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La Bureaucratie de Tsor [FB 1623]

"Ne vous laissez pas avoir par leur air apathique et leur manque d'imagination quasi-institutionnalisée. Ces mecs sont des vrais tordus. Et pas en angle droit, c'est moi qui vous l'dit."

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On ne peut pas dire que que l'île de Tsor soit un paradis adulé des touristes. Ni de la Marine. Ni des Pirates. Ni de la Révolution. En fait personne ne l'aime. Non pas que tout le monde la déteste pour autant. C'est juste qu'elle existe. Les étrangers savent plus ou moins qu'il y a un pays là bas, avec des gens qui y vivent, une armée qui la garde, des marchands qui y font des profits, peut-être même qu'il y a des animaux. Et tout le monde s'en fou. Et pour cause, le principal (et unique) produit d'exportation de Tsor c'est son ennuyeuse, sa rampante, sa jusqu'au-boutiste, son inexorable Bureaucratie. Il y a toujours eu des bureaucrates à Tsor: lorsque l'homme avait encore plus de poils que de cervelle les habitants gravaient déjà des rapports dans les cavernes de l'île. Puis sur des tablettes d'argiles lorsqu'ils se sont rendu compte que des gravures c'est pas facile à envoyer par recommandé. Puis sur du papier quand les postier se sont plein des douleurs au dos. Et ils n'écrivent que des choses administratives. Ne cherchez nul artiste sur cette île, ce qui se rapproche le plus d'un poème dans le pays c'est un mémo sur la forme asymétrique des desserts de la cantine. La seule forme d'art acceptée (et envisagée) c'est la Bureaucratie: créations nouvelles divisions chargées de nouvelles tâches, restructuration, rapports, comptage, re-rapports, re-comptages, carriérisme exacerbé et, globalement, un ennui mortel. Pour ça ils sont méga-balèses.

Et pourtant le pays a sû se développer de manière exponentielle, s'offrant même le luxe de ne jamais avoir été en guerre durant sa longue et inintéressante histoire. Et pour cause: les pays voisins ont toujours été très heureux de sous-traiter chez eux leur administration fiscale, la comptabilité et autre gestion d'avoir sociaux en contrepartie d'une bienvaillante protection. Il faut dire que les Tsoriens sont excellent dans ce rôle, d'une méticulosité à toute épreuve (et qui fait parfois un peu peur) même si l'efficacité laisse toujours un peu à désirer. Cette "industrie" c'est développée à un tel point que toute l'île n'est plus qu'un immense bureau à ciel ouvert, au service quasi exclusif du Gouvernement Mondial qui lui laisse gérer une bonne partie de sa paperasse. L'île dispose en conséquence d'une garnison de la Marine, mais ils refusent généralement de sortir de leur caserne à cause de tous les papiers à remplir. On dit même qu'une bonne partie est devenue dingue à cause de l'étrange atmosphère qui règne dans le coin, un mélange de fadeur et de gris teinté de dépression nerveuse. Le plus gros de la sécurité est donc sous la houlette du Grand Administrateur actuel, monsieur Ridculle, et de sa petite armée de Questionneurs. Le GA et les administrations principales se trouvent dans la Pyramide de Tsor, une pyramide titanesque qui renferme...hé bien...des bureaux quoi. Habités par des légions de secrétaires, des cohortes de comptables et quelques troupeaux d'archivistes binoclards. L'intérieur est un vrai labyrinthe, et le sous-sol s'enfonce profondément sous terre. Et les Tsoriens n'arrêtent pas de creuser: la paperasse n'arrête pas de s'accumuler et il faut bien trouver une place pour la ranger. Même dans ce pays l'Ennui arrive à progresser un peu plus chaque jour.

Vous comprenez maintenant pourquoi personne ne veut y aller ?
Et pourtant...quelqu'un y va. Plutôt de force que de gré.

Une message a été envoyé au service des enquêtes internes du Gouvernement Mondial, mentionnant la perte inexpliquée de 100.000 trombonnes. Un trombonne, passe encore, mais 100.000 c'est vrai que c'est intéressant. Enfin pas vraiment en fait. Intriguant à la limite. C'est pour ça qu'on a envoyé une Mandataire pour auditer la Pyramide à ce sujet. Une mandataire, c'est une espèce de femme à tout faire située juste en dessous de la secrétaire. Le genre dont on arrive jamais à se rappeler le nom, même si on sait qu'elle est plus ou moins à l'origine du café qu'on est entrain de déguster. Elle doit sûrement s'appeler Maria ou Fred. Sûrement.
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Voilà qui aurait pu être pire. Bien pire. Heureusement qu'aucun de nos "collègues" des affaires internes ne sait que "trombonne" est un nom de code. Si seulement ils arrivaient à vraiment savoir...ça ça alerterait le Gouvernement. Et ce n'est pas ce que nous voulons, non non non. Mais bon, il faut bien prendre des risques. Pour le Projet. Ni vu ni connu. Ou quasiment.

