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La Tragédie de la Cabale | Phase II | Pv Ada & Eleonore [+16]

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La Tragédie de la Cabale - Phase II
Feat
Les copines





Une demie journée plus tard...

Tu patientais, fixant la carte de l'île qui avait été rapidement dessiné par tes éclaireurs. Le front s'était établit, même acculé, la Cabale maîtrisait le terrain à la perfection et une avancée éventuelle ne se ferait pas sans marcher sur le nombre important de pièges posés en chemin. Pour éviter cela, tu avais proclamer l'arrêt de votre marche pour commencer à établir un campement sommaire sur le territoire que vous occupiez désormais. Si cela n'en tenait qu'à toi, tu te serais contentée d'allée tout droit et balayant au passage les vaines défenses de l'ennemi. Mais la guerre ne s'en faisait pas uniquement par la puissance d'un seul individu.

Si la Cabale se défendait encore avec convictions malgré leurs bateaux détruits et le nombre croissant de morts à leurs compteur, c'était qu'ils n'étaient pas encore totalement défaits. Loin de là. Ce n'était pas des hommes agissant par désespoir qui venaient vous cribler de balles, mais des gens pensants encore pouvoir gagner. Enfin... Pour ce que cela changeait à tes yeux.

Autant faire durer la balade quelques heures de plus. Jusqu'ici, tu n'avais fait que t'amuser, et tes hommes semblaient déjà avoir oublié la défaite d'antan. Ils étaient tous dévoués tels des zélotes sous ta bannière maculée de sang. Et après tes démonstrations de puissance répétée, eux aussi étaient certains d'avoir une victoire garantie sur l'ennemi. Ada aurait sans doute préféré une approche plus subtile, mais on ne menait pas des hommes avec de la subtilité. D'autant que ce champ de bataille était une manière pour toi de trier tes hommes, de ne garder que les plus vétérans, les plus coriaces.

Et en parlant de coriace, il y avait Eleonore et les prisonniers qui s'étaient libérés par eux-même avant ta rencontre avec eux. Bien. Si tu avais dû toi même brisé leurs chaînes, tu les aurais sans doute abandonné à leur sort. C'était le minimum. Tu n'avais pas besoin de gens ayant abandonné l'espoir de vaincre. Simplement car cela aurait pu être au détriment de ton propre commandement.

Léger sourire en coin alors que tu te dessinais la topologie de l'île dans ta tête, tu fus interrompue par Gabrielle, ta Lieutenante.

- Je viens au rapport Colonelle. Le premier assaut a été succès, nous ne dénombrons que peu de pertes et les blessés sont déjà pris en charge par les médecins. La Cabale ne semble pas avoir l'habitude de fonctionner sans avoir l'initiative, et leur manœuvre de défense manque de profondeur.


Assurément. C'était bien pour ça que tu n'avais pas manqué de les attaquer au plus vite, te mettant même en tête de cette charge intrépide. Si la Cabale avait prit des mois à vous étudier, tu en avais fait de même. Et si avant, tu restais dépassée par les évènements, ce n'était plus le cas. Tu savais appuyer là où cela faisait le plus mal et même t'en amuser.

Quant aux blessés... Cela te rappela que tu allais devoir faire appel à la docteur Jane Vantis. Le corps médical de la 888eme était efficace mais diminué sans un officier à même de les commander. Et elle avait montré les qualités nécessaires pour être prise à l'essai. Quant à savoir si elle avait les tripes pour assumer tes méthodes... Eh.

- La Commandante et les prisonniers. Quels sont leurs états ?

- Ils ont été torturés, c'est un fait. La gravité des blessures sont variables, brûlures, scarifications, hématomes, elles semblent aussi avoir perdu ses yeux. Les autres prisonniers n'ont pas non plus eu un traitement de faveurs mais son état est le plus critique de tous.

- Bien. C'est donc une bonne chose. Cela veut dire qu'elle n'a pas parlé. Nous ferons le tri des autres plus tard.

Tu souriais, malgré la violence du rapport. Pour beaucoup c'était là la description d'une véritable boucherie. Pour toi, ce n'était qu'un Lundi tout au plus. Tu avais vu et vécu plus, et Eleonore marchait sur tes pas, ce n'était qu'une étape comme une autre pour elle. Ne pas avoir parlé et s'être libérée seule indiquait cependant qu'elle était en position de passer à l'étape d'encore après. Ses blessures guériront, son esprit aussi, il ne restait plus qu'à savoir si sa volonté elle, serait encore plus forte.

- Ada doit d'être déjà être à son chevet. Assure toi qu'elle ai toute la nourriture du monde à sa disposition, je viendrais m'assurer plus tard qu'elle soit en état de participer à la prochaine étape de l'assaut.


Faisant craquer ta nuque, tu revenais alors sur cette carte dont faisais dans ton imaginaire avancer les diverses lignes de front. La Cabale allait manquer de ressources, pas vous. Et ils ne pouvaient même pas compter sur des renforts éventuels. Pourquoi ? Car c'était une organisation tentaculaire. Cela leur prendrait des jours à se déplacer jusqu'ici et s'ils le faisaient alors ce serait encore plus simple pour vous d'exterminer les quelques cellules restantes.

- Ordonnez à nos navires de bombarder cette zone. Nous allons attendrir leurs défenses avant de mordre directement.

En bref, même si tu avais déclaré une petite pause salvatrice, ce n'était clairement pas un bon présage pour la Cabale. Loin de là.







Dernière édition par Pandore le Mar 20 Aoû 2024 - 15:39, édité 2 fois
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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”

Éléonore gisait sur le lit d'hôpital, sa silhouette frêle contrastant violemment avec la force qu'elle avait toujours incarnée. Les draps blancs rehaussaient la pâleur de sa peau, où se dessinaient encore les vestiges des sévices subis. Son visage, autrefois marqué par un sourire éternel, était désormais dissimulé sous des pansements, ne laissant entrevoir que ses lèvres légèrement gercées et une mèche de cheveux, terne et cassée. Les pansements couvraient également ses bras et son cou, là où les brûlures et les scarifications témoignaient de l'horreur qu'elle avait traversée. Les bandages étaient serrés, presque étouffants, mais ils étaient nécessaires pour maintenir en place les fragiles tissus cicatrisés. À côté d'elle, Kyllan, immense et imposant même dans le sommeil, veillait malgré lui. Il s'était assoupi sur une chaise qu'il avait rapprochée du lit, son large corps affaissé dans une posture inconfortable, mais sa poigne demeurait ferme autour de la main frêle d'Éléonore. La différence entre leurs deux mains était frappante : sa paume, massive et pleine de vie, englobait les doigts décharnés d'Éléonore, comme pour lui insuffler la force qu'elle avait temporairement perdue.

Les soins prodigués par le docteur en charge, avaient nettoyé le sang et la saleté qui couvraient son corps, révélant l'état alarmant dans lequel elle se trouvait. La maigreur extrême d'Éléonore était choquante, ses joues creuses accentuaient les cernes sombres sous ses yeux fermés. Son métabolisme monstrueux, habituellement une source de puissance, l'avait poussée à cannibaliser ses propres réserves pour survivre aux tortures. Chaque respiration, bien que légère, semblait une victoire contre la mort. La doctoresse avait été claire : Éléonore devait se reposer, se remettre, avant même de penser à retourner au combat. Son corps était à bout, et la recommandation médicale était sans équivoque. Pourtant, ceux qui la connaissaient savaient que cette injonction ne serait pas respectée. Éléonore n'était pas du genre à céder à la faiblesse. Si elle avait enduré jusqu'ici, ce n'était pas pour rester allongée à attendre que les autres accomplissent ce qu'elle jugeait être son devoir.

Le calme de la pièce était trompeur. Sous la surface, une tempête de volonté grondait, prête à exploser dès que les forces le lui permettraient. Éléonore n'avait jamais connu le repos, pas vraiment. Et même maintenant, tandis que son corps luttait pour se reconstruire, son esprit, lui, n'était déjà plus ici, mais sur le champ de bataille, hardi à ne pas abandonner, mais surtout enthousiasme à faire couler le sang. Quand Éléonore revint à la conscience, l'inconfort des bandages serrés se fit immédiatement sentir, une pression désagréable et omniprésente qui enveloppait son corps. Ses sens étaient en surcharge, les sons et les sensations confus. Son esprit torturé revivait les souvenirs des liens qui la retenaient, de la douleur constante, et de l'absence d'autres bruits que le battement frénétique de son cœur. L’atmosphère était marquée par un grésillement étrange, amplifiant son désarroi et déclenchant une vague de panique qui la poussait à vouloir arracher les bandages de son visage.

Ses mains, affaiblies et la douleur, tentaient désespérément d'atteindre les bandages. Les mouvements étaient maladroits, déformés par la faiblesse, mais ils traduisaient une urgence incontrôlable. Kyllan, réveillé en sursaut par le mouvement brusque d'Éléonore, réagit avec une rapidité. Il attrapa ses mains avec une fermeté calme mais ferme, l'empêchant de se défaire des bandages. Il posa un regard protecteur, sur son visage marqué par la panique. Sa présence rassurante, contrastant avec l'état désemparé de la commandante, offrit un point d'ancrage dans son tourbillon émotionnel.

« Ça va, Éléonore, tout va bien. Tu es en sécurité. Je vais les retirer, mais ne bouge pas. »

Sa voix, basse et apaisante, perça à travers le brouillard de panique. Les mots, bien que simples, portaient une assurance qui calmait lentement l'esprit agité d'Éléonore. L'intention était claire, et Kyllan s'efforça de défaire les bandages avec une délicate, respectant la douleur encore vive et les précautions nécessaires. Éléonore, pouvait sentir les premiers signes de confort revenir. Les bandages se relâchaient, l'air frais de la pièce faisaient leur apparition sur la peau de son visage. Sa respiration commençait à retrouver son rythme naturel, bien que les souvenirs traumatiques restassent encore accrochés à chaque battement de cœur.

Les mains de Kyllan tenaient toujours les siennes, une prise sécurisante qui l'aidait à stabiliser son esprit tourmenté. Chaque mouvement qu'il faisait était empreint de douceur, comme s'il craignait de briser quelque chose de précieux. Quand les derniers bandages furent enfin enlevés, Kyllan s'assura de ne pas brusquer Éléonore davantage. Il laissa ses mains sur les siennes un moment, lui offrant une présence constante jusqu'à ce que la panique s'atténue complètement. La panique s'estompait, remplacée par une étrange quiétude. Sa respiration, encore légèrement haletante, se calma enfin.

« C'est si silencieux... » marmonna-t-elle, sa voix rauque, presque étrangère à ses propres oreilles.
« Oui, on t'a placée à part. Le docteur en charge craignait que tes sens soient en surcharge à ton réveil, alors elle a voulu minimiser les stimulations. »

Elle hocha légèrement la tête, prenant conscience du calme pesant autour d'elle. Ce n’était pas le silence oppressant qu’elle avait connu, mais une quiétude choisie, apaisante. Ses doigts frôlèrent alors le bras de Kyllan, et elle s’arrêta en sentant une texture métallique sous ses doigts.

« Je viens de réaliser, mais... tu as deux mains. » Sa voix était encore faible, mais la curiosité perçait à travers.
« Hmm, oui. C’est quelque chose de simple, juste pour me donner un bras fonctionnel. » Kyllan avaient esquisser un sourire, baissant les yeux vers son avant-bras mécanique.

Il y eut un instant de flottement, où le silence redevenait pesant, mais d'une manière différente. Éléonore reprenait peu à peu le contrôle de son esprit, ses sens autrefois en ébullition s'ajustant au calme de la pièce. Chaque respiration lui rappelait son état physique, mais aussi une sensation plus pressante qui se faisait sentir dans le creux de son estomac. Une sensation qui ne pouvait plus être ignorée.

« Kyllan... j’ai faim. » Sa voix, plus assurée cette fois, trahissait une nécessité presque primaire.

Kyllan rit doucement, un son chaleureux qui résonna dans la pièce.

« Pff, pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas ? » Il se redressa légèrement, ses yeux pétillant d'une complicité tranquille. « La cantine ? »
« La cantine. » répondit Éléonore en hochant la tête.

★ ★ ★

À peine arrivée à la cantine, enveloppée dans un châle en laine pour dissimuler la fragilité de son état, Éléonore s’installa à une table qu’elle avait rapidement réquisitionnée. Ses traits fatigués et sa démarche encore vacillante n’avaient pas échappé aux quelques soldats présents, mais personne n’osait commenter. Kyllan, quant à lui, s'était immédiatement dirigé vers les cuisines pour annoncer la commande particulière de la commandante. La nouvelle de son réveil, mêlée de surprise et de soulagement, circula rapidement parmi le personnel. Les soldats de la cuisine, revigorés par cette nouvelle, se mirent aussitôt à l’œuvre, préparant un festin digne d’un banquet royal. Celeth fut la première à apporter une série d’assiettes, le visage radieux de bonheur à la vue de celle qui l’avait guidée et protégée. Sans hésiter, elle s’approcha d’Éléonore et la serra doucement contre elle, prenant soin de ne pas aggraver ses blessures, mais ne pouvant contenir l'émotion de la retrouver vivante.

« Heureuse de vous revoir en vie, patronne. Emeryx serait très heureux de vous savoir en vie, lui aussi. »
« Désolée de la frayeur occasionnée. » Souffla Éléonore, encore en train de réajuster ses pensées, murmura d'une voix rauque.

