Quel Rabat joie celui-là ! Il se jette sur un groupe qui passe dans la rue avec le style d'un adolescent torturé. On croirait voir un passage à tabac plus qu'un véritable combat. Le magicien n'apprécie pas la concurrence, car il vient de retirer tout le comique de la scène. Autant d'ego, cela doit être difficile à vivre. Croyant avoir fini le nettoyage, Alaaric prononce une phrase dont Christy peine à en saisir le sens. Il sait très bien que le pôle 5 veut se faire bien voir en enquêtant de lui-même sur ses agents aussi prometteurs soit-il. Et puis, Tarentule se contrefiche s'il arrive quelque chose de répréhensible, ici. Ce n'est pas sa mission de surveiller ses bavures. Elle reste silencieuse sur le moment. L'agent Tarentule va finir par se dire qu'il veut juste se donner un style ténébreux alors que sa vie n'a été on ne peut plus douce et agréable. Là où son frère est inexcusable, cet adu-lescent est ridicule.
Son fiancé rentre ensuite chez lui. Après un soupir, Tarentule ligote les pillards assommés. Elle compte bien gagner ce jeu, malgré tout. Soudain, un duo de marines accourt vers elle, précipitamment.
"Madame, ne vous inquiétez pas. Nous allons nous en occuper.
-Hihi! Si vous me croyez assez naïve pour tomber dans le panneau. Hors de question.
-Euh… madame? Vous allez bien?
-Mais oui, mais oui.
-Peut-être, est elle en état de choc?
-Oh, que vous êtes collants! Dites-moi plutôt où je peux en trouver d'autres.
-D'autres ? Et bien, madame, nous serions ravis d'avoir un peu d'aide. Mais, la poisse de ses déchets n'est plus à sous-estimer.
-La poisse?
-Oui. Y a même pas un instant, ils ont percuté une importante cargaison de farine et un groupe d'enfants avec une calèche. Un dresseur d'animaux a pu stopper le désastre. Les parents et le boulanger sont furieux.
-Le Commandant Difor a demandé de les réunir sur la place de la ville. Mais ils sont nombreux et éparpillés, il faut du temps pour tous les appréhender. On vous conseille de rester en sécurité à l'intérieur pour le moment.
-Visiblement, personne ne vous écoute. Hihihi !
-Eh… en effet, les gens de Dastrino sont des gens que l'on peine à considérer. Pitoyable, négligé, idiot, vaurien, de la racaille rebutante et nulle en tout point. Normalement, il reste cloîtré dans la montagne. Mais s'il ose, aujourd'hui, nous contaminer avec leur poisse, on ne leur pardonnera pas.
-Oh, je vois."
L'agent Tarentule semble avoir saisi la situation. Dire qu'elle pensait à un événement commémoratif, ce n'est rien d'autres qu'une invasion de poisseux destinée à échouer. Cela en est presque triste. Elle ne peut s'empêcher d'y voir des mendiants qui ne savent pas mendier. Christy prend ainsi un tendre sourire en regardant les Dastinois ligotés.
"Je n'ai rien à faire de mon après-midi. Entre une belle-mère qui me déchire les tympans et un fiancé qui se plaît à imiter l'adolescent dépressif, autant dire que vous me sauvez d'un ennuie monstre. Hihi!
-Euh… vous êtes sur…?
-Oui, oui. Je vous les confie. Prenez-en soin. Je les attraperai tous!
-Mais Madame… !"
Les gardes n'ont pas eu le temps de la retenir qu'elle court déjà vers sa prochaine destination. Regardant autour d'elle, l'agent essaie de reconnaître les pillards en échec. La blonde parvient au niveau du bâtiment écroulé où des soldats ont attrapés les responsables.
"Olala! Ce n'est pas rien comme dégât.
-Ce n'est rien, mademoiselle. C'était un bâtiment abandonné. On prévoit sa destruction bien après, mais ces poisseux ont fait les choses biens cette fois. Haha. Il manque, néanmoins, de verdure dans ce paysage.
-Vous en avez vu d'autres?
-Ils courent comme des poulets sans tête. Ils peuvent être partout…
-Attention, chute de rondins !"
