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Le Roi sur son Tas de Gravats


La barque est ballotée par la mer et avance doucement. Progressivement, l'île à l'horizon grossie et se fait plus en détail. La jungle calcinée fume encore après l'incendie qui la ravagé. Le village de pierre s'est transformé en village de bois. Les quelques bâtisses encore debout souffrent de l'être et se font rare. Le calme y règne cependant. Un calme bien étrange pour une île de pirates qui festoie d'ordinaire. L'heure n'est pas à la célébration.

Pas encore, tout du moins.

Sur Jaya, on guette l'horizon.

Flist fait installer un échaffaud qui n'attend qu'à être finalement utilisé. Sur la poutre, cinq cordes pendent dans le vide et se balancent au gré du vent qui souffle. Un jeune mousse vient l'interrompre dans sa contemplation pour lui annoncer une nouvelle : Une barque se pointe à l'horizon. Et au vu de sa vitesse, elle sera sur place à onze heures.

Onze heures.

Flist esquisse un sourire mitigé alors que sa moustache s'étire avec ce rictus. Il tapote l'épaule du gamin et lui ordonne d'aller se mettre à sa place. “De se préparer” ajoute-t-il en s'avançant vers le port décimé pour constater par lui-même. Il sort un escargophone de sa poche intérieure qui vibre dans sa main. Une première question “Alors ?”.

Une barque approche. Une barque, pas un galion comme je le désirais.
Et donc ?
Ils ne respectent pas le marché.
Mh...
Ça tombe bien, nous non plus !
Rit-il. Passez leur les boulets, et balancez-les à la mer !

Et Flist raccroche.

Il reporte son attention entière sur la barque qui touche enfin terre. A l'intérieur, deux personnes. Un homme dont il désire la tête. Une femme qui avait promis d'escorter le premier. Et Flist les contemple tous les deux avant de lancer :

Ni en avance, ni en retard, raille-t-il avec un mépris assumé.

Il paraît qu'on ne joue pas avec le Diable.
Surtout quand on a signé un contrat avec lui.

    Mais il parait aussi que je suis bien pire que le Diable.
    Surtout quand je suis en colère.

    Et comme de fait, le pirate goguenard et moustachu qui se tient au sommet de l'échafaud, parmi tous ces débris, s'est assuré de réunir toutes les variables imaginables pour me pousser à le réduire en bouillie. Nous sommes là, elle et moi. Lilou et moi. À nouveau en duo face à l'adversité. Le voyage en barque s'est fait en silence, chacun plongé dans ses pensées, chacun prêt à affronter l'un des plus terribles pirates de Grand Line. Le Crochet. L'homme de main du plus puissant pirate au monde. Peut-être vais-je mourir? Peut-être vais-je l'emmener avec moi. L'issue d'un tel combat me semble imprévisible, perdu dans un brouillard qui ne pourra être dispersé que par le sang de l'un ou de l'autre. Seule une chose prévaut sur tout le reste, dans toute cette suite d'échecs qui nous amène à ce moment ultime, où finalement l'on se dresse face à Flist.

    Je donnerai ma vie pour qu'aucun membre des Storms ne meure. Pas un seul de mes protégés ne périra aux mains des pirates du Crochet.

    En fait, on est simplement venu chercher mon manteau d'commodore, c'toi qui doit l'avoir maintenant, non?

    Au fond de moi, deux billes de feu s'embrasent. Deux iris glauques qui percent les ténèbres et guettent les alentours, prêts à tuer. Le Monstre grogne, s'étire puis s'approche. Le fauve en éveil.

    "Un moment que j'aurai pas fait un peu de sport, héhéhé…"
    Tâche d'en profiter, c'est p't'être la dernière fois Dark.
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    Oh...

    Flist reste campé sur ses jambes, avant de se gratter la moustache pour cacher une moue mi-surprise mi-dubitative. Il ne sait pas trop quoi dire. Lui qui s'attendait à une effusion de sentiments pour le convaincre de ne pas tuer leurs amis, de terminer cette guerre sur un semblant de paix, chose qu'il aurait bien entendu refusé fermement puisqu'il était bien plus habile pour la guerre que pour la paix. Et puis, parce qu'il lui préférait le chaos à cette sérénité provisoire et fausse.

    Il esquissa un sourire avant d'ordonner à un de ses compagnons de faire quelque chose pour lui. Le zig s'esquive quelques minutes pour revenir en courant, un long habit plié soigneusement qu'il restitue à Flist avant de se mettre en retrait. Et ce dernier déplie l'habit en question, pour le poser au bout de son crochet. Le poids du vêtement sur la pointe fait que la couture se déchire en un bruit univoque, avant que le second du Malvoulant ne demande d'une voix mielleuse :

    Ce manteau-là, vous parlez ?

    Sa main valide s'écarte et se tend vers un de ses sbires qui lui offre une torche. Et Flist ramène la torche sous le manteau du Contre-Amiral Fenyang. Le tissu prend feu, et les flammes remontent progressivement le long des manches, pour noircir et lécher entièrement la longue veste décorée.

    Sourire narquois :

    Vous le voulez toujours ?

    Les pirates qui entourent Flist arment déjà leurs fusils et attrapent leurs épées, guettant une réaction, parés à répondre à la violence par la violence.

    Et du Manteau de Salem, il n'en restera que des cendres.
      On ne s'en sortira peut-être pas.
      Je sais.

      Ce fut la seule chose qui réussirent à s'échanger dans la barque qui les conduisait vers Jaya. Quelques mots, échos d'un doute qui commençait lentement mais sûrement à leurs ronger les entrailles à tous les deux. Un doute qui ressemblait étrangement à de la crainte. Mais du reste, ils furent bien incapable de parler encore, s'échangeant des regards surtout, parfois un sourire compatissant. Bee au milieu d'eux, qui ne bougeait pas d'un pouce, jusqu'à ce qu'à quelques mètres de la terre, Lilou ne passe les rames à son compère et en profite pour s'équiper. Arc, flèche, armes, renforts métalliques, boucliers. Finalement, le petit navire toucha terre, ou ce qui y ressemblait le plus, et tous deux se posèrent face à Flist et ses hommes venus les encerclés par sécurité.

      Du reste, il n'y eut qu'un silence lourd. En retrait, la rouquine observa les hommes en présence, soutenant son compère d'armes prendre les devants et demander ce qu'ils étaient venus chercher. Pas les prisonniers, puisque les derniers retours de Mavim étaient pour le moins encourageant, et qu'ils étaient, selon ses dires sur le point de prendre les devants. Non. Pas les prisonniers, donc. Mais la veste de Salem. Levant le nez, Lilou jeta un coup d'oeil en arrière plan pour voir les cinq cordes se balancer dans les airs. Et constater avec un petit sourire satisfait que traiter avec le diable n'avait jamais été une bonne idée.
      Prenant une grande inspiration, elle reporta son attention sur les deux colosses qui s'estimaient du regard. Quand le long manteau blanc de Salem entra en scène, la rouquine sentit son cœur s'arrêter, comme suspendue dans l'attente de la restitution.

      Mais une restitution, il n'y en eut jamais. En voyant le feu s'en prendre à ce vêtement auquel tous les Rhinos avaient attaché de l'importance, Lilou resta tout d'abord stupéfaite, avant qu'une rage folle ne vienne lui grignoter les entrailles... Et sans pouvoir se dominer, elle observa impuissante Flist rire de son dernier méfait, en laissant le Haki des Rois prendre le pas sur son contrôle d'elle-même. Broyer. Broyer était le mot d'ordre dans son esprit, alors que les sbires de Flist les entourant tombaient comme des mouches, et qu'Oswald lui-même ressentait partiellement les effets de cette haine profonde qui la contaminait.

      Espèce de...

      Elle retint un flot d'injures en tout genre. Comme on retient la bile aux bords des  lèvres pour ne pas la cracher aux visages de quelqu'un. Elle la ravala, même, en avançant d'un pas vers Flist. Préparant son arc, attrapant une flèche dans son dos, le Haki continua à se déverser alors que Flist ordonnait d'un mouvement de la main de se tenir près. Il n'y eut rien d'autres, pas un ordre, pas un mot, juste un silence pesant rythmé par un petit « bip » sonore teinté sur la pointe de la flèche armée.

      Tu pouvais toujours espérer t'en tirer. T'enfuir, ou au moins rester en vie.

      Le Crochet afficha un grand sourire satisfait, et un contentement qu'il ne trouva pas sur le visage de ses nouveaux adversaires. Lilou le fixa, banda son arc et lâcha :

      Mais après ça... J'vais te crever, Flist.

      Avant de lancer les hostilités.

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      La flèche file dans un sifflement apocalyptique, perçant l'air directement vers la tête de Flist. Trop rapide pour être suivie des yeux, trait de mort livrant flammes et destruction vers le pirate. Il pourrait l'esquiver, il pourrait la dévier, tant de possibilité qui s'offre à Flist pour gérer ce premier assaut. Malgré tout, il préfère lever son crochet et frapper de toute ses forces la flèche dont l'explosion se répand partout autour du pirate. La fumée et le feu poursuivent leur course derrière lui, sans toutefois l'approcher, comme si un écran l'empêchait d'être engloutit par le nuage.
      Indemne, le crochet rougi par la chaleur de l'impact.

      Indemne, mais pas pour longtemps.

      Lilou. Couvre-moi!

