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Opération Clownfish

Zhihao était peut-être une femme-poisson, mais cela ne voulait pas dire pour autant que passer des heures toute seule sous l’eau était son activité favorite. À plus forte raison quand il lui fallait se repérer à la boussole et repousser les assauts de prédateurs trop curieux sans être détectée depuis la surface, le tout pour finir par se jeter d’elle-même dans la gueule du loup, à savoir un de ces nids à pirates qui infestaient les mers, et dont les habitants se feraient une joie de l’étriper si son allégeance venait à être révélée. Elle n’avait cependant pas le choix : ces ports sans foi ni loi envoyaient souvent des navires-sentinelles patrouiller aux alentours, en une ironique parodie du modus operandi de la Marine, prêts à donner immédiatement l’alerte s’ils apercevaient la moindre voile décorée d’une mouette bleue à l’horizon. À partir de là, les forbans pouvaient soit mettre les voiles et s’éparpiller dans toutes les directions, soit se retrancher dans leur place-forte, parés à vendre chèrement leur peau. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’était guère idéal pour le bras armé du Gouvernement Mondial.

Son supérieur était bien conscient du problème, et avait fait de sa subordonnée la solution : puisqu’elle pouvait respirer sous l’eau et nager plus vite qu’un humain, elle pouvait faire le voyage depuis la flotte et jusqu’au port sans se faire remarquer par les patrouilleurs. De là, elle n’avait plus qu’à se mêler aux locaux en capitalisant sur la réputation peu reluisante de ses congénères, et laisser traîner ses oreilles pour recueillir de précieuses informations qui pourraient ensuite servir à capturer les criminels qui se croyaient à l'abri dans leur sanctuaire. Cette méthode était risquée, la kanokunienne ne pouvant alors compter que sur elle-même, mais efficace. Elle avait néanmoins ses détracteurs, surtout des officiers qui bougonnaient que cela revenait à empiéter sur les plates-bandes du Cipher Pol…

L’univers devait certainement avoir le sens de l’humour ceci dit, parce que la mission du jour était particulière : pour une fois ce n’était pas le Commodore von Falingen qui avait ordonné cette infiltration, mais justement le Cipher Pol. L’un de leurs agents présents sur les lieux avait requis l’assistance de la Marine, et la 28ème Flotte Mobile étant la mieux placée pour répondre à son appel, c’était à Zhihao qu’avait échu cet honneur. Elle n’en savait pas beaucoup sur le contenu de la mission, par contre. Sécurité opérationnelle, au cas où la communication aurait été interceptée ; elle serait briefée sur place par l’agent en question.

En parlant de ça, elle était presque arrivée, et en approchant de la rade, toujours au fond de l’eau, elle découvrit une autre raison pour laquelle un assaut frontal de la Marine serait une très mauvaise idée. En effet, l’endroit était protégé par tout un champ de mines sous-marines ; s’y engager sans guide serait suicidaire, et même s’ils en avaient un, cela forcerait ses collègues à emprunter un itinéraire prédéterminé, certainement sous le feu de multiples batteries de canons. Redoublant de prudence, la militaire se faufila au milieu des bombes en gardant ses distances, mémorisant dans le même temps le seul chemin sûr pour plus tard.

Elle arriva heureusement sans encombres jusqu’aux quais, ce qui n’était jamais une garantie – les locaux auraient pu avoir leurs propres gardes hommes-poissons, par exemple. À partir de là, elle se mit à répéter un rituel devenu familier. D’abord trouver un recoin à l’écart, émettre une impulsion électrique pour scanner les environs avec son électroperception, et après s’être assurée qu’il n’y avait personne à proximité, émerger à la faveur de la nuit pour remettre enfin les pieds sur la terre ferme. Ensuite, gagner un second endroit loin des regards où elle pourrait ouvrir son sac imperméable et y récupérer ses affaires, histoire de revêtir des habits secs et appropriés. Évidemment, les pirates n’avaient pas toujours la même idée qu’elle de ce qui constituait une tenue appropriée, mais au moins elle pouvait toujours se promener avec ses armes à la ceinture sans choquer personne, à condition bien sûr de troquer son équipement habituel contre un sabre d’abordage et un pistolet qui ne trahiraient pas sa provenance.

Elle dut cependant dévier de sa routine après cette dernière étape. En temps normal, elle se serait immédiatement mise en chasse, sauf que là il fallait d’abord qu’elle rejoigne son mystérieux commanditaire. Elle savait quand même où elle devait se rendre, et à quel signe distinctif reconnaître son contact – ainsi que celui qu’elle devait elle-même arborer. Elle fit donc son chemin à travers les rues de la petite cité pirate, éclairées par la lumière des débits de boisson et toujours pleines de monde malgré l’heure tardive, essentiellement des soiffards et des filles de joie. Si son expérience de ce genre de situations lui permit de passer largement inaperçue, elle ne parvint pas tout à fait à éviter que certains des premiers ne la prennent pour l’une des secondes. Quand les ignorer n’était pas suffisant, une combinaison de regards noirs, d’insultes et de gestes grossiers et/ou menaçants faisait généralement l’affaire. L’un d’eux, sans doute trop aviné pour comprendre le message, voulut tout de même pousser les choses plus loin, et elle fut obligée de lui casser le nez, ce qui déclencha une bagarre qui ne tarda pas à prendre de l’ampleur. Rien d’extraordinaire pour l’endroit, où de telles rixes étaient monnaie courante. Cela lui permit en tout cas de s’éclipser à la faveur du chaos, et de parvenir quelques minutes plus tard à son objectif.

« « Au Poulpe Lubrique »… quel raffinement, vraiment. Ces pirates, je vous jure. » songea la militaire en avisant l’établissement et son enseigne des plus évocatrices. Enfin, elle n’était pas là pour faire du tourisme ; elle entra dans la taverne crasseuse, dont l’intérieur correspondait parfaitement à ce qu’on était en droit d’attendre d’un bouge nommé d’après un céphalopode libidineux, et promena son regard sur les clients, en quête de l’agent du Cipher Pol. Elle ne le repéra pas tout de suite, mais pour sa défense, il y avait une bonne raison à cela, car le fameux signe distinctif auquel elle devait se montrer attentive était l’élément le moins remarquable de sa dégaine. Sans blague, quel genre d’agent secret se déguisait en clown ? Le Commodore l’avait pourtant prévenue que les hommes de l’ombre pouvaient être bizarres, ce qui était assez culotté venant de lui…

« Non, c’est sans doute quelqu’un de parfaitement professionnel, qui se réfugie simplement dans l’audace, » se dit-elle. « Qui irait soupçonner un clown, après tout… Quoique, il y a plusieurs genres de clowns... »

Elle frissonna en se rappelant les atrocités commises par certains des émules du tristement célèbre Baggy. L’homme était mort depuis près d’un siècle, mais sa légende perdurait toujours, et ses admirateurs rivalisaient d’imagination et de perversité dans leur volonté d’égaler leur modèle. Elle était beaucoup moins confiante tout d’un coup… Mais elle avait sa mission, et il était hors de question de décevoir le Commodore. Zhihao surmonta cette poussée d’inquiétude, espérant qu'elle n'était pas en train de faire une énorme – et potentiellement fatale – erreur, puis se dirigea vers son contact, non sans avoir d'abord vérifié qu’il était bien le seul à arborer le symbole de reconnaissance.
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Le clown de Jade était affilié à une mission importante sur une île perdue des Blues protégée par un groupe de pirates. Leur chef, un certain Magnifico Brandy, revendait des femmes au plus offrant, un trafic d’être humain immonde devant être stoppé. Ne pouvant guère partir seul en mode frontal, le joker fera appel à des renforts, un commodore de la marine pour être plus précis, afin d’avoir l’aide nécessaire pour la mission à suivre. Une mouette devait s’infiltrer discrètement sur la zone et il était impossible pour un navire du gouvernement de s’approcher de l’île sans couler au fond de la mer.

Le lieu de la rencontre se faisait au sein d’une taverne au nom douteux, un lieu par vraiment amicale pour les membres de la justice. Mais avant tout, le soldat de la marine savait reconnaitre l’agent du cipher pol sans le moindre doute, car Joey portait son sublime costard rouge vif, avec un maquillage typique de chevalier du rire, clairement, il fallait être aveugle pour le louper dans la taverne bondée de pochards puant l’alcool à plein nez. Il était assis au fond de la salle, avec un camarade particulier, un mouchard du nom de Cid, un proche de Magnifico qui avait reçu une énorme déculottée de la part du clown flamboyant, devenant de force son larbin, sans quoi, il devait dire à dieu à ses bijoux de familles…

Ce pauvre Cid était un homme proche de la trentaine, un chauve mal habillé, une sorte de pétochard prêt à vendre ses camarades pour sauver sa peau, un être pas réellement digne de confiance aux yeux du farceur, mais il sera un élément parfait pour le plan à suivre, surtout quand il verra une demoiselle entrer dans la gueule du poulpe. D’un regard vif, il analysa rapidement la sublime créature venue à son encontre, une belle brune au visage froid, munie d’un corps tonique et ferme, puis un regard bleuté à faire pâlir ce pervers de Cid. Parfait, si cette dame était l’envoyée du commodore, tout allait se passer selon le plan ingénieux, voir complétement barré du clown. Une fois devant sa table, le joker souriant lui fit signe d’un geste délicat de s’asseoir ici et commanda deux bières par la même occasion au patron bourrus. Attendant que la boisson alcoolisée arrive, le comique se présenta à sa nouvelle camarade de manière chaleureuse et cordiale, faisant en sorte de ne pas parler trop fort :

Joey : «Enchanté de faire équipe avec vous, Madame… Joey wilson, pour vous servir.» Il attrapa l’autre gusse par le col. «Je vous présente notre balance, Cid, si jamais il vient à faire louper la mission, c’est un homme qui pourra dire adieux à ses couilles… Hein, mon copain ?» Il lui colla une tape à l’arrière du crâne afin de détendre l'atmosphère. «Puis, cela n’est pas très galant de ne pas se présenter à une dame.» Annonça l’homme à la chevelure de jade avec un regard inquisiteur. Presque sur le point de se faire dessus, le chauve se présenta à son tour en tremblant légèrement, laissant donc le temps à la mouette de se poser. «Vous voulez quelque chose à manger ? Je paye, vous n’avez pas à vous inquiéter !» Proclama joyeusement le clown en apposant son regard émeraude dans celui de la belle demoiselle. «Aussi... Comme membre solidaire de la justice, pas la peine de jouer avec les grades ou tous ces trucs chiants, vous pouvez m'appeler comme bon vous semble...» 


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Elle ne s’était pas trompée, c’était bien le clown qu’elle était censée assister. Par contre, ses ordres stipulaient qu’ils ne seraient que deux pour mener à bien cette mission, alors d’où venait ce chauve qui semblait si terrifié ?

Fort heureusement, elle n’eut pas à attendre longtemps pour que le faux saltimbanque éclaire sa lanterne en révélant son identité, en même temps que celle de son associé involontaire. D’accord, le dénommé Cid – pourquoi Wilson insistait-il pour qu’il se présente alors qu’il l’avait déjà fait pour lui, était-ce une manœuvre d’intimidation ? – avait donc été recruté de force. Il n’avait pas l’air très fiable et son comportement avait de quoi attirer les soupçons, toutefois sa nervosité pouvait aisément être mise sur le compte de la proximité avec un pirate mentalement instable, si c’était bien là le rôle que l’agent secret avait choisi d’endosser. Quant à l’homme du Cipher Pol lui-même… il se montrait certes un peu cavalier avec la discrétion, mais en tant que professionnel, s’il le faisait, c’était parce qu’il pouvait se le permettre. Refuge dans l’audace encore, très certainement… ça et le fait qu’avec le tintamarre emplissant la taverne, Zhihao arrivait à peine à entendre ce qui se racontait à la table voisine, et pourtant elle avait l’ouïe fine. Une petite impulsion électrique par acquis de conscience, et son sixième sens lui confirma qu’aucun escargophone-espion n’écoutait leur conversation. L’endroit était sûr, ou en tout cas aussi sûr que possible pour un estaminet situé dans un port rempli de flibustiers.