Sans perdre une seconde, elle attrapa une saucisse du bout des doigts, la portant à ses lèvres comme si elle n’avait pas mangé depuis des jours—ce qui, en réalité, n’était pas loin de la vérité. Kyllan prit place à ses côtés, observant en silence alors qu’elle engloutissait la nourriture avec une urgence presque animale. Son estomac, qui n’avait reçu que de maigres rations, gronda lourdement, faisant écho dans la salle. Celeth, prise de court par l'intensité de la faim de la commandante, ouvrit grand les yeux, réalisant que ce premier service ne suffirait probablement pas.

« Je vais aller m’assurer que la cuisine fournisse assez de nourriture, » annonça-t-elle, tournant rapidement les talons. Avant de partir, elle se retourna, un sourire doux sur les lèvres. « Ah, commandante, je suis vraiment heureuse de vous revoir. »
« Moi aussi, Celeth, moi aussi, » marmonna Éléonore, la voix plus douce, ses doigts refermés sur la fourchette que l'agent lui avait placée dans la main.

Ce fut ainsi que débuta le véritable assaut sur le garde-manger. Chaque plat qui arrivait disparaissait rapidement, englouti par une Éléonore insatiable, une force de la nature qui retrouvait peu à peu son énergie à travers cette dévoration sans fin. Les soldats dans les cuisines se mirent en branle-bas de combat, livrant un flot ininterrompu de mets pour apaiser la faim apparemment sans fond de la commandante. Le festin se poursuivit ainsi, un spectacle surnaturelle où chaque bouchée, chaque plat vidé finissait dans une pile de vaisselle sur un côté de table.
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Prenant une bouffée supplémentaire de sa cigarette, Ada redressait la tête pour expirer la fumée dans les airs et la laisser retomber doucement devant elle. Dans les quelques heures suivant la fin de la première attaque, Ada avait déjà vidé la moitié de son paquet. Cette drogue étant bien la seule chose qui arrivait à calmer son esprit plus que tourmenté par ces derniers événements. Et si la Kindachi espérait quelque chose de ce jour arrivant, c’était bien la fin totale et incontestable de La Cabale, la permettant sûrement de diminuer le stress et sa consommation par la même occasion. Car si jusqu’ici elle avait toujours tout géré sans aide extérieur, maintenant qu’elle avait trouvé une pommade à passer sur ses plaies mentales, elle n’arrivait plus à faire sans.

Se tenant en bordure du camp, Ada avait pris un peu de temps calme après avoir rendu visite à Eléonore. Et de visite, cela n’en avait que le nom, car elle avait profité d’un moment de repos de la Commandante d'Élite pour venir l’observer et discuter avec la médecin responsable des blessés actuels. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait lui dire. Elle avait été capturée à ses côtés et même si Ada savait que tous avaient été dépassés par les actions imprévisibles de La Cabale, elle n’arrivait pas à ne pas se sentir responsable du fiasco Parisse. Après tout, il s’agissait d’une mission dont on lui avait donné le contrôle mais aussi la responsabilité. Et comme un mauvais rêve après avoir ouvert les yeux, Ada se repassait le film dans sa tête en boucle. Une terrible torture de l’esprit qui ne faisait que la culpabiliser d’avantage.

Et elle avait rapidement fui lorsque Kyllian était venu prendre le relais auprès de la Commandante Grey. Il était sûrement plus à même de la soutenir dans ce moment compliqué et Ada, comme tous les membres de la 888ème, avaient tous bien compris la proximité naissante entre les deux. L’agente n’avait aucune raison de s’interposer. Ni aucune envie de le faire.

- “La Colonelle d'Élite vous attend pour la suite.” vint lui porter un jeune marine. “Vous devez prévenir la Commandante d'Élite Grey.”

Ada acquiesça d’un signe de tête avant d’écraser sa clope et de rejoindre le réfectoire improvisé où elle saurait trouver Eleonore. Et sans faute, elle était assise à une place, la table couverte de nourriture, mangeant comme un ogre ce qui lui passait sous la main. L'appétit était bon signe, même si l'agent se doutait que la marine ne se préparait qu’à une chose, la suite de l’attaque.

- “Pandore nous attend pour nous exposer la suite du plan.” Dit Ada en se rapprochant de la table. “Rejoins-nous à la table de commandement.”

Et sans l’attendre d’avantage, sachant pertinemment que la jeune femme répondrait à l’appelle, elle quitta l’endroit. Elle n’avait un regard pour personne d’autre de l’assistance, l’esprit déjà concentré sur la suite. Elle laissait son haki de l’observation pulser pour vérifier la zone du camp et rassurer son esprit que cette fois, aucune attaque ne viendrait de l’intérieur. Puis en rejoignit Pandore.
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La Tragédie de la Cabale - II
Feat
Les copines


Patiente...

Encore une heure. Une heure pour laisser tes troupes se préparer au prochain assaut. Une heure pour laisser Eleonore refaire surface et se retrouver des forces. Une heure pour laisser Ada évacuer ses pensées sombres. Une heure pour te laisser profiter pleinement de la chute de la Cabale. Ils ne seraient qu'une pierre, une marche vers ta grande ascension. Tu affronterais bien pire, tu marcherais sur beaucoup plus. Mais en ce jour, c'était là ta gloire. Un plaisir qu'on ne pouvait pas te retirer même si on arriver à te décapiter à nouveau.

- Commandante. Prête pour la vengeance ?

Comme voulu, elle était désormais là. Elle n'échapperait pas à un second champ de bataille même dans son état. Plus tôt elle arriverait à se relever, mieux ce serait pour elle. Une torture de temps en temps, cela forgeait le caractère. C'était ce que ton père avait l'habitude de proclamer haut et fort pour s'amuser de vous voir, toi et ta fratrie, le craindre.

Et il n'avait pas tord.

Amusée, tu fixais du coin de l’œil Ada. Pour une agente du Cipher Pol qui n'avait pas été formé au B.A.N elle arrivait à tener le rythme. Physiquement sans soucis, mais mentalement ce n'était pas quelque chose gagné d'avance. Elle était trop intelligente pour son propre bien. Les gars qui se battaient sous ta bannière, c'était des forcenés, des brutes suffisamment sage pour appliquer des tactiques en toute genre mais pas assez pour reconnaître la valeur de leurs propres vies. Mais elle était encore là, malgré toutes les portes de sortie que tu lui avais offerte. Il fallait se racheter, et elle l'avait bien comprise.

- Nous partirons à l'assaut dans moins d'une heure. Eleonore, tu auras des hommes sous ton commandement, suffisamment pour t'épauler. Je te laisse traquer l'enfoiré qui t'a fait ça et t'en charger toi-même, ainsi que ses propres hommes. Rapporte moi sa tête, je n'en attend pas moins de toi.

Tu vins ensuite à donner tes ordres à tes deux lieutenants, Gabrielle et Michael. La première s'assurerait que les communications entre vous tous soient opérationnelles et garderait ce campement provisoire avec quelques hommes. Le second se chargera de surveiller les côtes de l'île et d'abattre les éventuels fuyards. Lui aussi aurait une poignée d'homme pour l'accompagner.

Une autre partie s'assurait que la Charybde reste à flot et qu'il continue à bombarder les positions indiquées.

- Ada. Tu as ta cible. A toi de voir si tu veux te greffer dans mon sillage ou celui d'Eleonore. Je le veux vivant.

Tu avais pourtant ordonné de ne faire aucun prisonnier, mais il était l'exception. Cet homme, cette femme, qu'importe. Ce type avait accès à vos communications et à vos échanges les plus secrets. Même si la Cabale ne représenterait plus aucune forme de menace à la fin de cette journée, tu avais besoin de savoir avec précision les méthodes utilisées. Pourquoi ? Pour t'en prévenir et toi même les utiliser à tes fins à l'avenir.

On ne cessait pas d'apprendre après tout non ? A ce constat, tu vins à rire intérieurement avant de revenir sur la carte grossièrement dessinée de ce petit bout de terre qu'était cette île.

- Je prendrais le reste des hommes et je chargerai frontalement dans la gueule de l'ennemi. Aucuns de leurs pièges ne sont susceptibles de m'arrêter définitivement et leur Boss sera bien contraint de se montrer à moi quand il n'aura plus nul part où se cacher. Il est à moi et à personne d'autres.


A cette dernière phrase une ambiance macabre vint à frapper l'ensemble des acteurs présents dans la scène. Tu avais perdu ton uniforme de Colonelle pour la peau perfide de prédatrice. Clairement, tu avais faim. C'était peut-être même la raison de toute cette folie, la simple idée d'arracher les ailes à cet enfoiré de tes propres mains. Par pur plaisir sadique.

- Exécution.


En disant cela l'ambiance fut encore plus lourde, semblable à un Haki des Rois que tu retiendrais de toute ta volonté pour ne pas qu'il ne se jette sur la première forme de vie à portée. Pour autant tu souriais, d'un sourire carnassier. La chasse venait véritablement de débuter.




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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”
Éléonore dévorait les assiettes qui affluaient sans relâche, chaque bouchée engloutie avec une voracité qui témoignait autant de sa faim que de son besoin de retrouver sa force intérieure. Elle se redressa légèrement, se laissant porter par l'arôme riche des plats, jusqu'à ce qu'une odeur distincte vienne s'infiltrer parmi les autres : celle de la nicotine, mêlée à un parfum plus âcre de poison. Elle reconnut immédiatement la présence d'Ada. L’agent s'approcha pour lui annoncer la réunion avec Pandore. Éléonore hocha la tête en silence, retournant son attention à son assiette qu’elle termina rapidement, avant de se lever avec tranquillité. Elle fit signe à Kyllan de rester en place, sa voix calme mais autoritaire.

« Attends-moi ici, ça ne devrait pas être long. Mange aussi, on en aura besoin. »

Kyllan acquiesça, respectant son souhait sans discuter. Éléonore suivit l’odeur particulière d’Ada, traversant la cantine jusqu’à rejoindre la Cipher Pol, qui l’attendait vaguement à l’écart. L’atmosphère entre elles était lourde de non-dits. Les pas d'Éléonore s’ajustèrent au rythme d’Ada, créant une symphonie silencieuse entre les deux femmes.

« Heureuse de te revoir en vie, Ada, » souffla Éléonore, sa voix porteuse d’un mélange de soulagement et de gratitude.

Il n’y avait aucune rancune dans son ton, simplement la reconnaissance que malgré tout, elles étaient encore là, ensemble. Si Ada ressentait de la culpabilité pour ce qui s'était passé à Parisse, Éléonore n'en montrait rien. Au contraire, elle était surtout soulagée d’avoir su protéger Ada assez longtemps pour lui permettre de survivre, ignorant peut-être les blessures et l’humiliation qu’’elle avait subi de son côté. Mais dans l’esprit d’Éléonore, il n’y avait pas de place pour la rancœur, seulement la satisfaction de savoir qu’elles avaient traversé cet enfer et qu’elles pouvaient maintenant en parler, ou pas. Elle connaissait assez la Kindachi pour savoir qu’elle n’était pas la plus émotionnelle.

En silence, elles traversèrent les couloirs ensemble, se dirigeant vers l'endroit où les attendait la colonelle. Lorsqu’elles arrivèrent, la colonelle les salua avec son style bien à elle, direct et tranchant. Éléonore laissa un sourire carnassier étirer ses lèvres, un sourire qui promettait bien des choses.

« Bien sûr, colonelle, » répondit Éléonore, la voix vibrante d’anticipation, « je n’attends que ça. »

Éléonore et Ada restèrent attentives, écoutant les ordres que leur cheffe leur donnait. Chacune des femmes savait ce qui était attendu d'elle, et Éléonore ressentit une satisfaction presque palpable en pensant à sa propre mission. Elle n’était jamais aussi vivante que lorsqu’elle était sur le terrain, et l'idée de reprendre l'action, même dans son état affaibli, éveillait en elle une impatience qu'elle peinait à contenir. Sans parler du fait qu’elle pourrait chasser celui qui lui avait rendue la vie difficile… Une fois libérées, elles échangèrent un dernier regard de compréhension tacite avant de se séparer. Éléonore retrouva son chemin vers la cantine où elle rejoignit Kyllan. D’un ton simple mais ferme, elle lui annonça qu'ils allaient partir sous peu. Ensemble, ils terminèrent leur repas, prenant soin de se nourrir autant pour le corps que pour l'esprit. C’était un moment de calme avant la tempête, un instant suspendu où ils pouvaient reprendre des forces.

Ensuite, ils retournèrent à l'infirmerie, où Éléonore fit part de son intention de partir en mission. Le médecin, fidèle à son rôle, exprima immédiatement son désaccord, arguant qu’elle avait besoin de plus de repos. Mais en croisant l’expression fermé, il comprit rapidement qu'elle n'était pas venue pour demander la permission. Elle cherchait seulement ce qu'il fallait pour rendre son départ possible, et elle l'obtint sous la forme de deux analgésiques narcotiques puissants, qui endormiraient temporairement la douleur.

Avec la douleur atténuée, Éléonore se dirigea ensuite vers l’armurerie, où elle s'équipa en conséquence, choisissant soigneusement chaque pièce de son arsenal. Elle se para de ses armes et les nettoya, un rituel qu’elle avait répété tant de fois qu’il était devenu une seconde nature. Une fois armée, elle sélectionna son équipe, choisissant des escouades qui avaient déjà retenu son attention pour leur efficacité et leur esprit combatif. C’étaient des soldats qu'elle voulait voir en action, des individus en qui elle pouvait avoir confiance pour mener à bien la mission.