      Je décolle, directement vers l'échafaud qui tangue, ébranlé par la déflagration. Sous mes pieds, le sol s'effrite et se renfonce lorsque je me propulse comme une fusée vers le pirate. Mon bras s'arme, se met à crépiter alors qu'il s'enveloppe d'une nappe de haki. En moins d'un instant, je suis sur Flist, disparaissant momentanément en pleine course avant de surgir directement face à lui. Dans mes yeux, le même feu qui a consumé le manteau de Salem brûle comme mille brasiers. Le feu de la vengeance. Je brûlerai ton île comme tu as brûlé mes hommes dans la jungle, Flist. Je brûlerai ton île et réduirai ton nom en cendres. Au nom de ma famille. Au nom de ceux pour qui je donne ma vie. Pour les Storms. Au fond de moi, c'est Dark qui feule alors que des étincelles, puis des flammes se forment autour de mon poing. Le Crochet frappe, je décoche.

      Midnight Blast!

      Comme une comète embrasée, mes jointures s'écrasent contre l'acier de son crochet, libérant une onde de choc terrible qui jette à terre l'échafaud dans un tonnerre retentissant! Des langues de feu s'échappent de l'impact qui nous paralyse, Flist et moi, l'espace de quelques secondes. Le temps que nos volontés s'affrontent dans un duel de titan. Le temps que crépite entre nous la puissance de nos êtres, qu'enfin l'un prenne l'avantage sur l'autre. Et l'avantage lui revient. Son poing s'échappe de sa manche et vient me cueillir directement sur la pommette, m'envoyer voler directement dans les débris jonchant les alentours. Je percute le sol et ricoche de nombreuses fois, encaissant échardes, soudes douleurs et craquements en libérant de larges nuages de poussière. Étourdi, le corps endolori, ma course s'arrête quand le projectile que je suis devenu creuse un sillon de plusieurs mètres dans le sol. Piste d'atterrissage fumante d'où je m'extirpe, mon costume bicolore complètement recouvert de sciure et de saleté.

      Un filet de sang s'échappe de mon arcade sourcilière. Ça commence mal.

      Quoi de mieux pour s'échauffer, pas vrai?
      "Tu l'as dit. Maintenant, on sait à quoi s'tenir."
      Je suis déçu Double Face, je croyais avoir à faire à du solide.

      Le sourire goguenard de Flist ne dure pas puisque Lilou enchaîne déjà, me laissant faire le point un instant. Une chose est claire à mon esprit; je le déteste profondément. Je le tuerais maintenant, le décapiterais, si la chose pouvait s'avérer plus simple. Toutefois, la chaleur me monte au visage, les ténèbres s'épaississent dans mon esprit alors que le fauve en moi affûte ses griffes. Dark est de nouveau prêt pour la guerre, mais je n'ai plus peur. À vrai dire, à cette haine trop humaine qui m'étreint à l'égard de Flist se mixte une nouvelle sensation à laquelle je me plait. Une impression que je n'osais plus me permettre depuis longtemps déjà.
      Du plaisir. J'ai du plaisir. Du plaisir à donner des coups, mais aussi à en recevoir.

      "Le voilà, le véritable Double Face."

      La véritable symbiose entre le Monstre et l'Humain. L'homme bienveillant, la bête cruelle. Un sourire carnassier fend mon visage alors que le long de mes bras et jambes, une onde de froid se répand, coulant comme un liquide glacial dans mes veines et mes muscles. Je suis lame, je suis Double Face, l'homme au fruit tailladant. Mon bras noir reluit sous les éclats du soleil alors que je le dresse bien droit vers le ciel. Il s'acère, s'aiguise, puis entame sa course délétère. L'air siffle, se tord, puis prend la forme d'un énorme croissant de ténèbres qui fissure le sol et fend l'air alors qu'il dévore la distance le séparant du pirate.

      Dark Slash!
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      L'explosion de la flèche ne fut qu'un signal pour ceux naviguant sur l'horizon.

      Car sur le Léviathan, les choses se mirent rapidement en branle dès que les premiers sons de l'explosion se firent entendre. Comme le tonnerre perçant dans un ciel sans nuage. Le navire s'agita et fourmilla de marins qui se mettaient en position. Ketsuno Fenyang aux commandes, sa voix perça dans ce brouhaha sans nom comme du cristal que l'on frotte sur du verre. Silhouette fine mais autoritaire, elle se plaça à peine en retrait. Et son bras donna l'ordre, laissant les canons de précisions vomir leur plomb sur la côté déjà travaillée de Jaya.

      Nouveau coup de tonnerre dans un ciel dégagé.
      Sifflement sourd.

      Les boulets s'écrasèrent violemment sur la terre, dans la mer, remuant l'écume pour la transformer en boue. Les coups se mirent à pleuvoir en même temps que les corps tombèrent. Lilou cueillit un pirate quelconque d'un crochet bien senti, quand son compère s'échinait à se cogner contre l'Alpha du lieu. La violence à même les poings, comme une armure que l'on enfilait pour partir en guerre. Prenant progressivement ses marques, la rouquine retourna son attention vers le crochet. Il arborait toujours un sourire gigantesque, si grand qu'elle eut l'impression qu'il pourrait la dévorer avec.
      Et l'envie de lui faire perdre rongea soudainement les entrailles de la guerrière, lorsqu'elle décocha une deuxième flèche dans sa direction, juste avant de repousser un assaillant d'un coup de pied bien senti. Seconde explosion. Ses ennemis se firent faucher par un boulet, qu'elle esquiva de justesse en reculant d'un pas. Les gueules de l'enfer crachaient à ne plus en pouvoir dans leur direction, et le terrain se retrouva rapidement miné. De Jaya, après leur passage, il n'allait pas en rester grand chose.

      Et d'eux, Lilou n'en était pas encore sûre.

      Mais cette diversion lui donna l'occasion de revenir à l'ennemi. Ses yeux d'ambres posés sur le Crochet, aux prises avec son coéquipier. L'homme semblait danser en évitant les coups d'Oswald. Glisser, comme une feuille flottant dans l'air que l'on n'arrivait à rattraper. Fluide, comme un souffle que la poigne ne peut atteindre. La colère du Commodore irradiait pourtant, comme un noyau instable dans un corps pas décidé à le contenir.

      Lilou comprit qu'Oswald y allait déjà avec les gros moyens. Le Haki qui frétillait autour de lui, comme pour le protéger et accompagner sa haine profonde. Les coups de poings qu'il encaissait sembler ne rien lui faire. La douleur n'était que secondaire, qu'accessoire. A prendre en compte quand ils en auraient le temps.

      Pas maintenant.

      La rouquine poussa un long soupir, quand l’échafaud se mit à craquer violemment à cause des flammes qui le rongeaient. Du manteau de Salem, il ne restait qu'un habit noirci. Qu'avec ce symbole déchu, l'enjeu, la victoire, était tout autre. Ce n'était pas seulement gagner une guerre. C'était mettre sa vie sur le tapis. Lilou comprit.
      Comme Oswald.

      Donne moi du temps ! Hurla-t-elle a l'intention de son ami.

      Décrochant son bouclier, elle l'envoya souplement dans la direction de Flist. Il ricocha contre deux hommes encore debout, près à s'en prendre à Oswald, et tomba dans les mains de ce dernier. Du renfort, qu'elle souffla en un regard avant de se dérober à l'intention des autres.

      Et une énième salve de boulets vint s'écraser sur Jaya.
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      Un jeu.

      C'est ce que ça semble être pour Flist qui esquive avec souplesse avant de porter un coup. Comme une habitude qui se prend avec le temps, sans en avoir besoin pour autant. Quoiqu'il en soit, le Crochet s'affiche comme un homme avec de la ressource, qui semble ne pas se fatiguer plus que ça. Ses phalanges craquent contre la volonté d'Oswald, qu'il réussit néanmoins à repousser de quelques mètres sans broncher.

      Un petit rire lui échappe.

      Un jeu.

      Qu'il entend pimenter. Comme le font ses ennemis. Si ses hommes sont presque décimés, ou proche de l'être, lui s'en fiche complètement. Repoussant à nouveau son adversaire, il perd de vu la rouquine qui l'accompagne sans s'en préoccuper. Il faut savoir prendre son temps et ne pas mélanger les torchons et les serviettes, pense-t-il. Et l'idée de s'attarder sur le Commodore, pour finalement accrocher sa tête à son mur finalement, semble l'enchanter.

      Demi-tour, il décroche une planche en flamme, et l'éclate furieusement sur le crâne d'Oswald. Et sans s'arrêter, c'est sinueusement qu'il attrape les poignet de l'homme pour le balancer comme s'il projetait un bonhomme en chiffon à la place de l'échafaud désormais calciné mais encore brûlant.

      Quand est-ce qu'on en vient aux choses sérieuses, mon brave ?

        Je m'extirpe de sous les lattes de bois calcinées, le visage couvert de suie et de sang, le sourire aux lèvres. Je tremble de partout,  le corps parsemé d'échardes et d'ecchymoses, les poings ensanglantés. Ma main gauche laisse tomber par terre le bouclier cabossé et irccéupérable de Lilou. Rien ne va plus. Pourtant, la souffrance qui m'étreint est le dernier de mes soucis, l'adrénaline qui pulse à travers mon sang me fait ignorer ma situation. Les élancements qui m'éprennent à chaque mouvement sont comme lointain, diffus, seul compte les battements de mon cœur qui tambourinent dans ma poitrine, seuls comptent les grognements incessants de Dark qui me garde sur le pied de guerre. Mes côtes sont probablement brisées, les os de mes bras rudement malmenés, mais la machine ne peut être arrêtée. Je vais lui faire mordre la poussière. Le broyer, le saigner. C'est tout ce qu'il mérite, et c'est tout ce qui pourra étancher ma soif de violence. Peu importe le nombre de dorikis qui peuvent me séparer de son incroyable puissance.

