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Correspondance.

Rappel du premier message :

24 Juin 1622

Assise à la table de la chambrette qu'elle louait, Lilou poussa un petit soupir. Elle regarda à la fenêtre, l'ouvrant à la suite pour laisser le vent s'engouffrait et rafraîchir l'endroit. Se retournant, elle aperçut Bee sur le lit en train de faire la sieste, et songea alors qu'elle aurait aimé en faire autant. Sauf que, non. Non, elle était au-dessus d'une feuille blanche, une plume dans une main, un encrier par loin. Et elle regardait tour à tour ces trois objets dont elle devait se servir.

Elle ne savait même pas ce qu'elle faisait là, ni à qui elle allait écrire. Elle en avait juste envie, à dire vrai. Il fallait d'abord déterminer plusieurs choses avant de s'y mettre, et sans comprendre pourquoi, la rouquine avait déjà grillé quelques étapes. Elle s'empara de la plume et minauda quelques instants en songeant à qui elle l'adresserait. Des dizaines de noms lui passèrent en tête, qu'elle associa à des événements particuliers de sa vie. Mais à chaque fois qu'elle commençait à ébaucher sa lettre, elle se devait d'arrêter.

Car en finalité, écrire impliquait trop de choses. Et sur le lot de personne à qui elle cherchait à s'adresser, aucun ne comprendrait sa démarche et ne voudrait lire le vide de son inspiration médiocre en la matière. Elle se leva, faisant racler la chaise sur le parquet. Frustrée, elle s'écarta de quelques pas avant de se figer. Il y en avait un. Un seul. Qui comprendrait. Ou pas vraiment. Mais qu'il sache ou pas n'était pas la question. Il y en avait un, c'était tout ce qui comptait.

Alors, elle fit volte-face, retourna s'asseoir et attrapa sa plume :

Bonjour
Bonso-
Salut
Kiril,

J'espère que tu vas bien et que tu te souviens de mo Bon. On m'a dit qu'écrire des lettres faisait très adulte. C'était pour me prouver que je pouvais le faire, mais désormais, je ne suis plus très sûre que ça soit une bonne raison.

En tout cas, je n'ai rien de particulier à te dire. Je ne sais même pas pourquoi je m'adresse à toi. Je ne suis pas sûre que ça soit une très bonne idée. En réalité, je me suis juste dit que t'étais celui qui trouverait ça le moins étrange, de recevoir une lettre d'une fille que tu n'as connu que brièvement et à qui tu as attiré beaucoup d'ennuis. Sache que je ne suis pas trop rancunière, je ne t'en veux plus pour Boréa.

Bon. C'est tout. Je devrais peut-être te demander si tu vas bien, si ta vie prend la direction que tu entends, si tu te marres encore ou si tu continues à gagner des trucs que je ne sais toujours pas ce que c'est. A toi de me dire ?

Je ne sais pas si tu auras l'occasion ou l'envie de me répondre. Je ne sais même pas si tu sais écrire en fait, mais j'espère pour toi que oui. Je ne sais pas s'il y a quelque chose à répondre donc tu fais comme tu veux.

Alors... Biso Voilà.

Lilou

Et, presque fière d'elle, elle contempla sa lettre, la plia et l'envoya.
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Kiril,

Chouette programme.

Le mien est plus sérieux. Je ne lèverais pas le coude avant un moment puisque travailler auprès de Végapunk va me prendre du temps. J'aurais autre chose à penser très probablement, ça n'en est que mieux je pense. Il faut que je m'occupe les mains, ne faire que de l'administration ces derniers jours me pèsent pas mal.

Mes cheveux sont toujours roux. Ils n'ont pas changé, sont sûrement plus longs encore qu'à l'époque. Et je n'ai pas tant changé. Enfin, je crois. Si, peut-être. Mais nous avons changé tous les deux, alors ça n'a pas d'importance. Nous avons grandi, évolué, si un jour nos routes se recroisent, on devra apprendre à connaître deux personnes très différentes de cette première fois à Boréa.

Je crois que le Kiril d'aujourd'hui vaut encore plus le coup que celui de Boréa. Je n'en doute pas, même.

Alors ne déprime pas.

Lilou
 
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Kiril !

Mon navire vient de quitter Water Seven, je n'y aurais pas passé beaucoup de temps. Le Léviathan y est toujours à quai pour être réparer. Mais ce n'est pas ça que je voulais te dire.

Je pars à Marie Joie !

Toute seule, avec un équipage restreint, et je suis super excitée à l'idée d'y arriver enfin ! Ça fait plus de deux ans que je remonte Grand Line, autant d'années presque sur le Léviathan, et voilà que tout ça touche bientôt à sa fin. C'est fou !

Je sais que tu n'as pas répondu à ma dernière lettre, mais je devais le dire à quelqu'un, et c'est tombé sur toi. J'étouffe un peu ! Enfin, non, mais si... C'est beaucoup de pression, tu sais ?