« Enchantée également. Meng Zhihao, mais j’adopterai un pseudonyme pour la suite. » répondit la militaire au même volume que son interlocuteur, après que les deux hommes aient terminé leur part des salutations d’usage. D'un air charmeur dans le cas du clown, au point qu'elle se demanda si son expression était feinte ou non, et contraint et forcé dans le cas de Cid. Ce dernier ne repartirait pas libre à la fin de leur mission, il en savait déjà trop ; s’en était-il seulement rendu compte ? Si c’était le cas, il semblait avoir d’autres préoccupations pour le moment, à en juger par là où portait son regard…

« Mes yeux sont là-haut. » l’avertit-elle en plaçant l’index sous son menton pour lui faire relever la tête. Un geste qui, combiné à son sourire factice, aurait pu passer pour aguicheur, au cas où les autres clients regarderaient dans leur direction. Elle s’interrompit le temps que le patron leur apporte leurs consommations – pas d’accorte serveuse attirant le chaland grâce à son sex-appeal ici, les bars aux noms aussi vulgaires en avaient rarement – puis se tourna vers Wilson en prenant une gorgée de bière pour donner le change. Une chose qu’elle regretta immédiatement, et pas seulement parce qu’elle évitait l’alcool en général, le breuvage était tout bonnement immonde. Pourquoi les gens venaient-ils ici, alors ? Cid ne perdait rien, lui qui était resté sans chope.

« Si c’est ça la qualité des boissons, je pense que je vais éviter la nourriture… sauf si vous êtes déjà venu manger ici et que vous pouvez me conseiller quelque chose ? Ce n’est pas le moment d’avoir une intoxication alimentaire. » réagit-elle à l’offre du clown. Puis, en réponse à sa dernière réplique : « Vous avez raison, le formalisme n’a pas sa place ici. Alors, en quoi puis-je vous être utile ? Votre message était assez vague. »

À dessein, il était inutile de le préciser. La femme-poisson tourna de nouveau les yeux vers Cid, qui faisait de son mieux pour se faire oublier. Sans succès, hélas pour lui.

« Et en quoi cela concerne-t-il notre nouvel ami ? » termina-t-elle, ce qui provoqua une nouvelle poussée de sueurs froides chez l’intéressé.
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Décidément, la façon d'agir de la mouette amusait beaucoup le clown de jade, elle était bien la parfaite candidate pour le plan spécial du clown, puis, il aimait voir ce pauvre Cid en panique à chaque remarque de la demoiselle. Il subissait un violent retour à la réalité, cette pourriture aimait frapper la moindre dame refusant ses avances, alors voilà un retour de bâton bien mérité. Puis, il ne le savait pas encore, mais le joker allait lui faire payer l'addition au sujet des collations de la taverne, une punition supplémentaire offerte gratuitement par notre cher pitre favori. Joey pouvait vraiment agir en vilain diablotin quand il détestait un homme au plus haut point.

Toutefois, les paroles de la dame disaient vrai, la bière avait vraiment un goût immonde, le farceur cracha donc sa gorgée à la figure du chauve et donna la boisson à son voisin de table, un nouveau supplice offert gentiment par son ami farceur. Puis, si la bouffe était aussi mauvaise que le bourbon, alors pourquoi pas en commander et en faire déguster à son super pote ? Une superbe idée que le joker employa en appelant le tavernier et fit commande du plat spécial du chef, une tambouille de poulpe mariné dans une sauce réellement étrange, même le clown pour déconner ne goûtera jamais un plat aussi infâme. Ce pauvre Cid voyait l'enfer défiler sous ses yeux impuissants. Maintenant satisfait de ses blagues à répétition, le joker répondra à la gent dame avec une voix chaleureuse :

Joey : «Fort bien, je vais tout vous révéler... Notre mission est de s'assimiler à la bande de Magnifico Brandi, un revendeur de femmes très influent sur la zone... Et grâce à notre ami ici présent...» Il donna une nouvelle tape sur le crâne brillant de son pote. «Cid va me faire passer pour un revendeur direct lui étant associé en secret, quant à vous, comment dire...» Il ne savait absolument pas comment lui annoncer la chose suivante. «Une marchandise de choix à la revente, mais n'ayez crainte, je serais là pour vous protéger, je vous le promets, parole de clown.» Il fixa son camarade de table avec un sourire à faire fuir les ténèbres. «Nous irons après le repas à la planque de Cid, ce qui me donnera l'opportunité de prendre une nouvelle apparence et à vous par la même occasion, car une vente spécial sera effectuée dans la soirée, nous devons nous préparer au plus vite et frapper au bon moment, de façon à se débarrasser de ces déchets.» Le visage du clown sera un plus ferme. «Bien évidement, dame Meng, vous le droit de refuser ma demande.»


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La militaire écouta attentivement les explications de son vis-à-vis, et ferma les yeux quelques secondes pour les digérer – à défaut de digérer la cuisine du patron, Cid étant celui qui avait cet honneur discutable. Des trafiquants de chair humaine, donc… enfin, pas que, s’ils acceptaient également la marchandise non-humaine, mais ce n’était qu’un détail. Et le rôle de la kanokunienne dans tout ça était de servir de ticket d’entrée à l’agent du Cipher Pol. Déplaisant certes, mais du moment qu’il savait ce qu’il faisait…

« Je vois. Cela explique certainement le type de vêtements qu’on m’a dit d’emporter. » fit-elle à la fin de sa réflexion. « Je peux faire ça, ce n’est pas pire que de devoir flirter avec des pirates qui ne se sont pas lavés depuis des mois pour leur tirer les vers du nez. » affirma-t-elle.

Son regard se reposa sur Cid, qui semblait sur le point de développer spontanément un pouvoir surnaturel lui permettant de passer à l’état liquide.

« Vous avez de quoi garantir qu’il ne révélera pas le pot aux roses lorsque nous serons en présence de son boss ? Je suis sûre qu’un de ces colliers explosifs qu’on met aux esclaves lui irait très bien, même s’il faudrait le dissimuler. Lui administrer un poison à action lente et ne lui donner l’antidote qu’après la mission marcherait sans doute mieux pour la discrétion… l’avez-vous déjà fait, peut-être ? »

Le malfrat écarquilla les yeux et déglutit péniblement en entendant ses suggestions, et fixa sa bière avec une horreur renouvelée. Ironique, dans la mesure où il avait dû faire subir bien pire à ses propres captives, mais peu de criminels étaient prêts à être traités de la même façon qu’ils traitaient leurs victimes. Idéalement, elle aurait préféré éviter de discuter de leurs plans devant lui, au cas où trouverait un moyen de leur fausser compagnie, d’où la proposition d’avoir recours à une sorte de laisse. Wilson devait cependant avoir confiance en sa capacité à le garder à l’œil jusqu’à l’heure H. Ou peut-être que sa couardise était encore plus grande qu’elle ne le pensait ?

« Très bien, demain soir donc. Vous avez déjà préparé une couverture pour moi ? Comment direz-vous m’avoir capturé ? »

Il ne fallait pas oublier qu’une femme-poisson était beaucoup plus forte qu’une humaine, il n’était donc pas exclu que Brandi se méfie si un inconnu sorti de nulle part devait soudain se pointer pour lui refourguer l’une d’elles. L’agent secret était certes bien bâti sous son costume burlesque, mais la masse musculaire seule n’était pas un indicateur fiable des capacités martiales d’un individu, et si le Cipher Pol était loin d’être étranger à la violence, tous ses membres n’étaient pas non plus des spécialistes du combat. Le comportement de Cid tendait à prouver que Wilson avait d’autres talents que l’espionnage, sauf qu’il avait l’air de quelqu’un de facilement intimidé, ce n'était donc pas forcément suffisant.

En parlant du cancrelat en question, son plat était sur le point d’arriver. L’homme grimaça en voyant le patron s’approcher avec sa commande, et vu le fumet qui s’en dégageait, c’était tout à fait compréhensible. Puis le tenancier posa l’assiette sur la table, et Zhihao vit que l’aspect de la nourriture était au diapason de son odeur.

« Je dois vraiment manger ça ? » chouina le criminel. La question se posait effectivement, cette… chose devant lui tenant davantage du crime contre l’humanité que de la cuisine. S'amuser un peu à ses dépens était une chose, mais n’y avait-il pas un article quelque part dans le code de la Marine prohibant les traitements cruels, inhumains et dégradants ? Dire qu’un pauvre poulpe innocent était mort pour préparer cette atrocité, quel gaspillage.
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Le clown de Jade resta figé sur place en entendant les paroles de la mouette. En plus d’être une soldate intelligente, elle savait utiliser son charme de façon à utiliser les hommes à ses fins. Fort bien, il semblerait que le farceur à dégoter la poule aux d’or pour cette histoire, même si son regard émeraude se posa sur la dame au terme du fameux type de tenue devant être porté. Ayant une sœur chère à son cœur, il était hors de question que la demoiselle utilise une tenue trop provocante auprès d’un groupe de monstres assoiffés de désirs malsains, l’âme noble du pitre ne pourrait laisser faire ce genre d’ignominie. Puis, la demoiselle marquait un point très sensible sur la possibilité que le plan de sauvetage échoue à cause d’une crevure de la pire espèce.

Cid savait pertinemment que cette option ne devait jamais être envisagée… Car une de ses testicules avait failli disparaitre lors de l’attaque spéciale du joker, la peur de subir à nouveau un tel tourment de douleur infini le faisait flipper, effectivement il savait que jouer avec un clown en rogne pouvait être une source de torture. Chose qu’il subissait déjà en buvant et mangeant la nourriture infâme de la taverne. Joey savourait clairement chaque instant à voir cette pourriture en prendre pour son grade, un juste retour des choses selon son avis personnel. Mettant encore un coup derrière le crâne du vilain, le clown répondit avec affirmation et amusement à sa nouvelle camarade de croisade, la justice allait triompher sur cette terre maléfique :

Joey : «Mon pote Cid ! Mange ton plat ! ça doit être délicieux, puis, c’est toi qui payes l’addition, Hahahahahaha !» Le méchant chauve subissait un violent coup du destin et le clown rebondira sur cet instant fort comique pour annoncer avec un visage plus sérieux. «En effet, demain soir sera l’heure de la vente et donc, dame Meng, vous serez en quelque sorte ma marchandise, vous serez comme briser mentalement et obéissante au moindre de mes ordres. Il se peut que je sois enclin à vous mettre une laisse autour de votre cou, de manière à bien appuyer votre soumission.» Il leva la tête un court instant et revint à prendre la parole. «De toute façon, nous aurons toute la journée de demain pour nous préparer. Et quant à notre balance, il sait que la moindre trahison fera objet d’un supplice pire que la mort, alors pas la peine de lui faire boire le poison, je l’ai déjà empoisonné dans sa nourriture, je lui donnerai le remède à la fin.» Un mensonge tellement énorme que cela passa crème dans le cerveau du chauve déjà traumatisé par son bourreau. Il n’avait pas le droit à la trahison, sans quoi la mort viendra le prendre tout de même au bout du chemin. «Bon… Je pense qu’on peut partir rentrer à la maison… Patron ! Mon ami paye l’addition !» Une fois cela fait, le super trio légendaire partit se rendre rapidement chez la balance, histoire de se préparer convenablement à la rude journée à suivre.


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En voyant la façon dont Wilson réagit à ses remarques en brutalisant son larbin tout en faisant semblant de se montrer amical, la kanokunienne se demanda si c’était là sa véritable personnalité, ou s’il était juste particulièrement dévoué à son masque de clown tueur. En tout cas, le rôle qu’il désirait la voir endosser était parfaitement raccord avec l’effet que ces déséquilibrés déterminés à transformer une figure amusante en un symbole de terreur avaient le plus souvent sur leur entourage. Chapeau l’artiste.

« D’habitude j’insiste pour que les gens m'offrent au moins le dîner avant de les laisser me passer les menottes aux poignets, ou la laisse au cou. Mais comme c’est notre ami qui paye, le privilège ne devrait-il pas lui revenir ? » ironisa-t-elle, ce qui fit immédiatement s’étrangler l’intéressé – à moins qu’il ne se retienne simplement de vomir ce qu’on le forçait à ingurgiter. Car oui, contrairement à ce qu’affirmaient certaines personnes médisantes, elle avait bel et bien un sens de l’humour… ou en tout cas elle pouvait faire semblant d’en avoir un. Hélas, quand on avait vécu toute sa vie entourée de militaires, le répertoire de plaisanteries tendait rarement vers le raffinement.

