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Une bande de vieux copains


Hier, j’étais en Enfer, il me semble. Comme d’habitude. Dans un état où même les condamnés à mort se baucheraient de moi, charogne, misérable déchet. C’est la vie qui me pique les yeux, avec ses oignons et son sky trop jeune. J’ai mal à la tête.

Hier, je dégueulais la souffrance des jours par terre, sur l’estrade des enfants désunis, il me semble. Comme très souvent. Toujours dans le même état où mes paupières me grondent de trop travailler, se montrant sans jamais pouvoir avoir la paix.

Hier, j’étais dans un rade qui ressemblait, oh, non. J’étais dans des rades qui ressemblaient à mon esprit, des caisses de vins, des tonneaux de rhums et des ordures de partout. Je regardais le vide en sifflotant une chanson douce que me chantait ma maman, rythmé par les bruits des décapsulements des bières. La mienne avait une odeur de pomme, c’était doux, la mienne avait une odeur de sang, c’était doux, une odeur de mon sang, c’était doux, une odeur de gerbe… Et puis, je suis sorti, ça, oui. Et puis, je me suis pris un coup sur la tête. Ah, oui. Normalement l’alcool m’endurcit mais là, bon. Morphée ne venait pas, le type qui m’a fait ça me l’a ramené de force.

Un bandeau sur les yeux, je ne vois rien. J’ai l’habitude. Mais je sens, ça pue la pisse et le parfum chaud des lupanars. Le vent ne souffle pas, ça sent les pierres posées il y a des siècles. Et au milieu de ça, mes poignets et mes chevilles sont liés. Nouveau christ. Par des cordes, pas des clous. Bon, pas de christ. Pas de christ, mais merdier. Ça m’arrive souvent, ça. Enfin, plus depuis que je suis Saigneur. Mais ça m’arrivait. Et à la fin, il y avait toujours des morts. Et moi je suis encore vivant. Alors, oui, tu as compris.

Chut, un bruit. Des pas. Deux paires de pas. Un va lentement, l’autre ne suit pas son rythme, mais c’est tout de même plus léger. Pas de doute, baskets et bottes. Un mec, pas vraiment costaud, mais dans la norme. Et puis une fille. Mais là, pour évaluer, j’aurais besoin de mes yeux.

Mais je ne les ai pas, et puis la seule chose que renifle mon nez, c'est que je suis dans la merde. Mon petit doigt et lui s'accordent à le dire tandis que les pas des étrangers s'arrêtent. J'entends un rire. Une fille, comme prévu. J'entends un cliquetis, un "YO" tourné de façon à ce qu'on comprenne "merde" et puis encore un rire.

J'arrive pas à y croire Lucky ! On a réussi à l'avoir ! En un coup en plus !

Yo Ace, qu'est-ce que dit déjà le Code 176 du Requiem du Ghetto ?

Ah... Ne jamais t'appeler par ton prénom.

Alors pourquoi est-ce que tu le fais ?

J'oublie toujours... Double L.

Bon ce type est censé être un des gars dont Mach parlait. D'après Sisyphe, l'est censé avoir une crête.

C'est bon !

Avoir les traces d'un récent état d'ébriété...

Euh...ah berk ! C'est bon !

Avoir des phalanges niquées...

Ouep !

Et puis une sorte de récipient dans ses poches où il fout n'importe quel type de boisson.

Ouais, ça dépasse. Qu'est-ce qu'on en fait alors ?

Réveille-le...yo...


Grande surprise. Pour me "réveiller", son pied écrase une partie de mes côtes qui me propulse littéralement à terre, entraînant la chaise avec moi. Mais ce n'est pas fini. Bien en face de moi, de ma tête, je suppose, elle doit s'être dit que l'occasion est trop belle pour ne pas me shooter dans la gueule. C'est ce qu'elle a fait.

Bon, t'es réveillé, enfoiré !?

Si je l'étais pas, ça voudrait dire que je suis mort.

Deuxième coup, cette fois-ci en plein dans l'estomac. C'était toujours les pieds de la fille.

Ferme-là ! Réponds pas à Lucky comme ça !

CODE 176 ?

Euh Double L !

Mec, écoute moi bien. Tu sortiras pas d'ici avant qu'tu nous dises ce que ta p'tite bande de copains et toi foutez sur notre île ?

Ah... Si peu ? Et bien, pour ma part, j'y vis depuis un bout. En ce qui concerne les Saigneurs, ils sont venus foutre le bordel et un peu même le chaos pour s'approprier l'île etc. Tu me relâches maintenant ?

Troisième coup, encore une fois dans la tronchiole. Le prochain je risque de craquer... Mais j'ai besoin de savoir qui sont les gens qui se risquent à kidnapper un Saigneur sur une île où les habitants se courbent devant Jack, prêt à lui lécher le lustre ?

Les choses ont changé ici, depuis l'arrivée des Saigneurs, plus d'Underground, plus de Python, ni d'association de lesbiennes. Des impots à lui payer, une arène où on règle ses comptes. Comment avez-vous contourner Oz ?

C'est qui Oz ?

Le géant qui garde l'île... Dans tous les cas, je ne vois pas pourquoi c'est à moi que vous vous en prenez les aminches... J'ai juste envie de quitter Dead End. Je me casse avec eux voir si je survis dans le monde extérieur.

