Rappel du premier message :
https://www.youtube.com/watch?v=q33x5_kep2A
-Pulu-pulu-pulu-pulu! Pulu-pulu-pulu-pulu!
-Allo oui? Mushi-mushi?
-Vous êtes monsieur Andersen? Le convoyeur de marchandises?
-C'est en effet mon métier. Transport rapide et de qualité.
-J'ai eu vos coordonnées sur un tract à Kage Berg. Alors voilà. Je suis Sir Dalors Omer et je collectionne les animaux rares, exotiques ou particuliers. J'aimerais un Wendigo. Il irait très bien dans mon petit parc.
-J'ai peur de ne pas savoir ce que c'est. Un bel oiseau aux plumes bigarrées? Un marsupial aux yeux globuleux? Ou encore un discret poisson bleu?
-Non, non, c'est une sorte de grosses masses pleines de poils hirsutes extrèmement hargneuse, avec des bras, des jambes et des crocs tranchants qui vit dans les mangroves puantes de l'Amerzone!
-Ah... (silence lourd et pesant) En résumé si j'ai bien compris, il faudrait que j'aille risquer ma vie, de la gadoue jusqu'aux mollets entouré d'horribles fumets afin de capturer une bête poilue qui risque de m'attaquer à vue?
-C'est exactement ça!
-J'ai bien peur de devoir décliner votre proposition. Mon entreprise ne gère que la livraison. L'obtention de la marchandise, ce n'est pas...
-Votre prix sera le mien.
-C'est entendu, marché conclu.
-Très bien. Prenez m'en un beau, hein! Je vous attend la semaine prochaine! *clic*
-*clic*
-Bé alor'mon gars! Cé qu't'as bin failli tfér mal!
-Pour l'amour du ciel, quelle épreuve cruelle! Franchement pour ce Wendigo de malheur, la paye a intérêt à être à la hauteur!
Le problème quand on a de la fierté, c'est qu'elle a tendance à mal se placer. Et celle-ci finit souvent par se coincer, occasionnant des grincements de dents et des grommellements très désagréables. Quand on a passé sa vie à se construire un train de vie agréable et qu'on se retrouve à devoir dépendre des autres, une personne avec la fierté mal placée aura tendance à très, très mal le vivre. Si la situation perdure, on peut voir apparaître des symptômes tels que l'irritabilité, les accès de violence ou des ulcères au colon pour ceux qui tentent trop de retenir les deux autres symptômes. Fort heureusement, Joseph a su préserver son bien-être intestinal en enfonçant profondément les dents d'un jeune mousse dans le bastingage de bois après que celui-ci lui a tendu un balai-serpillère en lui demandant une participation aux corvées pour payer sa traversée. Comme si un homme de sa stature allait s'abaisser à laver le ponton d'un navire, qui n'est pas le sien qui plus est. Sa traversée, il la payera plus tard, avec des piécettes sonnantes et trébuchantes, une fois la récompense en poche. En attendant, celui qui voudra lui réclamer encore quelque chose subira le même sort, même s'il doit pour cela orner la totalité du bastingage des quenottes jaunes et sales de l'équipage.
Car oui, le marchand est contraint de voyager sur des navettes et des navires de tourisme depuis que le sien a été confisqué par la Marine ce qui, en toute honnêteté, le fait bien chier.
Accoudé sur la figure de proue, Joseph regarde l'horizon en se disant qu'il va devoir repartir de zéro. Son bateau, ses marins, son hangar sur les docks... Tout cela est de l'histoire ancienne, le voilà revenu comme à ses vingt ans, seul au milieu de l'océan avec son fleuret et son pistolet comme seul bagage. Il ne peut même plus espérer de nouvelles commandes de la part de ses anciens clients : la perte de la marchandise qu'il devait transporter l'a rendu débiteur de ses clients. Dans ces cas-là, le profil bas est de rigueur. Lui qui était à la tête d'une entreprise florissante, le voilà qui fuit à travers les mers en rasant les murs comme un échappé de cachot. D'un geste rageur, l'homme frappe du poing sur le bois de la statue en forme d'énorme coquillage qui orne l'avant du navire. Ce satané adjudant Touille... Il ne perd rien pour attendre. Lorsqu'il sera revenu à la place qui lui revient, le sommet, il fera payer à ce sous-officier son affront au centuple. Mais d'ici là, il va devoir travailler dur pour se créer un empire.