« D’accord, pas d’acte de résistance de ma part. » poursuivit-elle plus sérieusement, une fois sûre que leur guide n’était pas sur le point de mourir étouffé. Ou d’une crise cardiaque, la dernière blague du clown basée sur la propre suggestion de la femme-poisson lui faisant battre des records de trouille. Non qu’elle ait l’intention de laisser le trafiquant s’en tirer à si bon compte, supplice culinaire excepté : si son palpitant le lâchait, un bon électrochoc aurait tôt fait de le relancer. « N’avez-vous pas peur cependant que cela diminue ma valeur aux yeux de Brandi ? S’il pense que vous essayez de lui refiler de la marchandise endommagée... »

Cela lui épargnerait peut-être de devoir feindre d’essayer de mordre les doigts de l’esclavagiste ou autre signe de défiance, tout ça pour avoir droit à une réplique clichée comme « Ah, elle a son petit caractère ! Il y a des clients qui aiment quand elles résistent, ils sont prêts à payer très cher pour ça ! », assortie ou non d’un revers de la main pour lui « apprendre sa place ». Quoique, ce serait plus probablement un coup de poing à l’estomac, pour ne pas laisser de traces sur son visage au moment de la vente… Mais en contrepartie, il était possible que Brandi choisisse à la place de se livrer à un examen plus approfondi, histoire d’évaluer l’étendue des dégâts. À moins que l’homme du Cipher Pol n’arrive à le convaincre qu’il l’avait torturée à coups de gags moisis ?

Il y avait bien des moyens de rendre la supercherie plus crédible avec de fausses blessures, l’agent secret en avait sûrement dans ses bagages vu son choix de déguisement, mais la plupart des produits cosmétiques qui pourraient produire un tel effet n’étaient pas prévus pour la peau d’une femme-poisson. Enfin, ils avaient jusqu’à demain soir, ils auraient le temps de trouver une astuce, et ils pouvaient toujours acquérir ce dont ils avaient besoin si les objets en question n’étaient pas déjà en leur possession.

« À part préparer notre couverture, y a-t-il autre chose à faire avant le début de l’opération ? » demanda-t-elle alors que le repas touchait à sa fin, Cid ayant miraculeusement survécu à la spécialité du patron, même s’il arborait à présent une teinte verdâtre du plus mauvais effet. L’homme se déplaça précautionneusement lorsqu’ils se mirent en route, comme s’il craignait que le moindre faux mouvement ne scelle sa perte.

« Et une fois que nous serons dans la place, quel niveau de violence souhaitez-vous employer ? » acheva-t-elle.
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Marchant dans les ruelles sombres avec la mouette et le chauve, le clown de jade regardait avec méfiance chaque individu suspect sur sa route, il voulait éviter à tout prix qu'un petit voyou s'amuse à vouloir chercher les embrouilles. Par chance, rien de spécial n'arriva lors de leur périple jusqu'à la planque de la balance, permettant au joker de se détendre un peu et de retirer sa veste sur le lit à sa portée. Avant de donner une réponse aux multiples questions de sa camarade, le pitre avait déjà un scénario bien ancré dans sa cervelle complètement farfelu, à la crainte de ce pauvre Cid en sueur :

Joey : «Vous n'avez rien à craindre au sujet de votre valeur, Cid m'a dit que son patron se fichait éperdument de l'apparence des femmes, tant qu'elles sont en parfaites santés, les acheteurs sont prêts à y mettre le prix.» Au milieu de son temps de parole, le clown préparait un plat, une sorte de salade garni de légumes, avec en prime, un peu de riz pour sustenter la faim de la demoiselle. «Je sais que cela peut paraître déplacer, dame Meng, mais pourriez-vous porter la tenue de votre supérieur après avoir rempli votre estomac ?» La planque du malfrat était bien entretenu, un deux pièces conforme, surtout que le comique avait passé un bon coup de ménage, afin de rendre le lieu plus agréable à vivre. «Cid, tu peux venir par là...»

Le chauve sera aussitôt enroulé tel un saucisson par une corde solide avec en guise de supplément la bouche scellée. Tel un enfant puni de force, il sera déposé dans la chambre, le corps orienté contre le mur, un châtiment digne de ce nom pour cette infâme pourriture. Maintenant débarrasser de la balance, le farceur revint au centre de la pièce presque en dansant, avant de se déshabiller quasi totalement, avec en tête de tester sa tenue et de jouer le rôle d'un vilain bandit : le fameux Johnny Cash ! une sorte de crapule sadique adorant amasser de l'argent sur le dos des innocents.

Le costume en question était simple, un short troué, des chaussures usées et une chemise sombre avec des motifs à tête de morts et pour aligner le tout à cette mascarade de folie, une paire de lunette de soleil cool et un cure-dent bloquer contre une canine, histoire de pimenter le côté voyou de ce personnage fictif. Il manquait un autre ajustement au niveau de la chevelure, mais ce détail pouvait attendre demain, après une bonne douche bien méritée. En parlant d'accoutrement, Joey attendait le feu vert de sa collègue pour se retourner, mais avant d'entendre la dame rétorquer, le farceur donna sa réponse à sa dernière question :

Joey : «Une fois que Magnifico aura mordu à l’hameçon et que les acheteurs seront sur place, je vous donnerai le signal pour agir. Je ne veux aucun mort de leur côté, car si jamais ça dérape, on pourra très bien utiliser les malfrats en otage et emmener les prisonnières en lieu sur, cela sera et restera notre priorité. Mais si jamais votre vie est en danger que vous n'avez pas le choix de défendre votre vie, même si je n'aime pas dire ces mots, je vous donne la permission de neutraliser votre adversaire.» Il attendait patiemment un retour de sa camarade, afin de contempler une bonne fois pour toutes cette mystérieuse tenue. «Puis, ma salade était comment ? À votre goût, j'espère ? Hahahaha» Il rigola un bon coup et reprit sur un ton plus calme. «Et aussi... Je sais que cela peut vous paraître bizarre d'entendre ça, mais sachez que votre vie est importante, donc si jamais vous devez fuir, partez... Je ne vous en tiendrai pas rigueur.» Ces paroles transpiraient la sincérité. «Une fois notre petit numéro achevé, nous irons nous coucher… Car je suis vraiment claqué, pas vous ?»


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Le trajet jusqu’au domicile de leur guide et otage ne fut pas long, et beaucoup plus calme que sa première traversée des rues. Comme quoi, le simple fait d’être accompagnée faisait toute la différence : si les aigrefins qui hantaient les rues de la ville n’hésitaient pas à accoster une femme seule, même visiblement armée, la présence de ses compagnons était bien plus dissuasive. D’autant plus que les passants voyaient les regards apeurés que Cid adressait à Wilson, plus l’air confiant et la tenue excentrique de ce dernier, et jugeaient qu’il valait mieux ne pas lui chercher des noises.

La demeure du chauve, quant à elle, ne payait peut-être pas mine vue de l’extérieur mais était bien mieux entretenue à l’intérieur. L’œuvre du comique ? Vu sa dégaine, Zhihao ne pensait pas que le couard était du genre soigneux en matière de ménage. À ce propos, le commerce d’esclaves était généralement une activité plutôt lucrative, alors pourquoi Cid avait-il un logement aussi modeste ? D’accord, il ne fallait pas s’attendre au grand luxe dans un endroit comme celui-là, mais il devrait tout de même avoir les moyens de se payer mieux… sauf s’il dépensait son argent ailleurs, s’il n’était pas si haut placé dans l’organisation, ou si Magnifico était du genre à garder tous les bénéfices pour lui.

La militaire hocha la tête lorsque l’agent secret affirma que son apparence ne serait pas un problème, même s’ils faisaient croire que Wilson l’avait soumise par la terreur et la torture. Une personne plus vaniteuse aurait pu être vaguement offensée, mais elle se fichait éperdument de ce qu’une bande de criminels pensaient de son physique, tant que cela n’interférait pas avec sa mission.

« Un trafiquant peu regardant, donc. Je vois, cela devrait nous faciliter la tâche. Je suppose qu’il en faut pour tous les goûts. » dit-elle en se rappelant un certain incident lors duquel l’un de ses camarades de la 28ème avait voulu profiter d’une permission pour se rendre dans une maison de passe, et avait été très désagréablement surpris en voyant à quoi ressemblait la fille la plus populaire de l’établissement. Puis, remarquant que le clown s’était mis en tête de lui faire la cuisine – avait-il pris son précédent commentaire au sérieux ? –, elle tenta de lui faire comprendre qu’elle n’en avait pas besoin, mais il ne voulut rien entendre. Elle se retrouva donc à manger pour ne pas paraître impolie, tandis qu’il s’occupait de ligoter leur hôte. Une impulsion électrique plus tard, et son sixième sens confirma à la kanokunienne qu’il n’y avait aucun objet à proximité que Cid pourrait utiliser pour se libérer et leur fausser compagnie.

Ayant rapidement consommé la collation, elle s’exécuta ensuite quand l’homme du Cipher Pol lui enjoignit de montrer quels autres vêtements elle gardait dans son sac. Il aurait toutefois pu formuler sa requête autrement, elle se serait bien passée des images mentales conjurées par l’expression « la tenue de votre supérieur ». Celle où elle tentait d’enfiler l’uniforme dix fois trop grand du Commodore, telle une enfant essayant les vêtements de ses parents, était ridicule mais inoffensive. Celle d’un Okama von Falingen farfouillant joyeusement dans sa garde-robe personnelle à la recherche du parfait habit pour sa subordonnée était en revanche beaucoup plus dérangeante.

Visions d’horreur mises à part, elle changea d’atours sans se formaliser de la présence du clown qui en faisait de même, la modestie n’ayant pas sa place chez une soldate habituée à partager ses quartiers avec des dizaines de collègues. Ayant revêtu des habits qui mettaient ses formes en valeur et montraient beaucoup plus de peau qu’elle ne le faisait d’ordinaire – le quartier-maître s’était souvenu qu’elle préférait le noir, quelle délicate attention –, elle se retourna pour voir à quoi ressemblait maintenant son compère, et ne fut pas déçue du résultat. Si l’objectif était de passer pour un connard visqueux et arrogant, il pouvait difficilement faire mieux ; si elle avait vraiment été sa captive, elle aurait sans doute tenté de se suicider rien que pour échapper à la compagnie de quelqu’un qui pensait que cela constituait une tenue correcte.

« Très réussi. » résuma-t-elle son impression. Elle l’écouta ensuite lui expliquer quel était le niveau de violence acceptable pour les besoins de la mission, et les raisons de ce choix. Tout se tenait, elle n’avait pas de problème avec ça. « Pas de morts si nous pouvons l’éviter, priorité à la sécurité des victimes, compris. Les os brisés sont-ils autorisés ? En fonction de leur nombre, il pourrait être compliqué de tous les garder à l’œil une fois neutralisés, si nous nous contentons de les attacher. Savez-vous d’ailleurs s’ils ont des combattants dont nous devons nous méfier, et pouvez-vous me dire quelle est votre stratégie d’exfiltration ? »

En effet, c’était bien beau de parler de refaire le portrait des malfaiteurs et de libérer les femmes prisonnières, mais il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Et même une fois cela fait, encore faudrait-il repartir ensuite de l’île pour livrer les premiers à la justice et ramener les secondes chez elles, ce qui serait sans aucun doute beaucoup plus difficile que d’infiltrer l’endroit. Il faudrait également que les deux défenseurs de la Justice prennent le temps de communiquer au sujet de leurs capacités respectives, s’ils voulaient coopérer plus efficacement, sauf que le clown maintenant grimé en voyou préféra passer du coq à l’âne en lui demandant ce qu’elle avait pensé de ses talents de cuistot. Légèrement interloquée, elle répondit d’un « Très bonne ? » avant qu’un nouveau revirement ne s’opère, l’homme devenant soudain beaucoup plus sérieux et lui disant de ne pas sacrifier sa vie en vain. D’où venait cette subite sollicitude ?

