Don't stop me now

Rappel du premier message :

Me voilà donc dans ma cabine, sur la Lépreuse, en train d'user le miroir à force de me regarder dedans. Je n'arrive pas à choisir ma tenue pour ce soir et ça me frustre. Ma toilette blanche habituelle? Trop classique. Le jean/baskets décontracté? Pas assez habillé pour une soirée huppée dans un restaurant de Water 7. La robe lavande? Hum … nan! Trop sage. La rouge? Grand Dieux non! J'ai l'air d'une escorte! Ha, mais … je l'avais oubliée celle-là. Une ravissante robe de soirée rouge sombre, noire et dorée, avec un chapeau à large bords assortis! Oui, c'est parfait. Provoquant, mais pas vulgaire, le tissu est doux comme je l'aime. Il faut dire qu'en tant qu'ancienne aveugle, je privilégiais surtout la qualité du tissu avant la ligne de mes vêtements. Maintenant que j'y vois, je suis devenue plus difficile. Chiante même dirait Héfy, ma seconde. Mais bon, je suis une future Impératrice, hors de question que je sois habillée comme un sac! J'ai un standing à tenir. Et surtout, j'ai un petit coté fashionista que je n'assume pas encore tout à fait.

Je choisis une paire de talons hauts noirs mat et c'est parti pour le plus difficile : le passage à la salle de bains! Manucure, pédicure, shampoing, savon exfoliant, tout l'arsenal de mes produits de beauté y passe. Ce soit, j'ai envie d'être plus que belle. J'ai envie d'être regardée, enviée, jalousée … bref, de tout casser! Une fois prête, je me vernis les ongles en d'un rouge assorti à la couleur de la robe, puis je me vêtis. Pas trop mal, mais ça manque de fantaisie. J'ouvre mon coffre à bijoux et j'en sors une ravissante paire de boucles d'oreilles, un beau collier qui habillera élégamment le décolleté de ma robe, quelques bagues et bracelets finement ouvragés. Et enfin, j'habille mon regard d'une fine paire de lunettes à la monture dorée. Et pourtant, quand je me mire dans la glace, quelque chose manque encore … Mais oui, suis-je bête! Un peu de rouge couleur chair pour repulper mes lèvres, un nuage d'un parfum discret et floral et je suis enfin par-fai-te!

Je quitte ma cabine peu avant les dix-neuf heures de mon rendez-vous avec Alaaric. J'esquive les remarques narquoises d'Héphillia sur ma tenue et surtout sur mes intentions du soir et je descend de la Lépreuse, sur le quai 4.

J'attends mon rencart.

Spoiler:

Le lendemain matin, j'émerge dans un lit qui n'est pas le mien. Je suis allongée sur le coté droit, en chien de fusil, la tête sur une drôle d'oreiller. Un coussin un peu dur qui fait un bruit doux et régulier, la poitrine de l'homme avec qui j'ai passé la nuit. Alaaric Minaro, évidemment! Le magicien m'a montré quelques-uns de ses meilleurs tours cette nuit. Quant à moi, je lui ai prouvé que même sans baguette, j'étais capable de … enfin bref! Je me redresse délicatement, je ne veux pas réveiller mon partenaire qui dort encore comme un bébé, puis, de la main gauche, je repousse en arrière les cheveux qui couvrent mon visage. Ensuite, j'étire mes bras et mon dos dans un long bâillement. Enfin, je repousse le drap, je me mets debout et je déplie mes ailes. Waaaa! Ca fait du bien! Sauf que j'ai un peu frais dans ma tenue de naissance! Et j'ai bien envie de me couvrir un peu.

Alors mon regard balaie la pièce, et je découvre l'intérieur de la chambre de mon amant. Un endroit qui aurait certainement été propre et bien rangé si un ouragan de passion n'était pas passé par là. Alors comme un peintre admire son œuvre, je contemple le capharnaüm en me remémorant les évènements de la veille : là, sur le bureau, il m'a … , là contre la bibliothèque, je l'ai … , et là, sur le lit on a … . Hum … oui, je crois que j'étais assez en forme hier. Ha je vois votre regard désapprobateur. Jeska, cette Marie-couche-toi-là! Elle s'envoie en l'air le premier soir! Ben vi! Quand j'ai envie, j'ai envie! Et j'ai pas envie d'attendre! Je m'en contrefiche qu'on pense que je suis une trainée. Et je ne pense pas que les filles qui attendent le second soir soient des saintes.