C'est d'ailleurs dans ce but qu'il voyage aujourd'hui en direction de l'Amerzone, une île située au Sud du Sud de South Blue. C'est bien simple, l'île est tellement au Sud qu'il paraît qu'on pourrait rejoindre Red Line à la nage s'il n'y avait pas des monstres marins de plusieurs centaines de mètres qui se baladaient. Cette île, réputée pour son légendaire inintérêt et pour le bas niveau de civilisation des personnes qui la peuplent, est à l'opposé exact des goûts assez distingués de Joseph. Là-bas, les analphabètes et les bourrins disputent la part du lion aux consanguins. C'est donc avec appréhension que notre héros se rend dans ce bourbier.
Quelques jours plus tôt, un client l'a appelé pour lui passer une commande assez particulière.
Car oui, le marchand est contraint de voyager sur des navettes et des navires de tourisme depuis que le sien a été confisqué par la Marine ce qui, en toute honnêteté, le fait bien chier.
Accoudé sur la figure de proue, Joseph regarde l'horizon en se disant qu'il va devoir repartir de zéro. Son bateau, ses marins, son hangar sur les docks... Tout cela est de l'histoire ancienne, le voilà revenu comme à ses vingt ans, seul au milieu de l'océan avec son fleuret et son pistolet comme seul bagage. Il ne peut même plus espérer de nouvelles commandes de la part de ses anciens clients : la perte de la marchandise qu'il devait transporter l'a rendu débiteur de ses clients. Dans ces cas-là, le profil bas est de rigueur. Lui qui était à la tête d'une entreprise florissante, le voilà qui fuit à travers les mers en rasant les murs comme un échappé de cachot. D'un geste rageur, l'homme frappe du poing sur le bois de la statue en forme d'énorme coquillage qui orne l'avant du navire. Ce satané adjudant Touille... Il ne perd rien pour attendre. Lorsqu'il sera revenu à la place qui lui revient, le sommet, il fera payer à ce sous-officier son affront au centuple. Mais d'ici là, il va devoir travailler dur pour se créer un empire.
C'est d'ailleurs dans ce but qu'il voyage aujourd'hui en direction de l'Amerzone, une île située au Sud du Sud de South Blue. C'est bien simple, l'île est tellement au Sud qu'il paraît qu'on pourrait rejoindre Red Line à la nage s'il n'y avait pas des monstres marins de plusieurs centaines de mètres qui se baladaient. Cette île, réputée pour son légendaire inintérêt et pour le bas niveau de civilisation des personnes qui la peuplent, est à l'opposé exact des goûts assez distingués de Joseph. Là-bas, les analphabètes et les bourrins disputent la part du lion aux consanguins. C'est donc avec appréhension que notre héros se rend dans ce bourbier.
Quelques jours plus tôt, un client l'a appelé pour lui passer une commande assez particulière.
https://www.youtube.com/watch?v=q33x5_kep2A
-Pulu-pulu-pulu-pulu! Pulu-pulu-pulu-pulu!
-Allo oui? Mushi-mushi?
-Vous êtes monsieur Andersen? Le convoyeur de marchandises?
-C'est en effet mon métier. Transport rapide et de qualité.
-J'ai eu vos coordonnées sur un tract à Kage Berg. Alors voilà. Je suis Sir Dalors Omer et je collectionne les animaux rares, exotiques ou particuliers. J'aimerais un Wendigo. Il irait très bien dans mon petit parc.
-J'ai peur de ne pas savoir ce que c'est. Un bel oiseau aux plumes bigarrées? Un marsupial aux yeux globuleux? Ou encore un discret poisson bleu?
-Non, non, c'est une sorte de grosses masses pleines de poils hirsutes extrèmement hargneuse, avec des bras, des jambes et des crocs tranchants qui vit dans les mangroves puantes de l'Amerzone!