« Je suis un soldat, c’est mon métier de me mettre en danger. Si je dois tout de même me replier, hors de question de vous laisser derrière. »

Ayant mis les choses au clair, elle acquiesça quand il proposa de remettre la suite au lendemain. Il était vrai qu’il se faisait tard, qu’elle était fatiguée et qu’ils réfléchiraient mieux à tête reposée.
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Averti par la détermination de la soldate à ne rien lâcher, le clown de jade souriait à cœur joie en entendant ces paroles. Cette femme à la mentalité d’acier, honore le blason de la justice, elle était un bouclier et une épée ardente prête à pourfendre le mal à la racine. Une brave que beaucoup de supérieur voudrait avoir dans leur rang et pour le cas du Joker, il voulait tester cette volonté de fer, mais avant de passer à ce cas de figure, il jugeait la tenue spéciale de la mouette.

Sur le coup, un côté grand frère protecteur se manifesta en lui, car la demoiselle avait beau ne pas faire partie de sa famille, ses vêtements montraient à la perfection chaque détail important du corps de cette dernière. Une poitrine dans la norme, un ventre sensuel, des hanches et un fessier à faire baver le premier idiot en rut. Mais un détail insoupçonné vint frapper de plein fouet le farceur, la jeune mouette faisait partie de la race des hommes poissons ?

Il resta durant un court instant silencieux, avant de s’approcher avec une curiosité débordante, sans témoigner une forme de dégout, mais tout le contraire, il était fasciné par la capacité spéciale de leur race, tel un enfant à la recherche de connaissance et de savoir. Il tournait autour d’elle comme une abeille ayant trouvé une fleur de choix, scrutant avec émerveillement chaque partie de son corps. Toutefois, il reprit rapidement la raison et arrêta de faire l’idiot, avant de prendre la parole tout en ajustant la coupe de cheveux de la femme poisson, sa manière à lui un peu balourde de passer à autre chose :

Joey : «Merci beaucoup pour votre compliment ! Et je suis heureux d’entendre que mon plat vous a plu.» Il continuait à batailler contre la chevelure ébène de la dame. «Vous aussi êtes parfaite sous cette tenue, un peu trop sombre à mon gout, mais cela sera nettement suffisant. Il manque juste un petit détail et vous serez très certainement la femme la plus belle parmi les pauvres femmes misent en vente… Cela me dégoute vraiment de parler de la sorte…» Il arriva enfin à faire un beau chignon sur le côté droit de la boite crânienne de la mouette. «Pour répondre à vos questions, Magnifico est protégé par des idiots, mais il a un homme de main du nom de Marcus Tête creux, un grand gaillard bâti dans la roche, mais il est aussi bête que ses pieds. Il sera très certainement un ennemi à se méfier, malgré le peu de neurones animant ses muscles. Et pour finir, nous avons Angélica, une femme poisson étant toujours à ses côtés, elle serait probablement armée d’une paire de couteaux et aurait donné la mort à d’innombrable idiot ayant tenté de doubler son maître. Et quant à notre tête de proue, il n’est rien d’autre qu’un marchant, il sera facile de le mettre au tapis.» Histoire de finir son spitch convenablement, le comique prit à sa portée un collier et une laisse et sans prévenir, l’accrocha au cou de la pauvre mouette. «Tu auras le droit de casser des os, cela est tout bonnement normal pour le bien de la mission, numéro Douze…» Sa voix pourtant chaleureuse venait de se transformer en quelque chose de plus sombre, il commençait à jouer son personnage de la bonne manière. «Numéro douze, ne bouge pas, je dois enlever mon maquillage.» Une fois l’ordre donné, le clown retira son maquillage par le biais du lavabo et invita sa "marchandise" à le suivre en tirant d’un coup sec sur la laisse. «Nous allons dormir ensemble ce soir, Numéro Douze… » Malgré son aspect à vouloir passer pour un profond salopard, en rentrant dans la pièce, le clown lâcha la laisse et donna une grande partie du lit à sa camarade, prenant la plus petite portion pour sa personne. «Dormez bien, dame Meng, demain sera très certainement une journée difficile et quant à toi, Cid, il vaut mieux que tu ne fasses pas de bruits… Si je me réveille ou que tu as le culot de déranger ma camarade, je vais vraiment te refaire les dents…» Une fois sa menace lancée, le clown retira ses vêtements et profita de cet instant de tranquillité pour s’assoupir dans les bras tendre et charnel de la déesse du sommeil.


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Dernière édition par Joey Wilson le Jeu 12 Sep 2024 - 21:10, édité 2 fois
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Wilson la surprit pour la énième fois depuis qu’ils s’étaient rencontrés, à peine plus d’une heure plus tôt. Non content de simplement jeter un œil à sa tenue, l’agent secret l’examina sous toutes les coutures, au point de la rendre légèrement inconfortable, ce qu’elle dissimula par réflexe. Était-ce sa façon de rentrer dans son rôle tout en la préparant à subir un examen encore plus intrusif de la part de Brandi ? Son regard en tout cas ne contenait nulle trace de perversité, mais plutôt une curiosité innocente. Était-ce la première fois qu’il voyait une femme-poisson de près ?

Elle était sur le point de prendre la parole pour lui demander respectueusement de mettre fin à son manège lorsqu’il s’arrêta de lui-même, la complimentant à son tour sur sa tenue et reprenant le fil de ses explications tout en… ajustant sa coiffure ? Pourquoi faire, ce n’était pas comme si les cheveux de la kanokunienne étaient assez longs pour l’empêcher de lui passer son collier. Elle ne comprenait pas non plus pourquoi il voulait qu’elle le mette maintenant d’ailleurs, ils n’en auraient pas besoin avant un bon moment. Voulait-il qu’elle aussi se mette dans la peau de son personnage, était-il adepte de la méthode Stanislavski ?

Elle obéit lorsqu’il lui ordonna de ne pas bouger pendant qu’il se démaquillait, mettant ce temps à profit pour passer en revue les dernières informations. Une montagne de muscles et une congénère dévoyée donc, plus un nombre indéterminé d’hommes de main qu’il ne faudrait cependant pas négliger : même si elle pouvait les démolir individuellement au corps-à-corps, l’avantage du nombre ne devait pas être sous-estimé. Il suffirait d’un coup de feu chanceux pour que tout bascule, et elle ne pourrait pas compter sur son propre équipement pour se protéger. Même si Wilson, lui, pouvait se permettre d’arriver armé sur les lieux de la rencontre, les séides du trafiquant insisteraient sûrement pour qu’il les laisse derrière lui avant de l’amener devant leur chef. En temps que membre du Cipher Pol, il y avait fort à parier que son compagnon savait faire usage d’armes cachées, mais elles avaient leurs limites. Ils ne pourraient vraisemblablement s’appuyer que sur leurs seules capacités physiques. Oh, et apparemment il faudrait qu’elle réponde à l’appellation de « Numéro Douze »… au moins elle n’aurait pas à se fatiguer à chercher un pseudonyme.

Lorsque l’agent secret se mit au lit, elle se fit la réflexion qu’avec la façon dont il la regardait et s’adressait à elle, il aurait été facile de croire qu’il lui faisait des avances. Elle savait toutefois qu’il n’en était rien, et qu’il était peu probable qu’il pousse les choses plus loin au nom du réalisme de leur petite mascarade.

Il oubliait quelque chose d’important par contre, aussi ne le rejoignit-elle pas, se dirigeant plutôt vers leur prisonnier. Non qu’elle se préoccupe particulièrement du bien-être de Cid, mais le clown n’avait pas pensé à le laisser s’occuper de ses besoins naturels. Il ne faudrait pas qu’il se fasse dessus dans la nuit : si Wilson semblait prendre plaisir à l’humilier, Zhihao, elle, n’avait pas spécialement envie d’en subir les conséquences. Avec ce qu’il avait mangé, un éventuel accident nocturne pourrait s’avérer pire qu’une attaque chimique. Elle fit donc le nécessaire pour s’assurer qu’ils ne seraient pas empuantis dans leur sommeil sans pour autant laisser au criminel la moindre opportunité de s’échapper, puis se prépara à se reposer à son tour. L’homme du Cipher Pol était bien nonchalant pour quelqu’un qui se trouvait en territoire ennemi, il n’avait même pas émis l’idée de dormir chacun son tour. Elle ne comptait pas le rejoindre dans le lit, en tout cas, pas sans savoir s’il était du genre à attaquer les gens autour de lui sous l’emprise d’un cauchemar, comme cela arrivait à certains de ses camarades. Le canapé ferait très bien l’affaire...

La militaire se réveilla quelques heures plus tard, aux premiers rayons de l’aurore, heureusement sans avoir été suffoquée par les émanations méphitiques du système digestif de leur hôte. Elle vérifia que ce dernier était toujours à sa place et n’avait pas bougé entretemps, l’aidant à nouveau à se soulager, sa poigne aussi ferme qu’un étau suffisant à elle seule à décourager toute velléité de rébellion. Elle nota néanmoins qu’il avait passé une très mauvaise nuit, ce qu’elle garderait à l’esprit pour plus tard. Enfin, elle entreprit de rendre la politesse à Wilson en préparant le petit-déjeuner, se débrouillant comme elle pouvait avec le maigre contenu des placards de leur hôte. Une fois son comparse levé et attablé, elle lui fit part de ses pensées.

« Cid n’a pas bonne mine, et il est nerveux. Vous êtes sûr que cela ne risque pas de mettre la puce à l’oreille de Brandi ? » commença-t-elle. « Il faudrait peut-être aussi que nous discutions de nos capacités respectives, pour mieux nous coordonner, vous ne croyez pas ? »
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Au milieu du monde des rêves, le clown de jade était accompagné de sa tendre sœur, assis en dessous d’un arbre du parc de leur enfance à Logue Town, discutant de tout et de rien, mais quelque chose de particulièrement affreux vint perturber ce moment de paix. Tandis que le joker appréciait cet instant de quiétude, le visage de Rosa sera consumé par sa maladie, comme ci des flammes dévoraient chaque parcelle de sa peau avec rage, faisant hurler de douleur la pauvre demoiselle.

Totalement impuissant, Joey tentait de repousser les flammes obscures, mais rien ne pouvait les éteindre, regardant avec effroi sa pauvre sœur le supplier de mettre fin à ses souffrances. Elle jeta à ses pieds un poignard et lui demanda de viser le cœur, une requête effroyable semant le doute et la discorde au sein même de Joey. Il préférait se donner la mort que d’accomplir cet acte infâme envers sa lumière du matin. Seulement, en voyant que son frère était inapte à répondre à son vœu, dans un dernier élan d’énergie, la femme se perfora le thorax dans une effusion de sang, mourant tragiquement dans les bras d’un farceur démuni.  

Dévorer par la rage et le chagrin, le joker poussa un hurlement de colère et, par cette action, le pauvre clown venait de sortir du monde des songes en sueur. Il regardait durant un court instant la pièce autour de lui, remarquant facilement que sa partenaire n’était plus là, ainsi que le chauve devant certainement être gardé à proximité de la mouette. Avant de poser un pied-à-terre, le farceur pouvait sentir une douceur odeur de collation venir chatouiller ses narines. Un bon déjeuner avec soin de bon matin allait donner la force nécessaire au pitre de revenir à lui et de débarquer avec le sourire devant la belle femme poisson sous sa tenue de vilain lascar.

 Prenant donc place sur une chaise, le joker apprécia la nourriture et écouta au même moment les inquiétudes de sa camarade sur l’état inquiétant du chauve qui semblait affalé sur le canapé, agonisant d’une douleur aiguë au niveau de l’estomac. Terminant son repas avec un certaine tranquillité et buvant un verre d’eau, le clown répondit avec son charme habituel, avec un soupçon de taquinerie propre à un chevalier du rire et de la joie :

Joey : «Même si sa peau pouvait devenir mauve, Cid n’aura pas le choix que de venir avec nous, il est notre ticket pour rentrer dans le hangar, sans lui, ça risque d’être compliqué de ne pas faire capoter le plan, on n'aura qu'à le faire vomir au pire… De toute façon, il aura la journée pour relâcher la nourriture parcourant son organisme.» Il prit en considération la seconde demande de la dame, en usant du Soru pour arriver juste derrière elle. «Vous avez bien raison, Numéro Douze… Nous devons connaître chacun nos capacités et notre force. Je vais donc jouer carte sur table et vous dire que je sais utiliser chaque forme martiale du cipher pol.» Il fera une démonstration assez sommaire du Shigan en trouant avec son index le pauvre sofa où siéger le malade et pour le geppou, histoire de faire mourir de rire sa camarde, en combinant sa technique à celle du Tekkai… « Attention !» Le pitre se propulsa la tête la première dans le plafond juste avant de retomber en imitant à la perfection la tête d’un Chihuahua au centre d’une réflexion millénaire. «Il me reste encore une aptitude à vous montrer, donc à vous de faire le choix quand vous allez m’attaquer…» Il utilisait le Kamie en dernier atout, faisant planer et distordre son corps telle une feuille de papier, rendant la possibilité de le toucher assez mince pour la pauvre mouette, alors le clown fit machine arrière et employa le Tekkai à son paroxysme. «Numéro douze, montrez-moi votre force.» Un sourire amusé ne pouvait se dissimuler derrière sa curiosité grandissante.  «D'ailleurs, merci pour le petit déjeuner.»
 