On s'en tape, mec ! On veut retrouver notre île. J'suppose que les clans aient été décimés est une bonne chose... mais en aucun cas D-E city doit être sous le contrôle d'un autre mec que Mach

Mach ?

C'est moi.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Sam 22 Nov 2014 - 21:01, édité 1 fois

    C'est lui. Sa voix avait une classe certaine, celle du chef de groupe. Je reconnais le bruit des santiags à chaque fois qu'il fout un pied devant l'autre. Bon goût. Je reconnais aussi l'odeur du vin de chez Eddy le manchot, on fréquente donc le même rade. Il a l'air différent des deux autres et différent du reste du monde. Et ça, je le sens. Rien que par sa voix.

    Relâchez-le ! Vous êtes complètement débiles ! Vous voulez des problèmes avec le type qui a décimé les clans !?

    Si seulement il savait que Jack en a rien à foutre de l'endroit où je me trouve actuellement...

    Mais Sysiphe a dit que...

    Et bien sur ce coup là, il est inconscient !

    M'étonnerait... Mach, t'as envie de vivre comme un larbin d'un type que tu connais même pas, lui donner de la thune chaque mois pour qu'il bouffe pépère ses croissants !? Bah pas moi ! Dead End, c'est notre île. Et s'il faut que je me batte pour la récupérer, c'est ce que je ferais !

    Légèrement irrité, je sens mes veines bouillir sans me rendre compte qu'en fait, c'est le Scotch qui vient littéralement brûlé les cordes.

    Tu sais qu'on ne peut pas partir... C'est ici qu'on est en sécurité. Et puis ça m'étonnerait que ce soit pire que la manière dont était dirigé l'île avant...

    Euhhh...yo les gars...

    Et c'est à nous de réécrire cette putain d'histoire Mach ! C'est un truc à faire ensemble, comme on a toujours fait ! Tu peux pas nous lâcher sur ce coup là

    Lucky...

    Qu'est-ce que j't'ai d'jà dit, Ace ?

    Mais regardez !

    Première BEIGNE destinée à ce cher mochingue de Lucky, seconde dans son burlingue pour qu'il recrache ses tripes. Tout ça, vec ma naturelle et le Scotch qui le propulse tout droit dans le mur de pierre. V'là que je me rends compte d'où j'suis : l'endroit où qu'la mafia foutait ses martyrs... Normal que ça schlingue autant. J'craque mon cou et mes pognes. Ace saute pour me foutre un coup de pied dans le gaviot, je contre avec mon avant bras, en plein dans les chevilles mais, par surprise, elle lève sa deuxième jambe pis rate pas mon visage. Un peu que j'perds l'équilibre, mais elle se tient à moi, toujours vec ses gambettes en coton à mon cou pis m'ratatine de mandales tandis qu'le Double L se relève.

    J'saisis les châsses de Mach qu'ont l'air de me regarde comme si j'devais lui prouver que'que chose. Y m'plait bien ce mec là.

    Tiré d'ma pensée par une droite du Lucky, j'sens qu'une d'mes dents vient d's'péter dans le mouv'.  J'crache le sang qu'j'ai dans la tire lire en plein sur la poitrine (petite) d'Ace. Horrifiée ou j'sais pas quoi, elle arrête les coups. Et j'profite pour lui foutre mon gnon dans le bide. Elle tombe par terre direct. Lucky revient à la charge assez rapidement, en me foutant l'plat dans son pied en plein sur le plastron. Vec les remontées de gnôle, j'me sens pas bien et je me plie. Réflexe, vec son coude, il vise ma colonne vertébrale qui tient bon tout de même. J'redresse violemment la tête, mon crâne dans sa banquette.

    Ace n'abandonne pas, quand son pote est à terre, elle revient. Ils m'laissent pas un souffle. Elle me prend par la crête vec sa main, pis m'fous un coup de guibole dans les côtes. Crack, que ça fait. Crack comme Joe, tiens.

    J'peux plus contenir, j'dégueule. La cuite de la veille, l'odeur des lieux, lasdeg pis que j'ai rien bouffer d'puis un sacré temps.

    Beeeeh ! Dégueu !

    La ferme ! Vous m'faites vous combattre sans qu'j'ai rien dans le bide et vous vous étonnez d'avoir le dessus.

    J'prends le bandeau avec lequel il m'avait caché les yeux, pas la manche de ma redingue, elle était trop classe pour être souillé. J'm'essuie le bec pis j'numérote mes abattis.
      Aujourd'hui, je suis en Enfer, j'en suis sûr. Le temps ne change pas quand on essaie même plus de courir pour le toucher des doigts. C'est le monde qui me pique les yeux, pourtant c'est pas mes oignons et je m'en mêle pas. C'est ni mon sky, ni mon rhum. J'ai jamais rien acheté.

      Aujourd'hui, je dégueule sur une salle souterraine et j'peux bien crier qu'on m'entendrait que dalle. Et même si on m'entendait, on se frotterait les mains et on reprendrait son bonhomme de chemin habituel. Un habitant de Dead End doit accepter d'être seul dans la foule. Y a ni de famille ni de solidarité d'escouade. Une miche de pain, dix personnes à la table ? On s'entretue pour bouffer. C'est la règle.