Bref, je divague encore! Ce que je recherche, ce sont surtout mes vêtements! Non pas que je veuille me rhabiller et partir en ninja, mais clairement, je suis frileuse! Et là je me caille les miches! Je connais bien une méthode infaillible pour me "réchauffer" mais elle implique un partenaire qui dort du sommeil du juste. Je retrouve facilement mes dessous et mon chapeau, mais … où diable est passée ma robe! Après quelques minutes, je vois enfin un bout d'étoffe rouge et noir dépasser de sous l'oreiller mon beau magicien. Génial, il dort dessus! Comment vais-je faire pour la récupérer? Tant pis! Je récupère sa chemise qui gît au sol et je l'enfile. Mmmmmh, elle est encore plein de son parfum!

Non, non, et re non! Jeska, tu es vraiment en train de tomber amoureuse! Oui, je vous vois encore lever les yeux a ciel! Comme si le baiser et la partie de jambes en l'air n'étaient pas des signes évidents de mon attirance pour cet homme. Mais bon, je ne suis pas connue pour ma vivacité d'esprit non plus, hein! Oh, puis ce n'est pas mon ventre qui gargouille, là? J'ai froid et j'ai faim dans un endroit que je ne connais même pas! Quoique, pour la chaleur, je sais ou la trouver.

Alors, aussi délicatement que mon gabarit le peut, je me glisse sous les draps et je me blottis à nouveau auprès de mon homme.

Oui, là … je suis bien.

Des baiser, de la passion, quelques caresses, des mots sucré... Comment décrire cette nuit que nous venions de passer ? Un moment intense ou nous avions laissé nos corps échanger, une symphonie d'étreinte, suivie de quelques fracas dans la pièce  et dans ce lit que nous partagions, nous finissions par sombrer dans le plus doux des sommeils.

Pour la première fois depuis bien longtemps, je sentais la chaleur se coller contre ma poitrine et avec elle, comme un goût de réconfort, de la tendresse. Des femmes ? J'en avais connu, mais aucune comme elle. Je sentais un lien se tisser entre nous, comme un fils de soie qui se brode sans que l'on ne s'en rende compte.

Moi qui avais connu des bras, aucun ne m'avait fait ressentir une telle douceur, une douceur qui me faisait oublier le monde extérieur. Un dôme ou plus rien n’existe, plus de pirate, plus de marine, uniquement nous deux enlacé l'un contre l'autre, sa tête contre ma poitrine, et ma main caressant sa cuisse posée contre moi.

Combien de temps avions, nous dormit? Je n'en avais aucune idée, mais même sans le savoir, je sentais que cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi aussi profondément pendant aussi longtemps, et nul doute sur le fait que ma nuit aurais encore pu être longue si je n'avais pas senti le poids sur moi s'enlever, alors que toujours somnolant, ma main chercher la belle quelques secondes avant de doucement émerger, pendant que je sens quelque chose remonté sur moi et reprendre sa place.

Encore a moitié endormies, mes lèvres viennent se poser sur le coin de la tête de la princesse armé d'un grand sourire, avant de prendre la parole, les yeux toujours fermés:

" Tu a les pieds froids."

Je ricane doucement, resserre légèrement l'étreinte avant de reprendre la parole en ouvrant les yeux:

" Bien dormi ? "

J'écoute la réponse de la belle au pied froid en baillant avant de reprendre ce sourire, étonnamment de bonne humeur, je sentais que c'était le début d'une belle journée. A son tour, je sentais ses lèvres venir chercher les miennes, nos regards se plonger l'un dans l'autre, ce regard a la foi innocente et passionnée. Pour la première fois de ma vie, ce regard, posé sur moi n'était pas qu'une nuit sans lendemain, c'était le début d'une histoire. Un roman que je prendrais plaisir a écrire petit a petit chaque jour... Quel thème?... Quoi d'autre qu'un roman d'amour? Au fond, n'est-ce pas le genre de livre qu'on aime tous écrire?

"Je ne serai pas contre que tu me réchauffes encore un peu."

Mon regard ne laisse aucun doute sur ce que je désire au fond de moi. Et d'un sourire amusé, le magicien se plie à mon caprice matinal. C'est donc une bonne heure et demi plus tard que je me retrouve, douchée et rhabillée, devant un bol de céréales, et des fruits. Un immense sourire relie mes deux oreilles alors qu'un rayon de lumière passe par une fenêtre, pour illuminer la tasse de café vide qui attend qu'Alaaric revienne avec les viennoiseries. Je pèle mon orange mécaniquement, perdue dans mes pensées. C'était bien, et j'en veux plus, encore plus. Et pourtant, je vais épouser Frost dans quelques semaines! Rah là là, dans quel guêpier ne suis-je pas allée me fourrer!

