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Convoi 11: Gibet Montagné

C'est par une nuit noire que le Gibet Montagné navigue. Aucun lumino dial, aucune lanterne ne viennent éclairer le navire de guerre, pas plus que sa route. Sa coque couverte de granit marin n'alerte même pas les monstres. Le bâtiment, pourtant imposant, est une ombre qui circule sans éveiller l'attention. Le pilote y voit sans difficulté. L'équipage est doté d'une technologie de lunettes à chromadials, offrant à chacun une vision nocturne parfaite. Le Gibet est bel et bien paré à affronter des dangers dignes du Nouveau Monde qu'il traverse. Mais avant de s'y frotter, il faudra être en mesure de le détecter.

En son sein, l'équipage d'Ador, la Supernova de West Blue. Le bretteur s'était forgé une sacrée réputation et ambitionnait même de couper la tête des Empereurs. Le Nouveau Monde s'était avéré plus retors que prévu. Cela dit, ce ne furent pas les pirates les responsables de son échec, mais un navire de la Marine sous l'égide d'un Amiral. En dépit de ses talents, Shishi Ador avait trouvé bien plus efficace que lui au sabre. Le premier lot de consolation, c'est que les cellules de ce navire étaient davantage des petites chambres d'hôtel que des cellules. Il y avait même un petit bureau pour y écrire et la possibilité de s'entretenir avec le personnel à loisir. Le second, c'était la présence de compères pirates qui, eux, voulaient prendre la tête d'un Empereur, mais pour le remplacer.

L'équipage du Roux A été proche de décrocher le titre d'Empereur en la personne de son Capitaine, Kelt. Puissant et charismatique, ce pirate populaire avait été à une victoire de son objectif. Plusieurs îles avaient espéré son succès pour fêter par l'alcool et la bagarre crasse cette ascension. Malheureusement, Amber Frost avait pris le poste qu'il convoitait. Une rumeur prétendait que Kelt avait alors défié le nouvel Empereur pour lui ravir cette victoire volée. Rien ne confirme cette histoire de tavernes. Tout ce qui est sûr, c'est que le Roux a été capturé relativement facilement par la Marine, échoué qu'il était sur une île avec le reste de son équipage, composé d'une unique personne.

On dit des cibles de Rebecca "Blast" Lindberg que l'heure de leur décès remonte au moment où la pistolera défait la boucle de son holster. Cette tueuse plutôt impénétrable aura finalement vécu ses meilleures années de sociabilisation en compagnie de son futur Capitaine. Rebecca prend sa traversée avec un grand calme et un peu de whisky qu'elle marchande à un des hommes d'équipage en échange de conseils sur leur façon de dégainer. Sa présence en fait même une prisonnière appréciée, surtout depuis qu'elle a assuré que si on s'occupait bien de sa souris Olivette, elle ne mettrait aucun contrat personnel sur quiconque à bord. La rongeuse est d'ailleurs très bien traitée et a droit aux visites chez sa maîtresse tant qu'elle sera en mesure de la recevoir.
    S'il y a bien une chose que j'avais rapidement dû apprendre dans le Nouveau Monde, en tant que pirate, c'est la nécessité de se faire des amis. Sur cette mer bardée d'adversaires, on finissait quelque fois par considérer les ennemis de ses ennemis comme des figures sympathiques ; certains en profitaient même pour chasser du gros poisson en bande. Jadis, un fameux pirate au chapeau de paille aurait conclu une alliance avec une autre supernova pour débouter un Yonkou, disait-on.

    À présent, filant doucement le navire prison dans la nuit noire, usant allégrement de mes capacités surhumaines d'observation pour nous guider, je briguais la défense de ce que j'espérais être un futur support, si jamais les choses venaient à mal tourner. Notre voyage approchait de son terme et ma rencontre avec Frost se ferait incessamment sous peu car Mangrove Works n'était plus loin.

    « - Eleanor, le dernier convoi que l'on a attaqué...

    - Je sais. »

    Il nous fallait y réfléchir à deux fois avant de nous lancer et éviter d'y aller à corps perdu. Ici, un plongeon dans les eaux tumultueuses du Nouveau Monde garantissait la fin de chacun d'entre nous, qu'il ait un fruit du démon ou non.

    La Marine jouait sur sa discrétion, cette fois-ci, et pas sur un moyen dissimulé. Peut-être y avait-il de gros poissons à bord étant donné la taille formidable du bâtiment, mais pas de sous-marin ou de cas de choléra à prévoir cette fois-ci. Lorsque je nous jugeais suffisamment proches, je fis ordonner de mettre une chaloupe à la mer, avant de m'y installer et ramer. Quelques coups puissants suffirent pour me porter silencieusement jusqu'à la coque du vaisseau ennemi. Saisissant alors mes deux poignards comme des dagues, je les enrobai de haki avant de les enfoncer dans le bois comme s'il s'agissait de toile cirée et m'y frayer un passage.

    À l'intérieur, j'émergeai entre deux tonneaux d'eau, à fond de cale. Les ténèbres se prolongeaient ici, faiblement éclairées par la promesse d'une lanterne en haut des escaliers, à l'autre bout de la section. Parfait. Telle une ombre, mettant mon expertise d'agent secret à profit, je me glissai jusqu'aux premières marches et tendais l'oreille. Deux voix résonnaient plus haut : celles de deux hommes jouant aux cartes, vraisemblablement. Ils discutaient de tout et de rien, pas spécialement partenaires d'autre chose que de jeu ; ils montaient la garde.

    « - Hâte d'avoir fini avec c't'escorte. J'aime pas trop bal'der d'gros poissons comme ça sur c'mers.

    - Tu m'étonnes John... quand tu vois la proportion d'convois attaqués sur Grand Line et dans l'mers des Blues.

    - Ça donne à réfléchir hein ? »

    Effectivement, je peinais aussi à voir les stratégies du Gouvernement Mondial devant ces décisions. Peut-être s'agissait-il une fois de plus de diaboliser la lie des mers et la tenant pour responsable de la mort de vaillants soldats surveillant simplement des criminels. Sauf que cette fois-ci, comme les deux gaillards le laissaient entendre, ce n'était pas n'importe quel criminel.

    À bord se trouvait un pirate impétueux et son acolyte ; encore un qui en cherchant à viser la lune s'était ramassé sur lui-même. L'avènement de Frost ne lui avait pas trop servi, dit-on, car il aurait voulu devenir le nouveau Toreshky. Beaucoup y voyaient un illuminé, mais moi je cernais une alliance potentielle avec mon ticket de sortie au cas où je devrais me confronter à l'empereur pour les bâtons que je lui avais mis dans les roues jadis. Évidemment, je gardais tout cela pour moi, les autres n'en savaient rien. Ils n'avaient aucune idée de ce pourquoi je m'étais une fois de plus enlisée dans un conflit qui ne me regardait pas.

    Un homme rabattit ses cartes. Comme je m'approchais de lui telle une ombre, furtive, je pus voir ses galons. Le sergent fut le premier à s'effondrer après un tir mat d'air comprimé en plein crâne. L'autre s'interrogea une seconde en voyant le cadavre se vider de son sang sur le plateau avant de subir le même sort. Trainant les corps dans la cale, je passais à la seconde partie de mon plan, bien décidée à pourrir la vie des Marines en détruisant leurs rations d'eau, dépeçant les corps en petits morceaux que j'immergeai dans les barils de flotte. Pas très glorieux, mais à la guerre comme à la guerre ; si l'ennemi survivait à l'affrontement inéluctable, au moins devrait-il dépendre des aléas météorologiques pour le reste de la traversée.

    Ensuite, car le chemin était libre à présent, je longeai les murs jusqu'au second niveau où se trouvaient les « geôles des prisonniers », plutôt des cabines d'officiers au vu du confort dans lequel on les avait installés. Le Roux et son bras-droit étaient ensemble, vraisemblablement ; ils devisaient dans un coin de leur loge, côte à côte contre un mur, lorsque je forçai la serrure et pénétrai dans leurs appartements.

    « - Bordel, t'es qui toi ?

    - Votre sauf-conduit. Cassons-nous d'ici avant que quelqu'un ne remarque l'absence des gardes.

    - T'es bien gentille, mais on ira pas loin avec nos bracelets. »

    Merde. Des chaînes en granit marin leur liaient les poignets et les chevilles ; j'avais sous-estimé la prudence de l'adversaire, tout comme j'avais beaucoup trop espéré des tours de garde. Des bruits de voix émanaient du couloir ; la relève arrivait pour les deux défunts. Elle ne trouverait en lieu et place de leur table de jeu qu'un baril à la surface essuyée prestement pour dissimuler une flaque de sang. Mais ce n'était pas ce qui m'inquiétait le plus.

    Les clés n'étaient pas là. J'avais bien veillé à faire les poches aux bidasses et n'avais rien trouvé, pas plus que sur d'hypothétiques clous à proximité des cellules. Ce fut le pirate qui confirma mes soupçons :

    « - C'est lui qui l'a. Le capitaine.

    - Quel capitaine ? Qui commande ce fichu rafiot ? » crissai-je entre mes dents, redoutant la réponse.

    J'envisageais déjà de trahir ma présence à bord en brisant l'armature, à l'endroit où les chaînes étaient attachés. Un pan entier du navire risquait de s'écrouler sur nous, mais c'était ça ou se confronter à la personne en charge. Pourquoi est-ce que ça ne pouvait jamais être aussi simple ? Ma question, elle, restait lettre morte alors je réitérai en saisissant le col du pirate. Il fronça les yeux et gifla ma pogne pour me faire lâcher prise.

    « - Pourquoi t'es là au juste ? T'es avec Frost, tu cherches à me ramener à lui ? »

    Mon énervement redoubla. J'avais visiblement à faire à un tête de mule qui préférait mourir que lutter pour survivre aux côtés d'un inconnu. Non loin, les patrouilleurs s'étonnaient de l'absence de leurs confrères ; ils hésitaient à donner l'alarme. Mimant le silence aux deux pirates, je m'effaçai pour aller régler leur compte aux gardes, brisant net les vertèbres du premier avant d'enfoncer ma main dans un rein du second. Cette fois-ci, j'optais pour une nouvelle stratégie, laissant les corps sur place. Avisant les vêtements de la recrue à la nuque brisée, je l'en débarrassai pour me revêtir. Avec mon chignon noué sous le couvre-chef qui me cachait les yeux, j'étais méconnaissable.

    Sous ce nouveau jour, je me montrai aux pirates qui réprimèrent difficilement un hoquet de surprise tous les deux.