      Aujourd'hui, je suis dans un endroit qui ressemble étrangement à mon esprit. Des gens qui essaient de me capturer, me casser la gueule dans une pièce vide, vieille, une pièce qu'on utilise pour torturer des gens. Du sang frais et chaud, du sang froid et sec, de la dégueule, de la crasse et de la pisse. Et dans toute cette merde y a moi et un type qui me regarde comme s'il comprenait tout. Aujourd'hui ressemble particulièrement à Hier et les jours qui précèdent. Parce qu'on change jamais de jour.

      T'es un homme, saloperie de demi-skinhead !

      Demi...quoi...

      Vrai qu'j'ai rien du côté gauche, vrai qu'au tournoi d'la débauche, j'ai gagné le coquetier, vrai que je pisse dans le rata et que j’enchaîne les coups fourrés... Mais on m'appelle pas skinhead ! Kiril est pas gentil quand il est méchant. Et c'double que'que chose du Ghetto allait bientôt comprendre.

      J'charge le Scotch dans mes poings. Ces enfoirés m'ont pris Lana et mes autres os de mout', va falloir faire sans. Facile pour le Punk. Pas long pour qu'ils m'attaquent les deux en même temps, j'déploie une rafale de jetons pour dans les gueules, z'ont pas le temps de répliquer, le Scotch c'est fort. Pis ça fait mal à la tête. Avec ça, j'y vais pour la classique.

      Beigne dans ta gueule et tu baignes dans ton sang

      Encore plus fort, un Scotch classique te casse la gueule en moins de temps qu'il faut pour que je descende un shooter. A savoir, vraiment pas long. Puis maintenant qu'j'ai l'avantage, j'compte bien m'amuser un peu : j'me presse pas, mais j'bats le sol jusque vers eux, j'relève le Lucky et j'y fous mon poing dans la joue, mon genoux dans le buffet, l'coude dans le gaviot. Le dernier fait mal, le type se plie en deux, sur mon épaule. J'sens que'que chose ensuite sur mon crâne tout blanc.

      Lâche Lucky ! Ou t'es mort !

      J'glousse...

      ça, c'est pas du jeu mademoiselle.

      La ferme, et laisse Lucky partir !

      J'lève les mains haut, pour qu'elle les voit. Le Lucky fout le camp par terre sans qu'j'y touche. Réflexe, elle va pour voir. Réflexe à moi, j'y fous un coup de bottine en plein dans le visage et fous son rifle tout au bout du même pied. Sauf que, à peine que j'me retourne vers les deux que je vois Lucky appuyé sur la gachette du sien, pas vu, pow.

      C'est une lame qui me sauve, juste à côté de ma tête, la balle est arrêtée par le sabre du chef.

      Suffit. On en a assez fait pour aujourd'hui. Toi, le punk, on se reverra certainement. De toute façon, on a à causer.

      Ils sortent ensuite, par une porte-trappe. Moi, j'châsse l'endroit pour mettre la main sur mes os de mout'. Ils y sont pas. Pas de Lana ! Ni d'Harakiri ! Bien sûr qu'on se reverra, les nabots... que j'sifflotte. Au moins, ils m'ont laissé ma topette. Gorgée.

        Sorti, j'grignotte mes tripes pis j'me dirige au rade. Celui d'Eddy le manchot. Y a qu'chez lui qu'on pouvait boire du vin, et personne n'avait les couilles d'en prendre devant les gnôlards. Parce que justement, c'est pour les gonzesses.  Son rade sont toujours la sueur et la rouille. Je sais pas pourquoi, l'arrière bar est p'tet rempli de trucs en fers rouillés. ça expliquerait le goût particulier d'son cognac.

        Salut l'aminche, ma topette plus quelques trucs.

        Kiril, bon de t'avoir là ! T'étais bien fait hier, quand t'es passé.

        J'me souviens pas

        Tu m'étonnes, alors, qu'est-ce tu veux savoir ?

        Mach. C'est qui ?

        Ho... Tu l'as croisé ? ... C'est le chef d'un ptit groupe. Fin, il a été désigné par les gens d'ce groupe. Ils avaient quitté Dead End pour j'sais pas quoi et sont revenus y a moins d'une semaine. Forcément, z'ont pas compris c'qui leur arrivait quand z'ont vu le changement.

        Les autres d'la bande, c'qui ?

        Woah alors, y a l'frère de Jami Cent, t'sais le toxico. S'appelle Perry. Pis le Sysiphe et les inséparables Ace et Lucky Luciano. Tu les as rencontré ?

        Presque. Niveau de dangerosité dans l'ordre en commençant par Mach ?

        T'es habitué à pire. Disons qu'Mach est un peu moins flippant que Crack Joe niveau combat et qu'après ils son tous abordables pour toi. Ho et tiens... Puisqu'on en parle.

        La porte du rade s'ouvre une dernière fois, laisse place à c'type que j'ai vu hier. Veste en cuir, pas en sky. Elle aveugle les chasses, même. Pareil que ses yeux, prêt à détruire mentalement tout ceux qui le regarderaient trop longtemps. Des cicatrices comme des souvenirs sur la peau, ces choses qui témoignent qu'il en a vu. Plus que moi, ça à l'air. J'lui sors le tabouret d'à côté.

        Tes gars m'ont pris mes os de mout'

        T'as de la chance qu'ils t'aient pas pris autre chose pendant que t'étais endormi. Eddy, comme d'habitude.

