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Pas de ça chez moi!




Et en cette belle matinée ensoleillée où notre duo régulier longeait paisiblement les quais de Norland…

-Tiens, encore un navire pirate que ça serait chouette de l’ajouter à notre collection, remarqua Sigurd en pointant son index vers les quais.
-Non, non, non. Nous n’avons pas le temps pour…
-Alleeeeeeez !
-Pas aujourd’hui, s’il vous plait.

-Rhooo, vous êtes sûre ? Nan parce que franchement, entre faire les boutiques ou récupérer l’équivalent de cinquante millions de planches de bois, de voiles et de cordes toutes charpentées de manière à faire un bon gros navire bien juteux, franchement…
-Vous avez besoin de vous acheter tout un ensemble de tenues décentes depuis maintenant deux mois. Et vous n’avez toujours rien fait.
-Meuh si, j’ai cherché ! C’est juste que…
-Ce qui me porte à croire que vous ne ferez jamais rien… à moins que je ne fourre mon nez là dedans.
-Naaaan. C’est juste qu’à chaque fois que je rentre dans une de ces boutiques, je me sens complètement débile à envisager de porter des trucs de pingouin pareil et…
-…
-… oh, ça faisait longtemps le regard noir tiens… bref ! Je me disais que comme vous en connaissiez un rayon en matière de costumes débiles tirés à quatre épiiiiiin… euh… de costumes de très bon goût, peut être que vous auriez pu… m’aider ?

Sigurd était parfaitement capable de s’habiller seul, fort heureusement. Mais en l’occurrence, il s’agissait davantage de refaire toute la dimension stylistique de sa garde robe : le mauvais goût, le confortable et les peu onéreux avaient très largement fait l’affaire jusque là, mais il devenait de plus en plus évident qu’il lui faudrait désormais se vêtir avec un certain standing s’il souhaitait poursuivre sur la voie des affaires.

A moins que ce ne soit la très forte pression psychologique exercée par son amie et associée qui ne l’ait décidé à passer le pas. Après tout, les vieux uniformes de capitaine milicien donnaient à Dogaku une fière allure inégalée, mais ne se prêtaient pas vraiment à l’usage qu’il en faisait.

-Oooh, regardez, un capitaine pirate !, essaya Sigurd. Il est peut être primé. Si on l’arrête et qu’on le refourgue à Suzukawa, vous croyez qu’il pourrait nous offrir les prochains chasseurs de prime gratos ?

Et à nouveau, Dogaku pointa du doigt un personne qui ne pouvait effectivement pas être confondu avec quoi que ce soit d’autre qu’un forban voguant sur les mers. Il suffisait de jeter un coup d’œil à son tricorne noir orné d’une tête de mort entrelacée de fémurs stylisés pour s’en convaincre. Et on ne parlait pas d’un emblème, ni même d’un motif propre à habiller un drapeau d’équipage. Il s’agissait d’un véritable crâne humain et de véritables fémurs ayant autrefois appartenus à…

-ON NE POINTE PAS LE CAPITAINE GAKUROKAI DU DOIGT, MALHEUREUX CIVIL ! SAIS-TU CE QUI EST ARRIVE AU DERNIER IMBECILE AYANT ATTISE SON COURROUX ?
-Euh… nan ?
-IL A FINI EGORGE, EVENTRE, EVIDE, ET ORNE MAINTENANT SON TRICORNE !
-Haylor, s’il vous plait…
-Il a tout de même raison. C’est mal élevé de pointer quelqu’un du doigt.
-Rhooo, tout de suite les… et en quoi c’est mal élevé, d’abord ?
-Il parait que c’est ainsi que les sorcières maudissaient leurs proies, auparavant…
-…
-D’un point de vu religieux, c’est également de cette manière que Judas le traître désigna le messie.
-Euh…

-CIVIL, EST-CE QUE TU M’ECOUTES !?, hurla le pirate en pointant Sigurd du doigt.

L’ironie de la chose fit pratiquement réagir Dogaku… à ceci près qu’il était complètement pris au dépourvu et  ne réalisait pas vraiment ce qui se passait. Heureusement, ce fut le capitaine Gakurokai lui-même qui, visiblement embarrassé, s’empressa de calmer le jeu.

-Noireaud, ça suffit. Il ne voulait probablement rien de mal.
-Mais capitaine…
-Non. Excusez mon lieutenant, il est un peu… virulent dès lors qu’il s’agit de moi, s’inclina le pirate à l’adresse des deux civils. De même que tout mon équipage, malheureusement. Mais bon, vous savez ce qu’on dit : un bon capitaine ne peut exister qu’avec un équipage qui lui est fidèle. J’ai de la chance. J’ai de la chance, répéta-t-il mollement, comme pour s’en convaincre.
-Euh… sûrement, ouais.
-Bref. Si vous voulez bien nous excusez, nous avons à faire. Bonne journée.

Et ce faisant, le capitaine pirate poursuivit son chemin. Son compagnon en fit rapidement de même, non sans avoir jeté un ultime regard désapprobateur à Sigurd tout en levant le poing en signe d’imprécation. Les deux chevaliers de Nowel restèrent un instant à les regarder, sans vraiment compulser ce qui venait de se passer.

Finalement, Sigurd poussa un petit soupir amusé en haussant les épaules, et repris son chemin jusqu’aux quais de transbordement, là où un navire affilié à la Santagricole ne tarderait pas à accoster pour débarquer toute sa cargaison de fruits.

-Tut tut tut. Où diable croyiez-vous donc aller, Capitaine ?
-On retourne bosser ?, essaya Dogaku en s’efforçant de ne pas sourire.
-…
-Mwarharharh. Bon bah j’aurais essayé d’esquiver le shopping, hei… Eeeeeh !! Mais vous avez vu les prix des costumes ! C’est mort, c’est du vol, j’rentre pas !.
-C’est une maison réputée. Et ils proposent des vêtements d’excellente qualité. Entrez donc.
-Certainement pas. Si je voulais brûler mon fric en truc inutiles, j’préfèrerais encore me faire des restau’ de malade, pas…
-Capitaine. Soit vous entrez dans ce bâtiment par vous-même…

Une succession de cliquetis métalliques se fit alors entendre. Sigurd se retourna immédiatement vers sa partenaire, pour se retrouver nez à nez avec un quatuor de chaînes d’acier qui dardaient dans sa direction, comme des serpents.  

-… soit je m’en charge pour vous, compléta la demoiselle en rapprochant encore un peu ses liens de Sigurd.
-Naaan, j’y crois pas. Z’êtes même pas cap’ de faire ça en publ… BWEEEEEEEEEEEEUUUUUUUUHHHHHHHH NAAAAAAAAAN PAAAAAAAAS LEEEEEEES TENTACUUUUUUUUUU  LLLEEEEEEEEEEEEUUUUUUUH…



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:07, édité 1 fois
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-OH OH OOOHHH! ET UNE BOUTEILLE DE RHUM!!!!!

Port de Norland, deux heures du matin. Juste ce qu'il fallait à Sigurd pour se réveiller brutalement dans son petit appartement situé non loin des locaux d'HSBC. De ce qu'il pouvait entendre sans même quitter son lit, le tapage nocturne était dû à une bonne dizaine de personnes au minimum. Et au nombre d'éclats de rires qui retentirent, c'était peut être bien le double ou le triple qui s'esclaffaient dans la rue.

-UN JOUR, JE SERAI ROI DES PIRATES! BRAHAHAR!!!
-YOUPI!
-LE ROI, LE ROI, TRALALA LA LE ROI!!!
-ROUGEAUD! UNE AUTRE TOURNÉE!!!
-JE DÉTRUIRAI LA MARINE, J'ECRABOUILLERAI LE GM, JE VENGERAI MES PARENTS!
-JE SERAI RECONNU COMME LE PLUS GRAND CHARPENTIER DU MONDE! TOM POUVAIT CONSTRUIRE UN TRAIN!? JE FERAI UNE FUSÉE QUI IRA SUR LA LUNE, COMME ENER!!!
-MES KEBABS SERONT LES PLUS APPRÉCIÉS DES SEPT MERS!
-TOUT À FAIT, MES AMIS! L'AVENIR APPARTIENT À NOS RÊVES, ET SI NOUS SOMMES ASSEZ FORTS, NOUS RÉALISERONS TOUT!! TOUS EN CERCLE, FIDÈLES COMPAGNONS! C'EST L'HEURE DU CHANT DE L'AMITIÉ!!!








Allons sur Armada

Le pays des pirates,

Allons sur Armada

Par-ce qu'on s'y éclate!

Allons sur Armada

Tout l'monde connaît l'chemin,

Allons sur Armada

Ce n'est jamais bien loin!


On y trouv' des dragons et des logias c’est l’bonheur!

On y trouv' des supernovas par dizaines et à toute heure !

Les pirates ont enfin de quoi faireuh tout c'qu'ils veulent!

Le GM ne fera rien puisqu’il a bien trop peur de Red!


Le grand Red chapeaute tout veille à notre liberté

Izya l'ange-dragonne construit de splendides complexes hôteliers

Les vrais pirates s'y massent tous en milliers d'unités

Même si Aoi-magma risque encore de tout carboniser


Allons sur Armada

Nous sommes la faction rouge,

Allons sur Armada

On lootera tout ce qui bouge!

Allons sur Armada

Plus besoin de farmer!

Allons sur Armada

Red va nous financer!

Allons sur Armada

La ronde de l'amitié!

Allons sur Armada

Nous fera triompher!



Le chant des pirates enivrés était comme un hymne à la joie et à la bonne humeur, mais c'était surtout une chanson aux paroles simples et sans prétention qui étaient toutes scandées sur un air énergique et entêtant. De quoi anéantir le sommeil réparateur des centaines de civils qui résidaient dans le quartier, mais aussi d'imprégner leurs esprits embrumés d'un air qui parasiterait durablement leurs esprits pour la journée à venir.

-PUTAIN MAIS C'EST PAS BIENTÔT FINI CE BORDEL???
-ON AIMERAIT DORMIR, OUAIS!!!
-C'EST PAS UNE HEURE POUR FAIRE LA FÊTE!!!
-MAIS QUE FAIT LA MILICE!?
-ELLE ARRIVE!! JE FINIS DE LACER MES CHAUSSURES ET JE FONCE, MONSIEUR!!!
-MOI AUSSI, J'ARRIVE!! ON NE LAISSERA PAS UNE BANDE DE PIRATES FAIRE CE QU'ELLE VEUT SUR LUVNEEL, PAROLE DE RÉVO!!!

Sigurd poussa un long râle mortifié en plongeant sa tête sous son oreiller. Il voulait dormir, et c'était comme si le monde s'acharnait à produire autant de vacarme que possible. Non contents de beugler de leurs voix enrayées, les forbans en étaient maintenant à provoquer une empoignade dans les rues, qui se transforma finalement en course poursuite lorsque, vingt minutes plus tard, le nombre croissant de leurs adversaires se fit intenable.

Le tout ponctué de cris de joie, de défi, de douleur et de fou rire pour faire hurler de rage tout le secteur.

Rien d'anormal pour des civils, en somme.
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-Mais que devient Norland ? C’est terrible !
-On a jamais eu autant de pirates dans la ville !
-Mes enfants n’arrêtent pas de chanter l’hymne d’Armada depuis qu’ils ont entendu ces odieux malfrats !
-A mon époque, c’était pas du tout comme ça, crénom de dieu !
-Y’a un an, c’était pas du tout comme ça, papy…
-Tais-toi donc, jeunot et ignorant ! Je me rappelle encore de la venue du terrible Mizukawa Sutero… comme si c’était hier ! La destruction du port, c’était la véritable époque, ça !
-C’était L’ANNEE DERNIERE, papy…

Nous étions maintenant deux jours plus tard, dans l’une des grandes salles des fêtes qui clairsemaient les agglomérations jouxtant le port de Norland. Suite aux incidents répétés des derniers jours, les différentes autorités de la commune avaient finalement organisé une réunion publique, où le maire de la ville devait s’exprimer devant tous pour présenter sa position sur le sujet, et s’efforcer de rassurer ses concitoyens. Une réunion qui avait attiré l’attention des médias, en plus de rassembler des membres en provenance de toutes les communautés de l’agglomération.

Pour sa part, Sigurd avait tout naturellement décidé d’assister à la déclaration publique : outre le tapage nocturne de l’avant-veille et la mauvaise rencontre qui l’avait précédée, le chevalier de Nowel avait été aux premières loges pour assister à l’augmentation significative des fréquentations pirates  au cours des semaines écoulées. Car au-delà de sa présence régulière sur les quais et dans la ville du fait de ses activités pour la HSBC et la Santagricole, ses quelques opérations de chasse au pirate pour s’emparer de leurs navires le rendaient particulièrement attentif à ces choses là. Et il se trouve qu’elles devenaient de plus en plus aisées au point qu’il se retrouvait avec l’embarras du choix.

Aussi, curieux et concerné, le chevalier de Nowel s’était discrètement positionné parmi la masse de centaines de spectateurs anonymes. Tous attendaient et espéraient que le maire et ses équipes leurs présenteraient des solutions à explorer pour endiguer le problème.  Au-delà des personnes présentes dans l’énorme bâtiment, des denden étaient chargés de retransmettre en temps réel l’intervention du maire sur les grandes places de la cité de Norland.

Ou tout du moins, auraient du le faire. Le maire n’était toujours pas arrivé, une demi-heure après le début de la réunion.

Et cela commençait effectivement à faire très long pour le public, qui commençait maintenant à s’impatienter. Les différents petits groupes qui composaient l’assemblée temporisaient au maximum en y allant chacun de leur conversation, mais leur nervosité prenait progressivement le dessus. Pour sa part, Sigurd était venu seul, même s’il avait très rapidement retrouvé un petit groupe de commerçants qu’il connaissait bien. C’était chez eux qu’il s’était tout d’abord introduit à ses débuts sur Luvneel, pour la simple et bonne raison que Dogaku était venu dans cette cité sur la recommandation d’un membre de leur réseau privilégié, à savoir un autre sympathisant révolutionnaire du royaume.

Sigurd savait pertinemment quelle était l’affiliation de chacun d’eux, même s’il prenait grand soin de ne pas apprendre quoi que ce soit d’important à leur contact. Une discrétion qu’ils appréciaient et respectaient, au point de l’inviter à les rejoindre sans la moindre hésitation. Il était toutefois clair que ces gens étaient de simples sympathisants, et non pas des agents actifs et opérationnels, et encore moins recherchés. Restait néanmoins qu’il aurait été très malvenu de leur part de crier leur allégeance au grand jour, même à Luvneel.

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs… si vous voulez bien m’excusez.

A califourchon sur son siège, Sigurd se retourna pour faire face à l’estrade. Un homme en costume-cravate à l’allure officielle se tenait au centre de la scène, avec dans sa main un denden-micro chargé de faire porter sa voix dans toute la salle à l’aide de quelques haut-parleurs placés dans toute la salle. Des habitués des affaires de la ville auraient reconnu cet homme comme un des bras droits du maire, mais Dogaku n’était pas de ceux là – pas encore.

-Me voilà… contraint… de vous annoncer… que monsieur le maire ne pourra pas venir ce soir.

Eclats de protestations dans la salle. Personne ne prit réellement la parole, mais les exclamations frustrées de l’assemblée se marièrent en un brouhaha de fond qui en disait bien assez.

-Pour tout vous dire, continua l’officiel, le maire se trouve actuellement devant le lycée Saint-Haubert de Mousquetolle, où il semblerait qu'un groupe de criminels se faisant connaître comme étant l'équipage des Anges de l'Apocalypse se soit retranché au terme d'une échauffourée avec la milice.

Et là, stupeur dans l'assemblée. Si ce n'était pour l'heure tardive de ce début de soirée, les spectateurs les mieux lotis se seraient inquiétés pour le bien être de leurs enfants, car c'était dans cet établissement de prestige qu’étaient rassemblés la majorité des adolescents les plus aisés de la ville.

-Les anges de quoi?
-Tssss, ces pirates... tous ridicules.
-Ça commence quand même à être vachement chiant, tous ces pirates. Qu'ils viennent jouer aux clochards dans nos rues ou qu'ils pourrissent notre ville, c'est déjà trop... mais alors là…
-Et que comptez vous faire pour empêcher ça, à la marie !? Utilisez la milice, utilisez l’armée, la garde royale, les révolutionnaires, je ne sais pas !
-Faîtes quelque chose contre les pirates, ouais !

Voilà encore autre chose qui arrivait. L’adjoint au maire aurait aimé que son supérieur soit là pour arranger le coup. Lui ou un responsable de la garde royale, peu importe.

Mais en l’état, l'administratif faisant office de bras droit au maire se félicita d'avoir communiqué le minimum d'information. La vérité était que ces pirates avaient précisément voulu capturer autant de jeunes gens de classe aisée que possible, et qu’ils auraient vraisemblablement réussi leur coup si la milice n'avait pas réagi dans des délais spectaculaires: coincés dans le bâtiment par une police en surnombre, les ravisseurs étaient devenus preneurs d'otages, et désespéraient maintenant d'avoir la moindre chance de s'en sortir.

Des détails que ses concitoyens n'avaient pas encore besoin de savoir: il n'avait certainement pas besoin que l'assemblée commence à s'énerver et paniquer, ou pire encore.

Peut être que les civils lui en voudraient ultérieurement pour l'omission, mais il se devait de garder une certaine modération dans les détails qu'il distribuait : ce serait à un officier de la milice de préciser la présence d'otages, et d'indiquer que le fils du maire faisait lui même partié des captifs. De quoi leur procurer un capital sympathie non négligeable, aussi terrible cela puisse-t-il être. C'était la politique.

Toutefois, le politicien en devenir n’eut pas le temps de prolonger son raisonnement, et encore moins de présenter devant les électeurs quelles étaient les pistes qu’étudiaient actuellement les autorités de la cité portuaire de Norland.

Il fut interrompu par l’arrivée d’un homme qui sembla surgir de nulle part, et qui ne tarda pas à lui enfoncer un long sabre de facture asiatique en travers du ventre, par derrière.

L’adjoint au maire hurla de douleur, terrassé par les terribles ondes qui parcouraient son corps. Un hurlement de mort qui s’amplifiait encore et encore tandis que l’épée commençait à se frayer un chemin parmi ses boyaux.

La chose devint encore plus effroyable lorsque la lame commença à remonter progressivement le long du tronc de l'individu, ouvrant progressivement l’homme en deux sous le regard horrifié du public.

Tremblant de douleur, perdu en spasmes et soubresauts, l'homme se perdit en gémissements déformés et en clameurs inhumaines tandis qu’il essayait de freiner l'arme avec ses mains. Mais toute la force de ses bras se retrouva insuffisante, et au final...

-Hahaha ! Ca marche encore mieux que prévu, tiens.

La grotesque carcasse sanguinolente et déformée du fonctionnaire bascula vers l’avant, poussée par la lame du nouveau venu. C'était tout un tas d'organes, de fluides et de graisses qui se déversèrent en un amas spongieux qui ne ressemblait plus à rien. La vision était absolument abominable, et l'odeur proprement monstrueuse. Le silence absolu qui s'installa permit à chacun de ressasser l'écho des mugissement épouvantables du triste mort. Et nombreux furent ceux à s'en sentir nauséeux.

Mais le nouveau venu se montra complètement indifférent à ce macabre épisode, et ne tarda pas à prendre le parole d’un ton chaleureux et avenant, sans prêter la moindre attention aux expressions variées de sa nouvelle assemblée.

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Bonjour à tous! Et excusez-moi pour cette entrée un tantinet fracassante, mais j'avais besoin d'illustrer que je ne plaisante pas. On est bien escargot-diffusé, non? Surtout, ne faites pas ça chez vous, les enfants!

Le meurtrier était un jeune homme à peine majeur, frôlant peut être la vingtaine, au physique mince mais élancé, et vêtu d’un ensemble de cuir noir qui exposait son torse, ses bras et ses mollets. A sa ceinture, on retrouvait divers ustensiles métalliques en tout genre, ainsi qu’un nombre impressionnant de porte-clés colorés.

-Je me présente: John Longhorn, dit Jokey. C'est sous ce nom qu'on a appris à me connaître dans le grand monde. Je suis le second du capitaine d'un certain équipage pirate nommé... les Anges de l'Apocalypse. Je pense que vous en avez entendu parler un peu moins de deux minutes plus tôt, non ?