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Wilson avait l’air apprécier ce qu’elle avait mitonné, mais la kanokunienne n’avait guère de mérite : Cid ne s’était procuré que le nécessaire pour préparer des plats tout simples, impossibles à rater à moins de le faire exprès ou d’être vraiment d’une nullité crasse. Enfin, toute approbation était bonne à prendre…

« Ce n’est pas tellement son état de santé qui m’inquiète. » corrigea-t-elle quand son compagnon sembla se méprendre sur ce qu’elle voulait dire. « Pour ça, il n’aura qu’à dire qu’il a mangé quelque chose qui ne lui a pas réussi, ça a même l’avantage d’être vrai. Non, ce qui me chiffonne c’est de ne pas savoir s’il saura donner le change, ou si le fait qu’il vous regarde comme si vous étiez la chose la plus terrifiante qu’il ait jamais vu alertera les gardes. À moins que tous les fournisseurs qu’il ramène à Brandi ne lui fassent cet effet, cela pourrait poser problème. »

Du moment que les sentinelles n’étaient que des petites frappes, les deux défenseurs de la Justice n’auraient aucun mal à forcer dans le passage pour pénétrer dans le hangar, mais cela les retarderait tout de même, et le trafiquant pourrait mettre ce temps pour s’enfuir. S’il se croyait sans doute à l’abri de la Marine sur cette île, Zhihao ne doutait pas qu’il devait avoir un certain nombre de rivaux et d’ennemis, et devait en conséquence avoir prévu de quoi s’échapper en cas d’attaque. Et s’il était du genre à ordonner à ses gorilles de tuer les femmes qu’ils retenaient captives plutôt que de les laisser tomber aux mains de quelqu’un d’autre…

Enfin, ce n’était pas elle qui était aux commandes : elle avait fait son devoir en livrant son avis, à Wilson de décider des suites à y donner ou non. Pour l’instant, l’heure était la démonstration de leurs capacités respectives, l’agent secret prenant cette partie-là de leurs préparatifs très au sérieux. Elle faillit avoir une réaction malheureuse lorsqu’il disparut en démontrant sa technique de déplacement rapide, si véloce que ses yeux ne purent saisir son mouvement et que son corps ne put le suivre… ce pourquoi le Commodore, qui employait la même technique, avait fait rentrer dans le crâne de sa subordonnée que sa meilleure chance de survie était d’avoir recours à Électro, car aussi impressionnant que soit le Soru, il n’était pas plus rapide qu’une décharge.

L’homme du Cipher Pol s’abstint cependant de profiter de sa vulnérabilité pour lui mettre une beigne comme l’aurait fait von Falingen, s’épargnant sans le savoir un électrochoc, avant qu’elle ne laisse l’énergie refluer et se mettre à la terre. Cela n’aurait sans doute pas suffi à le mettre au tapis de toute façon, le colosse moustachu bronchait à peine en encaissant ses décharges et uniquement parce qu’il s’agissait d’une réaction musculaire involontaire au passage du courant, alors si Wilson était d’un niveau comparable…

L’intéressé poursuivit son numéro, prouvant sa maîtrise du Rokushiki. Bon, une dernière technique manquait à l’exhibition, mais comme il ne pouvait se servir du Rankyaku sans démolir leur planque, elle ne pouvait lui en tenir rigueur. Elle n’essaya même pas de le frapper tandis qu’il virevoltait tel une feuille portée par le vent, car elle savait qu’elle ne ferait que se couvrir de ridicule. Elle dut s’avouer jalouse : nombreux étaient ceux au sein de la 28ème qui avaient supplié à genoux leur chef de leur apprendre cet art, mais il avait toujours refusé, généralement avec un commentaire comme « On verra si vous êtes sages et si vous mangez bien votre choucroute ! »… avant de leur expliquer plus sérieusement qu’il n’en avait pas le droit, le Gouvernement Mondial ayant des règles très strictes concernant l’enseignement de ce style de combat, pour éviter les fuites.

Finalement, voyant qu’elle refusait de jouer à son petit jeu, Wilson se figea et l’invita à se mesurer à son Tekkai. En réponse à la remarque sur sa cuisine, Zhihao lui offrit une sorte de révérence qui aurait eu plus d’effet si elle pouvait porté un costume de soubrette, puis s’adossa à la table. Plaçant ses mains derrière elle, elle inclina la tête et réfléchit quelques secondes. Comment relever ce défi ? Si elle se contentait de le frapper, l’issue était courue d’avance, or elle voulait que son partenaire la prenne au sérieux. Mais ce qu’elle avait à l’esprit risquait de pousser les choses un peu trop loin. Elle pesa le pour et le contre, puis prit sa décision. Un choix qu’elle n’aurait sans doute pas fait d’habitude mais elle était curieuse de voir si sa manœuvre avait une chance de réussir.

« À vos ordres, maître. » fit-elle en s’emparant subrepticement d’un couteau traînant sur la table, le tenant de façon à ce qu’il soit caché aux yeux de son vis-à-vis. Elle se dirigea vers lui de manière à ce qu’il ne puisse pas non plus voir la table, et donc remarquer la disparition de l’ustensile. Ceci fait, elle prit position pour donner un grand coup de poing dans sa main tendue… ce qu’elle fit en y ajoutant une bonne partie de la force de son Électro. De ce qu’elle avait pu en comprendre, le Tekkai fonctionnait en durcissant les muscles pour les rendre aussi résistants que l’acier, mais cela ne protégeait que des dégâts physiques, l’efficacité de ses décharges ne devrait donc pas être affectée.

Et effectivement, le corps de Wilson se raidit encore plus, le courant noyant les signaux transmis par son système nerveux ; elle n’attendit cependant pas de constater le succès de la manœuvre pour pivoter et s’élancer vers sa cible, le couteau dans son autre main retournant à la bonne position pour qu’elle puisse l’enfoncer dans l’œil de l’agent secret. Elle ne comptait pas aller jusqu’au bout, évidemment, elle s’arrêterait à quelques centimètres… sauf qu’elle n’en eut pas l’occasion car, avec toute la vivacité d’une vipère, l’homme se remit à bouger et l’attrapa par le poignet, stoppant net son attaque. La militaire ouvrit la main, laissant la lame lui échapper des doigts et tomber au sol.

« Ça m’apprendra à vouloir frimer. » soupira-t-elle avec déception, laissant toute tension – électrique ou autre – abandonner son corps en attendant que son comparse toujours souriant la relâche, ce qu’il finit par faire au bout de quelques instants. Dire qu’elle n’était arrivée à rien, même après avoir tenté d’exploiter simultanément deux des points faibles de la technique. Finalement, elle n'avait pu échapper au ridicule.

« Voilà, ce n’est pas aussi impressionnant que vous, mais c’est ce que moi je peux faire. » reprit-elle en formant un arc électrique entre son pouce et son index avec un bruit crépitant. « En plus des capacités normales d'une femme-poisson, je peux également percevoir les champs électriques, c’est très utile pour les perquisitions ou pour détecter une arme cachée par exemple. »
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Au départ amusé de tester les capacités de la jeune mouette, le clown de jade vit sa coéquipière se réfugier sous un voile ennuyeux de pragmatisme. Elle cogitait sur la façon future d’agir en conséquence, une bonne chose que le farceur apercevait avec la carte du silence, puis, il avait hâte de voir son plan ingénieux se mettre à exécution. Et lorsque la femme poisson passa à l’offensive, cette dernière frappa férocement le joker de plein fouet en employant une décharge électrique, paralysant son opposant jovial sans difficulté. Le pitre était vraiment ravi de voir un tel potentiel de combat.  

Cependant, Joey aura l’agréable surprise de voir que la demoiselle avait subtilisé un couteau de la table, afin de diriger le dangereux ustensile en direction de son orbite. Une approche radicale et violente, mais que le clown flamboyant esquiva avec une agilité déconcertante et désarma sa collègue en la choppant par le poignet, mettant fin à la confrontation amusante armé de son sourire angélique. Voyant que sa camarade semblait troublée face à son échec, le joker voulait la remotiver en posant sa main contre épaule et de sa voix douce et calme, il annonça avec une pincée d’humour :

Joey : «Dame Meng, votre approche était excellente, un autre adversaire aurait mordu la poussière sans le moindre doute, vous avez un talent indéniable et je serais ravie de faire de vous mon élève. Si un jour vous êtes partante pour apprendre l’une de mes techniques… » Il contemplait la technique hallucinante de la demoiselle avec une joie presque contagieuse. «Votre capacité est très intéressante en toute circonstance, chose que je ne peux faire, alors veuillez ne pas vous sous-estimer, nous avons chacun nos points forts et nos points faibles.» Il tourna son regard verdoyant sur la loque humaine souffrant sur le canapé. «Notre petit chauve est connu sur l’île pour être un froussard de premier ordre, et avec mon histoire, nous aurons aucun soucis à nous faire, Numéro Douze…» Il reprit le rôle du grand méchant en modifiant un peu le timbre de sa voix. «J’ai tué ta famille sous tes yeux sans le moindre remord… Ton esprit combatif est détruit et tu es devenu une femme docile et obéissante en toute circonstance… Tu es à moi et à personne d’autre, tant que personne n’aura dépensé des millions de Berrys pour t’avoir, tu resteras ma femme…» Stipula fièrement le faux méchant clown avec un ton fier. «Toutefois, il reste encore une chose à faire…» Il s’approcha de sa camarade et utilisa son flair pour sentir l’odeur émanant de la dame. «J’aimerais que vous preniez une bonne douche, pas que vous sentiez mauvais, loin de là, mais vous devez vous montrer irréprochable pour ce soir ! Je ferai de même après votre passage, Car Johnny Cash est un homme à l’apparence étrange, mais il aime la perfection.» Dès que la mouette sera passé à la case peau neuve, le clown en fera de même, mais en ajoutant une coloration à ses cheveux, devenant un homme à la chevelure de braise. Johnny Cash était enfin parfait sous la vision méthodique de notre loufoque chevalier de la justice. Les méchants n’avaient qu’à bien se tenir ! Johnny Cash et Numéro Douze allait casser la baraque ! 


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Au moins Wilson n’était pas du genre rancunier, à en juger par la façon dont il essayait de la rassurer sur ses capacités. Par contre, sa proposition étonna la militaire : il parlait de lui enseigner le Rokushiki, juste comme ça, alors qu’ils se connaissaient à peine ?

« Je vous remercie de votre offre, toutefois je doute que nos hiérarchies respectives donneront si facilement leur autorisation. Je ne voudrais pas vous causer de problèmes. » déclina-t-elle poliment.

Passé cet intermède, l’agent secret se focalisa à nouveau sur leur mission, et sur la fiabilité de Cid en tant que ticket d’entrée. À l’en croire, si qui que ce soit avait fait une erreur en accordant sa confiance au chauve, c’était Brandi : quel genre de chef criminel digne de ce nom donnait des responsabilités à un subordonné qui avait peur de son ombre et qui pouvait si aisément être forcé à agir contre son patron ? Avec des choix aussi discutables, son réseau finirait par tomber tout seul, même sans l’intervention des agents du Gouvernement Mondial. Ils ne pouvaient cependant pas se permettre de laisser la sélection naturelle faire son œuvre, pas quand des vies innocentes risquaient d’essuyer les conséquences de sa chute.

