la paroi rocheuse à la recherche d’un indice. Un chemin, un escalier taillé dans la pierre… Une trace de sang…
        -Comprit Sergent ! Je vous rappelle.
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        L'ordre est très bien passé, l'homme n'a pas encore raccroché et le maire juste à côté de ton second, qui attend pour avoir des informations à donner à ses habitants, se permet même d'intervenir :

        Ah non, mais cette grotte, c'est la grotte du Magou.
        Le magou ?
        Oui, le magou. C'est ainsi qu'on la surnomme... En fait, c'est une vieille bonne femme poisson qui aime les chats et qui y vit avec depuis des années, tout le monde le sait ici ! On l'a sorti de la ville parce qu'elle était un peu associale. Incompatibilité d'humeur.
        Hein... ?
        Disons que la cohabitation n'était plus envisageable.
        Ah... Et le drapeau rouge ?
        Le drapeau ? C'est pour dire aux gens qu'ils ne doivent pas s'approcher parce que sinon, elle devient violente. Les enfants ici l'appellent "l'abominable kraken des montagnes" ! Haha ! Elle est d'ailleurs la source de bien des légendes urbaines dans le coin... Elle est un peu frappée si vous voulez mon avis...
        Mais le chef a dit qu'il y avait du sang !
        Ah bah, il a dit qu'il avait pris le drapeau, non ?
        Euh, oui...
        Et bien, dites a votre chef de se carapater vite-fait, ça va devenir dangereux pour lui dans pas longtemps...


        Et a peine as-tu le temps d'entendre ce qu'il se dit à l'autre bout de la ligne qu'une grosse ombre se dessine dans la grotte, sortant à pas lourd en faisant trembler le sol. Au fur et à mesure, tu distingues des cheveux blonds platines, une vieille odeur de poulpe pourrie et un étrange bruit gluant. Le pire sans doute, c'est le rouge à lèvres ultra-voyant qui fait ressortir ses dents acérées... Mais surtout, surtout, le chat aux poils hérissés qu'elle tient dans ses mains et qu'elle te balance à la figure, toutes griffes dehors :

        Pas touche, minouche! Ursula10

        Va enquêter FEIGNASSE !

        Et de l'autre côté, le maire rajoute :

        Bon, maintenant que c'est réglé, qu'est-ce que vous attendez de nous sergent ? Pourquoi avoir rassemblé tout le monde...?
          Gon avait entendu les propos du maire et s’étonnait de la situation. SI cette grotte était connue des habitants, pourquoi ne le lui avaient-ils pas signalé ? Une grotte, c’est une planque parfaite pourtant. Et qu’est ce que c’était que cette histoire de « Magou » ? On lui avait caché la présence d’une femme-poisson marginale qui rejetait la société. Cette histoire était louche. Pourquoi ne pas le dire ? Il n’avait pas spécialement d’à priori en ce qui concernait la race des homme-poissons, il était plutôt pour prôner la tolérance. Mais personne ne pouvait nier que ces créatures étaient bien plus fortes que les humains en termes de force purement physique. Ils représentaient donc en permanence une menace, notamment s’ils ont une dent contre les humains comme celle-ci semblait avoir.

          Cet endroit est le seul de l’île qui n’a pas été fouillé. Il est éloigné de la ville, à l’abri des regards et personne ne s’y rend jamais à cause de cette légende de dangereuse femme-poisson. Quelle meilleure planque pour un psychopathe ? Peut-être même que c’est lui-même qui a fait courir cette rumeur afin que personne ne s’approche.


          L’oreille collée à l’escargophone, le sergent Blacknife cherchait à donner un sens à ces nouvelles informations lorsque soudain, il sentit le sol vibrer sous ses pieds. Un long tentacule sortit de la grotte et s’enroula autour de la pierre. Dans un glissement flasque, une immense femme-pieuvre s’extirpa de sa tanière. Ses cheveux blancs ondulaient au rythme de ses dandinements maladroits tandis que ses tentacules avançaient un par un, comme animés d’une volonté propre, pour traîner son corps gélatineux un peu plus en avant. Bouche bée devant l’affreuse créature, le sergent d’élite aux nerfs d’acier baissa lentement l’escargophone.
          -Je… Je vous rappelle.

          Il fallait bien l’admettre à présent. C’était la première fois qu’il voyait un homme-poisson en vrai. Il en avait déjà entendu parler, il avait étudié des dossiers les concernant mais… Voir cette tête perchée sur ce corps immense en train d’avancer lentement dans sa direction, un sourire éclatant soulignant un regard mauvais, c’était autre chose que de regarder une impression de visio-dial. Il sentit son sang se glacer mais parvint à reprendre ses esprits, juste à temps pour éviter de se faire lacérer le visage par un chat pouilleux.
          Va enquêter FEIGNASSE !