        Il apporte du liquide sang qu'il boit goutte par goutte, ça fait phoque.

        Je m'étais dit qu'on pourrait parler affaires toi et moi.

        Pas avant qu'j'aie rossé tous tes types, là, la gamine et son compère. Puis j'ai cru comprendre qu'c'est un mec de ton escouade qui voulait ma tête, lui aussi, on va se daubler.

        Ah, ça...Ils ont grandi ici, ils pensaient pas un jour se soumettre à un gars qu'ils connaissent pas.

        N'empêche que je te préviens, va tomber des chicots. Gueule de bois, chemin d'fer. Si j'mens j'vais en enfer.

        Si t'arrives à passer Sysiphe et Perry, reviens me voir. Je serai là, même heure. Même verre à ma table.

        T'inquiète pas pour ça, ça se sent, un phoque.

          Vide, j'me sens vide sans Lana dans ma redingue. J'vais les rosser mais faut déjà les trouver, et pour ça,  y a pas plus facile. Direction le Hibou de Nuit. Les grooms du Crack sont toujours en chien d'argent. Ce mec est un tyran et leur donne presque rien. Ils pourraient se casser vous dites ? Vous ne connaissez pas Joe, une fois qu'on travaille pour lui, c'est jusqu'à la mort. Vous mourrez pour lui ou vous mourrez par lui. Au choix. N'empêche que je m'y rends le pas pressé, j'arrive même pas à boire ma bibine, j'suis en rogne. D'jà à quelques mètres de l'entrée, on m'fait chier.

          Qu'est-ce que vous matez les crados !?

          Mais bordel Kiril, Joe t'a déjà dit de plus v'nir ici ! La dernière fois t'a tout saccagé !

          J'me souviens plus. Mais j'viens pas boire. J'viens vous voir vous, les merdeux. 1M de berrys à celui qui me trouve un noir qui se prend pour un gangster et une petite qui le suit partout avec un flingue dans la main.

          1M t'as dit ? Jure !?

          J'te le jure sur mon honneur !

          ...

          Bon, sur ma topette.

          Marché conclu alors !

          Demain, j'serai en Enfer, de sûr. Mais je serai pas tout seul. P'tet même que pour une fois je vais courir pour arrêter leur temps à eux. Pas avec les doigts cela dit. Mais avec une bonne grosse torgnole, un d'mes secrets. Une fois ça fait, j'irai m'occuper d'mes oignons avec ce type en veste en sky. Puis j'lui servirai un truc plus fort qu'du cru. En plus c'est bas de gamme, ici.

          Demain, vont dégueuler des excuses, et ça, à mes pieds. Et c'type là, Double L, va comprendre c'qui se passe quand on me traite de demi-skinhead... Quand t'approche de la mort, tu te fous moins de la gueule des gens, c'est mathématique.

          Demain, vont... Ah non, aujourd'hui.

          Hey Kiril ! J'espère qu'tu nous mentais pas ! On les a trouvé les gars qu'tu cherches ! Ils trainent à côté des maisons près du port. File le million.

          Attends, laisse moi regarder ta tête... Bien. Si jamais j'les trouve pas, tu crèves. Tiens non... Si j'les trouve pas, dis adieu à ce qui t'sert à procréer.

          Bon euh... On vient avec toi, au cas où.

          Me fais pas me déplacer pour rien, groom. Ma rage risquerait de s'abattre sur la mauvaise personne.
            Videmment, les autres sont inchopables. J'comprends pas Ace, qu'est-ce qu'est arrivé à D-E City ? Tous nos informateurs ont peur d'eux ! On est bloqué là !

            Heeh, c'est pas le code 88 ça : si on arrive pas à trouver d'infos, Ace peut sortir son pistolet !?

            J't'ai déjà dit non. T'es trop dangereuse vec un flingue. Pour tout le monde ! Même les autres du groupe. Tout le monde sauf toi en fait, c'est incroyable... Mais en partie t'as raison. Va falloir s'montrer plus brutaux que prévu. A commencer par cette saleté de dem-

            BEIGNE


            T'as intérêt à me rendre mes os de mouton de suite si tu tiens vraiment à tes jours "Double Lopette"

            HEEH ! Code 57 du Street book du Ghetto : on insulte ni Ace, ni Double L ni leurs amis ! Sinon Ace...

            BEIGNE


            JE DECONNE PAS ALORS VOUS FOUTEZ PAS D'MOI LES MOCHINGUES

            Coup de tête dans la gueule du Double L. Hier, c'tait hier. J'avais froid, faim et puis surtout : j'étais sobre. Mais là les mecs... J'vomis rafale de tampons, j'bourre de la dariole au coin d'sa gueule. Sa ptite vient pour m'arrêter en me foutant un poing dans le bide, j'y fous une mandale bien sentie, en plein dans la joue et j'fais en sorte qu'elle aille loin, qu'elle nous laisse.

            Où qu'c'est !?

            Avec une gourmade dans le crâne qui le fait embrasser le sol, j'le châble de jus de bottes. J'le sens partir, torturé par mes bottes.

            Arrête ! qu'elle me dit, j'ai la mauvaise impression qu'elle est pas toute seule Arrête ou j'tire !

            N'effet, elle est pas toute seule. Y a son fer avec.

            Ace ! C'est mon...combat. Rappelle toi du code 99...

            Un...contre un...

