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Smith & Westson. [PV]

Rappel du premier message :


    Une chose était sûre, ils n'allaient pas se perdre en conjoncture avec Jacob. Pendant qu'elle conduisait le navire, elle songeait. Songer à ce qu'elle devait faire, à ce qu'elle aurait voulu faire, à ce qu'elle ne pourrait plus jamais faire sur Manshon après ça. En tout les cas, elle appréciait savamment le silence d'or qui s'instaurait depuis le départ en grande pompe de son petit navire, au moins aurait-elle un peu de tranquillité pendant le voyage. Bien qu'elle aimait par dessous tout faire montre de ses grands chevaux sur lesquels elle montait rapidement et souvent, elle goûtait la clarté de la lune qui éclairait en demie-tente les eaux sombres de North Blue. Il y'avait quelque chose de revigorant dans le fait de piloter un navire, surtout une coque de noix aussi sensible que la leur. Et par temps clair.

    Après avoir drifté sur les océans, se dessina le port de Manshon, qui lui rappela tout un tas de souvenir, pas pour le plus agréable. Je sais que t'as des yeux mais on est bientôt arrivé ! prévint-elle son binôme, en sa qualité de navigatrice du petit groupe qu'ils formaient. Être la garante, suivre le bon chemin, ne jamais se perdre, voilà les qualités qu'elle avait développé au contact de la mer et des navires de Rokade, là où tout avait commencé pour de bon. Depuis ce jour béni ou elle avait été recruté chez Big Joe, qui l'avait rendu à la vie civile l'on pourrait dire.

    Elle n'était plus une gamine maintenant, elle prenait ses propres décisions -bien que parfois douteuses, elle menait sa barque comme elle en avait envie, et pratiquement plus personne ne lui donnait d'ordre, ou tout du moins les suivait-elle en son âme et conscience. L'esclavage était une prison terrible, une prison dont elle était sortie par la grande porte, ce qui faisait sa fierté. Elle n'avait pas été sauvé, on avait juste découvert qu'elle avait trop de talent pour simplement pourrir sur place au port de Rokade, et on était venu la chercher pour user de ses talents sur la marine mondiale. Ça se fête ce genre de chose. Peut-être en ferait-elle un jour de fête quand elle sera vieille et toute foutue, une occasion de se souvenir et de ne jamais oublier par là ou elle était passée.

    Ils arrivèrent de nuit, les reliefs de la ville semblant presque fantomatiques devant la clarté de la lune. Ça tombait bien, ils devaient se faire discret. Sans aucun doute que certains protagonistes de cette île n'allait pas apprécier leur retour. Surtout pas les mafieux, qu'ils allaient encore une fois rouler dans la farine.  Et les passer au tamis après. Puis les faire cuir à feu doux.

    Ils accostèrent dans un petit port qui jouxtait le principal, dans le silence d'une nuit à Manshon -autant dire qu'on avait de la rumeur haineuse et festive qui couvrait leurs traces. L'air puait la mauvaise bière et la pisse que l'on déverse par hectolitre dans les rues après avoir bien fêter la journée. Le port donnait sur un quartier malfamé et honni des bonnes gens. Autant dire qu'il fallait pas montrer patte blanche, sinon l'on finissait souvent dans une basse fosse avec le troufion à l'air et le porte monnaie allégé. Heureusement pour eux, le binôme faisait plus truand du moment que bourgeois bien lotit. De plus, l'odeur de Canaille se fondait dans le décor avec une certaine réussite.

    Elle ouvrit la bouche, et murmura à son partenaire depuis quelques temps déjà : Sortons de ce quartier de misère, je connais une bonne auberge ou l'on sera tranquille, et ou l'on pourra peut-être glaner quelques infos puisqu'elle appartient à la pègre... Dire que de nos jour tout appartenait à la mafia sur Manshon aurait été un pléonasme qu'elle évitât, tout du moins seraient-ils bien accueillis par l'aubergiste.

    La sirène rouge de son nom, était une petit auberge néanmoins salubre et de bonne facture. Le bâtiment était fait de pierre et de bois, et la salle principale était fraîche par rapport au étage ou l'on pouvait loger. Cela ferait très bien l'affaire pour en faire un QG, que ce soit pour se reposer ou se cacher.

    Ils entrèrent et un instant qui dura quelques poignée de seconde -mais qui lui fit l'effet d'être des heures, ils furent le centre d'attraction principal des clients déjà installés.

    Elle craignit quelques instants qu'on leur court après, mais la plupart semblait avoir oublié les événements des semaines passés, sûrement qu'une rumeur encore plus folle tournait ce jour là. Mais il y'avait des marines qui n'avait que ça à faire, que de se souvenir. Il leur faudra patience et discrétion pour arriver à leur fin.

    - Bon, on s’installe là. Faisons un point sur ce que nous savons, et ne savons pas. Elle s'arrêta quelques instants pour commander à boire et à manger à la serveuse experte en esquive de mains aux fesses, puis reprit : Nous savons que la cargaison arrivera demain soir, mais nous ne savons ni l'heure, ni l'endroit. Il nous faut donc nous renseigner sur ses points là, avant de foncer tête baissé dans un piège ou pire encore. L’échec n'est pas une solution acceptable.  Elle réceptionna la commande qui se composait d'un bouillon de légumes avec du lard, et de bières pour faire passer le tout. Et avaler la grosse pilule qu'allait lui mettre Canaille quand elle termina par dire : Je pense que nous devrions chercher un membre de la pègre à nous mettre sous la dent et ouvrir nos esgourde nom d'un ptit bonhomme.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t21394-p-tit-livret-des-famille
    Il y'a des moments où l'instinct passe par dessus la raison, et il suffit de l'écouter pour tomber dans ses filets. Et des filets, il y'en avait eut ici. Les filets de Tobias qui avait capturé un Jacob sanglant -dans le mauvais sens du terme, les filets de ses ordures qui traînaient de la patte sur Manshon pour quelques berrys de plus. En parlant de patte, Canaille traînait ses guibolles dans la rue quand elle remarqua une trace de sang par terre. Elle se mit en mode chasseuse, comme un fin limier le menton et le nez pointés vers le sol, elle remarqua plusieurs traces qui semblaient concorder. Elle les suivit comme un chien de casse, au moment où une boule quasiment mauve explosa dans le ciel.

