Baratie en péril ! - Partie 1

Rappel du premier message :

Il y avait quelque chose de curieux dans le fait de visiter l’établissement d’autres professionnels de son métier. Serait-ce de l’empathie ou de la compétitivité qui cherchait à tout analyser ? A savoir, mais alors que Gwen mit le pied sur le restaurant qu’elle avait tant rêvé de visiter, une chose la percuta immédiatement.

Le Baratie, pour un établissement centenaire à la réputation légendaire, était bien trop vide.

Oh, des gens mangeaient, et bien des tables semblaient remplies mais… le fait qu’ils en aient assez pour immédiatement donner place à la sirène et sa sœur était très mauvais signe. Normalement, il fallait réserver des semaines à l’avance pour ne serait-ce que mettre le pied dans ce genre de lieux, mais là, c’était presque d’un ton suppliant que l’hôtesse les avait invité entrer.

Oh, Madame avait entendu plus d’une salle rumeur à propos du restaurant dernièrement mais, cella arrivait tout le temps en restauration qu’un client pleure car son steak était pas à son goût non ? 

-”Serait-ce vrai que la qualité de leur menu ne cesse de se détériorer comme on nous avait prévenu au port ? Le service semble nerveux, un peu ennuyé vu le manque de clients comparé à leur nombres, mais leur service semble impeccable pourtant… C’est bizarre.”

Assises à leur table, Gwen hocha la tête aux dires de Gwyn, un air pensif alors que son regard se perdit autour, étudiant avec minutie les plats déjà servis ainsi que l’expression leurs consommateurs. Clairement, tout semblait parfaitement en ordre, et les clients avaient pour la plupart des gros sourires, mangeaient avec entrain ! Qu’étais-ce donc tout ce blabla auquel on les avait assujetties lorsqu’elles louèrent un ticket de bateau jusqu’au resto ?

Madame se serait mis étudier le menu à cet instant mais… un veste d’un rouge vif sur un nouveau client se présentant à la réception eut le don d’attirer son attention. Puis lorsqu’elle vit ces cheveux d’un vert, ce maquillage familier, un sens de déjà vu la frappa de plein fouet. Elle connaissait cet homme ! Mais oui, c’était-

-“Monsieur Wilson ! Par ici ! “

Se levant et faisant signe, Gwen donna son sourire le plus radieux lorsque l’homme sembla réagir à l’appel de sa voix. Quoiqu’il soit de sa réaction, ses deux mains eurent vite fait de se poser sur ses hanches suite à ça, madame prenant la pose.

-“Allons, une maigre année suffirait-il donc pour vous faire oublier vos camarades actrices ? Venez seulement nous partagez vos nouvelles ! Que faites-vous encore là ? C’est nous qui invitons, allez, ici bel ami !”

C’était confirmé aux yeux de la sirène, Joey était quelqu’un de fortement émotif, trop même, impulsif. Le type qui se laissait tirer par ses sentiments sans même s’en rendre compte. Comment expliquer autrement la colère noire qui semblait se refléter dans ses prunelles alors qu’il parlait de devenir un astre lumineux avec une telle ferveur ?

Ne voyait-il pas la contradiction entre ce qu’il disait et montrait ? Gwen se retrouva mal à l’aise sous son regard sinistre, la satisfaction qu’il prenait à s’ériger comme… non pas un justicier –

Mais un juge.

- Je ne l’aime pas, il y a quelque chose de malsain derrière son sourire clownesque.

Un message dans cet échange émotionnel qu’entretenaient les sirènes avec les poissons, dit à l’insu de tous, chacun étant parti de son côté pour la journée suite à la proclamation féroce du clown, un Grimm troublé aidant Nora à le porter se reposer dans une de leurs chambres d’invités…

Laissant les jumelles seules, ces dernières se promenant à présent tranquillement sur le pont du Baratie.

- Mais son vœu d’aider quiconque sur sa route était sincère… Son ton ne mentait pas. Je crois que l’événement de la mort de ses amis doit être récent, j’ai moi-même ressenti colère et impuissance face à la perte de Brigandine plus d’une fois, Gwyn. On doit être compréhensives.

Sa cadette fronça les sourcils à cela, l’air tout sauf content face à une telle comparaison.

- Un peu de levure fermente toute la masse, tu le sais ça, non ? Il ne devrait pas être celui à approcher Troc, je crains qu’il sorte de ses gonds et gâche tout notre plan.

- On ne le connaît pas assez pour être sûres de cela.

- Raison de plus pour laquelle on ne peut lui faire confiance, n’est-ce pas ? Pourquoi crois-tu que Grimm n’a pas encore dit oui à sa demande ? On fait partie de ce plan, en tant qu’acolytes, s’il fait un faux pas, on risque aussi de se trouver dans des ennuis… Et on ne peut pas se retrouver en prison, Gwen, tu sais ce qui arrivera si on est forcées à montrer nos papiers.

Démasquées en tant que sirènes. Risquer d'être déportées au marché noir le plus proche, vendues comme esclaves à des prix faramineux à cause de leur rareté et du fait qu’elles sont jumelles.

Autant dire qu’un silence lourd s’installa après cela.

- S’il dépasse les bornes… je le ramènerai alors moi-même à la raison.

- J’ai vu vos chorégraphies improvisées à Suna Land, soeurette, et il était plus rapide, frappait plus fort que toi. Crois-tu pouvoir le contenir ?

Un silence, puis un soupir, une déclaration ferme de sa voix normale.

- “Je ne crois pas, je le dois. Allons nous reposer pour la journée, veux-tu ? Il est tôt, mais je n’aime pas le fait qu’on n’ait pas de plan B. Cherchons ensemble quelque chose demain de bon matin, veux-tu ?”


-" Soit, mais au moindre risque Gwen, que tu le veuilles ou pas... On abandonnera le Baratie à son sort."

---