Ceci fait, Wilson rentra à nouveau dans la peau de son personnage, dont elle apprit l’alias par la même occasion. Johnny Cash, exactement le genre de pseudonyme vulgaire dont raffolaient les hors-la-loi, car même la dernière des petites frappes savait qu’il était difficile de se faire respecter quand on s’appelait Jean-Jacques Michu. Il était donc courant pour les racailles de tout poil de s’inventer une nouvelle identité, dont la grande majorité ne se montrait pas à la hauteur. Ce n’était cependant pas le pire nom qu’elle ait jamais entendu, loin de là. À ce propos, Magnifico Brandi était-il seulement le nom d’origine de leur cible ? Si c’était bien celui que lui avaient donné ses parents, ils avaient dû avoir de grandes ambitions pour leur bambin… que penseraient-ils aujourd’hui s’ils pouvaient voir ce qu’il était advenu de leur progéniture, à supposer qu’ils ne soient pas eux-mêmes des criminels ?

Les dernières instructions de l’agent secret, auxquelles elle obéit immédiatement, mirent fin à cette digression. Zhihao gagna ce qui tenait lieu de salle de bain à l’appartement, et prit une douche rapide mais soigneuse, malgré la faible pression d’eau. Il ne devait pas y avoir beaucoup d’eau chaude en réserve non plus, aussi la laissa-t-elle à son comparse ; elle était habituée au froid des grands fonds, ce n’était pas cela qui la gênerait. Elle s’assura minutieusement d’enlever le sel encore présent dans ses cheveux et sur sa peau ; même si son partenaire n’avait pas décrit les trafiquants comme étant particulièrement observateurs, il ne faudrait que l’un d’eux, dans un éclair de génie, se demande pourquoi « Johnny Cash » laissait son esclave prendre des bains de mer, au risque qu’elle n’en profite pour s’échapper.

Après avoir achevé ses ablutions, la kanokunienne rejoignit son « maître », en adoptant à son tour le comportement attendu d’elle. Numéro Douze n’était pas un soldat, mais une civile traumatisée, humiliée et violentée. Elle baissait les yeux plutôt que de croiser le regard des gens, se repliait sur elle-même pour se faire plus petite, et parce qu’elle avait peur que Maître Cash ne la frappe pour une raison qui n’avait de sens que pour lui. Elle sursautait au moindre bruit soudain ou mouvement brusque, réprimait difficilement un mouvement de révulsion à la seule d’une arme et peinait à retenir ses larmes lorsque les gens haussaient la voix en sa présence. Elle détestait les habits que son bourreau l’obligeait à porter, positionnant ses bras de façon à préserver autant que possible sa modestie, sauf bien sûr lorsque Maître Cash lui ordonnait de ne pas le faire. C’était la seule chose qui pouvait lui faire prendre une posture plus normale, quoique toujours soumise, car elle avait chèrement appris qu’il obtenait toujours ce qu’il désirait, et qu’il ne servait à rien de résister, cela ne faisant que le pousser à punir… Non qu’il ait besoin d’un quelconque motif pour le faire, car elle était sa propriété, et il pouvait lui faire ce qu’il voulait.

« J’en ai terminé, Maître Cash. » annonça-t-elle, le regard rivé vers le sol, la voix hésitante et la lèvre tremblante. « V-voulez-vous que je vous assiste ? » poursuivit-elle avec un frisson d’anticipation négative, en se cramponnant au tissu de ses habits, craignant qu’il ne lui ordonne de les enlever.

Là d’où il était, Cid émit un son indescriptible en étant témoin de cette transformation. Numéro Douze ne lui accorda toutefois qu’une fraction de son attention, car Maître Cash n’aimait pas que qui que ce soit attire davantage l’attention que lui. Même lorsqu’ils étaient seuls, elle devait se montrer attentive, anticiper ses désirs si elle ne voulait pas être punie... ou remplacée. Car si elle était Numéro Douze, c'était parce qu'il y en avait eu onze avant elle, et cela voulait dire que s'il se lassait d'elle, ou provoquait sa colère, il y en aurait une treizième.
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En transformant sa chevelure de jade en un rouge flamboyant, le clown de jade était triste de voir que la mouette avait refusé son offre. Il boudait comme un enfant capricieux devant la glace, cette femme avait un tel potentiel de combat, un diamant prenant lentement forme, vraiment dommage... Peut-être que dans un futur proche cette requête viendra sur le bord de la table, qui sait ? Toutefois, en sortant de la salle de bain tout neuf comme un gant, Joey fut presque abasourdi par la performance incroyable de la mouette sur le trait de Numéro Douze.

Elle apparaissait clairement comme une dame démunie de la moindre volonté, apeurée par le moindre mouvement ou le changement de voix de son maître. Un outil parfait entre les mains d'immondes personnages avides de sensations infâmes envers des êtres innocents. En plus d'être une femme sachant se défendre, elle savait parfaitement jouer la comédie, cette femme poisson plaisait de plus en plus au joker.

Si un jour, on lui donnait la possibilité de l'avoir comme disciple, il serait le premier à sauter sur l’opportunité, se battant à corps perdu pour avoir la chance de former cette combattante de la lumière, personne d'autre ne devait la toucher ou corrompre ce diamant. Prenant en compte les paroles de sa marchandise, Cash attrapa la laisse attachée au cou de la femme poisson et tira avec force, dégainant un sourire sadique et satisfait :

Joey : «Tu es une bonne femme, Numéro Douze... Ce soir, tu vas me donner argent comptant tout le temps que j'ai passé à faire de toi un met de choix pour mes futurs clients...» Il attrapa le joli minois de la demoiselle et avec son pouce, il redressa sa tête pour plonger un regard sombre contre cette dernière. «Tu as intérêt à pas me décevoir ou je te tue... Et je te remplacerai par une autre femme plus utile que toi...» Le pauvre Cid avait presque du mal à reconnaître ces deux bourreaux, tellement que leur jeu d'acteur était sensationnelle.

Quelques heures plus tard, après moult répétitions entre le clown et la mouette, Cid mena le groupe devant le fameux hangar où se cachait Magnifico. Tremblant toujours tel un couard de première zone, le chauve engagea la discussion avec la garde à l'entrée, faisant comprendre à ces cabots que le type derrière lui était loin d'être un tendre. Ne voulant guère finir en pâture pour chien, les malfrats laissèrent le duo passer sans souci, rentrant enfin dans l'entre du loup.

Après avoir franchi la porte d'entrée, le trio sera guidé par une femme poisson parfaitement vêtue, elle portait une robe sombre cachant l'intégralité de sa peau, avec en côté menaçant deux jolis poignards accrochés à ses hanches. Son beau visage semblait aussi pâle que le reflet scintillant de la lune, des yeux rubis arborant un sombre caractère mêlé parfaitement à sa dentition carnivore. Une femme requin sans l'ombre d'un doute.

Sur le chemin menant au bureau de son maître, elle toisa d'un regard malsain le pauvre chauve sur le point de se faire dessus, quant à la demoiselle, un sourire moqueur lui était adressée, cette garce se réjouissait de voir une semblable de son peuple finir plus bas que terre. Et en ce qui concerne le rouquin, elle ne savait pas comment le traiter, mais elle ouvrit la porte en faisant signe au vendeur d'entrée avec la marchandise en fermant la porte, juste avant de rejoindre son précieux patron en train de lire un livre, assis sur son bureau fait d'un bois magnifique. Adressant à peine un regard envers les individus osant perturber son moment de lecture, Magnifico invita le fameux Cash à se présenter, tout en arborant un calme et une sérénité absolue :

Magnifico : «Excusez-moi de paraître vulgaire, mais qui êtes-vous ? Du moins, qui est le petit bâtard qui ose venir me déranger ?» Proclama le trentenaire à la chevelure bonde avec un sourire narquois.

Joey : «Le petit tabard te salue avec sympathie, car le putain de guignol à côté de moi m'a enflée de beaucoup de Berry !!!» Il donna un violent uppercut dans l'estomac de Cid, le faisant vomir sur le beau tapis en soie. La femme poisson se lécha les babines en voyant la scène de violence. «Moi, Johnny Cash veut vendre sa marchandise au plus offrant et cette petite merde qui a osé me doubler, se faisait de l'argent sur mon dos grâce à votre réseau. Alors, je suis venu en personne me présenter, avec ma belle Numéro Douze à vendre pour vos acheteurs.» Il tira sur la laisse pour la faire venir à lui. «Regardez moi ce bijou que je vous tends gentiment ? Faisons affaire ensemble et devenons riche ?» Le malfrat aimait bien la passion animant le rouquin sur les affaires, mais il allait d'abord analyser la qualité de l'objet de façon à donner un prix acceptable. Durant ce temps, Angélica semblait tournée autour du rouquin en prenant plaisir à sentir son odeur, comme le ferait un prédateur affamé, mais le regard colérique de Cash la faisait frémir d'un sentiment inconnu.


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Une fois lancé, Wilson se montra beaucoup plus concentré sur leurs préparatifs. Ils passèrent la journée à se familiariser avec leur rôle respectif, faisant le tour de presque toutes les interactions possibles devant leur public captif, à l’exception bien sûr des plus intimes – non que Numéro Douze ait droit à une quelconque intimité, bien sûr. Lorsque le ciel s’assombrit et qu’il fut temps de partir, Zhihao en était arrivée à un point où jouer la comédie ne lui demandait plus aucun effort conscient, lui permettant de faire siens les réflexes de Numéro Douze, de rester dans son personnage même face à un événement imprévu et de maintenir deux trains de pensée parallèles, le tout sans risquer de compromettre le subterfuge.

Après s’être apprêtés – ce qui incluait les ultimes vérifications de leur costume pour le duo, et une bonne douche ainsi que des habits propres pour Cid –, ils se mirent en chemin vers leur objectif, emboîtant le pas à leur prisonnier. Ils restèrent bien entendu aux aguets, parés à lui faire regretter une fois de plus ses choix de vie s’il essayait de les balancer, mais il n’en fut rien : comme l’avait prédit l’agent secret, le vil et veule individu ne les trahirait pas tant qu’il aurait plus peur d’eux que de Brandi. Et en arrivant devant le hangar, il ne fut pas difficile de comprendre pourquoi cela était le cas.

« Quelle bande d’amateurs. » se dit intérieurement l’anguille électrique, alors que du point de vue d’un observateur extérieur Numéro Douze se recroquevillait devant le regard noir que Maître Cash adressait aux gardes. À quoi bon poster des sentinelles si elles se couchaient de suite à la seule vue d’un type vaguement dangereux ? Autant ne pas en avoir.

Ayant franchi le premier obstacle avec une facilité déconcertante, ils ne tardèrent pas à faire la rencontre d’un problème potentiellement plus sérieux, à savoir la fameuse Angélica, qui portait bien mal son nom. La lieutenante du trafiquant en chef ne fit preuve d’aucune solidarité féminine ou de race en voyant une autre femme-poisson suivre un humain comme un chien battu. Au contraire, elle semblait y prendre plaisir. Non que la militaire puisse lui jeter la pierre sur ce dernier point, elle non plus n’éprouvait pas d’attachement particulier envers ses congénères. Feignant de vouloir se cacher derrière son maître – à la fois son bourreau et son rempart, car nul ne posait la main sur la propriété de Johnny Cash sans son aval –, elle fit le bilan de ses observations en prévision de l’inévitable affrontement futur. La tenue d’Angélica n’était pas la plus pratique mais avec sa force naturelle, elle n’aurait aucun mal à la déchirer pour se mouvoir plus librement ; quant à la façon dont elle tripotait ses couteaux, elle faisait penser à ces sadiques qui s’en servaient plus pour torturer les gens que comme d’une arme véritable. En avait-elle vraiment besoin pour se battre, ou ne s’en servait-elle que pour jouer avec sa nourriture ?

« Pourquoi ne suis-je pas étonnée que ce soit un requin ? » songea-t-elle tout en baissant la tête en réaction au sourire carnassier de leur accompagnatrice. Sans blague, même du temps où elle faisait la police dans les rues de sa ville natale, les hommes-requins étaient sur-représentés parmi les criminels de son espèce.