En effet, des rondins de bois déferlent dans l'avenue. La plupart des passants ont le temps de s'écarter. Tarentule active son Rope Action pour créer un filet tendu presque imperceptible sur la rue. Les rondins sont stoppés par sa manœuvre juste à ses pieds. Parmi les rondins, des pillards inconscients n'ont visiblement pas eu la chance d'esquiver cet accident. Un des marines est assez impressionnée par la scène.
"C'est vous qui avez fait cela?
-Oh… euh… "
Mince, sa couverture risque d'être compromise. Il lui faut un subterfuge et vite. Christy sort la première chose qui lui vient à l'esprit.
"J'ai simplement… beaucoup de chance. Hihi!
-J'ai entendu dire que des chanceux ont fait escale, ici. Merci de nous apporter votre bonne fortune. Lieutenant Byoush pour vous servir.
-Oh, comme c’est aimable de votre part. Je vous laisse prendre soin de ceux-là. Les rondins les ont bien cabossés. Hihi! "
Toute joyeuse, Christy semble avoir décelé les mots parfaits pour ne pas éveiller les soupçons. Elle continue à se promener aux travers des ruelles de plus en plus agitées. Soudain, une dizaine de Dastrinois sauvages apparaît dans une ruelle. Ils ont des sacs de patate sur le dos et il émane d'eux une odeur nauséabonde. Joignant ses mains, Tarentule les intercepte avec un grand sourire.
"Où allez-vous comme ça, chers messieurs ?
-Les gars, on la cogne ! C'est la veinarde qui nous chassent !
-Oh ! Les nouvelles vont vite. Hihi !"
L'un des crasseux s'avance, donnant son sac à ses camarades. Le regard déterminé, l'homme possède une aura que ses acolytes paraissent beaucoup respecter.
"Non, même à cinquante, nous pouvons vaincre la vaine. Partez avec le butin. Je la retiens.
-... tu es sûr ?
-PARTEZ! Pour les nôtres! Partez vite!"
Les autres pillards détalent avec leurs sacs comme si leur vie en dépendait. Leur énergie en est presque admirable. Christy ne s'ennuie pas, c'est le moins que l'on puisse dire.
"Vous pensez pouvoir me retenir assez longtemps pour la fuite de tes petits camarades. Gnihihihi ! Ne me faites pas rire.
-Ne me sous-estimes pas!
-Oh oh? Voyons voir cela."
Le Ricanement Demeuré ne semble pas l'avoir atteint. Il reste immobile en fixant la blonde qui lui fait face. Il est rare qu'elle doive commencer les hostilités. L'espionne fait mouvoir ses fils pour attacher les membres de son adversaire. L'art de la Toile lui permet de faire ployer le genou de son adversaire sans difficulté. Elle s'approche de sa victime et se penche en riant.
"Quoi, c'est tout? Ahahah! Quel sacrifice pitoyable. Vous faîtes peine à voir. Regardez-vous. Pris au piège dans des fils pénétrant doucement votre peau à chacun de vos mouvements. Gnihihihi ! Merci pour ce spectacle. Passons à la s…"
Quelques gouttes de pluie tombent sur la tête de Christy. L'homme ne réagit pas, le regard toujours aussi perçant. L'agent Tarentule n'a pas brisé sa volonté.
"Tiens, le ciel était pourtant si bleu."
Les petits gouttes deviennent rapidement une pluie battante. Elle regarde à nouveau son adversaire de haut.
"Je vois, vous contrôlez le climat. Si vous pensez qu'un intempérie m'arrêtera, vous vous mettez le doigt dans l'œil jusqu'au coude…"
Le tonnerre frappe et un éclair violent s'abat dans la ruelle. Surprise, l'agent Tarentule recule d'un pas. Sa victime vient de prendre la foudre de plein fouet, rompant les liens qui l'immobilisaient. Le malchanceux se redresse sous les yeux ébahis de la blonde. Il la fixe toujours aussi intensément.
"Hum, je dois admettre que vous êtes coriace. Hihi ! Je ne pensais pas me divertir autant.
-Dans la poisse… il y a les petits poisseux…ngh… et les grands poisseux. Je fais partir des grands. Je te retiendr…"
Un pot de fleur s'écrase brusquement sur le crâne du malheureux. Il tombe raide. La déception tombée du ciel pour la jeune Tarentule qui voulait jouer avec sa proie. Elle le ligote vérifiant que sa blessure crânienne n'est pas trop grave. Ce bougre est résistant malgré sa maigreur. Élevant sa voix, la jeune femme imite la detresse.
