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Condoléances et chasse à l'homme

HRP : suite de ce rp : Une perte tragique pour le clown de jade


« Allez, on s’active ! Schnell, schnell ! »

Houspillés par leurs officiers, les hommes de la 28ème endossèrent leur équipement et se répartirent en groupes sur le pont du Himmelhorn, alors que le cuirassé voguait toutes voiles dehors vers Logue Town. À quelques encablures, le reste de la flotte était au milieu de ses propres préparatifs. Nul doute que des échanges escargophoniques fiévreux avaient lieu entre les bâtiments car, au bout de quelques minutes et obéissant à un signal invisible, ceux-ci quittèrent la formation dans laquelle ils voyageaient jusqu’à présent, adoptant de nouvelles trajectoires qui leur permettraient de se joindre aux autres navires de guerre encerclant l’île.

Pourquoi tant d’agitation, et pourquoi la 28ème, qui n’était que de passage à East Blue, se pressait-elle vers une ville pourtant déjà fort bien pourvue en Marines ? Cela, les soldats et sous-officiers l’ignoraient encore. Ils savaient seulement qu’un message urgent avait été envoyé à la flotte la plus proche, réclamant des renforts, mais au-delà de cela les gradés avaient conservé leur mutisme. Ils ne devraient toutefois plus tarder à recevoir une explication, maintenant que leur destination était en vue.

« Gaaaaaaaaarde à vous ! »

Les militaires s’exécutèrent instantanément, mus par un réflexe bien ancré, et furent rapidement passés en revue par le Commandant Gunther. Son regard s’attarda un instant sur Zhihao, un bref mouvement au coin de ses lèvres trahissant sa lutte pour ne pas prendre un air pincé, puis il prit la parole.

« Repos. » intima-t-il, laissant le temps à ses subordonnés de prendre une posture moins guindée avant de poursuivre. « Je suis sûr que vous vous demandez tous ce que nous faisons ici ; soyez contents, votre curiosité est sur le point d’être satisfaite. Nos collègues de Logue Town nous ont ordonné de garder le silence jusqu’ici pour éviter que la nouvelle ne s’ébruite trop tôt, mais ils ont fait appel à nous pour que nous prêtions notre concours à une grande chasse à l’homme. En effet, un massacre a récemment été commis en plein jour, en plein milieu de la ville : une quinzaine de civils y ont perdu la vie… ainsi que trois agents du Cipher Pol. L’identité du coupable reste inconnue, cependant les éléments à notre disposition laissent penser qu’une seule personne est responsable de cette tuerie. J’imagine que vous saisissez tous la gravité de cette situation ? »

Les soldats de la 28ème étaient trop disciplinés pour que des éclats de voix se mettent à retentir, mais il s’en fallut de peu. En dépit de son association avec le soi-disant « Seigneur des Pirates », ou peut-être précisément à cause de cette association, Logue Town était connue comme l’un des symboles de la puissance du Gouvernement Mondial. Il s’agissait sans doute de la ville la plus sûre de tout East Blue, et ce malgré le nombre de pirates qui y venaient en pèlerinage avant de se diriger vers Reverse Mountain : la garnison locale veillait au grain, appuyée par une présence permanente de la Marine d’Élite. Dire que quelqu’un était parvenu à y commettre un crime d’une telle ampleur, allant jusqu’à occire un trio de redoutables combattants au service du Gouvernement, le tout au nez et à la barbe des autorités… pas étonnant qu’ils aient déployé des moyens aussi importants pour l’appréhender.

« N’y allons pas par quatre chemins, les autorités locales veulent la tête du coupable au bout d’une pique, le plus vite possible. C’est pourquoi la 14ème, la 87ème et le 102ème régiment d’élite ont d’ores et déjà été mobilisés. Vous serez répartis en groupes qui, en fonction de vos compétences respectives, se joindront aux recherches ou maintiendront un cordon de sécurité autour de la ville. Aucun navire ne rentrera ou ne sortira du port sans être passé au peigne fin, les rues de la ville seront quadrillées, et l’intérieur des terres sera ratissé. Nous traquerons ce meurtrier jusque dans les chiottes s’il le faut, c’est bien compris ?! »

Un « Oui, mon Commandant ! » tonitruant fut leur réaction à ce soudain accès de grossièreté accompagné d’un haussement de la voix de leur supérieur. Quelques instants plus tard, comme s’il avait fait exprès d’attendre la fin du discours, le Commodore, flanqué du reste des pontes du Himmelhorn, fit son apparition sur le pont et posa une main sur l’épaule de son subalterne.

« Vous avez vos ordres. Préparez-vous au débarquement, gardez l’œil ouvert, et ne jouez pas les héros : si notre assassin a pu venir à bout de trois utilisateurs du Rokushiki, il est hors de portée de simples soldats. Si vous tombez dessus, signalez sa position, ralentissez-le et collez-lui aux basques jusqu’à ce qu’un officier arrive et que Justice soit faite. »

Un salut collectif fut la réponse à ces paroles, mais l’effet fut quelque peu gâché lorsque le colosse moustachu raffermit sa prise sur le Commandant, et d’un leste mouvement du bras, le jeta en l’air pour le faire atterrir sur son propre dos, auquel l’homme se raccrocha par réflexe en émettant un cri de protestation. Puis, le Commodore fit signe de la main aux autres officiers.

« Allez, montez aussi, je m’occupe du transport. »

« C-Commodore ! Ce n’est pas convenable, le protocole – ! »

« Au diable le protocole. Le Colonel veut nous voir tout de suite, il a dit – et je cite, même si je vous épargne son ton impérieux – qu’il n’y avait « pas une seconde à perdre », alors je prends le chemin le plus court au lieu de perdre du temps à attendre de débarquer et de rejoindre la base normalement. »

« Ce n'est pas lui qui commande, il n’a pas à vous parler ainsi ! »

« Je sais. » termina von Falingen, avec l’un de ces sourires de mauvais augure dont il avait le secret. Ah, il comptait délibérément se donner en spectacle pour mettre l’autre galonné dans le pétrin. Il ne se serait pas comporté ainsi si l’instruction émanait d’un membre de l’Amirauté mais, subordonné au chef de la garnison de Logue Town ou non, ce fameux Colonel était censé être plus bas dans la hiérarchie et ne pouvait donc que lui transmettre les ordres de ses supérieurs, pas en donner lui-même. Surtout s’il l’avait fait en manquant de respect au Commodore.

Comprenant que leur seule option était de se résigner à leur sort, les officiers se cramponnèrent à leur grand patron, les plus chanceux profitant de sa large et haute stature pour s’installer dans son dos, tandis que les autres furent forcés de prendre place entre ses bras, pressés contre ses muscles saillants. Plus d’un soldat dut se faire violence pour ne pas rire en voyant leurs mines déconfites.

« Allez, c’est parti ! » déclara finalement leur supérieur en s’accroupissant, puis en s’élevant plus haut que les mâts du navire d’un saut surhumain. Un Geppou pour changer de direction, et il se propulsa vers la ville, prenant de l’avance sur sa propre flotte.

« On pense avoir tout vu, et puis le Commodore nous sort un truc comme ça... » marmonna un péon anonyme. La femme-poisson était d’accord, mais elle n’en montra rien en recevant du lieutenant laissé derrière ses consignes pour ce déploiement.


Dernière édition par Meng Zhihao le Mer 23 Oct 2024 - 10:25, édité 5 fois
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Une matinée des plus chaotique au plus grand regret du clown de jade. Suite à la perte tragique de ses compagnons sur une des places de sa ville natale et ayant perdu l'un d'eux dans ses bras, le joker était animé par une rage et un chagrin surpuissant. Le temps que les corps des civiles et de ses amis soient amenés par des membres de la marine, il avait pris soin de mettre les cadavres dans une position plus respectueuse, cachant leur visage à des passants un peu trop curieux avec l'aide de nappes déchirées par ses soins.

Gardant en respect les civiles en faisant un simple signe de continuer leur chemin, intérieurement, Joey voulait sur le champ partir à la poursuite du criminel, mais étant donné la rapidité de ce dernier, il valait mieux garder un œil sur les défunts et donner un ordre de sécurité prioritaire aux hommes de la justice allant à sa rencontre. Montrant son badge du gouvernement, le farceur accompagna la garde, ainsi que les dépouilles au fort où les effectifs de soldats partaient immédiatement patrouiller au sein de la ville.

Peu enclin à retourner sur la zone où le massacre a eu lieu, Joey préférait donner sa version des faits au supérieur contrôlant le secteur, avant de rester près des corps inanimés de ses camarades tombés au combat. Son regard émeraude pourtant animé par la joie et la bonne humeur devenait de plus en plus terne, troublé par les ténèbres obscurcissant son jugement et son cœur. Il voulait une seule chose, faire la peau à ce misérable monstre et le faire souffrir de façon à l'envoyer dans les limbes avec la digne punition d'un clown en rogne. Ses parents gardaient sa coéquipière loin du danger et il espérait intimement que la pétocharde était sereine en compagnie de sa mère et de son père.

Tournant le dos à ses compagnons, le clown s'empressa de s'adosser contre un mur et de garder un regard protecteur sur le trio fraternel. Une larme de chagrin s'échappa de sa paupière gauche, comprimant sa mâchoire à son paroxysme, tout en se remémorant les dernières paroles de Bradley avant son trépas... Comment pouvait il être l'agent le plus cool de ce monde, alors que ses amis, ses frères d'armes ne seraient plus jamais là pour le voir à l’œuvre ? Il devait absolument laver leur honneur en partant à la poursuite de la créature, mais la chasse à l'homme devait attendre l'arrivée des hauts gradés à son plus grands désarrois. Parfois, tous ces codes militaires à respecter pouvaient être vraiment pénibles pour le joker à supporter. Il pestait dans son coin comme un satané vieillard.

Joey : «Je ne vais pas rester ici une minute de plus...» Tandis qu'il pensait partir, le médecin demanda à une troupe de soldats à embarquer les corps du trio à la morgue et par la même occasion, ordonna poliment au clown de s'asseoir à l'intérieur d'une salle où les hauts membres de la marine pourraient rappliquer et redemander la forme du tueur au seul rescapé. Une chose fortement inutile, vu que le clown avait seulement obtenu l'apparence étrange de l'agresseur par les paroles de son défunt ami. Il était donc désormais assis, les yeux fermés, les bras croisés avec la tête légèrement inclinée vers le bas, attendant la visite de la personne en question.
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« Perte de temps... » grommela Gustav von Falingen alors que ses pas l’amenaient vers la salle où les attendait l’unique témoin du massacre. Ou ce qui s’en rapprochait le plus en tout cas, l’homme n’ayant pas directement vu le coupable et n’ayant pu que répéter ce que l’une des victimes avait révélé avant d’expirer.

Cela faisait maintenant plusieurs heures que la tragédie avait eu lieu, incluant le temps qu’il avait fallu à la grande machine qu’était la Marine pour se mettre en branle. Alors pourquoi ne l'envoyait-on voir leur pseudo-témoin que maintenant, surtout dans la mesure où il avait déjà dit tout ce qu’il savait ? Pourquoi avait-il besoin de se déplacer en personne alors qu’un simple soldat s’en chargerait tout aussi bien, laissant les hauts gradés libres de se rendre véritablement utiles ? Il connaissait la réponse : tout ça, c’était une question d'image, pour que la Marine puisse dire ensuite aux journaux que ses huiles prenaient elles-mêmes les choses en main, rien de plus.

