Hier, j’étais en Enfer, il me semble. Comme d’habitude. Dans un état où même les condamnés à mort se baucheraient de moi, charogne, misérable déchet. C’est la vie qui me pique les yeux, avec ses oignons et son sky trop jeune. J’ai mal à la tête.
Hier, je dégueulais la souffrance des jours par terre, sur l’estrade des enfants désunis, il me semble. Comme très souvent. Toujours dans le même état où mes paupières me grondent de trop travailler, se montrant sans jamais pouvoir avoir la paix.
Hier, j’étais dans un rade qui ressemblait, oh, non. J’étais dans des rades qui ressemblaient à mon esprit, des caisses de vins, des tonneaux de rhums et des ordures de partout. Je regardais le vide en sifflotant une chanson douce que me chantait ma maman, rythmé par les bruits des décapsulements des bières. La mienne avait une odeur de pomme, c’était doux, la mienne avait une odeur de sang, c’était doux, une odeur de mon sang, c’était doux, une odeur de gerbe… Et puis, je suis sorti, ça, oui. Et puis, je me suis pris un coup sur la tête. Ah, oui. Normalement l’alcool m’endurcit mais là, bon. Morphée ne venait pas, le type qui m’a fait ça me l’a ramené de force.
Un bandeau sur les yeux, je ne vois rien. J’ai l’habitude. Mais je sens, ça pue la pisse et le parfum chaud des lupanars. Le vent ne souffle pas, ça sent les pierres posées il y a des siècles. Et au milieu de ça, mes poignets et mes chevilles sont liés. Nouveau christ. Par des cordes, pas des clous. Bon, pas de christ. Pas de christ, mais merdier. Ça m’arrive souvent, ça. Enfin, plus depuis que je suis Saigneur. Mais ça m’arrivait. Et à la fin, il y avait toujours des morts. Et moi je suis encore vivant. Alors, oui, tu as compris.
Chut, un bruit. Des pas. Deux paires de pas. Un va lentement, l’autre ne suit pas son rythme, mais c’est tout de même plus léger. Pas de doute, baskets et bottes. Un mec, pas vraiment costaud, mais dans la norme. Et puis une fille. Mais là, pour évaluer, j’aurais besoin de mes yeux.
Mais je ne les ai pas, et puis la seule chose que renifle mon nez, c'est que je suis dans la merde. Mon petit doigt et lui s'accordent à le dire tandis que les pas des étrangers s'arrêtent. J'entends un rire. Une fille, comme prévu. J'entends un cliquetis, un "YO" tourné de façon à ce qu'on comprenne "merde" et puis encore un rire.
J'arrive pas à y croire Lucky ! On a réussi à l'avoir ! En un coup en plus !
Yo Ace, qu'est-ce que dit déjà le Code 176 du Requiem du Ghetto ?
Ah... Ne jamais t'appeler par ton prénom.
Alors pourquoi est-ce que tu le fais ?
J'oublie toujours... Double L.
Bon ce type est censé être un des gars dont Mach parlait. D'après Sisyphe, l'est censé avoir une crête.
C'est bon !
Avoir les traces d'un récent état d'ébriété...
Euh...ah berk ! C'est bon !
Avoir des phalanges niquées...
Ouep !
Et puis une sorte de récipient dans ses poches où il fout n'importe quel type de boisson.
Ouais, ça dépasse. Qu'est-ce qu'on en fait alors ?
Réveille-le...yo...
Grande surprise. Pour me "réveiller", son pied écrase une partie de mes côtes qui me propulse littéralement à terre, entraînant la chaise avec moi. Mais ce n'est pas fini. Bien en face de moi, de ma tête, je suppose, elle doit s'être dit que l'occasion est trop belle pour ne pas me shooter dans la gueule. C'est ce qu'elle a fait.
Bon, t'es réveillé, enfoiré !?
Si je l'étais pas, ça voudrait dire que je suis mort.
Deuxième coup, cette fois-ci en plein dans l'estomac. C'était toujours les pieds de la fille.
Ferme-là ! Réponds pas à Lucky comme ça !
CODE 176 ?
Euh Double L !
Mec, écoute moi bien. Tu sortiras pas d'ici avant qu'tu nous dises ce que ta p'tite bande de copains et toi foutez sur notre île ?
Ah... Si peu ? Et bien, pour ma part, j'y vis depuis un bout. En ce qui concerne les Saigneurs, ils sont venus foutre le bordel et un peu même le chaos pour s'approprier l'île etc. Tu me relâches maintenant ?
Troisième coup, encore une fois dans la tronchiole. Le prochain je risque de craquer... Mais j'ai besoin de savoir qui sont les gens qui se risquent à kidnapper un Saigneur sur une île où les habitants se courbent devant Jack, prêt à lui lécher le lustre ?
Les choses ont changé ici, depuis l'arrivée des Saigneurs, plus d'Underground, plus de Python, ni d'association de lesbiennes. Des impots à lui payer, une arène où on règle ses comptes. Comment avez-vous contourner Oz ?
C'est qui Oz ?
Le géant qui garde l'île... Dans tous les cas, je ne vois pas pourquoi c'est à moi que vous vous en prenez les aminches... J'ai juste envie de quitter Dead End. Je me casse avec eux voir si je survis dans le monde extérieur.
On s'en tape, mec ! On veut retrouver notre île. J'suppose que les clans aient été décimés est une bonne chose... mais en aucun cas D-E city doit être sous le contrôle d'un autre mec que Mach
Mach ?
C'est moi.
Dernière édition par Kiril Jeliev le Sam 22 Nov 2014 - 21:01, édité 1 fois