Flashback a écrit:Pour tout vous dire, continua l’officiel, le maire se trouve actuellement devant le lycée Saint-Haubert de Mousquetolle, où il semblerait qu'un groupe de criminels se faisant connaître comme étant l'équipage des Anges de l'Apocalypse se soit retranché au terme d'une échauffourée avec la milice.

Énorme silence, qui s’éternisa une dizaine de secondes. Juste le temps pour que le poids de l’information ait le temps de s’enfoncer comme du plomb dans l’estomac des civils rassemblés avec le tueur.

-Exactement ! Voyez vous... mon capitaine compte sur moi pour faire office de diversion. Comme vous l'a annoncé monsieur Tas-de-viande-écrasée-sur-le-sol, un certain nombre de mes petits copains sont coincés sur les bancs de l'école à cause des flics. Et on pense bien qu'ils accepteront de laisser partir une vingtaine de pirates en échange de la vie de quelques centaines de personnes. Mais on peut se planter, après. Oh, et ne vous en faîtes pas pour moi. Je saurai m'en sortir. Le chaos, ça me connaît.

A l’autre bout de la salle, plusieurs personnes décidèrent de ne pas perdre un instant pour prendre la fuite. C’était bien simple : la grande salle où ils se situaient disposait de trois grandes portes qui débouchaient sur l’antichambre du bâtiment. Les individus situés au plus près de ces sorties essayèrent tout naturellement de les emprunter.

Pourtant, ils eurent la mauvaise surprise de s’en retrouver bien incapables. Sur chacune de ces portes était accroché un petit talisman en papier, de style semblable aux mystiques asiatiques, sur lequel on pouvait voir un grand symbole circulaire de couleur jaune. Et ces symboles exerçaient sur leurs victimes un sentiment d’oppression impérieuse qui repoussait quiconque essayait de s’en approcher. Ca n’était pas une force physique qui les en écartait, non. C’était une sensation épidermique qui venait des gens eux-mêmes. C’était…

-Jaune citron, zone prison !, s’amusa le pirate. Inutile d’essayer de forcer mes barrières. Je ne pense pas qu’aucun de vous ait suffisamment de dori… euh… de force mentale pour outrepasser mes sceaux. Mais libre à vous de me prouver le contraire.

Le pirate avait l’air de bien s’amuser face à sa petite foule. Entre la quantité de personnes qui s’étaient levées pour s’approcher des portes, les quelques gros bras qui peinaient encore à se motiver pour venir jusqu’à lui, et ceux qui restaient assis sans trop savoir que faire, il y avait là toute une faune qu’il ne se lassait pas d’observer.

Aussi Longhorn décida-t-il de prendre son temps. Au diable les forces de police et les autorités ; ça n’était pas tous les jours, que l’on pouvait avoir plusieurs centaines d’otages à sa disposition. Un exploit qui lui rapporterait plus d’une trentaine de points, rien que ça.

*Note : le gag du flashback est une idée mesquinement reprise de Hyuma, foncez lire toute sa prez’ qu’est trop cool !



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:07, édité 1 fois
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Mais au final, Jokey n’était pas devenu pirate sans raison. Il ne supportait pas de rester sans rien faire, pas plus qu’il ne pouvait se tenir à un plan sans décider de finalement n’en faire qu’à sa tête. Or, son capitaine l’avait chargé d’une lourde tâche. Mais lui-même avait ses propres projets pour ses nouveaux otages.

-Ecoutez moi tous ! Changement de programme ! C’est vrai que vous êtes mes otages, mais… je dois tout de même vous avouer... que toute cette histoire ne me plait pas vraiment.

Le pirate dégaina son sabre avec élégance, puis s’avança de quelques pas jusqu’à la bordure de l’estrade. Une dernière fois, il embrassa du regard la scène qui se présentait à lui : trois cent âmes toutes prêtes à être moissonnées.

Et finalement, il reprit:

« Je dois vous avouer que je ne me voyais pas en train de kidnapper des mômes pour faire cracher du fric à leurs parents, quand je les ai rejoins. Les Anges de l’Apocalypse. Mon truc à moi, c'est le théâtral. J'aime quand les choses ont du sens, qu'elles le font savoir. Mais être un kidnappeur... c'est pas une vie, c'est juste sale. Ça n'a aucun goût, c'est juste professionnel. Il n'y a pas de plaisir. Et je ne pense pas qu'aucun pirate devrait vivre comme ça. Faire le bordel, faire tout ce qu'on veut, quoi! Il faut se faire plaisir. Contrairement à ce que vous pouvez vous dire, les pirates ne sont pas juste une bande de rebuts du monde qui n’ont pas trouvé leur place où que ce soit, qui ne savent guère faire autre chose que de se battre ou faire de leur mieux pour ne pas mourir, et vivre aux crochets d’un capitaine pour être exploités comme les rats qu’ils sont jusqu’à leur mort prématurée et misérable. Ca n’est pas vrai. Pas dans mon rêve, en tout cas.

La piraterie, ça devrait être la liberté. Le choix du libre arbitre, et sa suprématie sauvage et absolue sur le monde pris dans son ensemble ! Ne faire que ce que l’on veut, quand on le veut, sans avoir de compte à rendre à personne, sans rien devoir à qui que ce soit, et en écrasant par la force quiconque vient nous chercher des noises ! Et au lieu de ça, vous savez quoi ? Mon capitaine, ce pauvre opportuniste avare et grossissant, a décidé d’aller s’inféoder à un roublard de la guilde des usuriers pour renflouer ses forces. Cet imbécile a décidé de tous nous vendre avec sa marque noire et il s’est fait tatouer comme un clébard ! Parce que écoutez ça : il va servir de chien et de sangsue servile pour Armada ! Ca n’est que de la faiblesse, ça. Il lèche les pieds des Usuriers pour avoir ce qu’il veut. Un pauvre parasite suceur de sang… et qui à son tour… voudrait nous exploiter, nous faire crever pour lui. Pas du tout un gars qui correspond à mon profil, vous voyez ? Avec lui, on vivotera gentiment sur les bleues, sans plus. Et ça n’en vaut clairement pas la peine. A ce prix là, autant rester civil, et vivre dans la merde sur terre plutôt que sur un bateau.

Et puisque c'est comme ça... eh bien JE VAIS ME FAIRE PLAISIR!!! ET IL SE TROUVE QUE JE MEURS D'IMPATIENCE D'ALLER FAIRE LE MARIOLE SUR GRANDLINE, VOUS VOYEZ?!?! MAIS ATTENDEZ UN PEU, CAR CA N'EST PAS DANS MON ÉQUIPAGE DE BRANLEURS QUE CA SE FERA !! EUX ILS PRÉFÈRENT SE FAIRE DU FRIC EN RONRONNANT PARESSEUSEMENT SUR LES MERS BLEUES!! MAIS MOI JE NE VEUX PAS DE CA !! ET JE NE VEUX PAS ÊTRE AFFILIÉ À CES GENS LÀ !! ET J'EN AI MARRE D'ENTENDRE QU'UN PIRATE ARTISTE DANS L'ÉQUIPAGE CA NE SERT À RIEN !! ALORS JE VAIS VOUS MONTRER CE QU'EST DE L'ART !! JE VAIS TUER TOUT LE MONDE ICI, ET JE VAIS UTILISER VOS PAUVRES CARCASSES POUR TAPISSER LES MURS! CA CA SERA DE L'ART !! ET LE MONDE SAURA ALORS QUE JOHN LONGHORN, ALIAS JOKEY, AURAIT PARFAITEMENT SA PLACE DANS L'ÉQUIPAGE DU MALVOULANT!!

EEEEEEEEH EEEEEEEEEEH EEEEEEEEEH HA AHAH HAHAHAHA !!!!! ZWEEEHEEEHEEEHAHAHAHA !!!! »

Ce faisant, l'homme raffermi sa prise sur son sabre, et s'élança. À peine eut-il toutefois le temps de faire trois pas qu'une trentaine de coups de feu partirent de l'assemblée.

Car dans un monde aussi dangereux, où la piraterie et le crime étaient des styles de vie très alléchants, où la violence et la brutalité étaient glorifiés par les médias et les légendes urbaines, et à fortiori dans des situations de crise telles que celle-ci, il n'était guère surprenant que des civils décident d'acheter de quoi se défendre par eux même.

Sigurd lui même avait fait feu, en empruntant un pistolet au commerçant pro-révolutionnaire assis à ses côtés. L'homme avait tiré son arme de sous sa veste d'un geste malhabile, tandis que Dogaku était connu comme un ancien militaire dans toute la ville ; l'échange se fit naturellement.

Et maintenant, Longhorn se tenait toujours debout sur la scène, le corps criblé de balles, la chemise noyée de sang, mais loin d'être terrassé. Pantelant du traumatisme de la douleur, le pirate s'écria:

-Eeeeeeh, c'est pas sympa des trucs comme ça! Attendez de voir ce j'peux faire! Me prendre par surprise, c’est nul !

Les rares personnes dotées d'une arme à plusieurs coups ouvrirent le feu une seconde fois, mais en pure perte: le pirate esquiva tout en bondissant sur le coté. Il continua sa course en slalomant jusqu'aux premières rangées de bancs, sabre au clair. Enfin, Longhorn se jeta lourdement au beau milieu de la foule en panique, pour finalement mourir entre leurs bras. Ses blessures étaient évidemment fatales, et l'homme venait d'accélérer les choses avec sa gymnastique. Tout simplement.

Mais ça, presque personne dans la grande salle ne le remarqua. Dans le grand mouvement de panique qui résultat de ses acrobaties, plusieurs centaines de gabarits différents s'efforcèrent de s'éloigner au maximum du point de chute de John Longhorn. Et les cris de panique mêlées aux frémissements fibreux de leurs instincts de survie poussa tout ce petit monde à se précipiter vers les sorties condamnées par les sceaux de couleur. Plusieurs dizaines de personnes se retrouvèrent ainsi coincées entre des portes qui les repoussaient de leur aura surnaturelle, et la pression cumulée de tous leurs pairs qui les écrasaient contre ces minces parois.

Heureusement, les sceaux de couleur n'étaient que des répulsifs, pas des verrous. De sorte que les portes finirent par ployer sous la charge terrifiante qui s'appliquait sur elles.

La cohue qui s’ensuivit portait pourtant en elle les germes de terribles accidents, et de nombreux blessés, écrasés, piétinés ou bousculés  furent à déplorer. On ne recensa pourtant aucun mort parmi les civils, par chance.

Aucun, sauf la malheureuse forme charnue qui siégait désormais seule sur l’estrade, bien sûr.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:06, édité 1 fois
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La sinistre soirée était passée. Nous étions maintenant deux jours plus tard, au sein des locaux d’HSBC, dans le grand bureau que se partageaient Dogaku et sa partenaire, Evangeline Haylor. Particulièrement sobre comme tout l’ensemble du bâtiment il y a encore quelques mois, le mobilier de cette salle avait grandement évolué depuis leur acquisition des locaux. Fauteuils en cuir ostentatoires misant au maximum sur le confort, bureaux de travail aussi spacieux que luxueux, presses papiers de cristal façonnés à l’effigie de grands mammifères marins tels que le cachalion, étagères et parquets en bois de cylarbe auburn importés d’Egranard, et mangeoires ergonomiques avec plateformes pour leurs escargophones respectifs constituaient autant de symboles d’opulence qui ne trompaient pas : leur affaire marchait très bien. Et en l’occurrence, Scott, l’animal téléphonique de Dogaku, était en grande conversation avec son maître bien aimé.

-Ah, monsieur Dogaku !, indiqua la voie d’un des clients de la Santagricole. Je voulais justement vous demander comment les choses se passaient.
-Oh, bah très bien. Pour notre petite affaire, on nous a récemment confirmé que le bateau dont j’ai récemment fait l’acquisition était en parfait état de marche, donc on aura de quoi suivre votre commande comme convenu. Pour les détails de…
-Non, non. Je veux dire… par rapport à ce qui s’est passé avant-hier. La salle des fêtes. Un de mes collègues m’a dit que vous y étiez....
-Oh… ça… euh ouais.

Sigurd ricana sans entrain en échangeant un regard avec sa partenaire, qui grimaçait. Même maintenant encore, ça n’était pas exactement un sujet qui le mettait à l’aise. L’image du fonctionnaire ouvert en deux, l’odeur monstrueuse qui en était sortie, les cris de la foule et la grande folie en résultant n’avaient rien de bons souvenirs. Et pourtant,  il avait déjà raconté l’histoire plus d’une dizaine de fois à tous les curieux qui l’alpaguaient, rien que sur son lieu de travail.
Son associée avait été la première à prendre de ses nouvelles, sans surprise. Le soir même, Scott avait été noyé sous les coups de fils répétés.

-Vous n’êtes pas obligé d’en parler si vous ne le voulez pas, lui glissa-t-elle lorsqu’il en eut fini avec son interlocuteur.
-Boah, ça va, vous en faîtes pas. C’est pas pire que les victimes des lances flammes de Nat’ ou quand miss marteau et ses Bark Knight nous ont déboulé dessus ou…
-Nous étions dans la milice, à ce moment là. Ca n’était pas du tout le même contexte. Ces choses là ne devraient pas arriver ici.
-Clair que c’est aussi sympa que se faire tirer dessus en allant faire ses courses, mais…
-…
-Naaaan, ça va très bien, j’vous dis.
-Bien sûr que non, vous n’allez pas bien. Vous ne vous êtes pas laissé distraire par quoi que ce soit depuis ce matin. Vous ne fuyez pas en pause café une fois par heure, vous ne...

On pouvait supposer qu’Haylor et Dogaku partageaient leur bureau parce qu’ils s’entendaient extrêmement bien, ou encore parce qu’ils étaient les deux gérants de l’affaires. Mais c’était également un agencement qui permettait à la jeune femme de pouvoir surveiller en continu le degré de nonchalance de son partenaire, et de lui tirer dessus à boulets rouges en cas de laisser-aller excessif. Une autre vieille habitude qu’ils avaient conservée de leur non-coopération initiale dans la milice de leur royaume, il y a deux ans de cela. Et qui s’avérait encore utile à quelques occasions.

-Boah, si vous voulez, je peux…

Sigurd chercha quelque chose à répliquer, mais fut interrompu par un autre clapotement de son escargophone. Au son caractéristique fredonné par Scott, à savoir un air de vive le vent vantant les mérites de Santa Klaus sur Panpeeter, il reconnu le son de l’accueil d’HSBC.

-Ouaaiiiis, c’est pour ?
-Des visiteurs pour vous et miss Haylor, Monsieur. Un officier de la milice… et une délégataire de la mairie.
-Oh put’… oooookay. On arrive, on arrive.

Les deux compagnons s’échangèrent un regard surprise, cette fois. Voilà encore autre chose qu’ils n’avaient pas prévu.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Sam 12 Sep 2015 - 9:10, édité 2 fois
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-Aloooors… vous voulez boire quelque chose ? Grignoter ?

Les deux invités surprise des chevaliers de Nowel n’en croyaient pas leurs yeux : en l’espace de quelques secondes, c’était un véritable assemblage de victuailles qui s’était agencé sous leurs yeux. Une tradition importée du royaume natal de nos protagonistes, où la collation de milieu de journée était une véritable institution. Biscuits sablés, pains céréaliers, scones, crèmes de fruits et morceaux de cake maison les invitèrent à patienter sur la grande table de réunion, tandis que les deux civils préparaient leurs boissons respectives avec une diligence qui relevait pratiquement du religieux.

-Oh, bredouilla l’officier. Je ne m’attendais pas à… nous ne voudrions pas abuser de…
-Fai fuper mvon !, s’esclama l’envoyée de la mairie en attaquant le gâteau.
-Et encore, attendez de voir le café ! Vous allez voir ce que ça peut faire, un vrai civil non combattant.
-Mais nous ne… enfin… pressés…

Le milicien fut interrompu par miss Haylor, et la tasse de thé qu’elle lui glissa entre les mains. Tasse de thé qu’il ne tarda pas à porter jusqu’à ses lèvres, envoûté qu’il était par les effluves fruitées du délicat breuvage. Et le silence cérémonieux qu’il conserva en dégustant sa part montra à quel point ses hôtes venaient de le séduire : ce n’est que lorsque Sigurd l’y invita qu’il décida de parler.

-Euuuh… pitié, dîtes moi que ç’a rien à voir avec ces histoires de pirates, s’il vous plait.
-Malheureusement si.
-Aw. Evidemment.
-Nous nous demandions… pendant vos chasses aux navires. Est-ce que vous auriez fait quelque chose qui pourrait être en lien avec tout ceci ?

Une remarque étrange, et étonnamment ciblée. Les deux civils se consultèrent brièvement du regard avant de s’en retourner vers leurs deux visiteurs.

-Beeen… non ?
-Je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire, appuya Evangeline.
-Je ne sais pas. Enerver quelqu’un, éveiller des rancunes, vous faire un ennemi qui souhaiterait se venger de vous… ou de Luvneel en général ?
-Vraisemblablement pas, non.
-…
-…
-Cherchez pas à nous regarder comme ça, la réponse est non.
-Bon. Je vois.

-Et puis, ça serait franchement bizarre que si c’était le cas, les pirates viennent en pack isolés comme ça sans venir directement nous chercher des noises. D’autant plus qu’à part les gens à qui on a demandé l’autorisation, personne ne sait rien de tout ça. Après j’aurais cru que si les gens venaient à savoir qu’on prédatait les pirates, ça les aurait incités à ne pas venir ici, au contraire.
-Oui… ça me semblait improbable à moi aussi, appuya l’administrative. Mais nous devions quand même vérifier. Désolée.
-…
-…
-Rassurez-moi, vous avez d’autres pistes que nos histoires de bateaux, nan ?
-Bien sûr.
-Bien sûr… et ?
-Enquête confidentielle. Nous ne pouvons rien vous dire.
-Youpi.

-…
-…
-Euh… z’êtes venus pour autre chose, aussi ?
-Eh bien… non. Je veux dire… oui. Enfin…
-Il y a une chose pour laquelle vous pourriez nous aider, intervint l’officier.  En fait…



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:05, édité 1 fois
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-Eeeeeeeeh, regardez ce que je nous ai dégoté là ! J’nous ai trouvés !
-Faîtes donc voir ça ?

► [1625] LES CHEVALIERS DE NOWEL :
Une petite île de Northblue, Panpeeter, a été prise en otage et ses habitants menacés d'extermination par le terrible capitaine Crachin, qui avait conçu un terrible dispositif en vue d'obtenir un fruit du démon : toute tentative entreprise contre lui devait conduire à l'assassinat de toute la population insulaire. Les efforts de la marine demeuraient vains, et l'agacement d'un long siège allait conduire à une solution peu économe en dommages collatéraux, lorsque l'intervention héroïque d'une œuvre caritative nouvellement formée à l'initiative de Mr. Klaus a changé la donne. La nouvelle s'est répandue dans tout North Blue comme une trainée de poudre : cette association civile s'est donné le but de répandre l'esprit de nowel, la paix et l'amour dans le monde, et lance dès aujourd'hui un appel à donations afin de pouvoir poursuivre sa mission !

-Rhoooo les chiens ! « Petite île de North Blue » ? C’était beaucoup plus grand qu’une grande île importante des bleues genre… euh… Manshon, par exemple !
-« Appel à donations »… je n’ai toujours pas vu la couleur de quoi que ce soit, s’assombrit Evangeline. Seuls les habitants de Panpeeter ont prit la peine de nous verser… quelques centaines de milliers de berries chaque mois. Une broutille…
-Et c’est ainsi que naquit HSBC, sombre entreprise versée dans les arts obscurs de la finance et de l’entrepreneuriat… parce qu’on peut rien faire de bien si on a pas de cash, et que personne ne veut nous donner de cash. Heureusement que je vous ai et que vous êtes juste magique et merveilleuse, la miss. Mwarharh.
-Pfff, sourit l'autre.