Le temps s'écoula rapidement, et bientôt, l'heure fatidique arriva. Éléonore rejoignit le point de rendez-vous final, où l'attendaient ses hommes et le début de leur prochaine mission. L'air était lourd de tension et d'excitation, une électricité invisible qui parcourait le groupe. Les regards échangés étaient remplis d’anticipation, chacun conscient de la tâche qui les attendait. Éléonore, debout au milieu de ses soldats, sentit son cœur battre plus fort, non pas de peur, mais de prévision. La douleur était présente, mais endormie, tenue en respect par les médicaments. Sa volonté, elle, restait indomptable t il demandait rétribution.
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Remplaçant son masque sur son visage, Ada gardait en tête son objectif. Pandore lui avait donné une cible, mais sûrement pas la plus simple à trouver et à atteindre. Et c’était pour cela que c’était à elle de s’en charger. Elle était un électron libre au milieu des rangs ordonnés de la marine et d’une délicatesse meurtrière dont était incapable les membres de l’élite. Loin d’avoir envie de nourrir son égo en se convainquant qu’il était dans l’ordre normal des choses qu’elle tue l’agent de renseignement du camp ennemi, elle comprenait bien pourquoi on lui avait confié cette mission.

Alors qu’elle avait pris de l'altitude, grimpant au sommet des constructions qui croisaient la route de la division, elle tournait la tête, observant l’horizon sans pourtant se fier à sa vision directe. Elle préférait se fier à son haki de l’observation pour trouver son homme. Une aura assez imposante pour présenter un ennemi puissant et sortant du lot de la masse jetable de La Cabale, mais pas assez imposante pour ne pas attirer l’attention en premier. Alors rapidement, elle oubliait les auras les plus fortes, sûrement découlant des autres membres puissants de La Cabale, pour se concentrer sur une bien plus fébrile mais restant au-dessus du lot des autres soldats.  

- “Eleonore, Nord-Est de ta position, je pense qu’il y a ton homme.” avait-elle communiqué dans son Denden portatif.

Son haki lui donnait nombre d’informations inaccessibles à ses deux autres camarades et il serait bien idiot de sa part de ne pas leur en faire part. Rapidement, elle porta une nouvelle main au Denden pour communiquer une autre position, à Pandore cette fois, Mais la femme qu’elle avait suivit, la progresser en élagant le gros des premières troupes, semblait se diriger tout naturellement vers son ennemi désigné. Sûrement une attirance naturelle entre deux monstres, ou alors l’instinct du Zoan en elle. Ada haussait simplement les épaules avant de ranger son appareil de communication et de bouger à son tour vers une cible qui lui semblait toute désignée pour se présenter comme une cible à abattre. Et même s’il ne s’agissait pas de l’agent de renseignement, alors il restait une présence suffisamment menaçante pour que la Cipher Pol se concentre sur sa traque et sa mort.

Dans une concentration presque absolue, la jeune femme se déplaçait vers le point fixe de l’aura. Sautant de bâtiments en bâtiments, avançant rapidement grâce au Soru, Ada arrivait vite à son point d’intérêt pour s’arrêter un instant et prendre le temps d’analyser la situation de son côté.
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La Tragédie de la Cabale - II
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Les copines


Des explosions...

La Cabale avait reprit sa défense acharnée, pliant peu à peu sous l'avancée intrépide de l’Élite. Vous étiez simplement mieux équipés, plus forts et plus organisés. Vous viviez cela chaque jour, et pour vous la symphonie du plomb était une vieille amie. Vous étiez inarrêtable. Même les pièges posés sur ton chemin finissaient inévitablement par prouver leur inefficacité flagrante. C'était bon pour tromper l'ignorant, mais pas pour stopper celui qui s'y jetait volontiers tête la première.

Et clairement l'écho des batailles pouvaient résonner à travers toute l'île, indiquant à Eleonore et Ada que leurs chasses respectives étaient ouvertes. De ton côté, tu n'avais même pas besoin de chercher, tu savais où aller. Il suffisait simplement de te laisser guider. L'odeur, le bruit, cette présence éphémère... Tu reconnaissais là l'art de ton ex-bourreau qui cherchait à te mener là où il voulait que tu sois. Alors pourquoi lui priver ce plaisir ? Autant marcher sur les fils de sa propre déchéance.

Puis finalement tu vins t'arrêter, avant de sourire et même d'éclater de rire sous les regards un peu perdu de tes soldats.

- Combien de temps tu comptes voir tes hommes s'écraser contre les miens. Une telle absurdité pour si peu de résultat, cela ne te ressemble pas.


Riant une nouvelle fois, ta lame traça une courbe d'air élancée se frayant un chemin entre les rangs de tes hommes avant de s'écraser vers l'un d'eux. Boum. Une puissance détonation fracassant la terre et les arbres autours. Mais aucune victime, simplement les restes flottants d'un uniforme blanc et bleu. Sourire aux lèvres, tu fixais alors les cieux, là où était ta proie, celle dont tu rêvais ouvertement de briser la nuque avec tes doigts.

- Penser que cela marcherait deux fois de suite avec moi. Non... Tu voulais que je finisse par te repérer, sinon tu n'aurais pas pris la peine de tendre de trop proche ton oreille à ma petite réunion. Hmm. A ton air renfrogné j'imagine cependant que tu n'espérais pas que cela soit aussi rapidement.


Une heure auparavant...


Se frayant un chemin à travers le sol, Vipère de tout sa prudence scannait les alentours. Naturellement, elle était les yeux et la sagesse d'une Pandore qui n'en avait jamais assez. L'on ne pouvait pas tromper une hydre aux têtes toutes indépendantes, s'en était presque injuste tant le nombre était contre l'ennemi. Mais pour Vipère il n'y avait pas d'injustice, uniquement l'efficacité et pendant tout ce temps elle gardait les yeux sur celui qui ne la tromperait plus jamais.

Ce qui posait alors la question. Si Vipère et donc Pandore étaient au courant de la présence du Boss de la Cabale dans le campement pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Dans cette partie d’échec qui était vraiment à l'avantage ? Qui avait véritablement un coup d'avance sur l'autre ?!


Au présent.


Tes hommes naturellement vinrent à lever leurs armes prêt à faire feu sur l'ennemi mais tu te contentas de les arrêter avant en levant la main. Tu ne voulais pas gâcher cet instant par des efforts inutiles.

- Dispersez vous, allez tenir le front plus loin, je m'occupe de lui. Laurent. Si cela est bien ton vrai nom. On a tous nos petits secrets il faut croire.

- ...


Comme à son habitude son mutisme était sans doute là sa plus grande force. Il était conscient que ne rien dire et ne rien laisser transparaître était là un avantage considérable sur l'ennemi. Comment prévoir les pensées d'un homme qui visiblement n'en avaient pas ? Son attitude était telle que même avec le Haki de l'Empathie il était complexe de percevoir sa présence tant celle-ci était anecdotique. Mais son odeur... Cela avait été sa pire erreur. En te tuant et en pensant que cela avait fini, il avait gravé son odeur dans ton esprit. C'était quelque chose qu'on ne pouvait pas réparer une fois que le mal était fait.

Et dire que tu lui parlais pas pure moquerie était mentir aussi. S'étant frayant un chemin dans le sol lui aussi, Cobra prit une proportion la plus grande possible pour tenter de croquer l'homme dans son angle mort. Cronch... Il vint à dévorer de l'air et pesta ouvertement. La cible était rapide, agile, et presque inaudible, pas étonnant vu ce qu'il faisait et il tenta de t'arracher la gorge avec ses serres tout aussi rapidement.

Woosh... Lui aussi vint à brasser de l'air alors qu'il affichait un air légèrement dérangé. Tu aurais dû parer, et non esquiver. Cela avait été la conclusion de ses données qu'il avait prit des mois à regrouper sur toi. Il connaissait tout sur toi, tes peurs, tes ambitions, ta moralité, ta manière de te battre, tes habitudes et même le temps que tu prenais entre deux respirations. Alors pourquoi cette erreur grossière qui le fit s'écraser quelques mètres plus loin sans subir une once de dégâts.

- J'apprends vite.

Comme si tu répondais à ses propres pensées, il fut à nouveau prit de court alors qu'à peine sa serre posée sur le sol, une seconde tête, Mamba cette fois-ci vint à surgir tenta de l'engloutir sur la surprise. Si ce n'était pas par pur instinct et réflexe musculaire il aurait été dévoré en une fois. Mais non, il s'en dégagea in extremis, légère sueur sur son front. C'était la première fois que Laurent devait improviser. La première fois qu'il devait adapté ses plans en plein vol.

Cette fois-ci, c'était sur. Toutes ses recherches sur toi ne valaient plus rien. Ce n'était pas Pandore qu'il avait en face de lui mais une entité tout autre ayant emprunté sa peau. Et il allait devoir se battre à l'aveugle pendant encore quelques temps avant d'espérer déterminer de nouveau pattern sur ta personne.

Mais du temps, il n'en avait pas.




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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”
Le petit Denden Mushi fixé à l'épaule d'Éléonore émit un son familier, une voix reconnaissable entre mille—celle d’Ada—qui l'informait de la présence probable de sa cible. Éléonore inclina légèrement la tête pour écouter, ses paupières se plissant sous la concentration. Après un rapide remerciement, le Denden ce coupa. Une ultime bouffée de sa cigarette remplit ses poumons, le bâtonnet de nicotine brûlant rapidement jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Dans un geste calculé, elle écrasa le mégot dans sa paume avant de le ranger dans un étui conçu pour ce genre de choses. Le stress avait ramené ces vieilles habitudes, des gestes presque oubliés mais étrangement rassurants, comme un souvenir de ce qu'elle avait été autrefois. Elle ne pouvait s’empêcher de soupçonner que Lucian n'était pas étranger à ce retour aux sources.

Derrière elle, les trois escouades qu'elle avait sélectionnées attendaient patiemment, leurs yeux rivés sur leur commandante, prêts à agir au moindre de ses ordres. Ces soldats, qu'elle avait choisis avec soin, savaient que la moindre hésitation pouvait leur coûter la vie, et ils restaient donc sur le qui-vive, parfaitement silencieux. À ses côtés, Kyllan restait tout aussi alerte, tel un chien de garde fidèle et attentif. Un léger sourire passa sur les lèvres d'Éléonore en l’imaginant, puis sans un mot, elle se mit en marche. L’ancien agent du Cipher Pol fit un geste rapide, et les escouades se mirent en mouvement, avançant avec une discipline exemplaire vers la position indiquée par Ada. Leur destination : le Nord-Est. Chaque pas les rapprochait du prochain affrontement, et l'atmosphère se tendait à mesure qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans le territoire ennemi.

Éléonore menait la marche, les sens en éveil malgré la douleur endormie par les analgésiques. Elle savait que le moment de vérité approchait, celui où tout se jouerait. Pour l’instant, elle se contentait de suivre l’odeur de la fumée de bataille, les bruits lointains d’un conflit inévitable, ses pensées focalisées sur la mission à venir. L’instinct affûté, les sens perçants, elle avançait sans se retourner, prête à mener ses hommes à la victoire.

Après de longues minutes à avancer dans un silence complet, chaque pas résonnant à peine sur le sol humide de la jungle, Éléonore leva une main, signifiant à ses escouades de se disperser. Sans un mot, les soldats obéirent, s'évanouissant parmi la végétation luxuriante pour trouver refuge. Restant concentrée sur la mission, Éléonore, accompagnée de Kyllan, continua à avancer en ligne droite vers leur cible. Éléonore avait perçu l’agitation des soldats ennemis plus loin devant, se rapprochant rapidement. Elle savait qu’une confrontation était inévitable et s’attendait à ce que l’ennemi les trouve rapidement. D'un geste discret, elle fit signe à Kyllan de se retirer comme les autres, mais l'homme refusa obstinément, préférant faire tourner entre ses mains l'imposante hache qui lui avait été confiée. Éléonore haussa légèrement les épaules, marmonnant qu'il valait mieux qu'il sache ce qu'il faisait.

Alors, comme une horde sortie tout droit des profondeurs de la jungle, les soldats ennemis apparurent soudainement devant eux, s'extirpant de la végétation dense, les armes pointées. Une volée de balles métalliques fusa dans leur direction, mais Éléonore était déjà prête, son corps recouvert d'une épaisse couche de Haki, arrêtant les projectiles avant qu'ils ne puissent l'atteindre. À ses côtés, Kyllan se pencha immédiatement, posant un genou au sol pour se protéger derrière elle. Il fit ensuite un geste rapide de chaque côté, avertissant les troupes qui s’étaient éloignées mais qui gardaient toujours un œil vigilant sur leur position. Comme une réponse silencieuse à son signal, les escouades embusquées répliquèrent. Des tirs croisés fendirent l’air, fauchant les ennemis avec efficacité. L'ennemi, pris dans un piège invisible, commença à tomber comme des mouches, abattu par les tirs des soldats d'Éléonore, embusqués dans les ombres de la jungle.