« Allons-y, qu’on en finisse... » marmonna le moustachu lorsque la dernière porte s’ouvrit enfin. Un sourcil s’éleva alors qu’il avisait enfin leur interlocuteur. L’agent Wilson, le même qu’il avait croisé il y a plus d’un an – difficile d’oublier ce maquillage –, quelle surprise. Comme quoi, le monde était vraiment petit, parfois.

« L’heure tourne, alors dépêchons-nous. » fit von Falingen une fois les salutations d’usage échangées. Une entorse de plus au protocole, mais il avait mieux à faire que de se répandre en salamalecs. « Avez-vous quoi que ce soit de neuf pour nous ? Un oubli dont vous vous êtes rappelé, une erreur à corriger ? »

C’était toujours une possibilité, aussi était-il pertinent de vérifier ces choses-là, mais cela aurait dû être fait il y a longtemps, et pas par lui.

***

« Rien ici non plus. » annonça la femme-poisson, après s’être abondamment servie de son électroperception pour perquisitionner la maison, à la recherche du moindre passage ou compartiment secret. Jusqu’ici, elle n’avait trouvé que de petites cachettes où les gens planquaient leurs économies, ou quelques articles de contrebande mineure… et dans une occasion mémorable, l’amant d’une femme qui s’était caché en catastrophe dans l’armoire de la chambre à coucher lorsque la Marine avait complètement verrouillé la cité, ordonnant aux habitants de rentrer chez eux et d’y rester. Ils avaient dû empêcher le mari de la femme en question de tuer celui qui l’avait fait cocu, mais ce n’était pas pour ce genre de meurtres-là qu’ils étaient à Logue Town.

« D’accord, on passe à la suivante. » confirma Hauptmann en notant l’observation dans son calepin. C’était le vingt-troisième bâtiment qu’ils inspectaient de la sorte, et des scènes similaires se déroulaient aux quatre coins de la ville. Leurs instructions étaient claires : Logue Town devait être fouillée de fond en comble. Dans leur cas, les capacités de l’anguille électrique accéléraient considérablement le processus, mais ils ne se faisaient guère d’illusions sur l’importance de leur contribution.

« Pfffft, à quoi ça sert tout ça... » se plaignit Vladescu, disant tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Et il y avait de quoi : ils ignoraient tout de l’identité de la personne ou de la créature qu’ils recherchaient, si ce n’est qu’elle ressemblait à une chauve-souris. Une caractéristique peu commune a priori, sauf que cette description n’était basée que sur un témoignage indirect, et à supposer qu’elle soit à prendre au sens littéral au lieu de faire simplement référence à une personne au faciès rappelant l’animal en question, ne présageait rien de bon sur leurs chances de l’attraper. Après tout, s’il ne s’agissait que d’un déguisement, le coupable n’aurait qu’à l’enlever pour disparaître. Si par contre c’était un Mink avec des caractéristiques de chiroptère – cela existait-il seulement ? – ou simplement un animal, il serait certes reconnaissable mais pourrait aisément échapper à leur blocus en s’envolant. Et la dernière possibilité, celle qu’ils aient affaire à un Zoan, était la pire puisque dans ce cas leur cible pourrait tout aussi bien revenir à sa forme première pour se fondre dans la population ou s’enfuir à tire-d’aile.

Il y avait soi-disant un second signe distinctif, puisque la dernière victime de leur mystérieux assassin aurait réussi à éborgner son bourreau. Un autre élément qui aurait dû leur faciliter la tâche, sauf que là encore les choses étaient plus compliquées qu’elles ne devraient l’être, pour une raison particulièrement stupide : la ville étant la patrie du Seigneur des Pirates – puisse-t-il être réincarné en cancrelat pour les dix mille prochaines années –, d’innombrables enfants inconscients aux parents trop permissifs, adolescents rebelles à la manque et même certains adultes trouvaient drôle de s’affubler de caches-œil pour ressembler à un stéréotype de pirate. Idiots.

Tout cela pour dire que les soldats de la 28ème n’avaient pas l’impression de servir à grand-chose, harnachés pour la guerre qu’ils étaient avec leurs armures, masques à gaz et assortiments de grenades fumigènes, aveuglantes et assourdissantes en plus des armes habituelles, à faire du porte-à-porte. Mais ils étaient disciplinés, aussi s’acquittaient-ils fidèlement de leur besogne, quand bien même les plus grognons d’entre eux se faisaient l’écho du ras-le-bol collectif.

Un bruit caractéristique retentit dans la rue, et le caporal en charge des communications décrocha le combiné de son escargophone. Les sons qui s’en échappèrent furent accueillis comme une bénédiction : « Groupe C-4, A-7 vient prendre le relais. Une fois que ce sera fait, dirigez-vous au plus vite vers D-9 : un affrontement a éclaté avec un gang local, et ils ont besoin de renforts. Les coordonnées sont... »

Hauptmann ne tarda pas à déterminer un itinéraire sur sa carte, et ils se mirent en mouvement dès qu’ils furent remplacés par leurs collègues. Des appels comme celui-ci, ils n’étaient pas les premiers à en recevoir : Logue Town était peut-être protégée des attaques de pirates, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’il n’y avait pas de criminalité. Les organisations illégales locales avaient de longue date appris à faire tout leur possible pour ne pas attirer l’attention des autorités, et y réussissaient en général plutôt bien, mais cela devenait beaucoup plus difficile lorsque la Marine mettait toute la ville sens dessus dessous, exposant au grand jour la corruption d’ordinaire terrée dans les ténèbres. Des rixes similaires éclataient un peu partout dans les quartiers pauvres, et il y avait même eu des accrochages dans des voisinages plus aisés où des gardes un peu trop zélés avaient voulu empêcher les soldats de faire leur devoir.

Obligée de se déplacer à la vitesse de ses membres les plus lents pour ne pas les laisser derrière, ce qu’on les avait prévenus de ne pas faire, leur escouade fut dépassée par d’autres confrères plus agiles, dont le rôle était de parcourir les toits de la ville – une précaution on ne peut plus raisonnable face à un potentiel ennemi. Zhihao employait le mode actif de son sixième sens à intervalles réguliers dans le but de détecter une éventuelle embûche, ironiquement comme une chauve-souris se servant de son écholocation. Ils ne tardèrent cependant pas à entendre les cris et les coups de feu, et moins d’une minute plus tard ils arrivèrent en vue de la barricade érigée par les gangsters pour tenir les militaires à distance.

« Rendez-vous, vous êtes cernés ! » les somma un sous-officier, avant de devoir immédiatement se mettre à couvert quand les criminels répondirent par une nouvelle salve.


Dernière édition par Meng Zhihao le Mer 23 Oct 2024 - 12:18, édité 1 fois
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Le clown de jade attendait avec la plus grande patience à l'intérieur de la pièce. Il se remémorait chaque souvenir précieux partagé avec ses compagnons, la colère, les larmes, les rires et les secrets de chacun de ses amis défunts. Le farceur rigolait tout seul en revoyant parfaitement la scène dans le bar pour le gage sur qui allait gagner un rencard sur le domaine arpenter de l'amour. Cependant, le joker essayait aussi de revoir la scène de ce matin, mais quand il fermait les yeux, tout ce qu'il arrivait à percevoir était du sang, des cris, des cadavres et un hurlement bestial perçant, quasiment impossible à oublier...

Tandis que ses poings s’unifièrent avec rage sur la table à cause d'une perte de temps sèche, enfin une personnes fit irruption dans la pièce. A la plus grande surprise du clown, son honorable invité de dernière minute fut un digne moustachu haut gradé ayant détruit une année en arrière, après une mission rudement mené, une nuit de passion avec une magnifique collègue.

Ce grand gaillard très gentil et soucieux du bien-être des autres, avait hanté à lui tout seul les rêves loufoques d'un clown en manque d'amour durant un bon moment... Toutefois, après un échange cordial assez sommaire entre eux, le commodore fit plaisir au farceur en lui demandant de passer aux choses sérieuse et lui demanda de déballer une information croustillante, si jamais un détail était tombé cours de route, chose qui serait faite dans la seconde par l'agent du cipher pol :

Joey : «J'ai tout dit à vos hommes, cependant, je peux vous dire que le meurtrier est très rapide.» Une larme vint couler le long de sa joue. «Les deux premières victimes à être tombés devaient être mes amis, Chris et Gary, ils n'ont clairement pas eu le temps de réagir, comme les autres victimes...» Les deux interlocuteurs pouvaient entendre les articulations de la main droite du clown craqué sous la détonation d'une colère sombre. «Le dernier survivant de ce massacre était Bradley... Avec son couteau et sa force de frappe, il a réussi à blesser la créature, sans son sacrifice, plus de victimes auraient pu s'ajouter au bilan...» Il se leva de son siège à cause de la rixe à l'arme à feu se déroulant au loin. «Je crois avoir fini avec cette entrevue et je pense que vos hommes ont besoin de mon aide... Je reviens ici une fois la menace stoppée...» Ouvrant la fenêtre, le clown usa du geppou pour fondre telle une locomotive à pleine puissance en direction des coups de feu.

Une fois sur place, il tomba au sol avec la grâce d'un paon dans le dos des ennemies de la justice. Ni une, ni deux, le joker se rua sur eux comme le ferait une vipère en chasse, désarmant le premier brigand, il l’assomma avec un violent crochet du gauche, le deuxième se prendra un splendide bourbif offert gratuitement par la maison, le troisième plus pétochard que ses compères, un uppercut explosif dans l'estomac pour régler l'addition.

Il restait maintenant plus que trois hommes à mettre en arrêts, mais contre toute attente auprès des forces de l'ordre, le restant des voyous levèrent les mains au ciel en voyant leur compère mis en position latéral de sécurité par un clown étrange et effrayant selon leur propre perspective. La troupe de méchants garçons, bien connu par certains citoyens de la ville, trafiquaient dans le proxénétisme et leur chef était un gros mastoc un peu bête du nom de Rodrigue le Balafré, le style de brave homme battant ses poulettes si jamais elles avaient le malheur de pas rapporter suffisamment d'argent à la maison.

Il manquait clairement cette tête de con parmi la bande, alors le clown très enclin à en finir avec cette brute, demanda à ceux encore aptes à répondre à cette question sur un ton inquisiteur, son visage était loin d'être amical et il valait mieux pour ces abrutis à se montrer coopératif avec ce dernier...

Joey : «Je vais vous poser une seule question... Où est votre chef ?» L'homme le plus intelligent de la bande, montra une énorme caisse sur le côté du bâtiment en pointant du doigt l’objet en question. «Merci...» Le joker fit signe aux soldats de mettre en joue la caisse en bois avec des signes un peu stupides. «RODRIGUE ! SORT DE TA CACHETTE OU LES SOLDATS VONT TE PLOMBER LE CUL !!! TU AS CINQ SECONDES POUR SORTIR ! UN ! DEUX ! » Trop effrayé à finir en gruyère l’énorme brute sorti de sa planque en pleure avec les mains lever vers le haut.

Rodrigue : «Ne tirez pas ! Je me rends !» Un gros abruti en plus entre les mains de la justice et une menace en moins au sein de la ville natale du clown flamboyant.

