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Le Don de se foutre dans la merde

Rappel du premier message :



Les détours de Ragnar, qu’il voyait d’un mauvais œil, s’avéraient plutôt lucratifs au bout du compte. Sur le chemin pour retrouver Yukikuraï, avec lequel Ragnar commençait à se familiariser au fil des aventures, ce dernier rencontra une nouvelle recrue, Canaille Rogers. Elle semblait assez déterminée et plutôt fidèle à la cause. Elle était dans la révolution avant sa rencontre avec l’Atout, mais dans la section secrète. La méfiance était de mise, notamment du côté de Suelto qui veillait toujours sur les arrières de son ami. Mais de son côté, Ragnar l’avait apparemment bien intégrée.

Ce qui les attendait n’avait rien de simple, ni d’accessible ou d’encourageant. Leur destination n’était autre que le Don des Saints, anciennement Troop Erdu, où se trouvait toute une famille de dragons célestes. Avant même de s’y rendre, les trois aventuriers s’avaient déjà que le lieu était hautement gardé et sécurisé. La nouvelle recrue était certainement celle qui craignait le moins, étant inconnue du monde entier. Pas de prime. Pas d’identité. Rien. Un fantôme. Pour ce qui était de No-Body, et plus encore de Ragnar, la tâche allait être un peu plus ardue.  

À bord d’un navire commercial, décoré de manière luxuriante pour rentrer les codes de ce royaume, les trois révolutionnaires arrivaient enfin au port. Des descriptions recueillies sur ce qu’était Troop Erdu, l’Atout put aisément constater qu’il n’en était absolument rien. Cet ancien trou à rats peuplés de paysans consanguins étaient maintenant remplis de seigneurs tout autant consanguins. L’architecture était pour le moins spectaculaire, imposante et majestueuse. Le prix d’un tel changement devait être colossal, pensa Ragnar, songeur.  

L’occupant du siège de la Guerre était intégralement caché dans un livre. Initialement vierge, il a investi chacune des pages de textes bibliques et dessins à connotations religieuses. Un œil et une bouche se formaient de temps à autre sur la couverture afin de voir et d’interagir avec ses camarades. Sa grande notoriété lui imposait forcément une certaine discrétion. N’importe qui, au Don des Saints, pouvait reconnaître l’Atout s’il se promenait sans se soucier de son apparence. Sa démarche pourrait même susciter des doutes chez certaines personnes qui l’auraient déjà rencontré.  

Suelto serait celui qui déposera le livre – dans lequel se trouvait Ragnar - à l’endroit suggéré pour réaliser sa mission. Le plus fidèle allié de Ragnar était élégamment vêtu d’un costume trois pièces, se faisant ainsi passer pour un riche homme d’affaire. S’il était interrogé, il saurait certainement quoi répondre, songea l’Atout. Son rôle était minime et ne nécessitait pas de prendre un grand risque. Transporter Ragnar, ou du moins le livre, jusque dans l’un des vastes égouts. Tout simplement. De là, le révolutionnaire pourrait aisément remonter jusqu’au cœur de l’immense réseau d’eau du royaume.

Avant de tous se séparer, il toisa ses amis du regard quelques instants. La mission était pour le moins périlleuse. En bons professionnels, chacun semblait la prendre avec légèreté, mais il voulut s’assurer que la détermination brillait dans leurs yeux. Au-delà de l’échec, c’était leur perte qui l’inquiétait plus que tout, bien que cela ne fasse malheureusement parti du métier. Aucun d’entre eux n’était immortel, pas même Ragnar. La mort les attendait tout ou tard, alors pourquoi pas en ce jour ? C’était typiquement ce genre d’idée qu’il fallait balayer de l’esprit avant de commencer. La peur pouvait aider à jauger le danger, mais certainement pas à freiner. Le doute n’avait pas sa place ici.

- Camarades, si vous n’avez pas de question, je démarre dès maintenant le compte à rebours. Dans vingt-quatre heures, ce navire repartira avec ou sans nous. Bon courage, fit-il avant que sa bouche ne disparaisse de la couverture.