Éléonore et Kyllan restèrent immobiles, tandis que le chaos régnait autour d'eux. L'ennemi, d'abord confiant dans sa supériorité numérique, réalisa trop tard qu'il avait été attiré dans un piège bien orchestré. Chaque balle tirée par leurs adversaires s’écrasait contre la barrière de Haki d'Éléonore, chaque tentative de riposte devenait futile face à la précision des escouades dissimulées. Le silence revint lentement, seulement interrompu par les derniers râles des ennemis qui s'éteignaient dans la végétation environnante. Les soldats d'Éléonore restèrent cachés, toujours prêts à intervenir si nécessaire, mais le gros du travail avait déjà été accompli. Éléonore, toujours impassible, fit un signe de tête à Kyllan, avant de reprendre leur marche vers leur cible. Le chemin était désormais dégagé, mais ils savaient que le plus difficile restait encore à venir.
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Le champ de bataille était bruyant et pourtant, ce qui parvenait à Ada n’était que des échos étouffés des combats. Elle avait suivi sa piste avec discipline et s’était éloignée des affrontements sans le vouloir. Cherchait-on à l’isoler ? Une raison de plus de se montrer méfiante alors qu’elle scrutait les lieux drôlement silencieux. Et alors qu’elle finissait de descendre de son perchoir pour glisser dans une rue pavée de la ville QG, elle ne pouvait s'empêcher de fixer le bâtiment qui accueillait l’aura ennemi.

Un pas devant l’autre, légèrement en biais, Ada progressait doucement. Ses sens en alerte, elle tournait la tête à chaque nouveau bruit suspect, comme si elle avait peur d’être prise en embuscade. Et rapidement, elle faisait résonner son Haki de l’Observation une nouvelle fois pour s’assurer que sa cible n’avait pas bougé.

Et rien, aucun mouvement de cette flamme puissante et calme. Cependant, cela suffit à troubler l’agente qui fronçait les sourcils en posant la main sur la poignée circulaire de la porte. Le métal froid et les bruits des explosions s’atténuant en fond plongeaient la jeune femme dans un autre monde, dans une bulle où son adversaire l’attendait certainement.

Poussant la porte dans un grincement, Ada entrait dans le sombre bâtiment. Le plafond lui semblait haut et aucune lumière autre que celle de l’entrée ne venait éclairer le sol bétonné de l’endroit. Guidant une main sur sa dague, l’agente dégainait avant de doucement avancer vers le milieu de la pièce. Puis, fermant les yeux pour se concentrer sur ses autres sens, elle faisait sonner son Haki.

Dans la stupeur, elle redressa la tête, rouvrant les pupilles et fixant ses iris verts sur les poutres du plafond où elle finissait par distinguer des motifs écailleux glissant autour du bois. Puis, dans une pluie de reptiles, de nombreux serpents argentés tombaient sur elle et autour, remplissant l’endroit et couvrant le sol d’une marée sifflante. Ceux lui arrivant sur les épaules étaient rapidement dégagés par l’agente d’un geste de la main rapide mais pas paniquée. Le coup des serpents, c’était bien ridicule à ses yeux et en les fixant ramper autour d’elle, elle avait du mal à comprendre l'intérêt de la mise en scène alors qu’elle faisait à nouveau pulser son Haki pour trouver cette aura perfide qui se cachait sûrement encore quelque part en hauteur.

Et rapidement, elle comprenait l’astuce. Lorsque son Haki lui informa de la présence mouvante de l’aura, non pas dans les airs mais bien au sol, une certaine panique s'emparait d’elle alors qu’elle posait son regard sur toutes ces formes glissantes.

- “Je sens ton inquiétude … à moins que cela ne soit de la peur ?” sifflait une voix résonnante dans la pièce.

Ada grognait, si son Haki lui permettait de suivre le mouvement de l’aura, elle n’arrivait pas à voir l’individu derrière. Mais les quelques paroles prononcées lui apprenaient rapidement quelque chose, il s’agissait d’une femme.

- “Pourquoi vous cacher ? Je sais où vous êtes.”
- “Tu me ressens mais tu ne me vois pas. Alors que moi …”

Et sans finir ses paroles, un des serpents, calmes jusqu’ici, sautait à la cheville de l’agent, la mordant avec férocité.
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La Tragédie de la Cabale - II
Feat
Les copines



Un instant éphémère...

Ton regard se plongeait dans le sien. Il cherchait à savoir ce qu'il se passait désormais dans ta tête, toi tu savais ce qu'il se passait dans la sienne. Le rapport de force avait totalement basculé et ta lame était plus proche que jamais de trancher sa chair pour si insaisissable en temps normal.

- Tu n'es pas très bavard hein ? Mais tout ton truc, c'est d'apprendre à connaître tes ennemis pour mieux les anticiper non ? Alors parle moi.


- ...


- Tu es d'un ennui... S'il faut que je te fasse parler de force alors soit.

Sourire aux lèvres, tu t'élançais vers lui, frappant de manière toujours aussi absurde par rapport à ta manière de te battre habituelle. Comprenant que jusqu'ici, tu n'avais fait que lui faire croire qu'il pouvait se servir de ses précédentes informations sur toi pour mieux t'abattre, son plan changea rapidement. Pour la première fois depuis longtemps son corps fut le maître de ses actions et non son esprit, contraint de s'extirper in extremis de tes tentatives qui se rapprochaient toujours plus du succès.

De manière purement physique, il avait l'avantage de la vitesse, toi de la force, il pouvait sillonner les airs mais toi tu contrôlais la terre. C'était le clash entre deux opposants aux qualités très différentes. L'un préférant l'analyse à l'extrême lui donnant une vision du monde presque absolue et l'autre privilégiant son instinct, sa capacité presque surhumaine à s'adapter à tout ce qu'il y avait en face d'elle. Plus qu'un combat entre un criminel et un soldat de la marine, c'était un combat idéologique sur la manière de vivre sa vie.

Mais à la différence de lui, tu étais déjà morte une fois, dès lors tu avais pu la soumettre à des efforts bien plus grands, la pousser dans ses derniers retranchements. Tu gagnerais simplement car tu avais une expérience qui ne pouvait être répliquée, ni même analysée. Celle de la Mort.

Slash.

Son mollet fut entaillé alors qu'il tentait de prendre son envol d'une lame d'air cachée dans premier mouvement de lame. Une attaque très dure à anticipé, encore plus à exécuter, qui vint pourtant à faire pleuvoir quelques gouttes de sang de Laurent.

- Il faut croire que tu saignes comme tout le monde finalement.

Tu riais avant que celui-ci ne se décide à agir de manière surprenante. Ne s'attardant pas sur sa première blessure, il utilisa son immense amplitude aérienne grâce à ses ailes pour se propulser à très grande vitesse et à te percuter avec sa serre gauche le flanc droit. Une vitesse si grande que tu n'aurais su agir autrement qu'en subissant l'impact, qui te propulsa d'ailleurs à plusieurs mètres en arrière non sans laisser une puissance onde bruyante à même d'avertir l'ensemble de l'île. Chaque coup échangé était comme une confrontation entre deux boulets de canon propulsés à la vitesse du son.

Pourtant tu te tenais toujours sur tes deux jambes, le visage toujours marqué d'un sourire plein de sadisme et de sarcasme. Tes côtes étaient fumantes et douloureuses, mais rien de plus. Tes écailles ainsi que ton Haki avaient été là pour encaisser une énorme partie du choc. Il était plus rapide que toi certes, mais tu étais plus résistante.

- Qui es-tu ?

Amusée. Il parlait tout ça pour dire ça. Ada avait les mêmes réflexions que lui. Pour des gens qui avaient passé ces derniers mois à t'étudier, tu trouvais cela risible de voir qu'au fond... Ils ne savaient absolument rien. Tant de mystère gravitant autour de toi, tant d'étrangetés qu'on ne trouvait normalement chez aucun être humain.

- Qui sait ?

Le combat reprenait alors, ne lui donnant pas la satisfaction d'une réponse pleine d'informations à soutirer. Il devait sans douter que tu te jouais de lui au même titre qu'il faisait de même avec toi. L'échange d'amabilités sembla prendre une tournure encore plus endiablée... Ses anticipations bien que maladroites commençaient au fil des minutes à glaner de plus en plus de précisions. Tu n'étais pas imprévisible, simplement différente de ce qu'il s'était projeté sur toi jusqu'ici.

On ne devenait pas le Boss d'une puissance organisation criminelle sans savoir accumuler une quantité importante d'information en peu de temps. Même s'il était contraint de se battre différemment de d'habitude, il cherchait à chaque échange à reprendre un peu l'avantage psychologique.

Vous étiez quasiment de force égal, dire que ce combat allait se terminer sur l'erreur de l'un était absurde. Cela ne pouvait que durer quitte à ravager l’entièreté de l'île et de ses habitants au passage.




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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”
Ils reprirent leur marche, leurs pas les guidant finalement vers un vieux bâtiment à l'apparence lugubre. À mesure qu'ils s'en approchaient, Éléonore sentit un long frisson désagréable lui remonter le long de la colonne vertébrale, une sensation bien trop familière pour qu’elle l’ignore. Elle s'arrêta devant la porte massive, levant les yeux vers un escargot-caméra qui la fixait d'un regard froid et inquisiteur. Elle prit le temps de sortir un bonbon à la cannelle de sa poche, le plaçant sur sa langue pour en savourer le goût épicé et réconfortant. Puis, se penchant légèrement, elle ramassa une pierre ronde et l’enroba de Haki avant de l’envoyer à toute vitesse vers la caméra. La pierre explosa contre l’animal, détruisant son corps avec une précision impitoyable.

Kyllan, toujours sur ses gardes, fit signe aux escouades de s'approcher. Rapidement, les trois lieutenantes s'extirpèrent des rangs de leurs soldats pour écouter les ordres d'Éléonore. La Bloodhound tourna légèrement la tête, laissant son sens de l'odorat affiner sa connaissance des trois femmes qui se tenaient devant elle. Chacune portait une odeur distincte, révélatrice de leur personnalité et de leurs habitudes.

La première lieutenante dégageait une odeur de vieux papier, comme si des documents anciens avaient imprégné sa peau. Cette odeur trahissait son attachement au savoir, aux stratégies finement élaborées et à une attention minutieuse aux détails.

La seconde lieutenante sentait la viande, signe d'une alimentation riche et carnivore. Son odeur était plus brute, plus ancrée dans la force physique, une femme de terrain, prête à mordre dans chaque mission avec la férocité d’un prédateur.

La dernière exhalait l'odeur âcre de l'alcool brûlé. Une odeur qui parlait d'excès, d'une vie vécue en marge, de nuits passées à se consumer dans des liquides toxiques, mais peut-être aussi d'une résistance farouche à tout ce qui pouvait l'abattre.

Éléonore mémorisa ces odeurs, sachant qu'elles pourraient lui être utiles plus tard. Elle les jaugea un instant, puis se redressa le visage impassible. Le bâtiment devant eux n'était qu'une nouvelle étape, un obstacle de plus à surmonter. Ses lieutenantes attendaient ses directives, prêtes à suivre la moindre de ses décisions avec une loyauté sans faille. Les ordres furent donnés d’une voix basse mais ferme ;

« Vous deux, faites le tour du bâtiment. Coupez toutes les sorties possibles. Rien ne sort, rien ne rentre, » ordonna-t-elle aux deux femmes placées aux extrémités.

Elle se tourna ensuite vers la lieutenante du centre, son expression toujours impassible.

« Toi, tu viens avec moi. Ta tâche est de nettoyer l'intérieur complet du complexe avec moi. Si nous tombons sur Lucian, ne vous en occupez pas, il est à moi et Kyllan. »
« Bien sûr, commandante, » répondirent les trois lieutenantes d’une voix harmonisée, chacune avec sa propre tonalité.

À ces mots, le groupe se sépara, les deux premières lieutenantes se fondant dans la végétation pour sécuriser le périmètre, tandis qu'Éléonore, Kyllan, et la troisième lieutenante s’enfonçaient dans les entrailles du bâtiment, suivis de l’escouade restante.

L’intérieur du bâtiment, bien que manifestement vieux, était impeccablement entretenu. Les murs, jaunis par le temps, portaient encore les traces de leur grandeur passée, mais chaque surface semblait avoir été méticuleusement nettoyée. Une odeur persistante de désinfectant flottait dans l'air, rappelant la rigueur presque obsessionnelle des habitants à maintenir cet endroit immaculé. Le sol, en béton usé, reflétait faiblement la lumière tamisée des ampoules vieillissantes suspendues au plafond, ajoutant une ambiance austère et clinique à l’ensemble.

Les couloirs étaient larges, dépouillés de toute décoration superflue. Les portes, en métal lourd, semblaient avoir été récemment récurées, leurs poignées brillantes malgré l’âge avancé de la structure. À chaque pas, le léger grincement des bottes sur le sol résonnait, se heurtant aux murs lisses et accentuant le silence presque oppressant qui régnait dans le bâtiment.

Éléonore progressait lentement, ses sens en alerte, chaque respiration soigneusement mesurée pour ne pas perturber le calme mortuaire du lieu. Les effluves de désinfectant, bien qu’étouffants, ne parvenaient pas à masquer entièrement la sensation de danger imminent qui planait sur eux. L'endroit était bien trop propre pour être abandonné, comme si les occupants avaient quitté les lieux à la hâte, mais non sans laisser une trace de leur passage. Lorsqu'ils atteignirent l'intersection, Éléonore n'hésita pas un instant. Comme attirée par une force invisible, elle s'engagea à droite, sa décision guidée par une intuition. Sans un mot, elle fit signe à la lieutenante de prendre le chemin de gauche. Kyllan la suivit en silence, ses pas résonnant faiblement sur le sol parfaitement nettoyé.