Joey : «Bravo, soldats ! Vous avez fait du bon boulot ! Je tiens à vous remercier pour votre effort ! Continuer votre mission, je vais m'occuper d'amener les prisonniers.» Une fois les détenues correctement attaché par les soins d'un soldat aguerri dans la matière, le joker commença sa marche en direction du bâtiment avec le visage et un regard animé par une profonde colère, diminuant drastiquement une tentative stupide d'un des brigands à vouloir se faire la malle.


Dernière édition par Joey Wilson le Mer 23 Oct 2024 - 17:59, édité 1 fois
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Leur arrivée sema la panique dans les rangs des gangsters, maintenant forcés de diviser leur attention entre deux fronts – trois, si l’on comptait les collègues qui leur tiraient dessus depuis les toits. Grâce à leur entraînement, les soldats se mirent immédiatement à coopérer à la façon d’une mécanique bien huilée, alternant les diversions avant de monter un assaut synchronisé, précédé d’une volée de grenades non-létales. Abritée derrière un grand bouclier d’acier rectangulaire contre lequel ricochaient les quelques tirs arrivant encore dans sa direction, Zhihao fonça et fit voler en éclats la barricade, permettant à ses camarades de s’engouffrer à sa suite dans la brèche. Aveuglés, assourdis et hébétés, les criminels se mirent à tomber comme des mouches, même si la nécessité de les capturer en vie au cas où ils sauraient quelque chose empêchait les Marines de les neutraliser aussi rapidement qu’ils l’auraient voulu.

La femme-poisson resta tout du long au cœur de la mêlée, se servant de son bouclier comme arme contondante sans trop se préoccuper du nombre de fractures qu’elle provoquait, même si quelques malfrats plus chanceux eurent plutôt à une prise visant les points sensibles, assortie d’une décharge électrique. Hauptmann employait lui ses talents de lutteur pour écraser au sol ses adversaires ou les assommait avec la crosse de son pistolet, tandis que Vladescu les rossait du plat de ses lames, au lieu de les découper en morceaux comme elle l’aurait fait s’il s’était agi d’un affrontement sérieux.

Les hors-la-loi les plus intelligents profitèrent du sacrifice de leurs compères pour s’extirper du chaos, se regroupant plus en arrière pour reconstituer une dernière ligne de défense désespérée. Les Marines se remirent en formation, prêts à leur rentrer dans le lard… lorsque l’anguille électrique détecta la présence d’un nouvel arrivant, presque littéralement tombé du ciel. La kanokunienne cria un avertissement juste avant que le voltigeur ne touche terre, et les soldats reculèrent en changeant d’armes, parés à cribler de plomb ce qu’ils pensaient être leur fameux meurtrier attiré par les combats…

« Ne tirez pas ! » les avertit-elle à nouveau en se rendant compte de deux choses : premièrement, que l’importun était en train de s’en prendre à leurs ennemis, et deuxièmement qu’il s’agissait d’une tête connue. Une fraction de seconde plus tard, ses collègues le reconnurent à leur tour, sa dégaine caractéristique ayant fait forte impression quand bien même il n’était resté que peu de temps parmi eux. Les militaires échangèrent un regard interrogateur après que la dernière poche de résistance, derechef prise entre deux feux, se soit rendue. Qu’est-ce que l’agent Wilson faisait ici ?

La réponse à cette question attendrait, cependant : ce n’était pas le moment pour socialiser. Les membres de la 28ème ligotèrent ou menottèrent leurs prisonniers, incluant leur chef qui avait cru pouvoir se cacher dans une caisse, et les livrèrent au clown qui se portait volontaire pour aller jeter tout ce beau monde en prison. L’homme du Cipher Pol ne sembla pas les reconnaître, certainement à cause du masque à gaz, mais ils ne s’en formalisèrent pas : encore une fois, ils n’étaient pas là pour tailler le bout de gras. Vladescu prit tout de même la peine de faire une petite mise au point alors que l’homme aux cheveux verts, arrivé en coup de vent et reparti tout aussi précipitamment, s’éloignait avec ses captifs : « Pensez à prévenir la prochaine fois, nous avons failli vous tirer dessus ! »

Effectivement, ce n’était pas une bonne idée de surprendre des soldats en débarquant ainsi à l’improviste, surtout quand leur cible était censée se déplacer d’une manière similaire. Enfin, l’incident était clos, et la prochaine étape était de demander de nouvelles instructions. L’adrénaline commençant à retomber, ils purent prêter attention à un nouveau bruit de fond, semblable à un coup de tonnerre dans le lointain.

« On dirait des coups de canon. » remarqua Hauptmann, qui se retourna vers leur préposé à l’escargophone. Celui-ci eut une conversation fébrile avec le collègue de l’autre côté de la communication, puis les informa de l’origine du vacarme :

« Un navire a essayé de quitter le port malgré le blocus. Il n’a pas répondu aux appels et a ignoré les tirs de sommation ; il vient d’être coulé. »

Décidément... ils venaient à peine de mettre hors état de nuire une bande de criminels qu'une autre se manifestait déjà. Enfin, ce n'était pas leur problème, la rade était verrouillée par trois cuirassés plus toute une ribambelle de vaisseaux de guerre plus petits, les collègues avaient la situation bien en main et pouvaient éliminer tout seuls les idiots assez suicidaires pour vouloir forcer le passage. Il ne restait plus qu'à espérer qu'au lieu d'exciter davantage la vermine locale, ce dernier exemple de ce qui arrivait à ceux qui s'opposaient au Gouvernement Mondial lui ferait prendre conscience qu'elle n'avait aucune chance.
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Ayant désormais une bande de criminels à ramener en cellule, le clown de jade allait emboîter le pas sans perdre de temps, seulement, quelque chose de bien particulier lui revint en tête. Lors de son approche assez audacieuse contre les criminels, il avait cru entendre une voix lui étant familière. Revenant sur ses pas en mode jouet robotique avec coller à ses bottes, les bandits ne comprenant guère la situation, il inspecta donc les soldats masqués avec un air dubitatif.

Ses yeux émeraude scrutaient chaque partie du corps des mouettes avec précaution, avant d'arriver sur la fameuse personne recherchée. Relevant le masque de la soldate sans lui demander la permission, il vit avec une joie dissimuler la ravissante partenaire ayant travaillé avec lui sur une affaire assez compliquée l'année dernière. La beauté de la guerrière n'avait pas changé d'un pouce, au plus grand plaisir du clown flamboyant. Profitant de ce moment d'accalmie, il répondra au soldat par rapport à cette remarque de tout à l'heure sur le fait de prévenir les troupes de son arrivée :

Joey : «Si je préviens les méchants de mon entrée, c'est plutôt moi qui finirai en passoire, hahahaha !» Il rigola un bon coup dans l'unique but de détendre l'atmosphère. «Mais attention à tous ! Notre ennemie est une chauve-souris de taille humaine ! Capable de tuer aisément un agent entraîné du cipher pol, trois de mes amis sont morts ce matin, alors je vous pris d'user de la carte de la prudence et si jamais vous trouvez ce fumier... Donnez-moi l'information, je m'occuperai de son cas personnellement...» Le visage si radieux du clown venait de sombrer sous une forme de colère intense, avant de revenir à son état d'origine. «Bien... Je vais y...» Il sera interrompu par les canonnades des navires venant de couler des idiots pensant partir sous le nez des autorités. «Très bien... Au moins, on peut dire que c'est une journée explosive sur mon île natale...» Puis soudainement, il ordonna au prisonnier de reprendre leur route. «On se revoit ce soir au fort la troupe.» Il ne rencontra aucun soucis sur le chemin du retour, emmenant avec des soldats les futurs prisonniers à leurs cellules respectives. «Restez tous sages ou sinon je reviens vous refaire la mâchoire...» Proclama le clown avec un grand sourire, avant de partir en direction de la morgue, pour voir le corps de ses amis une dernière fois.

Le soleil défilera vite sur Logue Town, laissant la lune prendre sa place haut dans le ciel...

Durant des heures, le clown était resté sagement au fort, à l'intérieur d'une salle à espérer qu'un soldat trouve la trace du tueur, mais tout ce remue-ménage fut un échec conséquent. Alors, le joker se déplaça en direction de la cantine, il ne prit aucun plat, prenant place à une table à distance des autres, l'air triste et songeur, il désirait tout simplement la paix intérieure. Il avait en main le poignard de Bradley, une lame sombre suffisamment aiguisé pour tuer une cible avec une facilité déconcertante.
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L’anguille électrique ne savait pas ce qui avait fini par mettre la puce à l’oreille du saltimbanque, mais celui-ci fit demi-tour pour confirmer leur identité. Il ne poussa cependant pas les choses plus loin, sans doute conscient lui aussi que les retrouvailles chargées d’émotion attendraient, mais laissa néanmoins fuiter quelques informations intéressantes, à savoir qu’ils se trouvaient sur son île natale et que c’étaient ses collègues qui avaient péri sous les coups de leur cible, faisant probablement de lui leur fameux témoin indirect.

Cela voulait dire qu’il valait mieux le ménager, toutefois ils ne pouvaient pas le laisser s’en tirer à si bon compte s’il devait continuer d’intervenir dans leurs opérations.

« Agent Wilson, c’est précisément parce que nous sommes à l’affût d’un ennemi qui se déplace par voie aérienne que nous avons failli ouvrir le feu sur vous. Nous ne vous demandons pas de hurler pour annoncer votre présence, juste de faire le nécessaire pour vous coordonner avec la Marine. Il vous suffit de prendre un escargophone avec vous et de vous en servir pour avertir le poste de commandement de vos intentions ; ils se chargeront de nous en informer ensuite. »

Ce n’était sûrement pas de sa faute, l’homme devait avoir l’habitude de travailler avec une équipe beaucoup plus restreinte, et la mort de ses compagnons devait influer sur son état mental. Cela ne le dispensait cependant pas de suivre les règles édictées pour sa propre protection, ainsi que celle de ses alliés. Avec de la chance, cela ne se reproduirait pas ; le caporal en tout cas fit preuve de la diligence attendue de lui en remettant au clown un papier où était écrit le numéro pour intégrer leur réseau de communications.

Sur ce, l’agent secret s’en retourna au QG avec ses prisonniers, et les militaires se remirent à la tâche. Au cours des heures suivantes, ceux d’entre eux qui espéraient que les choses se calment ne tardèrent pas à comprendre qu’ils avaient été trop optimistes. Si les malfaiteurs les plus agressifs avaient été promptement remis à leur place, leurs congénères plus rusés, eux, redoublèrent d’astuce pour échapper aux patrouilles et perquisitions, exploitant leur connaissance supérieure du terrain pour contourner les Marines à leur recherche et changer régulièrement de planque sans se faire remarquer. Plus d’une bande put ainsi se cacher dans des secteurs de la ville déjà inspectés, forçant les soldats à remettre le couvert après s’être rendu compte de la supercherie.

Logue Town fut ainsi passée au crible une fois, deux fois, trois fois, quartier par quartier, rue par rue, immeuble par immeuble, pièce par pièce. Des soldats furent dépêchés dans les égouts pour couper la route aux criminels les plus malins, et y découvrirent plusieurs tunnels et autres raccourcis ne figurant sur aucune carte, sans doute creusés par des contrebandiers et autres trafiquants pour se mouvoir sans alerter les forces de l’ordre. Des nageurs de combat inspectèrent le port et la rivière, attentifs à ce qui se trouvait sous l’eau et ne pouvait être vu depuis la surface. Des hommes escaladèrent les collines et les falaises du centre de l’île, fouillant la moindre anfractuosité pouvant dissimuler leur proie. Les hors-la-loi capturés au cours de l’opération furent implacablement questionnés pour la moindre bribe d’information pouvant concerner le meurtrier.