    « - Du calme, c'est juste moi. Je vais vous libérer en détruisant le madrier qui soutient le pont inférieur ; cela risque de faire pas mal de grabuge alors espérons que ma tenue suffise à me fondre dans le tas. Pendant ce temps, rejoignez la cale et cherchez un petit renfoncement entre deux barils : vous y trouverez une barque qui vous permettra de fuir jusqu'à mon navire qui mouille à moins d'une lieue d'ici.

    - C'est un vrai plan de maboule. Tu me plais de plus en plus, toi. »

    Je dévoilai un léger sourire avant de me rapprocher du pilier de soutènement, prête à le fendre en deux. Mon coup partit sans plus de cérémonies, délogeant la partie en granit marin qui tenait les chaînes. En même temps, le Roux et son acolyte tiraient, dos à la porte, pour espérer gagner le plus vite possible la sortie et éviter de se faire écraser sous les éboulis. Le plan fut une réelle réussite à ce niveau : ils brinquebalèrent vers l'arrière et heurtèrent la porte de la seconde cellule, dévoilant une autre silhouette ahurie.

    « - Putain qu'est-ce... »

    Au-dessus de moi, le plafond émit un grincement avant de s'affaisser et décharger son contenu sur moi. Des corps volèrent dans ma direction, en même temps que des tables et des bancs, des hamacs... Une partie des quartiers de l'équipage venaient de me tomber dessus. Usant du Lys de roche au dernier moment, je m'en tirai pratiquement indemne, pouvant me faire passer pour une des victimes qui avaient chuté. Alors que je me redressais péniblement comme nombre de mes prétendus camarades, mon mantra m'informa que les deux prisonniers n'avaient pas perdu de temps et étaient déjà à la cale, à fouiller les moindres recoins à la recherche du passage secret. Parfait.

    À présent, il ne restait plus qu'à me fondre dans le tas et m'éclipser à mon tour dès que le moment serait opportun.
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    Et pendant que de sombres affaires se trament dans les profondeurs du Gibet Montagné, du coté du gaillard arrière et des cabines des officiers, de discrets conciliabules ont lieu devant la plus vaste des cabines.

    -Commandant ? Il y a une barque qui vient de s'amarrer a l'arrière du navire.
    -Elle est au courant.
    -Mais on devrait lui dire non ?
    -Lui dire quoi ? Puisqu'elle le sait déja...
    -Pas faux. Bon...
    -Voila, on attend. Mais continuez de faire vos rapports.
    -Même si elle sait déjà ?
    -Pour moi lieutenant, pour moi.
    -Bien compris commandant.

    [...]

    -Commandant ! Il manque des gardes à l'appel !
    -Combien ?
    -Au moins deux. Vous pensez pas qu'on devrait lui dire ?
    -Qu'est ce que vous n'avez pas compris dans "elle le sait" ?
    -Mais si elle sait pourquoi elle ne fait rien ?
    -Ce n'est probablement pas le bon moment.
    -N'empêche que moi je...

    Un puissant bruit de rupture empêche le lieutenant de commettre une grave erreur de jugement à l'encontre de ses supérieurs, en dessous d'eux, quelque part, une pièce de bois censément invulnérable à tout ce qui n'est pas un tir direct de canon de 24 vient de se briser comme un vulgaire étais, et sur un navire ce n'est jamais bon signe.

    -Et ça elle sait ?
      -Je sais.

      Devant ma porte le commandant et son officier me regardent avec étonnement, comme si ce n'était pas devant ma cabine qu'ils discutent depuis des heures. Une surprise d'autant plus étrange que je l'ai pourtant bien précisé au commandant. Malgré mes yeux aveugles, je sais.

      Et que je sois dans ma cabine ou n'importe ou à bord, il n'y a rien sur le navire qui puisse échapper à mon absence de regard.

      Rien ni personne.

      --Signalez l'incident au contre amiral Ethan, qu'il se rende sur place, et sonnez le branle bas. Nous avons une infiltration et une évasion à bord. Il semble que cette fois ci nous soyons la cible d'un ennemi plus insidieux que simplement pirate. Nous allons l'identifier et l'envoyer rejoindre ses nouveaux amis à fond de cale.

      Et pendant qu'heureux d'avoir des ordres, les deux officiers se ruent vers les den den les plus proches et qu'autour de nous, le navire entier se réveille comme une fourmilière qu'on viendrait d'attaquer à coups de pieds, je sors de mon coté sur le pont principal, avançant droit vers la portion de coque ou est amarrée la barque qui a amené notre intrus. Une barque que je tranche en deux dans la longueur juste au bon moment pour que le premier des évadés à pointer le nez par la brèche découpée dans la coque puisse voir son moyen d'évasion couler à pic.

      Mais ce n'est pas vers ses trois pirates entravés qu'est tourné mon regard.

      Mais vers l'autre...


        - Tu comptes tirer cette tronche et rester silencieux encore longtemps ? demanda le commodore Mattlefield.

        - J’ai bien mieux à foutre que d’escorter des tocards jusqu’à leur peloton d’exécution. Et t’es encore en train de boire ? Ça ne t’a pas suffi l’autre fois ?

        - Ce n’est pas parce que tu es le seul à avoir fini dans un état lamentable que nous devons tous nous abstenir, petit égoïste.

        - Redis encore une fois que je suis petit et je te bute.

        Daniel esquissa un sourire avant de terminer son verre d’un cul-sec. Le contre-amiral n’était vraisemblablement pas disposé à discuter avec qui que ce soit. Le commodore se leva et s’en alla rejoindre Mozart, bien plus joyeux et amusant que son précédent comparse. Ethan évaluait les risques d’une attaque ennemie. L’équipage du Roux n’était pas qu’un simple et vulgaire équipage, des personnes mal intentionnées désiraient certainement les avoir sous le coude. Une telle chose serait dramatique pour le monde. Sans compter la présence d’une supernova reconnue et extrêmement habile.

        Mais voici que le contre-amiral fut surpris par un éboulement survenu un peu plus loin devant lui. Le pont principal était encore intact, cela venait des étages inférieurs. Les prisonniers, pensa immédiatement l’officier. Cette fois-ci, il était hors de question pour Ethan de se faire par scélérats, des criminels puants à exécuter immédiatement. Si ça ne tenait qu’à lui, il n’y aurait pas de convois et uniquement des exécutions sur place. Toute cette mise en scène était dangereuse, et pour preuve, les convois sont quasiment et systématiquement attaqués. Le commandant de bord arrivait à toute vitesse.  

        - Contre-amiral Levi ! J’apporte...

        - Je sais, coupa sèchement le jeune Levi.  

        - Ils savent tout dans l’amirauté ou quoi...

        - Daniel, Mozart, avec moi. Il y a une palanquée d’officiers pour gérer la surface.  

        Ils disparurent tous les trois à grands coups de soru. Ils arrivèrent assez rapidement sur les lieux de l’accident. C’était un grand capharnaüm. Des débris, des cadavres, des soldats se levant péniblement, d’autres encore inconscients. On trouvait un peu de tout. Aucune trace des prisonniers. Sauf un. Shishi Ador, qui s’était déjà emparé d’une lame et massacré quelques soldats encore étourdis. Mozart ne pouvait pas s’en occuper seul. Daniel non plus. En l’état actuel, seul Ethan pouvait tenter de l’arrêter sur le champ.  

        - Alors, Mozart ? pressa Levi.

        - Yohohoho ! Aucune trace des individus appartenant à l’équipage du Roux, rétorqua le cyborg. Je détecte deux présences humaines en mouvement dans la cale.  

        Le mantra de l’officier Levi confirma les affirmations de son camarade.  

        - Restez ici pour me suppléer. Il y a sans doute d’autres sous-fifres qui tenteront de se faire la malle. Les fuyards n’iront pas bien loin.  

        Laisser Mozart partir à la poursuite de ces malotrus, c’était prendre le risque de le retrouver en pièces détachées. Au-delà de l’affection qu’il portait au cyborg, il s’agissait avant tout d’un outil technologique indispensable et d’une grande rareté. Mozart n’avait rien à envier aux pacifistas, mais certaines de ses capacités étaient encore bloquées par précaution. Le commodore Mattlefied non plus ne devait pas sacrifier sa vie inutilement. Ethan se concentra maintenant sur le pirate.  

        - Bon, à nous deux, pirate, dit le contre-amiral d’un air nonchalant.  

        Le visage du supernova devint rouge écarlate et ses yeux prêts à exploser.  

        - Ta gueule le nain ! J’suis pas un pirate !  

        C'était maintenant au tour d’Ethan. Il ne devint pas rouge mais les soldats autour sentirent que quelque chose ne tournait pas rond. Ceux qui connaissaient un peu le contre-amiral savaient pertinemment qu’il ne fallait pas parler de sa petite taille. Il dégaina son meitou avec rapidité et élégance, en décroisant son bras vers sa droite. Son mouvement s’arrêta à un poil de cheveux du visage d’un soldat, qui put voir sa vie défiler en une fraction de seconde. Les deux hommes se ruèrent l’un sur l’autre, bloquant chacun l’attaque de l’autre. Le choc des deux lames renforcées avec leur haki provoqua une secousse qui, sans qu’ils l’aient remarqués, fissura légèrement les parois de bois environnants.  

        - Employer “nain” était une grossière erreur, dit Daniel en se tournant vers le cyborg.

        - Yohohoho ! Vaudrait peut-être mieux rappeler au contre-amiral qu’il n’a pas le droit d’exécuter les prisonniers.  

        Il n’avait pas tord.

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        Le sentiment de ne pas appartenir à ce groupe me tenaillait fort le bide, tandis qu'on quittait les alentours du port pendant la nuit, sortant des eaux confortables et pacifiée de la base marine du Nouveau Monde. Me demandez pas ce que je fous là, moi même je ne sais pas trop. Entre trois pointures de très haut niveau, j'côtoie de la bleusaille aux pouvoirs déjà rudement coriaces, que du prometteurs et du haut d'gamme. Moi j'fais tâche parmi tout ses loustiques, avec mon permis de tuer à vue tout les primé du monde, et mes cheveux en épis. Je porte mon blouson sans manche grisâtre, et des chaînes entourent mon corps, à tel point que l'on a du mal à distinguer de la chaire dans tout ce fatras.