Ragnar semblait serein. Une fois le décompte lancé, nulle place à un quelconque sentiment. L'objectif seul comptait pour lui à présent.


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Canaille savait pertinemment qu'on croquant dans le fruit démoniaque, quelque chose allait changer. Elle ne savait juste pas quoi exactement. Et à l'intérieur de son corps, de nouvelles fonctionnalités semblaient s'ajouter, son estomac se distorde, ses membres se vider, se creuser, s'emplir d'une force nouvelle. Plus concentré par son travail d'introspection, elle ne remarqua qu'au dernier moment Suelto qui arrivait, portant dans ses bras le précieux livres contenant Ragnar. La ruse du livre de compte avaient dû fonctionner, car il avait sur le visage un air victorieux qui ne trompait pas la jeune recrue des Libérateurs.

Canaille connaissait les gens, et les navires. Ces deux capacités innées pour elle, étaient la raison de sa présence sur ce navire. Elle aidait à la navigation en tenant la barre, et elle savait quand quelqu'un était un faux jeton, un couard, un imbécile, ou un traître. Elle avait l'instinct aiguisé. Et elle savait une chose sur Suelto et Ragnar ; Ils étaient de vrais révolutionnaires, certes brutaux, mais efficaces. Elle aurait pû stopper sa mission de surveillance là, et retourner dans le giron de Justice faire son rapport. Mais comme une fascination morbide, elle voulait en découvrir plus sur Ragnar et son équipage. Ils étaient ... Exhubérants, malpolis, rustres. Ils étaient incroyables.

- Ah, Canaille, fit-il en déposant le livre-ragnar sur une table proche d'elle. Tout le monde est là ? Il va falloir penser à déguerpir ...

- Non, y'a encore l'autre face de plume qui manque, qu'elle fit, laconique. Elle avait faim, terriblement faim. Mais la nourriture ne semblait plus l'appâter comme autrefois. Elle voulait quelque chose de plus "solides", de plus "consistant". Qui craquerait sous la dent. Même son sabre avait une odeur plus alléchante en ce moment même, que les gros jambons dans le fumoir du navire.

Sur ses entrefaits, arriva Yukikurai en trombe, qui semblait autant paniquer que tout les membres d'équipages, qui guettaient des navires arrivant au loin avec leur longues vues. Suelto donna le signal un fois le no-body installer à bord, et le bâtiment se mit en branle. De son côté, Canaille mordit dans son sabre, une première fois. Ses dents tordirent le métal et elle l'ingéra comme une gigantesque chips. C'était terreux, comme un légumineux qui aurait passé sa vie dans le bousin. Et ça avait un goût terriblement savoureux, à tel point qu'elle termina son épée en quelques bouchées.

Elle se rendit compte que tout le monde la regardait, et commença à rougir. Bah quoi, j'ai un truc sur le visage ? Lâcha-t-elle en suintant d'un liquide argenté, qui se rependait en flaque autours d'elle, d'une couleur sans équivoque. Même de ses yeux s'écoulait du liquide grisâtre, de la même couleur que son sabre...  

Pendant ce temps, le navire continuait sa course sans son principal chauffeur, charrié par les courants marins qui agitaient les eaux du Don des Saints.
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C’est réellement ce foutu chat qui nous a sauvé les miches ? Je serai curieux de savoir si Yumi serait capable de tenir debout face à lui, se demanda Suelto en sautant sur le pont principal du navire.  

Yumi, c’était la vigie de l'équipage, un alcoolique, mais aussi un bon épéiste auquel Ragnar a jugé bon de confier son meitou, Divinité. Suelto remarqua rapidement des changements opérés sur Canaille, puis en observant de nouveau les dégâts effectués par le chat, il comprit brièvement que la jeune femme avait atteint ses objectifs et semé des fruits en ville. Ce qu’il ignorait, c’était qu’ils furent perdus plutôt que semés. Cela ne l’intéressait pas des masses, puisque cette étourderie provoquait en quelque sorte leur sauvetage.  