Tout cela fut largement en vain. Personne ne savait rien, ou si quelqu’un savait quelque chose, l’intéressé gardait le silence en dépit des méthodes musclées employées pour tenter d’extraire l’information. Les recherches acharnées ne permirent d’appréhender que des criminels sans relation avec leur mystérieux chiroptère, et de plus en plus de soldats se mirent à penser qu’ils perdaient leur temps, que le coupable avait fui Logue Town depuis longtemps ; après tout, ce n’était pas comme s’ils avaient pu boucler la ville immédiatement. Les autorités, qui n’arrêtaient pas de réclamer des résultats qu’importe le nombre de fois où les soldats revenaient bredouille, tentèrent de sauver la face en se disant que tout ce chahut leur avait au moins permis de faire un peu de nettoyage par le vide, toutefois le bilan était bien maigre par-rapport aux moyens déployés.

Mais le plus gros problème là-dedans, c’était que la grogne générale commençait à gagner la population. L’activité économique de l’île était à l’arrêt, les notables se plaignaient, les gens du commun prenaient mal d’être confinés chez eux et sans cesse importunés par des militaires venus retourner leur maison de fond en comble, et des rumeurs circulaient selon lesquelles plusieurs bavures auraient déjà été commises par des collègues trop zélés, stressés, imprudents, ou abusant carrément de leurs pouvoirs à la faveur de la situation d’urgence. Si les choses continuaient ainsi, la Marine se retrouverait bientôt avec une seconde crise sur les bras…

Tout cela expliquait sans doute pourquoi le Commodore avait l’air si en colère lorsque l’équipe de la femme-poisson entra enfin dans le réfectoire, tard le soir après avoir passé une journée misérable à arpenter la ville. Ils étaient absolument lessivés après avoir dû prendre part à plusieurs rixes, calmer des citoyens au bord de la révolte et quadriller l’endroit dans tous les sens, y compris sous terre et sous l’eau, les capacités singulières de la kanokunienne ayant été particulièrement sollicitées aujourd’hui. Et pourtant, leur supérieur réussissait l’exploit d’avoir l’air encore plus fatigué et renfrogné qu’eux, mangeant distraitement sa sempiternelle choucroute tout en faisant de son mieux pour mettre le feu aux papiers qu’il tenait dans son autre main à la seule force de son regard.

« On va peut-être éviter de lui demander ce qui le met de si mauvaise humeur... » suggéra Hauptmann alors qu’ils passaient suffisamment près de leur supérieur pour l’entendre grommeler une série de grossièretés impliquant la génitrice du Commandant d’Élite local. La proposition fut approuvée à l’unanimité : ils en avaient assez fait pour la journée, maintenant tout ce qu’ils voulaient c’était manger et se reposer. Ce qui se passait dehors n’était plus leur problème pour l’instant, mais celui des collègues qui avaient pris le relais pour la nuit. Leur hiérarchie avait d’ailleurs opté pour une nouvelle approche, puisqu’ils avaient affaire à une créature de l’obscurité : la ville fourmillait toujours de Marines, mais la plupart d’entre eux étaient cachés, tandis que des patrouilles plus visibles chargées de maintenir le couvre-feu servaient d’appâts. Les pauvres, Zhihao n’aimerait pas être à leur place, ce qui aurait certainement été le cas si elle n’avait pas déjà épuisé ses réserves d’énergie.

« Tiens Meng, il y a ton soupirant là. » signala Vladescu alors que chacun se munissait d’un plateau et le chargeait de nourriture. En effet, Wilson était bien là.

« Je doute qu’il ait la tête à ces choses-là. » rétorqua la femme-poisson, mais sa sœur d’armes ne fut pas si aisément dissuadée.

« Peut-être, mais on peut toujours aller le saluer. »

« Ce n’est pas comme s’il restait beaucoup de tables libres de toute façon, et on ne va pas virer Lanzfeld et compagnie de la leur. »

Effectivement, toutes les autres places étaient prises ; le caporal et les autres soldats composant leur équipe s’étaient mis ensemble, laissant les trois sous-officiers entre eux, et plus d’un groupe était affalé à table, semblant s’être endormi après avoir fini de se sustenter.

« D’accord, d’accord. » acquiesça Zhihao en faisant route vers le clown.
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Enfoui dans des souvenirs du passé, le clown de jade revoyait ses amis sur l’île karaté. Le quatuor était bien connu sur la zone à cause de soirées de beuveries déjantées, des gags stupides à rendre fou les supérieurs et surtout, la passion que chacun exerçait dans son domaine de prédilection. Chris, était un fin stratège et aimait particulièrement faire des clés de bras à ses adversaires, tandis que Gary, gros bourrin et ancien champion de boxe de son île natale, savait offrir des uppercuts spectaculaires dans la poire des imbéciles osant lui chercher des noises. Puis, en ce qui concerne le dernier de la bande, notre cher Bradley, le maniement du couteau entre ses paumes fascinait beaucoup de monde, on pouvait croire que la lame faisait partie de son corps, comme si cette dernière dansait dans le creux de sa main. 

À force de trainer avec eux, le farceur avait pris une part de leur talent et tenta d’assimiler cette force pour devenir plus redoutable que jamais, une chose qui marcha parfaitement, même si les méthodes loufoques du clown réussissaient sans mal à décontenancer sa dangerosité aux yeux des autres agents coincés du froc, à son plus grand plaisir en réalité. Toutefois, l’arrivée inopinée des soldats de la marine arrivant à sa table le sortit de sa torpeur sans la moindre difficulté, il invita la troupe très certainement éreinter à se sustenter à ses côtés d’un geste délicat de la main en rangeant la lame dans la poche de son gilet.

Joey : «Allons, allons, je ne vais pas vous mordre, hahaha !» Proclama le clown avec amusement tout en affichant un sourire taquin. «Je suis content de voir que vous allez tous bien, même si je pense que cette journée n’a pas du être une partie de plaisir pour vous tous…» Il leva sa tête vers le ciel en soupirant. «Je pense que le tueur n’est plus sur l’île depuis l’attaque de ce matin, continuer à boucler le périmètre est une perte de temps et d’énergie pour l’ensemble de votre flotte.» Proche de sa position, on pouvait entendre à une table deux jeunes soldats se plaindre de la mission, mais surtout, de devoir couvrir et honorer la mort de trois agents du cipher pol, des propos immondes à l’encontre de ses défunts amis qui mirent le clown en pétard. «Oh vous deux ! Vous pouvez répéter ? Je n’ai pas bien compris ?» Son visage fulminait de colère, le timbre de sa voix et son regard verdoyant semblaient aussi perçants que la pointe d'une rapière. «Vous insultez la mémoire de braves qui auraient tout fait pour venir à votre rescousse !!! Vous êtes une honte envers l’emblème de la justice ! Si cela ne tenait qu’à moi, je vous pulvériserais la tronche immédiatement, mais vous ne méritez que mon mépris… Dégagez de ma vue !» Pris de panique, les deux soldats prirent la poudre d'escampette. «Veuillez m’excuser, je suis un peu à cran…» Il referma sa main droite contre son visage, laissant des larmes de chagrin prendre le dessus sur sa colère. «Vous devriez manger et récupérer des forces… Ne faites pas attention à moi…»
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« Si quelqu’un doit mordre ici, c’est plutôt Meng. Vous avez vu ses quenottes ? » plaisanta Vladescu en prenant place à la table du clown. Zhihao ne prit pas la peine de réagir, cela ne ferait que l’encourager, mais si elle l’avait fait ç’aurait été pour souligner que sa dentition ne saurait être comparée à celle d’Angélica, la femme-requin rencontrée la première fois qu’elle avait croisé la route de l’homme du Cipher Pol. Voyant qu’elle ne répondait pas à la provocation, la voydove haussa les épaules puis s’affala sur sa chaise en émettant un grognement de soulagement.

« Un peu de tenue, Vladescu. » l’admonesta Hauptmann qui, s’il était tout aussi content qu’elle de pouvoir se poser un peu après des heures passées à crapahuter dans tous les sens, n’était pas prêt à faire preuve du même degré de relâchement. Pas en public en tout cas. Mettant de côté son envie manifeste de se mettre à manger dès maintenant, il prit le temps de compléter les politesses d’usage : « Nous ne nous sommes pas présentés la dernière fois : sergents-chefs Hauptmann et Vladescu, pour vous servir. Toutes nos condoléances pour vos amis, nous feront tout ce qui est en notre pouvoir pour que Justice soit rendue. »

Les efforts du sous-officier pour établir un rapport positif faillirent être gâchés lorsqu’une paire de soldats d’une table voisine émirent des propos plus que déplacés concernant les morts à l’origine de toute cette agitation. Wilson réagit au quart de tour, engueulant et menaçant les deux idiots, tandis que tous les autres militaires à portée de voix se retournaient vers eux pour les foudroyer du regard. Sans blague, Cipher Pol ou Marine, quelle importance ? S’il leur arrivait quelque chose, préféreraient-ils que leurs camarades les vengent ou insultent leur mémoire ?

Le duo de grandes gueules déguerpit sans demander son reste et l’agent secret se rassit, son ire l’abandonnant en ne laissant derrière elle qu’une profonde lassitude. La kanokunienne balaya ses excuses.

« Il n’y a pas de mal, agent Wilson, nous savons ce que ça fait de perdre des camarades, et nous aurions réagi de la même façon à votre place. » fit-elle en regardant dans la direction du départ précipité des deux hommes, fouillant ses souvenirs pour savoir s’il s’agissait ou non de têtes connues, et obtenant une réponse négative. « Je ne les reconnais pas, et leur uniforme non plus. Je ne pense pas qu’ils soient de chez nous. »

« Ça n’empêchera pas le Commodore de leur tanner le cuir. » remarqua Vladescu en pointant un doigt vers le colosse en question, qui s’était levé de sa chaise et semblait absolument furieux. « D’accord, on tourne en rond pour presque rien et ça énerve tout le monde, mais ce n’est pas une raison... »

Hauptmann intervint à ce moment-là pour leur dire de se mettre à manger avant que leur nourriture ne refroidisse, ce qu’ils firent sans pour autant cesser totalement leur conversation.

