Rappel du premier message :
Parisse. Cette île d’un potentiel inimaginable était actuellement vouée à la destruction. La faute à une Révolution qui a voulu s’imposer de la manière forte et d’un Gouvernement Mondial qui préfère détruire une île du moment qu’elle n’était pas aux mains de son ennemi juré. L’occupant actuel du siège de la Guerre ne pouvait plus fermer les yeux sur cette sombre affaire, il était temps d’y mettre son grain de sel. Autrefois, il tenta d’apaiser les choses, mais une mission prioritaire et un manque de pouvoir l’en empêchèrent. À ce jour, Parisse était sa priorité. À ce jour, il avait le pouvoir de décider de certaines choses. La première tentative fut un cruel échec mais il ne put se résoudre à abandonner ces pauvres gens dans cette guerre intestine.
Ragnar n’avait pas retrouvé son équipage depuis bien longtemps, probablement depuis la bataille de Jotunheim. Déguster de nouveau la cuisine de Mokthar, écouter les réprimandes de Marie à l’encontre de ceux qui jouaient dans son jardin, trinquer jusqu’à pas d’heure avec Yumi, se faire hurler dessus par le vieux Robert au sujet de sa santé, discuter de longues heures avec Suelto, suivre avec précision les recommandations de Marcel sous peine de mort… Mais malgré le temps qui s’était écoulé sans ces derniers, les retrouvailles furent chaleureuses et ils se retrouvèrent comme si de rien n’était. Un véritable équipage dont les liens semblaient incassables.
Le seul changement résidait dans la présence d’une personne, qui n’était pourtant pas étrangère au groupe, mais dont le statut changea depuis quelques temps. Kardelya. La dernière fois que l’Atout vit la belle blonde fut lors de leur dernier passage sur Parisse. Sa présence ici était donc légitime du fait de sa connaissance de l’île, du contexte et, surtout, de l’enquête qu’elle commença et qu’elle ne put mener à son terme par manque de temps. Avec les éléments qu’elle recueillit quelques mois auparavant, elle pourra aisément relancer son enquête. Ragnar avait une idée bien précise de son rôle dans cette quête et Kardelya n’hésita pas une seule seconde pour participer une nouvelle fois à cette aventure.
Mais par-delà ces raisons, le chef des armées révolutionnaires avait d’autres plans pour cette dernière. Comme son prédécesseur, il devait choisir son Excuse, celle qui le contrôlera et s’assurera que la fonction soit correctement exercée. Elle avait absolument toutes les qualités requises pour cette tâche, aussi ingrate et délicate soit-elle. Cette tâche aurait pu convenir à Suelto Visconti, son bras-droit, mais Ragnar réservait d’autres missions ingrates à ce dernier, aux côtés de Yumi qui était un merveilleux exécutant. Non. Kardelya avait la capacité de prendre du recul, d’analyser les situations et d’agir en conséquence. Sans oublier son professionnalisme avec leuquel elle pourrait défaire son partenaire en cas de préjudice causée à la Révolution.
Dans sa cabine, sombre, embaumée par de l’encens, le musicien jouait de sa guitare en attendant ses convives. Une clope au bec, dont la fumée et l’odeur se mélangèrent avec celles de l’encens, qui parfumèrent ensemble la grande pièce. L’un dissimulant l’autre évitant que cette bonne vieille odeur de tabac froid vienne rendre le passage dans ce lieu insupportable. Décontracté, le musicien portait une chemise blanche déboutonnée, laissant apparaître partiellement ses muscles saillants, pendant que ses pieds arboraient le décor du bureau sur lequel ils étaient posés. Il semblait s’entraîner à jouer l’air d’un morceau qui lui posait quelques soucis, puisqu’il s’y reprenait à plusieurs reprises. Suelto entra le premier, sans frapper, sans être étonné de la posture de son camarade.
- Où va-t-on pouvoir aller avec un type comme toi, s’inquiéta Suelto en constatant la posture de son ami.
Yumi entra ensuite, un verre à la main, terminant en brayant un chant commencé avec les hommes à l’extérieur.
- Ah ! Quel soirée putain ! Faudrait faire ça plus souvent, Rag’ !
L’Atout s’arrêta de jouer et arqua légèrement le sourcil.
- De quelle soirée parles-tu, crétin ? Je n’entends rien d’autre que ta sale gueule depuis tout à l’heure, pesta Ragnar en gardant son attention sur la position de ses doigts.
- Laisse tomber, reprit Suelto, ce con ne se rend même plus compte de ce qu’il fait. Le vieux doc’ s’inquiète.
- Ferme-la, le rouquin, j’suis parfaitement conscient de c’que j’fais, dit l’ivrogne en terminant son verre cul-sec.
Le musicien continua de jouer en laissant les deux abrutis se quereller sans rien dire. Il s’arrêta de jouer quand enfin, la poignet de la porte se tourna, laissant ainsi place à la dernière personne attendue ce soir : Kardelya. Il posa ensuite son élégant instrument de musique au sol, contre le même bureau, avant de reprendre une posture un peu plus sérieux. La cigarette étant maintenant entièrement consumée, comme si tout fut programmé, il pouvait enfin commencer cet entretien.
- Bien. Maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer, fit-il en guise d’introduction, calmement. Pour commencer, je vous l’annonce, vous travaillerez ensemble tous les trois. Vous avez eu le temps de faire connaissance ?
- Qu’est-ce tu m’racontes !? J’veux m’battre à tes côtés ! Ça fait un bail qu’on n’est pas amusés, dit Yumi en agitant son meitou.
- Ce sera pour une autre fois, Yumi, rétorqua l’Atout. Ici, il n’y aura - je l’espère - plus aucune bataille. Cependant, ce que j’attends de vous, c’est votre disparition.
Yumi se retourna vers Suelto pour avoir une explication, mais Suelto ne réagit pas. En réalité, ce type plutôt intelligent d’ordinaire ne semblait pas réellement comprendre. Se doutant néanmoins qu’il y avait bien des intentions derrière cette phrase.
- Il y a quelques mois, Kardelya a commencé une enquête sur l’implication du Gouvernement dans cette guerre organisée sur l’île. Grosso modo, indirectement, le Gouvernement semble avoir des pions au sein du parti opposé pour attiser la haine.
- Et donc, quel est le plan ? demanda Suelto en fronçant les sourcils.
- Vous serez mes yeux.
- Tes yeux ? Y t’sert à quoi ton haki ?
- De mon côté, je vais ordonner à Bernadette de mettre un terme à cette guerre futile, qui nous cause des tords et affaiblie notre armée qui alimente ses rangs. Nous commencerons les travaux de reconstruction. Mon haki, Yumi, servira à protéger nos hommes qui seront concentrés à un autre labeur, vois-tu. Votre objectif sera d’enquêter sur notre ennemi tapis dans l’ombre, protéger les membres du parti pacifiste, qui risquent d’être victimes collatérales également. J’ai pour ambition de rencontrer leurs représentants. Des questions ou suggestions ?
Le musicien reprit machinalement sa guitare et commença certains réglages, comme si cette pause lui permis de régler une énigme.
Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Dim 29 Nov 2020 - 21:22, édité 1 fois