Soudain, la porte s'ouvre et la cloche sonne d'un tintement clair. C'est lui. Sa démarche fait légèrement grincer le plancher dans mon dos et une bonne odeur de chocolatine et de croissant l'accompagne. Une fois à ma hauteur, il se penche sur moi et j'incline mon occiput sur le coté. Ses lèvres viennent y déposer un baiser complice et un frisson chaud me parcourt l'échine. Je me surprends même à pousser un petit "Mmmmmmh!" de plaisir qui ressemble presque à un ronronnement. Le magicien va donc s'asseoir en face de moi tandis que je me masse la partie de mon cou qui regrette la chaleur de ses lèvres. Il dépose un sac en papier kraft dans le fond commence à devenir translucide à cause de son contenu. Puis, enfin, il ouvre le sachet et la bonne odeur de pâte feuilletée au beurre chaud remplit la pièce, me faisant saliver plus que de raison.

Des étoiles pleins les yeux, je tends lentement la main vers la source de cette délicieuse odeur. Mes papilles anticipent le plaisir et me font saliver plus que de raison. Et tout d'un coup CRAC! il écrase brutalement le paquet! Moi, j'ai la mine déconfite d'un enfant à qui on aurait annulé Noël le vingt quatre au soir. Et puis tout d'un coup.

"Ta - daaam!" s'exclame-t-il joyeusement, fier de son tour. Les viennoiseries sont sur joli un plateau à la place du sac en papier.

Quant à moi, je me saisis de la première chocolatine à portée avec toute la vivacité que me permet mes treize mille dorikis et je la garde entre mes mains tout en le dardant d'un regard courroucé (mais pas trop). Puis je croque avidement dedans avant qu'il décide de la transformer en autre chose, ce coquin de magicien!

"Merchi!" dis-je la bouche pleine. "Mais ne fais plus chamais cha!"

Parce que, mine de rien, elle sont super bonnes, ces chocolatines!

Lorsque la belle me demande a se réchauffer, notre étreinte fut couverte de caresses et de baisé, comme un gentleman, je prends la décision de partir chercher des viennoiseries pour ma dulcinée, convaincu d'une vérité simple... L'amour d'une femme passe aussi par son estomac, ce petit trajet dans l'intention de faire plaisir était plutôt plaisant. Le vent légèrement frais vient rafraîchir ma peau tout juste séchée de la douche que j'avais pris en compagnie de la dame de poison.

Est-ce une erreur? Certainement, est-ce que je devrais réfléchir au fait que cette femme soit promise a un autre homme? Certainement, mais pour le moment, je ne veux penser a rien, rien d'autre qu'au moment présent. Du temps pour se poser des questions, nous en auront énormément, pour le moment je préfère me concentrer sur la douceur de ce moment qui ne tarderait pas a être retapé par la réalité, mais pas aujourd'hui.

Rentrer, je faisais un tour que je trouvais plutôt amusant, qui ne manquais pas de faire réagir la belle qui se ruait  avec vigueur sur les douceurs. Pour ma part, mes lèvres retrouvaient la douce saveur du café durement mérité. Mon programme était déjà tout fais, de la détente, du repos, profiter de ce moment tous les deux. Ma main venait caresser la nuque de la reine sans couronne, et je ne n'imagine rien d'autre qu'une matinée d'étreinte, avec peut-être quelques chips devant un bon...

" On sort?! "

Kewa? Qu'entends-je? Elle voulait sortir? ... Non, j'avais du mal entendre, je disais donc... Canapé, détente et...

" On sort! "

J'étire légèrement ma nuque, alors que j'entends le délicat rire de la belle qui avait sûrement déjà compris que je n'étais pas vraiment très motivé. J'avais beaucoup travaillé, et elle pouvait attester que la nuit n'avait pas été de tout repos, mais je souriais, j'allais devoir faire preuve d'inventivité afin de convaincre la belle aux cheveux d'ébène qu'il y avait plus intéressant a faire a la maison.

Mes mains continuais avec adresse a masser lui masser la nuque, J'entendais dans ses bruits qu'elle n'était pas insensible a mes talents, pendant quelques minutes, je pensais même avoir plutôt bien réussi mon coup, et pour cause, les yeux fermés de la belle et son léger sourire me donner raison, bon... Cette fois, je pense que j'avais réussi a la convaincre.

" Bon! On sort! "

Elle se lève, viens chercher les lèvres de mon visage déconfis... Pourquoi j'ai l'impression qu'elle m'avait intentionnellement laissé croire?... Bon, et bien je suppose que ce que femme veux...