« Vous avez sans doute raison, agent Wilson, le coupable est probablement déjà loin, toutefois c’est une question d’image. Les autorités ne peuvent pas donner l’impression de ne rien faire face à un criminel aussi audacieux, elles doivent s’activer. Je crois même qu’il était question d’installer tout un tas de projecteurs pour continuer les recherches pendant la nuit, ou de faire sonner les sirènes d’alarme au volume maximum pour débusquer la cible. »

« Parce que c’est une chauve-souris, donc elle doit avoir les oreilles sensibles. » acquiesça Vladescu en jouant distraitement avec le contenu de son assiette, ce qui lui valut une tape sur la main de la part de son collègue. « Ils ne sont pas allés aussi loin, ceci dit. »

« Logue Town n’aurait jamais eu assez de projecteurs, et la population n’apprécie déjà pas nos fouilles. »

« Les bonnes gens se révolteraient si on les empêchait de dormir, en plus du reste. »
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Par chance, le clown de jade pouvait compter sur le sang-froid de son ancienne partenaire de mission, grâce à sa gentillesse à comprendre la douleur de perdre des camarades sur le chemin risqué de la justice. Aussi, le farceur était heureux de voir que la femme poisson était bien accompagnée, car avec une demoiselle à la langue bien pendue, avec un homme strict et droit dans ses bottes, rendait ce trio unique, voire apaisant aux yeux verdoyant d'un pitre alimenté par l'amertume du moment. Ses amis auraient sans aucun doute bien sympathisé avec ces jeunes mouettes, surtout en usant de la boisson alcoolisée pour créer des jeux puérils et stupides.

Joey : «Je vous remercie pour vos paroles, cela me fait chaud au cœur...» Il revint sur une position gestuelle, plus ouvert au dialogue. «Enchanté de faire votre connaissance, Sergent-chef Hautmann et dame Vladescu... Je suis content de voir que mon ancienne coéquipière soit entourée par des camarades dignes de ce nom, et pas la peine de jouer avec les grades ou tous ces trucs ennuyeux, vous pouvez m'appeler par mon prénom. Joey sera amplement suffisant.» Pour confirmer son échange amical, il fera un joli clin d’œil aux deux amis de la femme poisson. «Et pour ce qui est de sa dentition, tout est normal comparé à une femme requin qui m'a mordu l'épaule la dernière fois, car, sachez une chose...» Il se dressa lentement vers les deux mouettes curieuses, chuchotant ses paroles avec un rictus à faire trembler les anges depuis les cieux. «À votre table, vous avez une femme qui vaut la modique somme de vingt millions de berrys... J'aurais pu faire fortune grâce à elle si j'étais un vilain pirate.» Puis, il haussa les sourcils sur la potentielle punition des deux idiots de tout à l'heure. «Votre chef leur réservera très certainement une punition assez sévère, même si je pense que mon intervention sera suffisante, mais bon, chacun ses problèmes...» Il rigola en voyant Vladescu se faire gronder par son camarade. «Et on verra bien ce que nous réserve cette nuit, si nous avons de la chance, nous trouverons peut-être le responsable avec le matériel à notre disposition, mais une chose au fond de moi me dit que cette histoire ne s’achèvera pas ici...» Il referma son poing avec force. «Après votre repas, j'aimerais vous inviter chez mes parents, ça me ferait plaisir de vous montrer un peu une autre ambiance que la caserne, après, je pense qu'il faut demander la permission à votre chef... Si jamais, il ne veut pas, je lui offrirai les biscuits de ma mère en compensation demain matin.» Annonça le clown sur un ton parfaitement neutre. Si la troupe acceptait le marché et que le mastodonte accordait cette petite escapade nocturne, le trio allait rencontrer la famille du clown.
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N’ayant pas fait équipe avec Wilson par le passé, Hauptmann et Vladescu échangèrent un regard incrédule en entendant la façon dont il s’adressait à cette dernière. La kanokunienne les avait pourtant prévenus, mais ils pensaient soit que l’agent secret blaguait en employant ce terme avec la femme-poisson, ou qu’il cherchait à la draguer. À moins qu’il n’ait l’habitude de faire du gringue à toutes les femmes croisant sa route ? Peu probable, les circonstances ne s’y prêtant pas vraiment.

« Dame Vladescu ? Je ne suis ni une noble ni un chevalier pourtant, même si je porte une armure. » fit l’intéressée en tapotant machinalement l’objet en question. Effectivement, Zhihao irait même jusqu’à dire qu’elle était l’antithèse d’un chevalier, mais cela le clown pouvait difficilement le savoir.

La question de ces excentricités langagières fut cependant mise de côté lorsque le saltimbanque évoqua leur précédente mission. Zhihao eut ainsi droit à plusieurs coups de coudes complices dans les côtes de la part de sa voisine, et même Hauptmann arborait un sourire en coin, le sale traître.

« Elle nous a raconté l’histoire, oui. » pouffa son camarade alors qu'elle faisait de son mieux pour se draper dans sa dignité. « Vingt millions, vraiment ? Je l’aurais bien accusée d’avoir menti ou exagéré, sauf qu’elle n’avait pas l’air d’y croire elle-même. Sans vouloir t’offenser, Meng, j’ai du mal à comprendre comment ces types ont pu vouloir débourser autant d’argent. »

L’anguille électrique haussa les épaules : elle ne savait pas non plus, et ce n’était pas comme si elle avait pu prendre le temps d’apprendre à connaître ses acheteurs potentiels pour découvrir la raison de ce comportement. À ce propos, elle était curieuse de savoir quelles suites avaient été données à cette affaire ; la collaboration entre la 28ème et le Cipher Pol s’était arrêtée après déposé les passagers et prisonniers collectés lors de ces sordides événements, suite à quoi ils s’étaient dirigés vers une autre mission, laissant la police secrète poursuivre le travail de son côté puisqu’il s’agissait à l’origine de son enquête.

« Que s’est-il passé après notre séparation, au fait ? Est-ce que vous avez pu attraper les complices de Brandi ? Ses clients, ses fournisseurs ? »

La discussion prit toutefois un nouveau détour inattendu quand Wilson leur proposa ni plus ni moins que de rendre visite à sa famille, ce qui déclencha de nouveaux coups de coudes et regards entendus de la part de Vladescu. Une fois de plus, elle eut du mal à comprendre ce qui passait par la tête du peinturluré. Invitait-il ainsi tous les alliés qu’il croisait sur le terrain, ou était-ce seulement parce qu’ils se trouvaient dans sa ville natale ? Quoi qu’il en soit, il allait encore un peu vite en besogne, et surtout les choses ne seraient pas aussi simples.

« À cette heure-ci, vous êtes sûr ? » interrogea Hauptmann en regardant par la fenêtre la plus proche, d’où l’on pouvait voir la noirceur du ciel nocturne. « En plus nous sommes techniquement toujours en service, nous sommes censés nous tenir prêts à réagir au cas où notre proie mordrait à l’hameçon. »

« Wilson, je sais que vous ne pensez pas à mal, mais évitez de parler de soudoyer un officier supérieur de la Marine, même si ce n’est qu’avec des biscuits. » soupira à son tour la femme-poisson. Elle ne savait pas s’il était sérieux ou non, et il n’était pas toujours facile de faire la différence. L’intervention de Vladescu ne l’aida pas non plus à faire entendre son objection :

« De toute façon, vous aurez plus de chances de le persuader avec de la choucroute. »
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Difficile de ne pas aimer la troupe accompagnant la femme poisson, le clown de jade avait encore plus envie de passer du temps avec eux, alors sa volonté d'amener les mouettes en direction de sa demeure devenait à force une mission à accomplir coûte que coûte. Convaincre le grand moustachu ne sera pas chose aisé, même si la chevalière avait donné l'astuce de comment appuyer sur la corde sensible, cet homme avait tout de même détruit une nuit de folie aux plus grands désarrois du farceur en s’introduisant dans sa chambre comme le ferait un parent en colère... Mais revanchard, Joey se dressa avec une énergie renouvelée, allant sans crainte vers le colosse animé d'une colère farouche à cause de la situation actuelle. Usant à la perfection de sa voix amicale et tendre, il demanda avec conviction cette requête au mastodonte :

Joey : «Commodore, je sais que le moment est mal choisi pour venir vous parler, mais puis-je vous emprunter les soldats assis à ma table ? Nous allons rester sur le qui vive à ma demeure et je demanderai à ma mère de vous préparer en échange des choucroutes d’exception, car vous voir ainsi me peine grandement.» Des paroles sincères envers un confrère en difficulté, mais une stratégie jouant sur le mental, un vrai malin ce clown au final, car il obtiendra gain de cause à la plus grande surprise générale de tous les soldats présents, avec une brève affirmation de la part du moustachu. «Merci beaucoup, Commodore ! Allez la troupe !» Il fit signe aux jeunes mouettes de le suivre. «Votre nouvelle mission vous attend ! On suit le clown !»  Sur le chemin en direction de son humble demeure, le joker répondra à la question de sa coéquipière en faisant une mine boudeuse. «Non... Tous ses complices ont disparu du jour au lendemain, ils feront très certainement leur retour en temps voulu, par exemple Angélica... Rien que de parler d'elle me donne des frissons.» Malgré l'obscurité des ruelles mal éclairées, il était facile pour la troupe de la justice d'avancer sans mal grâce à la connaissance parfaite de la zone par un guide loufoque. Et une fois le trio devant la modeste maison arborant des roses magnifiques et des plantes en tous genres, le farceur toqua sans crainte à la porte. Une voix féminine agacée ouvrit la porte à une vitesse effarante.

Rebecca Wilson : «Si c'est pour encore fouiller la maison, je vais finir par vous... Oh mon chéri ! Il fallait dire à ta mère que tu venais avec... des amis...» La mère du farceur devait avoir dans la cinquantaine, une belle blonde en tenue de cuisinière, sentant la douce odeur d'un gâteau au chocolat en cours de préparation.

Joey : «Désolé Maman, cette journée n'a pas été facile, alors je viens avec du renfort à cause de l'attaque de ce matin, avoir plus de monde à la maison pourrait rassurer Nora.»

Rebecca Wilson : «Je vois... Allez ! Ne restez pas ici, rentrer dans notre maison et essayez-vous dans le salon, je vais vous apporter un délicieux dessert et...» Son radar de mère poule était à son plein potentiel, elle essayait de définir laquelle des deux dames pouvaient plaire à son fils, elle attendait toujours que son fiston ramène une future prétendante à la maison. «Je vois que mon enfant est accompagnée de deux belles femmes, l'une de vous doit lui plaire forcément. Mon fils n'est pas un coureur de jupon, mais il a le chic de ramener de sacrées surprises.» Elle donna un violent coup de coude au niveau des côtes de son rejeton.

Joey : «Maman ! Tu fous quoi !?» Il se reprit un second coup encore plus dévastateur. «Aie !!!! Mais tu veux me tuer ? Et je te signale que je n'ai aucune de ces dames en coup de cœur ! Alors ne viens pas chercher la petite bête là où il n'y en a pas !» Sa mère arriva sans mal à déterminer la potentielle prétendante passé.

Rebecca Wilson : «Tu mens mal, mon fils... Je te connais... Tu aimes les filles combatives avec des cheveux courts, brunes de préférence, comme cette belle demoiselle derrière nous, je me trompe ?» À sa plus grande surprise, le clown usa de la méthode peu commune d’ignorer la question, répondant uniquement par cette phrase en sortie de secours.

Joey : «J'ai ma douche à prendre, je reviens vite !» Il s’éclipsa par la porte de sauvetage, prenant une douche à la vitesse de la lumière, avant de revenir devant ses humbles invités avec une tenue normal, sans le maquillage de clown lui étant normalement attitré. «Je suis désolé pour le spectacle de toutes à l'heure, j'espère au moins que vous avez pu faire connaissance avec mon père ?» John Wilson, le patriarche de la famille, était tranquillement assis sur le canapé, ayant déjà salué le trio dignement avant son retour.

John Wilson : «Tu devrais t’asseoir fiston, ta mère et Nora vont nous ramener un véritable délice.»