          Bien, au moins, les bases étaient posées. Ils n'allaient pas être amis. Elle n’allait pas gentiment coopérer pour l’aider dans son enquête. Il donna un coup de pied dans le chat qui s’envola en miaulant. Comme s’il n’avait que ça à faire…
          -Madame ! De mon statut de sergent de la marine d’élite, je vous ordonne de coopérer. Toute entrave à mon travail sera punie. En me jetant ce chat au visage, vous avez ouvertement fait preuve d’un comportement hostile à mon égard. Je suis donc légalement autorisé à utiliser la force et même à vous tuer si besoin.
          -Si tu crois pouvoir te mesurer à moi, sale humain ! Tes deux bras font bien pâle figure FACE A MOI !

          Tout en parlant, elle faisait claquer ses lourds membres contre le sol, provoquant des bruits sourds. Le sol de pierre se fissurait sous l’impact. Les homme-poissons étaient-ils donc aussi puissants que ne le prétendait les histoires ? Gon ne se démonta pas et sortit son meitou double, une lame dans chaque main. Il fit alors apparaître deux bras supplémentaires qui attrapèrent d’autres sabres. Et encore deux bras. Et encore deux sabres. Et encore deux bras. Et encore deux sabres.

          Peut-être que cela la découragera d’entrer en conflit direct. Je sens que cette femme à beaucoup de choses à m’apprendre. Il ne faut pas que je la tue si je veux la faire parler. Mais en tout cas, une chose est sûre, elle n’est pas étrangère à la situation.


          Sous le regard médusé (Haha !) de la femme-poisson, Gon se tenait devant elle, ses huit bras armés, prêt à affronter les huit tentacules de l’ermite.
          -Pour la dernière fois Madame, ne m’obligez pas à utiliser la manière forte. Répondez à ma question. Vous habitez ici, seule depuis des années, personne ne vient et vous ne bougez pas d’ici. Alors comment savez-vous que je suis là pour une enquête. Vous savez où il est n’est ce pas ? Ses forfaits vous amuse, peut-être même que vous l’aidez.

          Sans la quitter des yeux, Gon fit apparaître un dernier bras et reprit son escargophone.
          -Caporal, une fois sûr que la population est au complet, vous laissez dix hommes pour les surveiller. Tous les autres, vous fouillez l’île et interpelez quiconque se trouve sur ce morceau de terre. Au moindre signe de résistance, vous l’abattez.

          Il reposa l’animal de communication et son bras disparut dans une gerbe de pétales de rose.
          -Je l’aurais, avec ou sans votre aide. La seule vraie question est : Etes-vous prêtes à mourir pour protéger un humain ?
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          Miiiiinouuuuu !

          La bonne grosse femme n'a eu l'air de rien écouter de ce que tu lui disais. Son regard n'a fait que suivre le lancé de son chat, ses bras tendus vers lui, ses petits doigts boudinnés cherchant à le rattraper. L'animal disparait derrière la montagne, tandis que le gros poulpe s'effondre par terre en pleurnichant. Et tu parles, tu parles, tu parles, et elle se bouche les oreilles grossièrement, comme le ferait une enfant, en se lamentant sur le sol :

          Je ne parlerais pas sans la présence de mon chat ! Je ne parlerais pas sans la présence de mon chat ! Je veux Minou !

          Tes dizaines de bras n'ont absolument pas l'air de l'impressionnés. En fait, elle s'en balance totalement, en proie a des tourments bien plus profonds et angoissant, portant tous sur la disparition de son pauvre minou.

          Pulupulu.

          Tu reprends ton denden pour rétablir le dialogue avec tes coéquipiers. Mais avant même de pouvoir en placer une, l'homme qui te seconde en ville te dit d'une voix teintée d'angoisse et de honte :

          Chef ? Je crois qu'on a fait une connerie...
          Ah ça, je vous le fais pas dire ! Passez-moi ce denden ! Sergent !