Mon amie Rei m'a souhaité mon courage avant de partir, parce que j'allais être un petit poisson dans une très grande marre. Elle espère que je ne vais pas me faire dévorer par les gros requins de Marie Joie, et je dois dire que j'appréhende aussi.

Plus nous nous rapprochons, plus j'appréhende. Parfois, j'ai envie de vomir tellement je m'inquiète. Je sais que je dois me calmer, mais c'est pas simple du tout ! C'est un peu l'apogée de mon histoire pour l'instant. Et peut-être que j'aurais l'occasion d'y rencontrer Végapunk.

Je suis partagée entre la peur et l'impatience !

Je ne sais plus quoi faire. Désolée pour l'écriture un peu tremblante, c'est qu'à force d'y penser, je m'énerve toute seule, et ça n'aide pas à écrire droit. Enfin...

J'espère que tu vas bien. Peut-être que tu verras bientôt ma photo dans le journal à côté du Docteur Végapunk ! A très vite !

Lilou
 
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A Mademoiselle l'Ingénieur Général des Armées, Lilou Benett Jacob,

Je suis content pour toi.

Je suis fière de toi. J'ai l'impression d'avoir passé toutes ces années là, derrière ton épaule, à suivre tes aventures. J'ai l'impression d'avoir suivi tes pas de civile à ceux d'un des rangs les plus élevés de la Brigade Scientifique. Maintenant que tu as accompli tout ça, tu n'as plus le droit d'avoir peur de ce qui t'attend ensuite. La seule personne que tu dois craindre, c'est ton toi du passé. Craindre dans le bon sens ! Je pense que c'est une personne plutôt impressionnante, moi, celle qui t'a menée là ? C'est celle que tu abandonnes chaque seconde pour devenir une nouvelle personne. Tu vois, c'est un processus qui ne s'arrête jamais. Tu dois avoir peur de toi même, et c'est la seule peur dont tu as le droit d'être fière parce que c'est celle que tu partages maintenant avec des milliers de personnes.

Je dis ça parce que je suis une personne du petit peuple. Et que les gens du petit peuple, tu leur dis "Ingénieur Général des Armées, rousse en plus de ça", ils prennent la fuite.

(Plus sérieusement je ne pense appartenir à aucun peuple, et tes cheveux sont absolument magnifiques.)

J'espère aussi te voir dans le journal. Du temps où j'étais marine, il y avait des rumeurs comme quoi le Docteur Végapunk était une sorte d'étrange excentrique efféminé. Après avoir été au contact d'okamas pendant si longtemps, ça va te faire bizarre.Il faudra vraiment que tu me racontes ça !

Parce que de mon côté, je ne m'amuse pas du tout. Alvel, c'est une ville fantôme habités par des mecs qui tueraient pour une vieille dame... et pas pour l'aider à traverser la rue... Et oui. On a quelques affaires à régler, réfléchir à quel genre de job affreux on va devoir faire pour pouvoir manger tout le mois et une idée machiavélique qui me trotte dans la tête depuis un petit moment.

Tu entendras aussi parler de moi dans les journaux. En bien, je sais pas. Après tout j'ai une crête et je suis déjà fiché. Mais j'espère que tu garderas en tête que je suis à la poursuite de mon propre objectif. Je te dirai ça quand j'aurais vu ta bobine sur les torchons. Avec celle de Végapunk.

Des bisous.

D'un homme étrange
 


Dernière édition par Kiril Jeliev le Ven 18 Sep 2015 - 21:53, édité 1 fois

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    Kiril

    Si tu continues à faire des bêtises, je vais devoir faire mon possible pour t'arrêter un jour, tu le sais ? Ça serait l'occasion de nous revoir, mais n'utilise pas ça comme prétexte pour me faire me déplacer jusqu'à toi, et encore moins pour continuer à jouer les mauvais garçons.

    Et devine quoi !

    J'ai rencontré le Docteur Végapunk ! C'était juste complètement fou et effrayant et incroyable, mais un grand moment de ma vie ! Nous avons pu parler un petit peu, mais j'ai eu l'air d'une véritable idiote, je te jure ! J'ai bafouillé comme une adolescente devant sa star préférée ! J'ai honte... Je tâcherais de me rattraper la prochaine fois, parce que là... C'était ridicule. Tu parles d'une commandante qui a pu mener ses troupes sur le champ de bataille ou rénover le Léviathan !

    Enfin... J'ai pas été plus perturbé que les autres ceci dit, ni prises au dépourvu par son côté Okama. Faut dire qu'après Kamabaka, j'ai eu le temps de m'y habituer, c'est assez récent pour savoir comment agir en conséquence.

    Alors Alvel... Comment ça évolue ? Rendras-tu cette île demain plus belle qu'hier ? C'est une enfant qui a besoin de tes lumières, y'a sûrement moyen d'en faire quelque chose de chouette !

    A très vite.
    Bisou !

    Lilou
     
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    Lilou,

    Comment est-il, le fameux Végapunk ? Ce n'est pas un psychopathe enfermé dans un labo qui prépare une armée de cyborgs pour mettre à mal l'équilibre mondial ? Et devenir le maître du monde ? J'ai toujours pensé.