        Côte de maille, ma technique de défense fétiche depuis que j'ai appris l'art de faire virevolter les chaînes, est là pour rassurer mon côté paranoïaque. Après tout, c'est pas parce que je suis un peu fou que j'ai pas raison. Cet instinct dans l'estomac ne me dit rien qui vaille. J'reconnais cette atmosphère, cette tension. Il y'a quelque chose de changé dans l'air, et c'est pas parce qu'on se trouve sur un bout de mer isolé très loin de chez moi, pas que en tout cas.

        J'me trouve sur l'avant gaillard quand l'alerte est donnée. Des prisonniers qui s'échappent. Une bonne occasion de chasser la prime, et des gaillards puissants. Pas que j'suis suicidaire, mais j'aime quand la barbaque donne un peu de fil à retorde. Ce que j'sais pas encore, c'est que les choses vont très vite mal tourné, je descends à la cale en suivant le mouvement, simple courant d'une foule de soldats qui se dirigent vers la salle des prisonniers.

        Je suis un mouton comme les autres, mais j'connais un peu mieux les ficelles du métier que tout ses petit jeunes. Quand t'as presque quarante ans au compteur, faut dire que t'en connais un rayon. Et chasser des types j'ai toujours sû faire. Je prends des raccourcis, et débaroule dans la cale ou l'on rangeait nos gaillards. Plus personnes, c'est logique.

        J'remonte la piste, et suit des traces de pas en direction du pont supérieur. Le bâtiment nautique est un vrai labyrinthe, une succession de couloirs, de pont et d'escaliers qui montent et descendent tous dans une logique qui m'échappe. Je me perds un peu puis me retrouve au grand air, de l'autre côté du pont. En dessous de moi, une barque découpée en de nombreux morceaux, et plusieurs types qui font une sale gueule en me voyant.

        Les combats s'engagent pour moi aussi, contre des pirates plus aguerris que la moyenne. J'arrive néanmoins à tirer mon épingle du jeu en assommant la plupart. C'est le menu fretin, j'me doute, me reste plus qu'à attendre que le menu principal arrive.

        J'me dis que si j'attends là, j'aurais une petite chance d'attraper un des gars qui voudrait s'enfuir.

          Depuis mon retour de l'Île aux Morts où j'ai fait le deuil de mon défunt amant Eisenheim ADAMOVITCH, j'ai l'impression que tout me dépasse. À chaque nouvelle situation, tout me donne à croire que je m'éclipse de mon but. Mon rêve, ma passion, ma philosophie, ma croyance, rien de tout ça n'a de sens tant je ne contrôle plus rien. Mon objectif s'éloigne au fur et à mesure que je me retrouve en compagnie de personnes d'importance capitale pour la suite. Je vois mes intérêts défiler à vive allure sans que je puisse les rattraper, aussi insaisissable que le vent. Je suis dans la piraterie depuis plus de 30 ans et c'est exactement comme si je débutais de la même manière qu'une simple rookie. Je suffoque presque à l'idée de savoir que je ne maîtrise rien depuis que je suis entrée sur Grand Line en 1625... Je me sens affublée.

          Contemplant l'horizon avec incertitude, je me perds dans mes pensées. Je pousse un soupire. Un tableau noir se dresse devant moi semblable à mon avenir. Impossible d'y voir plus loin. La météo et les étrangetés sont poussées à leur paroxysme sur cette mer. C'est la première fois que je voyage dans le Nouveau Monde, mais je ne suis pas étonnée de savoir que l'environnement ne soit pas favorable. Depuis des semaines je suis nerveuse, je ne retrouve plus le sommeil. C'est pour ça que je me tourne vers la proue, accoudée sur le bastingage à scruter inutilement cette sombre nuit. Je laisse mon esprit vagabonder. Je me demande encore qu'est-ce que je fous là. Comment puis-je me défaire des responsabilités qui m'incommodent?

          Dans la sphère des puissants, un jeu de trônes, d'alliances et de subterfuge anime un univers qui me domine encore. Je peine à faire partie de ce cercle très restreint comme s'il m'était inaccessible définitivement. J'ai l'impression qu'on m'autorise à frôler constamment la surface de cette élite privée sans jamais pouvoir y entrer. C'est un peu pareil que si chaque personne de cette classe supérieure s'amusaient avec mes nerfs et avec mes sentiments. Au diable les émotions dans la piraterie me dira t-on, hum? Je ne vais pas renier ma personnalité pour un statut. Je refuse de sacrifier un bout de ma nature. Pourtant, dans mon for intérieur, je reste convaincue d'avoir ma place parmi ses sièges de domination. Peut-être que je dois encore faire preuve de patience?

          Alors que je contiens difficilement mon désarroi, me voilà embarquée encore une fois dans une histoire qui échappe à mon contrôle. J'ai intégré depuis peu la Flotte de TASHAHARI Kiyori, dite la Déesse Enfant. Je m'en retrouve être sa 6ème Commandante malgré moi et je suis en compagnie de l'une de ses plus fidèles servante. Autant, affronter un Yonkō dans le but de le défaire ne m'a pas trop fait paniquer, autant, faire audience avec l'Impératrice me fout la trouille. Ce n'est pas un choix, c'est une convocation. Non pas que j'ai agit en sa défaveur, mais parce qu'elle veut savoir si je suis digne d'entrer dans ses services. Entre-temps Red revient chez les vivants. Sa mort m'a chamboulé psychologiquement et j'ai dû affronter mes craintes et des adversaires de taille. Et là, son retour perturbe à nouveau ma quête personnelle, quête qu'il connaît déjà.

          Alors que je me taraude encore l'esprit, j'entends comme un navire au loin se mettre en branle-bas de combat. Je regarde alors où est-ce que ça peut venir, mais l'obscurité intense empêche de capter la moindre chose. J'éveille alors mes sens et je me méfie. Après tout, cette mer est un danger pour n'importe qui et tout obstacle n'est pas à prendre à la légère. Serrant des dents, j'hésite à avertir l'équipage. J'ignore si ce n'est qu'une hallucination ou simplement le début d'une bataille navale qui nous concerne pas. Ou du moins, pas encore?


          Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Lun 5 Avr 2021 - 8:49, édité 4 fois
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          -Mon Colonel ! La vigie signale la présence de plusieurs navires de guerre qui se rapprochent du Gibet !
          -Avez vous communiqué avec l'amirale ?
          -Oui monsieur ! Elle dit qu'elle sait et qu'elle nous ordonne de procéder comme prévu dans le plan !
          -Alors procédons. Faites sonner le branle bas de combat. Je vous rejoins sur le pont de commandement.
          -A vos ordres Colonel !

          Bruit de pas précipités s'éloignant dans la coursive, et quelques instants plus tard, le carillon frénétique des clochettes d'alarme qui appellent les deux quart de repos à sauter de leur lits et a abandonner toute occupation pour reprendre ventre à terre leur travail, à ranger tout ce qui ne sert à rien en combat avant de s'équiper en armes pour rejoindre les postes de combat qui leur sont attribués.

          D'un geste précis j'ai déclenché mon chronomètre au moment ou le premier carillon s'est mis à sonner. Et pendant qu'il égrène mécaniquement les secondes, je vérifie une dernière fois dans le miroir la tenue de ma mise impeccable. L'absence de pelures ou de taches sur mon uniforme, l'alignement rectiligne de mes médailles, les plis du foulard immaculé noué autour de mon cou, le lustre des boutons de ma veste d'officier. Et pendant que tout le navire s'agite, j'attrape mon sabre, le passant dans ma ceinture avant de quitter ma cabine pour me diriger vers la passerelle de commandement toute proche, ou ce sont déjà réuni les officiers, plus ou moins frais suivant leurs répartitions de quart.

          -Commandant sur le pont !
          -Je prends le commandement du navire. Officier de quart, au rapport !
          -Nous avons repéré deux navires de guerre naviguant de concert sur une route parallèle à celle du Gibet. Le premier pourrait être le vaisseau de la seconde flotte de Kiyori, l'autre pourrait appartenir à Aoi Nakajima !
          -Assurez vous que le Commandant Yamamoto soit prévenu.

          Le Commandant d'élite Yamamoto. Une présence imposée par le second commandement de la 102eme, Nécessité. Un officier de l'élite au palmarès impressionnant mais solitaire, intégré à la mission d'escorte dans l'espoir de tomber sur sa proie du moment, une lieutenante de l'impératrice Kiyori de retour de mission sur Grand Line. Une allégation manquant de preuve mais qui semble finalement s'avérer juste...

          En tout cas c'est une vraie merveille que cet équipement de repérage nocturne, fourni à toute l'escorte par la brigade scientifique. De quoi mener des opérations de nuit toute lumière éteinte, et ne dévoiler sa position qu'aux lueurs des premiers tirs de canon. Un avantage parfait pour le piège qu'a préparé l'amirale, avec le Gibet dans le rôle de l'appât empoisonné et la 102éme dans le rôle de la... Non, pas tapette... Voyons voir... Couperet !

          -Alors ce sont des ennemis. Ou en sommes nous du branle bas ?
          -Tous les hommes sont à leur poste Colonel !
          -Chronomètre ?
          -Sept minutes et vingt trois secondes Colonel !
          -C'est encore plus de deux minutes de trop. Vous transmettrez mon mécontentement à l'équipage.
          -A vos ordres Colonel !
          -Et vous vous ôterez deux jours de solde. Vous avez sept secondes de retard sur mon propre comptage.
          -Oui Colonel !

          Je laisse mon regard trainer quelques secondes sur les officiers au repos autour de moi, notant mentalement les erreurs de posture ou d'uniforme et les peines qu'elles méritent pour ceux qui survirons à la bataille, avant de tendre la main vers mon aide de camp, recevant le même dispositif de vision que les hommes, et le coiffant avant de porter mon regard vers la mer et l'affrontement qui nous attend.

          La bas, soudain visible comme si la nuit n'était plus qu'un temps couvert, le navire de ligne vire vers le convoi, suivis quelques instants plus tard par le second.

          -Voila notre première prise. Nous passons en vitesse d'éperonnage, droit sur l'arrière de leur formation. Nous ouvrirons le feu sur l'ennemi dés que nous croiserons sa poupe.


          Dans les entrailles du navire mon ordre double la manœuvre dans la chaufferie, et pendant que le cœur brulant du navire vire à l'enfer, l'accélération des hélices propulse le Circonstance Spéciale vers l'avant à grande vitesse, lui faisant fendre l'écume comme une lame tranche la chair, et le faisant gagner rapidement du terrain sur la flotte ennemie, inconsciente de la menace jusqu'à que le navire de queue puisse entendre le bruit d'hélice qui le rattrape, trop tard, bien trop tard.