        J'attendais juste que t'en parle pour mieux t'ridiculiser, mon brave. que je lance au pirate en crachant une glaire de sang.

        "Laisse toi exploser." Et c'est bien ce que je compte faire.

        Blade Mode 1

        Une onde glaciale envahit mon corps qui relui soudainement, devenu plus tranchant qu'un scalpel. Faisant exploser le lieu de mon décollage, je me propulse à nouveau vers le pirate, une volonté renouvelée de l'abattre m'envahissant. Dans mon envol, je tourbillonne, les bras en croix. L'air siffle, puis prend la forme de deux sombres lames d'air prenant naissance à même mes avant-bras acérés. Je suis une véritable hélice découpant tout sur son passage en tourbillonnant dans l'air.

        MIDNIGHT …

        Dark tire ses griffes, déchire les parois de mon esprit pour se creuser un passage vers la réalité. Il s'extirpe peu à peu de sa cage pour prendre possession de mon corps en entier. Laisser exploser sa rage, laisser gagner le monstre. Ma vision se brouille, mes yeux s'injectent de sang. Il gagne du terrain, Dark, et cette impression de redevenir fou me grise à un point impensable.

        EN VOILÀ DU SÉRIEUX FLIST !

        DANCE !

        Mon acier s'écrase contre son crochet, laissant s'échapper des torrents d'étincelles. L'air est pulvérisé, mes lames d'air se tordent et ravagent l'accoutrement du pirate en fissurant le sol partout autour de notre point d'impact. Derrière moi, une énorme fissure se creuse à-même le sol dans un grondement assourdissant. Bousculé par mon élan, blessé par mes lames d'air s'échappant de toute part du point d'impact entre l'acier de mes bras et le fer de son crochet, Flist perd l'équilibre momentanément, affichant une mine surprise l'espace d'un instant.

        Un instant qui lui sera bien regrettable, foi de Double Face.

        Je disparais, m'éclipsant de la vue de tous le temps de surgir dans le dos de Flist. Mes lames armées comme celles d'une mante religieuse. Le second du Malvoulant tente déjà de faire volte-face que mes lames fondent sur lui, décochant à bout portant deux lames d'air ténébreuses qui lui entaillent sauvagement le dos. Propulsé par la force du vent, Flist roule boule dans les gravas et les flammes  alors que j'en profite pour trancher à tout va de nouveaux ennemis dont le flot semble intarissable. Les bras couverts du sang des autres, l'acier froid de mon fruit reluisant sous le liquide poisseux, je me jette sur Flist qui se relève, l'air courroucé.

        Les coups pleuvent, se multiplient. Il pare, dévie, déjoue et s'échine à contrer les assauts de mes lames de par ses crochets. Je virevolte sans cesse, haletant tout en projetant bras et jambes dans une dance mortelle pour découper le capitaine pirate. Son crochet se trouve toujours de justesse sur le chemin de mes lames, répondant par chuintement et tintement à mes coups plus nombreux que ceux d'une moissonneuse batteuse. Mon souffle se fait rauque alors que les ténèbres déferlent en conquérant sur mon esprit. Le monstre s'installe, peu à peu, fait ses marques et reprend goût à ce territoire qu'il a possédé si longtemps.

        Mon bras gauche reprend une forme de chair, se recouvrant de haki dans un grésillement menaçant. J'arme le coup entre deux attaques, puis lance ma main directement sur le crochet de Flist. Seuls mes doigts gardent leurs attributs métalliques lorsque ma paume se presse contre le crochet brûlant du pirate. Comme des serres de rapaces, mes doigts d'acier se referment sur leur proie. La réponse est violente. La jambe de bois de Flist s'imprime dans mon bas-ventre en me donnant l'impression d'être harponné comme une baleine. Une douleur sourde se répand, me faisant cracher du sang, avant que la force du coup ne me propulse cinquante mètres plus loin, creusant un cratère de plus entre ceux causés par les frappes du Léviathan. Le corps fumant, du sang au bord des lèvres, les yeux brûlant d'un plaisir sadique, je me relève en titubant, levant dans ma main le crochet broyé de Flist. Toujours là où il m'a frappé, cinquante mètres plus loin, le second du Malvoulant, son costume tâché de sang et déchiré par mes coups, fixe avec une colère sans nom l'endroit où se trouvait, une seconde plus tôt, le symbole de sa toute puissance.

        J'crois qu'ça va être à ton tour de t'la jouer sérieux, Flist… Héhé…
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        Un petit rire échappe à Flist.

        Quelque chose de fondamentalement nerveux. De sa main valide, il éponge dans sa manche son nez ruisselant de sang. Deux fois, en quelques jours à peine, que l'on s'en prend à son visage. Deux fois de top, à l'évidence. Et son sourire auparavant si naturel se crispe brutalement. Ses yeux la seconde d'avant malicieux fusillent plus qu'il ne regarde. Le trou vide de son crochet, démis de sa place, laisse tomber cependant une dague courte et une risette vraiment mauvaise.

        Et la danse morbide reprend avant même qu'Oswald n'ait eu le temps de s'en plaindre. Sauf que le meneur, cette fois, c'est le crochet sans son crochet. Le pas souple et léger, incomparable à celui du Commodore. Un saut sur le côté, la dague fend l'air et penètre le haki sans entailler la chair. De quoi avertir que les choses ne s'annoncent pas aisée, et que la volonté ne protègera pas de tout. Et le sourire de Flist s'étend, jusqu'à fendre ses deux joues complètement. Teinté d'une folie certaine qui rythme la lueur dans ses yeux dérangés.

        Nouveau pas de côté. Ecran de fumée, quand le crochet attaque pour entailler les côtes sans y parvenir. Et sans qu'il ne s'y attende, Oswald se retrouve avec quelque chose qui lui lie les chevilles. Un coup sec, et le voilà mis à terre par une moustache à l'évidence aussi diabolique que son propriétaire. Et le voilà traîné au sol par cette dernière, soulevé en l'air, le laissant se débattre la tête à l'envers en agitant les bras.

        Nouveau coup franc.
        Droit vers la taille d'Oswald. La dague se plante. Perce le Haki d'un seul coup, entaille la chair brutalement. Le sang coule et teint l'habit du Commodore. Avant que ce dernier ne soit brutalement balancé en arrière, au pied gigantesque d'un homme aussi grand.

        Je vais retrouver sa copine et m'amuser avec, dit-il en épongeant le sang de son arme sur sa manche déjà salie.


        Freyga, il est à toi.
          Volte face, elle prit la direction à l'écart du combat. Après avoir fait comprendre à Oswald qu'elle avait besoin de temps, la rouquine attrapa ses affaires et son canard pour se tirer le plus loin possible. Mais les bruits de l’affrontement lui parvenait toujours, et dans la hâte pour s'équiper, elle s'embrouilla elle-même dans son bric à brac de pièces à monter. Les fixations sur les jambes, mélangées avec celles des bras. Celles ne voulant pas se mettre sur la base de son armure déjà enfilée. Le souffle court et l'angoisse montante, la rousse prit l'initiative de se couper de tout.

          Merde...

          De se concentrer.
          D'oublier les hurlements d'Oswald et les tintements des armes les unes contre les autres. Oublier les éclats de voix et de bois. Oublier les coups de canons...

          Merde, merde et merde !

          Coupée du monde, donc.
          Focaliser sur ce qu'elle avait entre les mains. Sur les restes de son ami pour qu'elle termine de s'équiper. Oreilles sourdes au monde qui gravitait au tour d'elle, dans la pénombre des décombres d'une ruelle, ou ce qui y ressemblait le plus. Les choses prirent enfin leur rythme. Différents « clacs » retentirent, les uns après les autres, tandis que la rouquine sentit sur ses épaules un poids supplémentaire. Ses jambes furent plus lourdes, ses bras moins souples. Elle sentit pourtant ce rempart contre le monde la renforcer. Sa volonté battre comme son cœur...


          Jusqu'à presque terminer cette préparation, et entendre un bruit de pas écrasé des gravats. Pas léger, pourtant, presque imperceptible pour la personne qui ne prêtait pas attention. Aux aguets, comme une bête traquée, la rouquine n'eut guerre le temps de faire plus en voyant l'ombre du Crochet lui bondir dessus. Renversant la masse d'acier au sol, elle boula à terre et fut projetée contre un mur éclaté.

          Mais elle se redressa bien vite, arrêta le second coup de pied de Flist en enfermant ce dernier dans sa main. Et en se redressant, elle le balança en arrière. L'homme ne se fit pas prendre deux fois de la même manière. Une roulade et il se retrouva à nouveau sur son pied valide et sur sa jambe de bois ; Un sourire barrant son visage que la rousse ne lui rendit pas. A la place, elle lui dévoila plutôt la gueule noire d'une canon à air enfermé dans son bras gauche.
          Chargement. Bruit strident. Flist barra ses bras devant lui pour recevoir pleinement le coup. De plein fouet, il fut projeter en arrière, éclatant un mur encore debout, avant de ricocher plus loin et d'atterrir sur ses jambes, à nouveau. Poussiéreux mais entier, et surtout, toujours des plus souriants. La rouquine sortie de l'ombre, dévoilant cette carcasse renforcée aux yeux de son adversaire. Deux styles bien différents, deux mondes entrant en collision. Et une seule certitude :

          Je t'ai fait une promesse.