Haylor et Dogaku avaient été informés de l’avancement des recherches de la milice, et ceci pour une celle et unique raison : on venait tout simplement de leur demander s’ils étaient prêts à apporter leur aide. Ce à quoi ils avaient bien évidemment répondu par l’affirmative : ils étaient chevaliers de Nowel, et c’était bien pour cette raison qu’ils avaient monté leur affaire. Dans le cas contraire, dieu seul savait ce qu’ils auraient pu faire ; leurs prédispositions les auraient vraisemblablement amenés à rejoindre la marine, cela dit.

De leur coté, les miliciens n’avaient eu aucun mal à apprendre quelle était la cause de la prolifération subite des pirates. Ils ne disposaient peut être pas des moyens et de l’envergure de la marine mondiale, mais ils avaient l’avantage de ne pas avoir à couvrir un territoire aussi large, de même qu’étant à domicile, ils connaissaient très bien leur terrain et ses habitants, qu’ils soient recommandables ou non. Et toutes les rumeurs allaient dans le même sens. Ca n’était pas une surprise : les criminels qui étaient à l’origine de tout cela ne se cachaient pas le moins du monde. Ils étalaient pratiquement leur publicité au grand jour, en vérité.

Tout le monde connaissait Armada, le gargantuesque échafaudage de navires entrelacés au gré des arrivages qui s’agençait en un résultat indescriptible. Tout le monde connaissait Red, ancien marine devenu pirate, et désormais maître de la plus grande association de pirate voguant sur la route de tous les périls.

Et pour ce faire, il suffisait de lire les journaux, ou de consulter les archives en libre service pour se renseigner davantage :

► [1625] L'ARMADA DES LIBRES PIRATES :
Le capitaine Red forme une confrérie de pirates sur une gigantesque ville flottant au nom porteur de projets terribles : Armada.

-Et la marine ne fout strictement rien, renifla Dogaku. Pas de commandos d’élites, pas de super amiraux, pas de cyborgs pacifistas à lasers bioniques ou de quoi que ce soit. Par contre quand il s’agit de venir pourrir nos boutiques en mode dégâts collatéral sous prétexte qu’on est en train de chasser du révo inoffensif, là ça y va…
-Ne dîtes pas n'importe quoi. Ils ont forcément dû faire quelque chose. Ca serait impossible que...

Ce que l’on savait moins, c’était que ce terrible pirate aspirait vraisemblablement à étendre son influence sur autant de réseaux que possible, et avait récemment porté son attention sur les quatre mers bleues. Pour ce faire, le richissime malfaiteur n’avait pas eu à chercher bien loin : il était riche au-delà de toute décence, au point d’avoir probablement plus d’argent qu’il n’en avait réellement besoin. Tant et si bien qu’il pouvait littéralement s’acheter s'acheter cette influence tant désirée.

C’était exactement ce que John Longhorm, le pirate qui avait pensé faire un carnage trois jours plus tôt, avait décrié : pour débuter leurs aventures dans des conditions facilitées, nombreux étaient les pirates qui étaient prêts à hypothéquer leur indépendance ou leur liberté.

D’un autre coté, cela expliquait parfaitement pourquoi de plus en plus de navires se retrouvaient à hisser ce que l’on appelait désormais le drapeau rouge, et qui n’était rien de moins que l’emblème de ceux s’étant affiliés au capitaine Red. Ca n’était pas une simple rumeur : ces pirates eux-mêmes clamaient haut et fort leur allégeance, conformément aux accords qu’ils avaient passés avec le maître d’Armada.

-Aaaaah, Sigurd. J’ai trouvé quelque chose de très récent… regardez…
-Uh ?

► [1626] La fin du gros porc :
 
Alors que la nouvelle de l'arrestation des Darksmoks par la BNA fait encore les gros titres, on apprend que le responsable de cette arrestation n'est autre que le Capitaine Red qui s'est arrogé illégalement les primes de tout l'équipage, pas loin d'un milliard de berry ! Midas, son partenaire et le leader de la BNA est aussitôt annoncé comme criminel. C'est à ce moment que réapparait mystérieusement Rydd Steiner, le Tigre Rouge, qui a manifestement exécuté Midas pour le compte du gouvernement mondial. Les membres de la BNA présents à Whiskey Peak ont aussitôt élu Rydd Steiner comme leur nouveau chef. Avec ce nouveau rebondissement, la BNA va devoir se refaire une réputation ! Une tâche ardue que le nouveau leader va devoir prendre à bras le corps.

-IL A FAIT QUOI !?, hurla soudainement Sigurd. AAAAAAAH JE VOIS, ALORS C’ETAIT LUI CETTE HISTOIRE ? J’EN AVAIS ENTENDU PARLE, MAIS JE SAVAIS PAS QUE… ALORS C’ETAIT LUI ?
-Euh… Capitaine ?
-HUIT CENT PUTAIN DE MILLIONS DE BERRIES !! C’ETAIT PAS UN MILLIARD, C’ETAIT HUIT CENT MILLIONS ! UN PIRATE A CHOPPE HUIT CENT PUTAIN DE MILLIOINS DE BERRIES SUR LE DOS DU GOUVERNEMENT MONDIAL PARCE QU’IL A CAPTURE UN PUTAIN D’EQUIPAGE DE TROUS DU CULS PERDUS DANS LE BAC A SABLE DE LA ROUTE DE TOUS LES PERILS QUI FAISAIENT CHIER PERSONNE D’AUTRE QUE TOUS LES TORDUS QU’AVAIENT RIEN DE MIEUX A FOUTRE QUE D’ALLER VIVRE SUR L’EQUATEUR !!! ET REGARDEZ CA !!! HUIT CENT PUTAIN DE MILLIONS DE BERRIES !? ET LE FISC REFUSE QU’ON TOUCHE AUTRE CHOSE QUE NOS DIVIDENDES SOUS PRETEXTE QU’ON EST EMPLOYEURS ALORS QU’UN PIRATE PEUT S’EN TIRER AVEC DES MERDES PAREILS !? NAN MAIS VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE OU QUOI !? ILS VEULENT LITTERALEMENT NOUS INVITER A DEVENIR PIRATES, C'EST CA?? JE VEUX MON SALAIRE, BORDEL !!

Pour replacer les choses dans leur contexte, il fallait indiquer que nous étions au lendemain de leur entrevue avec les officiels, une nouvelle fois sur les quais de la cité maritime, dans la zone dédiée au stationnement des navires de plaisance et de transports de personnes. C’était aussi ici que la majorité des marins ou voyageurs débarquaient, et donc tout naturellement là que l’on trouvait la majorité des services d’accueil, d’hébergement et de restauration aux particuliers.

En d’autres termes, beaucoup de tavernes et d’auberges pour le peuple, tandis que bistrots, hôtels et restaurants se partageaient le reste du transit de Norland. Une zone extrêmement peuplée et exposée en permanence. Sigurd et son amie se trouvaient sur la terrasse d’un restaurant où ils avaient leurs habitudes, et s’étaient posés ici pour éplucher leurs copies d’archives tout en profitant du soleil.

Sans surprise, tout le monde regardait maintenant le chevalier de Nowel en se demandant ce qui allait encore se passer. Ca n’était pas la première qu’Haylor et Dogaku se démarquaient du lot avec des excentricité en plein publique, mais les choses avaient toujours été intéressantes, et même divertissantes à regarder.

Par contre, c’était bel et bien la première fois qu’ils assistaient à l’une des crises de nerfs de Dogaku. Elles avaient beau être rares, elles étaient toujours impressionnantes… et monstrueuses.

-OOOOOOH, ALORS VOUS ME REGARDEZ TOUS BIZARREMENT COMME CA, HEIN ? ET SI JE VOUS DIS QUE C’EST A CAUSE DE RED LE PIRATE QU’ON A TOUTES CES EMMERDES SUR NORLAND, VOUS ME REPONDEZ QUOI !? NAN PARCE QU’IL SE TROUVE QUE MOSSIEUR LE PIRATE A DECIDE QU’IL ALLAIT PRENDRE AUTANT D’INFLUENCE QUE POSSIBLE, ET MAINTENANT IL SE MET A SPONSORISER TOUS LES GUIGNOLS DE SERVICE QUI ACCEPTERONT D’ALLER LUI LECHER LES PIEDS COMME DES SANGSUES SERVILES !! CA S’APPELLE LA GUILDE DES USURIERS ET LE DRAPEAU ROUGE, TOUT CA !! IL LES FINANCE, IL LES EQUIPE ET IL LES RECUPERE UNE FOIS QU’ILS TIENNENT LA ROUTE !! ET IL LE FAIT SUR LUVNEEL, ET C’EST POUR CA QU’ON A AUTANT DE PUTAIN DE PIRATES QUI SE PROMENENT DANS LE COIN CES DERNIERES SEMAINES !! ET ILS FONT CA SUR NORLAND BIEN SUR, PARCE QUE LUVNEELPRAD C’EST PEUT ETRE COOL POUR SE LA JOUER MAFIEUX, REVO ET CONTREBANDE, MAIS QUE DES QU’IL S’AGIT DE PROFITER DU PLUS GRAND PORT DU ROYAUME ET DE TOUTES SES INSTALLATIONS, C’EST CHEZ NOUS QUE CA MARCHE LE MIEUX !! VOUS TROUVEZ CA NORMAL, VOUS !? EH BAH POUR INFO, Y’A AUSSI DE CES MERDEUX DE PIRATES SUR LUVNEELPRAD, ET DANS D’AUTRES VILLES AUSSI. ET CA VA CLAIREMENT PAS DURER. PARCE QUE FOI DE CHEVALIER DE NOWEL, PUTAIN QUE J’EN AI MARRE DE CE BORDEL DE ROUGES DANS TOUS LES SENS. ROUGE, OUAIS. PARCE QUE TOUS LES PIRATES A LA BOTTE DE RED ARBORENT MAINTENANT LE DRAPEAU ROUGE. DU COUP VOUS VOYEZ CES NAVIRES, LA, ET LA, ET LA ET LA ET LA ?!? TOUS DES PIRATES, VOUS L’AVEZ DANS LE MILLE., C’EST LIMITE ECRIT DESSUS !

Et le voilà qui était lancé, grimaça la demoiselle. Haylor le regarda déclamer sa rage soudaine face à la foule qui se faisait toujours plus nombreuse au fil de son… argumentaire, pour peu qu’on puisse qualifier la chose de la sorte. Mais d’un autre coté, Evangeline était ravie. C’était typiquement dans ce genre de situations qu’elle se souvenait clairement pourquoi elle trouvait son collègue exceptionnel. Quand il s’énervait et agissait de la sorte, elle le trouvait toujours vraiment… agréablement… merveilleusement… incroyable et fabuleux.

La dernière fois qu’elle l’avait vu comme ça, ç’avait été sur Panpeeter, au cours de la sinistre histoire qui avait vu l’avènement des Santamarines. Et ce qui s’était passé ensuite avait tout simplement retourné l’île et la situation pourtant désespérée.

-NON MAIS VOUS VOUS RENDEZ COMPTE, TOUS ? VOUS SAVEZ CE QUE C’EST, CA !? TOUS CES MILLIONS, ILS POUSSENT PAS SUR LES ARBRES, HEIN ! CE SONT NOS IMPÔTS, NOS TAXES, NOS RATIOS 1/8 SUR NOS BOUTIQUES QUI SERAIENT BEAUCOUP PLUS RENTABLES SI ON AVAIT PAS A PAYER LES REDEVANCES DE LUVNEEL POUR LE GOUVERNEMENT MONDIAL ! HUIT CENT MILLIONS, MAIS C’EST HALLUCINANT, C’EST JUSTE PAS POSSIBLE !!! EN PLUS ILS FONT QUOI POUR NOUS EN RETOUR, HEIN ? ABSOLUMENT QUE DALLE !! LUVNEEL EST COMPLETEMENT INDEPENDANT POUR FONCTIONNER EN INTERNE, ON SE FAIT JOYEUSEMENT IGNORER AU CONSEIL DES NATIONS COMME DIT DANS LA FICHE D’ILE, LES DERNIERES DIRECTIVES NE NOUS CONCERNENT EN RIEN SAUF QUAND ELLES NOUS PLOMBENT ALLEGREMENT, ET ON PEUT VOIR CE QUE DONNE LA PROTECTION DES MERS PAR LA MARINE, HEIN, C’EST PAS COMME SI ILS N’EMPÊCHAIENT PAS DES KILOTONNES DE PIRATES A LA CON DE DEBARQUER DANS LE COIN POUR FAIRE COMME A LA MAISON !

ET POUR EN REVENIR A RED, ON PARLE BIEN DE HUIT CENT PUTAIN DE MILLIONS DE BERRIES, SOIT INFINIEMENT PLUS QUE CE QUE N’IMPORTE LEQUEL D’ENTRE NOUS NE POURRA JAMAIS TOUCHER OU CUMULER DANS SA VIE. LA PRISE D’UNE ILE CA PEUT FAIRE VINGT MILLIONS, ALORS J’VOUS DIS PAS COMBIEN DE PIB IL VIENT DE S’ENFILER D’UN COUP AVEC SON COUP DE DIEU !! ET LUI IL A JUSTE EU A SE POINTER COMME UNE FLEUR POUR GRUGER LE GM EN TRICOTANT AVEC LA BNA ET S’EN TIRER AVEC LES HONNEURS. PUTAIN LA PROCHAINE FOIS QUE JE VOIS SUZUKAWA, JE VAIS LE LOURDER PAR-DESSUS BORD EN LUI TAILLANT LES TRIPES TELLEMENT ILS ONT MERDE !! NON MAIS VOUS VOUS RENDEZ COMPTE !? LES JOURNAUX VANTENT LIMITE LES MERITES DE CE TYPE, UN PIRATE !! C’EST JUSTE HALLUCINANT, QUOI !! REMARQUE ILS ONT PAS TORT. BRAVO A TOI, PUTAIN DE RED, TU NOUS AS VRAIMENT BIEN &@*%$*=! JUSQU'A L’OS ET BIEN PROFOND AVEC TON COUP DE MAITRE, FRANCHEMENT BRAVO, TOUTES MES FELICITATIONS !! ET PENDANT CE TEMPS NOUS ON ESSAIE ENCORE DE RECONSTRUIRE NOTRE PORT DE NORLAND DONT UNE BONNE PARTIE DES DEGATS A ETE DUE A, RAPPELLONS LE, UN PUTAIN DE VICE AMIRAL DE LA MARINE QUI VOULAIT JUSTE SE FAIRE BROSSER DANS LES JOURNAUX AVEC SON SENS DU SPECTACLE. ET JE SAIS DE QUOI JE PARLE, J’AI MINUTIEUSEMENT ETUDIE MON SUJET, HEIN.

Il avait forcément pété les plombs, songea Evangeline. Ca n’était pas son vocabulaire usuel, mais elle ne voyait pas vraiment d’autre expression pour retranscrire ce qu’elle voyait. Encore qu’elle le soupçonnait parfois d’être parfaitement lucide dans ces moments, et de simplement profiter de ses propres élans d’humeur pour hurler au grand jour ce qu’il se contentait d’ironiser à l’occasion. Car elle était sûre d’une chose : contrairement aux apparences, son partenaire n’était pas insouciant de ce qui se passait dans le monde, et encore moins idiot sur ce qu’il en était.

-ET ME PARLEZ PAS DE LA REVO PARCE QUE CA SE SAURAIT AUSSI S’ILS GLANDAIENT QUELQUE CHOSE, HEIN. QUAND IL S’AGIT DE VAMPIRISER DU CASH POUR VIVRE A VOS CROCHETS ET FAIRE COMME CHEZ EUX DANS VOS BARAQUES, LA CA Y VA SANS HESITER. PAR CONTRE J’ATTENDS TOUJOURS QU’ILS NOUS PROPOSENT UNE PUTAIN DE DONATION OU QUOI QUE CE SOIT D’INTERVENTION UTILE POUR NOUS AIDER UN PEU, HEIN LES MECS. OUAIS, JE SAIS QUE VOUS M’ENTENDEZ, PAS LA PEINE DE FAIRE SEMBLANT. ON VOUS A PAS ENCORE VU AGIR NI POUR LES PIRATES, NI POUR QUOI QUE CE SOIT QUI NOUS INTERESSE.

Cette fois, par contre, la miss eut une certaine appréhension. Même s’ils prenaient soin de se tenir à l’écart de quoi que ce soit qui ne les concernait pas, ils avaient leurs contacts parmi les gris. Ca n’était pas bien dur, vu leur enracinement récent mais motivé dans le royaume. Mais les prendre à partie, peut être en espérant une prise de réalisation, pour leur vomir dessus de la sorte, n’était peut être pas une bonne idée. Vraisemblablement pas, regrettait-elle.

Et son appréhension se rehaussa subtilement lorsqu’il se tourna vers elle, et la prit à partie devant l’énorme foule qui s’était assemblée tout autour d’eux. Tous ces regards tournés vers elle…

Mais ce sentiment s’estompa immédiatement lorsqu’elle posa ses yeux sur son partenaire. Elle n’avait plus peur de quoi que ce soit, non. Elle lui faisait -complètement- confiance.

-HAYLOR ! ON VA ALLER PULVERISER ABSOLUMENT TOUTE TRACE DE LA GUILDE DES USURIERS DANS LE COIN, ET ON VA LE FAIRE TOUT DE SUITE. PLUS RIEN A FOUTRE DES PRECAUTIONS OU DE QUOI QUE CE SOIT, ON PASSE EN MODE PAS DE QUARTIER ET VOUS FAITES ABSOLUEMENT TOUT FLAMBER SI CA VOUS CHANTE, MOI JE VOUS DONNE QUARTIER LIBRE. LA MILICE A DIT QU’ELLE VOULAIT PASSER A L’ACTION ET QU’ELLE VOULAIT DE L’AIDE, EH BIEN ON VA ALLER AU DELA DE TOUTES LEURS ESPERANCES.

Elle hésita quelques secondes, avec son bon sens qui s'appliquait à lutter et cadenasser l'énergie risiblement communicative de l'autre. Mais même ce bon sens décida de changer d'avis: tout allait bien se passer, et ils feraient tout ce qu'il fallait pour que les choses se passent au mieux. C'était bien simple ; c'était toujours le cas. Sans exception.

-Oui. Oui! Oui, je vous suis!, répondit-elle en opinant du chef, radieuse et gloussante de bonne humeur.
-MERVEILLEUX. ET MAINTENANT, VOUS SAVEZ QUOI, VOUS TOUS ? ON DEVAIT PASSER A L’ACTION CE SOIR. MAIS MOI JE PROPOSE QU’ON AILLE RECUPERER LES FORCES DE L’ORDRE ET QU’ON PASSE A L’ACTION TOUT DE SUITE, JUSTE PARCE QUE. DU COUP C’EST VRAIMENT A VOUS DE CHOISIR, ALORS REFLECHISSEZ BIEN.  SOIT VOUS DECIDEZ DE NE RIEN FAIRE DU TOUT ET DE LES CONFORTER DANS LEUR IDEE QU’ON PEUT &@%$*+#! DES CIVILS IMPUNEMENT PARCE QU’ILS SE LAISSERONT TOUJOURS FAIRE COMME DE PAUVRES DRONES DECEREBRES COMPLETEMENT DEPENDANT DE LA MARINE, DU GM, DE LA REVOLUTION OU DE QUICONQUE VOUDRA FAIRE DE NOUS SON FOND DE COMMERCE POUR JUSTIFIER LEURS AGENDAS. DANS CE CAS C’EST LA MILICE ET LES NOWEL QUI VONT FAIRE TOUT LE BOULOT, ET PERSONNE N’AURA JAMAIS PEUR DE VOUS. OU ALORS VOUS ALLEZ ME CHERCHER TOUT CE QUI PEUT FAIRE OFFICE D’ARME OU D’USTENSILE ET VOUS VENEZ AVEC NOUS POUR LEUR MONTRER A QUEL POINT FAUT PAS FAIRE CHIER UN PUTAIN DE CIVIL EN COLERE. PARCE QUE NOUS MEME ON EST VRAIMENT QUE CA, ET C’EST DEJA EXTREMEMENT BIEN !!

Ooooohlà.

Ca ne pouvait pas marcher.

Bien sûr que non.

Sigurd venait de se ridiculiser en public à brailler des idioties dans le vent sans que personne ne puisse le prendre au sérieux, tout simplement.

Il avait tout simplement craqué.

Oui.