Après quelques minutes de marche dans ce couloir silencieux, Éléonore et Kyllan débouchèrent enfin dans une grande salle à moitié éclairée. L'endroit, d'une propreté presque clinique, dégageait une atmosphère à la fois intimidante et dérangeante. Les grandes portes, béantes comme la gueule d’un monstre prêt à les engloutir, laissaient passer une lumière diffuse qui luttait pour éclairer la pièce.

Au fond de la salle, à peine discernable dans l'ombre, se trouvait Lucian. Il se tenait là, immobile, une silhouette presque spectrale, le visage partiellement illuminé par la lueur rougeoyante de sa cigarette. L'éclat intermittent du bout incandescent dévoilait ses traits durs et marqués, et pour un bref instant, Kyllan croisa son regard. Ce simple échange visuel fit remonter à la surface des souvenirs enfouis, le grésillement familier de la cigarette ravivant la tension des moments passés. Éléonore se figea, ressentant une vague de colère et de défi monter en elle, tandis que Lucian, impassible, continuait de fumer tranquillement, comme s'il savourait ce moment. Le silence oppressant de la salle fut finalement rompu par la voix grave et sereine de l’ennemi qui résonna dans l’espace vide, perçant l'atmosphère chargée d'électricité.

« Bon retour à la maison, Éléonore, » dit-il, sa voix empreinte d'une étrange familiarité. « Je t'avais dit qu'on se retrouverait... »

Ces mots flottèrent dans l'air, lourds de sous-entendus, éveillant en Éléonore un mélange d'émotions conflictuelles : la rancœur passée, la résolution de régler des comptes, et l'étrange sentiment d'affronter un fantôme de son passé. Ses muscles se tendirent sous la tension, mais elle garda son calme, ses sens posés sur Lucian, prête à tout.
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La tragédie de La Cabale - Phase II

ft. Pandore & Eleonore



Ada avait esquivé les nombreux assauts des serpents. Son souffle se faisait cours, et son visage était couvert du sang froid des reptiles. Pourtant, toujours autant grouillait autour d’elle et cette voix la narguant ne cessait jamais.

- “Je te sens essoufflée. Et tu ne m'as pas encore trouvé.”

Un nouveau reptile se jetait sur l’agent qui venait à l’éviter d’un pas vif sur le côté avant de le trancher dans son élan en deux. Les morceaux de l’animal inerte glissa sur le sol pour rejoindre un tas formé de tous ceux qu’Ada avait abattu jusqu’ici. Mais la marée ne se retirait jamais. Une angoisse montante.

- “Nous sommes plus nombreux. Tu finiras par choir.”

Toujours cette même voix résonnante portée par un ennemi invisible. Dans une crainte sourde, Ada regardait autour d’elle de manière erratique. Elle faisait sonner son haki pour essayer de trouver les traces de l’aura et si elle la détectait sans problème, elle n’arrivait pas à mettre de corps dessus. Son ennemi était invisible dans la mer d’écailles, glissant autour d’elle et trompant son arme la plus puissante avec tant de facilité. Une ruse frustrante, inquiétante, qui donné des frissons de peur et de surréaction à chaque animal la frôlant de trop prêt. Maintenant, il était clair pour la jeune agente : il s’agissait d’une possesseuse du Fruit du Démon. Et si tout cela avait longtemps troublé Ada, elle commençait à laisser son agacement latent dicter ses actions.

Dressant une jambe, elle prit le plus grand élan qu’on lui permettait avant de réaliser un Rankyaku fendant le mur opposé et emportant sur son passage les reptiles. Dans un fracas bruyant, le mur s’ouvrit, laissant un large faisceau de lumière éclairer l’agent. Elle avait visé la position de l’aura, cherchant à projeter la métamorphe présumée en dehors de sa tanière reptilienne. La morsure à sa jambe la relança lorsqu’elle la posa sur le sol mais sans se préoccuper des nombreux reptiles convergeant vers elle pour la mordre, elle bondit vers la sortie créée. Il était temps d’y voir plus clair sur cet ennemi.

De nombreuses bêtes avaient été propulsées dehors mais une grande partie avait fini écrasé sous les débris du mur. Leur nombre était donc bien plus raisonnable.

Ada redressait la tête devant la lumière salvatrice. Elle ne savait pas combien de temps elle avait tenu dans ce cauchemar oppressif alors qu’elle ne cessait de se dire qu’elle aurait dû agir de la sorte bien plus tôt dans l’affrontement. Maintenant, elle sentait un regain d’énergie lui revenir, l’encourageant à continuer de se battre.

- “Maintenant, je te vois.” gronda Ada en lançant une dague vers un des reptiles sortant de sous une pierre.

Et avant même que l’arme ne l'atteigne, le reptile était dejà redevenu une femme. Elle avait saisi entre ses doigts la lame projetée et elle se redressait en retirant d’une autre main sa capuche bleue. Dévoilant son visage marqué par ses traits reptiliens, elle répondit :

- “Comme c’est amusant. Ah ah … mais cela ne sera pas suffisant pour me battre.”

Et elle avait bien raison. Ada se mettait en garde pour le second round, celui où elle prendrait l’avantage dès le premier coup.


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La Tragédie de la Cabale - II
Feat
Les copines



Grotesque...

Le combat manquait d'impact, s'en était évident que ça t'empêchait de pleinement en profiter. Pourquoi ? Car naturellement il adoptait une approche à la fois prudente et osé. Un mixte assez vicieux qui t'empêchait de porter un coup fatal tout en lui donnant l'occasion de s'en prendre à toi en retour. Tu n'étais pas démunie loin de là, simplement ennuyée. Tu voulais voir comme il réagissait face à l'adversité et la réalité... C'était qu'il agissait comme tout les ennemis que tu avais rencontré avant lui. Ce Boss... Une fois son visage dévoilé, il n'était rien de plus qu'une pierre sur ton chemin. Son génie n'était de l'ordre du combatif... C'était un bon planificateur mais un médiocre partenaire de danse.

Ou alors...

Écarquillant tes yeux, tu vins à sentir un coup, à peine visible, érafler ton visage. Ses coups redevenaient de plus en plus précis et avec cela son ardeur reprenait à nouveau tandis que tes coups eux s'écrasaient vulgairement contre l'île faisant parfois détonner des mines piégées posées ci et là. Un vrai vacarme qui pourtant de ton côté ne faisait pas avancer dans ton sens la tournure des clashs. C'était comme essayé de frapper la mer, celle-ci finissait toujours pas se dérober avant l'impact avant de reprendre sa forme initiale.

- Cela ne me prendra que quelques mois pour reconstruire ce que tu as cherché à détruire.
Arquant un sourcil, tu vins à t'arrêter quelques instants. C'était là la première phrase que tu entendais de sa part. Sa parole était une denrée si rare sur ces mers que tu vins à l'apprécier quelques instants avant d'éclater de rire. Un rire vicié, un peu excentrique. Reconstruire ce que tu avais détruit ?

- Tu te penses trop grand Laurent. Un petit garçon qui essaye de se rassurer derrière ses faux semblants et ses subterfuges. Tu ne serais pas le premier génie que ces mers emporteront. Et le plus drôle dans tout ça, c'est qu'à la toute fin, il n'y aura que moi qui me souviendra de cette Cabale. L'histoire de toute une vie réduite à un simple souvenir. On a connu plus glorieux.


- Pourquoi tu n'as pas peur. Je t'ai déjà tué une fois.

Tu n'aimais pas sa manière de s'exprimer. Son ton était plat, presque robotique, fidèle à cette image qu'il s'était forgé d'être mystérieux, angélique, transcendé.

- On meurt tous un jour... Mais pas moi. Moi je suis immortelle.

Toujours ce même air arrogant, mesquin, amusé par la situation. Tout pensait à croire que tu l'étais vraiment. Mais étais-tu immortelle car tu étais suffisamment puissante pour survivre à tout, où étais tu puissante car tu étais immortelle ? Une question qui se terrait derrière les secrets que recelaient ta vie et les capacités du fruit que tu avais dévoré. Des capacités dont personne ne connaissaient l'exacte amplitude.

Sauf toi.

Le combat reprit alors avec cette fois-ci plus d'intensité. Tu pouvais sentir dans son amplitude, la réponse que tu lui avais donné l'avait déplu. Non pas dans son absurdité mais dans son manque de sérieux. Il le savait, s'il te tuait maintenant, il n'aurait jamais les réponses à toutes ses questions sur ta personne et tes pouvoirs. Et Laurent était un homme obsédé par le savoir. Si bien que lui aussi devenait prévisible par ce simple fait.

Sla...

Tu t'apprêtais à l'accueillir d'un coup pour lui trancher le torse net avant d'être arrêté par un plante immense entourant ton bras. Comment ? Il t'avait traîné jusqu'à cette position précise, il avait joué de ses coups, de ses amplitudes pour te donner l'assurance de pouvoir l'anticiper. Et il avait eu raison. Configurant ta nouvelle manière de se battre dans son esprit, il reprenait l'avantage sur cet immense échiquier temporel et débuta alors sa danse aérienne.

Un véritable oiseau de proie percutant ton corps de chaque coté de manière répétée avant d'enfoncer ton crâne dans le sol pour y faire un cratère immense, déracinant la jungle environnante. Silencieuse, le corps meurtri par un assaut calibré avec précision, tu crachais ton sang tout en reprenant tes appuies malgré l'impact. Mais il n'y avait rien à faire, chaque coups portés se faisaient à nouveau aisément anticipé et même chaque tentative d'user de tes têtes pour prendre en portée effective d'attaque se soldait par un échec.

Il avait gagné. Et même si son visage était de marbre, intérieurement il se prêtait à un petit sourire alors qu'il alla te porter un coup directement en pleine poitrine pour t'achever.

Slash.

Une immense entaille sur son torse, portée par une seconde petite lame que tu cachais sur toi depuis le début. Mais... Même surpris, il allait se reprendre, il voyait toujours en toi comme un livre ouvert.

Slash.

Une seconde entaille. Comment ? Et dans la confusion, une troisième avant qu'il ne soit contraint de créer de la distance porté par son plumage ensanglanté. Face à lui, tu arborais une tout nouvelle posture, de tout nouveaux appuies. Chaque nerfs dans tes muscles paraissaient se comporter à nouveau différemment, comme si ta mémoire musculaire avait été réécrite sur l'instant.

- Tout ce qu'il ne faut pas faire pour espérer te toucher. Eh. Tu as fais une erreur sur un point "Boss". Je ne suis pas une nouvelle personne... J'ai toujours été bien plus que ça. Je suis une putain d'armée.


Réalisant alors l'absurdité de la situation, en face de lui, il avait désormais une toute nouvelle Pandore qui se battait à nouveau autrement, de manière bien plus archaïque, avec des appuies instables au possible. Là était l'un des plus grands avantages d'être plusieurs dans sa tête.

Il était impossible de savoir qui était aux commandes et combien de personnalité siégeait dans ton crâne. Chacune avec leurs préférences, leurs goûts, leurs expériences. Laurent comprenait alors au fond de lui son besoin irrationnel de se débarrasser de toi au plus vite, son obsession avec toi.

Tu étais sans doute le contre absolu de son génie pourtant trop grand pour ce monde.




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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”
Quelques secondes s'écoulèrent, comme suspendues dans le temps, puis Éléonore s'élança vers l'avant avec la détermination et la rage d'une guerrière qui n'avait plus rien à perdre. Elle tira un couteau de combat de sa poche, la lame brillant faiblement sous la lumière tamisée, et en un mouvement fluide, elle envoya une lame d'air tranchante dans la direction de Lucian. L'onde se propagea avec rapidité, mais Lucian, esquiva d'un bond gracieux. L'attaque s'écrasa violemment contre le mur derrière lui, laissant une profonde entaille dans le béton. Éléonore ne ralentit pas. Elle s'élança vers lui, son couteau fermement en main. Le tortionnaire atterrit souplement, et à peine ses pieds touchèrent-ils le sol qu'il dégaina ses scalpels, luisants et effilés. Leurs armes s'entrechoquèrent dans une série d'éclats métalliques, produisant une danse macabre où chaque mouvement était un coup porté à la vie de l'autre.

L’homme, avec son habileté chirurgicale, manœuvrait ses bistouris avec une précision mortelle, visant les points vitaux d'Éléonore avec une aisance troublante. Mais Éléonore, malgré la douleur encore vive dans son corps, contre-attaquait avec une férocité brute, ses coups portés par une force intérieure qui semblait inépuisable. Chacun de ses mouvements était un mélange d'émotion refoulée et de techniques raffinées, résultat de son entraînement acharné et de la haine qu'elle nourrissait envers cet homme. Ils tournaient l'un autour de l'autre, enchaînant esquives et contre-attaques dans un ballet de violence. Pour un observateur extérieur, cela aurait pu sembler une danse soigneusement chorégraphiée, où deux anciens amants, jadis unis, se retrouvaient maintenant dans un combat à mort. Mais Éléonore savait qu'il n'y avait rien de poétique dans cet affrontement. Elle n'avait été qu'une pauvre poupée, un jouet pour Lucian, qui avait osé jouer avec sa vie et ses émotions.