    Et en quoi consiste ton travail auprès de lui ? Tu dois l'assister ? Vous fabriquez des trucs ? Tu devrais lui présenter ton canard robot qui a mangé un fruit du démon. Je suis sûr qu'il l'intéresserait beaucoup. Comment est-ce qu'est la vie à Marie Joie ?

    Il y a un temps où je devais m'y rendre... Mais maintenant j'ai la tête mise à prix. Je suppose que ce serait un peu difficile pour un criminel. (D'ailleurs toi qui es du côté de la marine peut-être est-ce que tu pourrais m'éclaircir sur ce que tes camarades me reprochent parce que je vois vraiment pas ce que dans ma vie de bon samaritain, j'ai pu faire de contraire aux règles clairement oligarchiques de notre très juste et très démocrate gouvernement)

    En ce qui concerne Alvel, je pense qu'il n'y a pas d'espoir. D'ailleurs, ce sont là où finissent les rêves abandonnés. Devenir pirate par défaut, faire du mal par défaut, gagner son pain par défaut, et sans risquer sa vie tous les jours, et piller son voisin, et violer la femme de son meilleur ami, c'est ce que j'appelle de la piraterie mondaine.

    On pourra en dire ce qu'on voudra, je crois en la liberté du pirate. La liberté, c'est l'aventure ! Sur Alvel, il reste cloîtré sur un tabouret de rade, attendant de voler ou de se faire voler. Mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot, il y a de grandes choses à faire ! Au moins, une idée à insérer dans la tête de mes confrères pour qu'on arrête de nous prendre pour des retardés mentaux.

    A part ça, je recherche activement un machin pose pour pouvoir quitter cet endroit au plus vite. Je déteste ne pas pouvoir dormir la nuit à cause de débiles qui pensent pouvoir me dérober mes affaires...

    Bon courage pour ton travail.

    Kiril
     

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      Kiril,

      Comment est-il ? Excentrique. Je crois que c'est le mot qui le qualifie le mieux pour parler de lui. C'est un savant. Il a des airs de fou, et parfois, de génie. Les deux mélangé. Mais un charisme incroyable et des idées qui fusent sans jamais qu'il s'arrête. Il a un carnet toujours sur lui. L'un de ses assistants m'a dit qu'il en remplissait un par jour à force de noter ce qu'il lui passait par la tête.

      Quand tu te trouves à côté de lui, tu as l'air minuscule. C'est comme si tu n'existais pas vraiment. Et c'est étrange, je ne te le cache pas. Impressionnant, et étrange.

      En fait, je ne travaille pas vraiment pour lui. Pas encore. Il cherche un nouvel assistant, je postule juste pour l'instant, et je fais tout pour qu'il me remarque positivement. Il a confié des dossiers de ses travaux à tous les candidats, il fixera des rendez-vous à ceux qui retiendront son attention. Si je le recroise, alors ça sera une bonne chose pour moi, car je sais que je pourrais enfin lui parler, et qu'il m'envisagera pour rester travailler avec lui.

      Et Marie Joie ? C'est vraiment très grand. Trop grand, en fait ! Je me suis perdue au moins douze fois à l'intérieur du bâtiment. C'est grand, et c'est majestueux surtout. Dommage que tu n'ais pas eu l'occasion de la voir. C'est une femme magnifique si tu veux mon avis. Et c'est un honneur de pouvoir la côtoyer. Elle est noble, fière, jolie comme un cœur. Et très vivante. Ses jardins sont d'une beauté à couper le souffle. J'aimerais t'envoyer une photo, mais je pense que ça ne retranscrirait pas ce qu'elle est vraiment. Il faut la voir pour la croire.

      J'ai fouillé un peu pour toi. Ce que tu as fait ? Le massacre à l'île maléfique, et la trahison du corsaire Jack Calhugan, ça te parle ? C'est de ça qu'on t'accuse. A toi de me dire si tu es concerné par ça ?

      Bon courage pour affronter Alvel.

      Lilou
       
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      Lilou,

      Je suis très loin d'être un révolutionnaire ni d'en avoir quelque chose à faire des vies de ceux qui ne peuvent se battre pour eux-mêmes. Cependant, je ne m'abaisserai jamais à regarder des gens de la haute monnayer la vie et l'histoire d'un peuple pour pouvoir payer leurs vacances d'été. Cette histoire de massacre, je ne sais pas trop ce qu'en dise vos rapports, mais je suppose qu'on ne citait pas la chasse aux indigènes, hommes, femmes ou enfants, mis en place pour le divertissement de ces milliardaires, sûrement potos avec des gens vivant sur la belle Marie-Joie, sûrement des résidents de la belle Marie-Joie...

      Je ne pense n'avoir jamais suivi que mes propres ordres. Je suis une marine à moi tout seul, je ne protège pas les gens en particulier mais mon humanité. Et pour pouvoir la protéger cette fois-ci, j'ai du mettre fin à la vie de ceux qui ont acceptés d'être complice de ces massacres légalisés.