Personne n’allait, en aucun cas, accepter de…

Et pourtant si. Evangeline sentit son cœur se soulever lorsque, petit à petit, progressivement, de plus en plus de personnes répondirent favorablement à l’appel publique de son collègue. C’était absurde. C’était complètement impensable. Irréel. Mais face à elle…

Elle avait l’impression de faire face à une foule unanime, rien que ça.

Une foule qui entretenait sa propre motivation comme un énorme incendie, maintenant que l’étincelle initiale venait de prendre.

-GENIAL ! ALORS DANS CE CAS, C’EST PARTI, ON SE RETROUVE ICI DANS TRENTE MINUTES ET ON OUVRE LES FESTIVITES ! AUJOURD’HUI, ON FAIT LE MENAGE SUR TOUT LE PORT ! ET DEMAIN, LA MILICE FAIT LE BOULOT DANS TOUT LE PAYS ! CA VA CHIER GRAVE POUR LES PIRATES, C’EST MOI QUI VOUS LE DIS !

Et voir une telle foule s’unir et décider d’agir de concert, c’était tout simplement…

Une pure folie.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Sam 12 Sep 2015 - 9:32, édité 4 fois
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-Eh, boss ! Boss ! Y’a un truc bizarre dans la rue !
-Quoi encore, Scanders ?
-Chais pas, mais y’a vachement de mouvement. Et vachement de bruit. C’est vachement bizarre, en fait.
-Baaaah. A tous les coups c’est encore les pirates qui font le bordel… ou les chevaliers de Nowel d’HSBC qui sortent une autre connerie, je sais pas. Ou alors le gang des Libérateurs de Luvneelprad qui… oh putain… jette un coup d’œil à ça, tu veux bien, Scanders ? Ca serait con qu’ils viennent nous faire chier.
-Mmmmh…

Obéissant, le sous-fifre descendit de son perchoir, un lit superposé, et se dirigea tranquillement vers la porte de l’appartement miteux où il logeait avec son complice. C’est que son boss était un membre de la guilde des usuriers, tout de même. Il savait ce qu’il faisait. C’était lui qui servait d’intermédiaire entre les affaires de là haut, ceux qui étaient en possession du véritable pouvoir financier sur Armada, et tous les simili commerciaux de terrain qui s’étaient dispersés dans toute cette région du royaume de Luvneel. Le boss n’était pas un adepte du luxe, non. C’était un homme qui se contentait de peu, et qui savait se faire discret. Il limitait ses activités au plus strict minimum, et ne versait aucunement dans la myriade d’activités louches qui gangrènaient le royal. Tout ça par sécurité. Pour la sienne, et pour celle des affaires de ses employeurs. Car c’était un type bien, et un type fidèle, comme le répétait Scanders. Le sous-fifre avait appris à apprécier son boss au fil des mois passés à ses cotés. Car des boss, il en avait connu. Des violents, des coléreux, des capricieux, des malades et d’autres complètement fous. Il avait vu des choses horribles, au cours de sa vie, Scanders. Et il avait fini par les fuir, ce qui s’était parfois avéré extrêmement difficile et dangereux.

Mais aujourd’hui, c’était fini.

Aujourd’hui, il travaillait pour un type bien. Un type qui avait même réussi à être retenu par les cadres intermédiaires de la guilde des usuriers pour devenir membre du réseau du plus grand et du plus puissant d’entre eux tous, le capitaine Red en personne.

Et il avait bien de la chance.

Il espérait pratiquement que cette situation durerait éternellement. Il était bien, comme ça. Ils vivaient tranquille, ils ne faisaient de mal à personne, il n’avait plus à tuer qui que ce soit à vue sans réfléchir. C’était presque la même chose que de faire des affaires, en vérité. A ce train là, il pourrait pratiquement décider de s’installer durablement sur Luvneel, vivre normalement…

Mais chaque chose en son temps. Pour l’heure, il lui fallait veiller à la sécurité de quiétude.

Et ce qu’il trouva en dehors de leur retraite…

-MORT AUX PIRATES !!!
-MORT AU CRIME !!!
-MORT AUX DRAPEAUX ROUGES !!!
-MORT AUX UUUUSUUUUUURIIIIIIEEEEEERS !!!!!!!

Le dénomme Scanders n’en croyait pas ses yeux. Une véritable marée humaine rassemblant des centaines de personnes armées d’objets aussi divers que des poêles, des pelles, des barres de fer, des sabres et pistolets de factures toutes aléatoires, et peut être plus étonnamment, de fourche et de flambeaux. Pour autant, il fallait garder en tête que les foules de civils enragés armés de fourches et de flambeaux étaient une chose aussi normale que le pirate borgne doté d’une jambe de bois, d’un perroquet, et qui ressentait le besoin irrépressible d’aller enterrer ses richesses en lieu sûr.

Et toutes ces personnes étaient tournées vers lui, et le regardaient d’une façon telle qu’il imaginait déjà sa pauvre et misérable carcasse dépecée, brutalisée et démembrée par la bande d’émeutiers sanguinaires et excédés.

Aussi décida-t-il de fermer la porte immédiatement et de faire machine arrière pour entasser un maximum de mobilier pour la coincer. Tables, armoires, chaises, vêtements, vaisselle, la panière du chat, le chat lui-même, rien ne fut laissé de coté : si les civils entraient, il se sentait mort.

Et l’horreur redoubla d’intensité lorsque la porte se mit à vibrer sous le choc des contestataires qui s’efforçaient de la défoncer.

Cette fois, c’était clair : ils venaient pour eux.

-HUIT CENT MILLIONS ! HUIT CENT MILLIONS !!!!!!!!
-ON NE VEUT PLUS DE VOUS SUR LUVNEEEEELLL !!!
-MORT AUX PIRAAAAAAAAAAAATES !!!!
-EJECTEZ REEED !
-LUVNEEL AUX CIVILS, LUVNEEL AUX CIVILS !!!!
-OUVREZ CETTE PORTE OU SINON…

Ce que Scanders ressentait n’était pas de la peur. L’abomination émotionnelle qui gangrénait son ventre, qui fourmillait dans ses entrailles, qui grouillait jusque dans sa gorge était une horreur pure et absolue, une certitude de mort que son instinct de survie venait de libérer en ultime ressort.

S’il ne faisait rien, s’il ne trouvait rien, il serait irrémédiablement perdu.

-BOOOOOOSS !!! BOOOOOOOSS !!!! C’EST TERRIBLE… C’EST C’EST C’EST… ILS VONT NOUS… NOUS… ILS ONT PETE LES PLOMBS DEHORS !!!!!! FAUT SE TIRER DE LA, OUVREZ LA TRAPPE !!!!

Ca, il n’avait pas besoin de le dire deux fois. Pour avoir seulement entendu les éclats de voix des révoltés qui grondaient comme le tonnerre, le boss n’avait pas tardé à sortir un marteau d’un de ses placards pour aller éventrer le mur de fond de leurs toilettes. Derrière les petites dalles de leur carrelage mural se trouvait un petit interstice, et un peu plus loin, un véritable tunnel souterrain qui rejoignait un réseau méconnu de cette portion de la ville.

Une porte de sortie de dernier ressort, qui avait tout à fait sa place pour une telle situation d’urgence.

-FONCE, SCANDERS, FONCE !!!
-OUI BOSS !!! OUIIIIII !!!!!

Ni une, ni deux, le responsable et son sbire s’engouffrèrent dans le passage et coururent comme ils ne l’avaient jamais auparavant. La situation était terrible : ils ne savaient pas combien de temps ils auraient devant eux, et les tunnels étaient noyés dans les ténèbres ; les lanternes qu’ils avaient préparé à cet effet étaient indispensables, mais même ainsi, progresser restait désespérément difficile, et même dangereux.

Dangereux. En particulier lorsque, au détour d’un malheureux virage, les deux complices se retrouvèrent pris dans un filet placé en guise de piège précisément pour les retenir. Le boss s’écrasa contre les mailles de chanvre sans rien comprendre à ce qui lui arrivait, et n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit avant que son sbire ne vienne le percuter.

Et deux secondes plus tard, les voilà qui étaient tous deux plaqués contre le sol par une demi douzaine de personnages vêtus de grands pyjamas noirs à cagoule –des ninjas ?- qui ne tardèrent pas à les ligoter vigoureusement.

-AAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !!!!
-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!
-WOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOH !!!!!
-VOS GUEULES PUTAIN, ON VA PAS VOUS TUER VOYONS. Sigurd nous tuerait si on faisait ça.

C’était un des hommes cagoulés qui venait de leur hurler dessus, avec une voracité telle qu’ils obéirent immédiatement. Ils ne réagirent même pas lorsqu’un autre des commandos révolutionnaires, grands habitués de ces réseaux souterrains clandestins qu’ils utilisaient et entretenaient eux-mêmes sur une base régulière, prit la parole :

-Hein ? Et depuis quand on fait ce que le Nowel veut ? C’est juste un civil, nan ?
-Eeeeeh… c’est pas vraiment ça, mais…
-Donc on pourrait théoriquement les tuer, non ?
-Je pense pas qu’il… nan, c’est clairement évident que Dogaku ne voudrait pas qu’on bute ces types. Et du coup…
-Mais pourquoi tu penses en fonction de ce que lui il voudrait !?! On est révos, mec ! C’est qu’un civil !
-Ecoute. Je sais pas si t’as remarqué, mais si jamais on a le malheur de contrarier la grosse masse de civils en furie qui traîne pas loin derrière, ça risque de mal finir pour nous ici. Et il se trouve que le Nowel a réussi à se les mettre dans la poche, là. J’veux dire, il a quand même réussi à speecher toute une foule de centaines et de centaines de personnes pour forcer et la milice, et la révo, à encadrer tout ça et passer à l’action immédiatement, donc j’préfère largement composer avec sans faire de vagues plutôt que…
-Okay okay okay stoooooooop, je cherche pas. De toute manière on s’en fout, ces deux gars là nous seront beaucoup plus utiles que morts. On a plein de trucs à savoir, et encore plus à apprendre.
-On les livre à la milice, interjeta l’autre. Ils se chargeront de ça.
-QUOI !? MAIS CES TYPES SONT DES GUIGNOLS QUI COLLABORENT AVEC LE GOUVERNEMENT MONDIAL ! DES TRAITRES ! DES VENDUS ! DES…
-Obéis sans discuter ou je dis à tout le monde que tu as déjà essayé de draguer une…
-OKAY OKAY OKAY JE DIS PLUS RIEN !

-Bon. Il va falloir la jouer subtil, aujourd’hui. Coopérer sagement. Et peut être que là on pourra en tirer quelque chose. Mais pas d’initiatives. Parce que ce qu’il se passe là, c’est vraiment trop bizarre. J’ai jamais vu de truc comme ça. Et j'aime pas du tout.



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:03, édité 1 fois
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Ces deux hors la loi n’étaient pourtant que des cas isolés. Car la milice avait identifié, au sein de Norland, la presqu’intégralité des opérationnels de la guilde des usuriers, dont les drapeaux rouges n’étaient qu’une portion. Ces bandes étaient réparties en poches disséminées un peu partout dans les quartiers de la cité maritime, au gré de leurs besoins, de leur prudence et de leurs affinités.

Et c’étaient très précisément pour savoir où se trouvaient ces poches que les miliciens étaient utilisés par la masse de civils ; les soldats qui encadraient la foule d’habitants étaient en lien direct, via escargophones, avec les services centraux qui avaient recueillis toutes les informations nécessaires.

C’était bien simple : sur Norland, tous les membres appartenant de près ou de loin aux réseaux liés à Armada allaient tomber aujourd’hui. A l’échelle du vaste royaume, les choses viendraient en temps voulu.

Mais pour l’instant, intéressons nous à un petit groupe rassemblé au sein de la grande marche civile : celui-ci comprenait l’instigateur de l’évènement, Sigurd Dogaku, ainsi que son inséparable partenaire, quelques anonymes à l’importance variable mais à l’implication certaine, ainsi que le lieutenant de la milice en charge de la surveillance de tout ce grand monde et du bon déroulement des opérations, et d’une petite escorte qui l’accompagnait en permanence.

Et cet homme n’était pas spécialement enchanté de la tournure que venaient de prendre les évènements :

-Mais qu'est ce qui vous a pris? Vous êtes COMPLÈTEMENT irresponsable! On vous a fait confiance, on vous a demandé de l'aide et… VOUS ETES UN MALADE !
-Moi? Brahaha! Mais j'ai rien fait moi.
-Ne vous foutez pas de moi, Sigurd.
-Meuh non. Chuis qu'un pauvre petit civil à dix dorikis moi, je peux rien faire.
-Dix dorikis ?
-Façon de parler... à deux balles, quoi.

-Ce n'est pas le moment de blaguer! Vous vous rendez compte de l'idiotie de ce que vous venez de... vous mettez tous ces gens en danger!

Les miliciens n’avaient pas l’habitude de se reposer sur les civils pour effectuer ce genre de besogne, et pour cause : c’était tout simplement dangereux pour tout le monde. Les soldats étaient des professionnels entraînés, ce qui garantissait un bon contrôle des risques qu'ils encouraient. Une question de sécurité, tout simplement. De même, ils avaient été formés au respect de la hiérarchie, ce qui évitait tout risque de débordement. Une discipline rigoureuse que ne s'imposaient pas les civils. Et c'était bien là le pire à ses yeux : les mouvements de foule étaient dangereux, car rien ne pouvait spontanément les contenir. Et lui n'avait pas la moindre envie de devoir utiliser du matériel anti-émeutes contre les gens qu'il protégeait au quotidien.

Tout ça à cause de ce blondinet qui...

-Pas le moins du monde, se défendit le chevalier de Nowel. Le premier truc qu'on est allés faire, c'est de venir chercher la milice pour être sûr qu'elle nous épaulera. Prévenir avant de faire une connerie, c'est responsable, mon? Bon, ça vous fout dans la merde et c'est pas agréable et vous me faîtes  la gueule, ça je conçois parfaitement, mwarharh. Mais quand même. Pis là on a fait assez de bordel pour s'assurer que les même les révos se joindront aussi à la fête, et qu'ils feront en sorte de nous faciliter le boulot.
-De quoi? Les révos? Comment ça? Qu'est ce que vous fichez avec ces mecs?
-Me regardez pas comme ça, j'ai aucune influence chez eux. Par contre, c'est plutôt facile à calculer, comme coup. Ils sont parmi nous, c'est pas bien dur de repérer quelques têtes bien connues tout autour. Vous devez les connaître depuis le temps, non?
-Mmmh, confirma le lieutenant en observant les alentours.
-C'est super facile à prévoir, franchement. Les révos adorent provoquer des émeutes civiles pour s'adjoindre le soutien du peuple histoire de renverser les pouvoirs en place et avoir de la main d'oeuvre en quantité pour appuyer leurs coups d'états. C'est un super classique, ça. Après y'a les révos qui font ça proprement, ceux qui se la jouent grands manipulateurs sournois, et les infâmes ch@&&%=+*/!!!!!! qui provoquent eux mêmes les incidents qui conduisent à énerver les gens dans un premier temps afin de pouvoir les monter en mode révoltés contestataires. Rien de bien nouveau, tout ça. Vous devez connaître, non? Y'a pas une école des officiers où on vous apprend à dealer avec ce genre de scénar's?
-...
-Ah merde, ça explique plein de trucs. Bref. Du coup je me demandais en conséquence... que va faire un révo si les civils se soulèvent spontanément sur un royaume où les gris essaient de s'installer mais sont simplement tolérés parce qu'ils sont sur un endroit peinard où on n'a ni besoin d'eux, ni d'opposition à eux?
-Ils sont obligés de suivre, compléta le milicien. Il se passe un truc, la moindre des choses, c'est qu'ils en fassent partie. Ils doivent aider. Que ça vienne d'un sentiment sincère ou d'une simple opportunité, la question ne se pose pas. Politiquement, ça les flinguerait de ne pas participer.
-Ben c'est globalement ce que je pensais... et j'ai posé la question à quelques bonnes amies de mon entourage... qui avaient l'air de pencher dans mon sens. Du coup c'était l'occasion de vérifier dans la foulée. Mais c'était assez évident en fait, quand on y pense. Bref, tout ça pour dire, ça a marché.

Le milicien ne répondit pas. Il lui suffisait de regarder tout autour de lui pour en avoir la preuve, oui. Et si c'était vrai, il ne serait pas surpris d’apprendre que des commandos révolutionnaires soient eux aussi entrés en action dans les parages. Encore un point qui n'était pas pour le réjouir. Il n’avait aucunement envie que la révolution essaie de se substituer à la milice pour régler ce genre de problèmes.

Mais son interlocuteur ne le laissa pas ruminer plus longtemps.

-Allez, tirez pas cette tronche, continua Dogaku. Faut le prendre dans l'autre sens, voyons. Les gens vous font confiance, ils sont contents que vous soyez là. Ils feront pas de conneries. Le but du jeu c'est que les pirates se fassent dessus, pas autre chose.
-Eh. Whehehe, ricana le lieutenant. Qu'est ce qui vous fait dire ça?
-Eeeuuh...  ben en tout cas c'est l'interprétation que j'aimerais en avoir, et c'est mon avis à moi, haha. Ça me rendrait triste d'apprendre que je me trompe.
-Hehe. Merci. J'imagine.
-Par contre. Un autre truc qu’est vachement gênant aussi, c’est que les gens de passage ont l’air de penser que vous, les miliciens, vous êtes absolument pas capables d'assurer la sécurité aussi bien que pourrait le faire la marine. Et ça ça nous aide pas. Un peu comme les pirates qui croient pouvoir faire comme chez eux à cause de ça, tiens.
-Ne dîtes pas de conneries, hein. Tout le monde sait que la flotte des gardes côtes n'a rien à envier à ce que pourraient nous cracher des croiseurs de la marine.
-Ah mais c’est pas moi qui dis ça, j’me suis simplement fié à ce que d’autres récits sur Luvneel faisaient explicitement ressortir de vous. Je vous ferais lire, si vous voulez. Ça figurera vraisemblablement pas dans les brèves du journal, mais à force de traîner dans le coin, je me renseigne bien sur l'ambiance dépeinte et tout.
-Ouch. Vraiment?
-Absolument! Et même que c'est vraiment très frais. Va falloir faire un peu de comm' sur votre image, et tout. Et j’dois pouvoir vous aider pour ça si vous voulez, tiens.
-Vous essaieriez pas de me revendre un de vos trucs HSBC dont on n'a pas besoin, là?
-Du tout!
Mais faut vraiment qu'on ouvre ce pôle marketing, ouais.

Et maintenant, la situation semblait complètement irréelle pour le lieutenant. Le voilà qui discutait paisiblement avec Dogaku alors que tout autour d'eux, les événements battaient leur plein. Pour sa défense, on signalera qu'il n'écoutait les choses qu'à moitié, même si le sujet et son interlocuteur l'intéressaient tout particulièrement. Les deux hommes prenaient leur temps, et échangeaient tout en prêtant oreille attentive à la radio du milicien qui faisait régulièrement le point sur ce qui se passait aux alentours. De simples constats. Mais tout allait pour le mieux.

Et à vrai dire… c’était peut être mieux ainsi, décida le lieutenant. Car perdus au beau milieu d’une foule en ébullition telle que celle-ci, ils pourraient parler bien plus facilement qu’en tête à tête au sein d’un poste de la milice. Ici, ils ne pourraient pas être espionnés. Or il avait un certain nombre de choses à obtenir de Dogaku. Et le moment lui sembla soudainement très bien choisi.

