Rappel du premier message :
On troquait le temps sec et froid avec un temps humide et chaud. Les journées étaient plus longues, plus éprouvantes et on finissait souvent avec une épouvantable odeur de sueur. Le jeune contre-amiral Levi, raffiné, parfumé et toujours bien coiffé n’existait plus. À présent, c’était un homme toujours de petite taille, reconnaissable grâce à sa longue chevelure descendante jusqu’au niveau de ses pectoraux, son cache-oeil et son fusil. Son vieux fusil n’était plus, on nota une arme de précision bien plus sophistiquée, et ce, ne serait-ce que sur le système de visée. Il échangea ses costumes et chaussures hautes gammes contre des bottes noires en cuir, un pantalon slim de la même couleur en cuir également et une chemise blanche. Lorsqu’il faisait un peu plus frais, il portait une veste noire entièrement accordée au reste de sa tenue, puisqu’elle était aussi en cuir. Tout de noir et de cuir vêtu, Ethan était en quelques mois connu de tous sur l’île.
Le trio légendaire foulaient les terres de Tetsu Island en seigneurs, chevauchant les prairies et traversant les villages au dos de leur monture. On leur avait attribué une petite armée pour assurer leur devoir envers la nation. Globalement, si ce n’étaient les bagarres tardives en sortie de bringue, l’île était assez calme. Ils évitaient néanmoins de se rendre à Medelin, lieu dans lequel s’étaient probablement retranchés les rebelles, mais ils ne voyaient pas l’intérêt de les chatouiller tant qu’ils restaient dans leur coin. En résumé, le trio s’emmerdait et en avait ras-le-cul de faire le tour de l’île. Ethan, songeur, se disait que les habitants craignaient tellement l’impératrice qu’ils se tenaient d’eux-mêmes à carreau. Mais il savait aussi que ce genre de dictature rassemblait secrètement des hommes et des femmes voulant renverser le pouvoir en place. C’était à cette réflexion qu’il eut une pensée pour son camarade, Yamamoto, qu’il n’avait pas revu depuis de longs mois.
Un messager arriva soudainement à la rencontre de la partie armée.
- Messire Gokuba ! Un message du temple !
- Serait-ce là notre bon de sortie de cet ennui ? dit nonchalamment Ethan en recoiffant ses cheveux.
- Ne t’emballe pas trop, tempéra Benjamin. On a déjà eu ce genre de missive auparavant, regarde donc où nous-en sommes.
Le troupe s’arrêta et fit une pause improvisée, pendant que les trois pirates écoutèrent avec attention ce que le messager avait à leur dire.
- Messire Steeve met fin immédiatement à votre mission en cours. Vous êtes priés de retourner au temple.
- Et pourquoi est-ce qu’on retournerait dans ce foutu temple ? demanda le chef de troupe en s’agaçant un peu.
- Me-messire Steeve…
Gokuba saisit le messager par le col avec force.
- J’crois que t’as pas bien compris ma question.
- L’impé… L’impératrice a contacté le temple. Si messire Steeve vous convoque, c’est…
- Te fatigue pas davantage, lâcha subitement l’ex-supernova. Vous avez entendu les gars, ça sent bon pour nous cette affaire !
- On n’a pas eu le temps d’écouter le messager, fit Benjamin en restant calme et stoïque.
- On s’en tape !
Ethan resta comme à son habitude silencieux, nettoyant tranquillement son arme. Les deux autres avaient pris l’habitude de le voir ainsi absent. Sans perdre un seul instant, la petite troupe s’en alla en direction du temple où Steeve les attendait. Gokuba, le chef de meute, était plus excité que jamais. Il sentait un nouveau tournant dans son ascension. L’officier de la marine aimait se fier aux ressentis de l’ex-supernova qui, étonnamment, ne se trompait que rarement. Il n’était pas forcément le plus fûté, ni même un fin stratège, sans pour autant être un gros débile, mais son instinct semblait lui dicter des choses assez fiables et cohérentes. Les souvenirs d’un temps lointain rappelaient un cours que suivait Ethan, quand il n’était encore qu’un jeune soldat, où l’instructeur présentait les plusieurs types de leaders. Il lui avait semblé entendre parler d’un type « instinctif ». Était-ce une forme de haki de l’empathie développée à son maximum ? On l’ignorait.
Sa seule certitude était qu’en se perdant dans ses songes, le voyage jusqu’au temple parut passer en un clin d’oeil. Les portes s’ouvraient face à eux.