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Condoléances et chasse à l'homme

Rappel du premier message :

HRP : suite de ce rp : Une perte tragique pour le clown de jade


« Allez, on s’active ! Schnell, schnell ! »

Houspillés par leurs officiers, les hommes de la 28ème endossèrent leur équipement et se répartirent en groupes sur le pont du Himmelhorn, alors que le cuirassé voguait toutes voiles dehors vers Logue Town. À quelques encablures, le reste de la flotte était au milieu de ses propres préparatifs. Nul doute que des échanges escargophoniques fiévreux avaient lieu entre les bâtiments car, au bout de quelques minutes et obéissant à un signal invisible, ceux-ci quittèrent la formation dans laquelle ils voyageaient jusqu’à présent, adoptant de nouvelles trajectoires qui leur permettraient de se joindre aux autres navires de guerre encerclant l’île.

Pourquoi tant d’agitation, et pourquoi la 28ème, qui n’était que de passage à East Blue, se pressait-elle vers une ville pourtant déjà fort bien pourvue en Marines ? Cela, les soldats et sous-officiers l’ignoraient encore. Ils savaient seulement qu’un message urgent avait été envoyé à la flotte la plus proche, réclamant des renforts, mais au-delà de cela les gradés avaient conservé leur mutisme. Ils ne devraient toutefois plus tarder à recevoir une explication, maintenant que leur destination était en vue.

« Gaaaaaaaaarde à vous ! »

Les militaires s’exécutèrent instantanément, mus par un réflexe bien ancré, et furent rapidement passés en revue par le Commandant Gunther. Son regard s’attarda un instant sur Zhihao, un bref mouvement au coin de ses lèvres trahissant sa lutte pour ne pas prendre un air pincé, puis il prit la parole.

« Repos. » intima-t-il, laissant le temps à ses subordonnés de prendre une posture moins guindée avant de poursuivre. « Je suis sûr que vous vous demandez tous ce que nous faisons ici ; soyez contents, votre curiosité est sur le point d’être satisfaite. Nos collègues de Logue Town nous ont ordonné de garder le silence jusqu’ici pour éviter que la nouvelle ne s’ébruite trop tôt, mais ils ont fait appel à nous pour que nous prêtions notre concours à une grande chasse à l’homme. En effet, un massacre a récemment été commis en plein jour, en plein milieu de la ville : une quinzaine de civils y ont perdu la vie… ainsi que trois agents du Cipher Pol. L’identité du coupable reste inconnue, cependant les éléments à notre disposition laissent penser qu’une seule personne est responsable de cette tuerie. J’imagine que vous saisissez tous la gravité de cette situation ? »

Les soldats de la 28ème étaient trop disciplinés pour que des éclats de voix se mettent à retentir, mais il s’en fallut de peu. En dépit de son association avec le soi-disant « Seigneur des Pirates », ou peut-être précisément à cause de cette association, Logue Town était connue comme l’un des symboles de la puissance du Gouvernement Mondial. Il s’agissait sans doute de la ville la plus sûre de tout East Blue, et ce malgré le nombre de pirates qui y venaient en pèlerinage avant de se diriger vers Reverse Mountain : la garnison locale veillait au grain, appuyée par une présence permanente de la Marine d’Élite. Dire que quelqu’un était parvenu à y commettre un crime d’une telle ampleur, allant jusqu’à occire un trio de redoutables combattants au service du Gouvernement, le tout au nez et à la barbe des autorités… pas étonnant qu’ils aient déployé des moyens aussi importants pour l’appréhender.

« N’y allons pas par quatre chemins, les autorités locales veulent la tête du coupable au bout d’une pique, le plus vite possible. C’est pourquoi la 14ème, la 87ème et le 102ème régiment d’élite ont d’ores et déjà été mobilisés. Vous serez répartis en groupes qui, en fonction de vos compétences respectives, se joindront aux recherches ou maintiendront un cordon de sécurité autour de la ville. Aucun navire ne rentrera ou ne sortira du port sans être passé au peigne fin, les rues de la ville seront quadrillées, et l’intérieur des terres sera ratissé. Nous traquerons ce meurtrier jusque dans les chiottes s’il le faut, c’est bien compris ?! »

Un « Oui, mon Commandant ! » tonitruant fut leur réaction à ce soudain accès de grossièreté accompagné d’un haussement de la voix de leur supérieur. Quelques instants plus tard, comme s’il avait fait exprès d’attendre la fin du discours, le Commodore, flanqué du reste des pontes du Himmelhorn, fit son apparition sur le pont et posa une main sur l’épaule de son subalterne.

« Vous avez vos ordres. Préparez-vous au débarquement, gardez l’œil ouvert, et ne jouez pas les héros : si notre assassin a pu venir à bout de trois utilisateurs du Rokushiki, il est hors de portée de simples soldats. Si vous tombez dessus, signalez sa position, ralentissez-le et collez-lui aux basques jusqu’à ce qu’un officier arrive et que Justice soit faite. »

Un salut collectif fut la réponse à ces paroles, mais l’effet fut quelque peu gâché lorsque le colosse moustachu raffermit sa prise sur le Commandant, et d’un leste mouvement du bras, le jeta en l’air pour le faire atterrir sur son propre dos, auquel l’homme se raccrocha par réflexe en émettant un cri de protestation. Puis, le Commodore fit signe de la main aux autres officiers.