          Derrière, tu entends la révolte des habitants et tu peux voir la mine clairement agacée du maire qui prend l'escargot pour te remonter les bretelles :

          Espèce d'incompétent ! Vos hommes sont allés dérangés les nobles dans leur manoir en leur sommant de venir ici ! DES NOBLES ! Ils les ont accusés des pires maux, les ont menacés ! Vous voulez vous faire renvoyer ? Parce que c'est ce qui va se passer si vous continuez à abuser de votre pouvoir !
          Miiiiinouuu ! Bouhouhou...
          Qu'est-ce donc ?! SERGENT ! Je suis le maire de cette ville, je connais mes habitants ! Je vous ai déjà répondu ! Et si vous m'aviez poser les questions, vous auriez eu vos réponses ! Là, vous déranger une folle agoraphobe et psychotique pour rien ! Personne ne monte sur sa montagne, personne ne vient la gêner, et si jamais quelqu'un osait seulement s'y aventurer, vous l'auriez sut il y a de cela des lustres ! Vous perdez votre temps, vous perdez celui de Jodie pour des broutilles ! Vous devriez avoir honte ! Vous délirez totalement ! Sachez, Sergent, que je soutiendrais l'appel denden du noble qui a bien l'intention de déposer plainte contre vous et vos manières ! C'est inadmissible ! Grossier ! Maintenant, vous avez intérêt à avoir une très bonne raison pour nous empêcher de rentrer chez nous, ou croyez-moi que ça va barder pour votre grade !
          Pardon chef...
            La situation était en train de friser l’absurdité. Le maire beuglait comme un porc qu’on égorge par l’intermédiaire du DenDen tandis qu’une immense méduse humaine hurlait après son chat qui était tombé de la falaise. Tout le monde semblait ne plus se soucier le moins du monde du fait qu’un violeur, tueur et psychopathe se ballade en liberté sur l’île et ait en ce moment même une petite fille en otage.
            -Sachez, Sergent, que je soutiendrais l'appel denden du noble qui a bien l'intention de déposer plainte contre vous et vos manières ! C'est inadmissible ! Grossier ! Maintenant, vous avez intérêt à avoir une très bonne raison pour nous empêcher de rentrer chez nous, ou croyez-moi que ça va barder pour votre grade !

            Gon sentit son sang se glacer. Comment ce petit insolent se permettait-il de lui parler sur ce ton ? Il serra si fort son Denden Mushi en l’approchant de ses lèvres que la pauvre bête vit ses yeux s’étirer et manqua d’exploser. De l’autre côté de la ligne, le maire observa avec stupeur son escargophone devenir rouge pétant et sa bouche s’ouvrir d’une bonne quarantaine de centimètre pour envoyer une vague d’insultes agrémentée de postillons.
            -Oui, j’ai une bonne raison ! Je suis en train d’essayer d’empêcher qu’une petite fille de votre île ne se fasse violer, mutiler et tuer dans les prochaines vingt heures ! Une petite fille qui est sous votre responsabilité en tant que maire de cette île ! Et je vous rappelle qu’en tant que Marin d’élite, j’ai une totale autorité pour mener mes missions à bien comme je l’entends ! Si je décide de brûler cette île pour le faire sortir de sa tanière, je le ferais ! Alors si vos fameux nobles veulent bien arrêter de bouffer des gâteaux à huit millions de berrys provenant directement du royaume de Shishoku et lever leur gros cul pour rejoindre le commun des mortels le tems que je la sauve, je leur en serait éternellement reconnaissant ! MERCI !

            Et il raccrocha. La « magou » était toujours penchée sur le bord de la falaise et criait après son affreux matou qui était maintenant bloqué dans une branche et miaulait à la mort. Gon se calma doucement en la regardant. Elle était certes impressionnante, mais au final, cela restait une vieille folle ne jurant que par son chat.

            Elle me fait vraiment pitié… Cette grosse masse gélatineuse solitaire n’ayant qu’un sac à puces comme compagnie… La combattre ne sera peut-être pas nécessaire. Son attitude montre clairement que ce chat est la chose la plus importante à ses yeux. Un moyen de pression donné sur un plateau d’argent. Je vais peut-être réussir à la faire parler finalement.


            Il ferma les yeux et un bras apparut sur la paroi de la montagne pour attraper le chat par le cou et le soulever. Un autre fit son apparition et prit le relais. La femme-poisson se mit à pousser des petits cris hystériques, tendant ses tentacules pour tenter de l’attraper, mais Gon avait gardé une distance largement suffisante pour le maintenir hors de portée.
            -Bon, on va pas y passer trois jours. Si vous m’aidez à capturer Fred Lock, le mec qui kidnappe des jeunes filles, je vous rends votre chat sans une égratignure. Si vous refusez, je le lâche et vous pourrez toujours vous en faire une tartine sur un toast pour votre petit déjeuner demain matin. Je vais compter jusqu’à trois pour entendre votre réponse. Un….Deux…
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            Et là, c'est le drame...