          Petit rire contenté.

          Oh, et tu vas la tenir ?

          Lilou esquissa un sourire.

          Spoiler:


          Dernière édition par Lilou B. Jacob le Lun 15 Déc 2014 - 13:17, édité 1 fois
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          Eh ben… Finalement, t'as bien vu c'que j'avais à donner au Crochet.
          Har har har… qu'est-ce que t'es nostalgique, quand tu veux, Jenkins.

          Je me relève péniblement, une main plaquée contre mes côtes d'où s'écoule trop de sang pour que la blessure ne soit que bénigne. Flist m'a bien eu avec son poignard, je sens l'adrénaline s'écouler par la plaie, avec mon fluide chaud qui ruisselle entre mes doigts. D'un coup la rage du combat s'estompe, les ténèbres se retirent graduellement, me vidant de mes forces et laissant place à la douleur engendrée par mon combat avec le Crochet. Je titube péniblement, couvert de poussière, de suie, de sang et de sueur. Me tenir debout, soudainement, devient une lutte de chaque instant. Mes yeux perdent de leur lueur déterminée alors que je lève bien haut la tête pour capter le regard du frère de Staline.

          "On a pas fini d'y goûter."
          J'dois te dire un truc Jenkins. Un truc que tu trouveras probablement dans la bouche de mes autres frères aussi. T'es un géant dans l'âme, Jenkins, une belle brute avec un cœur trop gros pour son propre corps. Et ça, c'est une foutue qualité en soit.
          Et maintenant, on s'tape?
          C'est ce que tu vas faire?
          Et toi, c'est-c'que tu vas faire?
          Je dois défendre mon capitaine et me battre pour un jour m'asseoir sur le trône d'Erbaff. On a tous nos idéaux.
          J'dois écraser Flist pour protéger ma famille, et réduire ce connard en bouillie… parce que j'le déteste à mort.
          Harharharhar!
          Héhé…
          Tu vois bien, tu as la trempe d'un guerrier d'Erbaff, mon gars.
          J'sais pas trop. J'ai juste l'impression que parfois, 'faut juste arrêter d'réfléchir et se foutre les poings sur les "i". Et comme de fait, ça en règle un paquet, de problèmes.
          Ça aura été un honneur, Oswald "Double Face" Jenkins.
          Cause toujours, s'pèce d'idiot. J'vais t'écrabouiller.

          Comme je parle, je déchire ce qu'il me reste de chemise, attachant la loque autour de ma plaie pour en contenir l'hémorragie. Désormais torse nu, je fais jouer mes muscles souffrants pour me ragaillardir. Le Léviathan approche peu à peu de Jaya, le débarquement aura lieu, mais il reste toujours du temps à gagner pour que le gros des forces mette le pied à terre. Abandonnés des pirates, ceux-ci voulant probablement éviter d'être sur le chemin du géant, seul les échos des explosions et le vent soufflant sur l'étendue de décombres tiennent dialogue à notre endroit. Freyga tire sa hache colossale tout en ajustant son heaume. Moi, je balaie les environs d'un œil suspect, pour m'assurer que personne d'autre que lui ne sera sur mon chemin.

          Nous sommes seuls. Je n'ai probablement pas d'autre façon pour vaincre Freyga suite à mon affrontement contre Flist. Je dois tout miser, laisser mon âme à nouveau être dévorée comme avant pour garder toutes les chances de mon côté. Je n'ai plus peur. Je sais que je domine ce pouvoir, et j'ai confiance en Dark.

          "Tu l'as dit l'ami!"
          C'est déjà terminé, Freyga.

          Dark Rage.
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          Lilou n'était pas la dernière lorsqu'il s'agissait de cogner. Cogner franc. Cogner dur. Elle avait le passif qui allait bien, la droite facile et directe, qui s'imprimait sans culpabilité dans la trogne des personnes qui le méritaient. Des claques, elle en avait donné des centaines, peut-être plus. Tantôt pour punir, ou tout du moins ce qui y ressemblait. Tantôt pour motiver, surtout depuis qu'elle avait posé pied sur le Léviathan. La violence était un moyen d'expression pour elle, et beaucoup comprenait à bord du navire. Et en retour, elle en avait reçu aussi. Bien sûr. Des tonnes. Certaines qui l'avaient fait réfléchir. Et d'autres qui lui en avaient brisé les os. Avec le recul, Lilou pouvait dire que cette violence, souvent gratuite, toujours injuste, avait été son meilleur professeur. Et avec le recul, encore, la rouquine savait qu'il fallait en user à bon escient.

          Et il lui était facile de songer à rendre les droites lorsqu'elle en recevait autant de la part de son adversaire. Les phalanges s'écrasant contre l'acier pour le creuser violemment, Flist n'était pas non plus en reste lorsqu'il s'agissait de rendre les coups. Et par-dessus tout, Lilou avait la désagréable impression qu'il ne rendait que le minimum pour faire durer le plaisir. Lorsqu'il n'évitait pas, il arrêtait les violents retours de son adversaire en armure avec une habilité et une fluidité qui déconcertait par moment Lilou.

          Elle savait qu'en enfilant cette armure, elle allait être beaucoup plus lente qu'un type comme Flist, à qui la définition même de « fluidité » s'attache comme une seconde peau. Mais la force de frappe et la résistance de la rouquine s'en trouvait ici décuplait. Et le Crochet comprenait qu'encaisser les coups n'avaient pas trop l'air de faire broncher sa nouvelle proie. Qu'il lui en faudrait plus pour la terrasser. A commencer par détruire sans doute cette armure qui l'encombrait et l’empêchait de profiter pleinement de cette affrontement...
          Lilou ne fut pas de plus forcément d'une grande aide pour le Pirate. Chaque fois que l'homme s'en prenait à l'une des articulations de son armure, elle déjouait son plan en lui restituant à la place une vilaine droite ou un uppercut renforcé au haki. Et elle ne compta plus le nombre de murs à peine debout, de barrières de bois ou de gravats elle et lui traversèrent pour se faire du mal. Enfin... « du mal ». Flist se relevait plus vite que Lilou. Et Lilou endurait bien moins la douleur que Flist.

          Il eut pendant un certain temps un semblant d'équilibre entre les deux. Comme si l'un et l'autre se trouvait sur une balance et qu'aucun de réussissait à faire basculer l'avantage de son côté.

          Jusqu'à ce qu'en voulant retourner un coup à l'homme, Lilou sentit son épaule se bloquer soudainement. Elle entendit même le métal forcer férocement pour se libérer, pour exécuter le mouvement désirer, sans y parvenir. Et en voyant le sourire de Flist s'étirer encore une fois, d'observer sa main remplacée par sa dague démunie justement de sa dague, elle comprit que cette raclure venait de lui foutre coincer un truc. Ça ne l'empêcha pas de restituer son coup avec son autre main, l'envoyant épouser furieusement le sol pour se laisser du temps.

          Du temps pour trouver cette dague qui gâchait tout son modjo. Mais pas assez. Ses gros doigts enfermés dans ces gants d'acier étaient trop massifs pour attraper l'objet. Et Flist n'était pas là pour lui offrir du répit. Elle le comprit en se sentant tirer en arrière, en tombant sur le sol. La moustache de l'homme enroulée autour de sa cheville droite, à tirer furieusement. Lilou planta ses mains dans le sol pour se retenir. Sol qui s'effrita, mais qui tint bon. Et trop lourde de toute façon pour que quelques poils ne la soulèvent...

          Elle le pensa un petit moment.

          Jusqu'à ce que le chapeau de Flist ne s'envole, et que ses longs cheveux bruns ne grandissent jusqu'à elle pour l'immobiliser et terminer de soutenir la manœuvre...

          Hé merde...
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          Bête des ombres. Monstre éveillé. Titan destructeur contenu dans un corps qui semble pourtant si petit, si frêle, sous la rage expié par une telle aberration. L'humanoïde est complètement nimbé de noir, rejeton des ténèbres suintant d'une aura de violence pratiquement palpable. Sa tête est renversé vers le haut, ses deux billes glauques fixant le ciel avec euphorie sous ses mèches vertes. Il y a si longtemps que la Bête n'avait pu respirer l'air du monde. Il y a si longtemps qu'il n'a pu revenir aux sources, à ce besoin de sang primitif. Plus aucune sensation n'est filtrée à lui par l'enveloppe qu'était Oswald. Désormais, il est le maître, pour le temps qu'il lui laisse. Il peut profiter de l'instant, laisser parler ses poings et son inhérente colère avant de redonner à Double Face son existence.

          Dark est libre. Et Jaya se souviendra de son passage.

          Le voilà, le vrai visage de Double Face… murmure Freyga, armant sa hache avec méfiance.

          Autour de Dark, un cratère fumant s'est formé lors de sa transformation, la puissance libérée étant trop grande à soutenir par la matière. Et ce n'est que le début. Les iris brillants du Monstre se posent sur Freyga qui grogne en levant sa hache bien haut dans les airs. Un sourire de squale déchire le visage complètement noir de Dark alors que l'arme de plusieurs tonnes fond vers lui. Trop lent.

          Ridiculement trop lent.