            J'le prends par le coleton puis y pose un tas.

            Mais la règle 38 dit qu'il faut toujours aider ses amis ! qu'elle crie avant de tirer. Pow pow pow pow !

            Cette fois si, pas de lame pour protéger...ma redingue. Parce que ça y fait des trous. Pas sur moi, j'avais préparé le Loch Dhu dès le premier avertissement. Du coup, j'finis son pote d'un Uppercrack. (Uppercut + crack = un coup qui te fout les boules, hahaha)

            Lucky !! Lucky ! Aaaarh ! C'est Sysiphe qui les as tes trucs en acier ! Il a dit que tu viendrais sûrement à lui avec ça, laisse Lucky tranquille !

            J'm'écarte quand elle se jette sur le Lucky pas si lucky que ça finalement. Les sbires de Joe me regarde vec une tête, "T'as pas oublié que'que chose ?". J'leur donne c'qu'ils veulent, j'bois quelques coups puis j'connais déjà ma deuxième destination. Jamie, m'a aidé au chantier et j'le connais. Direction sa piaule qu'en est pas une... On va à la rencontre de son frère, le Perryssable.
              J'toque pas à la porte de Jamie, j'l'enfonce. Comme d'hab, ça pue la mort et y a du matos d'un peu n'importe quel type partout sur le plancher, ça va faire vide quand on ira acheter l'équipement du Kultuur. C'une sorte de cave où cohabitent la poussière et les rats. Mes poumons apprécient pas.

              Où qu't'es, Jamie !?

              J'gueule, l'a l'air d'y avoir personne. Jamie doit sans doute être partie. Les rats flairent les biscuits dans ma poche, des masses qui viennent à mes pieds. J'déteste ces bêtes, j'renverse ma topette : dommage pour eux, c'tait du rhum dedans, pas du cidre de phoque. Ceux qui résistent, j'les dégage du pied, pis j'rejoins la porte de la cave, qu'est fermée, alors qu'j'l'avais ouverte.

              Qu'est-ce que tu as fait... à ces pauvres animales !?

              On dit animaux, pauvre débile.

              Y en a même qui sont morts !

              Faut que t'arrêtes l'opium, sérieux mec... ça te réussit queud.

              J'vais pour le chercher, pis j'marche sur un truc qui m'fait rouler deux secondes puisque ça me tej par terre. Un truc à roulettes ? J'sens que'que chose, surement une chaussure, s'écraser sur ma tronchiole. J'm'enfonce contre le mur. Le problème avec la piaule de Jamie, c'est qu'y a pas de lumière. Mais j'sais bien qu'c'est pas lui. Donc, j'suppose que c'est le Perry. Que tant mieux, j'chuchote dans la caboche. Avant qu'celle ci s'prenne un coup violent d'machin non identifié.

              Tu te bats pas avec tes poings, lâche !

              Ferme là... Tu les as tué... Sale sac à schnick !

              J'sens la pièce se réchauffer, d'un coup. J'sais pas ce que j'évite, mais j'l'évite à temps. Le bordel a fait un trou dans le mur avec sa pogne. Rien comme lueur, que du noir. Le haki ! La couleur de l'armement !

              Casse toi, tu vas tout casser !

              C'est toi qui vas bouger de là !

              Il me prend par le coleton, histoire de suivre ses paroles pis m'fous un coup de patte hakisé, j'le sens, en plein dans le bide. J'transperce la porte de la cave jusqu'à atteindre le dehors en lêchant la poussière de l'estrade de l'Impasse. Pis là, j'le vois. Le gars a une sacré crête ! Rousse en plus de ça. Balèze, mastoc même, il fait flipper, il s'est planté des clous de partout. S'il s'approche trop, sûr qu'ils rentrent dans ma peau. Et c'est ce qu'il fait. Je me relève, mal, mal. Tout poussiéreux et cassé. Mais lui il attend pas, l'a sa planche à roulette à la main, elle est vachement résistante parce qu'elle rivalise avec les os de mon crâne pour m'envoyer valdinguer ailleurs. Il m'lâche pas une minute, courant, comme impatient d'en découdre, puis m'fous une des roulettes dans la margoulette. Deux dents en moins de quarante huit heures qui y passent. J'me redresse, les gambettes tremblent et lui il le voit bien, il envoie sa planche en plein dans une, j'sens mon os se fracturer légèrement.

              Tant pis. On va la jouer sans bouger plus. J'fais en sorte de foutre sa planche dans le décor pour qu'y vienne solo. J'avais oublié qu'il avait son pote le Haki pour accompagner ses poings. Sauf que, j'ai le même genre de pote : le Scotch. Noir contre rouge.

              Il s'élance tandis qu'moi j'l'attends, les pieds pas si ferme que ça, j'prends une garde de boxe à la Joe et quand j'sens son gauche partir, j'envoie mon droit. Les deux se rencontrent mais c'est qu'il a de l'abattis et que j'flanche un peu, bon moment qu'il trouve, j'dois l'avouer, pour balancer son autre poing en plein dans ma gueule. Pas eu le temps d'me protéger vec l'haki, il était trop rapide et la sienne de couleur, elle fait mal. C'te fois-ci, j'tombe réellement. Dernière image que j'ai aux châsses : lui et sa planche à roulettes, puis sa planche à roulettes qu'il utilise pour m'achever et puis boum, trou noir.