La Pyramide se trouvait le long de la côté de l'île et abritait un vaste port intérieur, dont la principale fonction est de transvaser des papiers dans un sens ou dans l'autre. C'est là, sur un vieux quai en bois, que l'Administrateur Délégué Loostick attend l'envoyée venu vérifier les dires d'un anonyme informateur. Lequel est dors et déjà mort, cela va de soit. Mais l’ennui avec le métier du classement et du renseignement c’est que toute information est gardée. Derrière des portes vermoulues, sous une épaisse couche de poussière, dévorées par des rats mais elle est là. Toujours là. Aucun Administrateur digne de ce nom ne détruirait des documents comme ceux-ci, mais si ils peuvent le faire tomber pour faux en écriture et le faire envoyer directement par Impel Down sans passer par la case "Tribunal". En fait c’est une question de principe. Non, de logique. Ne rien perdre. Tout collecter. Tout ranger. Le GA y tient plus que tout. Et si l’information existe…elle peut être découverte. C’est ennuyeux.

Tromper la vigilance de ce petit rat qui vient fouiner dans MON administration ne devrait pas être si difficile. Un petit tour en compta, on lui montre les chiffres, on lui dit qu'on ne comprend pas ces accusations et que tout est toujours là. Oui oui oui rien de plus simple. Elle fera semblant de comprendre, posera quelques questions idiotes puis s'en ira, comme tous les autres. Et sinon...ben...il y a toujours des solutions...administratives

Les multiples tentacules sur le visage de Loostick s'agitèrent. Il n'est pas très bon en parlote. Ni en mensonge. Il a beau être un homme-poisson de type pieuvre comme tout bon Tsorien il aime mieux l'encre et le papier. Il doit faire une impression bizarre pour les personnes qui l'observent depuis le navire de la Marine qui s'apprête à accoster. Un gros fruit de mer en costard ça ne se voit pas tous les jours.


Dernière édition par PNJ Requiem le Ven 9 Déc 2011 - 23:10, édité 1 fois
    "Enquêter sur des trombones ? Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Tout le monde s'en fout."


    Il n'avait pas volé le regard noir que Pénélope lui jeta. Oser critiquer les fournitures scolaires était un acte de blasphème impardonnable aux yeux de la jeune femme. Elle nota d'ailleurs mentalement son nom pour se souvenir de lui rendre la monnaie de la pièce, d'autant plus qu'il la traita de sale folle quand il vit son expression de franche haine.


    Cette remarque, comme le découvrit plus tard la secrétaire, était en rapport avec une mission arrivée récemment au bureau. Il s'agissait d'effectuer une recherche sur la disparition d'un stock de trombones dans une des îles de North Blue. Aux yeux du profane, cette assignation avait tout du suicide professionnel ; Tsor était réputée pour la tortuosité de son administration ce qui rendait difficile d'y faire quoi que ce soit. Bien qu'elle ne fusse pas friande de l'obscurantisme dans la gestion, elle considérait ce pays comme une utopie : vouer toute sa vie à la noble tâche d'orchestrer le monde. Si elle était en charge, elle mettrait un bon coup de balai dans l'équipe et dans la tête du responsable pour le foutoir que c'était ; elle voyait l'administration comme un outil sans cesse perfectible et non cercle vicieux où les gens tournaient en rond pour ne rien faire. Pour l'instant, elle tentait de ne pas avoir d'opinion préétablie.


    Comme tout le monde regardait ce dossier avec désintérêt, il s'était retrouvé dans la pile "missions non-prioritaires" ce qui équivalait grosso-modo à "si quelqu'un est assigné à faire ça, je veux bien me carrer une pastèque entière dans le rectum" dixit le secrétaire de direction.


    Que ne fut-elle pas sa surprise quand son chef décida de compter cette mission comme examen de passage pour la promotion de l'agent Solète ; il voulait vraiment se débarrasser d'elle au plus vite. Le secrétaire lui attribua donc ses autorisations avant d'appeler à l'épicerie.