          La vigie n'a que le temps de lancer un cri d'alerte que nous surgissons sur le flanc du navire, et qu'avant qu'aucune manouvre ne soit tenté, la lame d'étrave du navire de la 102eme ne plonge dans la coque de sa cible, la perforant et la fendant en deux comme on traverserait une cloison de papiers. Pendant un court instantané nous survolons le pont du navire coupé en deux, notant les regards de surprise et de peur de l'équipage condamné avant que nous l'abandonnions derrière nous.

          -Que les équipes d'abordage vérifient la coque, visez le navire suivant et ouvrez le feu. Tirs pour couler.

          Et le temps que mon ordre se répercute dans les den den des équipes de canonniers, la nuit est soudain zébrée par la détonation des quarante cinq pièces du navire qui vibre sous mes pieds pendant que le tonnerre grondant de la monstrueuse salve m'écorche les oreilles et qu'une pénétrante odeur de poudre enveloppe le bâtiment.

          Dans notre sillage, un mat surnage brièvement au milieu des corps et des débris avant de sombrer à son tour. Ne laissant flotter sur les vagues qu'une plaque de quille brisée ou l'on peut encore distinguer le nom du navire coulé.

          Arvernus

          La bas la première salve atteint sa cible, les boulets mouchant l'eau d'impacts autour du château arrière du navire ennemi ou le frappant de plein fouet, traversant les parties les plus fragiles du navire pour aller ricocher le long des ponts et les ravager dans la longueur.

          -Corrigez et continuez le tir jusqu'a ce que nous virions de bord pour les poursuivre.


          Dernière édition par Jakku Kattar le Dim 11 Avr 2021 - 13:16, édité 1 fois
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          Quelle ne fut pas la joie de la Commandante lorsqu'elle reçue le Denden-appel de Jakku Kattar, le Colonel d'Elite avait recruté la rouquine une fois encore pour une opération digne de la 102eme. C'est dans la nuit noire que Lin voguait sur le nouveau monde, l'instant était rare et donc précieux. Surexcitée elle passait son temps à vagabonder sur le navire, observant le boulot exemplaire des hommes du Colonel d'élite. Y'a pas à dire il savait gérer son équipage, rien à voir avec les recrues qu'elle avait dû former fut un temps.

          C'est alors que les clochettes d'alarmes se mirent à sonner, d'un coup le rythme s'accéléra sur tout le navire et la rouquine pouvait sentir l'adrénaline monter avant même de connaître la raison de ce chambardement. Il était là, progressant dans les couloirs avec la vitesse et la précision d'une machine, son patron par intérim Jakku. La féline rouquine, en tenue non réglementaire si ce n'est le rouge de sa veste au couleurs de la 102eme, ventre à l'air, mèche rebelle et asymétrique, tout pour faire vriller la machine parfaitement réglée qu'était son Colonel ! Fort heureusement ce soir il n'aurait pas loisir de se focaliser sur le laisser-aller d'une Commandante d'élite, Lin le voyait prendre en charge les opérations et donner des ordres à une vitesse forçant l'admiration.

          Au détour du pont, la jeune femme faisait un signe de la main à ce brave Yamamoto, elle ne le connaissait pas bien, mais elle savait que c'était un pro et son manque d'uniforme réglementaire le prouvait !


          - Oh bordel ça y'est !

          Le Circonstance Spéciale était prêt à éperonner le premier navire ennemi, Lin était proche du mât, observant le spectacle avec un large sourire sur son visage, ça se rapprochait à toute vitesse et d'un coup le navire de la 102eme éventrait un premier navire. Quel panard ! Elle n'avait plus connue ça depuis les Sea Wolves. Telle une groupie elle lançait des encouragements à l'équipage qui faisait transiter les ordres millimétré de Jakku à toute vitesse.

          - ÉQUIPE D'ABORDAGE VERIFIEZ LA COQUE ! ORDRE DU COLONEL ON A UNE MINUTE, PAS UNE DE PLUS !

          Sans perdre de temps la conscience professionnelle de la tigresse repris le dessus, accompagnée d'une bande de durs de la 102eme elle s'assurait que la coque du navire était sortie en bon état de l'éperonnage.

          *Eh beh, ce coincé de Jakku à plutôt intérêt à me présenter ses artisans, quelle merveille ce navire !*

          Soixante-deux secondes plus tard la coque était vérifiée et l'équipe d'abordage était de nouveau à son poste prête à l'action. Pas plus d'une seconde plus tard le bâtiment entier trembla et rugit comme un fauve, Lin sentie son corp vibrer avec le navire et la salve de boulets fusa vers le second navire ennemi.

          L'équipage entier se préparait à la seconde salve, mais comme guidée par son instinct, Lin galvanisait déjà l'équipe d'abordage, les canons ne régleront pas tout ce soir elle le sentait.


          - OK LES GARS SI VOUS ÊTES SUR LE NAVIRE DE CETTE MACHINE DE JAKKU C'EST QUE VOUS ÊTES LES MEILLEURS ! EN FACE JE SUIS SÛRE QU'ILS VONT PAS SE LAISSER FAIRE ALORS PREPAREZ VOUS AU COMBAT ! CE SOIR ON SE FAIT DU CRIMINEL OU JE NE SUIS PLUS LA COMMANDANTE D'ÉLITE LA PLUS DÉTESTÉE DE GRAND LINE !

          Entre la moquerie, l'admiration et la rage de vaincre l'équipe hurla comme un seul homme, prêts à se foutre sur la gueule avec l'adversaire.

          C'est ça la marine d'élite !
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          Franchement, on se sent bien à bord d’un navire de l’élite, y’a un truc en plus en fait. Le parfum de l’élite je dirais, d’autant plus que j’ai vu pas mal de gens au Ban et au réunion d’alumni du Ban. C’est la famille en fait. J’avais même retrouvé quelques gars de mon TP de « démontage de pirate à l’aveugle ». Un exercice bien sympathique inspiré d’un exercice de la marine régulière. La seule différence. C’est que plutôt démonté et remonter une arme à feu le plus vite possible avec un bandeau sur les yeux, on fait pareil avec un pirate. C’est excellent pour apprendre de leur anatomie. Bon c’est un peu salissant et barbare, mais avec ça on apprend suffisamment le corps criminel pour savoir les blesser sans les tuer par la suite. Pour pas mal d’élites c’est pour prolonger leur souffrances et dans mon cas, c’est plutôt pour jouer sur la carte de marin gentil qui tue pas.

          J’étais arrivé à bord du navire de la 102e aux cotés du colonel Jakku, un colonel avec qui je n’avais pas encore été présenté, mais c’était un bon bougre. Moins dangereux que Moloch et moins bon délire que Kass Brick, et plus procédurier qu’un autre connard dont j’ai oublié le nom, mais assez efficace. On était encore dans un énième convoi d’escorte de prisonnier. Cela dit, y’avait vraiment du lourd à bord, donc de quoi faire une bonne bagarre. Ça me manque les bonnes bagarres je me sens un peu rouillé donc affronter une lieutenant de Kyori ou quelqu’un de cet acabit, ça sera très plaisant. Après tout je suis un invité honoraire présent à bord pour casser du pirate. Y’a quelque chose qui me fait peur cela dit, j’étais venu un peu à l’improviste, et j’avais juste pris deux chemises propres. J’en avais Sali une hier au mess, donc si j’en salis une autre aujourd’hui… je serai forcé de porter l’uniforme local. Ça va faire deux ans que je ne porte plus que des short et des chemises à fleur, pas question de changer aujourd’hui, j’ai une image de marque à tenir moi !

          C’est alors que les hostilités éclatent, des bordées de boulets, des poursuites en mer, des insultes le grand classique quoi. J’en profite même pour faire un petit coucou à Ethan que je remarque sur un navire un peu plus loin. D’ailleurs c’était pas l’amirale Boina à côté ? l’enfoiré, le gars il se paye du bon temps avec un canon pareil ! Bon de mon coté j’ai Aymachin Lin, une ancienne des wolves je pense, et manifestement, je lui plais, rien de plus normal après tout. On a plusieurs navires face à nous. Donc on a bel et bien la seconde flotte de Kyori, une cible qui en vaut le détour et… oh ? ne serait ce pas cette bonne vieille Aoi ? elle est encore sortie de taule ? Ça fait plaisir de la voir dehors, ça signifie que la prochaine fois que je la capture j’aurais une encore plus grande prime !

          -Bon les gens de la 102e , vous voyez la pirate là-bas ?... oaui sur le bateau en miette. Elle a le fruit du magma mais elle est pas hyper forte, je vous la laisse, je prends la seconde de l’impératrice.

          Je me prépare donc à l’assaut, et je dégaine mon sabre, c’est l’heure de la bagarre ! Et franchement, la tout ce dont j’ai envie, c’est admirer le spectacle. En tant que professionnel de la baston, c’est un vrai plaisir de voir l’efficacité de la 102e. La bataille navale n’a jamais été mon fort, ou du moins, tant que je ne joue moi-même le rôle de l’artillerie. Mais pour le coup plutôt que foncer comme un gros bourrin à mon habitude, je vais voir ce que donne les manoeuvre de Jakku avant de taper dans le tas.
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          Le navire était secoué par une animation particulière. Comme si j'avais donné un coup de pied dans la fourmilière, les soldats s'activaient tous azimuts, apparemment pour neutraliser la menace qui s'était invitée à bord. Je mis peu de temps à comprendre que ma présence avait été dévoilée avant que je n'aide le Roux et son lieutenant à s'échapper. Alors qu'un sous-officier faisait vraisemblablement état des blessés causés par l'effondrement, son supérieur gueulait des ordres à tout va, interpellant ceux qui, comme moi, se trouvaient sur les lieux du drame. Au moment fatidique, je le laissai évidemment me saisir par les épaules et m'aboyer dessus :

          « - Sergent, formez vite une équipe et trouvez l'intrus. Il n'a pas pu aller bien loin ! »

          Je saluai et quittai la pièce derechef. À l'extérieur de la cellule, le couloir vrombissait intensément en contraste avec le silence qui y régnait précédemment. Du coin de l’œil, je vis un contre-amiral se démener avec le résident de la seconde geôle et crus reconnaître une silhouette familière à défaut de pouvoir m'y attarder davantage. Il me fallait rapidement gagner le pont pour ne pas me retrouver entièrement piégée dans ce qui allait devenir un immense guêpier. Si je restais là, prenant le risque de tomber sur une pointure, j'étais faite comme un rat ; je pouvais d'ailleurs déjà entendre les sermons de mon bras droit claironner à mes oreilles.