-Et puis franchement, z'êtes vraiment pas sympas de me reprocher quoi que ce soit, repris le Nowel. C'aurait pas été moi qui avais pété les plombs, c'aurait été des révos qui en auraient profité pour exploiter le malaise et s'approprier le truc. Et je pense pas que vous en ayez la moindre envie, je me trompe?
-Zehehe... sûr que c'est beaucoup plus simple d'avoir à composer avec un petit civil qu'avec des révolutionnaires. Mais sérieusement, Sigurd. Je me demande très sérieusement si vous ne cherchez pas à tirer avantage de cette situation... de la même manière que vous le reprochez à la révolution.
-Oh? Mwarharharh. J'avoue que ces incidents avec les pirates m'ont déjà pourri deux nuits de sommeil et que je ne supporte pas ça, mais à part ça, j'ai pas vraiment...
-Vous voulez créer le buzz? Vous lancer en politique? Vous servir de ça pour appuyer une influence quelconque?
-...
-...
-...
-...
-Répondez.
-Euuuh... non?
-Ooh que si, vous allez me répondre.
-Nan mais je vous ai répondu non, enfin.
-Et je veux plus de détails. Vous tramez quelque chose, vous.
-Rhooooo, tout de suite les grandes accusations.
Je voulais juste faire un truc bien, honnêtement. Et inciter les gens à botter le cul aux pirates qui viennent nous emmerder, ça me semblait chouette.
-Beaucoup... et peut être presque tous les politiciens se lancent là dedans parce qu'ils veulent faire les choses bien. Les révolutionnaires, aussi. Même certains pirates.
-Pas tous les pirates, quand même.
-Mmmh. Vous auriez des surprises si vous teniez les statistiques, je vous l'assure. Et c'est précisément le problème. Les gens qui tendent à vouloir faire les choses bien par elles mêmes tendent à causer bien plus de dommages qu'ils n'en évitent. Et donc, j'aimerais savoir quel genre de personnage vous êtes. Histoire de savoir globalement à quoi m'attendre avec vous. Pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Prévenir plutôt que guérir, si vous préférez.

Sigurd resta longuement silencieux, cette fois. Pas un trait d'esprit, pas une mauvaise blague n'émergea de sa tête. L'ambiance venait subitement de changer du tout au tout ; le lieutenant avait complètement pris l'ascendant sur leur duo, et le chevalier de Nowel se retrouvait, non seulement pris au dépourvu, mais bien incapable de répondre quoi que ce soit.

Même physiquement, les miliciens étaient en surnombre, et encadraient Dogaku comme s'ils souhaitaient le surveiller. Ils n'étaient pas hostiles, mais la situation du jeune homme n'avait rien de paisible pour autant. Et à l'inverse, Haylor n'était plus là. La miss était passée en tête de groupe pour s'assurer que tout se passerait bien. L'escargophone avait mentionné un groupe de pirates qui se trouvait au devant d'eux, vraisemblablement interrompus en pleine transaction avec des négociants des usuriers.

-Euh... c'est un interrogatoire ou une simple discussion?
-Je fais mon travail, tout simplement. Mais je peux vous préparer une convocation au poste si vous préférez que l'on en parle autour d'un bon café une fois que tout ça sera fini. Il parait que vous en faîtes un excellent, d'ailleurs.

Preuve de son inconfort, Sigurd ne releva même pas la perche. Un détail que ne manqua pas de remarquer l'officier. Le gaillard lui adressa même un sourire pour tenter de désamorcer la boule de nerf nouvellement constituée qui lui faisait face.

-Tout doux. Je ne cherche pas à vous terroriser non plus, hahaha. Simplement à vous prévenir, et à vous expliquer les choses bien en détail. Parce que bon. Si tout allait bien et que personne n'avait merdé où que ce soit en amont, ça se serait pas passé comme ça. Ça, je le conçois parfaitement.
-Hhhmmmmrrrr...
-C'est même plutôt sympa de ne pas avoir vomi sur la milice, ouais. On a clairement manqué d'anticipation sur ce coup, ouais.
-Boah...
-Ça m'étonne aussi que vous n'ayez pas critiqué ouvertement les autorités, le roi ou son gouvernement.
-Oh? À ce point?
-Carrément. Implication infrastructures, développement de quoi que ce soit... vous pourriez penser que vous et votre esprit de Nowel et votre HSBC avez contribué à davantage que le roi, ce mois-ci. Et vous n'auriez peut être même pas tort, à bien y réfléchir. Je me trompe?

Sans surprise, le jeune homme garda une nouvelle fois le silence. Il n'allait certainement pas le clamer au grand jour, mais l'officel l'avait très bien cerné. Pour autant, même Sigurd gardait assez de retenue pour ne pas affirmer ce genre de choses en public. Pas même maintenant. Il suffisait d'un ennemi trop haut placé pour être plongé dans les ennuis, et peut être même être abrégé. Ce qui était d'ailleurs assez étrange. Il n'avait aucun mal à mettre en cause les déboires du GM, ni à dénoncer la présence grandissante des révolutionnaires dans la ville. Il était inconcevable que le GM se soucie de lui, et il le savait bien. A l’inverse, pour avoir vu au quotidien ce qu’étaient les révolutionnaires sur Luvneel, il avait bien du mal à les prendre au sérieux.

Au contraire, il avait toutes les raisons de ne rester dans les clous vis-à-vis de l’autorité légitime du royaume où il s’était installé.

-Je vais peut être me répéter, mais même si c'est mon travail de me méfier... je pense que vous avez cru bien faire, oui. Et que vous avez bien fait, comme je vous l’ai déjà dis. Par contre, quelque chose que je trouve particulièrement énervant. Ce n'est pas en hurlant devant tout le monde que le gouvernement mondial a perdu huit cent millions de berries détournés par un pirate que vous allez tenir la révolution à l'écart. Et j’ai cru comprendre que vous en aviez autant envie que moi.
-Tatatatatah, objecta enfin Dogaku. Les primes sont données par le gouvernement mondial, ça c'est non négociable. C'est de là que ça vient à la base, et ça ne changera pas. Après ils gèrent leur système et leur tréso' comme ils le veulent. Et s'ils ont décidé que faire des avances d'un ou plusieurs milliards de berries à la BNA pour qu'elle redistribue les primes à sa place c'était une bonne idée, eh bien qu'ils aillent se faire hr@&%=+*{$#!, parce que c'est le gag le plus trash que j'ai jamais pu entendre.
-Je ne dis pas le contraire. Je dis juste que, mécaniquement, faire perdre des points au gouvernement c'est en donner à la révo. Et qu’on n’a pas besoin de ça.
-Pas d'accord. Ça c'est idiot. Ou trop simpliste comme raisonnement, si vous préférez.
-Beaucoup de gens sont simplistes, malheureusement. Vous avez l'air de croire que les gens sont tous intelligents et doté d'un libre arbitre... sage et éclairé. Je me trompe?
-…
-Han. Laissez tomber. Une autre fois, peut être. Bref, tout ça pour dire. Faîtes attention à vous, et retournez votre cerveau dans votre crâne sept fois avant de faire quelque chose de ce genre, la prochaine fois. Vous pouvez faire des choses bien. Vous en avez déjà faîte pas mal, et des très bien, et on apprécie ça. Mais il s'agit juste de rester à votre place. Parce que le jour où vous vous raterez, les gens ne vous rateront pas non plus. Et j’en ferais peut être aussi partie. C’est compris?

Un bien étrange conseil… qui avait bien manqué d’être une menace à peine voilée. Maintenant, Dogaku ne savait plus vraiment quoi penser de son compagnon de route. Il était diablement sérieux, ça ne faisait aucun doute. Restait à savoir  quelle était la pertinence de ses propos.



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:02, édité 1 fois
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Et pendant ce temps, à plusieurs dizaines de kilomètres de là…

-Euhm… Capitaine ?
-Qu’y a-t-il, mon bon compagnon ?, déclara un gentilhomme à la quarantaine bien portante.
-Ils nous ont trouvé. Ils viennent vers nous.
-Diantre ! Monsieur, vous nous aviez assuré que nous ne risquions rien ici, reprocha le capitaine à son hôte des Usuriers.
-Euh… ben je croyais aussi ?
-Malédiction ! Si ces vauriens telluripodes nous trouvent, c’en sera clairement fini de nous ! Nous ne pouvons pas rester séants. Il va nous falloir… mmmh… ainsi soit-il. Ces peaux-roses aux appendices atrophiés ne nous laissent guère d’issues. Arrière, compagnons ! Nous nous frayerons par les armes un chemin au sein de la masse de citadins. Et n’ayez craintes. J’en atteste de mes flammes et de mes ailes, nous triompherons de cette épreuve comme nous avons bravé les autres !

L’homme qui s’exprimait ainsi n’était autre qu’Aeolus Lucciansotta, un réprouvé des mers célestes qui avait fui son île pour des raisons purement politiques. C’était une histoire d’anges biologiques, de sang bleu légitime, de familles entremêlées dans l’exercice d’un pouvoir séculaire, et d’exactions vindicatives qui avaient conduit cet homme à disparaître du jour au lendemain au sein de sa société reculée du reste du monde. Aeolus était condamné à ne jamais réapparaître sur la scène publique sous peine de voir les manigances brutales de ses ennemis porter fatalement atteinte au bien être de ses proches.

Et aujourd’hui, dix ans après ce terrible jour, l’ange avait vécu plus que son lot de voyages et d’aventures dans son existence improvisée qui l’avait vu se faire tour à tour corsaire, marchand et criminel.  Un parcours qui lui avait offert plusieurs moments de bonheur, également : un an après l’aune de son exil, le pirate avait eu la surprise d’être rejoint par sa femme, qui l’avait plus récemment gratifié de la naissance de deux magnifiques angelots.

Le désormais pirate était tout simplement venu livrer aux usuriers l’une des dernières cargaisons de vives-cartes à destination d’Armada, la cité flottante où il s’était plus récemment établi avec les siens. Une preuve de bon voisinage pour laquelle il était bien rémunéré ; et un bien faible prix pour assurer la quiétude de son petit complexe de bateaux amarrés au gigantesque monstre de navires entremêlés.

A ceci près qu’il ne s’attendait en aucun cas à se retrouver pris dans une telle situation.

-Et pour les cartes, qu’est ce qu’on fait, d’ailleurs ?, s’enquit le sbire des usuriers.
-Pardon ?
-Si les civils et la milice mettent la main sur ces cartes… ils pourraient rejoindre Armada, non ?
-Nous n’aurons qu’à les prévenir et ils videront les tire la treize, remarqua un autre pirate.
-Sauf qu’on a aussi des cartes destinées à Zaun et à Inu Town…
-Eh bien nous le leur dirons aussi !
-Oui, oui, nous verrons ça plus tard. Il nous faut faire vite, pressons !, intima Lucciansotta.

Ils étaient une petite dizaine de pirates en tout, hébergés temporairement par un receleur des usuriers au train de vie sensiblement plus exubérant que ceux de ses pairs. L’homme était également propriétaire d’une petite escadre de navires marchands qui lui fournissaient une rente non négligeable, de sorte qu’entre ses activités occultes et quelques opérations bienheureuses dans le domaine du commerce légal ou non, il n’avait plus à se soucier de rien pour vivre dans l’opulence.

Sa demeure, une riche maisonnée cossue située dans la périphérie immédiate de la cité maritime de Norland, aurait dû être à l’abri de la colère des civils. Mais c’était sans compter sur les recherches effectuées par les services de la milice, qui n’avaient rien laissé au hasard. Et maintenant, voilà que le receleur et trafiquant se retrouvait contraint de suivre ce pirate pour échapper à la justice.

Mais avant cela, il lui faudrait d’abord voir comment son invité comptait composer avec la grande foule de citadins qui se dressait face à eux. Il y avait là une bonne quarantaine de personnes, accompagnées d’hommes d’armes qui portaient les armoiries de la famille royale, tous emplis d’hostilité à leur égard. Une véritable horreur.

-Bon… est-ce que tout le monde est prêt ?, demanda Aeolus.
-Oui, monsieur.
-Très bien. Monsieur, si vous voulez bien me suivre…
-Où allez-vous ?, s’inquiéta l’usurier.
-Nous allons nous retirer… coté jardin.

Le criminel ouvrit la bouche, mais seul un grognement circonspect sortit de sa gorge.  Il ne savait guère que dire, et avait déjà décidé de s’en remettre à ces pirates pour s’en sortir. Aussi les accompagna-t-il jusqu’à son propre jardin. C’était un large terrain, plus large que ne l’étaient certains immeubles du centre-ville, et méthodiquement agrémenté d’arbustes agencés selon des motifs qui n’étaient pas sans évoquer les grands jardins à la française. Au plein cœur de l’allée verte, on pouvait voir une somptueuse fontaine, où des sirènes élégamment vêtues siégeaient parmi les jets.

Et au pied de cette fontaine, il y avait…

-Qu’est ce que c’est… que ce putain… de bordel de…
-Des tapis, annonça fièrement Lucciansotta.
-Nan… pas juste des tapis. En dessous, je veux dire.
-Aaaaah. Ceci, très cher collègue, n’est rien de moins que l’une des merveilles d’ingéniosité que nous autres anges avons pu façonner à l’aide des ressources de nos terres natales.

… quatre tapis tissés dans de robustes et somptueuses étoffes aux motifs ensorcelants. De véritables œuvres d’arts, façonnées par les mains entraînées d’un expert au goût sûr et à l’habileté indubitable. Pourtant, c’était encore autre chose qui avait alpagué le receleur des usuriers.

Les tapis n’étaient pas posés à même le sol, non.

Ils flottaient à un bon mètre au dessus de celui-ci, tous portés par un lit de nuage qui n’avait absolument rien de naturel.

Et l’armateur trouva la chose encore plus incroyable lorsqu’il vit un, puis deux, puis trois pirates prendre place sur ces chimères sans que celles-ci ne s’affaissent d’aucune façon.

Lucciansotta lui-même ne tarda pas à s’installer sur l’un d’entre eux, avec une agilité qui trahissait son habitude en la matière.

-Eh bien, monsieur… si vous voulez bien vous donner la peine… je peux vous proposer une place à bord de notre navire. Au moins jusqu’à ce que nous arrivions sur Armada… à moins que vous ne souhaitiez rester sur North. Qu’en dîtes-vous ?
-Oooooooooooh putain. Voilà ce que j’en dis. C’est safe, vos trucs ?
-Plait-il ?
-Je ne…. oooooooooooh put…
laissez tomber, ouais, lâcha le malfrat en prenant place à bord du véhicule.



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:01, édité 2 fois
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Et de retour au sein de l'avant-garde d'une des masses de civils...



-Eeeeeeh! On a réussi à coincer des pirates sur le port! Ils portent un drapeau rouge!
-SUUUS AUX ENNEMIS, MORT AUX PIRATES!!!, scandèrent les citoyens.
-Proposez leur d'abord de se rendre, nuança un sergent.
-Vous en faîtes pas, c'est juste un slogan pour leur faire peur. Le but c'est de les traumatiser pour qu'ils n'osent plus jamais revenir, non?
-Peut être, sauf qu'à trop leur faire peur, vous allez leur faire faire n'importe quoi.
-Et c'est pas une bonne chose?
-Bien sur que non. Ils pourraient faire des trucs dange...

Le sergent n'aura pas pu mieux dire. En vérité, il n'en eut pas l'occasion. Le navire qui leur faisait face était effectivement un navire pirate appartenant au réseau nouvellement constitué des drapeaux rouges. Un navire de taille moyenne, mais qui appartenait clairement à ce qui se faisait de mieux dans sa catégorie: le bâtiment était parfaitement bien entretenu au point d’avoir un aspect flambant neuf, et tout dans sa conception, depuis la coque jusqu'aux cordages, avait été façonné par un ensemble d'artisans qui s'adressaient très expressément à qui pouvait payer le prix de la qualité. Le bâtiment était surtout bien mieux équipé que la majorité des navires habituellement offerts en crédit-bail par les usuriers. Pour s'en convaincre, il suffisait de jeter un coup d'œil à la généreuse rangée de canons visibles sur le flanc du transport.

Ces mêmes canons qui crachèrent une nuée de boulets explosifs tout droit sur la foule de civils qui approchaient du quai où il se trouvait, fauchant par la même plusieurs d'entre eux, et en blessant le triple.

Le mouvement de foule en résultant causa lui aussi son lot de blessures et d'accidents au sein de la masse de citoyens ; cette fois pourtant, l'effort combiné des miliciens et des plus raisonnables des citadins parvint à éviter le pire.

Et sur le quai, on retrouvait encore les deux escouades de militaires qui interdisaient aux pirates de débarquer. Pire encore, les gardes cotes avaient réussi à harponner le grand navire en plusieurs points, et fusillaient généreusement quiconque avait la mauvaise idée d'apparaître dans leur champ de vision. Les pirates étaient immobilisés, et toutes leurs tentatives de dégagements n’avaient été qu’une succession de revers.

À l'extérieur du port, des croiseurs des gardes cotes menaient la garde, avec pour ordre de couler tous les navires qui refuseraient de se plier à leur contrôle. Et dans une telle situation, l'équipage de pirates était un coincé. Rien n'était encore joué, heureusement: s'ils se débrouillaient bien, la milice aurait toutes les peines du monde de les déloger de leur bateau.

Et comme aucun des miliciens ne dépassait le niveau de menace d'un simple matelot de la marine, ils estimaient avoir encore toutes leurs chances. À fortiori quand on savait d'où ils venaient.

-N'approchez pas!, hurla leur contremaître. S'il faut tirer sur des civils pour vous montrer qu'on ne plaisante pas, nous le ferons!
-Vous êtes complètement encerclés, les gars. Arrêtez les frais maintenant et tout se passera bien.
-Tout se passera bien? Genre vous allez nous parquer dans une prison pour nous passer la corde autour du cou? Non merci, vraiment!
-C’est ça ou tous vous fusiller immédiatement, à grands boulets de canon si ça s’avère nécessaire !
-Vous croyez que vous nous faîtes peur ? On a déjà vu infiniment pire, pauvres crétins. On a déjà fait Grandline avec plus d’une dizaine de passages par Reverse Mountain, pauvres guignols !

La route de tous les périls… et plusieurs fois, rien que ça. Une allégation qui n’avait rien d’invraisemblable, compte tenu de leur drapeau rouge qui signifiait une allégeance à Armada. Toutefois, les militaires n’en furent pas particulièrement affectés ; ils prenaient déjà la chose avec prudence et professionnalisme, et ne se laisseraient pas intimider.

Pour autant, eux aussi commençaient à s’enliser dans cette situation. Le sergent qui coordonnait le siège du navire avait beau avoir bravé les malfaiteurs, il n’avait pas les moyens de faire venir des canons si rapidement. Il leur faudrait un bon quart d’heure au minimum avant que les premières pièces d’artilleries ne soient amenées ici, et mettre en place tout ce matériel pour finalement pilonner fatalement l’autre navire…

Tout ça prendrait énormément de temps, craignait le soldat.

-Excusez-moi? J'aurais une proposition à vous faire.
-Eh? Oh, vous.

Le sergent se retourna en direction de la personne qui venait de l’interpeler. Il reconnu le visage et la silhouette caractéristique d’Evangeline Haylor, et connaissait bien assez la jeune femme pour deviner le pourquoi de sa présence. Entre ses chasses aux pirates, ses acquisitions de navires et ses crises de nerfs musicales relevaient bien davantage de la flash-mob, l’apprentie sorcière avait multiplié les frasques extravagantes au cours des derniers mois. Il avait déjà pu constater de visu de quoi elle était capable. Et même si cela n’avait pas été le cas, il aurait forcément entendu parler de la miss, et de ses talents un brin particuliers pour la dévastation.

Ils avaient demandé son aide, elle avait accepté. Et si la demoiselle avait été pu être utile pour maîtriser un part significative des malfrats rencontrés jusqu’ici, c’était bien davantage pour ce genre de situation qu’ils avaient besoin d’elle.

Satisfait, le militaire se félicita de la présence d’une telle alliée dans sa ville. Elle serait très utile, sans aucun doute.

-Si je m'occupe de ces pirates, commença la jeune femme. Et que je vous les livre... morts ou vifs selon les opportunités. Est-ce que vous me laisseriez récupérer ce beau navire?
-...

Un grand élan de déception traversa les entrailles du soldat. Utile, sans aucun doute. Serviable et désintéressée… visiblement pas. Ca n’était pas pour rien que la demoiselle était une financière acharnée doublée d’une intraitable négociatrice.

Pour autant, le soldat était bien déçu d’avoir à composer avec une mercenaire dans une situation pareille. Ca n’était pas du tout le moment.