"Kyaaahhh ! Au secours ! À l'aide!"
Elle entend de suite des pas qui accourent en sa direction. C'est fou ce que c'est efficace. Laissant le soin des marines de s'occuper du malheureux, l'espionne a, maintenant, un groupe à pourchasser. Grimpant aux toitures à l'aide de son grappin, ses yeux balayent la ville en hauteur. Elle parvient facilement à repérer le groupe en fuite malgré le ciel gris.
D'acrobaties en acrobaties, Tarentule atterrit sur la tête d'un pillard prenant au dépourvu tous les autres. Son visage est écrasé par les bottes de la Tarentule le mettant directement dans les vapes. Le sac qu'il portait tombe au sol éparpillant son contenu. La jeune femme éclate de rire.
"Bahahah! Tout ça pour des tomates pourries! Ah… vous êtes d'un ridicule.
-Laisses nous tranquille! Nous avons pas ta chance, nous.
-Mais oui, mais oui. Rendez vous, je vous pris. Vous savez bien que c'est peine perdu."
Les hommes se regardent. La pluie s'est soudainement calmée. Ce n'était probablement qu'un nuage.
"Je veux pas mourir, tuer par une malade, les gars.
-Non, pense aux sacrifices des nôtres, il faut rentrer avec un peu de nourriture…
-C'est trop long, messieurs.
-On peut pas lui échapper, même Sulivane à pas tenu assez longtemps.
-On doit essayer au moins pour l'honorer.
-Elle va nous tuer !
-J'en peux plus de fuir à chaque fois. Cette fois je tiendrai, c'est notre seule chance. Je veux que ma fille mange ce soir.
-Quel touchant discours! Mais vous prêchez déjà une convaincue.
-Comment ça ?
-Convaincue de votre défaite. Hihihihi!"
Ni une, ni deux, l'agent du CP5 étend sa toile sur ses adversaires qui ne peuvent rien faire que trébucher dans ses fils et s'emmêler d'eux même dedans. Tarentule fait la moue. Tout ceci est bien trop facile. Un nouveau marine accourt à sa portée.
"Madame, vous les avez attrapés ?
-J'aurais bien voulu, mais ils sont tombés tout seuls.
-Oh! Vous nous aidez. Un grand merci. Ces poisseux sont pires que des rats. Ils courent dans tous les sens mais peuvent faire de gros dégâts sur leur passage.
-Je vous laisse prendre soin de ceux-là. Je viens d'en voir passer.
-Aucun problème, madame.
-Vous êtes un amour, Hihi!"
Le soldat sourit. Christy s'enfonce à nouveau dans la ville. Elle y croise souvent des Dastrinois isolés, déjà en sale état. Parfois, elle aide des marines lors d'une poursuite. Et elle finit même par limiter la casse d'une bande ayant réussi à entrer dans une librairie. Cherchant de nouvelles proies pendant sa promenade, la blonde est interpellée par un jeune marine.
"Madame la Veinarde, c'est bien vous qui nous aidez?
-Hihi! Appelez-moi, Christy. Et, oui, cela m'a pris, comme ça. Rien de mieux qu'une petite partie de chasse après un déjeuner arrosé. Hihihi!"
L'effet de l'alcool semble s'être un peu estompé, même si la fréquence de ses rires est toujours aussi élevée.
"Mon supérieur, le Lieutenant Byoush, m'envoie vous prévenir que la situation est stabilisée. La centaine de poisseux est parqué dans la place de la ville pour laisser la foule décider de leur sort.
-Comment ? Ce n'est pas la bonne façon de faire, mon cher.
-Oui, les exécuter sur place prendrait moins de temps. Vous avez bien raison. Le maire a fait intercession, étant donné que notre Commandant estime que ce souci doit être réglé entre habitants. Quoi qu'il en soit, il veut remercier votre contribution en vous mettant à l'honneur.
-Quelle merveilleuse idée ! Je vous suis."