    La suite, vous la connaissez. Elle avait retrouvé Laïra et faisait tâter de son fer la gorge de sa petite protégé, juste au cas où elle n'avait pas comprit que l'affaire était sérieuse. Sait-on jamais comme on dit dans les plus petits bourg du sud. Ça et "on aime pas les enculés de ton genre par ici". Heureusement la gamine capta vite et fit preuve de bonne foi, l'emmenant sur les lieux de l'échange par des ruelles aveugles qu'elle aurait bien eu du mal à capter toute seule. Elle partait comme des billes, suivant une courbe parabolique qui traversait la ville. Elle traînait un peu de la patte, ce qui énervait au plus haut points la révolutionnaire, qui sentait les embrouilles à plein nez. Jacob allait passer un sale quart d'heure, elle en était certaines.

    La mafia, c'était pas des tendre, mais heureusement, ils étaient plus durs encore. La vie leur avait forgé une carapace blindée contre tous les types de fumiers qui pouvaient exister. Et même si elle en avait l'odeur, sa consistance était pas la même. Ou alors elle était une de ses merdes bien collante ou bien dur comme de la pierre après une période de gel. En tout les cas, c'était difficile de se débarrasser de l'une comme de l'autre.

    Arrivant à la porte de Peeter, Canaille se fit plus méfiante, tout les sens en alerte. Elle fit patienter la petite au coin d'une rue, et passa d'un bords à l'autre sans s'arrêter, de manière naturelle. Comme si un passant avait eu la mauvaise idée de pointer le bout de son nez. Elle se paya même le luxe de fumer une garbiche le temps qu'elle passât devant les gardes qui ... bah... gardait la porte quoi. Ils faisaient le pied de grue comme les greluches du coin faisaient le trottoir, le nez en l'air, la quéquette au vent pour l'un d'eux, qui tremblotait comme un vieillard sénile son poireau dans le coin de la rue. Elle fut furtive, et on lui rendit bien. Elle fit signe à Laïra de la rejoindre, et commença par escalader un petit garage qui jouxtait une demeure assez haute pour leur entreprise. Elle ne savait pas si la deuxième fois serait la bonne, mais en tout cas elle aida sa comparse à monter d'une main ferme.

    - Bon, on doit d'abords leurrer les deux gardes à l'entrée, pour garder l'effet de surprise. Dès que je saute sur l'un d'eux, tu t'occupe du deuxième le canardant de tes genre de sphère là. On doit être discrète, bordel !


    Elle passa du garage à la maison en prenant appuis sur les deux mains de sa camarade, et se mit parallèle au toit, dans la poussière qui ne la gênait pas tant que ça, lui tendant une main secourable. Elle passa de maison en maison pour se retrouver à la droite du premier gars, qui portait une casquette style bon chic bon genre des années 1620, qu'il portait de côté pour paraître plus fashionable.

    - DES INTRUS, SUR LES TOITS ! Que fit l'un des deux gardes, sa cigarette lui tombant du bec tellement il était surpris que deux femelles tentent le coup.
    - Eh merde... Bon tant pis pour l'effet de surprise, envois la sauce. qu'elle dit du bout de lèvres, un peu vexée d'avoir été découverte, et surtout déçu que le bon effet ne soit pas de leur côté. L'un des types tirait la porte alors qu'elle sauta du toit pour se réceptionner durement sur le sol, se tordant une cheville par la même. Elle ne sentit rien sous le coup de l'adrénaline qui montait, et continua son chemin vers celui qui avait décidé de résister. Elle esquiva une balle en roulant sur le sol, et se retrouva au pied de son adversaire, qu'elle fit basculer en remontant sur ses pieds. Le type éclaté au sol mit du temps à se relever, et c'est avec un fusil collé sur la nuque qu'il se releva. Elle n'allait pas être tendre avec eux.

    - EH HO LA DEDANS TU M'ENTENDS POURRITURE DE MAFIEUX ? LIBÈRE JACOB OU JE LUI EXPLOSE SA SALE TRONCHE DE RAT !
    Fit-elle en avançant vers l'entrepôt toujours ouvert, d'ou la toisait trois types à l'air patibulaire.

    Mais ça, c'était avant que Laïra s'en mêle.
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En plus d'avoir de la gueule et d'être particulièrement cossu, le hangar constituait la planque idéale pour le trafic maritime. Un ancien chantier naval rénové. N'importe où ailleurs, la marine y aurait regardé à deux fois dans la cale de chaque navire venu accoster pour "combler des avaries", mais pas à Manshon. Un bon prétexte, le dessous de table qui tombait en temps et en heure : il n'en fallait pas plus pour faire prospérer un commerce en ces contrées.
Du bureau de Peeter, on avait traîné la loque humaine jusque dans le cœur du système. L'entrée du chantier naval s'ouvrait à même la mer et on avait pris soin de laisser un navire fantoche à quai afin de faire croire à de l'activité. Joyeux bordel, on aurait presque pu croire à un commerce légitime.