-Non, ce n'était qu'une suggestion. Je vais m'en occuper bien sûr, vous n’avez pas besoin de répondre. Vraiment pas, s’il vous plait. Mais si l'idée vous venait de... rétribuer une ou plusieurs personnes pour des services rendus... eh bien voici ma suggestion.
-Vous ne vous gênez vraiment pas, vous, hein?
-Oh, je vous en prie. J'ai probablement immobilisé plus de pirates et de criminels aujourd'hui qu'aucune de vos escouades de policiers même regroupées en tranches de dix n’auraient pu le faire. Et il me semble que vous êtes payés pour ça.
-N’exagérez pas, merci.
-Bon. En tranches de cinq, d'accord.
-...
-Ah non. Là je me montre vraiment –très- généreuse, par contre.
-…
-Hihihi… c’est compris. Au travail, donc.

Ça ne devrait pas être trop compliqué, songea-t-elle. Elle avait déjà fait ça une bonne demi douzaine de fois. Toujours accompagnée de Sigurd et sous bonne escorte, mais...

-Encore un pas et on fait feu!, prévient l'un des pirates depuis son promontoire.
-Non! Je viens seulement pour pourparlers.
-Ben voyons!
-Vous voyez bien que je ne suis pas armée.
-Ferme ta gueule! Encore un MOT et on fait feu!

Bon. Ça ne pouvait pas être si facile que ça, après tout.

Outre les canons du bâtiment, disposés de manière à pouvoir défendre le navire de tout contournement, Evangeline pouvait clairement discerner toute une nuée de mousquets qui dardaient dans toutes les directions. Elle en voyait bien plus d'une cinquantaine, peut être le double.

Un pas de plus, un mot de plus, et elle mourrait sur place.

Pendant une longue minute, la demoiselle resta stupidement plantée sur place, complètement perturbée. Elle ne savait pas quoi faire, non. Et la tension grandissante qui gangrènait son coeur et ses entrailles devenait maintenant insupportable.

Alors, Evangeline se retourna... et pu apercevoir le grand sourire moqueur du milicien.

Une terrible tentation assaillit alors la jeune femme, qui se retrouva coincée dans son dilemme. Les pirates devaient être maîtrisés, morts ou vifs. Sans autre contrainte que cela, la demoiselle aurait pu annihiler tous ces forbans en même pas une minute. Il lui suffisait d'inonder leur navire de boules de feu et tout détruire sans ménagement. Noyés dans les flammes, les pirates n'auraient pas d'autre choix que de brûler vifs ou de se jeter à la mer. Et à ce stade, les survivants seraient des proies faciles, pour elle comme pour les miliciens.

Sauf qu'elle n'aurait plus de navire à récupérer dans cette version.

Il lui fallait user de ses chaînes, pas de ses boules de feu. Mais pour ça, il lui faudrait trouver le moyen de s'approcher. Et pour ça, elle aurait vraiment besoin d'aide.

-Eh bah alors?, se moqua gentiment le milicien. Je croyais que vous faisiez peur. Ça ne va pas?
-...
-Evangeline Haylor, la sorcière de Braemar, vous aviez dit, non? Vous ne voulez pas me montrer ce que vous avez dans le ventre?
-Je déteste ce sourire.
-Votre petit air sûre de vous était insupportable lui aussi, vous en faîtes pas.
-Humph.
Bon. J'aurais besoin de votre aide pour approcher de ce navire. Une fois à sa portée, je pourrais me charger de tous ces pirates en même pas trente secondes.
-Trente secondes seulement?, ironisa le soldat.
-Mettons que j'en aurais cadenassé plus des trois quarts à ce moment...
-Hinhin.
-Vraiment.
-..., sourit le soldat.
-Je vous hais.
-Moi J'crois que je vous aime bien, hinhinhin.
-...
-Bref. Et quelle distance il vous faudrait pour faire votre truc?
-Quelque chose comme... six mètres?
-Six mètres du quai?
-Six mètres de leur navire.
-Impossible, trancha le soldat.
-Quoi?
-C'est complètement impossible. Si on approche de quoi que ce soit, on sera juste en face de leurs mousquets.
-Et vous n'auriez pas des rambardes mobiles, des palissades ou quoi que ce soit?
-Pour dire bonjour à leurs canons?
-...
-...
-...
-Bah désolé mam'zelle, mais non, j'ai pas moyen de vous approcher de ce navire.
-Vraiment rien?
-Que non.
-Pfff. Vous ne servez à rien.
-Ooooh. Je vous demande pardon? Vous vous foutez de ma gueule? C'est vous qui ne servez à rien d'autre qu'à me faire perdre mon temps! Alors maintenant, si vous voulez bien dégager de là, j'ai des pirates à arrêter, merci!

Cette fois, la demoiselle resta muette, outrée, interdite. Haylor ne savait pas ce qui l'énervait le plus. Qu'on lui parle comme ça, ou que les soldats et les habitants présents tout autour la regardent avec ces grands yeux de poisson dénués de paupières.

Alors, Evangeline fit volte face, tendit le bras, et déchargea une large masse de flammes qui fusa droit jusque dans les voiles du bâtiment pirate.

Des flammes roses, d'entrée de jeu. Des projectiles de cendres incandescentes mêlées de composants chimiques qui décuplaient la voracité des langues de feu en résultant.

-Vous savez quoi?, déclara-t-elle sans s'interrompre.
-Euuuh...
-Sigurd aurait trouvé, lui. Un moyen de m'approcher de leur navire en toute sécurité, rien qu'avec les moyens du bord. Je ne sais pas comment, mais il aurait fait ça, poursuit-elle en relâchant deux rafales supplémentaires sur les pirates. Nous aurions eu le navire.

Haylor lança plusieurs autres salves de projectiles droit contre la mâture, qui s'effondra presque instantanément à leur contact. À l'impact, chaque déflagration dévorait le bois et les textiles comme si c'était du beurre. Et suite à cela, le feu éreinta toute la structure du gréement qui succomba bien vite à son propre poids.

Et le carnage ne tarda pas à progresser. Bombardés par leur propre mâture en proie aux flammes, arrosés par un barrage de boules de feu tirées en cloche qui ne visaient qu'à malmener leur seul abri, les pirates eurent bientôt à composer avec plusieurs cratères qui parsemaient leur coque et se multipliaient à un rythme alarmant.

Les pires dégâts furent essuyés par le flanc du navire, qui faisait face au quai, et encaissait de plein fouet la saute d'humeur d'Evangeline. Ses projectiles incandescents foraient le bois en explosant à son contact, éparpillant leurs gerbes de flammes à la volée.

Le pire arriva lorsque, à force d'attaques, la demoiselle finit par grignoter fatalement la ligne de flottaison du vaisseau.

Et une fois là, le bateau commença à vaciller au dessus de la mer, alourdi et déséquilibré par le poids des eaux qui s'engouffraient progressivement dans ses calles.

Le compte à rebours était maintenant lancé ; ce n'était plus qu'une course entre les éléments pour savoir qui, des eaux ou de l'incendie, infligerait les plus lourdes pertes au navire et à son équipage.

Tout ne fut plus que cris, pleurs et exclamations de panique face aux calamités qui venaient de les frapper.

À cet instant, Evangeline se retourna, un grand sourire aux lèvres.

Suprême, triomphante, satisfaite et contentée, la miss ne put résister à l'envie de parader devant ses détracteurs. La tête haute, poitrine bombée, elle s'en retourna tranquillement jusqu'à la bande de miliciens, soignant précieusement le moindre de ses gestes face aux regards époustouflés qui se partageaient entre elle et le navire condamné à disparaître.

Alors, Evangeline se planta droit devant le sergent qui avait haussé le ton, avec une irrépressible envie d'exploser de rire.

Tant pis pour son bateau, songea-t-elle.

La tête qu'ils faisaient tous valait très largement ces cent millions.








ALRIIIIIIIIC, JE TE HAIIIIIIS!!! TOUT CA CAR TU AS PRIS MA RÉCOMPENSE!!! CA NE VAUT ABSOLUMENT PAS CES CENT MILLIONS T_T !!! JE VEUX MON GROS BATEAU!!! OUIIIIIIN!!!





Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 22:00, édité 1 fois
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Il n’avait pas bien fallu aux forces combinées des miliciens et de leur sorcière pour capturer l’ensemble des pirates du bâtiment naval. Un peu plus loin, au centre de la place qui jouxtait les quais, on retrouvait maintenant un petit groupe de soldats qui encadraient cinq groupes d’une vingtaine de personnes chacun, toutes enlacées par des cordes et de morceaux de ficelles laineuses noués en gros nœuds rouges qui leur donnaient un aspect de cadeaux de Nowel.

Une plaisanterie qu’Evangeline comment à apprécier de plus en plus. Les militaires n’avaient pourtant pas relevé le trait d’humour, ou pas ouvertement du moins. Pour sa part, le sergent avec qui elle avait conversé précédemment était maintenant en grande conversation avec son escargophone. Et au diable le respect des procédures ou du confidentiel, elle décida de s’approcher pour écouter ce qu’il en était ; personne ne chercha à l’éloigner d’ici, étrangement.

-Sergent, un cadre des usuriers accompagné d'une bande de pirates approche de vous par les airs!
-Oooh. Eh bien on va les recev... euuuh... Jerson? Ils se déplacent par les toits, vous dîtes?
-Non sergent, j'ai bien dis par les airs. Ils sont sur des tapis volants. Ils volent.
-...
-...
-...
-Je suis sérieux.
-Je sais. Et je vous hais, Jerson.
-Désolé.


Le militaire rangea son escagoradio en grimaçant, contrit. Des pirates... volants... sur des tapis, rien que ça. C'était absolument n'importe quoi.

-Un problème?, lui demanda Haylor, toujours aussi désespérante avec cette expression radieuse vissée à son visage depuis tout ce temps.
-On a visiblement une dizaine de guignols portés par des tapis volants qui arrivent droit sur nous.
-...
-...
-...
-Je suis sérieux.
-Je sais. Et c'est tant mieux.

-...?

Absolument n'importe quoi. Voilà que la pyromane attitrée de la ville se mettait à le regarder avec des pépites d’or dans les yeux, pleine d’une expectation qui lui semblait clairement malsaine. Pire encore, son sourire à peine contenu s'illumina de quelques crans supplémentaires après quelques instants. Ce qui ne présageait rien de bon.

-Hihihi hihi... des tapis volants... très très très très bien... eeeeeeh eeeeeh eeeeh hihi hihi... j'adore l'Esprit de Nowel... hiii hiii hiii hahahaha...

Une véritable folle.

-Madame, s'il vous plait... essayez de vous tenir un peu ou je vais me sentir forcé de... vous écarter du théâtre des opérations. Dans un asile psychiatrique, je crois. Vous m'avez l'air particulièrement instable, en fait. Est-ce que vous allez bien?, demanda-t-il sincèrement.
-Non, non. Hihihi. Rassurez-vous. C'est juste... une excellente journée. Je crois que j'aime beaucoup cette ville. Hihihi. Vraiment, oui. Elle est très belle, et... il se passe tellement de choses ici... hihihi...
-Ouais, bah moi chuis pas du tout sûr d'aimer ça.



Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 21:59, édité 1 fois
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-PUTAIN DE BORDEL D’ENFOIRE DE FILS DE MERE DE DIEU D’ENFOIRE DE FILS DE MERE DE DIEU D’ENFOIRE DE FILS DE MERE DE DIEU D’ENFOIRE DE FILS DE MERE DE DIEU !!!!!!
-Il arrêtera jamais de brayer ?
-Jamais.

Les quatre tapis volaient diligemment au dessus du sol, soit bien assez haut pour ignorer librement la masse d’obstacles urbains qui auraient dû les retenir.  Ces quatre véhicules surnaturels présentaient tout un lot d’avantages exceptionnels, notamment en termes de vitesse et de praticité, mais posaient également quelques inconvénients de taille.

Ces pauvres petits rectangles de cinq mètres sur trois semblaient effroyablement étroits pour quiconque n’était pas habitué à leur usage. Même les pirates habitués à voyager là-dessus trouvaient à se plaindre de l’inconfort extrême de ces transports. En l’occurrence, pourtant, ils n’avaient guère le choix : à voyager là-dessus, ils pouvaient impunément se rendre là où ils le souhaitaient.

Pour sa part, le représentant des usuriers et riche notable au jour le jour n’avait jamais mis les pieds sur de telles choses. Et forcément, se déplacer à plus de quinze mètres par secondes, à une trentaine de mètres au dessus du sol, était une véritable et terrifiante horreur. A tout instant, il sentait bien qu’il pouvait lâcher prise, partir en arrière, perdre l’équilibre et basculer vers le néant, au cours d’une chute irrémédiablement mortelle qui le réduirait à l’état de masse charnue, spongieuse et inhumaine.

Il ne voulait pas mourir, non. Et encore moins comme ça.

-FAITES MOI DESCENDRE FAITES MOI DESCENDRE FAITES MOI DESCENDRE FAITES MOI PITIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!

Mais les pirates et leur meneur, Aeolus Lucciansotta, ne se préoccupaient aucunement de lui. A leur vitesse, le sifflement du vent était suffisant pour étouffer au moins partiellement les cris de leur invité, ce qui était très appréciable. Un peu plus tard, pourtant, ce fut autre chose qui attira leur attention.

De la fumée, en provenance des quais où ils avaient amarré le Cardinal, leur navire de longue date. Il s’agissait d’un navire de taille moyenne, au bois taillé dans un chêne blanc exotique en provenance directe des mers célestes, le tout revêtu d’une teinte nacrée du plus bel effet qui correspondait parfaitement aux goûts de Lucciansotta, son propriétaire légitime.

Malheureusement, les pirates ne tardèrent pas à constater de visu ce qu’ils commençaient à craindre de plus en plus au fil de leur approche. Les gaz cendreux provenaient bel et bien des restes fumants de leur navire, oui. On pouvait encore discerner plusieurs planches et quelques fragments d’épaves éparpillés de ci de là à la surface.

Et pire encore, un peu plus loin, ses hommes avaient été tous capturés et rassemblés au beau milieu des quais, avec assez de soldats et de civils pour tous les submerger.

-Mais diable… mais que s’est-il passé ici ?
-Euh… j’ai l’impression qu’ils se sont pris une pure branlée…
-Ils ont tous été capturés, remarqua un autre pirate.
-LLLAAAIIIIISSSSSEEEEEEEZZZ MOOOOOAAAAAAAAAAAAA DEEEESCEEEEEEEEEEEENDREEEUUUHH !
-Restez ici, intima Aeolus. Je me charge de ça.

Sans hésiter, l’ange décida de mettre pied à terre. La majorité de ses hommes n’étaient que des sbires dont il connaissait simplement le nom et le visage, pour les avoir côtoyé des semaines, parfois des mois durant au fil des traversées qu’ils avaient faîtes de par le monde. Il n’avait guère d’attaches particulières à ces personnes, et c’était bien naturel. Et pourtant, un certain nombre d’entre eux avaient réussi à attirer sa sympathie au cours des innombrables semaines passées ensemble, en pleine mer. De même, plusieurs des pirates tombés dans les griffes des miliciens étaient des individus de confiance, des compagnons indispensables ou des amis fidèles qu’il ne souhaitait en aucun cas voir disparaître. Et pour toutes ces personnes, Lucciansotta était parfaitement prêt à aller braver toute la garde d’une cité portuaire si cela s’avérait nécessaire.

A fortiori sur une pauvre petite cité des bleues qui, aussi grande et florissante soit-elle, ne contenait vraisemblablement pas une seule personne pouvant lui tenir tête. Elle n’était même pas sous la juridiction de la marine mondiale, et ne bénéficiait donc pas du vaste support technologique et militaire du gouvernement mondial.

Il était invincible pour ces terriens, clairement.

Et une fois ces considérations posées, on pouvait facilement comprendre pourquoi Aeolus prit le risque de se présenter seul face à l’ensemble des forces armées présentes sur cette zone de Norland.

Contrairement à ses attentes, pourtant, ce ne fut pas un militaire en uniforme qui se chargea de l’accueillir. C’était…


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 27 Mai 2015 - 21:58, édité 1 fois
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Pour Haylor, c’était comme Nowel en avance. Un ange, voguant sur un tapis volant porté par les nuages, qui descendait du ciel pour arriver droit jusqu’à elle. Un pirate, en plus ; autrement dit, une victime clairement identifiée qu’elle pourrait délester de toutes ses possessions intéressantes sans rien avoir à se reprocher, et surtout, sans rien faire de répréhensible.

Encore que cet homme n’avait absolument pas l’allure d’un pirate usuel. Pas de tricorne, pas de bandeau, pas de crochet ou de jambe de bois. Pas de sabre, pas de pistolet… pas d’armes, en vérité. L’homme portait une élégante tunique d’albâtre immaculée, faîte de tissu soyeux luisant joyeusement en cette fin de journée, couverte par un manteau du même acabit orné de fourrure sur les rabats.

Outre ses vêtements, le nouvel arrivant était inhabituellement propre pour un pirate. Extrêmement bien coiffé, ses cheveux courts rejetés en arrière, plaqués contre le haut de son crâne. On ne pouvait évidemment pas manquer le monocle qui siégeait sur son œil droit, et encore moins l’espèce de volatile gracieux qui siégeait sur ses épaules à la manière d’une fourrure de vison à plumes. Il s’agissait d’un paon célestial, apprendrait-elle plus tard.  Une espèce exotique qui résidait exclusivement sur les mers blanches.

Au-delà de ça, Lucciansotta était un quarantenaire formé et agencé par les années ; même en pareilles circonstances, l’ange paraissait imperturbable, aussi tranquille que confiant. Son regard brillait d’une intelligence certaine, et d’une détermination sans faille. Car même en exil sur les mers bleues, Aeolus était un des plus fiers produits de la famille Lucciansotta, et se devait de faire honneur à son sang et à son nom quelque soient les circonstances.


Un homme respectable qui se devait de faire grande impression, tout simplement. Tout à fait le genre de personnage qu’appréciait tout particulièrement Evangeline.

-Waow. Hihihi… meeeeeerveilleux. Un vrai plaisir de vous rencontrer. Monsieur… ?

Bras croisés contre son torse, une main posée sur son menton, le nouvel arrivant les observa tous d’un air confiant. Son regard balaya tour à tour ses propres hommes captifs, les miliciens en armes, le sergent à l’uniforme caractéristique, la jeune femme d’allure austère qui se tenait face à lui, puis la foule de civils présente aux alentours. Et finalement, il se recentra sur miss Haylor.

-Je préfère garder mon nom secret, Madame. Cela vous paraîtra banal, mais il s’agit là d’un moyen très efficace de ne pas faire trop de bruit.
-Mmmh… pourquoi pas. Dans ce cas… qu’est ce que vous êtes ?

Lucciansotta lui adressa un air sévère. Il s’agissait d’une question sotte, inélégante, et terriblement mal avisée. Typique d’une terrienne, sans aucun doute. Et il avait raison : c’était bien là la première fois qu’Evangeline voyait un ange. De la même manière qu’un an plus tôt, elle peinait encore à croire que l’homme poisson qu’elle avait rencontré n’était ni une plaisanterie, ni un canular très travaillé.

Et depuis ce jour, elle ne cessait de s’émerveiller face aux miracles qui se succédaient.

Rien que devant elle, par exemple. Se trouvait un grand tapis volant.