La justice populaire, non mais quelle idée. Cela n'est pas ce que l'agent Tarentule veut pour ses proies. Elle compte bien mettre le nez dans cette affaire qui ne la regarde pas. La blonde semble avoir mis de côté la raison principale de son voyage, ici. Arrivant sur la place, son escorte la guide jusqu'au gibet de potence en fendant la foule amassée. En bas, un amas de pillards ligotés et encadrés par les marines. Surélevé, il semble avoir le maire de la ville et un marine, certainement le Commandant Difor, plus haut gradé sur place lors de l'événement. Les railleries et les insultes fusent dans cette foule en colère. Une foule principalement composée des mécontents et de ceux qui ont le temps, la plupart des habitants semblent peu intéressés par le sort des malchanceux. Le maire aperçoit la blonde le rejoindre sur l'estrade. Après une révérence mutuelle, il déclame à pleine voix.
"Mes chers collègues, habitants de Lokail, je comprends votre impatience, mais la garde aimerait honorer une chanceuse qui a aidé dans cette chasse à la vermine. Saluez donc, cette bienfaitrice. Christy la Veinarde!
-Ohoh! Quelle flatterie."
La foule semble clamer leur approbation face à cette nouvelle venue. Tarentule ne se doute pas que l'initiative du maire vise à gagner en popularité, mais elle sent bien une occasion pour renverser une tendance.
"Lokail, je vous remercie de votre accueil si chaleureux ! J'ai entendu dire que les gens de Dastrino sont condamnés pour leurs crimes. C'est ce que l'on attendrait d'une bonne justice. Mais la mort! N'est ce pas trop. Regardez-les. Ils sont si maigres, si faibles, si malheureux. Dastrino paraît frappé d'une famine sévère. Ce ne sont que des mendiants que la vie semble déjà punir."
Toute l'assemblée est perplexe face à ce discours inattendu.
"Pouahaha! Je plaisante. Qu'est ce que l'on aimerait voir le massacre de ses mécréants ! Ces parasites méritent moins que notre pitié. Leur puanteur et le mauvais œil les marquent tellement fort que cette île entière serait allégée du calvaire de leur existence."
Des cris approbateurs reviennent sous un fond de rire et d'applaudissements.
"Cependant, en tant que chanceuse, je me dois de vous prévenir. Savez vous où s'arrête la bonne fortune ? Nul part! Elle peut se propager où bon lui semble, si bien que je pourrais vous arroser avec, même après ma mort. Mais, savez vous où s'arrête la poisse?"
Tarentule marque un temps bien choisi. Des murmures inquiets en sein de la place commencent à émerger.
"Certains l'ont deviné. La mauvaise fortune suit les mêmes règles. Croyez-vous que les mauvaises récoltes de Dastrino sont dues aux vivants? Non, ce sont leurs morts, la véritable cause. Le lieu de notre mort absorbe notre chance là où notre destinée ne le fait plus. "
La foule s'agite. Des voix intriguées et affolées surgissent de plus belle.
"Tâcher le sol de cette charmante ville du sang de poisseux revient à la condamner à devenir une nouvelle Dastrino !"
L'obfuscation prend tout l'auditoire. Une telle phrase provoque des frissons à plus d'un habitant. Le maire, déstabilisé, prend la parole.
"Comment pouvez-vous en être sûr ?
-Êtes vous certain de vouloir prendre ce risque? Si c'est le cas, tant pis, mais j'espère que votre bonne fortune vous protège autant qu'à Leg's of Rabbit City."
Le maire semble être pris de court. Il ne sait plus vraiment quelle décision prendre car les mots de Tarentule ont fait naître une nouvelle superstition. En bon politicien, il se décharge de la responsabilité sur cette blonde.
"Qu'est ce qu'on en fait, alors? On ne veut pas les voir revenir, ici.
-Il est rare de les voir quitter leur trou, n'est ce pas? Il suffit qu'ils ne veuillent plus mettre le pied ici, ou n'en aient plus le besoin.
-À quoi pensez-vous?
-Je m'engage à leur faire un don pour garantir leur confinement dans leur terre maudite.
-Vous n'y pensez pas?!
-Si, si, mon cher. Je donnerais aux Dastrinois 8 000 000 de Berrys de ma poche, pour ne plus les voir à Lokail. Cette racaille pourra ainsi s'en sortir le temps de nouvelles récoltes moins mauvaises.
-Si jamais, ils reviennent ?