Ces fascinantes réflexions devraient cependant attendre, puisqu’ils furent enfin présentés au maître des lieux. Un homme qui s’entourait d’objets de luxe pour paraître important et raffiné, mais dont le comportement et les paroles ne tardèrent pas à démontrer l’absence totale de classe. Le rouquin lui rendit la réplique, et elle se retrouva aux premières loges pour voir Johnny Cash faire son numéro en alignant les clichés – il alla jusqu’à parler brièvement de lui à la troisième personne ! Mais les classiques l’étant généralement pour une bonne raison, la tirade parut faire mouche. Aveuglé par sa cupidité, Brandi ne prit ni le temps de se demander plus avant d’où sortait ce type qui se ramenait chez lui en l’insultant et en malmenant l’un de ses subordonnés, ni quelle était cette histoire selon laquelle Cid l’aurait arnaqué. Comme quoi, le culot ouvrait bien des portes. La kanokunienne ne se laissa néanmoins pas distraire, car ils ignoraient encore où se trouvait le deuxième homme de main de l'esclavagiste, et ils ne pourraient pas passer à la phase suivante avant de le savoir.

« Nous pouvons certainement faire affaire, si vous vous calmez un peu. » fit le trafiquant en essayant de se montrer grand seigneur. « Je ne sais pas ce que cet idiot de Cid a encore fait, mais nous allons pouvoir nous arranger. Montrez-voir la marchandise... »

Un sourire gras et lubrique aux lèvres, l’homme s’avança vers Zhihao – Numéro Douze – et commença à l’examiner, tournant d’abord autour d’elle avant de lui mettre soudainement la main aux fesses, ce à quoi elle se plia en restant immobile comme une statue, son maître lui ayant ordonné de se laisser faire. Enfin, immobile à l’exception d’une légère mais visible accélération de sa respiration, comme si elle se retenait de fondre en sanglots. Brandi poursuivit ses attouchements, qu'elle endura... pas tout à fait stoïquement, mais comme le ferait une femme brisée qui aurait abandonné l'idée-même de la résistance, et il en profita sans vergogne, allant jusqu’à lui mettre deux doigts dans la bouche comme s’il était en train d’examiner un cheval, à la fois pour constater l’état de ses dents et pour vérifier qu’elle ne mordait pas. Il sembla un instant soupeser l’idée de pousser la chose encore plus loin en la touchant sous ses vêtements, mais se ravisa au dernier moment. Tant mieux, la militaire pouvait contenir sa révulsion pour le bien de la mission, mais elle préférerait éviter de se faire peloter plus que nécessaire. Elle lui rendrait la monnaie de sa pièce plus tard, lorsqu’ils auraient appris où il cachait ses victimes.

« Elle est bien dressée. » reconnut-il en se tournant vers le rouquin. « Si j’avais essayé ça avec Angélica, j’aurais pu y perdre un doigt ! Bon, votre poulette y aurait perdu ses dents ensuite, et peut-être quelques autres bouts en plus, mais quand même, ça vaut la peine d’être souligné. Pour le reste… la poiscaille c’est pas trop mon truc personnellement, sauf si on parle de sirènes – sans vouloir t’offenser, Angie ! »

« Aucun problème. » répondit l’intéressée, qui observait l’humiliation de sa congénère avec un rictus cruel.

« Bref, la poiscaille n’est peut-être pas mon truc, mais il y a des clients pour tout, il suffit de chercher ; les déviants, ce n’est pas ça qui manque ! » continua le trafiquant. « Si on met de côté la question de la race, elle n’est pas trop mal, et elle est en bon état. Je vous en offre… disons un quart de million, ça vous va ? »

Zhihao était sûre qu’elle valait beaucoup plus que ça, mais ce n’était que la proposition initiale, qui serait probablement révisée à force de marchandages. Brandi aussi jouait un rôle, en se faisant passer pour plus difficile qu’il ne l’était vraiment afin d’obtenir un meilleur prix, même s’il était en réalité prêt à acheter presque n’importe quoi – ou n’importe qui, dans le cas présent. Il n'avait même pas fait l'effort de demander quel type de femme-poisson elle était, ce qui était pourtant une information plus que pertinente.
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La performance du clown de jade fit mouche, Johnny Cash avait réussi à imposer une certaine cohérence à son histoire et à sa colère, tout en laissant faire le maître des lieux diagnostiquer avec perfidie la valeur de sa marchandise. Le joker resta de marbre devant une scène aussi répugnante, tandis que son cœur, empli de bonté, hurlait d’une haine profonde envers le blondinet. Un être aussi mauvais devait être puni le plus rapidement de ses crimes.

En vérité, le farceur avait envie de lui briser les bras et lui casser les doigts un à un, surtout quand il contempla l’immonde criminel passer un peu trop loin la fouille corporelle. Lorsqu’il tenta de passer ses mains répugnantes sous le voile protecteur de tissu, Cash retira ses lunettes et toisa d’un regard sombre son revendeur. On pouvait facilement lire dans ses pupilles émeraude que cela devait cesser maintenant, chose que Magnifico fera en commençant à négocier le prix de la femme poisson à un prix vraiment au ras des pâquerettes, car Numéro Douze ne faisait pas partie des critères les plus vendeurs, une question de gout et de couleur selon le malfrat bien sapé.

Avec un prix aussi bas, n’importe quel marchand ou brigand aurait pris l’offre de la plus mauvaise des manières, et aurait tout simplement lâché l’affaire. Mais en ce qui concerne Cash, il explosa de rire en se tenant le haut de la boite crânienne, un fou rire qui dura vingt bonnes secondes, créant au sein même de la pièce une atmosphère réellement pesante. En plein milieu de son show, le clown tapa à deux reprises sa jambe sur la fin d’un rire décadent et revint brutalement sur un air sérieux.

Le farceur devait à tout prix obtenir la confiance stupide de ce vendeur de pacotille en jouant littéralement avec le feu. Alors, il tenta un pari fortement risqué, car grâce à une information soutirée au chauve, le gangster avait un souci avec les paris, surtout quand cela touchait au domaine du portefeuille. Soucieux de ce détail, le joker allait appuyer très fermement sur ce vilain penchant. Il prit donc la parole en prenant comme siège de confort le pauvre Cid agonisant sur le sol :

Joey : «Trêve de plaisanterie ! Numéro Douze vaut bien plus que ça, elle doit valoir vingt millions de berry à elle seule ! Moi qui pensais que vous aviez le sens des affaires…» Il se releva spontanément en exprimant une certaine fierté. «Je sais que vous allez me dire qu’il faut payer vos hommes, le matériel, la nourriture des femmes et leurs soins et aussi, graisser la main des autorités.» Il s’approcha de quelques centimètres du visage de la femme requin, histoire de montrer aussi un certain mécontentement sans avoir peur de la femme armée. «Mais cela n’est pas vraiment mon problème, Magnifico… N’oubliez pas que votre sbire m’a volé beaucoup d’argent, alors je tiens à avoir ma part du pactole ce soir lors de la vente, mais je vais être joueur et vous proposer un jeu amusant, vous voulez jouer avec moi ?» Mordant comme prévu à l’hameçon, le malfrat prit son siège et posa un regard fortement intrigué à l’encontre du rouquin. «Bien… Voici le jeu, Cid m’a dit que vous alliez vendre dix femmes ce soir à cinq acheteurs en particulier, quant à moi, je vais tenter de vendre ma petite beauté à ces hommes. Si Numéro Douze obtient le chiffre que je viens de vous donner, alors je serais le gagnant et je prendrais la somme sans rien vous donner en retour, cependant, si je vois que ma protégée n’obtient pas les chiffres escompter, je vous laisserai ma marchandise gratuitement, ainsi est le pari que je vous propose… Alors, prêt à tenter le diable ?»

L’homme d’affaires jubilait intérieurement en voyant la confiance aveugle du rouquin en son esclave, puis, il n’avait rien à perdre au final, car cela n’était pas son argent qui était en jeu, mais celui de ses contribuables, alors pourquoi pas serrer la main de l’inconnu… Il serait fort regrettable de louper une telle affaire, l’argent amène encore à l’argent et cet appât du gain scellera sa propre perte.

Magnifico : «Je vous aime bien, Cash… Des hommes de votre trempe se font rares de nos jours, et après cette vente, je pense qu’on devrait collaborer ? Cid ne me sera plus d’aucune utilité de toute manière, alors autant mieux le remplacer par une personne plus fiable comme vous, vous en pensez quoi ?» Annonça froidement l’homme en costard en dévisageant le chauve.

Joey «Pourquoi pas, j’ai encore deux pépites sous la main à vous proposer, mais je vous en ferai par après la vente, un homme digne de ce nom ne donne pas immédiatement tous ses atouts et je prendrai une commission de cinquante pourcents sur chacune des femmes vendues à vos côtés.»

Magnifico : «Hum… Exorbitant ! si chaque esclave que vous me ramenez me rend riche, je pense que je peux valider votre offre.» Il se mit à remplir deux verres d’alcool avec un délicieux pinard servi par la femme poisson. «À notre pari ! et surtout, à l’argent, hahahaha !»

Tandis que le joker prit le verre tendu vers lui, un nouveau personnage débarqua à l’improviste à l’intérieur de la pièce. Un mastodonte de première catégorie avec une trogne d’homme des cavernes, semblant avoir subi une méchante griffure au niveau du visage. Passablement en colère suite à cette humiliation infligée à sa personne, très probablement par une femme. Son bras massif se leva haut dans le ciel, telle une guillotine, prêt à s'abattre sur la tête de la pauvre numéro douze, Angélica aurait pu s’interposer, mais la rapidité véloce de Cash vint estomaquer l’ensemble des spectateurs, lorsqu’il plongea au centre de la mêlée en ciblant une zone sensible. En posture du grand écart, Cash envoya un uppercut atomique en plein dans les valseuses du titan, le couchant net de douleur.
 
Joey : «Magnifico, je peux savoir qui est ce gros con qui a voulu bousiller ma marchandise ?» Il piétina doucement la tête du colosse. «Règle numéro un, on ne touche pas à ma poulette. Règle numéro deux, on me cherche pas et dernière règle, personne ne nique mon pognon…» Une fois sa menace lancée, il revint à la table et recevra un étrange baisé sur la joue de la part de la femme requin et elle lui susurra sensuellement à l’oreille ces mots.

Angélica : «Vous me plaisez de plus en plus, Monsieur Cash… Cela vous dirait de...» Elle se fera couper net la parole par son boss. 

Magnifico : «Heureusement que j'ai dit pas de violence, Monsieur Cash... Mais bon, je préfère ça, que ma garde du corps repeigne la zone de sang... Préparons nous, nos acheteurs vont bientôt arriver... Cid et Marcus, Rendez vous utile et préparez les filles, l'argent n'attend pas ! Et toi, Angélica, fais ton boulot comme d'habitude.»

L'heure de la vente avait sonné !


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La kanokunienne aurait aimé pouvoir dire que Wilson – pardon, Cash – et Brandi parvinrent à un accord après d’âpres négociations, mais il n’en fut rien. Au contraire même, tout se passa sur des roulettes : le clown déguisé n’eut qu’à se bidonner tout seul pendant un temps inconfortablement long avant d’y aller une fois de plus au culot, annonçant un prix déraisonnablement élevé, que ce soit pour cette vente ou les transactions futures, balayant les objections potentielles et réitérant son mensonge selon lequel Cid l’aurait escroqué. Et cela marcha, étonnamment : l’affaire fut scellée, et le trafiquant proposa de trinquer pour célébrer la conclusion de leur marché.

« Je sais que cela nous facilite le boulot et que le criminel lambda se distingue rarement par son intelligence mais tant d’incompétence, cela fait vraiment peine à voir. » se dit Zhihao. Heureusement pour eux qu’ils ne faisaient pas partie de la 28ème, le Commodore les aurait dégradés ou mis à la porte en deux temps trois mouvements s’il avait été témoin d’un tel manque de professionnalisme. Plus les choses avançaient, plus il devenait clair que la seule et unique raison pour laquelle un agent du Cipher Pol avait été dépêché pour démanteler ce réseau était sa localisation géographique ; jamais Brandi n’aurait justifié de déployer de tels moyens s’il n’avait pas établi son entreprise dans une zone de non-droit où les forces de l’ordre ne pouvaient intervenir ouvertement.