C’était magique. Et son sourire l’annonçait bien

-Tous ces nuages, questionna-t-elle en contemplant l’objet. Est-ce que c’est ce que je pense ?
-Mais encore ?
-Des coquillages magiques. Vous appelez ça des dials ?
-Oooooh, s’amusa l’ange dans un rictus discret. Vous connaissez donc ça.
-J’en ai trouvé. Et je les collectionne, révéla la demoiselle en présentant certains de ses dials.
-Je vois je vois. Et vous avez l’air de bien y tenir. Mes excuses pour la non-réciprocité, mais… votre nom ?
-Evangeline Haylor. Apprentie sorcière, cru-t-elle bon d’ajouter après un certain temps.
-Oh ! Excellente idée, oui. Eh bien, à défaut de mon nom, je peux au moins vous dire qu’il fut un temps, il y a une dizaine d’années de cela, on me connaissait sous le titre de Séraphin.
-Tiens donc ?
-Oui… l’île dont je viens… possède une culture… particulièrement hiérarchisée. La hiérarchie de Laguna.
-Vous venez donc d’une ile particulière ?, s’emporta la jeune femme avec entrain. Ou ça ? Quelle est son nom, où se trouve-t-elle ?
-C’aurait pu être avec plaisir, Madame, répondit Lucciansotta d’un air sincère. Malheureusement, je n’ai pas du tout le temps pour ça. Et vos amis non plus. Je suis venu pour reprendre mes hommes. Et je ne pense pas que vous me laisserez m’éterniser ici. Je vous prie donc de faire ce que je vous demande sans résister. Dans le cas contraire, je n’hésiterais pas à vous tuer si nécessaire pour…
-S’il vous plait, avant tout ça, dîtes moi… vos tapis volants… comment font-ils ? Est-ce que ce sont des coquillages qui… font tous ces nuages ? J’ai déjà essayé quelque chose du genre, mais je me suis retrouvée avec n’importe quoi. Rien qui ne marche. Seulement des résultats statiques. Des réseaux, des plateformes… mais rien qui ne puisse…
-HUM HUM, toussota grossièrement le sergent à ses cotés. Evangeline ? Est-ce que vous pourriez… ?
-Oh… bon, bon… si c’est ce que vous voulez tous…

La demoiselle lança un regard pincé, presque irrité au milicien, avant de prendre en main l’une de ses chaînes qui se déroulaient depuis ses manches.  Pour sa part, Aeolus avait matérialisé droit devant une surface plane, formée d’un étrange métal aux allures liquides, dans laquelle il contemplait son reflet. Le pirate s’autorisa même la coquetterie de tirer une plume de paon céleste –le même animal qui lui servait de vison- des pans de sa veste pour se recoiffer.

Mais miss Haylor n’avait d’yeux que pour l’espèce de vapeur métallique qui semblait se plier au bon vouloir de l’ange, et qui s’en retourna dans les recoins de la belle veste immaculée du Séraphin lorsqu’il en eu fini avec sa vanité.

-Bon, bon. Eh bien, puisque vous vous êtes tous mis d’accord à ce sujet… je ne vais pas insister. Je vous propose que l’on remette ceci à la semaine prochaine, afin de me laisser le temps d’étudier un petit peu vos tapis, et d’obtenir une autorisation pour venir vous voir au parloir… lorsque vous serez en train de moisir dans une geôle sombre et unique avec vos petits marins. Qu’en dîtes-vous ?

Haylor claqua des doigts, intimant par là même à ses chaînes animées de se déployer tout autour d’elle. Ses manches, sa ceinture, sa robe donnèrent naissance à une vingtaine de rets, qui commencèrent à occuper l’espace des alentours pour la défendre.

-Vous mourrez ici sans obtenir une seule de mes réponses, Madame, répliqua l’ange en rangeant sa plume de paon. Mais ce sera amusant.
-Ca, je n’en doute pas…

Malgré les mètres qui les séparaient, Evangeline tendit un bras droit devant elle et serra le poing, comme pour attraper le Séraphin. Au même instant, dix de ses chaînes fusèrent droit vers le pirate, qui se laissa camisoler sans même bouger d’un pouce. Alors, la demoiselle raffermit sa poigne, ordonnant à ses liens de cadenasser et d’écraser autant que possible le convoyeur des usuriers.

Même ainsi, pourtant, Lucciansotta resta sans réagir, insensible à l’emprise des câbles qui se refermaient  cruellement contre son corps.

-Ca ne me fait rien, siffla-t-il après quelques instants.
-Oooh. Et ça ?

Lentement, Haylor leva le bras. Dans le même mouvement, ses chaînes déracinèrent Aeolus de son tapis, pour le suspendre à cinq bons mètres au dessus du sol. Cette fois, le pirate s’autorisa un bref gloussement, comme agréablement surpris. Il ne craignait pas grand-chose d’un résident de North, et encore moins d’une femme, mais ces derniers se donnaient très certainement du mal pour essayer de se défendre.

-Eh bien, vous savez vous y prendre avec les hommes auxquels vous tenez, je crois…

Pour toute réponse, Evangeline baissa subitement le bras et fracassa le pirate contre le sol, une fois, aussi brutalement que possible, puis deux, puis trois… puis rien du tout. Aeolus posa ses pieds à même le sol et y resta collé sans que la civile ne parvienne à quoi que ce soit de plus. Elle avait beau forcer, tracter, tirer même par le peu de force de ses bras, rien n’y faisait. Bien vite, un autre problème lui apparut : ses chaînes étaient coincées sur le pirate et ne répondraient plus au moindre de ses ordres.

Le pire pointa le bout de son nez lorsque ce furent ses chaînes qui s’animèrent pour la tirer, elle, jusqu’à Lucciansotta. Elle avait beau forcer, gémir et se débattre, Haylor n’y pouvait rien.

Et à son tour, le pirate, désormais libre, leva le bras tendu haut vers le ciel pour donner vie à une masse de métal liquide, une substance aux reflets irréels, qui prit très vite la forme d’une énorme épée longue de six mètres.

-Eh bien, je crois que nous avons fini, Madame.
-Hhhhhhhhhhh…
-Je vous demande à tous de m’écouter !, annonça Aeolus à l’assemblée. Si vous ne voulez pas que je tue cette femme et que j’en fasse de même avec vous tous, je vous ordonne de libérer mes hommes, d’affréter un navire digne de ce nom à notre égard, et de…

Lucciansotta s’interrompit pour réfléchir à son programme. Tout ça était beaucoup trop compliqué, en fait. Il n’avait pas besoin de se donner cette peine. Puisqu’ils avaient pris la liberté d’anéantir son beau navire, il ne se fatiguerait pas aujourd’hui.

-… oh et puis non, oubliez ça.

L’ange d’Armada frappa de son arme surdimensionnée, fauchant la jeune femme qui s’écroula contre le sol sous la puissance du choc.
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-Arrêtez le! FEU!

À peine leur sorcière mise hors de concours que le sergent donna l'ordre à tous ses hommes d'arroser abondamment l'ange d'Armada. Aussitôt, l'homme se recouvrit d'une mince gangue translucide de vapeur métallique, sur laquelle les balles ricochèrent sans l'érafler. Même ainsi, les policiers continuèrent à faire feu, ne serait-ce que pour tenter leur chance, mais aussi pour offrir plus de temps à leurs collègues qui, plus en arrière, s'affairaient à éloigner les civils loin du combat.

Et tandis qu'un fragile cordon de soldats s'érigeait pour faire face à Lucciansotta, une équipe plus discrète de secouristes se glissa en direction d'Evangeline. Vu ce qu'elle pouvait faire, il leur fallait la secourir. C'était elle ou rien, pour le moment.

Les miliciens n'avaient aucun moyen d'évaluer l'état de la jeune femme : le choc avait été abominable, mais l'épée géante faîte de nuage et d'acier, loin de transpercer sa victime, s'était brisée en mille morceaux lors de l'impact. Aucun d'entre eux n'avait jamais rien vu de pareil. Mais en ce jour, ils n'étaient plus vraiment à ça près.

Lorsque que la clameur des pistolets et des fusils se calma, Aeolus fit apparaître à ses cotés deux autres épées en tous points identiques à la précédente. Il utilisa la première pour enfoncer d'un grand coup de taille la ligne des miliciens, brisant une nouvelle fois son arme au fil des chocs, puis renouvela l'attaque de son autre arme. Trois policiers armés de sabres et de matraques en profitèrent pour l'attaquer dans son dos ; l'ange les dégagea en faisant apparaître une tierce lame sans aucun temps de latence.

C'était désespérant : l'un de ces trois hommes avait tenté de l'embrocher, sans parvenir à transpercer la fine couche de vapeur métallique qui l'enveloppait. Un autre l'avait atteint au crâne d'un coup de matraque porté à pleine puissance, mais même ainsi, Aeolus ne flanchait pas. L'ange, seulement décoiffé, s'empressa de rectifier ce détail en se peignant une nouvelle fois à l'aide d'une plume de paon.

Une fois cela fait, Lucciansotta fit apparaître quatre autres épées qu'il écrasa les unes après les autres sur la piétaille qui s'opposait à lui. Et ce fut là le début de la fin.

Les choses étaient maintenant hors de contrôle, et la discipline des militaires lâcha presque instantanément face à ce monstre qui les dominait. Une part non négligeable décida spontanément de battre en retraite, voire même de prendre la fuite à toutes jambes et s'éloigner autant que possible des quais. Le reste commença à s'isoler en petites poches, et une poignée de soldats décidèrent d'attaquer spontanément, peut être en désespoir de cause. Un assaut désordonné en provenance de toutes parts, que le pirate accueillit d'un grand revers de main.

Alors, les ailes de l'ange se deployèrent, mariées et prolongées par plusieurs gangues de nuages, ainsi qu'à une aura bleutée qui ne ressemblait à rien de connu.

Désormais fort d'une envergure de neuf mètres, soutenu par des volutes de nuages duveteux qui épousaient son corps, Lucciansotta bondit en l'air sur plusieurs mètres... et resta comme figé sur place au dessus de tous, toisant de haut ses adversaires pris en défaut.

-Je vous avais prévenu, Telluripodes. Il n'est pas avisé de venir brusquer un résident des mers célestes. Le châtiment du feu du ciel, voilà ce qui vous attend.

Lucciansotta tendit les bras, avec dans chaque paume un de ses coquillages fétiches.

Des coquillages qu'à peu près tout le monde ici avait déjà vu en possession d'une autre personne.

Des pyros dials, qu'Aeolus utilisa pour bombarder allègrement les alentours. Contrairement à miss Haylor, l'ange privilégiait les petites boules de feu projetées en grandes rafales ardentes. De quoi brûler dangereusement autant de victimes que nécessaire.

Et des victimes, il y en eut en quantité.

À ce stade, les miliciens n'avaient plus rien à espérer. Rester ici, c'était mourir, et l'étendue de leurs pertes était déjà terrible. Le sergent ne voyait plus qu'une solution: qu'ils se retirent et prennent la fuite, en espérant que l'équipage de l'ange ne cherche pas à se venger en saccageant la ville.

Ce qui, à mieux y réfléchir, lui semblait presque impossible.

Un raisonnement qui le ramenait au point de départ.

Ils n'avaient rien à faire.

Ils étaient impuissants.

Et ils étaient finis.


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Mais heureusement, ils n’étaient pas les seuls à s’être fait un devoir de protéger cette ville. Haylor était peut être utile et particulièrement visible, elle n’était présente sur l’île que depuis quelques mois. A l’inverse, les révolutionnaires avaient renforcé leur implantation sur l’île depuis sensiblement plus longtemps. Pourtant, leurs grandes figures répertoriées ne s’illustraient qu’exceptionnellement sur la cité de Norland.

Ce qui n’empêchait aucune d’autres agents d’être présents, et disponibles.

Et impliqués.

Et dangereux.

Et tout à fait à même de se rendre utiles.


Gatsubatsu : Sashimiki no Shantae / L'ÉCLOSION MORTELLE DU LOTUS POURPRE!!!



Et subitement, l'ange se retrouva noyé dans les ténèbres, incapable de bouger les membres.  Quelques secondes de plus et une pression prodigieuse le tira droit contre le sol, lui interdisant de répandre davantage de boules de feu aux alentours. Ou de faire quoi que ce soit d’autres, en vérité.

De l'extérieur, on pouvait voir qu'Aeolus avait été victime de fumigènes, et qu'un ensemble de grappins artisanaux, quatre cordes lestées de lourdes dagues en acier, avaient été plongées dedans. Où qu'on regarde, pourtant, on n'arrivait pas à deviner qui les avait lancées.

De l’ange, on ne distinguait rien. L’écran de fumée dégageait tellement de vapeurs opaques qu’on aurait pu se croire à juste titre dans une fournaise. On réessaya donc de s’intéresser au nouveau venu, pourtant introuvable.

Ce n'est qu'un peu plus tard qu'un milicien s'écria :

-Là, sur le toit!

Alors, effectivement, le public réussit à discerner un homme vêtu de noir, drapé jusqu'à mi cuisse, aux traits dissimulés sous une cagoule de tissu fin qui ne laissait apparaître que deux yeux d'un bleu turquoise ensorcelant. À cette distance, on ne parvenait à discerner que l'équipement qu'il transportait, c'est à dire une ceinture cernée de sacoches et d'ustensiles divers. Des poignards, des cordages, et divers outils à l'usage incertain.

Une poignée d’hommes de la milice, et à peu près le double d’habitants le reconnurent.

Il s'agissait d'un homme prénommé Jian, d'un shinobi qu'Haylor et Dogaku avaient déjà croisé. D'un communiste convaincu qui voyait dans la révolution un bon moyen de combattre la pire des formes du capitalisme, à savoir le règne des dragons célestes.

Et comme Sigurd l'avait prédit un peu plus tôt, les révolutionnaires étaient forcés d'intervenir. Par conviction, comme Jian, qui avait accouru dès la mention de difficultés des miliciens dans les radios. Mais aussi par intérêt.

S'il les sauvait maintenant, ce serait un grand coup de pub.

-Et voilà donc... encore autre chose.

Aeolus se redressa. Les ténèbres vaporeux s'étaient vite dissipées, et son aura de métal l'avait protégé et délesté des quatre grappins. Pour la troisième fois, il ressorti sa plume de paon et se recoiffa machinalement. Alors, seulement, il continua:

-Et d'où venez-vous? Et qui êtes vous? Des révolutionnaires, je suppose?

Le ninja ne répondit pas. L'homme se contenta de le regarder depuis le balcon du bâtiment d'en face, imperturbable. Et cette fois, l’ange ne chercha pas à forcer la conversation.

-Votre sorcière était plus agréable, je trouve... mais qu'à cela ne tienne.

À cet instant, trois boules de feu crépitantes fusèrent depuis le Séraphin jusqu'au ninja. Et contre toute attente, elles explosèrent en s'écrasant sur lui. La silhouette indiscernable du shinobi se ratatina sur elle même, consumées par les flammes d'Aeolus.

Ce qui était trop beau pour être vrai, bien sûr.

Curieux, l'ange commença à observer les alentours, à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui éveillerait son attention. L’autre cherchait à le piéger, bien sûr. Vu son accoutrement, il s’agissait d’un simili-ninja, un artisan de la confusion. Il n'appartenait qu'au Séraphin de se montrer assez attentif pour ne pas être pris au dépourvu.

Et pour cela, il lui fallait rester sur ses gardes, et...


Daikin Nobunaga Chinjaotsu / LA FUREUR DU TIGRE BLANC PYROCLASTIQUE!!!




Aeolus se retourna immédiatement en direction de son adversaire. Mais de là où venait la voix, il n'y avait rien. Au contraire: quelques bruits de pas se firent entendre dans son dos, ce qui l'incita à amorcer immédiatement une grande attaque d'un coup de sabre derrière lui. Toujours en vain. Et finalement, le ninja surgit hors de la foule, sans que personne n’ait le temps de voir d’où est-ce qu’il apparut. Au même instant, deux grappins cherchèrent à enlacer une nouvelle fois le capitaine pirate.

Ce dernier, attaqué de toutes parts, se réfugia tout simplement derrière sa grande aura de vapeur métalique, qui quadrupla de volume pour l’occasion. Mais les propriétés de son eisen dial, car c’était de ça qu’il s’agissait, ne lui permettaient pas de résister à la terrible frappe du shinobi. Le révolutionnaire traversa littéralement la gangue de fumée, sabre au clair, pour s’efforcer de décapiter son adversaire de deux coups de dagues déterminés.

Alors, Aeolus renforça naturellement sa protection en déployant sa propre aura, son haki combattif d’un bleu azur, afin de couper court à toute tentative d’approche. Et le ninja se retrouva coincé, et dangereusement près de l’ange qui préparait sa contrattaque.

Déjà, les grandes épées du Séraphin se matérialisaient, prêtes à frapper.

Le shinobi ne tarda pas à disparaître, littéralement, usant d’un artifice de sa conception pour ne laisser derrière lui qu’une cape de cuir usée et plusieurs billes d’explosifs qui détonèrent  en grands fracas au contact des lames de gaz meurtrières.

Mais le choc qui en résulta ne parvint même pas à entamer la nouvelle sphère de bleu grisée. Et sous cette couche de protection, la robe d’albâtre du Séraphin restait immaculée. Depuis le début de ses confrontations, rien n’avait encore pu le blesser, l’atteindre, et encore moins le tâcher.

-Je crois que je vais avoir beaucoup de mal, commenta Jian en se présentant tranquillement face à l’ange.
-Je crois que nous gagnerions tous beaucoup de temps si vous partiez sagement au lieu de…
-Certainement pas, pirate.
-Hhh… vous réalisez que vous ne pouvez rien contre moi, et que je vais avoir toutes les peines du monde à vous atteindre… ce qui va donc m’inciter à simplement vous ignorer… pour faire ce que je veux ?
-Vas-y. Essaie. Fais-toi plaisir.

Par pur défi, Lucciansotta se détourna du shinobi, pour s’en retourner en direction des miliciens qui retenaient son équipage.

Et devant lui, c’était pas moins d’une douzaine de ninjas qui se dressaient, tous décidés à le retenir aussi longtemps que nécessaire, faute de pouvoir faire mieux.

-Bande de… teigneux… aussi têtus que des cafards. LAISSEZ  MOI JUSTE RECUPERER MON EQUIPAGE, BON SANG !, s’énerva l’ange.

Car lui aussi venait de comprendre quelque chose.

Ce serait long.

Et ce ne serait pas facile.
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-Alors bordel, il se passe quoi ici?

Les ninjas n'étaient pas les seuls à s'être précipités sur la zone de combat à l'annonce de la bataille menée contre l'ange. Il s'agissait du seul endroit où la milice avait rencontré des difficultés ; sans surprise, le reste des forces de l'ordre en attente allait converger vers ce point.

Et parmi ces hommes, il y avait bien sûr...

-Ooooouyah. Des putains de boules de feu qui lui sortent des paumes et du manteau... des nuages qui lui servent à se suspendre en l'air... des épées liquides à la Terminator... putain, ce mec c'est Haylor niveau trente. On est tellement mals...

Le groupe de militaires qui accompagnait Sigurd faisait lui aussi partie du lot. Pour sa part, le chevalier de Nowel se tenait maintenant au sein d'un petit groupe de négociants du port, dont quelques uns ne cachaient pas leur sympathie pour la révolution. Tous étaient parqués aussi loin que possible du combat, retenus par un cordon de policiers dédiés à la protection des habitants. Alors, ils observaient les événements de loin.

-Le ninja, c'est pas un de vos potes?, commenta Dogaku. Très chouettes techniques, en tout cas.
-Peut être, éluda un marchand.
-Ça serait pas lui, le ninja communiste?
-Quoi, vous le connaissez?
-Mwarharh. Déjà croisé une fois. Pis le pyjama et le gabarit me disent quelque chose. J'avais pas vu le truc avec les grappins, mais c'est vraiment pas mal.
-Hahaha. Et vous, dîtes moi. La jeune femme dans le coin, là, ça n'est pas votre comptable sorcière?
-Oh, c'est possible, ça. Où ça?
-Dans le coin, là, avec les secouristes...
-Hhhhh...

Une grande douche d'eau glacée. C'était comme si Sigurd venait d'ingurgiter un seau entier de limaille de fer. Car en effet, il pouvait clairement distinguer Evangeline, en retrait du combat, le visage à moitié tuméfié et lardé de sang, qui peinait à se redresser même avec le soutien de deux infirmiers.

Il pouvait aussi voir que, contrairement à ce qu'il aurait cru, contrairement à ce que le bon sens lui hurlait de faire, sa partenaire avait vraisemblablement l'intention de retourner attaquer l'ange une fois remise.

Et ça, ça ne lui convenait pas le moins du monde, gromella-t'il en commençant à traverser la foule pour la rejoindre.

-Stop. Les civils n'ont pas le droit de passer, c'est dangereux.

Sigurd s'interrompit. Il était maintenant à la lisière du grand rassemblement des habitants, à coté des miliciens qui s'efforçaient de les maintenir tous à distance.

-Ouais bah justement, mon amie est de l'autre côté de la barrière et l'est civile autant que moi, alors faîtes la sortir tout de suite, s'il vous plait.

Sans surprise, le milicien ne se laissa pas faire. Plus étonnamment, par contre, le lieutenant en charge de leur coordination prit la peine de rebrousser chemin pour calmer le chevalier de Nowel. Il n'avait absolument pas besoin que Sigurd se mette en tête d'interférer avec une autre de ses énormités: cela faisait déjà assez d'ennuis comme ça.