- P'tain y sont en avance.

Les deux affranchis avaient traîné Jacob en le soulevant par un bras chacun. Pointant du doigt une embarcation au loin, le plus fébrile des deux lâcha prise et fit s'écraser le Pendu. Celui-ci avait connu des jours meilleurs. La situation étant ce qu'elle était, il n'en connaîtrait vraisemblablement pas de pire. Affalé, plus même capable de déglutir tant sa panse meurtrie lui rappelait qu'il n'était plus question pour lui d'avaler quoi que ce soit, le fléau révolutionnaire avait été réduit à une masse organique tout juste capable de baver et de grogner de douleur. Il ne faisait pas bon faire de vieux os à Manshon. On y vieillissait mal. Et prématurément.

- Va dire aux ouvriers de bouger le bateau qu'y fassent de la place pour la cargaison.

Un navire en avance. L'approvisionnement en armes était imminent. Il avait beau voir flou, Longdrop percevait ce point noir au loin, ce bateau pour lequel Canaille et lui étaient venus sur Manshon en premier lieu.

- Et lui, on en fait quoi ? Une derrière la nuque et à la flotte ?

Mieux valait se presser pour lui administrer le coup de grâce ou la faucheuse les devancerait. Avec un pruneau dans le bide, dernière friandise plombée de la journée, Jacob ne faisait plus le fier, son organisme ne lui permettait tout simplement plus ce luxe.
L'autre mafieux contempla leur victime, rampante, gémissante elle ne suscita chez lui aucune forme de pitié.

- On parle du type qu'a buté David et le copain du boss. Tu me fous ça à la flotte sans anesthésiant, je veux qu'il ait le temps de se voir crever.

Jacob Longdrop serait alors un grouillot de plus dans la mer. Avant lui, il y en avait eu des milliers d'autres. Dormir avec les poissons n'était pas devenu une expression courante pour rien, la mafia avait lourdement contribué à la populariser. Pour le Pendu, c'était la fin de parcours. Ça l'aurait en tout cas été si ses deux bourreaux ne l'avaient pas attaché avec une corde avant de lui administrer une dernière onction d'eau salée. Il y avait des négligences qui se payaient le prix fort.

***

- Capitaine, dans combien de temps on y sera ?

- Une demi heure, à prendre ou à laisser.

En appui sur le bastingage, tapant frénétiquement des doigts dessus, Fredo grinça des dents. Les voyages en mer ne l'avaient jamais particulièrement botté et il commençait à trouver le temps long. Mais mal de mer ou pas, Peeter comptaient ses hommes de confiance sur les doigt d'une seule main. Lui était le majeur.
Sans cesse en colère après tout et tout le monde, l'air du large ne l'avait pas bonifié. Le plus dur avait été pour ses hommes. Le supporter tout le long de la traversée n'avait pas été une sinécure mais, la plancher des vaches à vue, ils savaient leur calvaire bientôt révolu.

- Chef ! Vous entendez ?

C'était feint, c'était lointain mais l'oreille d'un expert ne pouvait pas s'y tromper : des coups de feu retentissaient depuis un moment. Sur le toit du chantier naval qu'ils s'apprêtaient à investir, le corps expéditionnaire chargé de ramener les armes au bercail put apercevoir lumières et fumées. En leur for intérieur, tous se doutaient bien qu'on ne tirait pas un feu d'artifice pour célébrer leur retour. D'abord parce que ce n'était pas le genre de la maison, mais surtout parce que personne ne pouvait encadrer Fredo et sa bande.

- J'ai contacté le hangar. Y se font attaquer.

Et Fredo gueula, car c'était encore ce qu'il savait faire de mieux. À l'exception de faire cracher la poudre.

- Laquelle de ces putains de famille est assez conne pour nous mâcher les roustons ?! Z'ont pas compris que eux aussi ils en profitaient ?

- Non... ce serait des révos. Trois gugusses. Non. Deux.

La rage s'intensifia et le capo arracha le bastingage auquel il s'était cramponné.

- Mais c'est pas permis d'être aussi incompétent ! Richie ! Tu me prends dix hommes avec toi. Vous nous devancerez en chaloupe le temps de faire le ménage.

On ne questionnait jamais les ordres de Fredo. Tout criminel qu'ils étaient, régnait au sein du groupe une discipline de fer et un esprit de corps auquel la marine avait tout à envier. Dix volontaires ? Richie en trouva vingt. Serrés sur la chaloupe qu'ils descendirent brutalement en coupant les cordages afin ne ne pas perdre une seule seconde, la petite troupe ramait déjà en cadence. Outillés comme ils étaient, le débarquement promettait d'être sanglant.
Mais Fredo gueula une fois de plus. Ses hommes lui avaient donné une bonne raison alors que leur embarcation s'était retournée subitement. Les hommes à la mer, la poudre mouillée, ainsi tombait à l'eau le débarquement flamboyant.

- BOUGRE DE CONS ! MAIS COMMENT VOUS FAITES POUR TOUJOURS ME DÉCEVOIR ?! C'EST DU SABOTAGE À CE NIVEAU LÀ !

Rouge écarlate, déjà à leur balancer des morceaux de bastingage qu'il arrachait nerveusement, le capo fulminait et s'approchait dangereusement de la crise cardiaque foudroyante. Un homme avec ce tempérament ne dépassait généralement pas la soixantaine.