Joey Wilson : «Ce n'est pas pour rien que je suis revenu, hahahahahaha !!!!» Il rigola comme le diable en personne devant cette délicieuse nouvelle.
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« Mais… mais non enfin, c’était une blague, je disais ça pour rire ! » s’alarma Vladescu en voyant le pitre se lever pour aller parler au Commodore. Au même instant, une communication quasi-télépathique passa entre ses deux collègues : qu’elle ne compte pas sur eux pour la sauver des conséquences de ses paroles inconsidérées. Mais contre toute attente, ils n’eurent pas à jeter la voydove en pâture à leur supérieur, car ce dernier accepta la proposition du clown.

« Quelle est cette sorcellerie ? » s’ébahit Hauptmann, résumant à merveille l’humeur générale. Ça ne pouvait pas être dû à la rhétorique de l’agent secret, Gustav von Falingen était certes prêt à tordre les règles lorsqu’il l’estimait nécessaire, mais pas sans une bonne raison, et son obstination était de notoriété publique. En tant qu’aristocrate schwarzwaldien de la vieille école, il faudrait bien plus qu’un peu de flatterie et la promesse d’un petit plat fait maison pour qu’il accorde ce genre de passe-droit. Ce qui ne laissait plus qu’une seule option…

Le trio de sous-officiers frissonna à l’unisson lorsque le moustachu sourit dans leur direction. D’accord, il avait définitivement une idée derrière la tête, et il était garanti qu’elle ne leur plairait pas. Zhihao et Hauptmann se retournèrent vers une Vladescu tremblante, les mains sur la tête et qui essayait de se faire la plus petite possible.

« C’est ta faute. »

« Prends tes responsabilités. »

La jeune femme émit un gémissement plaintif avant de quitter sa chaise, marchant comme le ferait une condamnée à mort à la suite du saltimbanque. Ce comportement ne dura cependant que quelques minutes une fois qu’ils furent sortis de la base : Vladescu pensait sans doute que si elle devait en payer le prix plus tard, alors autant en profiter au maximum. Et ce même si elle était aussi exténuée que ses compagnons, dont la seule envie était d’aller se coucher mais étaient trop polis pour refuser l’invitation de Wilson, en plus de se dire que ce dernier avait besoin de se changer les idées et d’être soutenu dans son deuil.

Leur périple ne dura pas longtemps et ne fut émaillé d’aucun incident notable, croisant tout au plus quelques patrouilles qui se demandaient ce qu’ils faisaient dehors à cette heure. Une fois chez leur hôte et après un bref malentendu vite désamorcé, Hauptmann et Zhihao ne surent pas où se mettre tandis que sa mère les accueillait à sa manière, mais Vladescu, elle, comme si elle n’en avait pas déjà assez fait, rentra immédiatement dans le jeu de la matrone.

« L’une de nous seulement ? Pourquoi pas les deux ? » interrogea-t-elle avec une expression salace, tout en passant un bras dans le dos de la femme-poisson pour mieux la serrer contre elle. Elle n’obtint pas tout à fait l’effet désiré dans la mesure où toutes deux portaient toujours leur plastron, mais ne laissa pas cet insignifiant contretemps l’arrêter en si bon chemin. « Tu sais Meng, si tu n’en veux pas, moi je veux bien le récupérer. Et si tu en veux, on peut toujours partager, hein ? Qu’en dis-tu ? »

Plutôt que de lui répondre, l’anguille électrique attrapa son poignet et la gratifia d’une faible décharge, juste assez pour engourdir le membre fautif et l’enlever de sa hanche. Hauptmann, lui, souffla en se pinçant l’arête du nez puis entreprit de faire plus convenablement les présentations pendant que le pitre s’éclipsait. Le chef de famille ne tarda pas à les rejoindre, attiré par le tintamarre dans son vestibule, et ils se retrouvèrent bien vite assis dans le salon, où Wilson fils – sans son maquillage, il était bien mieux comme ça – les retrouva quelques minutes plus tard, alors que Vladescu racontait à sa famille comment il avait rencontré la kanokunienne pour la première fois, en y ajoutant force exagérations et embellissements. Zhihao dut se résigner à l’écouter : elle l’aurait bien fait taire, mais quand sa consœur était lancée comme ça, il était très difficile de la stopper, et elle ne pensait pas que leurs hôtes apprécieraient de voir l’une de leurs invités en assommer une autre.

« Nous ne voudrions pas nous imposer, nous arrivons à l’improviste. » s’excusa la femme-poisson quand les militaires furent invités à se joindre à la famille pour le dessert, une nouvelle qui provoqua un grand éclat de rire de la part du saltimbanque, montrant bien qu’il avait toujours un grain même sans son maquillage. Un nom attira toutefois son attention, celui d’une quatrième membre de la maisonnée ? « Nora, vous dites ? Vous avez une sœur, agent Wilson ? »
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Le clown de jade était confortablement installé sur le fauteuil, écoutant avec une certaine attention l'histoire palpitante de la brunette sur sa rencontre avec la femme poisson. Il souriait tel un enfant en regardant son ancienne coéquipière avoir une certaine envie de cogner sa camarade trop bavarde, une belle amitié rappelant le passé du joker avec ses frères d'armes. Tombant à nouveau dans un souvenir du passé, mais la douce odeur de sucrerie le tira hors de son tourment et le remmena sur la terre ferme, afin de pouvoir partager un moment exceptionnel avec de braves personnes.

Puis, quand la soldate présenta ses excuses sur le fait d'arriver à la dernière minute, le farceur fit d'un geste de la main un petit balayage, signe que ce genre de broutille n'était pas important au sein de la famille Wilson. Sauf que la dernière question de Meng, raviva dans le cœur du père et de son fils, le douloureux supplice de ne plus avoir la possibilité de s'approcher de Rose à l’hôpital. La pauvre soldate avait sans le vouloir tiré sur une corde sensible. Comparé à John, le farceur cacha sa tristesse en répondant avec un certain amusement à ses invités à cette question anodine :

Joey : «Nora ? Ma sœur ? Houla ! Pas du tout, il faut la voir comme ma nouvelle coéquipière ! Elle a peur de tous, surtout des hommes, mais à part ce léger détail, c'est une fille fiable et gentille.» Il croisa ses bras en fixant la femme poisson. «Mais en effet, j'ai une sœur du nom de Rose, elle est en ce moment à l’hôpital de la ville...» Il tapota amicalement l'épaule de son père, histoire de le sortir de sa peine. «Ma sœur à contracter une terrible maladie à son jeune âge, elle vient à peine d'en être guérie, mais son rétablissement lui aura coûté son bras droit et sa jambe gauche.» Annonça rapidement le clown sur un ton plus que sérieux. «Veuillez s'il vous plaît ne pas en parler devant ma mère, elle risquerait de pleurer, car l’hôpital refuse qu'on s'approche de la chambre suite à la demande de ma sœur...» Le père et le fiston soupirèrent en même temps.

Rebecca Wilson : «Attention tout le monde ! Voici le gâteau chocolat fait maison !» Affirma la mère combative, requinquée de voir son fils de retour à la maison et surtout en présence de potentielles prétendantes, car elle n'allait pas lâcher le morceau d’aussitôt. Elle était suivi de prêt par sa timide assistante, Nora Shelby, une douce demoiselle à la chevelure couleur neige et au visage de poupée, fonçant comme une dératée sur son protecteur, le clown.

Nora : «Monsieur Wilson ! J'ai eu peur avec tous ces hommes venant fouiller votre maison ! Ils parlaient d'un gros monstre volant ! Aaaaaah !!!!» Elle sauta sur son dos en panique, tremblant de tout son être, mais elle sera rapidement remise sur le seuil de la zénitude par le biais d'une simple caresse sur le sommet de sa tête. «Bonsoir... Je suis Nora... Enchantée de faire votre connaissance...» Grande timide et pétocharde, elle se planqua derrière le canapé en regardant presque farouchement les deux dames face à elle, analysant à sa manière si ces femmes pouvaient faire du mal à son ange gardien.

Joey : «Bon... Il semblerait que maman à concocter un trésor divin pour les papilles ! Je vous invite à tous déguster ce plat et je vais à mon tour raconter une petite histoire pour mes parents et mon assistante, sur la mission que j'ai eu avec Meng ici présente...» Parfait narrateur, le clown flamboyant donna sous tous les détails l'intégralité de sa mission sur l'île pirate, de la façon à s’entraîner à jouer chacun son personnage, à s'infiltrer dans la base, comment s’était déroulée la vente et à ramener les otages suite à des événements dantesques. «Voilà comment j'ai rencontré cette femme de choc, haha !» Le père mangeait son plat avec délectation, tandis que sa mère trifouillait l'intérieur du gâteau à l'aide de sa cuillère en regardant fixement l’héroïne du jour.

Rebecca Wilson : «Je vois... Meng, c'est bien ça ? Avez-vous des vues sur mon fils ? Voulez-vous devenir ma belle-fille ? Devenir une future Wilson ? Et si vous refusez, je laisse la main de mon enfant à votre amie ici présente, elle semblait intéressée par la main de mon garçon...» Le clown flamboyant devint aussi rouge qu'une tomate à cause des paroles improbables de sa mère.

Joey : «Hein de quoi ? Je viens de louper un épisode ? Depuis quand c'est toi qui diriges ma vie sentimentale ? J'ai le droit de choisir ma femme ! Même si...» Il posa son regard verdoyant envers la seconde ravissante brunette au sein de la pièce. «Vladescu est une belle dame, ne la mêle pas à ces histoires à dormir debout !»
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Alors comme ça cette Nora était une nouvelle coéquipière. Faisait-elle aussi partie du Cipher Pol ? Wilson parlait peut-être de sa phobie comme d’un « léger détail », mais la kanokunienne avait du mal à imaginer qu’une personne aussi timorée que celle qu’il décrivait puisse être admise au sein d’une telle institution. D’accord, un agent secret se devait d’avoir un instinct de survie développé, d’être méfiant et à l’affût du danger, mais pas au point d’avoir peur de tout.

L’anguille électrique ne s’attarda cependant pas davantage sur cette information, pas plus qu’elle n’insista pour en savoir plus sur celle qui pour le coup était vraiment la sœur du pitre. Sentant qu’il s’agissait d’un terrain miné, ses collègues en firent de même, et se turent lorsque la matrone revint chargée de sa création culinaire, la fameuse Nora sur ses talons. Vladescu ricana silencieusement en la voyant s’accrocher à l’agent secret comme une enfant à son doudou, avant de chuchoter à l’oreille de sa voisine : « Nouvelle coéquipière, bien sûr. Et plus si affinités, je suppose ? »

Zhihao leva les yeux au ciel face à tant d’immaturité. Elle aurait bien remercié Wilson d’avoir détourné l’attention de la voydove en mettant en avant la pâtisserie, sauf qu’au lieu de s’arrêter là il décida de se lancer dans sa propre version du récit de leur mission commune. Parce qu’apparemment une seul fois ne suffisait pas ; elle tombait vraiment de Charybde en Scylla, et en plus elle avait droit à un jeu de mots sur ses capacités électriques. Déjà qu’elle n’était pas à l’aise dans ce genre de situations sociales… peut-être devrait-elle contre-attaquer en demandant à madame Wilson si elle avait des photos de son fils du temps où il était encore bébé à leur montrer. C’était l’un des passes-temps préférés de la plupart des parents non, de ridiculiser leur progéniture aux yeux de leurs amis ? Ce n’était heureusement pas le cas de sa propre famille – ou alors ils avaient juste la décence de ne pas ressortir les albums et histoires humiliantes en sa présence –, mais le saltimbanque pouvait-il en dire autant ?