-Ah... (silence lourd et pesant) En résumé si j'ai bien compris, il faudrait que j'aille risquer ma vie, de la gadoue jusqu'aux mollets entouré d'horribles fumets afin de capturer une bête poilue qui risque de m'attaquer à vue?
-C'est exactement ça!
-J'ai bien peur de devoir décliner votre proposition. Mon entreprise ne gère que la livraison. L'obtention de la marchandise, ce n'est pas...
-Votre prix sera le mien.
-C'est entendu, marché conclu.
-Très bien. Prenez m'en un beau, hein! Je vous attend la semaine prochaine! *clic*
-*clic*
A la suite de cet appel, le professionnel de la livraison s'est rendu au port et a cherché pendant plusieurs heures un capitaine de navire qui connaissait l'Amerzone et encore plusieurs heures après pour en trouver un qui accepte de s'y rendre. Et voilà comment, poussé par l'appât du gain, on se retrouve à débarquer sur une île comme l'Amerzone. A peine le premier pied posé sur le sable, des relents d'eau croupie emplissent les narines de Joseph qui sort un mouchoir de tissu de sa poche et le plaque sur son visage pour tenter de le protéger de ces émanations nauséabondes. Le paysage qui s'offre à lui est cataclysmique. Difficile de déterminer ce qui est le plus pathétique à voir. Le sol est sale, boueux, les habitations sont en matériaux de récupération mal agencés les avec les autres. L'odeur est tellement insoutenable que l'homme civilisé sort un second mouchoir de son veston et le plaque par-dessus le premier. L'architecture ne mérite même pas d'être qualifié de balbutiante, il n'y a aucun sens de l'esthétisme, les murs ne sont pas droits et, petit semblant d'harmonie, les sols ne le sont pas non plus. Et les gens... Les gens... Partout, il voit des hommes sales qui transportent aussi bien des armes à feu que des cuisses de porcs sanguinolantes, des femmes aux cheveux remplis de feuilles, de terre séchée et d'autres choses indéterminées, des personnes qui marchent voutées, mal habillées... La déchéance totale.
Joseph manque de trébucher en descendant du ponton lorsque son pied se glisse entre deux planches mal ajustées. Un homme aussi repoussant que le reste s'approche de lui pour tenter de l'aider à se redresser mais le marchand se recule avec autant de vivacité que s'il s'était agit d'une flamme ardente. L'autochtone est bouffi, avec un nez difforme rappelant vaguement une pomme de terre, son visage est boursouflé et rougit par des années d'alcoolisme. Sa peau est grasse et acnéique et ses yeux sont vitreux. Il porte un horrible béret kaki et son ventre gonflé par la bière dépasse de son débardeur blanc taché de nourriture.
Joseph manque de trébucher en descendant du ponton lorsque son pied se glisse entre deux planches mal ajustées. Un homme aussi repoussant que le reste s'approche de lui pour tenter de l'aider à se redresser mais le marchand se recule avec autant de vivacité que s'il s'était agit d'une flamme ardente. L'autochtone est bouffi, avec un nez difforme rappelant vaguement une pomme de terre, son visage est boursouflé et rougit par des années d'alcoolisme. Sa peau est grasse et acnéique et ses yeux sont vitreux. Il porte un horrible béret kaki et son ventre gonflé par la bière dépasse de son débardeur blanc taché de nourriture.
-Bé alor'mon gars! Cé qu't'as bin failli tfér mal!
Le visage de Joseph prend un air absolument épouvanté par cette vision. Impossible de dire ce qui provoque le pire sentiment de dégout. La voix railleuse et la façon de parler rurale de l'amerzonien qui agressent ses tympans, la vue de ses dents déchaussées et cariées ou bien l'haleine fétide qui s'en dégage et qui l'oblige à superposer un troisième mouchoir en tissu. Trois de ses sens étant hors service en moins de quelques secondes, Joseph titube, recule et sans même répondre prend la fuite vers l'intérieur de la ville. Mais tous les amerzoniens et amerzoniennes semblent être du même accabit.
-Pour l'amour du ciel, quelle épreuve cruelle! Franchement pour ce Wendigo de malheur, la paye a intérêt à être à la hauteur!