    Le voyage fut tout aussi monotone que l'arrivée. Les périples maritimes n'intéressaient pas la bureaucrate, elle n'avait d'ailleurs pas jeté un seul coup d'oeil à la mer puisqu'elle consacra le trajet à faire parler Mr Colle, un être qu'elle jugeait vaguement taciturne et renfermé sur lui-même. Il ne lui dit pas un seul mot, mais elle le vit la regarder une ou deux fois de biais, c'était déjà une sorte de victoire.


    Elle fut forcée d'abandonner cette prise de contact quand elle fut prévenue de la fin de la traversée, une sorte de cloche qui résonnait dans toute l'embarcation. Elle aurait pu apprécier le ballet harmonieux des marins qui, d'une traction sur une corde ou d'une tension sur un carré de tissu, pouvaient faire traverser la mer à un mastodonte de plus de dix tonnes. Ces voix rauques et virils qui lançaient des ordres secs, ces tapes sur l'épaule qui témoignaient de la camaraderie et de l'union. Peu de gens pouvaient rester insensible devant une telle harmonie des corps, des hommes qui, en effectuant des tâches rodés, réalisaient le divin spectacle de la communion de leurs âmes. Pénélope faisait partie de cette catégorie et descendit en se fichant magistralement des soldats de la marine.


    Elle posa les pieds sur la terre sainte et regarda intensément la ville, le port était le siège d'une activité importante, mais elle ne voyait nul scribe. Elle huma l'air croyant pouvoir déceler l'odeur du papier vieilli et de l'encre millésimée. Elle fut déçue de ne rien sentir. Enfin, elle aperçut l'homme-pieuvre qui devait l'accueillir ; il avait l'air ficelé dans son costume. Si elle voulait le décrire en un mot, elle aurait dit : pourpre, mais, comme elle n'était pas en déficit vocabulaire, elle put rajouter : ridicule et intrigant.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t3228-penelope-solete-agent-du-g
    • https://www.onepiece-requiem.net/t3171-penelope-solete-secretaire-en-attente-de-validation-3-4
    Loostick renifla par ce qui lui servait de narines. Une humaine selon toute vraissemblance. Pas très costaude, ni très grande, ni très jolie. Une Pas Grand Chose. Elle n'avait pas l'air très alerte non-plus. Il faut dire que les goûts de l'Administrateur délégué sont très spécifiques: si une femme n'a pas d'écaille et au moins quatre bras elle ne vaut vraiment pas la peine qu'on se retourne après l'avoir croisée dans une ruelle, même avec un excellent éclairage. Ne serait-ce que d'un point de vue strictement logique les humaines sont fondamentalement moches, avec leur peau rose, leurs poils sur la tête et leur corp tout mou. D'après certains de ses congénères elles ont parcontre bon goût, il était obligé de les croire sur parole vu que la cantine refusait de servir autre chose qu'un repas purement diététique à base de purée verte, de saucisses grises et de légumes bleus. Parfois les couleurs changeaient, mais pas les plats. Si on commence à insérer trop de changement dans la nourriture ça insérerait de drôle d'idées dans les ptites têtes des citoyens-employés de Tsor. N'empêche il en croquerait bien un petit morceau. Vite fait bien fait. Personne ne verrait rien. Peut-être qu'en négociant bien avec le GA il pourrait recevoir une autorisation officieuse, à titre de "rémunération en nature" sans doute. Enfin... si la petite faisait l'erreur de bien faire son travail, ce qui n'arrivera pas. Il avait été très consciencieux dans cette affaire: elle ne trouvera rien.

    Ou beaucoup trop

    Ou des informations erronées

    Ha, l'efficacité est parfois un tel fardeau...Adieu, petite friandise....