                Je n'pensais pas qu'il allait perdre. C'est bien le genre à se vanter de ce qu'il a dans le caleçon.

                Il avait tué des animals !

                Hn...

                Et c'est quoi l'plan maintenant Syz' !? Aïe !

                Tu devrais pas bouger autant Lucky...

                On reprend Dead End petit à petit. Prochaine cible, le Crack Joe puis ensuite on s'attaquera à Michaela Hope !

                Le problème avec mes poings... Je connais ce putain de problème ! Je sais bien pourquoi je les ai pas éclaté ces enfoirés de mochingues...

                Ohéé ! Il bouge !

                C'est parce que... d'une manière ou d'une autre, je me suis retrouvé...

                SOBRE !

                Par terre et dans la même salle qu'au début, j'me relève viteuf à la recherche d'ma topette. Elle est bien dans la redingue, par contre il reste qu'une goutte. Merde, les rats ! J'ai jeté le rhum sur ces putains de rats !

                Saloperie de bêtes !

                J'jette un oeil aux gens, un, deux, trois que j'connais. L'autre ça doit être le Sysiphe. Tant mieux s'il est là, ça facilitera la tâche. J'avale la goutte qui reste dans la topette. J'ai l'intérieur archi sec, j'le sens, ça m'les fout mal. Le Scotch est moins puissant quand j'suis pas bien humecté.

                C'est toi le mec qu'a mes os de moutons ! Ramène toi !

                Le type a apparemment pas le temps de discuter puisqu'il sort un flingue et tire cinq fois sans sourciller. J'serai grillé si j'avais pas ce putain de Haki. Mais c'est pas fini, c'un bon prétexte pour me recouvrir entièrement du Scotch. Ils sont quatre, ça me sera utile et c'est pas tout le temps que j'suis stupide, détrompez vous. Le Scotch envahit chaque partie de mon corps. Même en dedans. J'sens le coeur qu'est plus affecté par rien. Même pas par Lana, c'te fois, la vraie.

                Entrainée par Sysiphe, la p'tite sort elle aussi son rifle, s'en suit une décharge de coups de pétard sur moi même. J'étais bien embêté parce que pour une raison inconnue, ma crête bénéficiait pas de la protection du Scotch. En même temps, y a le Perry qui vient pour se daubler toujours avec sa planche. Bim, j'y fous un crochet gauche, lui sort son droit et quand il pense que je vais essayer de faire comme il m'a fait t'a l'heure, j'lève le pied droit et tente un highkick qui finit en fait en middlekick, pas assez de souplesse ici. N'empêche qu'son corps est dur comme du béton. Moi qui visais les côtes, il a probablement senti que dalle. J'me refous sur mes deux pieds quand j'pose l’intéressé par terre donc, j'sens mon os fracturé qui se manifeste. Merde, j'avais oublié. Pendant ce temps là, y avait toujours le Syz et l'Ace qui ... non, que l'Ace, le Syz est apparu d'vant moi soudainement pour m'foutre un coup dans la banquette d'ses quatre phalanges du droit. J'me suis soulevé un peu dans le bordel. Perry a pas hésité à m'refoutre dans la bonne direction en écrasant sa planche contre ma crête et ça a atténué que dalle.

                Bande de habins, vous vous battez à plusieurs !

                C'est le cas de le dire. Si moi j'le suis pas, Ace elle est vraiment souple et bim, qu'elle réussit son highkick et bim qu'elle en fout un autre. Syz lui s'occupe de me péter les jambes alors qu'le clouté vise mes côtes. Un, deux, j'aurais pu gérer mais là trois, impossible. J'commence à baver et voire flou. Un peu comme je picole. Sauf que ça fait moins mal à l'intérieur, leur coups.

                POM

                La porte s'ouvre... Même sans qu'la personne ait parlé, ni que j'l'ai bien châssé, j'sais qui c'est... Sûrement l'aura.

                Ben alors Kiril le charpentier ! On s'fait malmener !? Mes hommes m'ont tout dit. T'as de nouveaux copains ?

                Merde, c'est qui lui...

                Crack Joe... le mec à l'égo encore plus énorme que tout ce que Kiril a bu comme gnôle dans sa vie.

                Pas faux.

                Un conseil, surveille les mots qui sortent de ta bouche ! Tu parles à Crack Joe en personne, abruti.

                Hahaha, oh, et sinon quoi ?

                Sinon ce qui en sortira sera du sang ! que le Crack dit et sa pensée suit son geste, c'est à dire qu'il charge directement, vec un gnon que le type a vu v'nir et qu'il part sans grand mal. Joe tente la feinte, prévisible aussi, mais non, Joe tente la double feinte et le Syz finit par se la prendre, sa droite en pleine gueule. Joe surenchérit par un Daaash (technique de l'époque). Syz s'le prend vaillamment puis renvoie ses coups. Le Crack qu'aime bien les combats à l'air de s'amuser, mais j'sens bien qu'le gars l'a légèrement irrité tout à l'heure. Ce qui explique qu'il utilise son Liver blow tout de suite.

                Aah enfoiré !

                Normalement, c'coup t'envoie aux chiottes tellement t'as envie d'vomir. Faut avoir des abdos résistants pour le contrer. Et il se trouve que...

                Merde, t'as des poids sur toi !