          En un instant, il a disparu. Ses pieds fracturent le sol à chaque propulsion alors qu'il se décale pour esquiver la hache de Hijiro. En un instant, il a déjà bondit au niveau du crâne du géant et arme un poing meurtrier. Un poing qui, s'il n'était pas déjà complètement noir, laisserait apercevoir une onde de haki le recouvrant. Le premier coup est décoché, le poing de Dark s'imprime contre le casque de Freyga qui est broyé comme une simple canette d'aluminium sous la force de l'onde de choc. Le colossal géant est jeté à terre, soulevant une trombe de poussière sous l'impact, broyant planches, lattes, ruines et gravas sous son corps. Il se relève aussitôt, la barbe ensanglantée, le casque bosselé, l'air courroucé.

          GrraAAAAh!

          Sa hache décrit un arc de cercle dans les airs, puis s'abat avec force. Dark, lui, sourit de plus belle, jubilant devant sa puissance exaltée alors que ses bras prennent la consistance de l'acier et s'aiguisent comme des lames. Un tintement tonitruant s'élève alors que la hache et les bras lames de Dark s'entrechoquent, suscitant une pléthore d'ondes de choc à chaque fois que se rencontrent les forces titanesques des deux êtres. Tout autour d'eux est balayé à chaque impact, épicentre d'un séisme créé par la rage conjointe d'un géant et d'un Monstre. Et toujours s'élève le rire fou de Dark qui n'en finit plus de frapper, et frapper, et frapper, et frapper…

          HéhéhéhéhéHAHAHAHAAAA!

          Les coups redoublent d'ardeur et de violence, perdant en rythme mais gagnant en imprévisibilité. Sans le vouloir, c'est Freyga qui se retrouve sur la défensive, situation à laquelle il met en frein en envoyant directement son pied contre Dark. Devenu boulet de canon, le démon est envoyé s'écraser comme un obus dans le sol, grondement, cratère. Freyga, haletant, soulève sa hache pour en inspecter la lame. Ébréchée, fumante, presque inutilisable. Avec dédain, il la jette de côté en essuyant le sang coulant de sa barbe. Difficilement, il ôte son casque cabossé et l'envoie rejoindre les débris qui jonchent le sol, les phalanges de Double Face clairement imprimée dans la carrosserie d'acier du heaume.

          Et il ne perd rien pour attendre.
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          Les choses passèrent ainsi de « pas terribles » à « carrément merdiques. »

          Lilou eut tôt fait de s'en rendre compte en épouser à plusieurs reprises la terre, en profitant au passage pour la creuser à chaque fois un peu plus. Des cratères se formaient au sol à chaque fois que Flist se chargeait de l'y renvoyer. Elle eut l'impression de n'être qu'une vulgaire poupée de chiffon qu'il prenait plaisir à maltraiter. Une poupée, dans les mains d'un gamin turbulent et décidé à le rester, à faire mal. La douleur restait relativement secondaire dans tout ça. Flist avait beau chercher à resserrer sa prise sur elle pour en faire ployer l'acier, il comprit vite que la volonté de la rouquine n'allait pas le laisser faire aussi aisément, et qu'il allait devoir se montrer plus ingénieux pour l'atteindre.
          Et d'une certaine manière, Flist était du genre à relever les défis lorsqu'ils se présentaient à lui. Prisonnière de lui, l'une de ses mèches commença à tenter de retirer l'un des renforts métalliques dans son dos, pour pouvoir en atteindre l'intérieur ; l'acier crissa légèrement en tenant bon pourtant, alors que la rouquine se débattait furieusement pour retrouver sa liberté...

          C'est une drôle de manière d'effeuiller une femme... Siffla le Crochet avec un sourire mutin qui semblait en dire assez long pour que Lilou ne lui adresse une grimace univoque. Mais elle me plaît beaucoup ! Hou hou hou !

          Avec ça, il arrivait encore à lui filer la nausée. Elle secoua la tête comme pour se donner du courage, et lorsqu'elle entendit finalement que sa protection, sur laquelle l'homme s'échinait depuis un moment, était sur le point de céder, elle choisit plutôt de renvoyer un coup de canon. Sa main nouée à sa taille par ses longs cheveux réussit à se libérer assez pour que la gueule souffle son coup et que Flist en soit surpris. Quelques secondes d'un étonnement marqué...
          Secondes que Lilou savait importantes pour sa survie. Elle ne pensait plus en terme de « vie » désormais, puisque face à un adversaire comme le second de l'homme le plus diabolique du monde, on ne vivait pas vraiment. On survivait surtout.

          Et avec cet instinct de survie, la rouquine savait qu'elle allait devoir redoubler d'ingéniosité pour s'en tirer à bon compte. « Bon compte » se résumant ici à « entière et en vie ». Objectif qui s'amenuisait à mesure que les échanges violents avec le Crochet passés, malgré ses tentatives pour reprendre le dessus, malgré ses propres capacités. Si elle, qu'on pouvait considérer comme une figure de puissance sur le Léviathan, parmi tous ces membres, qui avait fait tant d'efforts pour s'améliorer, et qui avait même lâché des beaux discours à Rei sur l'avenir, n'était pas capable de tenir tête à Flist et de le repousser... Que vaudrait-elle ?

          Ces doutes, elle les essuya en même temps qu'elle activa un mécanisme sur son autre bras. Soit ! Il avait affaibli son renfort dorsal ! Soit, il la malmenait depuis le début ! Mais si il croyait, lui, qu'il allait continuer à s'en tirer à « bon compte », il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate ! Et Lilou désirait être de ceux qui tenaient leurs promesses... Jusqu'au bout.
          Alors, quand le mécanisme fut en effet activa, un sourire rassuré fendit le visage de la rouquine. Et avant même que Flist n'ait eu le temps de s'y préparer, une gerbe de flamme s'en alla lécher avidement ses cheveux qui se mirent à noircir et se tordre. Le Crochet comprit, tassa les flammes avec son talon et du sable pour l'étouffer. Releva les yeux vers Lilou pour lui décrocher un regard furieux. Un soupir du même acabit lui échappa. Il s'amusait, avant. Et elle le privait de son plaisir... Et elle entendait recommencer, sûrement.

          Lorsqu'elle se remit sur ses jambes, il fut d'autant plus en colère. Il lâcha un « Bien joué » rageur qui sonnait plus comme un « tu vas me le payer cent fois et je vais prendre mon pied ».

          Alors, « bien joué »... Pas vraiment.
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          Il se relève du cratère, couvert de poussière, d’échardes et de sang. L’adrénaline afflue en lui comme un torrent, atténuant la douleur qui devrait le clouer au sol. Son corps complètement noir tremble sous l’excitation qui l’envahit toujours un peu plus, à chaque instant où il sait qu’un peu plus de fluide s’échappe de son corps, à toute seconde où la violence reste maîtresse de son corps. Ses doigts s’agitent sans arrêt, comme si ses mains cherchaient constamment matière à broyer. Ses yeux brillant d’une lueur démente, eux, ne se détachent plus de Freyga qui relève ses poings, prêt à nouveau à en découdre, sa hache réduite en bouillie gisant à ses pieds. Double Face est toujours debout, même piétiné par la force d’un titan, il se redresse toujours. Chaque mouvement devrait lui arracher un cri de douleur, chaque respiration devrait le faire râler, mais il s’entête malgré tout à afficher un sourire à la dentition de squale, croissant de lune au centre de la nuit noire de son visage.

          Har… har… har… t’es complètement impossible à mettre à terre ou quoi… C’est mon frère qui serait heureux de pouvoir se mesurer à toi à nouveau ! lance Freyga entre deux halètements. Du sang coulant de son visage et de sa bouche édentée.

          Kyéhhéhéhéhahahahahaaaa…
          répond bêtement le Monstre qui, déjà, s’extirpe du cratère dans lequel il gisait pour s’avancer vers le géant.

          Il n’est plus conscience et esprit. Il est instinct et volonté. Une machine de mort ne carburant qu’à la violence et au sang, une brute qui a déjà oublié les blessures subies pour plutôt se délecter d’avancer de celles qu’elle infligera au guerrier d’Erbaff. Pourtant, en lui murmure toujours l’esprit d’Oswald qui, maître de sa nouvelle symbiose, chuchote quelques conseils à la bête qu’il a relâché.

          Lilou. Flist. Rhinos Storms.

          Dark ne peut s’attarder ici. Il ne peut jouer avec cette proie qui lui résiste avec autant d’entêtement. Il doit mettre un terme à ce duel. Se débarrasser du colossal rempart lui empêchant de venir en aide à celle pour qui il se sacrifierait. Si le but d’une attaque frontale face à Flist a échappé depuis longtemps à Double Face, il sait néanmoins qu’il ne peut laisser la rouquine seule face au seigneur pirate.

          Héhéhé… Hahahahahahaaaa ! AaaaaaaaaaAAAAAH !

          Il rugit, la tête rivée vers le ciel, puis arme ses poings et fonce à toute vitesse, broyant le sol sous ses pieds à chaque enjambée. Freyga sourit, puis gronde à son tour avant de bondir vers Double Face, faisant trembler la terre. Leurs rencontrent, énorme rocher s’écrasant sur une fourmi … qui résiste avec une fougue fascinante ! La roche sous les pieds de Dark se fissure et se fracasse quand les phalanges de Freyga s’abattent sur les siennes. Lui, toutefois, ne bronche pas. Ne cesse pas de sourire, en fait. Il voit plutôt une stratégie barbare, voire grotesque, prendre forme dans son esprit. Ses pupilles vides s’enflamment, puis un reflet lumineux vient parcourir son corps sur toute la longueur alors qu’une bourrasque de froid s’empare de ses muscles. Sur son bras, des milliers de petites dents se forment comme son épiderme se tord pour leur donner naissance. Tandis que la même création s’opère sur son second bras, les premières lames se mettent à pivoter à une vitesse grandissante, émettant un sifflement assourdissant.