Les souvenirs de leurs moments passés, tissés de mensonges et de manipulations, se mélangeaient avec la réalité de l'instant présent, alimentant sa rage. À chaque coup, elle se rapprochait un peu plus de lui, son couteau cherchant à percer sa défense, à lui faire payer chaque souffrance qu'il lui avait infligée. Mais Lucian, avec son sourire narquois, semblait presque s'amuser. Chaque fois qu'elle s'approchait, il parvenait à se faufiler, à esquiver de justesse, à maintenir cette distance précaire entre eux. Pourtant, dans ses yeux, on pouvait voir autre chose. Un éclat de satisfaction. Comme s'il attendait ce moment depuis longtemps, savourant chaque instant où elle luttait contre ses propres démons. Mais pour Éléonore, ce combat n'était pas seulement pour se venger. C'était pour se libérer. Pour briser les chaînes invisibles qu'il avait forgées autour d'elle. Toutefois, quelque chose clochait…

Éléonore recula, ses sens scrutant frénétiquement la pièce à la recherche de Kyllan. L’absence de réponse de son compagnon fit naître une angoisse qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. En pleine concentration, son esprit calculait chaque détail, chaque son, cherchant à comprendre ce qui se passait.

« Kyllan ! Où es-tu ? » cria-t-elle, sa voix résonnant dans la grande salle.

Mais en réponse, elle n'entendit qu'un faible froissement, suivi d'un gargouillement étouffé. Puis, la voix de Lucian se fit entendre, coupante comme une lame.

« Kyllan, soit un bon chien et ne bouge pas. »

Le cœur d'Éléonore se serra. Elle tourna brusquement la tête, cherchant désespérément une trace de son allié. Quelque chose n'allait pas. Il se tenait debout, mais il bougeait faiblement, comme s'il luttait contre une force invisible. Ses yeux, normalement vifs, semblaient voilés par une brume épaisse.

« Quoi ? Kyllan ! Réponds-moi ! » s'exclama-t-elle, le désespoir perçant dans sa voix.

Kyllan tenta de réagir, son corps tremblant sous l'effort, mais il était évident que quelque chose le retenait. Lucian, un sourire suffisant aux lèvres, alluma une nouvelle cigarette, observant la scène avec un amusement sadique.

« Oh, ne t’en fais pas, Éléonore, » dit-il calmement, laissant la fumée de sa cigarette s'échapper dans l’air stagnant de la salle. « Ton tour viendra. Tu vois, quand je te torturais, ce n’était pas simplement par hasard. J’avais une théorie à tester, celle du mental sur le physique. Mon hypnose fonctionne principalement par la vue… mais je voulais voir si je pouvais conditionner quelqu'un d'une autre manière. » Lucian fit une pause, exhalant une bouffée de fumée, son regard fixé sur elle. « C'est là que tu entres en scène. Chaque fois que je te poussais au bord de la folie, chaque douleur que je t'infligeais, je ne faisais que renforcer le lien entre tes sensations et ma voix. Je voulais voir si je pouvais contrôler quelqu'un non seulement par ce qu'il voyait, mais aussi par ce qu'il ressentait. »

Éléonore sentit un frisson glacé courir le long de son dos. Elle comprenait maintenant. Lucian n’avait jamais été un simple tortionnaire ; il était un scientifique, un monstre qui utilisait ses victimes pour expérimenter ses théories perverses. Et maintenant, il menaçait d’utiliser le même contrôle sur Kyllan, celui qui avait résisté si courageusement. Kyllan, malgré l'hypnose, luttait encore. Son corps tremblait, ses muscles se contractaient comme s'il tentait de se libérer de chaînes invisibles. Lucian leva un sourcil, légèrement surpris par la résistance de l'homme.

« Impressionnant, » murmura-t-il. « Il a plus de volonté que je ne le pensais. Mais cela ne changera rien. »

Éléonore serra les dents, son poing se crispant autour du manche de son couteau. Elle devait agir vite. Mais comment ? Lucian avait clairement un avantage, et elle ne pouvait pas se permettre de perdre Kyllan, pas après tout ce qu’ils avaient traversé.

« Je ne te laisserai pas le contrôler, Lucian. Je t’arrêterai, peu importe ce que ça me coûte. » Dit-elle en faisant un pas en avant.

« Oh, mais Éléonore, c’est justement ça que j’attends de voir. Jusqu’où es-tu prête à aller ? » Dit-il avant éclater de rire, un rire froid et dénué de joie.

« Très bien, » souffla-t-elle, flamboyante de haine et de défi. « Voyons qui des deux a le mental le plus fort. »

Lucian s'approchait lentement, un sourire cruel étirant ses lèvres alors que l'odeur familière de la nicotine envahissait l'air, se mélangeant à l'âpreté du désinfectant. Pour Éléonore, c'était comme un coup de poing invisible qui lui ravivait des souvenirs douloureux. Elle sentit son corps se raidir, chaque muscle refusant soudainement de lui obéir.

« Pour le moment, je t’interdis de bouger, » avait-il murmuré, et ces mots résonnaient encore dans sa tête, comme un écho qui refusait de s’éteindre.

Elle lutta, tenta de bouger, mais son corps ne répondait plus. C’était une sensation terrifiante, cette perte de contrôle, comme si elle n’était plus qu’une spectatrice dans son propre corps. L'odeur de la cigarette devenait plus forte, plus envahissante, chaque inhalation l'emprisonnant un peu plus dans cette paralysie. La sensation était trop familière, comme un retour brutal à ces jours sombres où Lucian la torturait, utilisant chaque tourment pour renforcer son emprise sur elle. Lucian la regardait, amusé, savourant la terreur qu'il voyait dans ses yeux.

« Voilà, c’est bien… Maintenant, tu ne bougeras plus jusqu’à ce que je te le dise. Tu vois, Éléonore, tu n'as jamais vraiment échappé à mon contrôle. Tout ce temps, tu as simplement couru en cercle autour de moi. »

Éléonore sentait sa colère bouillonner, mais elle était piégée dans son propre corps, incapable de traduire cette rage en action. Son cœur battait frénétiquement, et sa respiration était lourde, mais c'était tout ce qu'elle pouvait faire. Lucian continua à s'approcher, sa silhouette se découpant dans la lumière blafarde de la pièce.

« Tu es comme une chienne bien dressé, » poursuivit-il, sa voix suintant de condescendance. « Obéissant à chaque ordre, sans même t'en rendre compte. »

Il se tenait maintenant juste devant elle, si proche qu’elle pouvait sentir la lueur narquoise dans ses yeux. Le bout de sa cigarette rougeoyait, projetant une lumière sinistre sur son visage, la chaleur de celle-ci caressant une partie de sa peau. Éléonore voulait se jeter sur lui, l'attaquer, mais son corps restait immobile, trahi par l'hypnose qui la tenait captive.

« Ne t'inquiète pas, ma chère. Je vais bientôt te libérer de cette paralysie… mais seulement pour que tu puisses ressentir pleinement ce que je vais te faire ensuite. »

Elle aurait voulu crier, mais sa gorge restait silencieuse, incapable de produire le moindre son. Son esprit, cependant, continuait de tourner, cherchant frénétiquement un moyen de briser l'emprise de Lucian. Elle savait qu'il y avait peut-être encore une chance, aussi mince soit-elle. Sa volonté n'était pas encore totalement écrasée, et elle comptait bien s'en servir pour retourner la situation. Lucian recula légèrement, savourant son triomphe.

« Tu vois, Éléonore, tout ce que j’ai fait n’a servi qu’un seul but : te prouver que tu n’es rien sans moi. Tu n’es qu’une marionnette, attendant que je tire les ficelles, mais tu es ma marionnette parfaite. »
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La tragédie de La Cabale - Phase II

ft. Pandore & Eleonore



Des débris fracassés et des corps serpentoïdes étaient répandus sur le sol pavé. Un fatigue certaine envahissait les deux combattantes. Loin d’être des agents particulièrement efficaces en affrontement direct, cette confrontation les poussait toutes les deux dans leur retranchement. Ada était bien plus expérimenté, surement à cause des nombreuses missions en compagnie de la 888ème. Mais elle souffrait malgré elle d’un arsenal réduit que son adversaire avait réduit rapidement en pièces.

Se soulevant dans les airs, les restes de nuage de poison nécrotique finissaient de se dissiper sans même que l’agent de La Cabale ne semble en souffrir. Et du côté du gouvernement mondial, la Kindachi aussi n’avait pas été affectée par les poisons virulents injectés au travers les quelques plaies qui la couvraient.

Deux utilisatrices de poisons, conditionné à les supporter et évitant naturellement les affrontements directes se retrouvaient à se battre à mort dans des échanges figés et stériles. La lame de l’agent avait été brisée et au vu des morceaux de métal jonchant le sol, celle de son adversaire également avait fini en plusieurs bouts.  

Alors elles étaient là, à se jauger. Courbé vers l’avant, haletant, le regard ne quittant pas l’ennemi, aucune des deux ne semblait vouloir faire le premier pas et attendait sagement que l’autre craque et fasse une erreur. Et un long silence, bordé par leur souffle saccadé respectif, s’intallait. Un silence brisé par la langue fourchue du serpent adverse :

- “Tu vois bien que cela ne sert à rien. Tu ne peux pas m’atteindre avec ton poison et nos Haki s'annulent l’un l’autre si on tente de se prendre par surprise. Restons-en là, veux-tu.”
- “En rester là ?”


Ada ne comprenait pas où voulait en venir son adversaire. Elles étaient ennemis dans un conflit ouvert, dont les explosions lointaines rappelaient en permanence sa présence immédiate. La situation ne pouvait se régler que par la mort d’une des deux. Surtout qu’elles représentaient toutes les deux le centre de renseignement de leur camp.

- “Oui, c’est très simple. Rejoins La Cabale, abandonne les combats.”

La surprise envahit Ada. Qu’il était présomptueux de la part de son adversaire de penser que tout cela pouvait se régler aussi simplement. Surtout que dans la situation présente, l’agent Viper n’avait pas l’impression de perdre. Ni de gagner, il est vrai.

- “Plus de missions forcées, plus de hiérarchies étouffantes. Simplement la liberté d’action et la richesse.”
- “Vous êtes des criminels.”
- “Cela dépend du point de vue. Moi, je n’ai jamais tué personne.”
Disait-elle en posant une main sur son cœur comme pour appuyer ses paroles. “Enfin, pas volontairement.”
- “Je suis fidèle au Gouvernement Mondial.”


Ada ne savait pourquoi elle avait besoin de répondre à cette stupide femme. Elle faisait au plus court et essayait de rester concentrée sur les mouvements du serpent, mais elle était bien obligée de constater que les propositions étranges de son ennemi la déstabilisaient grandement.

- “Le gouvernement mondial est pourri jusqu’à l’os. Un système basé sur la défense d’égocentriques comme les Dragons Celestes ne pourra jamais être juste.”

Ada serrait le poing. La surprise et l’incompréhension faisaient place à la rage. Elle n’aimait pas le ton que prenait son adversaire pour parler des esprits divins qu’étaient les Dragons Celestes. Personne n’avait le droit de les remettre en cause, et surtout pas une criminelle bien planquée sur le nouveau monde qui ne comprenait rien au Gouvernement Mondial.

- “Il n’a pas besoin d’être juste. Simplement plus fort que les autres.”

Et alors qu’elle finissait à peine sa phrase, avançant d’un pas, son adversaire souria doucement avant de sortir une nouvelle dague de son dos et de la projeter vers Ada. Depuis quand gardait-elle encore une carte dans sa manche ? L’agent n’avait pas le temps de répondre qu’elle esquivait déjà la lame. Mais si son ennemie pensait l’avoir déstabilisé par ses affirmations stupides, elle avait simplement enragé l’agent qui se saisit de l’arme au plein vole avant de pivoter pour en changer la direction tout en y insufflant un peu plus de sa force. La lame se dirigeait alors vers la membre de La Cabale qui, d’un air paniqué, se transforma à nouveau en reptile avant de filer au travers la ville.


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La Tragédie de la Cabale - II
Feat
Les copines



Effrayé...

Pour la première fois dans sa vie, le Boss, Laurent, le génie de l'ombre, avait l'impression d'être dépassé par la situation. Il pouvait analyser, il pouvait essayer de s'adapter, il pouvait s'améliorer. Mais ça... C'était une tout autre forme de génie que le sien contre lequel il se confrontait. Un génie vicié, forgé par les traumatismes d'un corps et d'un esprit autrefois brisé mais aujourd'hui fonctionnant au même diapason. C'était comme affronté une chimère. Une bête sans cohérence en surface, pourtant capable de s'articuler parfaitement autour de sa proie.

Lorsqu'il enfin à comprendre ton nouveau pattern, tu perdais celui presque immédiatement pour en emprunter un autre. Tes capacités étaient sensiblement les même, mais ta manière de les agencer changeaient du tout au tout. D'une duelliste agile et rapide, tu prenais désormais la posture d'un soldat, stoïque, aux mouvements minimalistes mais incroyablement efficaces.

Tu étais telle une symphonie, qui changeait de genre musicale à chaque fois que le cerveau de ses auditeurs finissaient par s'y habituer. Tu chantais le même refrain, mais sa saveur était différente à chaque fois. Un esprit humain normal et bien fait ne pouvait décemment pas agir comme tu le faisais. Mais tu étais tout sauf normale. Sourire aux lèvres, tu déchaînais alors tes contre-attaques avec une vigueur toujours au beau fixe malgré les blessures qui parsemaient ta chair, au même titre que celle du Boss.