« Allez, montez aussi, je m’occupe du transport. »

« C-Commodore ! Ce n’est pas convenable, le protocole – ! »

« Au diable le protocole. Le Colonel veut nous voir tout de suite, il a dit – et je cite, même si je vous épargne son ton impérieux – qu’il n’y avait « pas une seconde à perdre », alors je prends le chemin le plus court au lieu de perdre du temps à attendre de débarquer et de rejoindre la base normalement. »

« Ce n'est pas lui qui commande, il n’a pas à vous parler ainsi ! »

« Je sais. » termina von Falingen, avec l’un de ces sourires de mauvais augure dont il avait le secret. Ah, il comptait délibérément se donner en spectacle pour mettre l’autre galonné dans le pétrin. Il ne se serait pas comporté ainsi si l’instruction émanait d’un membre de l’Amirauté mais, subordonné au chef de la garnison de Logue Town ou non, ce fameux Colonel était censé être plus bas dans la hiérarchie et ne pouvait donc que lui transmettre les ordres de ses supérieurs, pas en donner lui-même. Surtout s’il l’avait fait en manquant de respect au Commodore.

Comprenant que leur seule option était de se résigner à leur sort, les officiers se cramponnèrent à leur grand patron, les plus chanceux profitant de sa large et haute stature pour s’installer dans son dos, tandis que les autres furent forcés de prendre place entre ses bras, pressés contre ses muscles saillants. Plus d’un soldat dut se faire violence pour ne pas rire en voyant leurs mines déconfites.

« Allez, c’est parti ! » déclara finalement leur supérieur en s’accroupissant, puis en s’élevant plus haut que les mâts du navire d’un saut surhumain. Un Geppou pour changer de direction, et il se propulsa vers la ville, prenant de l’avance sur sa propre flotte.

« On pense avoir tout vu, et puis le Commodore nous sort un truc comme ça... » marmonna un péon anonyme. La femme-poisson était d’accord, mais elle n’en montra rien en recevant du lieutenant laissé derrière ses consignes pour ce déploiement.


Dernière édition par Meng Zhihao le Mer 23 Oct 2024 - 10:25, édité 5 fois
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La femme-poisson ne voyait pas ce que la capacité à dire non à un clown avait de spécial – ou même la promesse d’un clown à vrai dire –, et apparemment le Commodore non plus, à en juger par le regard interloqué qu’il échangea avec Mauser et Gunther. Les soldats de la 28ème auraient bien voulu pouvoir se remettre en mouvement, sauf que Wilson insista pour se lancer dans un sketch en se livrant à une parodie d’inspection, laquelle poussa le colosse moustachu à lever les yeux au ciel dans son dos et à faire signe à ses hommes de le laisser faire, même si tous comprirent qu’ils devraient mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu.

L’homme du Cipher Pol avait une drôle de manière de remercier les militaires, en tout cas. Stanislavski avait l’air au bord des larmes après la perte de son dernier poil sur le caillou – ce n’était pas comme si cette incongruité dérangeait qui que ce soit vu qu’il portait normalement sa casquette –, et Kowalczyk irrité une fois dépouillé de sa nourriture, même si la main d'un camarade posée sur son épaule le dissuada de protester. Von Falingen semblait sur le point d’intervenir lorsque l’agent secret mit fin à ses singeries et s’en alla après avoir salué le trio de sous-officiers. Il le regarda partir les bras croisés mais s’abstint de commenter : si Wilson ne faisait pas partie de leur chaîne de commandement et n’avait à ce titre pas l’autorité pour faire ce qu’il venait de faire, cela marchait également dans l’autre sens et le géant schwarzwaldien pouvait difficilement réprimander un membre d’une autre organisation.

Cela n’empêcha pas Zhihao, Hauptmann et Vladescu de se retrouver au centre d’une attention dont ils se seraient bien passés. Mais ils étaient eux aussi militaires, et s’efforcèrent donc de faire bonne figure là où d’autres se seraient recroquevillés sous le poids des regards.

« Nous sommes désolés pour ça. » fit Hauptmann après cet embarrassant épisode, mais le Commodore balaya ses excuses d’un revers de la main négligent.