                Le visage de Sysiphe s'éclaircit.

                Tu penses m'arrêter comme ça, hein ? Prie pour que ta jolie tronche soit pas trop amochée après ça!

                KRAAK

                Surprise, il le lance au milieu du ventre. Façon de dire que rien ne l'arrête et que ses poings sont plus puissants que l'acier. N'empêche que ce dernier coup fait son petit effet. Sysiphe perd un peu son appui droit, Joe en profite tout de suite pour placer un autre Kraak, cette fois dans en plein dans "sa jolie tronche" comme il l'a dit. Son adversaire crache du sang.

                J'te l'avais dit que tu cracherais du sang !

                Comme d'hab, plus il frappe, plus son regard s'illumine, dans ces moments là il fait carrément flipper. Et c'est aussi des signaux qui m'avertissent de ce qui va arriver. Gauche, droite, droite, droite, gauche ! Direct, direct, direct, crochet, uppercut !

                C'est le Shotgun ! Sysiphe qui répondait jusque là ne le fait plus au bout du quinzième coup. Joe se fatigue et finit par s'arrêter quand le Perry va pour lui foutre un coup de skate et défendre son pote.

                Upperkraak !

                en plein dans la planche à roulettes qu'est pas loin de se briser.

                Bwéhéhéhé, alors comme ça t'as tellement peur pour ton ami qu't'es obligé d'intervenir !? Héhéhé, t'sais quoi, t'as raison !

                Que le Joe articule en envoyant un poche-oeil assez violent à son opposant. J'souris, dans la poche de l'aminche y a un flasque qui m'intéresse.

                T'as un truc pour moi, Crack, hé...

                Ah ça... Bwéhéhé, c'est pour l'alcool de l'autre soir.

                Et il lance. C'est leur fin.
                  J'descends la bouteille de gnôle de chez l'Hibou de Nuit d'une traite, ça m'arrache l'avaloir mais ça m'les fout bien. C'est loin de l'état dans lequel me rend mon Nectar Psychédélique mais ça humecte comme ça peut. Joe occupé vec ses aminches de dauble, j'prends le temps d'me craquer d'partout. D'ailleurs, des fois, j'fais pas exprès. Autant dire qu'ils me l'ont foutu mal, ces arcasiens de lâche. Ace m'a pas oublié, d'ailleurs mais moi non plus. Suffit qu'un homme se déconnecte de son esprit pour qu'il ait la force de cent.

                  J'lui décoche un upperpunk, copié sur joe, bien senti, un peu de traviolle. Elle s'prend le mur à l'aise, j'me Lochdhuise, au cas où qu'le Double L à moitié tente de m'foutre son feu dans le dos. J'me rapproche d'la jeunette, les yeux qui demandent si elle veut vraiment finir c'combat. Elle me répond pas sa semelle dans la gueule, veut dire oui. Ok minette, mais ce sera violent. J'rétorque du poing, inévitable, elle est bloquée contre le mur. J'parle, j'parle, j'parle. Les phalanges hurlent et le débat va bientôt s'finir sur une victoire écrasante de mes pognes. En attendant, j'argumente avec mes guilquins. Elle, elle répond pas. L'argumentaire l'a surement rendu muette.

                  Double L apparait derrière moi, me tenant le coude droit pour que j'arrête, j'lui fous dans la gueule, ce coude, pis j'le jette de l'autre côté de la pièce avec le pied. Débat clos.

                  J'vois Joe qu'est toujours au summum de son art, la boxe...euh, non, la parlotte.

                  Tiens, prends ça et ça et ça ! T'auras bientôt plus de dents pour m'insulter, enfoiré !

                  Joseph, c'est une vraie pie dans la vie de tous les jours mais il l'est aussi quand il se bat, qu'il perde ou gagne, il parle toujours. ça le perdra. Pas tout de suite, mais un jour prochain. Puisqu'il a laissé Sysiphe inconscient, j'vais lui rendre une p'tite visite. Je toque, on est pas des sauvages non plus. BEIGNE ! BEIGNE ! BEIGNE ! BEIGNE ! Joe avait raison, maintenant la seule chose qui sortait de sa bouche, c'était du sang. Sauf que, il a eu tout de même la force de me prendre par le col vec sa main droite pis me foutre une mandale de la gauche. J'dis bonjour. Vec mon front, son crâne tape le sol. Merde, faudrait pas qui crève.

                  Où qu'sont mes os de mout' ?

                  ...Mach... qui les a pris. Il a dit... que sinon... tu oublierais de venir.

                  L'enfoiré ! J'vais aller lui botter le cul ! J'me lève de sur l'autre presque mort-oupas. J'entends des cling, cling, cling, une vingtaine. Puis j'mate le sol. Les poids. Et l'Sysiphe a dispa-

                  BIM

                  Un coup de pied supersonique dans la machoire !

                  BIM

                  Un autre de l'autre côté !

                  J'crache le liquide rouge sur le sol dégueulassement. Tu m'auras pas, j'suis pivé, rien ne peut m'arrêter à part 10h de sommeil.

                  SCHBOUM

                  Rapide, ok, mais y a aussi que ses coups sont puissants. Tellement qu'j'les sens à travers le Loch Dhu. Mais pas assez pour m'faire perdre appui. Puis j'saisis. Merde, ma jambe !

                  SCHKRAAK

                  Trop tard...