« Les gardes à l’entrée se sont couchés comme des mauviettes et ne nous ont même pas fouillés. Brandi n’a rien fait pour corroborer cette histoire d’arnaque, alors que Cid se serait certainement vanté d’avoir réussi à détrousser quelqu’un d’une telle somme, à moins qu’ils ne communiquent pas entre eux, ni n’a demandé pourquoi ce serait à lui de régler les dettes de son larbin à sa place. Il n’a pas non plus menacé Wilson pour qu’il arrête de s’en prendre à son subordonné ; n’a-t-il pas peur que ses autres laquais perdent tout respect pour lui et l’abandonnent s’ils pensent qu’il ne fera rien pour les défendre, ou avons-nous mal identifié le rôle de Cid et est-il en réalité le souffre-douleur de la bande ? La façon dont il vient de dire qu’il compte se débarrasser de Cid devant lui garantirait une trahison en tout cas, s’il n’était pas déjà en train de nous aider à lui planter un couteau dans le dos. » récapitula-t-elle mentalement.

Un tableau désolant, et une conclusion sans appel : ils avaient affaire à une belle bande de baltringues. La militaire se serait au moins attendue à ce que Brandi soulève le problème du prix franchement exagéré réclamé par son partenaire, mais non : il n’écoutait apparemment que son avidité, tandis qu’Angélica n’avait d’intérêt que pour la souffrance d’autrui. Zhihao savait de source sûre qu’un homme-poisson se négociait à partir d’un million de berries, un prix plancher qui avait certes vocation à augmenter lors d’une vente aux enchères où de nombreux clients se disputaient la marchandise, mais atteignait rarement les sommets dont parlait le rouquin. Alors oui, la vente se déroulait à West Blue, où les hommes-poissons étaient plus rares comparé à Shabondy, situé à proximité de leur patrie, mais la hausse de prix serait compensée par le fait qu’il s’agissait d’une toute petite vente aux enchères, dans un cadre et avec des participants beaucoup moins prestigieux, et avec plus de femmes à écouler que de clients. Il faudrait vraiment un spécimen exceptionnel pour mériter le chiffre de vingt millions.

Évidemment, il y avait une autre possibilité expliquant pourquoi Brandi acceptait de se plier à des exigences aussi excessives, et c’était qu’il pensait avoir lui-même affaire à un idiot trop confiant, essayant d’endormir la méfiance de Johnny Cash avant de le doubler. Une éventualité à laquelle il faudrait se préparer, mais qui n’améliorait guère son opinion de l’intellect du criminel, tant la manipulation était transparente si c’était bien là son intention. Ce qui se passa ensuite la fit toutefois de sa capacité à faire preuve même de ce niveau minimal de subtilité : Marcus, l’homme de main manquant, fit son entrée en scène et, montrant que Brandi ne contrôlait pas ses propres sbires, voulut s’en prendre à Zhihao. Il n’en fut empêché que grâce à l’intervention de l’agent secret, sans qu’encore une fois Brandi exprime une quelconque ire devant l’indiscipline de son gorille ou la façon dont son nouvel associé le corrigeait à sa place. Pire, Angélica eut l’air de trouver tout cela excitant et se mit à draguer l’homme du Cipher Pol…

Zhihao accueillit avec soulagement l’annonce de l’imminence de la vente, alors même qu’elle continuait à jouer son rôle de victime servile. Plus facile à dire qu’à faire, car ce fut Cid qui se chargea de la conduire dans une pièce voisine, et elle eut fort à faire pour faire croire qu’elle avait plus peur de lui que lui d’elle. Ils pouvaient toujours excuser son comportement en disant que c’était de son propriétaire qu’il avait la trouille, mais il ne fallait pas abuser non plus.

L’anguille électrique se retrouva ainsi peu de temps après dans une cage sur une estrade en bois, aux côtés de dix autres femmes émaciées et aux traits tirés, certaines affichant les stigmates de leur captivité. Des chaînes entravaient ses poignets, reliées à une paire d’anneaux métalliques eux-mêmes fixés à l'estrade. Une mesure de sécurité peut-être suffisante pour de simples civiles humaines, mais Zhihao était une femme-poisson. Elle n’était pas encore assez forte pour briser l’acier, mais elle ne devrait pas en avoir besoin : elle n’aurait qu’à arracher les anneaux du plancher, beaucoup moins résistant. Dans le pire des cas, Wilson aurait tôt fait de dérober la clé et de la lui donner.

Plutôt que d’engager la conversation avec les autres prisonnières alors que le reste des hommes de Brandi s’affairait autour d’elles pour finir de préparer l’accueil des clients, la kanokunienne fit semblant de s’asseoir, prostrée dans un coin de la cage. Elle resta cependant attentive à leurs paroles, et apprit au bout de quelques minutes qu’il n’y en avait pas d’autres à leur connaissance, le trafiquant préférant visiblement écouler tout son stock d’un coup. Il s’agissait d’une opération de faible envergure, après tout.

Il fallut tout de même attendre plus d’une demi-heure avant que la voix du blond ne retentisse à nouveau, que ses hommes ne leur ordonnent de se mettre en rang en tâchant de faire bonne figure, et que le rideau derrière lequel elles étaient cachées ne soit tiré, les révélant aux regards de ses contacts. Comme Wilson l’avait dit, ils n’étaient que cinq, alignés sur une seule rangée de chaise, chacun d’eux disposant à ses côtés d’une petite table où les attendaient un verre d’alcool et un plateau garni de quelques mignardises. Pas de grands aristocrates bardés de joyaux ou de riches hommes d’affaires en costume hors de prix, la tenue de ces cinq-là n’avait rien de très ostentatoire. Il n’était cependant pas exclu qu’ils aient voulu arriver ici sans se faire remarquer – et possiblement importuner – par le ramassis de hors-la-loi infestant l’île, ou qu’ils ne soient que de simples représentants d’hommes trop importants pour s’abaisser à faire eux-mêmes le déplacement.

« Bienvenue et bien le bonsoir à vous, messieurs ! » entonna Brandi avec force gesticulations grandioses. « Certains d’entre vous me connaissent déjà, d’autres non, mais dans tous les cas je serai votre hôte pour cette vente : Magnifico Brandi, pour vous servir ! »

L’effet aurait sans doute été meilleur dans une grande salle des enchères avec des centaines de clients. Là, Zhihao trouvait qu’il avait l’air plus pathétique qu’autre chose ; ses invités le prirent en pitié et le gratifièrent de quelques applaudissements polis, mais leur bruit anémique ne fit que souligner leur faible nombre.

« Merci, merci. » continua-t-il pourtant sans se décourager. « Permettez-moi de commencer en disant que j’ai une bonne nouvelle pour vous, amateurs éclairés d’exotisme que vous êtes. Cette soirée est un peu particulière, voyez-vous, parce qu’en plus des dix femmes promises, j’ai un trésor de dernière minute à vous présenter. Une femme-poisson ! Vous avez beaucoup de chance, nous n’en proposons pas souvent, et celle-ci est d’une qualité rare : pas l’un de ces laiderons qui représentent la majorité de leur race, mais un spécimen presque aussi charmant que ma très chère Angie ! »

Drôle de compliment, mais celle à laquelle il l’adressait n’en avait cure, trop occupée à dévisager les prisonnières avec un sourire moqueur pour les mettre mal à l’aise. Zhihao trouvait étrange de voir le maître de cérémonie la faire mousser ainsi, vu les termes du pari avec le clown, mais il était possible que Brandi se soit laissé emporter, ou tente de faire preuve d’une sorte d’esprit sportif tordu. Ou plus probablement, il espérait éveiller l’intérêt des acquéreurs afin de se faire plus d’argent sur le reste de la vente, ce qui avait peu de chances d’arriver si au contraire ils choisissaient de le garder pour l’achat de la perle rare.

« Mais je laisserai mon nouvel associé et excellent ami Johnny Cash vous vanter lui-même ses mérites, car c’est à lui que nous devons cette surprise. Applaudissez-le ! J’espère que cela vous a mis en appétit, car il est l’heure de commencer. Sans plus attendre, voici notre lot numéro 1 ! »
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Le clown de jade cacha sa joie en voyant que son plan marchait à la perfection. Il avait réussi avec une certaine maîtrise à endormir la méfiance du gangster à son égard, mais il suffisait d’une seule erreur pour que tout l’échiquier se casse la gueule, alors, il devait encore rester sous la peau du perfide Cash, histoire d’accomplir sa mission à bien. Quelques minutes plus tard, une fois que le comité de grands pervers prit place dans la pièce principale d’exposition et que toutes les femmes mirent les pieds sur la scène, Magnifico joua le jeu du grand maestro, faisant vibrer le cœur du public en invitant son nouveau camarade à présenter sa petite protégée. Angélica et Marcus étaient à proximité de leur patron, tandis que Cid se tenait à côté de la cage, cachant dans sa manche une fameuse clé.

Revenant dans la peau de son personnage fictif, le clown tira sur la laisse avec un visage amusé et marcha sur le devant de la scène en faisant quelques courbettes de politesses. Il devait à nouveau jouer le grand jeu de manière à faire exploser le compteur à Berry et de ce fait, armé d’un bâton lambda, il utilisa le bout de bois en exposant chaque détail et aspect important de la femme poisson pour éveiller l’intérêt des acheteurs. Exposant en entrée du jour, le visage ravissant de la jeune mouette en parlant avec une voix sérieuse et ferme :

Joey : «Chères invites ! Voici Numéro Douze… Une sublime dame des mers que j’ai spécialement amenée à vous… N’est-elle pas sublime ? Regardez bien ses magnifiques yeux bleus… Ses lèvres enivrantes, qui ne voudrait pas embrasser une si belle fleur ?» Deux énergumènes du public usèrent de leur micro jumelle en vérifiant les propos séducteurs du rouquin. «Je vois que deux braves ici présents ont l’œil, alors continuons la vente… » Avec son bâton, il marqua le buste, du moins la poitrine peu proéminente de la dame. «Certains vont me dire que la taille est importante, certes, cela dépend du cas de figure, mais pas en ce qui concerne la marchandise ici présente. Elles sont peut-être de taille moyenne, sauf que je peux vous garantir qu’un simple touché de cette poitrine finira par vous rendre accro, alors veuillez en saisir l’opportunité !» Un des lascars leva la main et donna un prix de départ.

Acheteur 1 : «Je vous l’achète pour 500 000 Berry !» Proclama l’énorme grassouillet en se ventilant le visage avec un éventail. Seulement, son opposant, un maigrichon de petite taille vint détruire son offre en scandant ses propos.

Acheteur 2 :  «Pour moi ! c’est 2 000 000 de Berry !» Les deux hommes partirent l’un contre l’autre en guerre, arrivant rapidement et avec une énorme surprise à la somme de plus de sept millions de berrys… Les autres acheteurs ne comprenaient un tel engouement au sujet de la poiscaille, toutefois, Cash continua sa mise en scène en appelant tout le monde au calme. De son côté, Magnifico était vraiment impressionné de voir que son partenaire en avait autant dans le ventre.

Joey : «Je vous remercie pour vos propositions, cependant, je n’ai pas fini de vous exposer la globalité de mon bien… » Il descendit le bâton sur le postérieur de la mouette et lui demanda de tourner le dos à la foule. «Regardez ce fessier de rêve, il est tonique et ferme, rien de mieux pour se détendre en posant sa tête dessus lors d’une journée éprouvante.» Il donna un petit coup de bâton en démontrant avec véracité ses paroles. D’un coup, le duel entre les deux êtres répugnants reprit de plus belle, faisant grimper le montant total à dix millions. «Je n’ai pas terminé ! Elle est toujours vierge… » Et par cette carte maîtresse, le maigrichon proposa le prix tant attendu en hurlant comme un damné la fameuse somme de !
 
Acheteur 2 : «20 000 000 De berry pour Numéro Douze !!!» Il venait d’écraser son opposant par cette offre explosive, faisant rire le vilain rouquin par cette folie engendrée autour d’une femme.

Joey : «Hahahahaha ! Bravo ! Nous avons un heureux gagnant ici présent ! Numéro douze vous sera donné une fois la somme échangé avec mon associé dans le bureau… »

Magnifico était ébloui par cette prestance et cette réussite, il avait perdu son pari sans l’ombre d’un doute, à cause de sa propre bêtise à avoir sous-estimé le rouquin impétueux. En ce qui concerne la suite des événements, tout se fera avec moins d’enthousiasme sur les pauvres dames exposé à une bande de primates immondes… 


Opération Clownfish Joker_10
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