Nous sommes au début de l'an 1622...
• Colonel, il nous faut vite…
• S’il te plait Marone…
Le ton était calme, tranquille. Nonobstant, il avait amplement suffit à faire taire l’adjudant en chef qui se tenait devant moi, droit comme un piquet. Comme quoi, pas besoin de verser dans des cris pour se faire comprendre. Voyant sa mine terrorisée par mes mots qui l’incitèrent à se garder de commentaires à propos de cette nouvelle affaire, je me mis à sourire poliment pour détendre l’atmosphère. Il n’était pas dans mes attributions d’effrayer ou d’être carrément despotique. Ca n’me ressemblait du tout pas. Et cela s’voyait fondé vu que le sous-officier finit par prendre place devant moi avant de soupirer. Pour lui, mon calme et ma nonchalance vis-à-vis du danger imminent étaient tout simplement déroutants. A force d’âge, il comprendrait peut être… Pour ma part, nul besoin de s’alarmer devant cette arrivée nouvelle qui faisait frémir l’entièreté de ma base. Tout à l’opposé de ma personne. Affaissé sur mon fauteuil confortable, je remuais tranquillement le verre de vin rouge que je m’étais servi quelques minutes auparavant. Du Lambrusco, le préféré de mon vice-amiral de père. Alors que je lui désignais la bouteille pour qu’il se serve, Marone me regarda d’un air interloqué. Je finis par soupirer de lassitude en regardant son expression fataliste et prit une gorgée de mon breuvage avant de me redresser et de m’asseoir correctement sur mon siège. Ma main s’empara paresseusement d’une fiche concernant la prime d’un pirate assez connu et craint. 50 millions… C’était pas un rien, en effet…
• Et selon ta source, son arrivée remonte à combien de temps maintenant ?
Mon soldat m’expliqua que le forban en question, s’était établit depuis maintenant plus d’une semaine sur l’île. Je haussais un sourcil à cette nouvelle et je prêtais dorénavant une oreille attentive à Marone. Une semaine sur mon île ? Sans s’faire choper ? Ah ouais quand même… J’avais entendu parler de sa déchéance dans les journaux et même qu’on avait annoncé sa mort après son échec sur Grand Line. Comme quoi, n’jamais compter sur les journalistes de ce bas monde. Je commençais à me tourner les pouces, moult questions en tête : Comment avait-il fait pour accoster sur île ? Comment avait-il fait pour ne pas se faire repérer, étant donné que j’avais eu la confiance de toute la population, malgré son nombre relativement important… ? Avait-il des complices ici ? Et que cherchait-il ? Je ne fis d’abord pas le lien avec le Léviathan, mais il était bon pour moi que ce pirate soit hors d’état de nuire. Prenant un air réfléchi et appliqué sous les yeux pétillants de mon sous-officier qui semblait maintenant heureux d’avoir pu me faire réaliser l’ampleur de la situation, je réfléchissais à une méthode pour en finir avec le dénommée « Chen l’aveugle ». Il était connu pour être un fin stratège. Je l’étais également et sans trop me vanter. Malheureusement, sa force était trop importante pour que je me cantonne à diriger des troupes contre sa personne. En auquel cas j’aurais plusieurs morts sur la conscience. Il me fallait alors moi-même agir, et au plus vite vu les circonstances…
• Ne modifies rien au protocole habituel. Si nous changeons de manière de faire, chose qu’il a du étudier depuis son arrivée, il se doutera qu’il s’trame quelque chose et ça sera pas bon pour nous. Contentez vous, toi et tes hommes, de le repérer sur l’île par vos patrouilles dans la ville. Si vous réussissez, rapportez-moi sa position au plus vite ! Je m'occuperais personnellement de ce pirate.
Content d’avoir pu réveiller l’âme responsable qui sommeillait en moi, mon adjudant en chef se leva, me salua militairement, avant de prendre congé pour aller communiquer les légers changements que j’avais ordonné. Soupirant une énième fois, je passais alors une main lasse dans ma chevelure, complètement blasé par cette nouvelle histoire. Ne pouvais-je jamais vivre en paix ? Après m’être coltiné la sulfureuse Shainess -Une chiante Cipher Pol- la semaine passée, m’voici à présent embarqué dans une nouvelle affaire de piraterie. Y’a des jours comme ça où j’me demandais si je n’aurais pas bien fait d’être resté dans les baskets de mes parents, profitant tranquillement alors de leur fortune étant donné que notre dynastie se situait dans les strates de la haute noblesse. Putain ! Moi qui pensait plus tôt à aller voir l’une de mes maitresses en plein centre ville, voilà que mes projets tombent à l’eau, comme ça, d’un seul coup. Comme quoi, la vie d’marine, c’est d’une chiantise, mais vraiment absolue. Résigné à l’idée d’accomplir mon devoir de colonel, je me levais sans trop de convictions et m’emparait de mon meitou calé contre une armoire pleine d’archives. A peine m’étais-je redressé que j’eus une petite idée. Pas forcement formidable, mais qui m’permettrait certainement de passer inaperçu aux yeux du forban si jamais on arrivait à le localiser et en espérant qu’il n’me connaissait pas : M’habiller à la manière d’un quelconque individu lambda…
De ce fait donc, un simple jean et une chemise blanche firent mon affaire. Il ne m’arrivait pas souvent d’adopter un tel style débrayé, mais c’était toujours mieux que d’arborer une veste de colonel qui n’aurait fait que me vendre, pour pas deux sous. Prenant le soin d’accrocher mon meitou à la taille et d’adopter des rangers comme chaussures, je portais une bouche d’oreille au lobe gauche et laissait mes cheveux comme ils étaient ; c'est-à-dire, dans un état complètement épouvantable. Une fois prêt bien après avoir adopté des verres pharmaceutiques je quittais ma base sous les regards interrogateurs de quelques soldats qui ne me connaissaient pas sous ce style. C’était assez drôle, mais il me fallait faire vite étant donné que le soleil déclinait. Pour ne pas que la population me remarque sous ces vêtements, pas forcement dégradants mais assez inhabituels m’concernant, je pris un chemin dans les bois qui allait me mener dans une direction, au hasard. J’avais de toute façon un escargophone portatif, accroché à mon poignet droit. La moindre trouvaille donc et je courrais sur les lieux. Mes pas me portèrent quelques instants plus tard au port. C’était p’être pas le bon endroit de chercher un forban qui s’était déjà installé incognito sur l’île, mais c’était quand même un début. Et puis il faut l’avouer, l’tableau que m’offrait le crépuscule était à en couper l’souffle. J’aurais eu mes matériaux ici même, j’me serais certainement versé dans la peinture, plutôt que dans la contemplation…
Pendant que le colonel rêvassait au port devant l’admirable beauté d’un couchant de soleil, ses hommes par petits groupes, ratissaient toute la ville comme à leur habitude, mais avec la ferme résolution de retrouver le pirate Chen. Les nerfs étaient cependant à vif puisque la tâche était très difficile. La population était quand même estimée à plus de 5000 personnes… C’est dire alors toute la difficulté de la nouvelle mission. Mission qui promettait vraiment vu qu’un nouveau protagoniste allait faire son apparition dans l’histoire. Un tournant s’annonçait…
Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 3 Jan 2012 - 19:45, édité 2 fois