Yukikuraï rejoignit la troupe en tombant du ciel. Ils étaient enfin complets à présent. Le démarrage avait été en partie anticipé, mais les soldats de la marine commençaient à se remettre sur pieds et à mettre l’équipage en joue, les menaçant de tirer s’ils ne s’arrêtaient pas. Mais bizarrement, ils ne semblaient pas s’inquiéter plus que ça de la fuite des criminels. Ragnar s’éjecta du livre à toute vitesse, intrigué par ce qu’il sentait approcher. Il leva la tête vers la vigie, en direction de Yumi, qui ne semblait pas plus inquiété que ça par la situation.  

- Yumi ! Qu’est-ce que tu vois au sud, bon sang ?  

L’alcoolique plaça sa longue-vue dans la direction indiquée, mais c’était le calme plat.  

- L’ennemi arrive en-dessous de nous, armés jusqu’aux dents et accompagnés d’une belle brochette de chiens de garde, fit-il en fixant le royaume qui s’éloignait peu à peu sous les sourires béats des soldats. Quant à moi, je ne m’attendais pas à ce qu’elle quitte les Yonesku, mais comme nous partons, elle doit estimer qu’ils sont hors de danger.  

- De qui parles-tu ? S'enquit de demander Suelto avec une légère crainte pas du tout dissimulée.  

- De cette chienne de Salih, rétorqua le révolutionnaire en s’allumant une mèche. Je me charge de la tenir éloignée du navire, sinon nous sommes foutus. Concentrez-vous sur le déblayage du chemin, c’est tout aussi important pour des raisons évidentes.  

Ragnar se mit en garde quand les soldats firent une haie d’honneur à la sous-amirale. Une femme surgit rapidement, prenant une bonne impulsion pour s’envoyer en l’air. L'atout remarqua évidemment la puissance déployée pour effectuer un tel saut. S’il s'agissait d’une simple épreuve de saut en longueur, elle pourrait aisément atteindre le navire. Mais durant son envol, elle balança une certaine quantité de grande aveuglante, afin d’empêcher son adversaire de tenter quoi que ce soit. Malheureusement pour elle, ce genre de stratégie n’était pas adaptée pour l’Atout qui, depuis presque toujours, s’était débrouillé sans yeux.  

En plus de ses sens exacerbés, son mantra lui permettait aisément de localiser sa cible. Il dégaina alors ses deux dagues aussi vite que l’éclair, les bras croisés, puis balança deux puissantes lames d’air en décroisant ses bras. La sous-amirale sortit ses deux hachettes, s’enroula pour effectuer des vrilles, puis frappa les lames d’air avec ses armes, profitant de la puissance développée pour les dévier. Cette attaque l’avait à peine ralentie, comme le pensait l’Atout. Il fallait employer les gros moyens pour espérer stopper un adversaire cette trempe.  

Il déploya une dense quantité d’encre autour de lui qui, après quelques instants, se concentra sur ses bras dont la masse augmenta de manière exponentielle. On ne voyait presque que ça, prenant l’ascendant sur le navire. Cela créa même un léger déséquilibre sur l’engin de bois qui commençait à tanguer. Rapidement, d’énormes poings se formèrent, les deux renforcés au fluide de l’armement, avant de s’entrechoquer pour écraser l’officière de la marine. Dotée d’une force colossale et d’une maîtrise du karaté aquatique, elle finit par stopper l’attaque de son adversaire.  

Le révolutionnaire n’espérait pas lui infliger de dégâts particuliers, peut-être quelques secousses dans tout son corps, mais rien de bien dangereux. Cependant, il savait pertinemment qu’elle tenterait de prendre appuis sur ses membres pour effectuer un nouveau saut. Hélas pour elle, les bras fait d’encre solidifié, retrouvèrent une forme liquide et s’écoulèrent dans l’eau de mer, accompagnant la sous-amirale dans leur chute. Il avait gagné un peu de temps avec celle-ci, le temps qu’un navire soit affrété pour la récupérer et poursuivre les révolutionnaires.  