          Rapidement, mon mantra se révéla inefficace pour prévoir mes futures rencontres, comme je grimpais les marches deux par deux pour remonter à la surface. L'activité débordante du navire parasitait mon sixième sens, m'empêchant d'anticiper une mauvaise rencontre ou jauger mes adversaires. Et le capharnaüm ne faisait visiblement que commencer : mon cœur manqua un battement lorsque j'entendis des coups de canon résonner au-dehors. On bataillait à l'extérieur et, cette fois-ci, ce n'était pas de mon fait.

          Le pont principal était aussi en voie à une sorte de chaos ordonné, où chacun se précipitait à son poste pour faire face à l'ennemi. Les directives étaient claires ; rapidement, je me verrais contrainte de justifier ma présence si je ne trouvais pas un moyen de m'en sortir. Je restais ainsi quelques secondes, accrochée au bastingage, à réfléchir tout en contemplant les feux mats d'un navire de ligne qui éclairait la pénombre avec ses tirs. Dans la nuit noire, des fumerolles s'étendaient depuis la carcasse plongeante d'un vaisseau ennemi, bien trop gros pour correspondre à ma goélette. J'expirai un râle de soulagement... sans voir l'ombre qui s'étendait sur moi.

          Le colosse interrompit le flux de mes pensées en posant sa grosse patte sur mon épaule.

          « - Que faites-vous ici sergent ? Pourquoi n'êtes-vous pas avec votre section ? »

          Merde. Surprise, improvisation... peur. Je feignis une crise de panique, abusant de mon physique frêle et de mes charmes encore vendeurs. Dans le Nouveau Monde, ça pouvait encore faire sens de tomber sur des subalternes fragiles, si c'était leur première fois. Pour un convoi, il y avait des chances. Le regard du lieutenant demeurait dur, mais une lueur de compréhension passa dans son regard. Lui aussi avait été jeune ; des cicatrices sur son visage et ses bras prouvaient qu'il avait perdu sa naïveté depuis bien longtemps ; il était coutumier à ce genre de situations.

          « - Reprenez-vous. Si je vous revois à bayer aux corneilles, je me chargerai moi-même de vous faire passer par-dessus bord.

          - Lieutenant, oui mon Lieutenant, » répondis-je du tac au tac, admirant les médailles sur le veston de mon interlocuteur pour bien simuler le respect jusqu'au bout.

          Quelques secondes plus tard, l'homme s'était éloigné. J'étais désormais consciente qu'il me fallait un objectif, aussi bien personnel que fictif, si je souhaitais sortir de là. La meilleure solution revenait à immobiliser le navire et pour cela, il me fallait mettre un pied sur le gaillard d'arrière où se trouvaient probablement le gratin. Enfonçant un peu plus ma casquette et rentrant la tête dans les épaules, je me rapprochai de l'escalier pour arriver jusqu'à deux gardes qui le surplombaient.

          « - Que venez-vous faire ici, Sergent ?

          - J'ai une missive importante pour le commandant de bord.

          - Donnez la nous, nous vous la transmettrons.

          - Impossible, c'est à propos de... » commençai-je, m'interrompant quelques secondes pour réfléchir avant de trouver un bobard assez gros pour me garantir l'accès. Je me rappelai soudainement du combat que j'avais entraperçu plus tôt : « Le contre-amiral m'a ordonné de transmettre directement mon message au capitaine. »

          Les deux hommes se regardèrent ; la cohue bousculait leur bon sens et ils cherchaient à bien faire, même si cela impliquait de contourner les ordres. Finalement, la peur de se voir finir leurs jours au trou car ils avaient obstrué à l'autorité de mon soi-disant émetteur les poussa à se retrancher, me garantissant la voie. Ainsi, j'arrivai au chef du navire : d'ici je pouvais correctement voir la bataille rager au loin et les Marines s'activant comme des fourmis en contrebas. Plus loin sur le gaillard, un groupe d'éminences se tenait accolé au bastingage, apparemment. L'un des personnages tenait encore son sabre, vraisemblablement après l'avoir utilisé sur quelque chose près de la coque... que je devinais rapidement être ma barque.

          Mes dents commencèrent à grincer lorsque je me rendis compte que ma présence n'était pas passée inaperçue depuis le début, mais je ne manquai de me rompre une molaire que lorsque je reconnus l'uniforme atypique de la sabreuse. Et sa silhouette gracile contrebalançant avec sa manche de kimono vide.

          Merde. Merde. Merde. Dans quel pétrin m'étais-je encore foutue ?
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          -Amirale ! C'est Annabella Sweetsong !

          Comme souvent j'évite de répondre à cette précision inutile d'un bon voyant de plus qui estime que je suis surement incapable de savoir ce qui se trouve en face de moi. Il y a longtemps que j'ai cessé de m'interroger sur ce qui pouvait bien se passer dans la tête de mes subordonnés, conscient de mon poste et de ma puissance et tenant malgré tout à m'avertir comme si je devais trébucher à chaque nouvel obstacle sur ma route.

          Il y a longtemps que j'ai renoncé à leur faire comprendre que pour moi, ils sont tous aveugles. Limités par ce pauvre sens qu'un rien suffit pourtant à fausser, une lumière trop vive ou pas assez, un obstacle, une fumée, un mouvement trop rapide...

          Ou un déguisement que je perce sans même en avoir conscience, tant je ne vois que ce qui se trouve derriére, une aura que rien ne saurait cacher.

          Et pendant que la surprise d'avoir parmi nous l'ennemi public du moment se répand sur le pont comme une vague, j'ai déjà frappé. Dégainant et rengainant mon sabre dans le même mouvement, si vite que pour les plus attentifs des témoins je n'ai probablement pas bougé, mais laissant une lame d'air parfaitement maitrisée filer droit sur le cœur noir d'Eleanor.

          -Alors Sweetsong, n'est ce pas un peu tôt pour vouloir déjà quitter le navire ?

          Dire que les annalistes du Cipher Pol la croient terrée quelque part dans un coin sombre après avoir lâché sa bombe dans les gazettes du monde. Pauvre espions incapables de comprendre qu'on ne quitte pas l'ombre protectrice du GM pour une autre, mais plutôt pour aller bruler au plus prés du soleil.

          -Cela dit, se chercher des compagnons de flibuste et les abandonner dés leur sortie de cellule pour couvrir ta fuite te ressemble assez...


            Ethan ne décolérait pas et chaque coup était destiné à tuer son adversaire. Dans son état, même le prisonnier se rendait, il n’arrêterait pas pour autant. Les convois ne lui réussissent vraiment pas, pensa Daniel qui tentait de mettre de l’ordre dans l’organisation des soldats présents. La discipline revenait peu à peu. Chaque soldat savait où allait et ce qu’il devait faire. Des heures, des jours, des semaines, des mois d’entraînement à se faire mal au derche pour savoir quoi faire en de telles situations. Grâce à son mantra, le contre-amiral sentit l’amirale aveugle se mettre en mouvement.  

            Purée, pas prêt de la rattraper celle-ci, pesta-t-il intérieurement alors qui parait une attaque venue du dessus. Ador était un très bon épéiste et Ethan ne pouvait que le reconnaître. Les deux hommes utilisaient un style à un sabre qu’ils avaient longuement perfectionné. Personne n’avait encore prit le dessus sur l’autre. Dans un léger moment de lucidité, Ethan réalisa qu’il devait rapidement en finir avec cet abruti avant de passer aux affaires suivantes. Dehors, de redoutables combats débutaient et il ne voulait pas en rater une seule miette.  

            Le supernova envoya une nouvelle attaque verticale, du haut vers le bas, profitant de sa grande taille par rapport à celle du petit Levi. Ce dernier para une nouvelle fois l’attaque, mais Ador empoigna sa lame de ses deux mains pour rajouter de la puissance à son coup, tentant d’enfoncer le contre-amiral dans le plancher. Ethan, lui, résista avec un bras mais sentit qu’il perdait du terrain. Son bras mécanique s’illumina soudainement, chargé en électricité, suscitant la curiosité du pirate. Alors qu’il bascula d’une légère rotation, provoquant la chute du pirate qui avait mis tout son poids vers l’avant, Ethan accéléra sa rotation, le poing mécanique - chargé de haki et d’électricité - fermé, et envoya un puissant direct dans la figure de son adversaire. Ador passa au travers des murs de bois, quasiment libre malgré lui.  

            - Merde, râla le contre-amiral.  

            Il disparut d’un rapide soru pour se retrouver dans les airs, à hauteur du prisonnier encore engourdi par le coup, puis lui envoya un puissant kick dans le dos qui l’envoya en hauteur. Grâce à un enchaînement de geppou, le contre-amiral Levi se trouvait légèrement au-dessus de sa cible, à laquelle il envoya une puissance lame d’air qui propulsa le supernova, en plus de lui infliger des dégâts, violemment sur le pont principal. Levi réapparut au-dessus de lui, sauf que le prisonnier eut cette fois le temps de réagir. Après avoir planté sa lame au sol, il s’appuya dessus avec force et balança sur le flanc de l’officier qui valdingua contre la cabine de l’amirale. La voici en piteux état.

            - Merde, elle va me tuer, râla une seconde fois le contre-amiral.  

            Il s’en sortirait avec léger hématome, mais sa tenue était maintenant pleine de poussières et de fibres de bois. Le meitou toujours en main, Ethan se releva et s’avança d’un pas lent en direction du pirate qui observaient les blessures causées par la lame d’air. Une belle entaille qui traversait son torse en diagonale. Il comprit que son statut de prisonnier était maintenant derrière lui. Le contre-amiral frappait pour tuer et non pour appréhender. Tel était le sort des personnes redoutables, se disait-il. Ethan observa sa lame un court instant.  

            - Fini de jouer, Namida. J’attends bien mieux de toi.

            Ador ouvrit grand ses yeux et semblait perturbé par les paroles de l’officier.  

            - Na-Namida ? C’est toi qui l’as ? Contre-amiral Ethan R. Levi... R comme Ragglefield. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Ce meitou familial vaut des millions de berries.  

            - Et ?  

            - En te tuant et m’emparant de cette lame, je pourrais me refaire une p’tite fortune, héhé.

            - Deux éléments me dérangent dans ton histoire, rétorqua Levi en continuant d’avancer d’un pas lent. La première, sans doute la plus importante, comment comptes-tu échapper à un colonel d’élite, à un commandant d’élite cheaté et une amirale impitoyable ? La deuxième, moins importante mais pourtant plus évidente que la première, comment comptes-tu m’échapper en un seul morceau ?  