      En plus de ça, je n'ai jamais trahi Jack... Je l'ai juste perdu de vue. Je n'aurais jamais laissé mon bateau entre ses mains et rien que l'écrire me mine le moral. Toute cette histoire m'a fait perdre des copains et gagner des emmerdes. Quel débile aurait choisi Joe plutôt que le Kultuur et la bouffe de Michaela Hope ? Mon bateau ? Et Jack ?

      Mon capitaine est et sera toujours Jack, parce qu'il me fait un peu la même impression que te fait Végapunk. Je pense vraiment qu'hormis le okamaway, en terme de charisme, ils doivent être semblable. Seulement en terme de charisme bien entendu.

      J'espère que tu seras choisie. Je pense que tu le seras, je pourrais parier ma crête. Ecrire tout ça m'a déprimé. J'avais presque oublier que je devais à tout prix retrouver le Kultuur. Et Micha.

      Je te souhaite bon courage, de chance, il y en a pas besoin.

      Kiril
       

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        Kiril,

        Ce n'est pas moi qui ais fait ta prime, tu sais ? Je n'y suis pour rien, et je n'étais pas là, je n'ai fait que te transmettre une information. Tu avais sans aucun doute tes raisons, mais au moins, tu sais pour quoi c'est maintenant, même si tu n'es pas d'accord. Il faut croire que s'attaquer aux biens du GM, ou aux biens des copains du GM, ce n'est pas bien vu. Est-ce vraiment étonnant ?

        Enfin...

        J'ai beaucoup de travail. Je suis parmi les derniers candidats en liste pour le poste, c'est encourageant. Je suis mise de plus en plus dans la confidence du métier et des travaux sur lesquels est Végapunk.

        Je ne sais pas trop quoi en penser d'ailleurs. Enfin, c'est sûrement rien. J'ai juste l'impression qu'ils cherchent à créer un homme poisson. Genre, comme ça. Comme si c'était vraiment possible, ou même envisageable. C'est sans doute rien, comme je te disais, c'est juste que ça m'a troublé sur le moment.

        Je crois qu'il ne faut pas que je me laisse troubler par tout ça. C'est sûrement juste un test à passer, de quoi me déstabiliser le temps de voir si je vaux le coup. Bref, ça n'empêche pas que ça me travaille, mais bon. Je n'ai pas le temps de me changer les idées, ça fait partie de mon futur job très probablement.

        Cette lettre est courte pour cette fois, je ne sais pas quand j'aurais le temps de me poser dix minutes pour recommencer à t'écrire. Même si tu ne portes pas Marie Joie dans ton cœur, elle est toujours aussi belle. J'ai eu l'occasion de travailler un peu sur une terrasse hier soir, au couché de soleil. C'était un chouette moment que j'aurais voulu partager avec quelqu'un. J'ai pensé à toi.

        Lilou
         
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        Lilou,

        Je suis désolé de t'avoir soudainement enlevé il y a longtemps sur Boréa. La vérité c'est que tu m'avais fait penser à une femme qui a partagé la vie du Kiril avec les cheveux. Bien que je savais que c'était impossible que ce soit elle, je t'ai quand même pris avec moi en espérant que peut-être je ne me trompais pas, que peut-être je n'avais fait que rêver les mois qui avaient précédés ce jour là.

        Je suis désolé de t'avoir porté intérêt aussi, seulement parce que tu lui ressemblais, et pas seulement physiquement. Je suis désolé de nous avoir fait exiler, de t'avoir mis en prison, que tu aies pris froid. Je suis désolé d'avoir été tellement troublé au point de t'avoir parler de coups de foudre, et autre, sans réellement penser à toi parce que c'était un remplacement de Lana que je voulais, ou elle. Malgré tout, tu m'as pardonné sans même que je me sois excusé avant et m'as envoyé une lettre.

        Au fil des lettres je me suis rendu compte comme j'avais été débile ce jour-là, et je m'en suis voulu de ne pas avoir eu le courage de te le dire quand j'ai répondu à ta première lettre...

        Maintenant, malgré toutes les bêtises que je peux faire, comme tu dis, je crois que je suis plus mature qu'il y a un temps, et je sais que je ne cherche plus à la remplacer, ni à la retrouver.

        Je pense que j'aurais aimé voir le coucher de soleil avec toi.

        Kiril
         

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          Kiril,

          Ta lettre m'a laissé songeuse. Je ne sais pas vraiment comment la prendre à dire vrai. Peut-être parce que je me doutais un peu que pour cette fois là, à Boréa, ce qu'il s'était passé n'avait rien de normal. Pour toi en tout cas... Pour moi, malgré la bizarrerie des choses, j'ai sans doute moins été troublé par cette entrevue. Mais du coup, je m'interroge : Que se passe-t-il ? Pourquoi me dire ça maintenant ?

          Pourquoi aujourd'hui ça a de l'importance ?

          Bref.