L’Atout revint sur ses pas pour soutenir ses alliés.

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Comme je l’espérais, notre navire quitte le port avant même que je touche le pont. Ça c’est de l’efficacité. Je vois que Suelto regard perplexe un groupe de marine qui vomit. J’avoue, c’est étrange, mais ça nous arrange.

Ragnar sort de son livre pour voir ce qu’il se passe également. Il a l’air entier, c’est bien. Je cherche Canaille des yeux pour voir si elle aussi est un seul morceau. Je la voie statique, elle s’observe. Les autres l’observe également. D’où je suis, j’ai comme l’impression qu’elle fume. Non pas une cigarette ou un cigare. Son corps semble irradier. Je me rapproche et là je voie qu’elle sue en drôle de liquide. Il est gris et visqueux, mais son odeur particulière que je reconnais entre mille. Après tout je suis forgeron et elle, elle sécrète du métal fondu. Après la seconde d’incompréhension, je l’interpelle.

« Mais, mais qu’est ce que tu fais Canaille ? Tu veux foutre le feu au navire ? L’acier en fusion c’est plus de mille degrés, si ça touche le bois il risque de prendre feu !

Puis comment est-ce que tu fais d’abord ? Tu es au courant que ce n’est pas humain ce que tu fais ? »


Je n’eus pas le temps de me rendre compte que ce que je lui disais était totalement con, car nous n’étions pas encore sortis de l’auberge. Si tout s’est bien passé jusqu’à maintenant, là ça avait l’air de se gâter. Ragnar repoussa une femme très forte et bien gradé d’après ça petit veste classe. S’il y avait un truc bien à la marine, c’est les vestes des hauts gradés, les quelque chose Amiral. Enfin, bon on n’est pas ici pour un défilé de mode. Apparemment Ragnar s’en occupe. Nous on doit arriver à passer le blocus qui se forme. Mais bordel c’est un navire marchand qu’on a. Je ne sais même pas si on a vingt canons. Pas de panique, il faut analyser la situation.

Bon la situation, laquelle est-elle ? Il y a des navires de la marine qui apparaisse pour venir faire un blocus maritime. Il y a même un sous-marin qui vient boucher une faille dans leur formation. Je ne sais pas trop comment on va faire, mais je sais ce qu’on doit faire.

« Il n’y a pas mille choses à faire les gars ! Il faut péter un navire en face, un seul suffira à ce qu’on se faufile entre les mailles de leur filet. Les autres navires, il faudrait les endommager pour qu’ils aient du mal à nous poursuivre. Genre on vise, leur mât et les voiles. C’est simple non ? »

Je fis preuve d’un optimisme que je ne possédais pas vraiment. Si on arrivait à faire cela, on avait une chance de fuir le Don des Saints après y avoir foutu le boxon et se serait quelque chose. Par contre, pour que ça marche, il faut que notre navire et nos voiles restent intact. Je mis donc à défendre le bateau contre tous les projectiles que l’on commençait à nous envoyer. J’avais fort à faire, mais j’arrivai tant bien que mal à balancer une lame d’air en direction de la flotte ennemie. Cependant, on était encore un peu loin et elles disparaissaient avant de toucher leur cible.

Pendant ce temps, sur le côté tribord des révolutionnaires un boulet fut dévier par la marine avant qu’il n’atteigne ça cible. Et ce boulet vint percuter Kalamity Gérard… Aussi appelé Gérity le Kalamard ! Ce boulet perdu vint casser le boitier de contrôle qui permettait à la sous-marine de le contrôler leur monstre marin. En plus de cela, un marin eu le malheur de lui dire : Qu’est-ce que tu fous, tête de poulpe ? Lui un Kalamar géant, il se mit attaquer le premier navire à ses côtés.