                  L'os a cassé. J'hurle et pose le genou par terre. Mais lui s'en tape, il m'fout le plat d'son pied tout droit dans la margoulette. J'm'effondre...

                  Et merde, y a Joe qu'est à côté, j'peux pas perdre contre un type qu'il a foutu K.O en vingt minutes ! J'sais : j'concentre tout le Haki sur ma jambe, elle devient dure et noire. Suffit pas de le lâcher et ça ira. Pour le moment du moins. Avant qu'je me relève, j'vois qu'le Sysiphe arrive par le haut, tatatatatata avec ses deux jambes. Gauche droite gauche droite gauche sans jamais s'arrêter et en plein dans mon abdomen. J'essaie de pécho une de ses jambes mais l'est trop rapide et àchaque fois que je l'effleure j'me prends un coup dans la banquette.

                  Pour le coup, j'sais pas comment m'en sortir. J'sens mon coeur s'faire violer, littéralement, par les coups. Va bientôt craché. Ou s'arrêter, qui sait. J'halète, plus d'air.

                  Liver Blow

                  On dirait bien que tu m'en dois une, le Punk ! Pour ce qui est de ce type qu'a la même coupe que toi... bwéhéhé, disons qu'il va dormir un long moment !

                  Sysiphe se redresse, le Liver blow l'avait plié en deux.

                  Dis, quand j'suis arrivé, ils étaient pas à trois sur toi, eux ? Héhéhé.

                  Marrant comme je comprends Joe sans qu'il ait à dire explicitement les choses. J'me relève, un mal de chien au torax. Ce sera mon dernier combat pour une semaine, sûr. J'mets même pas ma garde, Joe non plus. On le dauble à deux, le Crack vise l'estomac comme un dingue, sûr qu'il ira cracher ses tripes après, moi, j'envoie dans la bobine tout un attirail de truc qu'il se bouffe : marron, pain, châtaigne, patate, prune et mure. On l'jambonne de coup, histoire qu'il ait le ventre plein. Le pauvre gars répond même plus, et vient la fin comme j'l'avais annoncé plus tôt.

                  Faut pas t'en faire, t'iras p'têt pas en Enfer...
                  THUNDER PUNCH

                  La foudre ! J'l'ai senti jusque dans mes mains. Et le gars est complètement grillé !

                  Bordel c'était quoi ça !?

                  Héhéhé, pas mal n'est-ce pas ? Mon nouveau joujou ! Un dial tout neuf.

                  T'aurais pu l'utiliser avant, ç'aurait 'té plié depuis long.

                  J'aurais pu, vrai, mais c'était plus marrant de te voir te faire latter la gueule.

                  Sale guenuche. Mais sans rancune.
                    L'heure d'après, après m'être fait soigné par les hommes à tout faire de Joe, j'me rends au bar d'Eddy. Un pour remplir ma topette, deux pour les os de mouton, trois pour discuter vec le phoqué. J'marche en boitant à cause de ces hommes, l'a intérêt à bien les défendre. J'entre.

                    Qui vois-je ? Toute la bande. Même le sysiphe. Pauvre lui, il porte tellement de bandages qu'on voit plus sa gueule. J'me pose à leur table. Pour une fois qu'j'suis pas au comptoir. Puis j'crie à Eddy d'me ramener un truc archi fort. Mach pose mes trois os de mouton sur la table sans pour autant enlever sa main.

                    Je m'excuse pas pour tout ça, je t'ai dit qu'on avait à parler affaires. Mais tu as voulu te battre.

                    Ah ? J'me souviens plus. Lâche mes os.

                    Ecoute moi ! J'ai réfléchi à un truc. La rumeur dit que vous allez bientôt partir, les Saigneurs et toi. C'est pas Montgomery qui va protéger Dead End, si ? On est né à Dead End, on connait le coin et les gens qui y viennent. La bande et moi, on rejoint l'équipage mais on reste ici. C'est à dire qu'on agirait en tant que gardiens, pas en tant que gentils larbins de Jack. Le deal, c'est qu'on paierait pas la taxe, simplement.

                    Pas 'vec moi qui faut voir, mais ça m'plait bien. Tes gars sont forts. Surtout les deux enfoirés, là, le clouteux et l'mec rapide. Chez nous c'est on s'dauble puis après on d'vient pote de boisson. Mais ça s'arrête là. Et puis je boirais pas ta merde de vin. Fin bref, Jack aura pas de blem vec ça, s'tu veux protéger son île, parce que c'est la sienne maintenant, fais le. Tu n'en seras que récompenser. Et là en l'occurrence la récompense c'est de pas entièrement te soumettre. Hahaha!

                    Hn... Tiens, tes os.

                    J'prends vite.

                    J'me suis daublé vec tous les gars d'ton groupe. Manque plus que toi. J't'oublie pas, l'aminche. Et toi non plus, le clouteux. J'étais faible quand tu m'as foutu K.O, ç'arrivera plus, gueule de bois, chemin de fer, si j'mens j'vais en Enfer

                    Puis j'me suis tiré vers le comptoir, remplir ma topette qu'j'ai descendu en cinq dix minutes en m'dirigeant vers le Kultuur. C'est là qu'y a ma réserve de gnôle. Les mecs s'foutaient d'ma gueule sur le chemin, j'boitais. Mais bon, c'tait marrant quand même.