          J'y retourne. J'ai pris trop de temps à lire ta lettre, à la relire encore une fois, et une autre, que j'ai perdu l'avance que j'avais pris sur mon travail et mes tests. D'ailleurs, tout reste assez troublant ici. Enfin.

          Ça n'est pas très grave.

          A très vite.

          Lilou
           
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          Je pense que c'est quand tu m'as parlé de Marie Joie. Elle est là quelque part, et je me suis rappelé des rêves que j'ai jeté quand j'ai décidé de l'oublier pour vivre avec le nouveau moi. J'y ai juste pensé...

          Désolé de t'avoir troublé avec tout ça.

          J'espère que tu t'en sors bien.

          Kiril
           

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            Kiril,

            C'est sûrement ma dernière lettre avant quelques temps.
            Je crois que j'ai des problèmes. Encore.

            J'espère pouvoir te tenir au courant.

            Lilou
             
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            Lilou, je m'inquiète. Je t'avais demandé une photo sur un journal, pas un article en première page t'accusant d'avoir tuer Végapunk...

            Je ne comprends pas beaucoup, et tout ça m'angoisse. Parce que si c'est la vérité, tu dois avoir de gros problèmes. Des problèmes tellement gigantesques qu'il te sera difficile de trouver la colline... ou de te cacher du monde. J'espère que tout ça est faux... Comment ça pourrait être possible ? Ce n'est pas toi qui tremblais comme une groupie à la simple idée de le rencontrer ?

            Ils doivent certainement se tromper. Il faut qu'ils mettent ça au clair avant que ça empire pour toi.

            Il faut que tu me répondes aussi. Il faut vraiment que tu me répondes.

            Je ne te garantis pas que je pourrais attendre bien longtemps.
            Fais vite.

            K
             

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              Lilou,

              Les eaux troublent ma mémoire, ça doit être le sel et le réchauffement climatique, les ébullitions, la vapeur de la pisse des rois des mers, les trucs comme ça.

              Je viendrai te chercher si tu m'en laisses le temps. Tu ne décides pas ! Même si tu lèves le pied, je te trouverai, et je viendrai te chercher si tu m'en laisses le temps.

              Ne meurs pas. Ne sois pas un rêve qui meurt, ne sois pas une femme que je pleure. Comme Lana. Vis sans peur car sinon à quoi sert de vivre ? Il y aura une fin mais évitons là jusqu'à ce que ce ne soit plus possible.

              Je suis en mer, dans la gorge de Satan, mais j'en sors. Alors tu vois, y a pas à s'en faire ! Si y a à s'en faire ? Tu penses certainement que je n'y arriverai pas et que je me défilerai comme j'ai voulu le faire à Boréa. Mais vis sans peur. Sinon à quoi sert la vie ? On évite la camarde jusqu'à ce que ce ne soit plus possible.

              Vis sans peur. Et surtout sache que je viendrai, alors surtout s'il te plaît, laisse moi le temps.

              Kiril
               

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                K,

                Je ne m'attendais pas à recevoir une lettre. Quand elle m'est arrivée ce matin, j'ai été honnêtement très surprise, et je me dis que si on est capable de me la faire parvenir, c'est qu'on le sera pour me retrouver.

                Je ne sais pas combien de temps tu vas mettre pour arriver, mais je crois que je ne vais pas tarder à bouger. Même si mon abri est viable et que j'ai de l'aide, il serait préférable que je reste en mouvement pour ne pas être embêter. Je me remets de mes blessures, j'aimerais que tu arrives assez rapidement pour pouvoir repartir avec toi.

                Tu penses que tu en as pour longtemps encore ? Tu penses arriver, au moins un jour ? Un jour où j'y serais encore.

                L
                 
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                16XX
                Union John


                Jamais dans l'Histoire entière, on a parlé à la muse. Jamais un quelconque poète ne lui a dit la vérité. La vérité n'est pas une langue que maîtrise le poète. C'est une langue dont il ne saurait imaginer l'existence. Tout ce qui se prouve est vulgaire, comme dirait l'autre.

                Il s'est passé tant de choses. Cela fait tant d'années. Certains diraient que je me suis rangé, disons plutôt, à l'inverse, que je suis sorti du placard. J'ai investi les profondeurs de mon âme, sans tenter de les contrôler, de les corriger, de les fuir. Simplement investi.

                Au plus profond, il y a ton souvenir d'inscrit. Ton souvenir et les émotions qu'il suscite en moi. C'est une rivière de flux contradictoires, et puis de la mousse, des torrents, courroux suprêmes, eaux douces salées, eaux chaudes glacées. Mais ça, tu sais le deviner sans même que je n'en parle. Cette chose entre nous, c'est étrange. Je crois qu'elle est faite de la matière des ombres. Oui c'est ça. Il y a un temps, précis, précieux, soigné, où nos ombres se sont rencontrées avant de s'embrasser. Et puis de disparaître à jamais à la lumière. Alors peut-on dire véritablement que cela ait existé ?

                Il n'y a que pour toi que je ne sache écrire, que pour toi que je puisse. Car il n'y a que toi qui puisse recevoir mes mots, en comprendre, en mesurer, le poids. Pour le reste, je me tais, ou je bavarde.