- Mais merde Fredo ! Puisqu'on te dit qu'y a un truc sous l'eau qui nous a fait chavirGLLLLooAPpsshh


Disparaissant sous les flots placides comme s'il était subitement devenu une enclume, Richie n'avait pas eu le temps de s'expliquer. Point de Fredo venu l'achever, mais quelque chose l'avait chopé sous l'eau. Si près de la côte, la faune marine hostile était pourtant rare, voire totalement absente.

- Qu'est-ce qu'il nous fait encore celui-là ?! Nicky, Bobby ! Tirez-le moi de sous l'eau.

Alors que les préposés à la mission de sauvetage en mer se demandaient comment ils allaient bien pouvoir opérer, un autre de leurs camarades finit happé brutalement, disparaissant dans un cri vite étouffé par les remous laissés derrière lui.

- Mais ma parole ! Vous avez fini de vous foutre de moi ?!

Déversant son fiel sur ses hommes davantage paniqués par ce qui se trouvait en aval qu'en amont, Fredo cherchait à se rassurer autant que les dix-neuf hommes restants.

- Patron, descendez l'échelle de cOoRRggGlLLfff

Un troisième. Un quatrième. Un cinquième. Que ce fut Neptune ou l'une de ses créatures, cet ennemi des profondeurs accélérait la cadence. Cette fois clairement paniqués, les caïds de Manshon se virent rappelés que les mammifères terrestres perdaient bon nombre de leurs prérogatives une fois qu'ils trempaient un orteil dans la mer. Ce monde ne leur appartenait pas et témoignait à ces intrus une hostilité certaine.

- C'est une pieuvre ! Une pieuvre ! J'ai vu un tentacule ! Je suis pas fou je l'ai vLlOoooSHh

Le bilan s'aggravait de seconde en seconde. Les survivants avaient beau se tenir les uns aux autres, une fois que la bête s'agrippait à sa proie, la force d'une dizaine d'hommes ne suffisait pas à le maintenir à la surface. Une dizaine d'hommes. Voilà à quoi ils avaient été réduits en une minute à peine. Alors, des masses sombres remontèrent lentement arrachant des cris de jouvencelles aux mafieux. Pas de pieuvre qui surgissait ; les premiers cadavres remontaient à la surface. Pas de trace de ventouse ou de morsure. Juste la marque d'une étreinte solide autour de leur gorge. Quel que fut cet animal, il ne chassait pas pour satisfaire son appétit.
Sur le pont, on s'activait enfin. L'échelle de corde arrivait seulement. Mais de dix, les renforts avaient été réduits à six. D'ici à ce que l'échelle ne soit descendue intégralement, il n'étaient plus que trois. Du trio, un seul eut le temps de se saisir d'un barreau avant que ses deux camarades ne coulent à pic.

- Ramenez-le bordel ! Tirez !

L'ascension se voulait d'abord rapide. Mais de sous l'eau, un flagelle avait surgi pour se nouer solidement autour du mollet du rescapé en sursit. Tout l'équipage s'était agrippé à l'échelle pour la tirer à eux. Trente bons hommes, Fredo compris. Écartelé entre le pont et les abysses, Bobby hurlait à s'en déchirer les cordes vocales. Mais aussi puissante que fut la créature, l'esprit de la camaraderie avait surclassé la force du monstre. Tractant enfin le dernier survivant avec l'énergie du désespoir, Fredo fut le premier à se saisir de lui pour le sortir de cet enfer. Il n'était dur avec ses hommes que parce qu'il tenait à eux. Il le serra contre lui. Mais Bobby lui paraissait léger, si léger.
Alors, tous tétanisés, personne à bord ne trouva les mots pour commenter ce qu'ils virent. Les intestins et autres tripes sanguinolentes du garçon s'étalèrent sur les chaussures de son capo. L'écartèlement l'avait tranché en deux.

- P...putain ! Mais qu'est-ce que c'était ? UNE PIEUVRE ?!

Un marin trouva la force de balbutier ce qu'il avait cru voir surgir de sous les flots lorsque Bobby avait amorcé son retour à bord.

- Une corde... c'était une corde.

Avant même que qui que ce soit n'ait eu le temps l'interroger, on hurla que quelque chose venait de grimper le long de la coque pour s'introduire par l'une des interstices prévues pour les canons. Tous étaient sur le pont. Ce qui déambulait en dessous avait une démarche chaotique. Personne n'aurait su dire avec certitude s'il s'agissait d'un homme ou d'un animal.
Déjà, les plus nerveux orientèrent leur mousquet en direction du bruit. Fredo se saisit de l'un d'eux à la gorge. Il suait à grosses gouttes et ses mains étaient moites.

- Y'en a pour une demi tonne de poudre là-dessous... t'as une vague idée de ce qu'il se passe si tu tires ?...

Les bruits de pas stoppèrent. Il sembla alors à tous que quelque chose de lourd roulait. Lourd. Métallique même.

- Oh nom de... il bouge un canon !

Et les dires de Fredo furent prouvés dans la seconde alors qu'un tir d'artillerie surgit de sous le pont. Boulet de canon, mais aussi diverses balles de mousquet avaient été chargés pour un effet optimal. Cinq hommes dont le capo furent déchiquetés par la détonation seule, le reste avait essuyé les débris et autres shrapnels de plomb. Au milieu de la fumée, deux ombres filiformes et énergiques s'agitèrent. Deux serpents très agités et tremblants qui s'élevaient comme charmés par le son d'une flûte que personne n'entendait. Les flagelles frappaient aveuglément la surface du pont délabré pour se saisir ici et là de blessés qu'ils tiraient vers le fond de l'embarcation. Un cri, un crac puis l'ombre remontait à la recherche d'une autre proie.
La fumée se dissipait. C'étaient bien deux cordes qui s'élevaient devant le regard ébahi des quelques survivants.