La mère de famille n’attendit cependant pas que la militaire exécute son plan, prenant les devants de sa propre initiative pour gêner son fils autant que possible, et Zhihao par la même occasion. Pourquoi elle, qu’avait-elle fait pour mériter ça ?

« Non, je n’ai pas de vues sur votre fils, il est un peu tôt pour ça. Joey est quelqu’un de très bien, mais ce n’est que la deuxième fois que nous nous rencontrons, et il s’est écoulé plus d’un an entre-temps. » calma-t-elle le jeu, le plus diplomatiquement possible. Elle espérait toutefois que cela ne se répéterait pas à l’avenir, la dernière fois lui avait amplement suffi. « De plus, nous avons tous deux un travail très prenant qui nous amène à beaucoup voyager et ne laisserait donc que peu de place à une éventuelle relation. Ma nature ainsi que ma nationalité compliquent également les choses, ne serait-ce que parce que je peux difficilement contacter mes propres parents pour leur demander la permission de me marier. »

« C’est bien notre Zhi ça, mariée à son travail et toujours aussi sérieuse. » opina sa voisine, absolument pas embarrassée par le fait d’être elle aussi considérée comme une belle-fille potentielle par la matrone. Quoi de plus normal, elle était sans doute moins intéressée par la main de l’homme du Cipher Pol que par une autre partie de son anatomie.

« Je viendrai à votre mariage dans ce cas. » riposta la kanokunienne. « Tu veux quoi comme cadeau ? »

« Pour ça il faudrait déjà parvenir à un arrangement. Après tout, il y a une autre femme qui a l’air d’avoir des vues sur notre bel agent secret. Mais ce n’est pas grave, comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis prête à partager. » répliqua la voydove en dévisageant Nora avec un sourire carnassier. Cette dernière faisait de son mieux pour intimider ses rivales mais ne parvenait pour l'instant qu’à ressembler à un chaton essayant en vain d’avoir l’air méchant.

Hauptmann, lui, prouva qu’il était le plus sage d’entre eux en évitant soigneusement de s’immiscer dans cette discussion, savourant sa part de gâteau et complimentant la pâtissière.
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Le clown de jade ne savait clairement plus où se mettre, même si la femme poisson refusa l'offre saugrenue de sa mère avec des raisons lui étant propre, la pipelette remettra une couche, créant une totale confusion dans le cerveau perturbé du joker. Un arrangement ? Partager ? Et si la brunette parlait de Nora en seconde promise, elle se mettait bien le doigt dans l’œil, car la froussarde n'avait guère ce genre de sentiment envers son protecteur. Elle le voyait plus comme un père digne de la protéger, que d'un simple amant de passage.

En ce qui concerne le partage, l’imagination farfelue du clown lui montra une vision complètement barrée de sa personne en forme de biscuit, être dévoré par les deux ravissantes femmes. Il n'avait clairement pas à l'esprit quelque chose de lubrique à cause de son côté enfantin, à croire que parfois sa bêtise le protégeait de vision bien salace. Voulant calmer les ardeurs de sa mère un peu trop casse-bonbon sur le moment, il coupa court au sujet en s'adressant à Vladescu sur un ton presque charmeur et déposa délicatement sa main contre son visage en guise de taquinerie masquée :

Joey : «Meng et Nora étant hors-jeu, je pense que l'arrangement peut se faire rapidement... Vous semblez être une femme fiable, drôle et magnifique, une rose en pleine éclosion, mais nous devrions parler de tout ça une autre fois...» Il chuchotera à ses oreilles ces mots précis. «Ou ce soir dans ma chambre, à vous de décider...» Il revint à sa place en gardant un grand sourire. «Maman, n'embête plus Meng à ce sujet, c'est une amie importante à mes yeux, alors respecte son choix, s'il te plaît.» Il commença à entamer son assiette sans dire un mot de plus.

Rebecca Wilson : «Oui... Tu as raison... Je n'aurai pas dû m'emporter, veuillez m'excuser pour mon comportement et merci jeune homme pour votre retour, ça me fait plaisir de faire à manger à des camarades de mon fils, prenez des forces et ce soir, je vous invite à dormir chez nous... C'est en guise de pardon pour m'être comportée comme une diablesse...» Elle se leva en prenant le reste du plat bien entamé. «Nous avons trois chambres à l'étage, celle de Joey et les deux restantes pour vous trois, celle du bas est occupée par notre fille... Nora, tu dormiras avec nous ce soir si ça ne te dérange pas.» La froussarde ne rechigna aucunement à l'offre, elle était même contente de la proposition, mais regardait toujours farouchement la dangereuse tigresse Vladescu...

Joey : «Super ! Il semblerait au moins que je sois d'accord avec ce verdict ! Ces soldats méritent un repos bien mérité ! Alors, je vous souhaite une bonne nuit de sommeil à tous !» En prenant la direction du couloir sans attendre après le retour cordial de ses parents et de sa coéquipière, le clown monta les marches en direction de sa chambre avec des doutes sur le fait de fermer l’œil, sans craindre des successions de cauchemars sur la disparition de ses camarades tombés ce matin. La nuit va être compliqué sans aucun doute...





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Si Wilson espérait décontenancer Vladescu en répondant ainsi à ses avances, il se mettait le doigt dans l’œil. La voydove se prépara à répliquer, mais Zhihao fut plus rapide, posant sa main sur la bouche de sa consœur pour l’empêcher de parler. Cette dernière tenta de lui faire lâcher prise en léchant sa paume, cependant la kanokunienne resta de marbre.

« Je te rappelle que tu es théoriquement une adulte, alors comporte-toi comme telle. » la tança-t-elle, ce à quoi l’intéressée réagit en adoptant une expression boudeuse. Nul doute que si elle avait été libre de s’exprimer, elle aurait saisi cette perche et émis un commentaire selon lequel elle cherchait justement à « jouer à des jeux d’adultes » avec le pitre, ou quelque chose du genre. Depuis le temps, la femme-poisson commençait à connaître le sens de l’humour de sa consœur, même si cela ne changeait rien au fait qu'elle n'était absolument pas sortable.

Il lui faudrait par contre davantage de temps pour s’habituer à la personnalité incroyablement grégaire de l’agent secret : encore une fois, il ne s’agissait que de leur deuxième rencontre, mais il la qualifiait déjà d’amie importante ? Tout l’inverse de Zhihao elle-même, qui n’avait jamais été douée pour s’ouvrir aux autres, une tendance que la dissolution de sa première unité n’avait en rien arrangée. Il lui avait fallu des semaines, des mois même pour arriver à avoir des interactions aussi informelles avec ses camarades de la 28ème.

Ce ne fut qu’une fois que la conversation s’éloigna du sujet qu’elle relâcha Vladescu, qui retrouva le sérieux attendu d’une militaire professionnelle lorsque leurs hôtes leur proposèrent de passer la nuit ici. Très gentil de leur part, indubitablement, mais ils ne pouvaient accepter. Une visite de courtoisie c’était une chose, mais dormir chez des civils, loin de leurs hommes, sans moyen pour leurs supérieurs de les contacter et sans l’autorisation desdits supérieurs, c’en était une autre.

« Nous vous remercions de votre offre, mais cela ne va pas être possible. Nous n’étions déjà pas censés sortir de la caserne, et nous sommes censés rester prêts à retourner sur le terrain au moindre signal. »

« Le Commodore aura notre peau s’il arrive quelque chose et qu’il nous faut une demie-heure pour rejoindre notre unité. Il considère déjà certainement que nous nous sommes portés volontaires pour le prochain assaut aérien, n’allons pas aggraver notre cas. »

Une goutte de sueur froide coula simultanément dans le dos du trio, tandis que les parents de Wilson – leur fils étant déjà monté se coucher, en espérant sans doute que ce coup-ci il n’y aurait pas d’armoire à glace moustachue pour empêcher une jeune femme de le rejoindre – faisaient part de leur déception. Un détail attira toutefois l’attention du père, qui chercha à clarifier leurs propos.

« Un assaut aérien vous dites ? Est-ce que votre flotte est équipée d’une de ces nouvelles machines volantes dont j'ai entendu parler ? »

Une conclusion logique avec les éléments à sa disposition, mais on ne peut plus fausse, et dont ils se hâtèrent de le détromper.

« Si seulement. »

« Ah non, pas du tout. Pour le Commodore, un assaut aérien consiste à attraper ses subordonnés comme ceci – » expliqua Zhihao en saisissant Hauptmann par le col pour illustrer ses propos « – et à les lancer en direction d’un navire ennemi quand il n’est pas possible de procéder à un abordage conventionnel. Ou simplement quand il pense que ça va plus vite. »

« Il y a une rotation normalement, entre ceux qui peuvent survivre à l’atterrissage – ou amerrissage –, histoire d’éviter que ce soient toujours les mêmes qui s’y collent. » ajouta aimablement son collègue sans se formaliser de son statut de mannequin de démonstration, ni des regards interloqués de leurs hôtes. « Ceci dit, il saute sur n’importe quel prétexte pour y faire passer Meng, même quand ce n’est pas son tour. Sans doute parce que ce n’est pas grave si elle finit à l’eau parce qu’il a mal calculé la distance. »

« Moi je crois juste qu’il trouve ça drôle de la transformer en poisson volant. Tu as bien vu à l’entraînement, il essaye toujours de battre son record du plus long lancer de Zhihao. »

Ce n’était pas impossible, mais ils n’étaient pas là pour débattre des excentricités de leur officier supérieur devant des civils. L’anguille électrique rappela à l’ordre les deux autres soldats, remercia la famille Wilson pour son hospitalité, et leur demanda de bien vouloir transmettre leurs excuses à leur fils pour ne pas avoir pu accepter son invitation. Ceci fait, elle retint Vladescu par l’oreille lorsque celle-ci voulut « monter dire au revoir à Joey en personne et lui laisser un souvenir pour qu’il ne l’oublie pas », ne la libérant qu’une fois le groupe revenu à la porte d’entrée. La voydove cessa heureusement de se comporter comme une enfant lors des adieux au couple, et ce fut avec la plus grande vigilance qu’ils repartirent en direction de la caserne, scrutant le moindre recoin sombre et comptant sur le sixième sens de la femme-poisson pour les prévenir au cas où un assaillant déboulerait soudain de nulle part.
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Une fois correctement installé dans son lit, sans la moindre personne à venir l’importuner, le clown de jade sombra au milieu du pays des songes. Assis devant la sépulture de ses frères d'armes magnifiquement décorés par des fleurs, le farceur pleurait à chaudes larmes étant donné que personne ne pouvait le voir. Il voulait tellement que cette matinée ne soit rien d'autre qu'un simple cauchemar, il savait pertinemment que cet incident ne serait jamais un simple mirage, mais une cruelle réalité montrant du doigt que tout pouvant être précieux pouvait être détruit en un instant.