            Sous ton regard impitoyable, la vieille poulpe se roule par terre en hurlant qu'elle ne sait rien et qu'elle n'a rien à voir avec cette histoire, qu'elle te promet qu'elle n'a vu personne et que, de toute façon, elle ne sait absolument pas à quoi ressemble ton bonhomme. Mais le chat que tu tiens par la peau du cou n'entend plus se faire maltraiter. Et d'un mouvement mal habile plus tard, il te colle un sale coup de griffe qui te surprend et t'oblige à lâcher prise. Minou chute. Inexorablement, Minou tombe de la falaise dans un miaulement sinistre. Et tu vois l'affreuse bonne femme crier à plein poumons avant de se jeter tête la première de la falaise pour aller sauver son chat fétiche.

            Chef ?! Mais Chef ! Vous l'avez tuée !?

            Bien sûr... C'est à ce moment là que l'un de tes hommes déboulent de nul part en ayant vu qu'une seule partie de la scène et en comblant les trous de l'histoire avec son imagination fertile. Bilan, l'accident passe du statut d'accident à celui de meurtre. Il pâlit devant toi en se penchant vers le bord, et note avec un sourire moins crispé, qu'outre le fait que la bonne femme s'est éclatée la tête sur un rocher et baigne dans son sang, Minou a réussi à se rattraper à une branche et est sain et sauf. Brave Minou.

            Mais soudainement, entre deux émotions contradictoires allant du "Minou est vivant, j'aime bien les chats !" et "mon dieu, mon supérieur est un assassin !", l'homme te sort un escargophone avec la mine déconfite et désolé :

            Oh ciel... Chef, vous êtes dans la merde...

            Et il te colle la bestiole dans les mains, se retirant pour te laisser en tête à tête avec un escargot :

            Ici le Colonel Jakku Kattar.

            Pas touche, minouche! Jakkukattar_imagesia-com_3kh3_large

            Figure-toi que j'étais tranquillement en train de regarder la dernière collection haute couture de Carl Laguerfield quand j'ai reçu un appel d'un vieil ami, le Lord Trukmush, qui a pris la peine de me parler de tes dernières lubies pour saboter ta propre autorité et ton enquête... Et s'il y a bien une chose que je hais, c'est recevoir l'appel d'un type mal fringué durant la première permission que je m'accorde en huit ans pour me parler de l'incompétence d'un sergent dont je ne connaissais même pas l'existence jusqu'ici.

            Inutile de préciser que derrière ce faciès stoïque et ferme que t'affiche l'escargophone qu'on t'a tendu la main tremblante, le Colonel Jakku Kattar en a gros sur la patate.

            Sergent... Blacknife. Le temps que j'arrive reprendre les affaires sur Syrup, tu es démis de l'enquête et tes hommes sont sous mon commandement. J'attends une collaboration complète. Je supervise l'opération et toi, tu as deux options : Option un, tu joues les types moins lents qu'il n'y parait et tu saisis ta chance en m'obéissant au doigt et à l'oeil à partir de maintenant. Option deux, tu te passes les menottes pour te préparer à rejoindre Enies Lobby au prochain navire.

            La voix ferme, aucune émotion ne passe mais tu peux sentir néanmoins un profond mépris qu'il a du mal à cacher. Tu sens également l'intransigeance dont il sait user, comme un bourreau tenant déjà la lame allant te couper la tête :

            Tu rejoindras Enies Lobby, quoiqu'il arrive. Mais note, "Sergent"... Qu'à la moindre incartade de ta part, je me charge de ton cas sans passer par le conseil disciplinaire.

            D'ailleurs, il ne te faut pas longtemps en fouillant dans ta mémoire pour savoir que le Colonel Kattar est surnommé "le Freux", ou "le Bourreau". Il n'y a donc aucune menace à proprement parler, juste des certitudes.

            Maintenant, la Justice, c'est moi.

            HRP : N'oublie pas que le PNJ est là pour te donner des pistes à suivre, sinon, il n'a aucun intérêt à prendre du temps pour t'écrire. Si c'est pour jouer du solo en duo, il vaut mieux ne pas demander l'assistance d'un MJ mais faire ça de ton côté.
              Gon reposa l’escargophone d’une main tremblante. Le colonel Jakku Kattar, celui qui fait trembler tous les marins, celui qui se charge de l’exécution des traîtres et des déserteurs, voire même simplement des plus désobéissants. La simple évocation de son nom avait été l’équivalent d’une véritable gifle pour le sergent d’élite. Il était sous le choc.

              Pourquoi ? Pourquoi… Je fais tout mon possible pour retrouver Fred… Je veux sauver cette petite fille… Et… Et cette femme-poisson… Elle est morte, mais je… Ce n’est pas ce que je… Elle était quand même mauvaise, non ? Je ne sais pas. Je n’ai même pas cherché à… Mais cette petite fille ! On ne peut pas attendre que le colonel arrive ! Elle risque… Elle risque… Non !