- Un homme... c'est.... c'est juste un homme...

C'est en tout cas ce que se répéta l'un d'eux pour se rassurer.

Mais il n'y avait rien de rassurant à savoir Jacob Longdrop à bord.


***

Claudiquant d'abord, s'écroulant ensuite puis se redressant pour perpétuer ce cycle de maladresse, Jacob avait traîné le dernier cadavre. Les derniers à se cacher lui avaient donné le plus de fil à retordre. Il leur avait donné de la corde à nœud. Échange de bon procédé.
Un siège installé au milieu du pont délabré, il s'assied ou plutôt s'écroula de fatigue. Le Pendu avait eu beau user de la pression d'une de ses cordes pour éjecter la balle de son bide et suturer la plaie au feu, il avait perdu trop de sang dans l'eau.
Ses pieds étendus sur une petite pile de cadavres qu'il avait traînés jusqu'ici à cet effet, sa mission était accomplie. Les armes étaient dans la cale et il était à présent leur maître à bord. Mais dans son état, il ne naviguerait pas bien loin. Usé jusqu'à la corde - et c'était peu dire - Longdrop avait changé le pavillon du navire. Un drapeau blanc flottait majestueusement au sommet du mât. Dessus, rédigé en lettres de sang, un message adressé à ses complices s'annonçait depuis ce navire qui avait brutalement décidé de lever l'ancre sur l'initiative du nouveau capitaine.

Spoiler:

Sur Manshon, ils étaient en terre hostile et ça ne serait pas à trois qu'ils renverseraient la vapeur. Les renforts de Peeter étaient imminents et l'étau se refermait sur le trio de branquignols. Pour Canaille et Laïra, le salut ne passerait que par la fuite à la nage. Jacob espérait en tout cas qu'elles auraient la présence d'esprit de le rejoindre à bord. Pour leur survie, pour la mission, mais aussi parce qu'il n'était pas sûr de pouvoir se réveiller seul s'il venait à s'endormir sur son trône macabre.
    - T'es lourde quand même...

    Monter sur le toit ne fut pas une tâche pour facile pour Laïra. Le souffle à nouveau, des points noirs volant dans son champ visuel, la jeune femme était au bord de la rupture. La perte de sang, le choc physique et émotionnel des blessures, les cris et les explosions, les coups de feu, tout cela pesait lourd sur ses frêles épaules. Sa maigre carcasse, finalement, n'était plus animée que par cette énergie malsaine, rageuse, qui l'avait mise dans une position aussi désastreuse. Trop abrutie de fatigue pour se maudire, la cornue n'avait plus qu'une chose en tête. Elle écouta à peine ce qu'on lui disait alors que le danger était tout proche, trop occupée à essayer de se souvenir d'où se trouvait quoi dans ce foutu entrepôt.

    La crasseuse voulait de la discrétion, on ne leur laissa pas trop cette possibilité. Rationnelle, elle sauta sur la première opportunité venue, tenta d'utiliser un pauvre planton comme monnaie d'échange. Ridicule. La blonde sauta du toit sur une pile de caisses, qui se balança mais tint bon. Ce ne fut pas le cas de ses jambes, et le tir qu'elle prévoyait pour l'otage inutile fut dévié dans sa chute. Il éclata la porte, provoquant une salve nerveuse de tirs qui arrosèrent abondamment leur camarade. Au moins avait-il servi de bouclier... Un genou en sang, les yeux fous, elle se releva comme une furie, manquant de tomber à nouveau.

    - Bordel mais tu... Fonce !!

    C'était maintenant ou jamais, pas le temps de lui reprocher quoi que ce soit. Les deux rosses s'engouffrèrent dans l'entrepôt, le corps mutilé du mafieux ouvrant leur charge désordonnée. Il finit sa course en un vol plané improbable, lorsque la cheville de sa meurtrière se déroba. Non pas un, mais trois porte-flingues quadrillaient l'entrée, et un se prit son collègue dans les jambes, et son tir se perdit dans les hauteurs du plafond. Au même moment, juste derrière, Laïra lança sa petite bombe chimique et toucha un autre à leur gauche au bras. Cela ne l'empêcha pas d'appuyer sur la détente, et un trait de feu assourdissant frôla l'oreille de la jeune femme. Elle s'aplatit au sol alors que, paniqué à la vue des flammes, le troisième tireur eut une mimique presque cocasse. Il faut dire que le beuglement de souffrance pure que son camarade produisit lorsqu'on l'embrocha sans pitié de l'aine aux lombaires fut particulièrement déchirant.

    Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, la cornue repéra où elle devait aller, chercha à continuer le plus vite possible une fois le ménage fait. Mais, même avec le bras en charpies incandescentes le mafieux qu'elle avait aligné était encore lucide. En un instant, faisant fi de la douleur et des cris, il vida son chargeur d'une ultime salve, et, avant que son visage ne se désintègre en bouillie calcinée, le plomb vint mordre la chair pâle et inconsciente de sa dernière cible. Atteinte à la cuisse et au bras gauche, la blonde s'écroula, roula et rampa frénétiquement pour se mettre à l'abri. Elle se réfugia derrière un pilier de bois, aux abois. Un nouveau coup de feu retentit.

    Heureusement qu'elle n'était pas la seule à perdre pied. Le troisième planton s'écroula en gargouillant, la gorge déchirée par un tir à bout portant. À peine le temps de constater, et voilà qu'on lançait à Laïra un pistolet, qu'elle faillit d'ailleurs ne pas attraper. De quoi la rappeler aux impératifs présents.