-Il faudra s'en plaindre au Gouverneur pour les éradiquer loin de Lokail. Mais vous savez bien que s'il y a des chanceux, il y a des malchanceux. Cela ne fera que retarder le problème.
-Cela fait bien longtemps que nous n'avions pas vu une veinarde aussi dévouée. Votre sagesse est entendue par toute la cité et vous en remercie. Faisons comme vous le préconisez.
-Merci! Merci! Vous êtes adorables. Rassemblez donc les malchanceux à la porte Nord de la ville, je vous pris. Je reviens avec les sous. Hihi!
-Commandant Difor?
-C'est donc votre décision. Ainsi soit-il."
Après quelques applaudissements, la foule se disperse. Certains sont déçus, d'autres soulagés mais la vie quotidienne de la ville reprend rapidement son cours. La part de la garnison située dans la ville se charge de déplacer les Dastrinois, la majorité en vraiment sale état, à l'image d'une grande procession. Avec un sac de tomates pourries qu'elle a vidé dans un coin de rues, Tarentule se précipite vers l'établissement de son beau-père, repère la fenêtre de la chambre d'Alaaric et s'y introduit grâce à son grappin. Sa malette en main, elle réunit l'argent nécessaire puis file comme une voleuse en plein jour. Apparemment, son fiancé n'est pas enfermé dans sa chambre. Étonnant. Une fois à la porte Nord, le Commadant la salue très sobrement. Elle se tourne vers les poisseux, tout sourire.
"Dastrinois, qui est votre chef?"
L'un des leurs s'approche avec un regard qu'elle connaît bien. Ce n'est autre que le dénommé Sulivane, grand malchanceux au crâne ensanglanté. Elle lui tend les 8 000 000 Berrys dans un sac qui était avant rempli de tomates pourries. Il regarde à l'intérieur, les yeux larmoyants.
"Je me suis trompé sur ton compte. Que la fortune t'accompagne encore longtemps, Madame Christy. Nos familles te remercient infiniment…"
La jeune femme hoche simplement la tête, en guise de réponse. Le reste des Dastrinois sont détachés et bousculés par les Marines. Ils s'éloignent, ne payant pas de mine, certains boitent, d'autres gémissent, mais, sur leurs visages, ils semblent avoir été touchés par la grâce. Martyrisé et maltraité, leurs efforts ont fini par payer. Les mains derrière le dos, Christy les contemple reprendre leur route avec un brin de mélancolie. À sa gauche, le Commandant, laconique, lui adresse enfin la parole.
"Vous avez réussi à les sauver. Pourquoi êtes-vous déçus?
-Hum, le temps passe trop vite quand on s'amuse.
-Vous êtes troublantes, madame Christy. Avez vous pensez à vous engager dans la Marine?
-Hihi ! Vous êtes le premier à me dire ce genre de chose. Malheureusement, je ne peux faire changer les projets de mon fiancé, ainsi. Merci de m'avoir laissé autant manœuvrer, cela dit. Vous aviez toutes les compétences pour en finir de vous même.
-Mon code d'honneur m'astreint à ne pas m'impliquer dans ce genre de querelles. Cela reste des habitants du Royaume et leurs seuls crimes sont des dommages matériels et accidents mineurs.
-Raide comme la justice, n'est pas? Hihi! Sur ce, je dois vous laisser. , mes beaux parents doivent se demander où je traîne."
Difor hoche simplement la tête face à cette remarque. Il est parmi les rares personnes à déceler en Tarentule un vrai potentiel et une vertue. La blonde quitte la compagnie des marines, ainsi. Le début de soirée pointe le bout de son nez, et son enquête sur Edward Minaro n'a pas avancé d'un iota. Elle a l'impression qu'il n'y a rien à trouver de plus. Pas d'ami d'enfance, pas d'amourette, aucun détail suspicieux. Le point mort, finalement. Elle va encore jouer ce jeu quelques jours pour être sûre. Si ce n'était pas qu'une mission politique, elle aurait vite fait changer de méthode.
Christy rentre enfin chez ses beaux-parents, un sourire enchanteur sur le visage. Elle croise ,d'abord la Mère Minaro, à son grand désarroi. Il faut cependant qu'elle conserve son rôle de bru modèle.
"Belle-maman! Vous devinerez jamais ce qu'il vient de m'arriver. "