              Très perturbé, le sergent d’élite ne savait plus du tout où il en était. La vérité, c’était que cela faisait plus d’une dizaine de mission qu’il enchaînait sans prendre de repos et il passait ses nuits à forger au lieu de dormir. Il avait les nerfs à vif et  son esprit n’était  plus vraiment lucide. De plus, cette affaire le touchait plus que les autres. Il avait une petite fille lui-même et ne pouvait s’empêcher de l’imaginer à la place de Jodie. Gon avait perdu la boule, ni plus ni moins.

              Ses bras disparurent, laissant les sabres tomber au sol tout autour de lui dans un vrai tintamarre. Le troufion s’approcha de son sergent et posa sa main sur son épaule. Tous ses hommes le voyaient bien, depuis des jours, leur chef faisait n’importe quoi. Il n’avait plus les idées en place.
              -Sergent, je crois que vous vous surmenez. Vous avez laissé vos émotions et votre vie privée prendre le dessus sur vous et vous faîtes n’importe quoi. Vous êtes devenu un vrai GB simplement pour vous défouler ! Ce n’est qu’un forum, pas la vraie vie. Et puis le GB c’est le mal, m’voyez. Il y a d’autres membres autour de vous qui ne veulent pas subir vos problèmes ! Sans parler de ceux qui vous lisent! Reprenez-vous !

              Gon leva la tête et le regarda bizarrement.
              -De quoi ? Ce que vous dîtes n’a aucun sens. Forum ? GB ? Qu… Quoi ?
              -Je dis que vous êtes devenu un vrai cinglé voulant seulement tout tuer ! C’est  une enfant, c’est vrai, mais pas votre fille ! Et puis les émotions c’est le mal, juré ! Il y a gens autour de vous qui pâtissent de vos problèmes. Sans parler de ceux qui vous suivent! Reprenez-vous !

              Il était tellement perturbé qu’il avait du mal pour comprendre ce qu’on lui disait. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Il avait tellement voulu bien faire, se faire une place pour approcher les plus grands qu’il avait tout foutu par terre en agissant comme un idiot. Maintenant, il était vu comme un pariât. Et il allait aller à Enies Lobby pour répondre de ses erreurs.
              -Mais… je voulais vraiment aider cette petite fille…
              -Sergent ! J’attends votre réponse !
              -D’accord.
              -J’espère bien!

              Gon tomba à genoux, lâchant le Den Den qui alla rouler à quelques mètres de lui. Il devait baisser les armes. Il ignorait ce qui allait se passer, il allait devoir attendre et voir.
              -Vous avez fait le bon choix sergent.
              -Dîtes au caporal Blane qu’il a les pleins pouvoirs pour continuer l’enquête. Je vais rester ici en attendant le colonel.

              Le marin parti, Gon se rapprocha du bord de la falaise et s’assit, laissant ses jambes pendre dans le vide et regarda dans le ciel. Toute cette fatigue et ces émotions le faisaient délirer. Il y voyait le visage de sa femme, restée à des kilomètres de là, sur Shimotsuki. Elle le regardait. On ne pouvait lire ni fierté, ni joie, ni amour sur ses traits. Juste une grande tristesse. Gon ne put soutenir ce regard et baissa la tête.
              -Je suis désolé…

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              Sergent...

              Le Caporal Blane, en charge maintenant de l’enquête sur place, te tend un escargophone à l’allure toujours aussi imperméable à ton retour de randonnée solitaire. Tu as pris le temps qu’il te fallait pour te remettre sur les rails, et tu as maintenant en face à Colonel toujours aussi froide et intransigeant qu’une lame de guillotine...

              Je veux que tu retournes sur les lieux des enlèvements.

              Et bien évidemment, il te fait faire le pire. On pourrait croire à de l’acharnement, à une punition... Retourner sur les lieux du crime, c’est vivre les derniers instants d’une petite fille terrifiée...

              Seul.

              Et alors que c’est sans doute toujours brumeux là-dedans, il s’attend à ce qu’une lumière de génie s’allume et que tu aides à faire avancer l’enquête...

              Je veux savoir comment il est rentré, comment il est sorti, l’intégralité de son mode opératoire pour l’enlèvement.

              Tu es sur le point de lui rétorquer qu’il n’y a aucune preuve, rien, petezouille... Mais il est plus rapide, et ne se contentera jamais de cette réponse de toute façon. A toi de faire un effort d’imagination...

              Je te laisse deux heures pour me faire un rapport.