« Les gars directions sur les tentacules, elles nous ouvrent un chemin ! »

« Hé, Rogers, au lieu de tenter de foutre le feu à notre navire essaie plutôt ceux qui nous barre le chemin. Puis si tu n’y arrives pas, pisse dans l’eau ! Ça devrait faire un nuage de vapeur pour nous masquer. Huhu! »


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"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"
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Tandis qu'un premier navire tombe aux mains -ou au tentacules plutôt, du calmar, Canaille de son côté, continue de suinter du métal liquide. Il éclabousse les planches du bâtiment sur lequel elle se trouve, bulle et se refroidit en quelques instants. Comme si le fait de le mettre à l'air libre avait permit d'en faire un composé solide en quelque secondes. Coincée dans sa gangue de métal, comme une camisole de force qui l'empêchait de faire le moindre mouvement, elle assista comme spectateur forcée de regarder, la suite des évènements.

Tandis que Ragnar revenait, elle tendit un bras dans sa direction, impossible de parler avec le métal qui s'écoulait se solidifiait dans sa bouche. Elle était une vrais fontaine à minerai. Incapable de faire le moindre mal aux équipages en face, elle se transforma en une statue immobile, et néanmoins reconnaissable entre mille par les adversaire. Elle qui était sous le sceau du secret, n'aimait pas du tout cette impuissance à cacher son identité à la marine, en tant qu'excuse de Justice.

Après tout, elle se dit que le métal qui recouvrait sa peau la protégerait des assauts, tout en voilant son physique complet aux adversaires. Quelques navires entamèrent la poursuite, mais une volée de dix canons assez puissants pour un navire marchand, avait très tôt fait de les garder à distance du côté bâbord et tribord.

S'engouffrant dans le vide qu'avait laissé Gérard dans les défenses de la marine et de la sous-marine, le bateau de Suelto, Ragnar et compagnie, vogua aussi fort qu'il le pouvait pour sa composition. Une goélette de cette envergue, avait l'avantage d'être vive, rapide et facile à manier. S'inquiétant de ne pas être à son poste, la navigatrice Rogers se débattit de toutes ses forces à l'intérieur de son cocon métallique.

elle parvint enfin à casser de l'intérieur la fin pellicule grisâtre qui l'engonçait, et souffla, les mains sur les rotules.

Elle rejoint Suelto en passant devant tout ceux qui la regardait à présent comme une bête curieuse. En plus d'être un femme, elle était à présent une entité démoniaque aux yeux de certains, deux êtres qui portaient la poisse sur un navire de guerre.

Pourtant, sans la moindre remarque, le second de l'équipage l'accepta à ses côtés, ainsi que Ragnar qui regardait de loin s'éloigner les bateaux de guerre de la marine, bientôt distancé par le quatuor dont chacun avait son rôle à jouer. Yukikurai pour la cohésion, Ragnar pour les ordres, Suelto pour le morale, et Canaille gérait la navigation, la direction les vents et courants maritime.

C'était son rôle de briller : Allez, on m'ouvre le grand phoque, on réduit la voilure de bâbord, et on me sème ses gaillards, mes braves ! Qu'elle fit en s'adressant à Ragnar pour qu'il donne les ordres à sa place.

Il était après tout, le capitaine de ce navire aussi.
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Ragnar observa Canaille s’adonnait à la maîtrise de sa nouvelle malédiction. La voir ainsi rappela à l’Atout ses longs moments de maîtrise. Il se remémora ces moments insoutenables sur cette île dont les températures dépassaient largement les normales de saison et dont l’humidité était insupportable. Ces conditions météorologiques favorisaient malheureusement la liquéfaction. Les pouvoirs de ces fruits étaient une véritable malédiction. Elle octroyait un certain pouvoir à celui qui l’ingurgitait, mais les contreparties étaient souvent bien trop grandes aussi.  

Ne plus pouvoir survivre en eau de mer en était une bonne déjà. Et ensuite, à l’instar de Canaille actuellement, la maîtrise de ce dernier était souvent longue et pénible. D’autant plus que la situation dans laquelle ils se trouvaient nécessité la pleine possession des capacités de chacun. Bien que la chance leur sourit, que l’un des monstres marins péta les plombs pour s’en prendre aux siens, ils n’étaient pas encore tirés d’affaire. Comme le suggérait la jeune femme, déguerpir d’ici était la chose la plus évidente à faire.  