    - Putain c'est pas l'moment de flancher gamine !

    Se relevant avec d'abord un peu de précaution, elle palpa ses blessures, n'en revenant pas de constater qu'elle n'avait finalement que de vilaines zébrures brûlantes. Ce n'était pas passé loin. *Ferme-là bordel...* La gamine en question aurait vertement répliqué si elle n'était pas déjà obsédée par une autre forme de réponse. Une réponse qui ferait prendre à l'expression "mettre le feu aux poudres" un sens plus littéral. Les deux femmes se mirent à couvert.

    - Y vous en reste encore j'espère, mes salauds... Bon Machine, j'sais pas comment on va trouver ton p'tit pote, mais j'ai une idée.
    - Moi c'est Canaille. Huh... Faut croire que j'suis plus à un plan foireux près.

    Réflexion qui, ainsi proférée par une bougresse couverte de poussière, de sueur et de sang, boitillant en terrain ennemi pour récupérer son camarade, exacerbait l'absurde de sa situation. Encore plus lorsqu'on considérait son alliée de fortune. Une efflanquée notoire, encore plus amochée qu'elle et qui, surtout, n'avait foncièrement rien à faire là. Rien si ce n'est assouvir un désir trouble de désordre, pour ne pas dire de désastre. Mais ni l'une ni l'autre ne s'en émouvaient particulièrement.

    - Quel nom d'merde... Faut qu'on s'grouille.

    Mais se grouiller de quoi, telle était la question. Ne pas rester plantée là, certes, mais encore ? Pour Laïra, il fallait impérativement trouver de quoi tout démolir. Dans ses souvenirs, le gros de la poudre était stocké à l'opposé d'où elle avait pu en fabriquer. Mais l'entrepôt était un vrai bazar.  Et pour ne rien arranger, des mezzanines branlantes et de tailles variées étageaient le tout, comme des bernacles de bois accrochées à la coque d'un navire de brique.

    Le regard attiré par les restes calcinés de la porte, encore grignotés par des flammèches pâles, la jeune femme préféra donc la solution de facilité. *Au point où on en est...* Elle coinça son pistolet à sa ceinture, fit craquer ses phalanges, ne faisant plus trop attention à Canaille. Plus qu'à espérer que Jacob ne soit pas au mauvais endroit. Avant qu'on ne puisse l'en empêcher, la cornue lança son gaz enflammé sur une pile de caisses à leur droite. Pas d'explosion, zut.

    - Non mais ça v*BRRAAAAMM*

    Finalement si, il y avait bien de la poudre dans l'une d'elle. Trébuchant ou plongeant volontairement au sol en entraînant la blonde, la crasseuse s'évita la rencontre avec les débris incandescents, le dos balayé par un brusque souffle chaud. Comme si la déflagration était un signal pour eux, d'autres hommes de mains s'introduisaient aux intruses, du plomb en guise de salut. Ils arrivaient du dessus. Une autre boule chimique pulvérisa quelques chevrons, et une partie de leur plateforme s'affaissa dans un gémissement de bois contrarié. Au même moment, un paquet de toiles de jute, sec et poussiéreux, prit feu au contact d'une braise projetée par la poudre. Les tireurs déséquilibrés, les deux greluches sortirent de leur abri précaire, vidant leurs armes à la volée. Elles se frayèrent un chemin dans le foutoir de l'entrepôt.

    D'un coup de pied hargneux, Laïra fit basculer un petit baril - eau-de-vie, les bougres ne se refusaient rien - au passage, et l'envoya rouler vers les flammes d'une poussée, manquant te trébucher au passage. La bougresse qui boitillait de plus en plus l'invectiva entre deux coups de feu, mais elle n'y prêta aucune attention, jetant de frénétiques coups d’œils de tous les cotés. Quelques secondes plus tard, le rugissement croissant résonnait dans l'énorme bâtiment fut couvert par le chuintement de la gnôle qui se répandit en une giclée brillante de flammèches bleutées, transformant le feu en incendie.

    Au delà de la simple revanche bête et méchante, les flammes avaient pour la jeune femme une fonction plus défensive. Elle ne savait pas ce que pouvait s'imaginer Canaille à ce sujet, mais même elle avait bien conscience qu'elle ne pourrait survivre en plein milieu du territoire ennemi. Laisser tout flamber en concentrant leur attention sur les deux intruses, ou partager leurs efforts, voilà le choix qui était laissé aux mafieux. L'inconvénient, bien sûr, était que le brasier ne faisait pas de différence, et brûlerait les deux blessées aussi sûrement que le bois et la toile.

    À ce stade, leur progression devint frénétique, confuse. De pair avec les rats qui fuyaient, du menu fretin commençait à sortir de tous les cotés, arme au poing. Des ordres paniqués résonnaient dans l'entrepôt. Ils déboulaient de tous les cotés, à peine moins perdues que leurs cibles. Aux abois, allant aussi vite que possible dans le labyrinthe de marchandises, la blonde se servit de son pistolet vide comme marteau. Elle savata à coups de crosse un escogriffe qui avait manqué de l'embrocher au détour d'une pile de caisses, le lança sur son compère décidé à les abattre à bout portant. Le reste des hommes de main fut passé au fil de la lame d'une Canaille aussi épuisée que déchaînée. Derrière elles, sous le bruit des tirs et des cris, le grondement enflait, la chaleur se faisait palpable, la fumée étouffante. La crasseuse, le regard perdu vers l'ouverture sur la mer, écarquilla soudain les yeux, manqua de trébucher.