                Voilà pourquoi ces choses que je t'écris -et je te ressens- sont de l'ordre du verbe premier, les mots véritables, comme lors d'un jeu des regards, la véritable parole, le silence jamais! absolu, le silence des battements de cœur, le silence des murmures des choses. Qui d'autre que toi ?

                Une seule et unique rencontre, marque d'une damnation, symbole d'une condamnation à perpétuité. Et pourquoi pas ? De plus en plus je me demande... Il ne faut pas se demander. J'ai compris ça, j'ai compris que ça ne servait à rien. Ce monde-ci ne tolère pas d'interrogations si futiles, il ne les absorbe pas, ne les comprend pas.

                Les mots véritables ne sont pas la vérité. Au diable la vérité! Je parle d'un repli de l'histoire dont seul toi a le secret! De ce que d'autres appellent le upside down. Il est de ces choses qui n'appartiennent pas, qui n'appartiennent à rien, et l'homme en est extrêmement incommodé. C'est peu commun (ce n'est pas vrai). Voilà pourquoi étrange ! Voilà pourquoi cela m'a toujours semblé étrange, et profond, et terrible, et si joli.

                Et si joli.

                Certains pourtant l'appelleraient une malédiction, car ces choses qui me viennent à ton souvenir, je dois aller les chercher dans cette zone fameuse, cette zone qui se désagrège instantanément au soleil. Elle ne peut pas faire autrement! Jamais. Tu comprends ? Il existe un monde des obscurités et il semblerait que ton corps ne prenne forme que dans celui-ci seulement. Ton corps, et d'autres choses, dont nous seul...

                Affectueusement,
                Kiril le révolutionnaire
                  16XX

                  Kiril,

                  Je ne suis pas une poète, ni une artiste. Je ne crois pas avoir l’âme faite pour créer et pourtant, à ton contact, j’ai appris à me découvrir. Cette part de moi, cachée en mon creux, discrète, presque timide, s’est éveillée au moment où je ne l’attendais plus. Où je ne t’attendais plus.

                  Je crois qu’à force de nous parler, de nous côtoyer, nous avons fini par nous découvrir comme nous sommes vraiment. Des personnes en mouvement constant, qui se cherchent sans vraiment se trouver. Qui se perfectionnent peut-être dans l’espoir d’aboutir à un quelque chose qui aura de sens sur nos derniers jours. Lorsque nos ultimes années arriveront, j’ai l’espoir de pouvoir regarder en arrière et d’en être satisfaite. Je crains le soupir qui m’échappera, je crains qu’il soit chargé de lassitude, ou pire peut-être, et d’être passé à côté d’un bonheur que je n’aurais pas trouvé.

                  Tu crois que c’est possible, de rater ce rendez-vous ?

                  Parce qu’une vie n’est qu’un enchainement de hasard et de rendez-vous manqué, et puisque nous savons combien nous en avons manqué ensemble, est-ce que pour mes vieux jours, j’aurais le regret de ne pas avoir assez vécu de première fois avec toi ? Tous ces lendemains que je ne t’aurais pas donné, l’esprit fixé sur des noirceurs qui n’auront eu d’intérêt que sur l’instant où elles auront tâché ce tableau incertain, est-ce qu’ils compteront lorsque nous ferons le point ?

                  J’espère, au fond, que pour ces vieux jours, pour ces instants ou je reverrais une énième fois le déroulée de ma vie, de ces souvenirs déformés par le temps et ma mémoire défaillante, tu seras là. J’espère pouvoir tenir ta main, et te remercier de cette tendresse, de cette confiance, que tu auras mis en moi.

                  Parce que ça voudra dire que toutes ces ambitions n’auront pas été inutiles, que ces combats n’auront jamais été de trop.

                  Est-ce que c’est futile de s’y raccrocher ?

                  Tendrement,
                  Lilou.
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                  Dernière lettre a écrit:Lilou,

                  Nous arrivons maintenant à l'épilogue. Quelle folle aventure ce fut, n'est-ce pas ?

                  Voilà maintenant deux ans que j'arpente les océans du Nouveau Monde à la recherche de notre trésor. Autant de temps que tu es partie. Je t'ai promis de te rejoindre seulement après l'avoir trouvé. Sais-tu combien de fois j'ai voulu briser cette promesse ? Sept cinquante quatre fois exactement. Presque tous les jours de deux ans. Ce sont les Kwaak de Bee qui me ramènent à la raison. Je t'entends à travers lui, tu sais ? Tu me dis "Idiot !" et tu n'es pas contente.

                  Cela n'a pas été facile de le récupérer. Je suis allé jusque Lynbrook chercher des informations à son sujet, j'ai appris qu'il avait été vendu à un dragon céleste qui résidait dans la capitale des mouettes. Il a donc fallu que je m'infiltre à Marie-Joie...