            Le sourire assassin du contre-amiral fit frissonner le supernova, le temps d’un instant seulement, mais habitué aux grosses confrontations, il en avait vu d’autres. Le second round risquait d’être le dernier. Il serait certainement plus court mais plus violent. Hasaki Namida, aussi appelée Larme Larmoyante, vrombissait un peu plus que d’ordinaire, comme excitée par cet affrontement. Pour la première fois, Ethan eut l’impression d’être reconnu par cette lame qui n’avait encore rien montré jusqu’à présent. Son sourire s’intensifia.



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            J'avais rejoins la Flotte de la Déesse Enfant parce que j'avais peur que des représailles de l'Immortel surviennent contre Armada à l'époque où j'y étais encore. J'ai accepté d'être sous la coupe de cette dernière dans l'espoir d'avoir une protection et me sentir en sécurité dans cette nouvelle ère le temps que je sois assez forte pour me protéger moi-même. Et résultat, je me retrouve dans une situation qui est encore pire. En voyant la merde autour de moi, je me dis que je n'aurais jamais dû quitter les Libres Pirates et assumer mon indépendance. Peut-on dire que j'y gagne quelque chose en travaillant pour l'Impératrice? Et dire que mon nouveau statut me cause plus de problèmes qu'il ne m'aide maintenant, car je suis contraint de faire audience auprès d'elle.

            Ce qui me révolte encore, c'est qu'à cause de cette obligation que je me retrouve dans cette situation pathétique. Comment n'ai-je pas pu voir cette attaque à temps? Comment n'ai-je pas pu sentir le piège? Après tout, je ne connais rien du Nouveau Monde alors que celle qui m'accompagne si. Décidément, je suis malchanceuse jusqu'au bout. Pourquoi il faut que ça m'arrive?! C'est à cause de SHOTA Shoti, la Commandante de la Seconde Flotte de la Déesse Enfant, que je suis dans le pétrin!

            Encore sous le choc de voir l'Avernus éventré en deux, je commence à trembler de colère et de désespoir. Aveuglée par la haine, ce n'est que John MOHR, le Capitaine de mon navire, qui m'aide à retrouver mes esprits.

            — « Ce n'est pas le moment de perdre espoir, Capitaine! On peut encore s'en sortir. Je ne suis pas sûr de l'identité de notre assaillant, mais je crois qu'il s'agit de la 102ème Division de la Marine d'Élite... Il faut dire qu'on y voit difficilement. »

            Qu'importe à qui nous devons faire face, mon équipage sombre dans le néant. Je suis en très mauvaise posture dès le début, c'est à croire que cette attaque est préparée depuis longtemps. Après tout, tout le monde peut très bien chercher à nuire une Flotte d'un Yonkō. Et particulièrement, le Gouvernement Mondial... S'il n'y a qu'un seul bateau ennemi, ça peut se maîtriser, mais s'il y a plus, je crains que ça soit la fin de ma carrière. Serrant des dents, je réponds à mon nakama.

            — « Rends-toi sur le navire de Shoti et assure-toi de le préserver. Je m'occupe du reste. »

            Je refuse que notre seule porte de sortie se fasse détruire également. Les salves continuent de pilonner le rafiot du Capitaine SHOTA et de rectifier les tirs. J'empoigne une corde avant de glisser définitivement dans la mer. Je parviens dans la foulée à joindre le pont adverse. Je me jette dans la gueule du loup, mais je n'ai pas le choix. Et comme je ne peux pas compter sur ma chance, je dois affronter le danger moi-même. J'espère juste ne pas tomber sur une pointure trop haute. Et cette fois-ci, je peux exprimer ma colère sans avoir peur des conséquences. Je commence à bouillir littéralement, à devenir incandescente. J'émets alors une vive couleur rouge pendant que je sue du magma. D'un rapide coup d'œil, je peux voir les Marines avec des appareils de vision sur les yeux. C'est donc comme ça qu'ils peuvent voir dans la nuit noir? Peut-être plus maintenant avec la lave qui dégouline en moi?
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            Mes lunettes à vision nocturne sur le nez, j'ai pas l'air commode ; Pas plus en cueillant les nombreux pirates qui essayent de fuir le navire par tout les moyens possibles et inimaginables. Et pendant que j'suis occupé à faire du savatage de détenu, le gros des combats commencent, et j'ai une sensation de danger imminent qui me cheville au corps quand j'vois une dame incandescente briller de mille feux dans la nuit noire qui nous entoure. J'connais cette silhouette, c'est celle d'une vraie catastrophe sur patte, capable de décimer des champs de bataille, et faire des trous dans notre navire.

            Je sais toujours pas ce que je fous là, en attendant. Je médite, j'essaye d'envisager la meilleur solution de perdre personne aujourd'hui, et surtout pas des prisonniers dont la tête serait assez cher pour me racheter une garde robe clinquante, sans entamer mes économies.

            Tout le monde à son combat, les fracas que j'entends ne me trompe pas. Et puis j'ai ce sentiment que c'est pas terminé, et que d'autre gars vont entrer dans la danse. Curieux de n'avoir vu aucun révolutionnaire cette fois-ci, non ? Eux qui sont toujours sur les mauvais coups. J'glousse. C'est mon petit côté tenders, j'croustille sous la dent, et j'suis savoureux à l'intérieur. Mais pour l'instant, j'imagine aucun sauce  à laquelle être mangé ...

            Des gradés de la marine m'interpellent ...

            - Hé là vous, vous êtes qui ?
            Fais l'un d'entre eux, paniqué, la main en sang et le bras en charpie. Il a mal, il fait nuit et il a perdu ses lunettes, alors j'me formalise pas.

            - Mais si c'est le mec là, tu sais le gars ... Allez viens, on t'emmène à l'infirmerie. Ah la jeunesse, c'plus très solide, un petit bobo et ça se stoppe en plein combat. Personnellement j'compte plus le nombres de blessures qu'il m'faut pour m'en dissuader, ni le nombres de cicatrices que j'ai sur le corps. Elle font partie de mon histoire, jusque dans ma chair. Elle sont comme une carte de visite, ou bien la map-monde de Judas. Mon univers s'arrête à mon propre corps dans ce navire de malheur, et j'compte bien le préserver.

            J'saute du gaillards arrière sur une coursive extérieur, essayant de ramasser le plus de soldat possible sur la brèche, et de les aider.

              La prise de fonction avait demandé des mois de travail contigu avec les, à présent, services secrets révolutionnaires. Le Secret prenait de l’ampleur, et il avait fort à faire. Les conséquences de Jötunheim avaient été désastreuses, comme Drum, comme Goa, comme tout ce que la propagande gouvernementale touchait. Il était grand temps de passer à la vitesse supérieure, de déstabiliser cette institution et de frapper là où cela faisait mal. Au porte-monnaie ? Certes. Pour l’heure, d’autres stratégies se dessinaient. Un gibet avait été dressé avec les noms des révolutionnaires dessus. LA guerre avait été déclarée. Alors, guerre il y aurait. Le temps où il se demandait s’il valait mieux que le Gouvernement était révolu. Certains s’étaient déjà occupé de catégoriser les personnes comme lui, les assassins. Car, bien qu’il en ait conscience, il était un pur produit du conditionnement révolutionnaire, que ce fut par la Lame Noire de ses aïeux, ou par le Crédo qu’il s’était forgé, au nom de la Cause. Mais alors, pourquoi n’avait-il pas encore attaqué un de ces convois, où était passé le boucher de Goa ? Il avait disparu suite à l’assaut de la prison. Puis quelques rumeurs avaient parlé d’un … changement chez lui. Profond, véritable. Et dans les rangs révolutionnaires, se murmurait un nouveau nom. Un nouvel Atout. Justice. Qui était cet atout ? Beaucoup s’en doutaient. Mais il y avait quelque chose d’autre derrière, quelque chose de plus sombre. Une peur sans nom, qui parlait de frères éconduits et d’une épuration de certaines castes révolutionnaires. Une purge des idéaux. Que les frères prospèrent, mais que les criminels jamais ne durent. La question restait de savoir : qu’est ce qui différenciait un révolutionnaire d’un criminel ?

              « La Cause. Bien entendu. »
              approuva une jeune femme timide, revêtue d’une vareuse élimée.

              Un uniforme un peu trop grand mais resserré sur ses formes plantureuses la désignait comme une Lieutenant avec sa casquette du signe de la mouette. Une cicatrice barrait l’un de ses yeux qui arborait une couleur grisâtre, signe que la blessure avait laissé d’importantes séquelles. Ses cheveux grisonnants n’étaient pas chose choquante à ce bord. Elle consulta ses cartes, en lien avec les deux déjà présentes sur le tonnelet qui faisait office de table, sur lequel une lanterne à capote offrait un peu de lumière. Mais limitée, conformément aux ordres : aucune rai ne filtrait. Ils étaient à fond de cale, bien loin d’eux l’idée de contrevenir aux ordres.

              « Ouais … foutus fachistes, qui pensent nous imposer leur soi-disant liberté. J’te dis moi, heureusement que Nakamura a pris les choses en main. » rétorqua Grognard, une sorte de Commandant à la musculature saillante et aussi glabre qu’un nouveau-né.

              Un troisième larron tira une carte du paquet, il abattit un As de pique. Amusée, la donzelle laissa échapper un sourire quand bien même cela signifiait qu’elle perdait l’avantage de sa main. Alors que Grognard ricanait en ajoutant quelques pièces à la mise, le tocsin résonna. L’alarme était donnée. Bien. Des cris et de lointains bruits de combat se firent entendre. Les prisonniers, bien entendu. Les marines commencèrent à remballer rapidement leurs effets, pas sûr que les parties de ce type soient réellement autorisées sur ce navire … Le navire de l’amirale ne devait plus être très loin à présent.

              « Merde, j’suis de quart, faut que je remonte vite-fait. Je pensais pas qu’ils arriveraient si vite. Va falloir se préparer à la tenaille. Bon, gamine, rejoins tes … »


              Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que son crâne s’enfonça dans le tonneau tandis que l’autre soldat se prenait un coup de coude sur la tempe. Les deux hommes s’effondrèrent. Pas de sang, pas de preuves. La jeune femme glissa ses cheveux argentés sous sa casquette puis ramassa les pièces éparses sans se presser. L’occasion qu’elle attendait se présentait enfin. Elle rejoignit rapidement le pont supérieur où les soldats s’appliquaient à calibrer le navire pour répondre à l’ordre qui venait d’être émis depuis le navire de l’Amirale. D’autres vaisseaux s’activaient aussi dans la nuit, équipés du même matériel de vision nocturne. Au loin, elle le savait, de grands pontes seraient de la partie, le but était de les éviter un maximum pour atteindre son objectif. Pour frapper au cœur de la marine.