« Ne demandez pas pardon à sa place, ce n’est pas votre faute. Maintenant assez tardé, au travail tout le monde ! »

Les soldats saluèrent et sortirent de la caserne en quatrième vitesse, se dépêchant de rejoindre les collègues qui avaient patrouillé toute la nuit et devaient commencer à se demander où était la relève. Les trois sous-officiers rejoignirent leurs propres subordonnés et se dirigèrent vers le secteur qui leur avait été assigné ; leurs hommes conservèrent un silence de bon aloi, néanmoins il n’en fut pas toujours de même des autres groupes cheminant à leurs côtés. Ils eurent ainsi droit à plus d’un commentaire au sujet du fameux gâteau au chocolat, mais les endurèrent avec grâce. Après tout, ils savaient que leurs confrères ne leur en voulaient pas sérieusement : la 28ème était une force soudée, et il en faudrait plus que ça pour perturber leur esprit de corps. Ce n’était pas non plus comme si les autres n’avaient jamais commis de bourdes ou ne s’étaient jamais ridiculisés suite à un incident ou un autre, eux aussi avaient été la cible des moqueries de leurs camarades. Enfin, certains de leurs camarades : Vladescu ne se privait pas de chambrer les collègues, alors que Zhihao y était plus réticente. Quoi qu’il en soit, la plupart apprenaient à rire de leurs propres mésaventures avec le temps, car l’autodérision rendait la vie dans la Marine plus supportable.

« J’irai voir les tombes ce soir, après le service. » annonça la kanokunienne. « Je ne demanderai pas aux autres d’en faire de même par contre, c’est encore un peu tôt pour ça. »

« Sage décision. » opina Hauptmann.

« Tu crois qu’on trouvera un fleuriste ouvert, pour une couronne funéraire ? » s’enquit Vladescu.

« Je ne crois pas. Ça fait un peu cliché et impersonnel de toute façon, et je suis sûre que leur hiérarchie a déjà dû arranger quelque chose. »

Cette question étant réglée, il ne leur restait plus qu’à se concentrer sur leur tâche, car Logue Town n’allait pas se perquisitionner et re-perquisitionner toute seule. Ils n’en auraient sans doute pas terminé aujourd’hui, ni même demain ou après-demain… mais si les résultats escomptés échouaient toujours à se matérialiser, il faudrait bien tôt ou tard que les pontes se rendent à l’évidence. De toute façon, la 28ème ne pouvait pas rester éternellement ici, ce n’était qu’une question de temps avant qu’une autre urgence ne requière leur présence ailleurs. Bien sûr, aucun d’eux ne prierait pour le malheur des autres, simplement dans le but de recevoir une nouvelle affectation… mais lorsque cela finirait inévitablement par arriver, ils ne seraient pas fâchés de laisser cette île derrière eux.
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Une fois à l'intérieur de la pièce funéraire, le clown de jade se dressa fièrement devant les trois cercueils de ses défunts amis. Assisté par la froussarde lors de cette épreuve pénible, le farceur arriva à contenir de justesse ses larmes et posa son regard émeraude durant un long moment sur le visage encore à découvert des camarades déchus. Tous avaient reçu le soin professionnel du croque-mort, chacun d'eux semblait en paix, apaisé du lourd fardeau de la vie, comme endormi à jamais de la lueur de ce monde.

Ils portaient en dernier voyage un costume d'une classe absolue, de vrais gentlemans pouvant désormais se pavaner parmi les anges au milieu des étoiles. Le joker souriait déjà en voyant la scène, ces trois idiots seraient bien capables de se faire virer à coup de pieds aux miches des portes du paradis avec une sacrée gueule de bois à la clé. Mais le comique se verra convier par le maître des lieux à sortir et attendre le cortège en fin de matinée pour l'ouverture de la cérémonie funeste. Une demande aussitôt acceptée par le duo, afin de finalement laisser le soleil continuer son chemin.

Début d'après-midi…

En tête du peloton, le clown achemina les soldats portant les cercueils en direction du cimetière, un endroit réservé aux combattants de la justice, une zone bien arborée, parfaite pour amener les âmes des défunts au repos éternel. Accompagné par ses parents et sa coéquipière, un prêtre mena un noble discours sur chacun des agents tombés au combat, à ce moment précis, certains soldats commencèrent à lentement faire descendre les coffrages en bois sous la terre et avec des pelles, à reboucher le trou de façon à finir leur pénible tâche. Lorsque les fleurs furent déposées sur le socle des pierres tombales, le joker fit un pas en avant et annonça à vive voix envers sa famille et à ses amis enterrés un discours solennel :

Joey : «Je tiens à remercier tous ceux ici présents. Je suis touché et heureux de voir que ma famille me soutienne dans un moment aussi difficile.» Il prit délicatement trois roses blanches des mains de sa mère. «J'ai perdu trois amis, trois frères d'armes avec qui nous rêvions de rendre ce monde meilleur, mais un horrible individu à tout gâché...» Il déposa à son tour une splendide rose bien spécifiquement debout contre le muret de la stèle. «Mes amis, je sais que vous me regardez depuis les cieux ! Et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour attraper votre assassin... Et je vous promets de rester le soleil que vous avez connu... Bradley... Gary... Chris... Adieu mes amis...» Le cœur écrasé par l'amertume, il tourna le dos à tout le monde et quitta les lieux en larmes, partant en direction de la prochaine tâche à accomplir, une mission devant à tout prix devenir une réussite...
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