-Tout doux, Sigurd. On s'en occupe.
-Oooh que non, s'énerva le jeune homme. C'est juste mort. Sérieusement, vous allez pas me faire croire que...
-Stop, aboya l'officier. Ne commencez même pas. Vous avez dit que vous étiez prêts à assister la milice si on en avait besoin, objecta le lieutenant en se rapprochant. Et c'est ce qu'elle fait.
-Que dalle! Elle va se faire tailler en pièces et vous pourrez rien faire.
-Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que tout se passe bien, merci. Au cas où vous n'auriez pas vu, on l'a mise à l'écart pour qu'elle serve de soutien, rien d'autre.
-Alors laissez moi aussi passer que je puisse aussi faire quelque chose, putain! Elle va se faire tuer avec tout le monde, rajouta-t-il, l'air lamentable.
-D'accord. Alors allez-y, dîtes moi. Qu'est ce que vous feriez, Sigurd? Qu'est ce que vous pouvez faire? Qu'est ce que vous me conseillez, vous qui savez tout mieux que tout le monde avec vos excellentes idées?

Le militaire ficha ses yeux droit dans ceux du chevalier de Nowel, tout en lui assénant sa terrible question d'un ton sans équivoque.

Et face à cela, Sigurd resta sans voix. Toujours acide, toujours sous le coup de l'emportement, mais sans aucune réponse à apporter. C'était bien simple: il n'avait rien à répliquer. Car le soldat avait raison sur toute la ligne. Et si, en temps normal, cela ne posait aucun problème à Dogaku, la chose était ici insupportable à accepter. C'était pourtant ce qu'il y avait de mieux à faire, il le disait souvent lui même: il vallait mieux laisser les professionnels en charge de la situation, et ne pas interférer dangereusement avec leurs plans.

Et c'était très précisément ce que souhaitait lui faire comprendre l'officier.

-Elle peut se battre, elle peut nous être utile. En ce qui vous concerne, vous ne pouvez rien faire. Pas dans cette situation. Alors ne faîtes rien.

Son ton était dur et affirmé, et ceci d'autant plus qu'il voyait bien qu'il avait l'ascendant sur le civil. Ça et le fait que le fracas en arrière plan venait de redoubler d'intensité, maintenant que les ninjas, d'autres révolutionnaires, les miliciens et miss Haylor joignaient leurs forces pour résister à la menace. Sans grand espoir de réussite, d'ailleurs.

-Nous allons tous nous faire tuer si les choses tournent au plus mal. Et même comme ça, nous essayons de limiter la casse pour les civils. Alors vraiment, allez voir ailleurs. J'ai autre chose à faire, et vous me bouffez du temps pour rien. S'il vous plait, vraiment. Je vous remercie.

Au ton que le lieutenant employait, le chevalier de Nowel n'insista pas. Vu son expression contrariée, le policier aurait été capable de le faire embarquer par deux de ses subordonnés pour en finir. Ce qui était bien le cas.

-D'accord. D'accord. Je lâche. Je laisse tomber. C'est... eh. Z'avez raison.

De là où il était, il pouvait au moins voir qu'Haylor et les gens d'armes coopéraient pour se protéger mutuellement, tout en soutenant le ninja et sa cohorte de révolutionnaires. Et avec tout ce petit monde pour occuper Lucciansotta, sa partenaire était à priori bien protégée. Le shinobi tout de noir vêtu monopolisait le gros des agressions du Séraphin. Et mieux encore, la présence de tous ces miliciens interdisait à son amie de s'illustrer à trop grands coups de boules de feu.

Ils contenaient le pirate, au moins pour un moment.

-Booooooon, okay, j'vais rester sage, je peux rien faire c'est vrai. Pas besoin de me coller deux gorilles sur le dos pour me tenir en laisse.

Pour autant, Sigurd ne pouvait pas se faire à l'idée de laisser les choses se dérouler comme ça. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait faire, mais il trouvait généralement des solutions... ou des échappatoires.

-Par contre, j'aimerais beaucoup avoir un de vos bonshommes à disposition pour...
-La réponse est non.
-L'INTERROGER, rien d'autre. Un soldat qui est présent depuis le début, qui a vu tout ce qui s'est passé, et qui pourra tout me dire.
-Et pourquoi ça?
-Parce que comme vous me l'avez dit, je ne vois pas ce que je peux faire vu que je ne sais rien de ce qui se passe. Donc j'ai besoin d'infos. Les petits détails importants qui font la différence. J'ai besoin d'ça. S'il vous plait.

Le lieutenant sembla hésiter, mais se ressaisit bien vite. Il n'avait pas plus de temps à perdre. Pas avec un civil arrogant qui semblait incapable de rester à sa place, et qui pensait pouvoir faire bien mieux que qui que ce soit.

-Putain, mais vous vous fichez de moi. Et vous croyiez encore pouvoir faire quelque chose?! Dégagez de là, je vous ai DÉJÀ dis non!

D'un geste de la main, le lieutenant fit signe à un de ses sbires de tacler Dogaku, pendant que lui même s'en retournait à l'ange et au ninja. Sigurd se laissa docilement reconduire, en se disant qu'il n'était certainement pas à court d'options de toute manière.

Ce qui le surprit, par contre, c'était le ton apaisant, presque compatissant du soldat qui l'accompagnait. Ce qui tranchait horriblement avec le sinistre vacarme qui se tenait non loin.

-Désolé d'avoir à vous le dire, mais vous êtes un civil. Nous ne pouvons pas vous laisser agir et faire n'importe quoi, ce serait dangereux. Et ce serait poser une très mauvaise habitude.
-Je sais. J'ai déjà été dans une milice. J'ai déjà expliqué à des pseudos-héros indépendants qu'ils étaient dangereux pour tout le monde quand ils se sentaient plus.
-Et... pourquoi vous essayez quand même, dans ce cas?
-C'aurait été dommage de pas essayer. Chuis sûr que je pourrais faire un truc utile.
-Moi aussi. Donc si vous voulez vous rendre utile, n'hésitez pas à proposer de nous rejoindre. Vous seriez accueilli à bras ouverts, vraiment.
-...
-Non?
-C'est gentil, mais... j'ai d'autres trucs de lancés.

Une détonation plus forte que les autres se fit alors entendre dans leur dos. Il ne s'agissait ni d'une boule de feu d'Aeolus, ni d'une de celles d'Evangeline. L'artifice avait été causé par le ninja, qui avait employé un leurre explosif, un pantin à son effigie, pour essayer de blesser l'ange. Sans succès: la déflagration avait simplement soufflé l'une des épées du Séraphin, qui avait riposté d'une salve de projectiles supplémentaires. Rien de nouveau, en vérité.

Le soldat adressa alors un bref regard à Dogaku, lui intimant à sa manière de ne rien faire d'idiot, avant de s'élancer prêter main forte à ses collègues. Alors, Sigurd se retourna, à la recherche de quelqu'un qui pourrait l'assister.

Les miliciens avaient refusé de lui laisser la moindre information, mais ça n'était que partie remise. Comme indiqué précédemment, Sigurd ne manquait pas d'alternatives. En l'occurrence, il décida de se tourner vers Bob le poissonnier, présent à quelques mètres de lui. Propriétaire d'une petite embarcation qu'il manoeuvrait au quotidien pour pêcher, l'homme était un habitué du port, et résidait sur sa péniche. Il avait de bonnes chances d'avoir presque tout vu.

-Qu'est ce qui s'est passé, Bob?
-Y'a un ange-pirate et un ninja qui...
-Non, non, depuis le début. S'il te plait. Dis moi ce qui s'est passé depuis le début!
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Aeolus combattait maintenant avec une volonté martiale et une efficacité toute redoutable. Il attaquait, frappait et repoussait quiconque faisait partie de la résistance. Et quand on lui en laissait le temps, c'était ses sphères incandescentes ou bien -grande nouveauté- de larges salves électrifiées qui cherchaient à amoindrir les rangs de ses ennemis.

Et elles y parvenaient très bien quand on les laissait faire. Situation que les révolutionnaires et leurs alliés veillaient particulièrement à éviter. C'était maintenant la petite bande de ninjas qui supportait le gros des assauts du Séraphin.

-Empêchez le de s'envoler!, hurla un officier avant de baigner dans un déluge d'éclairs.
-Grappins, fumigènes, maintenant!

Les vraies manoeuvres des nouveaux venus étaient très efficaces, mais elles ne faisaient que retarder l'inévitable face à Lucciansotta. Et jusque là, les miliciens ne lui avaient recensé que trois points faibles.

Il était assez lent, et relativement peu mobile quand il ne volait pas ; et ne parvenait pas à esquiver la grande majorité de ce qu'on lui envoyait.

Il ne matérialisait que trois épées les unes après les autres, voire quatre pour les situations exceptionnelles. Probablement qu’il n’en pouvait pas plus.

Et il se recoiffait aussi vite que possible dès lors qu'un choc plus violent que d'autres mettait à mal le soin qu'il apportait à son allure.

Rien qui ne permette d'en venir à quoi que ce soit, en fait.

-Mademoiselle? J'aurais besoin de votre aide, je crois.
-Tout ce que vous voudrez.

Elle rembobina aussitôt ses liens qui servaient jusque là à harceler de loin le Séraphin, en guise d’appui pour Jian et ses ninjas. Evangeline était étonnamment docile, dans ces situations. Elle n'avait l'habitude de rien de tout ça, et se contentait très bien de faire ce qu'on lui demandait. En l'occurrence, c'était un milicien faisant office d'intermédiaire qui venait de l'interpeller.

-Qu'est ce que je peux faire?, demanda-t-elle en trottant à sa suite.
-Vous tenir prête. Les révos nous ont demandé d'essayer quelque chose, mais ils auront besoin de matériel. Et de vous.
-Pour quoi faire?
-Ils veulent utiliser des cordes. Et vous savez très bien faire ça.
-Oh...

Elle n'avait pas compris, mais ne demanda rien de plus. Elle se sentait dans un état étrange, l'esprit alerte, mais embourbé. Les secouristes lui avaient injecté une forte dose d'adrénaline pour la sortir de son torpeur, et de son état de choc. Le traitement que lui avait infligé Lucciansotta méritait au moins cela. Mais maintenant, elle se sentait le corps léger, et la tête lourde.

-Il va nous falloir des grappins, indiqua un révolutionnaire.
-On en a une dizaine. Une quarantaine avec ceux des ninjas.
-Il va falloir PLUS de grappins, insista l'autre.

Haylor était maintenant à la lisière d'un petit groupe de cinq personnes, qui remarquèrent son arrivée sans prendre le temps de la saluer. Ils n'avaient pas le temps, pour ça.

-Est-ce que des cordes feraient l'affaire?, essaya un lieutenant milicien.
-Absolument, ouais.
-Alors on a tout ce qu'il faut.
-Sans déconner?
-On est sur un port, mec. On peut vous obtenir tout ce qu'il faut.
-Alors faîtes vite.
-Mes hommes sont déjà sur le coup.
-Faites moi signe quand z'en aurez assez.
-Et vous ?
-J’retourne au casse-pipe, bien sûr. Ils ont b’soin d’moi.
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Jian contre Lucciansotta.

Il n'aurait jamais cru cela possible.

Il ne connaissait pas ce pirate, non. Mais il suffisait de voir de quoi il était capable, et de savoir à qui il était affilié, pour bien comprendre que ce n'était qu'un avant goût du genre de monstre que l'on pouvait trouver sur l'équateur, la route de tous les périls.

Et ça ne lui donnait en aucun cas envie de s'y essayer.

Pour monopoliser l'attention de l'ange, Jian devait multiplier ses agressions. Sauf qu'en se faisant, il prenait surtout de plus en plus de risques, et tout ça pour égrainer quelques secondes gagnées pour ses alliés.

Mais face à ce pirate, il ne faisait clairement pas le poids. Il n'avait rien pour l'affliger de quoi que ce soit ; ses aiguilles enduites de poisons ne pouvaient rien contre da carapace ; pas plus que tous ses explosifs. Même à plusieurs, ils n'arrivaient à rien.

Plus le temps passait, plus l'ange accumulait les coups d'effets dévastateurs avec ses salves électrifiées. Face à cette attaque, Jian était impuissant, et ne pouvait que se tordre de douleur en se retirant pendant que d'autres venaient à son secours, ou prendre le relai.

Et c'est précisément ce genre d'attaque que le pirate lui préparait maintenant.

-ARRÊTEZ LE TOUT DE SUITE!
-GRAPPINS ET FUMIGÈNES, VITE!
-SAUTEZ LUI DESSUS!
-ÉCARTEZ VOUS!
-ESSAYEZ DE...
-JE VOUS AI DIS DE VOUS ÉLOIGNER DE LUI, MAINTENANT!!

Tout le monde obtempéra quand miss Haylor insista si férocement sur son sujet. À moins que ce ne soit la série d'énormes globes de flammes qui ait fini par imposer sa solution en se frayant un chemin -déjà bien dégagé- jusqu'à Lucciansotta.

L'ange se retrouva désarçonné par la déflagration, mais ne fit guère plus que vaciller. Les deux premiers projectiles lui explosèrent dessus en ne lui arrachant que quelques gouttes de sueur ; les autres furent stoppées nettes par une plaque d'aura translucide qu'Aeolus interposa à cet effet.

Même le feu n'avait pas de prise sur lui.

Une fois l'assaut passé, il se tourna en direction d'Evangeline et de ses coquillages, la source de cette artillerie.

À cet instant, il eut pourtant un long moment d'hésitation. Et loin de l'attaquer une nouvelle fous pour en finir -définitivement- avec elle, il esquissa quelques pas de recul, emplis d'appréhension.

Car derrière la sorcière, il y avait...

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HRP : Normalement c’est le post où je me fais ban, ça.




Ninpo : technique secrète Furinyapa

LE DRAGON DE CHANVRE INCANDESCENT


Un grand dragon asiatique, formé de cordes et de grappins entremêlés: voilà de quoi il s'agissait. Fort d'une soixantaine de mètres de long et aussi large qu’une péniche, l'énorme édifice serpentin fusa droit vers le Séraphin. À la manière dont il bougeait, on pouvait croire qu'il s'animait d'une volonté surnaturelle. Ce n'était rien de cela. Les shinobi de cette section mettaient un point particulier à maîtriser l'art du kunai et de la corde, dont le mariage sous forme de grappin n'était qu'une extension. Et tous ensembles, semblables à des experts marionnettistes oeuvrant de concert, ils parvenaient à infiniment plus qu'un simple homme seul.

Pour sa part, Evangeline faisait de son mieux pour leur faciliter les choses à sa manière, usant de son art pour les accompagner.

L’ange eut à peine le temps de matérialiser quelques épées que déjà, le dragon le fauche net, ratiboisant tout sur son chemin. Faucardé sur une vingtaine de mètres pour finalement être étrillé puis aplatit sur les pavés à même le sol, Lucciansotta se retrouva méthodiquement matraqué en continu par la terrible marionnette de chanvre, qui profitait de sa taille pour tour à tour le concasser, le charger, le fracasser et le broyer entre ses anneaux et le décor. Et tout autour, c’était une bonne vingtaine de ninjas qui entretenaient toute la férocité du monstre artificiel, accompagnant les mouvements de la bête au gré de leurs manœuvres.

L’assaut de la créature, suprême et implacable, sembla ne pas avoir de fin. Vingt secondes, quarante, deux puis trois minutes s’écoulèrent, la frénésie de la bête étant telle que sa victime n’avait aucun répit. Malmené de toutes part, désarçonné en permanence, oppressé par les ruées du dragon de chanvre, Aeolus n’avait plus le temps de rien faire : il ne savait même plus où il était, les chocs l’ayant secoué et déplacé au point qu’il en perde ses repères.

Il essaya d’armer ses lames, et d’attaquer la chose ; elles n’avait pas le temps de se former que déjà, les soubresauts du monstre les éclatait.

Ses boules de feu pouvaient l’aider ; mais pour ce faire, il lui fallait un court instant de préparation qu’on ne lui laissait pas.

Seuls restaient, encore et toujours, son aura métallique et son haki de protection pour le couvrir des lourds dommages qu’aurait dû lui infliger la marionnette.

Et c’était là le problème de ses agresseurs, qui commençaient maintenant à perdre espoir. Si même leur dragon de chanvre ne pouvait rien contre ça, ils ne pouvaient plus rien tenter. C’était le maximum de ce qu’ils avaient à disposition, au moins pour le moment. Car pas un seul des monstres de la révolution qui oeuvraient dans le royaume ne se trouvait dans la cité de Norland.

Pire encore, leur monstrueux pantin perdait déjà de ses forces. Une telle technique demandait autant d’effort que de coordination, et ne pouvait guère être maintenue longtemps. Le capitaine pirate s’en était rendu compte, et avait déjà réussi à se sortir des estocades de la bête. Il en était maintenant à se battre face au dragon, et repoussait ce dernier avec assez de violence pour mettre à mal la grande architecture des shinobi.

Dans dix secondes, ce serait fini.

Alors, les révolutionnaires tentèrent leur dernière chance. Un dragon était une créature dotée d’une force fabuleuse, mais disposait de bien d’autres talents. On leur prêtait souvent une grande affinité avec le feu, notamment.

En guise d’ultime effort, la bête de chanvre se jeta sur l’ange, engloutissant ce dernier sous sa grande masse de corde qui écrasa le pirate contre le sol.

Ne lui restait alors plus qu’à…

OUGI : LA CREMATION DU DRAGON DE CHANVRE !


… s’enflammer pour devenir un grand bûcher, et emporter le pirate dans un océan de flammes. Sous l’action conjointe de ses marionnettistes, qui usèrent tous d’un inflammable pour sacrifier leur monstre, le grand dragon se transforma en une marée de feu.

Une marée de feu qui engloutit une grande partie du quai où s’était échouée la bête, et qui manqua de s’attaquer aux bâtiments jouxtant l’endroit. Les shinobi usèrent de bombes à gaz de leur composition pour étouffer les flammes périphériques, et empêcher le pire de se produire.

Tout le monde avait maintenant les yeux braqués vers le grand amas de flammes. Tout le monde voulait y croire. Tout le monde avait déjà pu voir que l’ange semblait immunisé à tout ce qu’on lui envoyait, et qu’il avait déjà pu encaisser les boules de feu de leur sorcière et s’en tirer indemne. Mais même comme ça, il semblait impossible qu’une telle débauche mortelle de science martiale puisse être inefficace contre le pirate. Les révolutionnaires venaient de réaliser une manœuvre invraisemblable, irréelle et incompréhensible ; les efforts et la technique mobilisés, l’ampleur des flammes qui se dressaient face à eux, tout ça ne pouvait pas échouer. Ils avaient mis le maximum. Même un pirate de l’équateur, des usuriers et d’armada ne devait pas survivre à ça.

Et pourtant, si.

Aeolus s’éleva lentement au dessus des flammes, porté par ses ailes et ses nuages, toujours encadré par son aura de bleu grisé, toujours indemne de tout ce qu’on avait essayé sur lui.

Et il souriait. Parce qu’il voyait leurs visages, à tous. Parce qu’il réalisait l’horreur qui les gagnait petit à petit, et le désespoir qui les accaparait, les accablait de plus en plus.

Ce qu’ils venaient de faire était ahurissant. Il n’avait jamais rien vu de ressemblant de toute sa vie. Même des possesseurs de fruit du démon auraient peiné à mettre en place des artifices ayant cette envergure. Et pourtant, aussi élaborés et maîtrisés que pouvaient être leurs techniques, elles ne faisaient pas le poids.

Ils ne faisaient pas le poids, eux non plus. Ce qui ne les empêchait pas, une nouvelle fois, de s’approcher de lui tandis qu’il survolait les flammes, flottant lentement au dessus du brasier pour s’en retourner en direction des miliciens qui retenaient son équipage.

Ils ne comptaient toujours pas abandonner, visiblement. Ce qui força le respect du Séraphin, qui envisagea sérieusement de reconsidérer la situation quelques instants. Mais lorsqu’il se posa devant ses adversaires, toutes armes déployées, pas un d’entre eux ne fit mine de battre en retraite.

Ni les soldats.

Ni les ninjas.

Ni la sorcière.
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