              « Euh, ma Lieutenant. On … on fait quoi ? » fit un soldat en se mettant au garde-à-vous devant elle.

              Il marqua un temps d’arrêt. Attendit les ordres. Des ordres qui ne vinrent pas. Pour toute réponse, elle enleva son gantelet d’arme, seule chose étrange dans son accoutrement et révéla une main grise, fumeuse.

              « Maintenant, vous éteignez les machines et faite route arrière. »
              répliqua-t-elle, sans réel doute sur la réponse qu’il lui fournirait.

              Alors qu’il allait hurler un appel à l’aide et à la trahison, elle lui fractura la mâchoire d’un revers de la main. D’un geste elle étendit la fumée à l’intégralité du pont et un dôme opaque recouvrit l’espace du navire. Des lumières semblèrent éclater en son sein, mais étrangement aucun son n’en sortit. La poupe et la proue dépassaient à peine dudit dôme sombre. Elles tremblèrent, comme sous des impacts répétés puis s’affaissèrent en craquant. Le mat principal s’écroula au sein de la masse fumeuse sans un bruit. La fumée s’effondra sur elle-même et révéla un spectacle de désolation. Les canons étaient en miettes, le pont ravagé. Des planches manquaient et plusieurs voies d’eau parcouraient le navire. Des corps jonchaient le bois, du sang gouttait çà et là et une odeur doucereuse de poudre picotait le nez. La jeune femme se tenait toujours au centre du navire en train de sombrer, son uniforme parcouru de nombreux trous et entailles. Des armes à feu, des sabres. Elle l’enleva d’un geste pour révéler une tenue noire frappée du symbole de la cause révolutionnaire. Ses longs cheveux argentés glissèrent sur ses épaules. Elle s’essuya le sang d’une entaille au visage du pouce et le contempla quelques secondes avant de soupirer. Au loin, la disparition d’un des navires de support avait dû être perçue par sa cible. Un des navires les moins bien armés et les moins bien équipés, certes, mais un navire tout de même. Elle n’avait pas choisi d’infiltrer le navire le moins bien pourvu par hasard. Il fallait que ce soit bref, efficace et … précis. Frapper la marine en son cœur, à un moment où elle ne s’attendait pas à ce type de menace.

              Elle sortit un denden de sa manche. Blanc.

              « L’attaque a démarré. D’accord. Merci. Un seul navire pour l’instant. Non, je leur laisse le reste des navires. Les pirates … ne sont pas la cible, ils gèrent leurs affaires. Quoi, Bonny ?! Bien … Je reste quand même sur la cible principale. Nakamura va regretter ce qu’il a démarré. Merci. Pour la Cause. »

              Puis elle raccrocha. La nuit était noire, et pleine de terreur. La jeune femme glissa sa capuche sombre sur son occiput, noua ses cheveux pour qu’ils ne la gênent pas. Elle vérifia ses armes et, à l’instant où le navire qu’elle occupait commençait à toucher l’eau, une aura rougeoyante illumina une partie de la nuit. A un saut de puce de là. Elle observa un des canots de sauvetage du navire qu’elle venait de saborder, puis à nouveau l’aura. La distance était … jouable. De plus, elle percevait quelques voix s’éteindre dans cette direction. Les combats avaient commencé. Se repliant sur elle-même, la fumée commença à se rassembler autour de ses pieds. Dans un craquement sinistre, les planches volèrent en éclat lorsqu’elle bondit dans les airs, propulsée par une colonne de fumée. A mi-course, la fumée disparut et sa silhouette disparut dans la nuit.
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              -Touché Colonel ! Il ne manœuvre plus !

              La bas, nos bordées concentrées ont dévastés la poupe du navire de Shoti Shota. Pulvérisant le gouvernail et la muraille arrière, les projectiles traversent les points faibles du navire pour aller rebondir follement dans la longueur du bâtiment, traversant les cloisons en criblant les salles d'esquilles de bois aussi redoutable que de la mitraille, rebondissant contre la coque et poursuivant leur route en mutilant joyeusement tous les corps qu'ils trouvent sur la route. Il y a des types la bas qui doivent se lever en plein cauchemar, et ce n'est que le début.

              -En poursuite, maintenant !

              Sur mon ordre le navire vire de bord avec la vitesse conférée par la meilleure propulsion du monde, plongeant son étrave dans le sillage de Shoti pour filer à sa poursuite, et les monstrueuses rafales de détonations des bordées cèdent la place au bruit plus sourd du puissant canon de poursuite qui continue à ouvrir le feu sur le navire désemparé.

              -Ennemis sur le pont !
              -Nakajima.

              Une poignée de pirates survivants du naufrage surgissent sur le pont, il faut bien que certains de ses chiens de mer aient un semblant d'instinct de survie pour ne pas encore se balancer au bout d'une corde, mais pas de bol pour eux, aujourd’hui leur planche de salut est un nouveau Scylla, et a peine sur le pont ils font face a un mur de lames brandies pour les accueillir et les équarrir comme bestiaux à l'abattoir.

              -Commandante Lin ! Repoussez moi ça à la mer. Et pas de quartier, nous ne sommes pas un navire de la pénitentiaire !

              Sur notre avant Shoti à fait affaler les voiles, une manœuvre qui peut avoir sa logique, tant filer droit sur l'ennemi quand on ne se dirige plus n'est pas une bonne idée. Mais qui nous permet de l'atteindre d'autant plus vite. Cela dit, Shoti est une adversaire qui ne doit pas nous redouter, et qui a peut être déjà choisi de nous combattre pour repartir sur un bâtiment saisi à la marine.

              -Paré à l'abordage !

              La coque bâbord se couvre de filets d'abordages destinés à empêcher l'escalade du navire par l'ennemi, les canonniers chargent à la mitraille, et le long du bastingage, on se met à couvert pendant que les officiers distribuent grenades et briquets.

              -Attention au choc !
              -Machine arrière !

              Les deux navires se retrouvent bord à bord, et l'univers sombre dans le chaos. Une pluie de grappins jaillit des deux batiments pour les encorder fermement l'un à l'autre, et dans l'instant ou les coques se rapprochent, tout le monde ouvre le feu. Une pluie dense de mitraille noie les ponts exposés, des boulets de canons traversent les sabords pour s'attaquer aux canonniers d'en face et le monde disparait presque dans un épais nuage de poudre acre et brulante. Plus haut, le pont supérieur du Circonstance spécial nous donne l'avantage, et précédant les passerelles de débarquement, une pluie de grenades s'abat sur le pont pirate pour ébranler la résistance ennemi et ouvrir la brèche qui permettra aux troupes d'assaut de prendre pied sur le navire.

              Plus haut la situation semble plus compliqué. D'un mat à l'autre,d es grappes de tireurs d'élites échangent coups pour coups avec ceux d'en face, mais il est vite clair que c'est chez la flibuste que se trouve le meilleur tireur... debout à l'avant de son navire, Shoti Shota fait pleuvoir une pluie de projectiles qui décime les hommes de la 102eme, envoyant une pluie de corps s'écraser sur le pont comme autant de fruits trop murs.

              -Commandant Yamamoto, vous menez l'assaut ! Nettoyez le navire ennemi nous nous chargeons du notre !

              Et pendant qu'une marée rouge se déverse en hurlant sur le pont ennemi, je me saisis de mon sabre pour me joindre à l'assaut sur le logia qui menace de mettre le feu à mon bâtiment.
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              Évidemment, j'avais été vue. Pas par les hommes sur le pont, ni les haut-officiers, mais bien par la seule personne aveugle à bord. J'avais entendu parler de ses talents : sa cécité était un handicap qu'elle avait tourné en sa faveur, son observation se hissait au-delà de tout ce qui existait. Sans ciller, elle m'avait décoché une lame de vent, visant directement l'endroit où j'aurais dû avoir des organes vitaux ; sans même détourner le visage, sans même poser sur moi ses yeux vitreux.

              Par réflexe, j'avais tiré Demi de ma cuisse pour parer le coup, usant du Haki pour m'assurer de pouvoir correctement l'annuler. À ma grande surprise, le courant d'air tranchant continua sa course et je ne pus qu'esquiver à temps ce qui était en vérité une simple démonstration de puissance. Pour une fois depuis longtemps, je me trouvais face à un adversaire plus fort que moi. Face à ce constat, je peinai un instant à garder une attitude délétère, révélant une angoisse : celle de m'être peut-être fourrée dans un ultime guet-apens, mon tombeau.

              Boïna était à demi-tournée dans ma direction à présent. Elle n'attendait pas de réponse à sa question purement rhétorique, mais peut-être rechignait-elle à engager davantage le combat pour une raison qui semblait évidente : ses hommes. Je la soupçonnais de valoriser leur vie, à l'inverse de certains autres membres de l’état-major ou de chefs d'équipe du Cipher Pol.

              Profitant de ce court répit, je fis voler Quart dans mon autre main et fléchai les jambes, prévoyant d'utiliser Demi comme une dague pour parer les coups. Ma posture habituelle lorsque j'avais à faire à un adversaire coriace.

              « - Ainsi donc ce qu'on raconte à propos des amiraux est vrai. Vous êtes des monstres, vous aussi. »

              Même s'il semblait évident qu'il s'agissait d'un duel entre l'aveugle et moi, un des deux gardes dans mon dos leva son fusil et me mit en joue. Je n'eus aucun mal à pressentir sa menace, néanmoins, et lorsque le coup partit, je l'esquivai aisément tout en balayant la présence du héros d'une puissante lame d'air qui finit sa route dans les voilures, les déchirant comme du papier. Ce premier coup fait au navire laissa comprendre aux officiers qu'un combat en mer sur leur propre bâtiment n'était peut-être pas la meilleure des idées.

              « - Si vous me laissez partir avec le Roux, vous pourrez poursuivre votre traversée sains et saufs. Je n'ai rien contre la Marine, vous n'êtes que de simples outils du Gouvernement Mondial. Cependant, si vous décidez de vous mettre sur mon chemin, eh bien... »

              Une lueur turquoise enveloppa mes armes, déjà recouvertes de haki, pour ponctuer ma phrase laissée en suspens. Il était évident que je ne bluffais pas. Cependant, car il s'agissait de le prouver pour les quelques uns encore sceptiques, je fonçai en direction de la commandante et, au dernier moment, essayai de la prendre à revers. Sans la moindre peine, elle prédit mes mouvements et para le coup ; le choc de mes armes sur son sabre se répercuta aussitôt, faisant s'élever des vagues épaisses tout autour du navire. Une tempête venue des tréfonds marins semblait surgir de nulle part. Elle s'intensifierait à chaque échange, même si pour l'heure je regagnai ma place grâce à un bond en arrière tandis que le navire se faisait ballotter dans tous les sens.