Lui non plus n'était pas à plaindre. Il était rapide, extrêmement rapide, et sa conquête des airs lui donnait un avantage considérable. Sans compter sa maîtrise de Lithomancie, qui lui donnait l'opportunité de réclamer certaines ressources de la nature environnante à son profit. Avec tout ça, il pouvait survivre et trouver une réponse au casse-tête que tu lui imposais, si tant était qu'il y avait une réponse.

Se servant d'une attaque sur deux fronts, manifestant à la fois sa Lithomancie ainsi que son propre corps, après tout ses calculs ultra mentaux, il en avait déduit que tu essayerais d'esquiver... Faux. Changeant une nouvelle fois de profil, tu chargeas tout droit vers lui à sa plus grande surprise avant de l'accueillir dans le creux de ton bras.

Boum.

Un choc immense tandis que tu l'envoyais se fracasser sur plusieurs dizaines de mètres, percutant arbres et rochers au passage. Pourquoi charger si jusqu'ici tu n'avais fait que perdre ce genre de confrontation ? Car tu l'avais amené à faire exactement ce que tu voulais et à offrir son cou. C'était sans doute là ce qui terrifiait le plus Laurent. Il avait l'habitude d'avoir des coups d'avance, il avait l'habitude de tout pouvoir prédire aux moindres détails. Et il n'avait sans doute pas perdu cette capacité loin de là même. Lui aussi s'améliorait au fil des minutes, lui aussi transcendait ses limites suite à ce combat.

Mais...

Avec toi, il était désormais incapable de savoir si ses prédictions étaient vraies, ou simplement des pièges tendues. Pour la première fois, il était véritablement impossible pour lui de se fier à ses propres sens, ses propres réflexions. Pour un homme d'intellect, cette simple conclusion était suffisante pour ébranler bien des convictions personnelles.

Cependant dire que tu l'avais déjà emporté était plus que mentir. Que tu le veuilles ou non, tes pièges tendus te demandaient de mettre ton propre corps en jeu. Tu sacrifiais ta force pour pouvoir le saisir. Même avec tes approches variables, tu étais contrainte d'exposer ton corps pour le pourfendre en échange. Là était aussi la puissance du chef de la Cabale. Un Boss que tu n'aurais pas vaincu quelques mois auparavant à ta première rencontre avec cette organisation. Sans doute aurais-tu dû les remercier pour l'échauffement.

Lorsqu'il refit surface, quelques secondes après, il pouvait déjà sentir ton corps s'enrouler autour du sien au sol. Bloqué dans une prise de soumission des plus sordides, tu étais allée jusqu'à entraver même ses ailes pour le bloquer totalement et le contraindre à une sorte de bras de fer. S'il n'avait pas la force suffisante pour s'en dégager alors chacun des os de son corps allaient finir par être pulvérisés, broyés. Et tu l'avais déjà prouvé tantôt. Si ton Haki de l'Observation était drastiquement plus faible que le sien, tu entretenais le rapport inverse lorsqu'il s'agissait de celui de l'Armement.

Ce n'était pas vraiment comme s'il pouvait opposer le sien au tiens...




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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”
« Maintenant, dors. » Souffla la voix chaude de Lucian contre son oreille.

Éléonore se retrouvait plongée dans un abîme noir, un néant total où la lumière et le son semblaient s'être évaporés. Le monde entier avait disparu, remplacé par une obscurité suffocante, dense, presque tangible. Elle n’était plus qu’un esprit, flottant dans un vide oppressant, coupé de tout ce qui l'entourait. Cette absence de repères, de sensations, était terrifiante. La panique monta en elle, d'abord comme une vague douce, puis rapidement comme un torrent incontrôlable. C’était une terreur sourde, rampante, qui s’insinuait dans chaque recoin de son esprit. Le noir complet la privait de ses sens, la plongeant dans un état de vulnérabilité extrême. Chaque seconde qui passait dans cet état semblait étirer le temps, rendant l’angoisse plus insupportable.

Elle tenta de bouger, de crier, mais rien ne répondit. Son corps, autrefois une arme redoutable, était devenu une prison, une cage de chair et d'os dont elle ne pouvait s’échapper. Le simple fait de ne pas pouvoir sentir ses membres, de ne pas entendre le son de sa propre respiration, renforçait cette sensation d'étouffement. La paranoïa s’installait, chaque pensée devenant un piège. L'idée même de rester piégée dans ce néant pour toujours faisait battre son cœur plus fort, comme s’il essayait de rompre les chaînes invisibles qui la tenaient captive. Des pensées délirantes commencèrent à émerger. Où était-elle vraiment ? Était-ce la mort ? Était-ce encore une ruse de Lucian, un nouveau tour de son esprit tortueux ? Chaque possibilité était plus horrible que la précédente, et sans la capacité de les confronter, elles tournaient en boucle, la faisant sombrer encore plus profondément dans la terreur.

Elle se sentit perdue, flottant sans direction dans un vide qui ne lui offrait aucun répit. C’était une solitude totale, mais une solitude amplifiée par la conscience de son propre isolement. Elle n'avait aucune idée de ce qui se passait, de ce qui lui était fait, et c’était là la pire des tortures. Dans cet état de panique suffocante, l’esprit d'Éléonore vacillait à la frontière de la folie. Chaque instant passé dans ce noir absolu était un supplice, une lutte contre la spirale infernale de la peur. Elle était totalement aveugle à la situation, son esprit emprisonné dans un cauchemar dont elle ne voyait pas la fin. Mais ce qui l’inquiétait le plus, était qu’est-ce que Lucian lui faisait faire ?

Au cœur de cette obscurité étouffante, alors que la panique menaçait de la submerger complètement, une force primaire s’éveilla en Éléonore : l’instinct de survie. Ce dernier, impitoyable et cruelle, repoussa les vagues de terreur. Il combattait chaque pensée délirante avec la volonté brute de quelqu'un qui refuse d'être anéanti. Une haine vorace, brûlante comme un brasier, se mit à monter en elle. C'était une haine dirigée non seulement vers Lucian, mais aussi contre sa propre vulnérabilité, cette faiblesse qui la laissait à sa merci. Puis, une nouvelle peur, encore plus horrible, s’insinua dans son esprit : et si Lucian osait utiliser son propre corps pour attaquer Kyllan ? Cette seule pensée était une déchirure, une agonie silencieuse qui lui serra le cœur comme un étau, rendant chaque battement douloureux. La terreur la saisit à nouveau, mais cette fois-ci, c’était une terreur qui la galvanisait. Elle ne pouvait pas permettre que cela arrive. Pas à Kyllan.

C’était là, dans cet instant de désespoir intense, que son corps réagit par réflexe. Sa mâchoire se contracta, et ses dents mordirent violemment les côtés de sa langue. Une douleur vive se répandit, mais avec elle vint une première explosion de sensation : le goût métallique du sang. Ce goût, familier et acéré, envahit ses papilles, et avec lui, une étincelle de conscience. C’était comme si un verrou avait été déverrouillé, laissant s'échapper d'autres sensations longtemps réprimées.

L’odeur de la cigarette de Lucian, si distincte, envahit ses narines. Le parfum âcre et envoûtant de la nicotine la rappela à la réalité, réveillant son sens de l’odorat. Ce fut le premier point d’ancrage, la première bouée dans cet océan de néant. Puis, la douleur dans sa bouche se fit plus présente, l’amer goût du sang la ramenant encore plus à elle. La sensation était désagréable, mais elle était réelle, et c’était ce dont elle avait besoin. Elle se concentra sur cette amertume, l’utilisant pour repousser l’emprise de l’hypnose. Finalement, elle sentit autre chose, quelque chose de plus déconcertant : sous sa main, la gorge de Kyllan. Le contact était suffocant, presque étouffant, mais il était là. La texture de sa peau sous ses doigts, le léger mouvement de sa respiration, tout cela contribuait à lui rendre son corps. Ce contact réveilla quelque chose de profond en elle, une volonté farouche de ne pas se laisser contrôler.

Petit à petit, les autres sens suivirent. Elle sentait à nouveau le poids de son corps, la tension dans ses muscles, l’air qui entrait et sortait de ses poumons. La paralysie se dissipait lentement, comme un brouillard qui se lève sous l’effet du soleil. Le contrôle de son corps lui revenait, mètre par mètre, alors qu’elle luttait contre l’emprise vicieuse de Lucian. L’instinct de survie, combiné à sa haine et à son penchant pour Kyllan, anéantissait finalement de la terreur. Éléonore reprenait possession de son être, prête à affronter ce qui allait suivre, plus décidée que jamais à ne pas laisser Lucian gagner.

Les doigts d'Éléonore se desserrèrent à peine, juste assez pour repositionner son pouce de manière à libérer un peu la trachée de Kyllan. Ce dernier, comprenant instinctivement le changement subtil chez sa compagne, continua de jouer le jeu, émettant des sons de suffocation pour maintenir l'illusion. Lucian, se tenant proche d'elle, se pencha doucement vers son épaule, ses paroles se répandant comme un poison dans son esprit.

« Ne le tue pas trop vite, savourons le moment. C'est un événement si spécial… » Sa voix, douce et cruelle à la fois, semblait vouloir s'infiltrer dans chaque fibre de son être.

Éléonore sentait son souffle chaud près de sa peau, une proximité qui la faisait frissonner de dégoût. Mais elle ne bougea pas, concentrée sur sa propre survie, sur le contrôle qu’elle devait reprendre totalement. Lucian continua, sa voix basse et séductrice se fondant dans l’air chargé de la fumée de sa cigarette.

« Si seulement tu pouvais voir la vie quitter ses yeux, un délice… J'aurais peut-être dû attendre avant de te voler tes yeux... » Un rire léger, presque amusé, suivit cette déclaration, avant qu'il ne tire une bouffée de sa cigarette.

Le goût amer du tabac et le claquement de la braise se mêlèrent à l'horreur de ses mots.

« D'ailleurs, je ne t'ai pas dit ceci, mais je les ai toujours. » Sa voix trahissait un plaisir sadique. « Hmmm, ils sont bien entreposés dans mon bureau, de magnifiques presse-papier. »

Ces mots, insidieux et pervers, firent naître une nouvelle vague de rage froide en Éléonore. Une rage qui menaçait de la submerger, mais qu’elle contenait, dirigée et calculée. L’image des yeux volés, utilisés comme des objets inanimés par cet homme qui se croyait maître de son destin, fit bouillonner son sang. C’était un affront qu’elle ne pouvait pas ignorer, mais elle savait que céder à cette colère maintenant serait jouer son jeu. Elle resserra sa prise sur Kyllan, non pour l’étrangler, mais pour sentir la chaleur de sa peau, pour se rappeler qu’il était toujours là, toujours vivant. Il était son ancrage dans cette réalité, qu’il était sien et à personne d’autre. Elle sentait le pouls de Kyllan sous ses doigts, rapide mais régulier, et cela lui donna la force nécessaire pour ne pas céder à l’instinct de vengeance immédiate. Encore quelques secondes, le temps qu’il laisse sa garde complètement tomber…
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La tragédie de La Cabale - Phase II

ft. Pandore & Eleonore



Comme il était compliqué d’attraper un ennemi qui pouvait se faufiler au travers des pavés et des débris des combats. Le serpent glissait sur le sol, s'insérant dans des interstices toujours plus exigus qu’Ada s’affairait à détruire d’un coup de talon verticale. Les derniers échanges sonnaient toujours dans sa tête, comme une provocation. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi la femme lui avait dis cela, alors que pourtant tout regard extérieur avait compris la démarche maladroite de lui faire baisser sa garde. Mais la Kindachi repensait à la proposition, la voyant comme une pure insulte.

Surement que tout cela n’était qu’un trop plein. La Cabale durait depuis si longtemps. Son esprit avait été mis à rude épreuve et son calme légendaire s’était effrité au fur et à mesure qu’elle était baladée comme une poupée sur le Nouveau Monde. Elle ne supportait plus cet égo mal placé des ennemis du gouvernement mondial, pensant qu’ils pourraient aisément retourner les agents avec de simple promesse de liberté. L’image du Cipher Pol et de la Marine avait été grandement entachée ces dernières années par la prolifération de traîtres mais jamais elle ne participerait à entacher l’honneur du gouvernement mondial. Jamais.

Elle faisait pulser son haki pour ne pas perdre la trace de l’aura serpentine. Serrant les poings, les dents, elle grondait à chaque fois que sa jambe venait fracasser la pierre du champ de bataille. Chez l’élite, on faisait comme l’élite. Et il était agréable parfois de ranger la discrétion et la subtilité pour laisser s’exprimer les poings. Elle ne pouvait pas retirer cela à la Marine.

Alors que l’animal finissait par s’engager dans une ruelle plus exigu, Ada grimpa en haut d’un des bâtiments l’encadrant pour venir en fracasser un morceau et laisser des imposants rochers tomber en pluie sur son adversaire. Puis, sans lui laisser le temps de réagir davantage, elle fonçait vers la sortie de la ruelle pour lui couper le passage.

Le regard de l’animal croisa celui de l’agent. Le pied d’Ada rasa le sol pour mettre un puissant coup dans le serpent qui, voyant l’attaque arriver, reprit forme humaine pour se protéger de ses bras. La membre de La Cabale fut repoussée en arrière avant de se prendre la pluie de débris.