          Blade Mode 2

          Héhéhaahahaha !!


          Son bras en entier se change en véritable tronçonneuse et se met à entamer de façon indescriptible la chair de Freyga. Celui-ci, tentant toujours d’écraser Dark, hurle de douleur et retire sa main d’où cascade une fontaine intarissable d’hémoglobine. Le Monstre, lui, saisit déjà l’occasion pour foncer directement entre les jambes du géant, allongeant les bras pour sérieusement scier les tendons du colosse. Grondement de souffrance, une cascade de fluide carmin s’échappe des chevilles de Freyga alors que celui-ci tombe lourdement sur ses genoux, ne pouvant plus se tenir debout.

          GRRRAAAH ! VIENS ICI QUE J’T’ÉCRASE ! HAAARRR !

          Dans un bourdonnement sonore, les poings du géant se recouvrent d’une épaisse couche sombre de haki. Il les lève bien haut vers les cieux, puis les abats en grondant plus fort que le tonnerre, fracassant la zone où se trouve Dark à la manière d’un gamin en furie cognant le sol.

          EARTHQUAAAKE RAMPAGE !!!

          Des colonnes de fumée et de poussière s’élèvent vers les cieux comme des champignons atomiques à chaque coup du géant. Le sol, lui, explose et répercute des secousses extraordinaires à chaque impact, faisant trembler le sol jusqu’aux côtes où étaient débarqués Lilou et Oswald, plus tôt. Ce qui était ruines devient gravas à chaque frappe, ce qui était gravas devient cratère à chaque coup, et ce qui était une de ces choses devient désolation quand la colère de Freyga se déverse inlassablement autour de lui.

          Et pourtant…

          Héhéhé …

          Silhouette toujours debout à travers la tempête de débris provoquée par Freyga, Double Face fonce, ses deux poings armés et couverts de flammes. Il bondit vers Freyga, hurlant d’une joie meurtrière sans pareil.

          MIDNIGHT BLAST !


          Un premier coup enflammé s’abat en plein visage du géant. L’étourdissant et lui brûlant partiellement la barbe. Sa tête vole alors qu’un second coup le cueille au menton, puis un troisième, puis un quatrième…

          AVALAAAAANCHE ! AAAAAAAAAAAHHH !!

          Probablement mainte fois percuté par les multiples coups de l’attaque de Freyga, Double Face se relève, le sang lui dégoulinant des lèvres et de ses trop nombreuses plaies. Le regard fou, la gueule grande ouverte, il feule à chaque coup embrasé qu’il écrase contre le visage du géant. Jeté à terre, assommé par les trop nombreux Midnight Blast lui ravageant le visage, le titan est prisonnier de la tempête de coups qui l’assaillent de toute part. La marque de commerce de Double Face s’imprime dans son visage complètement pulvérisé et se renouvelle à chaque seconde. Chaque coup est d’une ardeur redoublée, provoquant des claquements assourdissants se répercutant dans la désolation entourant le Monstre et sa proie. La voilà, la quintessence du Monstre libéré. L’accomplissement ultime d’une machine à tuer lâchée à son meilleur. Sous ses poings vengeurs, le frère de Staline est défiguré et vaincu, abattu par la rage intarissable du Monstre de la première voie. Il a su transmettre une leçon au capitaine des Storms et perdre dans l’honneur, combattant, comme ses nombreux frères d’Erbaff, pour ce en quoi il a cru.

          AHAHAHAHAAAAA ! HA ! HA ! HA ! HA ! HA ! HA ! Ha ! Ha! Ha… Ha… Ah…

          Ses poings sont fumants et calcinés, son corps brisé par le géant. Mais il est debout, toujours, invaincu. Sa silhouette complètement noire est toujours bien droite au sein de l’étendue désolée qu’il surplombe, usant du géant comme d’un promontoire pour dominer les restes de ce qui était autrefois la plus grande ville pirate de Grand Line. Haletant, peinant à se tenir debout, Dark relève le nez et hume au travers des odeurs de chair brûlée et de fumée l’air pour y déceler une odeur à laquelle il doit se raccrocher. Toujours pouvoir sentir les fragrances musquées d’essence et de métal de la rouquine est comme un baume sur ses écorchures et ses trop nombreuses fractures. Il doit retrouver Lilou. Le plus vite possible, il en va de sa vie à elle, mais aussi de la sienne. Il doit la retrouver au plus vite, le combat face à Freyga l’ayant trop éloigné de la côte. À nouveau le fauve lancé en pleine chasse, Double Face reprend sa course, une main pressée contre ses côtes probablement réduites en miettes, boitant avec peine.
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          Ces gens qui ne jurent que par le haki....

          Le Crochet balança à terre l'une des protections de l'armure. Celle de l'épaule gauche. Avec un petit sourire satisfait barrant son visage. Il soupira ensuite, en se pavanant comme il en avait l'habitude. La démarche souple et dansante en se rapprochant de sa cible, alors que cette dernière semblait peiner à simplement marcher. Elle prit le temps de se sortir la main de son renfort pour dégager la dague que Flist avait planté dans son genoux, quelques instants plus tôt. Retrouvant sa liberté de mouvement momentanément, le souffle retenu depuis le début de la manœuvre, elle prit le temps de prendre une grande inspiration en retournant vers son adversaire...

          Le visage fier, les yeux perçants, pleine d'une arrogance qu'elle avait désormais beaucoup de mal à assumer. Depuis le début, il menait la danse. Il la maltraitait par plaisir et se retenait pour faire monter l'excitation. Lilou n'avait l'impression de parer ses coups que parce qu'il lui laissait l'occasion de le faire et qu'il se plaisait à saboter son armure. Son bras droit était déjà décharné, ses protections de l'épaule gauche retirées, quant aux articulations de sa jambe droite... En parler de ferait que remuer le couteau dans la plaie. Flist était en train de la démonter, pièce par pièce, en prenant tout son temps pour le faire. Et tous les coups qu'elle désirait lui porter ne faisaient que l'effleurer.

          Se battre contre des moulins.
          Ou contre le vent...

          Et plaider la folie furieuse. Puisque se confronter à Flist, c'était à peu près l'idée.

          Quelle perte de temps ! Pourquoi avoir besoin du haki quand il suffit juste d'être... Plus fort ?

          Et Lilou ne pouvait que lui donner raison. Qu'admettre l'évidence.

          Depuis le début, à jouer avec elle comme on joue avec un chat et une pelote de laine, il avait prouvé, mainte fois, que sa volonté ne lui servait à rien. Vacillante, incertaine. Même lorsqu'elle tentait de riposter. Et Flist s'en délectait avec un plaisir assumé et affiché. De la voir hésiter, avec ce rempart dont il était démuni se briser à chaque fois que le doute perçait dans son cœur. Oui, Lilou doutait. A mesure que le combat se poursuivait, elle doutait de pouvoir le vaincre. Elle doutait déjà au début. Lilou s'était posée comme un rempart contre l'inévitable. Un mur qui s'effritait désormais, comme son haki... Colmater ne suffisait plus, sa propre armure souffrait de cette situation. Elle s'était pensée pendant longtemps intouchable. Elle croyait dur comme fer de ne plus avoir à souffrir. Mais maintenant que ses bras la lançaient, que ses côtes la tannaient, il n'y avait plus que le doute... Et une impression croissante et fulgurante que la mort lui tendait les bras...

          Alors, quand Flist repartit à l'assaut, elle se jeta sur le côté en désespoir de cause. Roulant boulant sur le sol, avec la grâce d'un éléphant que l'on met à terre pour lui voler ses défenses, elle ne réussit qu'à coincer la lame du crochet dans sa main pour l'immobiliser. Et le pirate en profita pour sourire, à nouveau, en faisant peser son poids sur elle. Un poids plume, pour sûr. Mais une pointe qui perça sur sa volonté quand le crissement du métal contre le métal se fit entendre...
          Lilou était furieuse. De se faire malmener de la sorte, maltraiter comme la Gamine qu'elle n'était plus. En dernier recours, son haki royal prit le pas sur le reste. Et il ne défrisa qu'à peine la moustache du Crochet qui éclata de rire, en lui assénant à la suite des coups de plus en plus puissant. Comme une masse qui s'abattait sur elle et creuser son armure. Il finit par lui décrocher une droite en pleine tête, qui résonna à l'intérieur. Étourdie, elle ne put s'extirper du reste jusqu'à ce que son instinct de survie ne reprenne la main. Et ce fut son poing qui rencontra le buste de Flist pour le repousser une bonne fois pour toute...

          Se remettant sur ses jambes, elle se savait perdue. Tout comme elle connaissait l'issue de ce combat à l'avance. Elle n'avait pas ri quand Monty avait parlé de ses pronostics avant qu'elle ne s'équipe et ne parte en guerre. Quand il avait donné ses chances de réussite face à ce monstre. Mais elle lui avait souri, comme pour lui assurer que ça irait. Et ça devait aller...

          Alors... Déséquilibrer Flist ne lui suffit pas. Elle s'arracha les autres renforts du bras et lui envoya à la figure violemment. Il se contenta de les dévier, et continua quand la rouquine en fit de même pour le reste.

          Foutue pour foutue, songea-t-elle.  Et son regard afficha une moue nouvelle qui ne déplut pas à son adversaire. Il se remit en garde pour esquiver la suite, s'amusa de la tournure que prenait les événements. Mais il s'en amusa moins lorsqu'elle lui bondit dessus, sans son armure d'acier pour la recouvrir, et lui assénait un coup en plein visage. Lorsqu'elle retomba sur le sol, c'est pour lui retourner son talon dans le plexus et lui couper le souffle. Une nouvelle droite en plein visage, chargée au haki...