                  Ce n'est pas l'infiltration qui a été la plus difficile. Pour celle-ci, j'avais utilisé toutes les ressources amassées lors de ma vie de pirate. Tu imagines, toutes ces années d'actes de violence et de barbarisme, d'alcoolisme et de folie... tout ça pour me payer la panoplie du parfait petit cousu d'or qu'on avait craché à la naissance dans une baignoire de fric. Bien sûr, j'avais arrêté de me couper les cheveux et là le tour était joué : j'étais méconnaissable.

                  Non, l'infiltration avait été un jeu d'enfant. Ça n'avait rien à voir avec les aspects techniques de ma mission non plus. Rien de tout ça n'était difficile...

                  Non...


                  Je l'ai vu.

                  Avant ça, je n'avais pas hésité une seule fois. Je n'étais pas sorti de mon rôle une seule fois. Même s'il fallait me fondre dans la masse et supporter l'odeur répugnante des mouettes, le sentiment d'être constamment sous surveillance, l'angoisse de me faire découvrir et de ne pas pouvoir tenir ma promesse. Avant ça, je n'avais eu qu'une seule chose en tête : ramener Bee sur l'Attrape-Rêve. Comme tu le voulais. Et ensuite, j'irais chercher notre trésor. De cette façon, je m'assurerais que tu étais toujours là.

                  C'était une journée insolente de chaleur. Je suais presque autant que lorsque tu me fronçais les sourcils très fort après que j'avais eu le malheur de te dire une grosse bêtise. Oui, comme je t'ai dit : insolente de chaleur. J'étais sorti dans l'espoir de trouver quelque chose à faire pour apaiser mon inconfort. Je n'avais pas du tout pensé à la fontaine. Tu le sais bien comme des fois je peux être simplet... Il n'y avait personne sur la place principale qui habituellement était si vivante, dégoûtante, chargée de bleus et de dorés. Mais le soleil tapait trop fort. Et les dorés ne s'incommodaient pas d'inconfort, eux. Ils étaient trop riches pour ça. J'allais donc pour sauter dans la fontaine, presque, avant que je ne me ressaisisse : je ne pouvais certainement pas prendre le risque d'agir comme un imbécile et trahir ma couverture. Il y a toujours quelqu'un pour veiller sur cette montagne maudite. Alors je n'ai fait que m'y asseoir en passant ma main dans l'eau, puis sur mon visage. Peut-être deux, quinze, quarante minutes après, mon cœur s'arrêta de battre.

                  Je l'ai vu. Avec une petite fille d'au moins 4 ans. Elle tenait timidement la robe blanche de sa mère, jaunie par les rayons d'été. Avec un fils de peut-être 8 ans qui lui n'ayant pas d'identité secrète à préserver courait comme un ahuri pour sauter dans l'eau de la fontaine.

                  C'était Lana. Sans aucun doute. Son visage n'avait pas changé, son allure, sa démarche, son parfum. À cet instant j'ai compris que le garçon ne pouvait être celui d'un autre. À cet instant j'ai compris... Et ma vision s'est troublée, et ma gorge s'est serrée, et tout d'un coup l'insolente chaleur s'est transformée en épreuve du feu, et l'intérieur de mon crâne est devenu un brasier prophétique, et mon cœur donnait l'impression véritable de fondre dedans mon corps.

                  C'était Lana.

                  J'avais un fils.

                  J'ai écrit plus haut que son visage n'avait pas changé mais si, avant de ne plus rien voir et de m'évanouir, j'avais vu qu'elle portait en elle la plus belle forme du bonheur : le calme du cœur.

                  J'ai été réveillé à coups de beignes dans ta gueule par le petit garçon. Monsieur, monsieur ! Elle a dit son prénom et a posé sa main sur son front. Il s'est arrêté aussitôt. Vous allez bien ? C'est une chaleur étourdissante... , vous devez avoir attrapé une insolation. Elle a pris son chapeau pour le mettre sur mon visage. J'aurais juré qu'elle m'avait reconnu. Qu'elle m'avait vu bien avant que je la vois. Peut-être même le premier jour. Qu'elle était venue me montrer mon fils...

                  Je me suis mis à pleurer comme un enfant.
                  Pas parce que j'en avais un.
                  Pas parce qu'enfin je l'avais revu.
                  Mais parce que lorsque Lana s'est approchée de moi, que je l'ai vu tout près me donner à boire de l'eau fraîche, Lilou, c'est ton visage que j'ai vu. C'est toi que j'ai vu. C'est toi que je voulais voir plus que tout au monde alors que ce moment, je l'avais attendu depuis qu'on s'était quitté et qu'elle m'avait dit que j'avais le cœur là où les poules ont les œufs. Ce moment, c'était mon but, ma quête, mon bout du monde. Je le vivais en rêve, je le vivais pivé, à chaque gorgée, je le vivais au bout des poings, à chaque coup, à chaque graine de chaos plantée. Tout ce que j'avais fait dans ma vie après l'avoir quitté c'était vivre le moment où enfin nous nous reverrions. Et je crois que c'est à cet instant que j'ai compris pour de bon : tu étais partie.