    - Bordel Jacob...

    Laïra prit ce commentaire pour une lamentation, hésita à l'aider, trop consciente de ses blessures, d'à quel point seul ses nerfs la maintenait encore debout. Elle s'étonnait déjà que la bougresse ne l'ai pas étripé pour avoir causé ce joyeux bordel, à dire vrai. Comme pour lui donner raison, une autre explosion retentit, assourdissante, ce qui la décida à agir. Elle chercha à l'attraper pour la tirer en avant, mais ce fut en vain, la bougresse redémarrait déjà avec une énergie soudain renouvelée. Au point de ne pas voir ce qui, ou plutôt ceux qui arrivaient à leur gauche, aux abords des quais. En les apercevant entre deux piles de caisses, le cœur de la cornue rata un battement.

    Ils étaient simplement trop nombreux. Elle eut tout de même le temps de retenir Canaille. Qu'ils soient occupés à remplir fébrilement des seaux d'eau et de mettre en place une drôle de machine n'y changeait rien. Quoique...
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    Trois sombres merdes.

    Trois foutues sombres merdes extraites des caniveaux de Manshon venues me pourrir la nuit au plus mauvais des moments. A croire que le sort, cette saloperie qui prend plaisir à me torturer depuis des années, a mis le paquet cette fois pour me voir échouer. Tout part absolument en couilles, et j'ai aucun moyen de contre ça. Je pensais avoir la situation sous contrôle, mais j'ai fais une erreur et suis en train de la payer cher. Cette pouffiasse à cornes, je pensais pouvoir l'utiliser et m'en servir contre d'éventuels problèmes, je l'imaginais pas posséder une telle faculté. Je regarde le hangar qui flambe, d'un air blasé, à me demander comment un corps aussi fragile peut abriter un pouvoir aussi redoutable. Cette salope a eu plusieurs de mes hommes aussi, tout comme l'autre puante qui l'accompagne. J'ai toujours su que les goumiches n'apportaient que des emmerdes, de par mon expérience, mais là on atteint les sommets.  

    Les hommes d'Anatoli ont fini de rappliquer en masse, et avec de quoi essayer d'éteindre ce foutu incendie qui bouffe nos stocks. J'ai décidé d'ignorer le feu, les flammes, le foutoir ambiant, pour me consacrer sur une chose, la vengeance. J'en suis aveuglé, obsédé par cette seule idée, abattre la pair de furies en face de moi. La colère de monsieur Bambana m'importe peu, le sort qui m'attend aussi, j'ai seulement envie de coller du plomb dans la cervelle de ces pétasses. Pour mes hommes, pour moi, notre honneur. J'ai l’œil déformé par la haine quand je le pose sur la tignasse blonde de la monstruosité hybride. La grosse machine, une pompe à bras poussée par une dizaine d'hommes, tous la paille au cul, me passe à quelques centimètres sans que j'y accorde de l'attention. Tout peut bien finir en cendres, je m'en fous totalement. D'instinct, primaire, vengeur, je me suis jeté sur elles, avec une forte envie de tuer.

    Je vois la blondasse à cornes qui agite ses mimines, j'ai bien pigé que c'est de là que ses boules explosives sortaient, je laisserai pas faire. Pointe mon flingue, vise brièvement et fait feu dans la précipitation. La balle lui frôle l'épaule et son orbe titille mes cheveux, faisant s'envoler ma casquette. Je me retrouve au contact une fraction de seconde après, le poing gauche armé, et décoche un crochet à la cornue. Mon poing lui heurte la joue au moment où l'orbe tirée précédemment s'écrase contre de la taule dans une violente déflagration colorée. Laira embrasse la poussière et l'autre réagit aussitôt, sa lame fendant l'air et venant heurter mon flingue mis en opposition. L'acier de son arme glisse sur le pistolet et le bout claque au sol, nos deux crânes viennent se percuter sèchement, l'impact nous repoussant de quelques pas. Je peux sentir le sang dégouliner sur ma fiole, se mélanger à ma salive dans ma bouche.

    Et me gêner la vue, putain.

    J'en prends une dans les dents, l'autre se bat avec l'énergie du désespoir, totalement épuisée, mais déterminée à se tirer d'ici. Je vais pour lui trouer le corps de quelques balles quand la bestiole humaine me mord la pogne, hargneuse.

    Mon hurlement est autant de douleur que de frustration, quand est-ce qu'elle va rester à terre celle-là ?! Le canon scié de la donzelle à la bobine percée se lève, et j'ai comme un moment de panique qui me cloue sur place, avant que la peur me secoue et me fasse esquiver d'un ventre à terre. Le vrombissement de l'appareil et les munitions qui ricochent me font comprendre que c'est pas passé loin. Sa partenaire tente de m'achever au sol, je la repousse d'une semelle bien lancée contre ce qui lui sert de seins.

    Fous-moi le camp pouffiasse.  

    Hgngph.

    C'est ridicule comme petit cri, foutrement pathétique, et il me surprend autant que la sensation désagréable du tranchant du sabre qui se fraie un chemin dans mes entrailles. J'y avais jamais goûté, c'est particulier. Souffrance et affolement, je me dis qu'un coup pareil va me crever sur place. Les yeux écarquillés de surprise, parce que j'ai pas vu venir cette connasse qui lorgne sur ma gueule comme un chasseur sur son trophée. Ses mains sur le manche de son katana, sa botte qui écrase mon torse, ses yeux marrons plongés dans l'azur des miens. Elle voudrait m'achever, mais n'en a pas le temps. Et elle le sait, prendre le risque de laisser en vie quelqu'un de ma trempe, c'est se coller une emmerde aux miches pour le restant de ses jours. C'est ce que je peux lire dans son regard et elle dans le mien, comme deux miroirs.