    La jeune fille emprunta la passerelle reliant le quai au bateau. Toute seule. Voilà qui s'annonçait encore plus facile que prévu pour Loostick, une équipe d'enquêteur c'est toujours très éprouvant à gérer quand a huit tentacules mais seulement deux yeux. Il y a un mois ça a avait été tellement bordel qu'une équipe entière a dûe être déclarée "perdue sur le chemin du retour". Une nouvelle pile de paperasse dans un pays qui en compte des montagnes entière. L'enquêtrice arriva sur le sol Tsorien. La mandataire se corrigea Loostick. Un genre de consultant qui est tellement bas dans la pyramide hiérarchique qu'il faut une pelle pour aller les chercher. Non, décidément, ça ne posera aucune problème. Tant mieux, il a encore du boulot qui l'attend dans son bureau. Il s'avança vers Pénélope et la dévisagea depuis le sommet de ses trois mètres de smoking. Il prit un air aussi affable que possible:

    Madame, monsieur, c'est avec joie que nous accueillons une nouvelle fois nos très chers collègues du Bureau des Affaires Internes. Je vous prie de croire, madame, monsieur, que l'ensemble de notre personnel se tiendra à votre disposition pour que vous puissiez mener à bien la bienveillante mission pour laquelle vous avez été mandatée sur notre territoire. Dans la limite des disponibilités et des clauses de confidentialité que nous impose pour le Gouvernement Mondial, cela va de soi. Permettez-moi de me présenter: Administrateur Délégué Loostick Octopoulpe, si cela vous sied je serai votre guide dans nos installations. Nous, le gouvernement de Tsor incarné par moi-même, vous proposons de commencer par notre section comptabilité, qui vous montrera sans aucune doute possible qu'il doit s'agir d'un erreur ou d'une déclaration malveillante à notre égare. Ou peut-être, si vous avez déjà une idée précise déjà acquise durant votre enquête, voudriez-vous aller directement aux archives voir les documents officiels ? Nous vous rappelons cependant qu'une collation est à votre disposition après ce voyage que nous devinons éreintant. Quelque soit votre choix veillez nous en informer et nous tenterons de satisfaire au mieux votre demande. Veuillez agréer, madame, monsieur, l'expression de nos meilleurs sentiments.

    Ce discours aussi fade qu'insipide fut déclarer sur un ton monocorde, ennuyeux, à la limite du supportable. Loostick débitait ce texte depuis tellement longtemps qu'il n'avait même plus à y réfléchir: son cerveau prenait le café pendant que sa bouche faisait tout le boulot. La déléguation de tâche ça s'appel. Un concept assez nouveau sur cette île, mais le Délégué était un avant-gardiste dans son genre. Il attendit poliment une réponse qui s'annonçait assez prévisible. Les ronds-de-jambe c'est un peu comme une pièce de théâtre constamment rejouée à part la ponctuation qu'on change de temps en temps. D'un rassurant ennui.
      Pendant les quelques secondes qui suivirent son débarquement, Pénélope Solète prit la peine de confirmer la mauvaise impression que lui laissa l'homme-poulpe. Elle avait été élevée dans un univers où les hommes-poisson se cachaient dans les placards pour enlever les mômes afin de les gober. La méfiance la mena vers la peur et la peur vers la colère et puis la colère vers la haine pour enfin basculer dans le côté obscur des relations socio-culturels : le racisme. Cela dit, elle refusait, comme tout raciste, d'admettre qu'il y avait de la ségrégation dans son comportement. Elle mettait en branle une raisonnement logique aussi solide qu'un château de cartes, mais convainquant pour sa petite personne. Afin de régler ce dilemme moral, l'hybride eut l'amabilité de la renforcer dans son dégoût en se mettant à renifler à son approche.


      *S'il fait mine de marquer son territoire, je lui dévisse le cou et tant pis pour les mondanités.*


      Fort heureusement, il respecta une distance acceptable avec elle avant de débiter un discours d'une voix monocorde et la secrétaire en profita pour le détailler malgré sa répugnance, ça pourrait servir le cas échéant. Il avait un corps qui laissait sourdre une impression de puissance tant par sa taille impressionnante que par la largeur de ses épaules et la vivacité de ses membres. Il se tenait debout et laissait voir quatre paires de pattes ponctuées de ventouses ignominieusement sonores par effet de succion. Sa peau pourpre et luisante complétait le tableau et mettait indéniablement mal à l'aise la jeune femme qui espérait avoir affaire le moins possible à cette chose. Elle écouta d'ailleurs consciencieusement ce qu'il lui disait en espérant y trouver l'occasion de le bouter en dehors de son champ d'action.