À cause d'un misérable bâtard semant la mort sur son passage, un démon sans foi ni loi osant propager le chaos et la destruction, un être bafouant la mission honorable du farceur. Il devait rapidement être châtié par la colère implacable du joker désirant uniquement la paix et le sourire sur le visage des innocents. Cette créature infâme allait connaître dans un futur proche la définition même de la douleur et de la peur et, le fait d'être traquée telle une vulgaire proie par un chevalier du rire réclamant la peine capitale sur son âme. Sa condamnation sera des plus douloureuses.

Au levé du jour...

Joey se préparait dans sa chambre comme à son habitude, enfilant une tenue plus sobre en couleur, un costard pourpre, accompagnée avec classe d'un gilet vert sapin, optant en touche final une cravate de la même teinte, mais parsemé d'étoile sombre. Remettant en place sa chevelure de jade au millimètre près, il descendit les marches une fois avoir atteint la perfection, étonnant ses parents et sa jeune camarade par le simple fait qu'il n'avait pas remis son maquillage de clown, chose rare à voir dans l'enceinte familial. Son père et sa mère connaissant bien leur fiston, sentaient que quelque chose cloché chez lui.

Ils tentèrent de le questionner sur la situation, toutefois, ce dernier joua la carte du sourire en désirant passer à autre chose, mais son cœur tendre finira tout de même par avouer à tous que l'attaque d'hier avait fauché ses compagnons. Devant une nouvelle aussi tragique, ses parents se ruèrent sur leur fils, pleurant à chaudes larmes avec lui, Nora attendra son tour pour aider son protecteur à se ressaisir, avant de partir ensemble au fort de la marine, armé d'une ribambelle de choucroutes maison comme promis au moustachu. Une fois rentrée à l'intérieur du bâtiment hautement gardé, le clown arriva devant les troupes du commodore tous en rang et donna les friandises à la personne concernée. Effrayé par le mastodonte, Nora se cacha avec rapidité derrière son protecteur, claquant des dents à la vitesse de la lumière.

Joey : «Nora... Le commodore est une personne vraiment gentille, tu ne dois pas voir peur de lui, d’accord ?» Elle se calma légèrement grâce au tendre parole du clown. «D'ailleurs, j'aimerais vous informer que les funérailles se feront en début d'après midi.» Il mit ses bras derrière son dos. «Mes camardes étant tous des orphelins, personne ne réclamera leur corps, alors avec des membres de votre régiment, j'aimerais donner un enterrement digne, ici, avant de partir pour la mission à venir.» Il tourna son regard émeraude envers les soldats de la justice. «Je sais que je vous demande très certainement beaucoup commodore, mais sachez que je vous rendrai l'appareil un jour. Promesse de clown !» Il fera soudainement un grand écart à la surprise de tous, faisant rire certains soldats à cause la tête débile qu'il faisait parfaitement.
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« Merci de l’avoir aidé à penser à autre chose. » fit Zhihao une fois leur groupe sorti des petites ruelles sombres et de retour sur les grandes avenues, où la présence de patrouilles de leurs collègues diminuait les risques d’attaque. « Je m’excuse d’avoir joué les rabats-joie, ceci dit étais-tu obligée de te montrer si… crue ? »

« Ça a marché, non ? » répondit la voydove en inspectant une dernière fois les alentours avant de remettre ses falx dans leurs fourreaux, bientôt suivie par la kanokunienne qui rengaina son épée et le schwarzwaldien qui en fit de même pour son pistolet. « Quand on veut sortir quelqu’un de sa propre tête après un tel traumatisme, il ne faut pas faire dans la demi-mesure. »

« Un peu de légèreté était sans doute bienvenue, mais tu frôlais l’irrespect par moments. » souligna Hauptmann, se faisant l’avocat du diable.

« C’est lui qui a commencé – et oui, je sais de quoi ça a l’air quand je dis ça. Mais s’il avait trouvé ça inapproprié, il n’y serait pas allé de lui-même. »

Que répondre à ça ? Le trio laissa tomber le sujet et, n’ayant pas assez d’énergie à consacrer à une nouvelle conversation, le reste du voyage se passa dans le silence. Ce ne fut qu’en arrivant devant la caserne où les attendait la silhouette du lieutenant-colonel Mauser qu’ils reprirent la parole pour saluer leur supérieur et lui présenter leurs excuses.

« Bien, vous êtes revenus de vous-même. Encore un peu et j’aurais envoyé quelqu’un vous chercher. » les informa l’officier. D’accord, ils avaient bien fait de se montrer raisonnables en déclinant l’invitation des Wilson ; aucun d’eux n’avait envie d’écoper d’un blâme pour avoir abusé de la générosité du grand patron, pas même Vladescu.

« Si je peux me permettre, lieutenant-colonel ? » commença Hauptmann, attendant qu’un hochement de tête de l’officier lui donne la permission de terminer de poser sa question. « Pourquoi le Commodore a-t-il autorisé notre départ ? Je doute qu’une choucroute ait suffi à le persuader. »

C’était effectivement une bonne question, mais une à laquelle leur hiérarchie n’était pas tenue de donner une réponse. Mauser réfléchit néanmoins quelques secondes avant d’éclairer leur lanterne… partiellement en tout cas.

« Le Commodore a ses raisons. Ce que je peux vous dire, c’est que quand un agent du Cipher Pol a une requête, même personnelle, il vaut mieux y accéder tant qu’elle n’est pas excessive. Pour le reste, cela ne vous concerne pas ; sachez juste que Gustav von Falingen n’est pas un monstre, non plus. »

Il leur faudrait se satisfaire de cela. Les soldats saluèrent derechef leur supérieur puis entrèrent dans l’édifice, où ils espéraient pouvoir prendre une douche rapide et bénéficier de quelques heures d’un sommeil bien mérité avant de devoir se lever aux aurores. Ce n’était pas parce qu’ils s’étaient couchés plus tard que les autres qu’on les laisserait dormir plus longtemps : un tel traitement de faveur serait mauvais pour la discipline, a fortiori dans un contexte de mobilisation générale où chacun devait donner du sien, et où ils étaient censés donner l’exemple en tant que sous-officiers.

Ayant toujours cela à l’esprit le lendemain matin lorsqu’ils se préparèrent à retourner sur le terrain, ils ne furent pas surpris de voir l’attitude du Commodore se rigidifier lorsque le clown, accompagné de sa timide assistante, refit une apparition pour lui demander une nouvelle fois s’il pouvait emprunter ses subordonnés. Tandis qu’une poignée de militaires se joignait à l’hilarité subite du saltimbanque – en se demandant sans doute s’il n’avait pas un grain, pour ainsi se mettre à rire sans raison alors qu’il venait tout juste de parler de l’enterrement de ses camarades assassinés –, le mastodonte schwarzwaldien posa calmement la choucroute qui venait de lui être remise sur une table voisine, croisa les mains derrière son dos et attendit que le bruit cesse avant de livrer sa réponse.

« Herr Wilson, croyez bien que j’ai la plus grande compassion et le plus grand respect pour votre peine et pour la mémoire de vos compagnons, toutefois je dois vous rappeler que nous sommes toujours en plein milieu d’une opération de grande envergure : s’il est certes hautement probable que le responsable de cette tragédie ait déjà quitté l’île, nous ne pouvons tout de même pas arrêter les recherches après une seule journée. Chaque soldat compte, et c’est d’autant plus vrai pour les sous-officiers, avec leurs plus grandes aptitudes martiales. C’est particulièrement vrai pour le sergent-chef Meng, dont l’utilité ne se limite pas au combat. Je suis navré, mais je ne peux les dispenser de faire leur devoir, pas quand leur affectation a déjà été décidée. Du reste, ce n’est pas de mon ressort, mais de celui de ma hiérarchie, dont je ne fais qu’exécuter les ordres. »

Tout du long, la voix de l’officier supérieur resta posée mais ferme, sa posture droite et digne, rappelant à tous ceux qui l’auraient oublié qu’en dépit de ses propres bizarreries, ils avaient bel et bien affaire à un aristocrate en plus d’un militaire de carrière. Il avait peut-être consenti à un petit écart de conduite sans conséquences hier soir, après que ses subalternes aient déjà terminé leur travail et au nom de la décence la plus basique ainsi que des bonnes relations inter-services, mais cette dernière requête poussait le bouchon un peu trop loin.


Dernière édition par Meng Zhihao le Mer 23 Oct 2024 - 12:18, édité 1 fois
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Le clown de jade s'attendait sans aucune surprise à un refus de la part du commodore. Pousser le bouchon trop loin pouvait à force se retourner contre sa personne, surtout quand les hauts gradés jouaient la carte de la sécurité dans des circonstances aussi problématiques. Parler de ce sujet à un supérieur pensant uniquement à sa réputation serait une perte drastique de temps et le joker ne voulait pas s'adresser à un misérable gratte papier. Il baissa tout de même la tête par amertume devant la nouvelle, prit une grande inspiration et d'un air songeur, continua sa route en donnant une petite tape amicale sur l'épaule massive du commodore. Et de sa voix douce et mélodieuse, il annonça comme parole au moustachu avec un sourire enfantin :

Joey : «Merci pour votre franchise, Commodore... Au moins, vous savez dire non à un clown.» Main dans les poches, il marcha le long de la ligne d’infanterie, inspectant minutieusement chacun des soldats aux peignes fin, voir si tous faisaient preuve de rigueur sur la propreté au sein du régiment. «Soldats ! Je sais que votre journée d'hier a dû être épuisante et je tenais à tous vous remercier d'avoir tenu le coup, ma ville natale est parfois remplie de surprise peu sympathique à notre égard...» Il trouva un élément perturbateur, un pauvre homme avec un dernier cheveu sur le haut du crâne, un survivant d'une guerre capillaire. Le pauvre gusse sentira ce dernier fragment de cheveux être saisi farouchement au plus grand plaisir du clown. «Désolé mon pote, mais je devais rectifier ce problème, vous êtes maintenant plus présentable.» Il continua son inspection, suivit de près par son acolyte pétocharde. «Je pense avoir tout dit... Enfin... je pense être tombé sur un problème de taille...» Le farceur s’arrêta comme un piqué devant un deuxième nigaud agissant bizarrement, cet idiot essayait à sa manière de cacher de la nourriture à l'intérieur de son armure. «Nous avons ici une vilaine petite souris, attendez un peu...» Sans le prévenir, le clown le secoua dans tous les sens avec force, faisant tomber petit à petit la réserve cachée de bouffe de ce vilain garnement. «Commodore... Je ne savais pas que vos soldats mangeaient si peu ? Ou votre homme à un problème sur la nourriture ? Je vous laisse voir ça avec lui...» Il s’arrêta désormais devant le trio ayant mangé chez lui. «Tiens, tiens, tiens... j'ai devant moi, les chanceux ayant mangé le gâteau succulent de ma mère...» Il inspecta la femme poisson, irréprochable, pareil pour Hauptman et en ce qui concerne Vladescu, il s'amusa à juste remettre correctement en place une mèche rebelle de la belle demoiselle. «Vous êtes à présent impeccable, je vous préfère ainsi.» Taquina le joker en revenant à côté du supérieur en chef. «Je pense avoir fait le tour, bonne journée à vous tous.»

Le pitre prit la direction du bâtiment principal, de la morgue pour être plus précis, histoire de préparer convenablement ses défunts amis à leur dernier voyage en direction du cimetière.


Dernière édition par Joey Wilson le Mer 23 Oct 2024 - 18:02, édité 1 fois
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