Un long fracas suivit de cris se firent, alors que les rochers finissaient de s’écrouler. Ada haletait, soufflant comme un bœuf et toussant sous la poussière soulevée par l’effondrement. Elle faisait pulser son haki une fois de plus alors qu’elle sentait l’aura décliner. Abaissant sa méfiance, à cause de la fatigue et surtout, rassurée par son empathie, elle se rapprocha des pierres pour en pousser certaines là où elle avait ressenti l’aura une dernière fois. Rapidement, elle tombait sur le visage inexpressif de son adversaire. Les yeux fermés, la tête sur le côté, Ada vint poser deux doigts contre le cou de la femme.

A la première pulsion, au premier battement de cœur, au premier poul prit, Ada retira sa main avec hâte. Mais bien trop tard pour l’animal préparé qui avait déjà repris sa forme serpentine et tirant son cou, ouvrant la gueule, présentant ses crochets pointus qui se plantaient dans la peau de l’agent. D’une main assurée, Ada saisissait la dague qu’elle avait ramassé et disposée à sa ceinture pour venir planter le crâne de l’animal accroché à son bras.

Une douleur lancinante, puissante, pulsait à travers son organisme alors qu’elle se mordait la lèvre pour ne pas hurler sous la souffrance que cela lui procurait. La prise de la bête se fit moins importante et d’un main violente et pressé, Ada arracha le serpent à son bras avant de le lancer plus loin. Ce dernier, le crâne transpercé, reprit rapidement sa forme humaine complètement inerte.

Ada en revanche sentait son coeur s'accélérer. Une morsure aussi directe l’inquiétait grandement et alors qu’elle sentait son organisme se déséquilibrer, elle venait à tomber au sol lourdement dans des convulsions. D’une main maladroite, elle essayait d’attraper un des nombreux anti-venin de sa confection, sûrement pas assez efficace pour la soigner complètement mais suffisamment polyvalent pour ralentir les effets les plus néfastes. Se tortillant sur le sol, venant cogner son crâne à plusieurs reprises contre des rochers jusqu’à s’ouvrir la peau, Ada finit par réussir à mener la bouteille à sa bouche et à en boire l'entièreté.

Au bout de plusieurs minutes à lutter contre ces mouvements incontrôlés, l’agent finit par s’évanouir. La fatigue, le venin, les médicaments menaient une lutte dans son organisme qu’elle ne pouvait continuer de supporter.


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La Tragédie de la Cabale - II
Feat
Les copines


Et pourtant...

Passé un certain stade de puissance, une certaine expérience de la vie, il devenait presque impossible d'échapper aux imprévus, aux surprises. Aussi prévoyant, aussi méfiant qu'il était possible d'être, les monstres qui s'aventuraient sur le Nouveau Monde pour s'entre-dévorer ne pouvaient pas être rationalisés par une logique bête et simple. Et cela se confirmait même au niveau du Boss, pris au piège, entrain de suffoquer et de se morceler sous ton étreinte qui érodait son endurance petit à petit.

Floosh !

Les yeux révulsés, presque injectés de sang mais surtout d'une émotion qu'il n'avait pourtant pas l'habitude de ressentir encore moins de manière aussi intense : la rage. Puisant dans ses ressources, il vint à déployer une force qui t'était inconnue jusqu'ici et vint à te contraindre presque avec aisance à rompre ta prise avant de te propulser une nouvelle fois au loin sous le choc. Comme renaissant, son corps, quelques secondes auparavant désarticulé reprit de sa substance avant de disparaître tout en soulevant un écran de poussière et de terre épais.

Reprenant tes esprits, tu avais à peine le temps de lever la tête pour voir une présence se distordre à nouveau et la prochaine chose que tu vins à réaliser était ses serres profondément ancrés dans ton abdomen. Un nouvel impact, plus violent, plus sanglant même, déchirant ton uniforme et laissant une entaille profonde, ayant réussi à briser toutes tes défenses.

Soudain, tu vins à ton tour à réaliser ce qui était entrain de se passer. Tu aurais lâché sans doute un sourire face à l'absurdité de ta réalisation mais le ciel pourtant bien éclairé vint à se couvrir d'ombres... Des projectiles. Des plumes. Réitérant ses premières attaques, celles-ci avaient prit des proportions dantesques. Couchée, là au sol, tu inspectas le spectacle pendant quelques instants avant de saisir du bout des doigts Kusanagi et de te prémunir de la volée implaccable de plumes avec un mur de vent stagnant les déviants aussi bien qu'ils le pouvaient. Certaines d'entre elles vinrent à cependant à passer la barrière, perçant avec aisance ta peau une nouvelle fois mais évitant tes organes vitaux.

- Hahaha...De tout les instants, il a fallut que tu le réalises maintenant. Quelle foutaise.

Vous étiez très opposés mais vous étiez pareil sur un point et un seul. Il n'y avait que face à la mort que vous pouviez progresser de manière miraculeuse. Et lui même, face à sa fin inévitable, à la chute d'un Empire qu'il avait prit une vie entière à bâtir, s'était transcendé. Si l'apparence était la même, l'expression de rage, de colère, un sentiment presque bestial qui se pavanait sur son visage en disait long.

Il avait comprit que son génie était depuis le début son plus grand handicap. A tout prévoir, il entravait inconsciemment les capacités merveilleuses d'un corps que seul un être sur des millions pouvait espérer avoir. Désormais que son instinct n'était plus contraint, que sa chair n'était plus crispée, il pouvait laisser ses sens et son être s'exprimer. Dans la douleur... Surtout la tienne.

Tentant de créer de la distance, tu repris très vite tes positions. Mais il était rapide. Trop. Esquiver n'était juste plus possible. Le tromper encore moins. Il n'anticipait plus rien, il se contentait d'agir avec plus de précision, plus de réflexe, plus de puissance que toi. Et pourtant tu souriais. Même malmenée, même le corps déchirée par endroit suite aux impacts, aux coups, tu souriais.

Par folie ? Peut-être. Tu étais sans doute à la fin de ton aventure. C'était tout ce que les prognostiques se seraient accordés à dire.

Plusieurs impacts, encore plusieurs assauts. A chaque fois, sa vitesse prenait un niveau supplémentaire, comme si sa progression endiablée ne paraissait désormais plus pouvoir s'arrêter. Ton corps quant à lui marquait les blessures, devenaient friable, plus vulnérables. Tes écailles étaient durs mais même elles finissaient par se morceler. Même enragé il savait où frapper. C'était là l'instinct d'une bête.

Une bête du Nouveau Monde. Une bête qui aujourd'hui saurait s'imposer sur l’entièreté du monde. Une bête inarrêtable, que l'on ne pouvait stopper !

Enfin...Pourtant, alors que sa main acéré était prête à t'arracher le cœur celle-ci vint soudainement à s'arrêter juste avant de caresser ta chair.

- Hahahaha.




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Éléonore“Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées. ”
Le signal qu'elle attendait depuis si longtemps se manifesta de la manière la plus répugnante possible. Lucian, se croyant toujours maître de la situation, se pencha davantage sur elle, sa présence devenue un poids asphyxiant. Sa main gauche glissa lentement sur son dos, une caresse qui se voulait intime mais qui n'était qu'une nouvelle agression. Elle sentit son souffle chaud et humide, chargé de nicotine, frôler sa peau, ajoutant à son dégoût. Lentement, la main de masculine descendit vers le creux de ses reins, tandis que l'autre se posait sur son bas-ventre, pressant avec une fermeté. La peau meurtrie sous le tissu se déforma sous la pression de ses phalanges, chaque geste de l'homme renforçant la sensation d'être une marionnette entre ses mains. C'était une violation insidieuse, non seulement de son corps, mais aussi de son esprit.

Le dégoût fit réagir instinctivement son corps, ses doigts se refermant brusquement autour de la gorge de Kyllan. Mais ce réflexe, loin de trahir son état intérieur, dissimula en réalité son dégoût. La douleur qu'elle infligeait involontairement à son compagnon lui permit de se concentrer sur autre chose que la souillure rampante que représentait le tortionnaire. Kyllan, à ses côtés, se raidit en voyant la rage croissante dans les traits de sa compagne. Il connaissait ces pensées sombres qui devaient envahir l'esprit de l'ancienne veuve. Il avait entendu ses récits, partagé les moments de vulnérabilité, les cauchemars qui hantaient leurs nuits sans sommeil. Il savait à quel point cette situation était une torture pour elle, bien au-delà de la simple manipulation physique.

Lucian, dans son arrogance, était loin de se douter qu'il était en train de pousser Éléonore à un point de non-retour. Loin de la briser, ses gestes répugnants ne faisaient que renforcer sa hardiesse à le détruire. Elle serra la mâchoire, goûtant une nouvelle fois le sang sur sa langue, une sensation crue qui l'aida à rester ancrée à la réalité. Mais cette réalité, aussi atroce soit-elle, était en train de se transformer. Éléonore sentait le moment venir, celui où elle pourrait enfin retourner la situation à son avantage. Elle n'était plus simplement la victime de Lucian, mais une prédatrice qui attendait patiemment le moment où elle pourrait mordre. Le souffle lourd de son ennemi, la pression de ses mains dégoûtantes, tout cela serait bientôt retourné contre lui.

Elle savait que Kyllan comprenait cela aussi. Il savait tout de sa vie, celle d'une femme qui avait survécu à bien pire et qui n'était pas prête à se laisser abattre si facilement. Dans un mouvement aussi rapide que précis, Éléonore frappa. La lame, jusqu'alors le long de son corps, surgit, s'enfonçant sous le menton offert de Lucian. La force du coup, combinée à sa rage contenue, propulsa la lame à travers la chair et les os, pour finir sa course dans la matière grise de son tortionnaire. La vitesse et la précision de l'attaque étaient telles que même son propre bras en fut entaillé, ajoutant une douleur sourde à l'explosion de violence qu'elle libérait.

Il y eut un bref moment de flottement, un silence lourd où le temps sembla suspendu. Puis, Lucian émit un gargouillis étouffé, essayant désespérément de parler, mais ne réussissant qu'à expulser une vague de sang poisseux de sa bouche, sa cigarette tombant mollement au sol. L'odeur âcre du tabac brûlé se mêla à celle du sang, créant un contraste macabre. Éléonore relâcha enfin la gorge précieuse de Kyllan, se tournant lentement pour faire face à son ennemi, son expression figée dans une imagerie de froideur implacable. Sans même retirer la lame de sa victime, elle l'attrapa par la gorge, enfonçant ses phalanges dans la chair tendre avec une force brutale. Lucian, dans une tentative désespérée de survie, s'accrocha à son bras tendu, mais ses efforts étaient vains.

D'un mouvement sec et impitoyable, Éléonore enveloppa son couteau de Haki et tira brutalement vers l'avant, sectionnant la mâchoire de l'homme en un seul geste, laissant des morceaux de dents et de chair tomber sur le sol dans un bruit sourd. Ce qui suivit fut une déferlante de violence. Utilisant le côté poing américain de son couteau, spécialement conçu pour infliger des dégâts dévastateurs avec ces piques, elle frappa à plusieurs reprises le visage de Lucian, chaque coup déformant davantage ses traits jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une masse informe et méconnaissable. Le corps de Lucian, déjà mort, subissait les assauts d'une rage longtemps contenue, chaque coup libérant un peu plus de la haine qu'elle avait accumulée au fil des derniers jours.

Éléonore continua à frapper, bien après que la vie eut quitté les yeux de Lucian, son visage déformé par un rictus de colère. Le sang éclaboussait ses vêtements, son visage, mais elle ne s'arrêtait pas, chaque coup était une catharsis, une libération de tout ce qu'il lui avait volé, de tout ce qu'il lui avait fait subir. Finalement, après ce qui sembla être une éternité, elle s'arrêta, haletante, son bras retombant lourdement à ses côtés. Le silence revint, pesant, seulement interrompu par les respirations saccadées de Kyllan, qui observait la scène avec une compréhension silencieuse. Éléonore, couverte de sang, tourna son visage vers lui, son expression adoucie par la libération.

Kyllan, malgré les marques violacées sur son cou, se redressa lentement. Les traces de l'étranglement étaient bien visibles, mais il ne semblait guère affecté par la douleur. Sa priorité était Éléonore. S'approchant d'elle, il arracha une bande de tissu de son propre vêtement pour panser sommairement la blessure de son bras, au moins pour faire pression et arrêter le saignement. Éléonore, vidée de toute énergie, resta immobile, son esprit encore en proie aux vagues d'émotion qui la submergeaient. Ses jambes tremblèrent, incapables de soutenir son poids plus longtemps, et elle s'effondra. Mais avant qu'elle ne touche le sol, Kyllan la rattrapa. Il la souleva dans ses bras avec une facilité apparente, portant le poids de son corps comme s'il s'agissait d'une plume. Elle n'opposa aucune résistance, abandonnant tout contrôle à son bras droit. Son esprit était ailleurs, perdu dans le vide laissé par la libération de sa haine et de sa colère. L’ancien agent quitta la pièce, laissant derrière eux le corps mutilé de Lucian, désormais réduit à un simple déchet.

En sortant, ils retrouvèrent les escouades, qui avaient terminé leur travail avec efficacité. À leur approche, les soldats se tournèrent vers eux, observant leur commandante blessée mais vivante. Kyllan hocha la tête, indiquant qu'ils devaient maintenant rejoindre la position d'Ada pour la récupérer elle aussi et s'assurer de son état. Sans un mot, les escouades se mirent en mouvement, prêtes à compléter cette nouvelle tâche.

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