L’Atout jaugea un peu la situation. Chacun de ses camarades semblait prendre les choses en main avec une certaine légèreté. Il ne le blâmait pas, bien au contraire. Le sang-froid dont ils faisaient preuve le rendait fier. Salih avait nagé un long moment, pourchassant sans cesse ses cibles. Ragnar fut impressionné par sa nage presque semblable à celle d’un homme-poisson. Néanmoins, elle dut retrouver appuis sur un navire pour repartir. Il ne devait pas laisser une telle chose se faire. La sous-amirale ne se ferait pas avoir aussi facilement que précédemment.  

Le révolutionnaire leva le bras vers le ciel. On semblait croire qu’il tentait d’effleurer les nuages avec la paume de ses mains. Quelques instants plus tard, un léger nuage fait d’encre apparut, se densifia avant d’avoir une taille suffisamment importante pour assombrir toute la zone occupée. Cette masse d’ombre se trouvait à une quarantaine de mètres au-dessus de leurs têtes. Cela ne présageait rien de bon et chacun des soldats de la marine le savait. Pour redonner du baume au cœur à ses soldats, la sous-amirale commençait à préparer son saut, mais les nuages attendaient justement cet instant.  

Ragnar baissa alors le bras. Une pluie torrentielle de flèches d’encre solidifiées vint s’abattre sur l’ensemble de la zone. Seul le navire marchand de la Révolution était épargné. Les flèches touchèrent toute la zone couverte par le nuage. Les monstres marins étaient touchés, moins violemment pour ceux encore dans les profondeurs, les navires saccagés, sonnant la sonnette de retraite. L’attaque était aussi impressionnante qu’inattendue. L’Atout dévoila ainsi sa puissance à l’ensemble de ses hommes, mais aussi à ses adversaires qui avaient à cœur d’en découdre avec lui. Mauvaise idée.  

- Qu’attendez-vous, fainéants ?! C’est notre dernière chance ! hurla le rouquin.

En effet, au-delà de la réserve d’énergie qui se diminuait considérablement, la précision du révolutionnaire diminuait également au fur et à mesure, risquant malheureusement de toucher leur moyen de transport. Suelto et Yumi durent déjà dévier certaines flèches. En sueur, un genou au sol, Ragnar continua tant bien que mal de maintenir son attaque, forçant l’ennemi à reculer et ouvrir le passage à son équipage. Très peu lucide dans son état, il estimait que Salih pouvait encore les rattraper. En réalité, elle était maintenant trop loin pour un tel exploit. Les voiles étaient complètement déchirées et les mâts partiellement endommagés.

- Tu peux arrêter maintenant, dit Suelto en tapotant l’épaule de son chef. Inutile de trop en faire, abruti. Tout le monde a compris que c’était toi le chef.  

L’Atout esquissa un sourire.  

- Marcel. Mets le cap sur Aeden. On va se planquer un petit moment.

Le navigateur acquiesça avant de reprendre le gouvernail. Ragnar se tourna ensuite vers Rogers.

- On ne repartira pas tant que tu n’auras pas maîtrisé ta malédiction. En l’état, t’es un danger pour nous autres, fit-il en lançant un sourire mesquin dans sa direction.  

La réalité était que Ragnar comprenait Rogers mieux que quiconque à bord. Il avait même prévu de l’aider. Il adressa ensuite un regard reconnaissant en direction de Yukikuraï qui, encore une fois, avait pris de bonnes initiatives. Il simula ensuite la rédaction d’un rapport qui l’attendait dans ses quartiers, mais il s’écroula complètement sur son divan avant de s’endormir paisiblement. Cette dernière attaque était encore dans sa phase expérimentale et lui demandait actuellement bien trop d’énergie. Plus encore quand elle était couplée aux différentes formes de haki.

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