      "Madame, monsieur, c'est avec joie que nous accueillons une nouvelle fois nos très chers collègues du Bureau des Affaires Internes.*


      *Je le sens d'ici que tu transpires mon salaud et c'n'est pas la joie.*


      "Je vous prie de croire, madame, monsieur, que l'ensemble de notre personnel se tiendra à votre disposition pour que vous puissiez mener à bien la bienveillante mission pour laquelle vous avez été mandatée sur notre territoire. "


      *Ce qui attend les traîtres, c'est une mort lente et douloureuse, mais je ferai en sorte que ce soit une torture bienveillante, histoire de marquer le coup.*


      "Dans la limite des disponibilités et des clauses de confidentialité que nous impose le Gouvernement Mondial, cela va de soi. Permettez-moi de me présenter : Administrateur Délégué Loostick Octopoulpe, si cela vous sied je serai votre guide dans nos installations."


      *Cela ne me sied pas, mais on y viendra.*


      "Nous, le gouvernement de Tsor incarné par moi-même, vous proposons de commencer par notre section comptabilité, qui vous montrera sans aucun doute possible qu'il doit s'agir d'une erreur ou d'une déclaration malveillante à notre égard."


      *Tu incarnes tout un gouvernement ? Mais c'est une bonne nouvelle ça. Je te croyais représentant.*


      "Ou peut-être, si vous avez déjà une idée précise déjà acquise durant votre enquête, voudriez-vous aller directement aux archives voir les documents officiels ? Nous vous rappelons cependant qu'une collation est à votre disposition après ce voyage que nous devinons éreintant."


      *Je crois que je viens de perdre l'appétit alors une autre fois peut-être ?*


      "Quel que soit votre choix veillez nous en informer et nous tenterons de satisfaire au mieux votre demande. Veuillez agréer, madame, monsieur, l'expression de nos meilleurs sentiments."


      *Je vais t'agréer mon pied dans les parties, à la première occasion.*


      Pour Pénélope, c'était une situation délicate. Elle n'était pas rompue à ce registre de langue et fit appel à Rapporteur. Celui-ci arriva, précédé de sa bedaine, papillotant à l'idée de se rendre utile. Elle eut cette conversation avec lui en aparté :


      "- Je parle et tu répètes après moi : Je me présente, je suis mandataire du gouvernement assignée à une enquête sur l'île de Tsor. Je m'appelle Pénélope Solète et je vous présente, ci-joint, mes autorisations.
      - Je ne vais pas dire ci-joint, hors de question.
      - Tu ne peux pas faire une conversation officielle sans dire ce mot, voyons. C'est comme si tu traçais des lignes sans règle ou écrivait un rapport avec un crayon.
      - C'est si grave que ça ?
      - Évidemment, pourtant tu l'écris bien dans les papiers officiels.
      - Ouais, mais à l'oral ça fait couillonne.
      - On surveille son langage mademoiselle, sinon je prends congé.
      - D'accord, allez, enquille.
      - Je vous saurais gré de me servir de guide.
      - Non, là tu déconnes complètement.
      - Si c'est ainsi je m'en vais.
      - Et bien casse-toi ! Je te demande de m'aider et tu me colles une poiscaille sur les basques, mais c'est dingue."


      Abandonnée à elle-même, la mandataire sus-désignée reprit les quelques phrases de Rapporteur avant de finir le reste à sa sauce :


      "Je me présente, je suis mandataire du gouvernement assignée à une enquête sur l'île de Tsor. Je m'appelle Pénélope Solète et je vous présente, ci-joint, mes autorisations. Par contre, je vous dispense d'être mon guide, je saurai trouver mon chemin et ma pitance. Toutefois, et comme vous me semblez débordant d'enthousiasme à l'idée de me servir, je vous assigne la tâche d'organiser une réunion avec tous les membres du service de comptabilité et ce à seize heures au lendemain de cette journée même. D'ici-là, bonne journée."


      Elle le planta là séance tenante pour explorer l'île et s'installer le plus commodément possible.


      Dernière édition par Pénélope Solète le Jeu 8 Déc 2011 - 19:27, édité 1 fois
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      La Mandataire passa devant Loostick comme si il venait de passer du rang de "personne" à "élément du décors". C'était pas du tout protocolaire. Le Bon Usage voudrait que la discussion continue encore une bonne heure devant une tasse de café au goût d'huile de vidange. Celle là se croyait importante, telle une petite princesse en visite dans son royaume de paysan facilement impressionnables. Une race d'enquêteur pas pire que les autres à la réflexion, ils sont tellement gonflés de leur propre importance qu'ils ne verraient pas un éléphant rose clignotant dans une pièce noire et vide (mise à part le pachyderme de 5 tonnes). Et c'est précisément ce que le GA veut: montrer les évidences, en répétant fort et lentement si nécessaire, et cacher les minuscules failles sous une épaisse couche de "je sais pas". N'empêche, l'Administrateur était blessé de ce comportement. Pas vraiment énervé, il manquait de nerfs pour ça. Mais blessé tout de même. Elle allait faire une petite visite sans son "aide", c'était autant un coup dur pour son ego bureaucrate que dangereux pour sa carrière. Si elle se montrait imaginative ça pourrait déstabiliser l'enquête clé en main que Tsor lui avait préparé, avec minutage et tout et tout. Qu'elle soit bête, certes, mais qu'elle coopère un minimum quoi, merde ! Et madame demande en plus la réunion de tout le service comptable...