                  J'avais en face de moi Lana. Un garçon, mon fils. Et une petite fille qui s'était mise à pleurer avec moi, avec la même intensité, comme si elle voyait clair en ma mémoire.

                  Tu étais partie pour de bon et tu ne reviendrais pas.

                  Tu n'étais pas sur une île à m'attendre, ni à Union John ni à Nakamura, tu n'étais pas sur le pont de l'attrape-rêve à te chamailler avec Yarost, tu n'étais pas dans la cabine à discuter avec Linus, ...

                  ni dans mes rêves, ni ailleurs. Tu nous avais quitté pour toujours et Linus et Yarost t'avaient pleuré comme deux océans. Et Aimé n'avait rien dit du tout, pas un seul mot, parce qu'il savait. Il savait que si lui s'effondrait comme les autres, alors c'en était fini de moi. Je deviendrais une âme errante, désolée, déchue. Je mourrais de l'intérieur. Il attiserait le feu, provoquerait un incendie et tout brûlerait, ma mémoire, nos souvenirs, mes émotions, ma volonté. Seulement, Aimé Porteflamme en plus d'être une bonne personne, était mon meilleur ami. Alors il a retenu ses larmes de toutes ses forces, il a serré les poings et a baissé la tête.

                  J'avais compris que tu étais partie quand j'ai réalisé que depuis que tu étais apparue, depuis la première fois sous les aurores, depuis la première lettre, Lana avait cessé d'être mon bout du monde. C'était toi, Lilou...

                  L'incendie s'est déclaré à Marie-Joie. Avec un retard de cent quarante trois jours.
                  Monsieur... C'est le soleil qui vous rend triste ? Monsieur... Faut pas pleurer monsieur... Il se couchera. Le soleil se couchera.

                  Et le soleil s'est couché comme mon fils l'a prédit. Je me suis levé. J'ai dit Merci à Lana. J'ai regardé mon fils quelques longues secondes et je lui ai adressé mon premier sourire depuis longtemps. C'est ce jour là que je suis allé récupérer Bee. Fini les mouvements intelligents, les prévisions, les plans, faire attention, être discret. Ce n'était pas la personne que j'étais.

                  J'étais Kiril Jeliev.

                  Ce jour-là... J'avais compris que le feu, c'était pour m'en rappeler.

                  Marine, Pirate, Révolutionnaire
                  Je n'ai jamais rien été de ces trucs-là. J'avais été un lâche, ça oui, obnubilé par le désir de vengeance, croyant que la femme de ma vie m'avait été enlevée de force et qu'il fallait à tout prix que j'aille la chercher.
                  Mais pendant que je semais terreurs et troubles avec les Saigneurs des Mers; pendant que je répandais crachats, glaires et vomis à la sortie des rades et insultait et menaçait quiconque s'approchait de moi trop près; pendant que je ne trouvais joie que dans les daubles, les coups vicieux, que je croyais me plaire à faire le mal et à causer le fracas; pendant tout ça; Lana avait été heureuse.

                  Je le savais puisque tu m'avais montré à quoi ça ressemblait. De vivre et se battre pour ce qui était juste. De vivre d'amitiés et de chamailleries et de voyages et d'aventures. Tu m'avais appris à sourire plus souvent et à aimer. À lâcher ma topette et mes os de moutons et à aimer. À plaisanter, à rire et à aimer.


                  Tu m'as réappris à agir et à vivre comme un être humain et à aimer comme un enfant.



                  Dernière partie de la lettre écrite beaucoup plus récemment a écrit:Mon amour,
                  Bee et moi arriverons bientôt à l'endroit dont on se parlait dans nos lettres. Tu verras, je tiendrai ma promesse sans faute. Pour toi et pour moi. Ensuite, je me reposerai longtemps en attendant que tu me rejoignes. À ton arrivée il me faudra plein d'énergie. Tu auras certainement plein de choses à me raconter. Je voudrais tout entendre. Et moi, j'aurais plein de choses à te dire. Je me mettrai au travail sur le champ dès lorsque l'on arrivera. J'ai trouvé l'endroit parfait, tu verras. Et personne ne nous dérangera. Ce sera Bee, toi et moi.

                  J'attends toujours de tes nouvelles. Comment est-ce que se passe ton travail avec Végapunk ? Je me souviens quand j'étais marine des rumeurs qu'on entendait sur lui. Que c'était une sorte d'illuminé qui voulait contrôler le monde avec une armée de robots maléfiques. Enfin bon, si c'est toi, même Végapunk sera mal en point. Qui sait, peut-être qu'un jour tu deviendras Végapunk ? Je suis sûr que c'est possible. Après tout, tu es capable de tout. Je te soutiendrai dans ce sens si c'est la voie que tu souhaites emprunter mais j'exigerai une chose de toi : que tu prennes ta retraite avec moi, que tu viennes finir tes jours avec moi. Je t'attendrai. Sois en sûre. Je t'attendrai toujours, Lilou.

                  Je t'embrasse et j'attends ta prochaine lettre impatiemment

                  K
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