          Flist se retrouva le cul par terre lorsqu'elle lui fit un croche-pied mesquin. Et splendide. L'homme explosa d'un rire goguenard en épongeant le sang qui coulait de sa lèvre. Il ne s'interrompit que pour recracher une molaire.

          Vraiment tr-
          Ferme-la. Et bats-toi.

          Le sourire du crochet s'étendit.

          C'est justement ce que j'allais te suggérer...
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          Parfois, une situation d’une intensité saisissante peut soudainement prendre une tournure atteignant des records en termes d’imprévu. Pour Flist, on aurait su trouver mieux comme moment. Tout y est, lorsqu’on s’y penche avec intérêt. À commencer par un duel final opposant des forces colossales les unes aux autres; Un paysage pratiquement apocalyptique suite aux massacres qui y sont survenus; un bord de mer ravagé où on aperçoit à l’horizon la silhouette toujours grandissante d’un navire à la taille impensable; un sommet de violence où se retrouvent fatigués et haletants deux leaders nés se toisant une nouvelle fois avant un nouvel échange. Décidément, tout y est, vraiment tout, pour que ce combat dont la balance penchait finalement pour l’antagoniste, change brusquement de sens. Un imprévu. Scénaristique ? On ne saurait dire. Pour Flist ? Oui, certainement. Une chose reste néanmoins inévitable quant à cette nouvelle surprise historique :

          Il adore les imprévus, Double Face.

          FLIST !

          Il est le roi au sommet de sa montagne de gravas, le Monstre complètement sombre qui hurle en direction du seigneur pirate. Ses yeux brûlent d’une hargne sans limite alors que du sang coule toujours de sa gueule grande ouverte sur des crocs d’acier. Il se tient là, sur le toit d’une maison complètement affaissée, dominant les environs sur ce promontoire qu’il a péniblement escaladé. Il est toujours droit, toujours inébranlable, le géant prisonnier de ce corps de bête, ayant couru les ruines le séparant de cet homme qu’il a classé au sommet de la liste de ses pires ennemis. Un voile rouge barre ses yeux hystériques, les ténèbres noient son esprit rageant, il est brisé, exténué, souffre des milles affres de ses blessures, mais il est toujours debout. Debout sur cette montagne de débris, mais aussi bien au-dessus de son passé. Il piétine ses erreurs, ses mauvais choix, ses vieux principes et ses deuils, il oublie l’homme et le Monstre qu’il a été pour se tourner vers le Pirate qui incarne son avenir. Son avenir à lui, à Dark, à celle qu’il aime et à sa famille. Il est imprégné du sang, mais aussi des paroles du titan qu’il a terrassé.

          Tu vois bien, tu as la trempe d'un guerrier d'Erbaff, mon gars.

          Il veut en finir avec ce démon qui a osé s’en prendre à sa famille, qui a cru pouvoir la démanteler. S’en est fini de cette île putride où ne règne plus que la désolation, s’en est finie de Flist et des hommes du Malvoulant. Ses poings se serrent et s’aiguisent alors qu’en lui affluent les pouvoirs conjoints du haki et du fruit tailladant, ondes de force et de froid qui pulsent à travers ses veines. Ses jointures reluisent et s’emmitouflent de sa volonté alors qu’il plisse les yeux vers le pirate qui se retourne et affiche une mine surprise.

          Il comprend qu’on ne touche pas à la famille de Double Face.

          Ne la touche plus jamais.

          Eclipse.


          Il disparait. Littéralement. L’ensemble de ses forces restantes sont relâchées en lui en un instant, si bien qu’il se propulse vers Flist comme une véritable torpille. Les débris sous ses pieds explosent dans des gerbes de flammes et de rochers, piste de décollage d’un éclair meurtrier. Un éclair sombre qui surgit directement devant Flist, un poing d’acier recouvert de haki et de flammes armé jusqu’à l’épaule. Le temps s’arrête pour le Pirate et le Monstre, un simple instant où les yeux haineux de la Bête s’accrochent à ceux bien écarquillés du second de Mannfred D. Teach.

          Plus jamais.

          OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOHHHHHH!!!!!

          Mon poing s’écrase entre ses deux yeux avec une puissance phénoménale, libérant une déflagration qui fait s’envoler Lilou et les débris alentour d’un seul coup. L’onde de choc résiste à Flist qui, un instant, est paralysé par la force que je sens mon fuir pour se déverser en lui. L’acier de mon poing pénètre sa chair, les flammes enveloppent son crâne comme si mon poing était en éruption, puis l’écran de ma volonté fracasse les restes du visage du Crochet. Nous restons tous deux paralysés par le choc, un instant, puis il décolle, foudroyé. Il ricoche de nombreuses fois contre la terre, puis s’enfonce dans un énorme sillon, des dizaines et des dizaines de mètres plus loin. Et le voir si loin me vide de mes dernières forces. Je tombe à genoux, lessivé, drainé, brûlé, écrasé, ensanglanté, souffrant le martyr. Je peine à retrouver mon souffle et sens ma conscience m’échapper, de temps à autre, je suis étourdi et vanné, tant de mots qui ne peuvent qu’à peine décrire l’état lamentable dans lequel je me trouve.

          Je baisse les yeux vers mes mains, redevenues bicolores. Dark s’est retiré, incapable lui-même de supporter plus grand effort. Enfin, au loin, j’entends le bruit de la mer, et les cris des hommes du Léviathan. C’est fini ? C’est fini. Je tombe, incapable de me soutenir plus longtemps, mais deux frêles bras me retiennent. Mes narines s’agitent, la reconnaissent, mes yeux ne s’ouvrent qu’à peine, mais distinguent des boucles rousses tombant sur mon épaule. Derrière moi, je sens son souffle contre ma nuque, sa sueur ou son sang qui s’écoulent sur mon dos nu et balafré.

          Tu vas bien ?
          … J’suis un géant d’Erbaff, Lilou.
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          En fait, ça ne va pas si fort que ça... qu'elle rajoute en le regardant avec les yeux plissés.

          Et le commodore éclata de rire avant de s'étouffer. La douleur à ses côtes fut assez forte pour le faire se plier en deux. Lilou tenta bien de le rattraper, de l'aider, mais ce fut inutile. Ce n'était pas d'elle dont il avait besoin, mais de Wallace. Ou de Craig. Elle se sentit particulièrement inutile à côté de lui. A le regarder. Finir Flist en un coup de poing, après l'endurance qu'il lui avait fallu pour ne pas en venir à bout. Elle poussa un long soupir, en regardant autour d'elle. Du Crochet, il ne restait qu'un cratère recouvert de gravats. De Jaya, de la caillasse. Le trône détruit du roi. Le Léviathan termina d'accoster...

          Tu peux marcher ? Qu'elle demanda à son ami. Il eut un petit rictus, peu convaincu, mais mentit quand même :
          Ça va...

          Elle lui fit un petit sourire, puis l'aida à se remettre sur ses jambes. Compliqué. Elle passa ses bras sous les siens pour l'enlacer, et le hisser avec elle en se relevant. Il passa un bras par-dessus son épaule et elle esquissa une grimace et un petit gémissement. Flist l'avait tellement malmené durant leur affrontement qu'une rougeur rongeait son articulation. Une rougeur qui allait probablement se transformer en bleu, s'il n'y avait pas autre chose. Elle avait l'impression que des aiguilles gratter son cartilage... Alors, elle se permit de gémir :

          Non, t'appuie pas là...
          Pardon...

          Ce n'était rien. Nouveau sourire, ils se détournèrent tous deux de Flist. De ce qu'il en restait. Concentré sur autre chose. Sur l'avenir sûrement. Sur une idée qui germait dans leurs esprits et qui semblait tellement réaliste. Du genre à faire du pied, à être trop séduisante, trop belle pour être vraie. Et pourtant, ça le semblait, vrai... Réel. Palpable...

          On va y aller... On va pouvoir rentrer... Commença la rouquine en faisant déjà un pas, alors que les hommes du Léviathan accosté commençaient à investir Jaya.

          Trop beau pour être vrai.

          On en a fini, ici...

          Nouveau soupir, de soulagement. Ses muscles la tannaient toujours, et son coéquipier n'était pas en meilleur état. Elle avait l'impression d'être une poupée de chiffon qui promenait un épouvantail amoché... Mais un épouvantail géant d'Erbaff, pour lui faire plaisir.

          On a réussi, Oswald...

          Il hocha la tête. Et articula :

          Je sais.
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          Savoir ?

          Le sang ruisselant sur son visage, le nez éclaté et une douleur irradiant son visage jusqu'à l'arrière de son crâne, Flist est quant à lui certain que ça ne va pas se terminer ainsi. Hors de question. En se redressant, il tend la main jusqu'à sa dague jetée négligemment au loin, et titube jusqu'au couple lui tournant le dos.

          Grossière erreur.

          Tellement grossière qu'elle le fait rire. Elle secoue ses épaules d'un spasme nerveux qu'il ne contrôle pas, tandis qu'un sourire malsain étend ses lèvres. Et tout ce qu'il y a de plus mauvais en lui s'affiche au grand jour, avec une seule hâte : que ceux qui l'ont mis à terre puissent bientôt témoigner de l'enfer qu'il a envie de leur faire vivre. Alors, déjà, il se met en mouvement. Moins gracieux qu'avant, mais plus terrible cependant.