    Oh Machine ! On a pas le temps pour tes conneries, 'faut qu'on se tire !

    Blondie tire la pouilleuse de ses pensées, et l'acier fait le chemin en sens inverse à l'intérieur de ma chair. C'est aussi désagréable quand ça rentre que ça sort, qu'on se le dise. J'aimerai pouvoir faire quelque chose pour les empêcher de se jeter à la flotte et nager en direction du navire, mais je peux que dalle. Serrer les dents, saigner de ma plaie, en cracher de mes lèvres, de mon entaille au front, et lutter pour pas fermer les yeux. Ça gueule, ça tire dans tous les sens, ça tente de flinguer du révolutionnaire à la nage, en vain, c'est déjà trop tard. Elles ont plongées et nagent avec l'énergie du désespoir en direction du rafiot contenant la cargaison. Je sais déjà qu'à son bord, il n'y a plus personne de mon équipe. Que cette tête de con de Fredo poussera pas une gueulante, qu'il sauvera pas le coup.

    Non, parce que cette nuit, la poisse m'a fait l'amour comme jamais on me l'avait fait auparavant, et m'a quittée après m'avoir craché sa jouissance à la trogne.
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      Le destin est un animal sauvage, sauf qu'on ne peut pas le mettre en cage. Et le destin comme nos trois compères, avait décidé de la mettre à l'envers à Peeter, le responsable du groupe de mafieux. On ne peut pas empêcher l'inéluctable, on ne peut que reculer pour mieux sauter. Et ce soir là, l'inéluctable avait la forme d'une femme cradingue à la coiffure d’apache et au piercing apparents. Après un rapide mais rude combat contre le plus fort de la bande, elle avait gagné le droit de s'enfuir contre les vagues âpres de mafieux taiseux et organisés comme jamais. Ils ne pouvaient pas combattre sur ce terrain là, mais l'aurait-on écouté qu'on serait resté juste pour savoir s'ils étaient chiche. Après avoir survolé les débats, et tirer son épingle du jeu, la crasseuse se hissa a bord par le filet qui était accroché à la coque du navire, et retrouva un Jacob diminué qui faisait toujours le malin.

      - Alors les filles, vous en avez mis du temps, ça refaisait sa manucure ? Qu'il lâcha pour tout bonjour, alors qu'elle avait risqué sa peau et même la mission car elle le pensait dans une situation défavorable. Ça lui apprendra tiens. La prochaine fois, se jura-t-elle, elle le laisserait dans la merde sans bouger le petit doigt ; Mais nous savons déjà que la prochaine fois, elle ferait du pareil au même. Ça la perdra un jour, mais au moins elle pourrait mourir l'esprit tranquille, en se disant qu'elle avait fait ce qu'il fallait.

      Et puis se taper toute une bande de mafieux avec pour seul appuis une jeune fille, ça la bottait bien finalement.

      Au moins s'il faisait le malin, c'était qu'il était presque sorti d'affaire. Le verbe de ce taiseux faisait foi, comme le cachet de la poste, de son bon état de santé. Ne restez plus qu'à partir de là, avec seulement deux gonz' éclatés et sanguinolents, dans ce navire cinq étoile. Au moins il n'y avait pas de voilure à sortir, car l'équipage n'avait même pas encore pensé à débarquer qu'une sombre menace les avait éliminé. En boitillant à cause de sa cheville blessée, Canaille se précipita à bord du navire, tant que les courants et les marrés jouait pour eux, et fit faire un demi-tour complet au bâtiment nautique.

      Sur fond d’engueulade et coup de feu tirés dans leur direction, ils laissèrent bientôt le port derrière eux. Tant pis pour la petite ballade dans Manshon, ils s'étaient assez dégourdis les jambes comme ça. En parlant de jambe la sienne ne ressemblait plus à rien, c'était un véritable champ de bataille ; L’adrénaline ne faisant plus son petit effet, la crasseuse avait désormais bien du mal à s'éloigner de la barre. Elle se décida à rester debout tout du long, mais d'économiser sa cheville et sa cuisse blessée d'une balle bien placée. Elle n'avait même plus la force d'aller vérifier la marchandise qui se trouvait en cale, et pria pour qu'ils ne se retrouvent pas avec des sacs de contrebande plutôt que les armes qu'ils devaient voler ; Ce serait cocasse.

      - Destination, Luvneel ! Qu'elle cria à son équipage de fortune, puis ayant accroché le regard de Laïra, qui avait définitivement bien sauvé l'affaire, elle demanda : On te dépose où toi ? Peut-être voulait-elle les accompagner dans la fin de cette quête. Ou bien elle n'en pouvait plus de voir ses deux énergumènes s'écharper à coup de vocabulaire fleuris, et voulait-elle être déposé dans le premier port qui passerait. Ou peut-être que cette brève aventure du côté de la justice et de la bienséance lui avait donné des idées de grandeur. Bien malin celui qui aurait pu le savoir.

      Au loin, un orage se préparait. Et ce nuage qui l'apportait s’appelait Carbopizza. On ne volait pas impunément un mafieux, en se disant qu'on échapperait à ses filets. Surtout lorsque l'on a laissé des indices gros comme des maisons qu'on appartenait à la révolution. La mission n'était pas non plus le succès escompté de la part des révolutionnaire.

      Un jour, ils devraient payer. Mais ce jour n'était pas encore venu, voilà tout.
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