              Non loin, la bataille navale continuait à rugir. Une intense lueur rouge éclatait au loin sur l'un des navires et éclairait le paysage, œuvre mystique que je n'arrivais pas à expliquer. Nul doute que le coût de nos actions viendraient se répercuter jusqu'à eux, si nous décidions de mener ce combat.


              Dernière édition par Eleanor Bonny le Mar 20 Avr 2021 - 4:20, édité 1 fois
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              Pourquoi est-ce que je perds mon temps avec cet énergumène, alors que d’autres s’amusent un peu plus loin, se demanda le contre-amiral. La réponse à cette question n’était pourtant pas difficile : son adversaire était robuste. Ador était un bon épéiste qui, malgré la détention, n’avait rien perdu de ses qualités. Ethan ne doutait jamais lors d’un combat. Néanmoins, la question demeurait, à savoir s’il allait ou non l’emporter face à son adversaire. Mais l’insulte qu’il lui avait proférée était impardonnable, d’autant plus qu’il savait maintenant qu’il avait des vus sur son héritage.

              Le temps changea. Le contre-amiral n’eut évidemment pas la prétention de croire que son affrontement pouvait causer des changements climatiques. Cependant, il observait du coin de l’œil la rencontre entre Bonny et Boïna qui, pour le coup, perturbaient toutes les deux la météo locale. Il n’avait aucun doute sur les capacités de l’amirale, mais s'il savait qu’un affrontement long et redoutable ne causerait que trop de pertes. La rejoindre et la soutenir était devenue sa priorité. Son affrontement avec le supernova devait prendre fin le plus rapidement possible.

              Ador fondit sur son adversaire. Les contacts semblaient moins lourds, mais plus rapides et plus élégants. Les parades du contre-amiral faisaient penser à une danse minutieuse et très légère, assez agréable à observer, sans toutefois négliger l’efficacité de celle-ci pour assurer sa défense face aux assauts incessants du criminel. Il fit un bond en arrière pour mettre de la distance. Le pirate avala rapidement mes mètres pour empêcher à Ethan de s’éloigner de lui. C’était précisément ce que recherchait ce dernier : la précipitation.

              Il tendit son bras robotique, une fois qu’il estimait son adversaire suffisant proche de lui, afin de lui envoyer une bonne décharge. En un instant, son bras s’illumina et généra des jets foudroyants sur son adversaire qui, malgré la douleur, serra et envoya une lame d’air avant de s’étaler au sol. Étant trop proche pour éviter l’attaque, Ethan ne put que parer partiellement l’attaque avec sa lame, mais il fut projeté en arrière et entaillé à divers endroits. Sa tenue tombait en lambeaux à certains endroits, le tout accompagné de gouttelettes de sang.

              Après une rapide roulade arrière, il se remit sur ses deux jambes, s’apercevant qu’Ador arrivait déjà au-dessus de lui. Les jets n’étaient pas assez puissants, il avait manqué de temps pour générer plus de puissance. Saisissant sa lame à deux mains, celle-ci se recouvra pressamment du haki de l’armement, donnant une sombre teinte violette au meitou. Le temps sembla légèrement plus lent au contre-amiral, qui usa de son haki de l’empathie pour déterminer la zone la plus fragilisée de la lame d’Ador, déjà bien émoussée.

              Tout en se redressant grâce à une extension explosive de ses jambes, Ethan envoya sa lame vers le haut, en direction de son adversaire en y mettant l’ensemble de ses forces. Son regard en disait long. Un regard empli de détermination et de rage. À le voir ainsi, on aurait pu croire à un chien enragé. Les deux lames s’entrechoquèrent. Le choc ne fut pas comparable à celui des deux femmes, mais tout de même assez percutant. La victoire se décida sur la qualité de la lame. En effet, l’épée d’Ador, volée à un marine peu précautionneux, ne put résister au meitou du contre-amiral qu’il chérissait presque plus que tout.

              Sa lame se brisa, il reçut de plein fer le coup tranchant de l’officier, qui coupla son attaque à une puissante lame d’air envoyée vers les cieux. On eut presque l’envie de dire qu’elle trancha le ciel en deux, mais non. Ador tomba au sol, inerte. Du sang jaillissait de son corps. Fallait-il le soigner ? Après tout, il devait être exécuté, alors ici ou ailleurs... Ethan rengaina sa lame et observa le champ de bataille. Il n’avait pas réellement l’étendue des batailles qui avaient lieu autour de lui. Rejoindre l’amirale. Mozart et Daniel arrivèrent assez rapidement. Le danger était presque écarté dans les cales. Ils observèrent silencieusement la plaie sur le torse d’Ador, puis les entailles éparpillées sur le corps d’Ethan.

              - Si ça ne tenait qu’à moi, je le laisserais mourir ici-même sans m’en soucier. Malheureusement, il suffit qu’une bonne âme passe par ici pour le récupérer, le soigner et le remettre en fonction.

              - Notre mission consiste à ramener les prisonniers, non à les exécuter, Levi, tempéra fermement le commodore Mattflefield.

              Ethan balaya cette réponse de la main et disparut sans piper mot.

              - Yeh-Yeh ! On m’demande jamais mon avis à moi, dit le cyborg en jouant une note métallique.

              - On devrait, Mozart, on devrait, fit le commodore en tapotant l’épaule de son vieil ami.

              Le contre-amiral réapparut aux côtés des deux femmes qui s’affrontaient, celles qui étaient les causes de ces vents et de ces vagues soudaines. Ethan ne pouvait pas intervenir dans ce duel de titans. Il reconnut Bonny sans l’ombre d’un doute. Ils s’étaient déjà rencontrés, quelques temps auparavant, à Marijoa où les agents du gouvernement se retrouvaient. Elle avait changé depuis. Excepté son physique, Levi sentait en elle quelque chose de nouveau. Boïna restait impassible. Il était encore plus difficile de déchiffrer une quelconque émotion avec ses yeux blancs.

              Une intervention d’Ethan serait sans doute mal venue pourrait gêner l’amirale plus qu’autre chose. Le temps de récupérer de son précédent affrontement, qui l’avait tout de même usé, il décida d’observer les deux combattantes. L’officier redoutait évidemment une attaque de la pirate, primée à la hauteur de ces actes, dont les dégâts pourraient dramatiques pour tout le monde. Un excès de rage et tout le monde pouvait finir à l’eau sans moyen d’embarcation. Les pertes seraient très importantes. Le contre-amiral resta à sa place, mais pas dissimulé, de telle sorte qu’il soit bien vu de tous, notamment de l’amirale au cas où elle le solliciterait.

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              Une chose était sûre, avec Jakku on ne s'ennuyait jamais. Le navire de la 102ème continuait de pilonner le navire ennemi et au même moment une silhouette se jeta sur le pont du bâtiment des marins d'élites.
              Pas le temps de se poser des questions que cette horloge de Kattar ordonnait déjà à Lin de jeter l'intruse à la mer. Les marins sur le pont ajustèrent leurs lunettes nocturnes, prêts au combat et la commandante d'élite discerna avec son regard félin la fameuse Nakajima.


              *Il est drôle le Jakku, mais...*


              Impossible de louper la cible, le magma luisait sur tout le corps de la pirate, la chaleur et la couleur qui s'en dégageait n'annonçaient rien de bon.

              *Bordel, UN LOGIA QUOI !*

              Quelques marins un peu fou s'élancèrent sur l'intruse, espérant peut-être arriver à frapper sur un malentendu une personne faite de magma. Tomber sur le logia de la lave comme première expérience y avait mieux, mais la tigresse accueillit le défi avec un large sourire.

              - Inutile de se retenir hein...

              Lin enleva sa veste, pris une grande inspiration et en quelques secondes son corps se recouvrit du pelage orange qui caractérisait son fruit du démon. Elle ne brillait pas dans la nuit comme Aoi, mais la rouquine de la marine savait aussi se faire remarquer !
              Il fallait d'abord jauger la situation, Lin tenta de prendre la pirate sur le flanc, armant ses griffes, cherchant un moyen de frapper. Nakajima ne se laissait pas avoir par des stratagèmes aussi basiques, d'un geste une gerbe de lave jaillit sur la tigresse. Grâce à ses réflexes félins, la commandante parvint à dévier la frappe à l'aide d'une lame d'air. Les poils légèrement roussie, elle recula pour faire un point sur la situation.


              *Bon, c'est la première fois que je m'en sers sur ce genre d'adversaire mais quand faut y aller...*

              Pas le temps de souffler, Aoi avait bien vu que Lin était sans doute la seule adversaire potable sur le pont. Les frappes de laves fusaient sur la tigresse qui ne pouvait qu'esquiver du mieux qu'elle pouvait, sentant parfois des particules de laves venir lui mordre le poil. À chaque esquive le bateau prenait tarif et il était impossible d'ignorer les plaintes de l'équipe de navigation.

              - QUE QUELQU'UN VIRE CE VOLCAN DU PONT !

              La jeune femme serra les dents, il fallait contre-attaquer.

              *Aller, CONCENTRE-TOI Lin !*

              Un nouveau projectile de magma fusa sur Lin, la marine arma son poing, s'avança d'un pas vif et en l'espace d'un instant son bras se recouvrit d'une fine pellicule noire. Le coup vint dévier le projectile incandescent.

              - TU VAS ARRÊTER DE POURIR NOTRE NAVIRE SALE GARCE !

              La tigresse sauvage était de retour, vive comme une bête sauvage elle ne tarda pas à venir se confronter à Aoi au corps à corps. Avec ses bras armés de haki elle n'hésita pas une seule seconde et envoya une double frappe dans le torse de Aoi, la poussant à l'autre bout du pont.

              - Tu vas voir ce que ça donne un Zoan déchainé, pirate !

              *AHHHH PUTAIN MÊME AVEC LE HAKI J'AI L'IMPRESSION D'AVOIR MIS MES POINGS DANS UNE FOURNAISE CA FAIT MAAAAAAAL.*

              Affichant un faux visage plein d'assurance pour cacher la douleur, si Lin avait de quoi se confronter à un logia, elle manquait encore d'entraînement…
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