          D'un pas, le voilà qui semble glisser sur le sol. Il arrive derrière Oswald et passant un bras autour de son cou après avoir repoussé la rouquine, il plante sa dague dans le dos du bicolore, une fois. Puis deux fois. Et il étouffe au passage les hurlements de douleur de sa proie en jetant un regard fou à sa prochaine cible.

          Fou.
          Comme il l'a toujours été.

          Car on ne devient pas le second de l'homme le plus sordide de la terre en étant tranquille d'esprit. Et Flist ne l'a jamais été. Et il n'y a plus grand chose qu'il contrôle à l'intérieur. Ces deux idiots ont osé lui retirer la main mise qu'il avait sur cette terre. Et ils doivent en payer le prix, le sang, la vie. Il relâche Oswald, et le laisse tomber à genoux. Le sang tâche sa tenue poussiéreuse et déchirée par endroit. Son sang, comme celui de Double Face. Mais l'heure n'est plus à faire bonne figure ou à être élégant...

          Vous avez réussi à vous mettre dans de beaux draps, ma douce...

          A nouveau secoué d'un rire fou, il fond sur sa proie comme un vautour sur un cadavre.

            La morsure de l'acier. Une langue qui t'ouvre et qui te scinde. Drôle de sensation que de sentir un truc aussi artificiel se frayer un chemin jusqu'à l'intérieur de toi. Tu la sens d'abord piquer ta peau, puis te crever comme une prune trop juteuse. Ça s'enfonce, et ça répand un froid horrible qui te ferait frissonner si la douleur ne te tétanisait pas déjà. C'est comme si une stalagmite de glace venait fondre en toi, dans un long tunnel qu'elle creuse elle-même en saccageant tout sur son passage. Tu te vides, tu te chamboules, des éclats noirs obstruent ta vue alors que tu tangues. Plus que n'importe quel coup avant, celui-là fait mal, terriblement mal. C'est une brèche de trop dans ta défense, et le sang qui s'écoule de cette plaie à gros bouillons n'envisage rien de bon pour toi. Il recommence, puis recommence. Par quatre fois il s'évertue à trouer ton corps et à laisser un peu plus de ce fluide qui te maintient en vie s'écouler vers l'air libre. Tu voudrais faire volte-face, le saisir par le cou et le broyer comme tous ceux qui ont osé te trahir bien avant. Tu voudrais voir son visage ravagé et lui rendre ces coups de poignard de tes mains acérées. Tu voudrais à ton tour lui ouvrir le corps comme un fruit mûr, lui déchirer la carotide, lui saigner le ventre comme un porc. Toutefois, tu ne peux à peine te retourner, tu ne peux que maudire cette blessure de trop. Déjà, tu ne sens plus tes bras, puis tes jambes, leur contrôle t'échappe. Trop fatiguant. Ta rage envers Flist s'évapore elle aussi. Tu n'as plus la volonté de lui en vouloir, tu n'as plus la force de garder en colère ton esprit où sommeille la Bête. D'ailleurs, elle gémit et se recroqueville dans un pan lointain de ton âme, cette Bête effarouchée et effrayée. La blessure de trop. La morsure de l'acier qui badigeonne d'un froid inhumain tous les pans des plaies qu'elle t'a infligées. Ce blizzard s'immisce peu à peu partout en toi. Il prend d'abord naissance à tes extrémités, puis remonte lentement chacun de tes membres jusqu'à les alourdir, de simples poids qui te clouent sur place. Tu tombes, mais ne ressens pas l'impact de ta chute. Tu te vois tomber face contre terre, mais ne goûte pas le sable et la poussière sur ta langue, ne plisse même pas les yeux où des saletés s'infiltrent.

            Tu n'es plus qu'amas de rien. La seule chose qui pulse toujours en toi, ce sont ces plaies dans ton dos par lesquelles s'écoule le fleuve de ta vie. Ton enfance y est déjà passée, évaporée dans l'air, loin de toi, souvenir auquel tu n'as déjà plus accès. Ton adolescence. Tes études à l'académie d'ingénierie navale de Luvneel. Un instant tu les revois, ces moments de ta vie. Tu les entraperçois, puis ils s'envolent, drainés par cette blessure qui te vole ton existence. Si tu respires toujours, tu n'en es plus conscient, tu vois simplement des pieds qui bougent sur le sol où tu es étampé, impuissant. Ils ne riment plus à rien, ces silhouettes qui ne font que des mouvements flous, mal décomposés par tes yeux fatigués qui s'assombrissent, petit à petit. Tu n'as plus beaucoup de temps, ça, c'est aussi évident que le voile qui tombe de plus en plus rapidement sur ton regard, comme un rideau qu'on tirerait sur la dernière scène d'un spectacle. Tes souvenirs disparaissent, et si une émotion subsiste toujours en toi, c'est bien la panique. La panique de tout oublier ces choses qui t'ont faites, ces événements, ces rencontres, ces batailles et ces discussions. L'asile. Oui. L'asile, tu dois t'en souvenir. Les meurtres, les tentatives, les années rongées par la vice et la solitude. Les années de folie. La haine de l'Autre, puis la conscience de sa différence. Être détesté par les autres soldats de la Marine. Constamment relocalisé, impossible à garder en place, jusqu'au Léviathan. Tu l'as construit, tu l'as vu naître de tes mains et de tes outils, tu en connais chaque recoin. Il est le seul endroit où tu es chez toi sur tous les océans. Il est ta seule maison en ce monde. Il est là où sont nés tes amours, tes amitiés, tes deuils et tes joies. Il est le berceau de ton existence. Tes amis. Oui.

            Tes amis, tu dois te souvenir d'eux aussi. Le temps presse, tu dois te souvenir d'eux, oui, vite. Vite. Il y a Serena, bouillante indécise, sulfureuse jeune femme rongée par son passé et intimidée par son avenir. Si tu pouvais être à nouveau près d'elle, juste là, à l'instant, tu t'excuserais, tu te désolerais, même, de l'avoir jeté dans la fosse aux lions. Directement dans la source de ses questionnements et de son côté sombre, ce Dark à elle qui la ronge. Il y a Jeska, aussi, dont tu n'as plus de nouvelles, cette ange si ambigüe que tu as laissé aux mains de Jaya. Dieu sait ce qu'il est advenu d'elle. Il y a Wallace, ton ami, ton chaperon, ton conseiller, ton bras droit, ta bouée de sauvetage dans les tempêtes de ton esprit. Craig, à qui tu souhaites de prendre soin de son nez, cet homme avec qui tu as partagé les sésames de tes idéaux, ce fils que tu as ajouté à ta famille déjà si nombreuse. Il y a Rei, que tu n'as pas pu sauver, Sebastian, à qui tu ne peux que te fier, à l'avenir. Il y a tous ceux que tu as perdu et qui, déjà, ne te viennent plus à l'esprit. Se souvenir est un effort dont tu n'as pratiquement plus le luxe. Vas-tu mourir ? Ici ? Toi, Oswald ? Nous, Double Face ? Longtemps tu leur a dis, à nos ennemis: Double Face est immortel. Moi aussi j'y ai cru, du temps où je te dévorais, du temps où je rongeais ton esprit pour en tirer le pire. Peut-être que ce n'était pas si vrai que ça, finalement, à croire que le bras droit d'un empereur peut nous faire revenir sur nos paroles.

            C'est ironique, en un sens, de mourir ainsi vaincu par l'acier, alors que le pouvoir-même de notre démon réside en cette matière. Le fruit tailladant. Il est une part de nous, il est ce qui a construit Double Face. Désormais, on peut tourner la page, Double Face n'est plus, ne sera plus. Se souvenir… Se souvenir… Staline, Lénine, Marx, Le Tsar, certains sont en prison, d'autres sont toujours chez les Gris. Une chose est certaine, un jour, tu les reverras. Tu retrouveras les colosses et tu pourras à nouveau échanger une bonne poigne avec eux. Se souvenir, se souvenir… Une image nous échappe. Une image pressante alors que tout est noir. Une dernière lumière avant de partir définitivement. Une pensée, un éclat dans les ténèbres. La raison pour laquelle nous pouvons enfin partir satisfaits. Un iris d'ambre, dans la pénombre. Un reflet roux dans le vide de notre esprit. Double Face s'est accompli, s'est épanoui, et il peut partir. Il l'a trouvé, celle pour qui il a donné sa vie. Il l'a toujours dit, Double Face. Je me sacrifierais pour elle. Mission accomplie. C'est terminé, terminé. Double Face est mort, Oswald. C'était cool, quand même. On a eu des hauts, des bas, mais c'était cool sérieux. On a cassé des gueules, on a pleuré, hurlé, on a vu du pays, on a traversé plus que la moitié d'l'océan l'plus dangereux d'la terre. Y se souviendront de nous j'espère. En tout cas, en lisant ça ils doivent tous paniquer, depuis l'temps où tu sous-entends que tu vas peut-être lâcher c'perso, héhé. On peut s'féliciter d'avoir agit comme des gros bourrins tout le long de l'histoire. Leeroy Jenkins, qu'on s'est dit, Leeroy Jenkins, qu'on a fait. Content d'avoir fait c'bout d'chemin avec toi, l'ami, on aura apprit un tas d'trucs ensemble. Alors, qu'est-ce que t'en dis, on recommence demain ?

            Définitivement, l'ami. Double Face est immortel, non ?



            Dernière édition par Oswald Jenkins le Lun 5 Jan 2015 - 1:31, édité 2 fois
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