      Loostick courru à la hauteur de Pénélope:

      Madame, monsieur, nous prenons bien évidemment note de vos demandes, car nous coopérons entièrement et fidèlement avec votre service, cependant il nous semble que ce n'est pas la manière optimale de procéder. Notre division Comptabilité comprend 10.000 personnes, secrétaires et stagiaires compris, cela serait très difficile de les rassembler au même moment au même endroit. Autant du point de vue de l'infrastructure que du retard que cela va immanquablement générer. Par effet de cascade nous prendrions 2 à 3 jours de retard sur notre planning, ce qui serait désagréable pour tout le monde. Ce point de vue n'engage évidemment que nous, nous nous plierons évidemment à vos vénérées exigences comme tout fidèle serviteur du Gouvernement Mondial se doit de faire. De plus nous nous inquiétons d'une visite en solitaire de nos locaux, on peut rapidement se perdre et certaines zones dangereuses ne sont pas signalées à cause d'une pénurie de panneaux-indicateur. Problèmes de douanes à West Blue les bloquent jusqu'à nouvel orde. Nous nous permettons donc de renouveller notre offre de vous guider à l'intérieur de notre Pyramide Bureaucratique.

      Dans l'espérance de votre réponse, veuillez agréer madame, monsieur, l'expression de nos sentiments les meilleurs.


      Plus il l'observait plus il se disait que, en fin de compte, celle là allait s'annoncer tellement stupide qu'elle en deviendrait...imprévisible. Dangereuse. Et puis le cours instant de réflexion qu'elle a eu, comme si elle se parlait à elle-même dans sa petite tête, pesant le pour et le contre. Déstabilisant. Il y avait des légions de malade mentaux en gestation à Tsor, il savait donc reconnaître les signes d'un début de schizophrénie. Expression faciale qui change légèrement, sans raison apparente. Vocabulaire qui ne correspond pas à l'attitude, ou l'inverse. C'est bien sa chance, cette fille est pas toute seule dans sa tête; voilà qui multiplie les risques. Les tares mental ça ne le gêne généralement pas chez les membres des Affaires internes, mais les schizophrènes échangent des informations avec eux-mêmes. Echange des informations. C'est bien ça le problème.

      Monsieur Octopoulpe révisa ses plans. Il FALLAIT qu'elle suive ses instructions. C'est comme ça que ça DOIT marcher. Sinon ça sera le bordel. Le tout c'est de demander avec insistance. Elle devra bien se montrer raisonnable...

      Un Den Den Mushi bleu s'agita dans la poche de son pantalon, lançant des "pele pele" à la ronde. Il répondit à l'appel en s'excusant auprès de son hôte.
      - Oui ?
      - Nous avons perdu le document 2-2-6 monsieur. Il s'est envolé par la fenêtre. Nous avons envoyez le stagiaire le chercher mais il ne serait sans doute pas retrouvé avant le réunion. Il est du genre...volatile.
      - Je vois. Ce disfonctionnement mineur devra être réglé au plus vite. Sinon nous devrons en référer au comité d'Audit
      - Oui monsieur. Nous reviendrons à vous dès que nous aurons des nouvelles
      - J'y compte bien

      Pendant la conversation l'Administrateur Délégué avait sortit un carnet et un stylo, notant fidèlement les informations pour usage ultérieur. Les mots noirs qui se tortillaient sur les pages blanches suintaient le mensonge, et pour cause: tout était codé en langage administratif. Politiquement correct. Indétectable. Mais mensongés quand même dans la mesure où ils sont uniquement là pour cacher la vérité aux yeux des néophytes. Il rangea le carnet dans une poche de sa veste et accrocha le stylo à une poche de son pantalon. Encore des nouvelles surprenantes aujourd'hui, il était proche de l'overdose là.
        *Quand on a un minimum d'éducation, on ne gâche pas la sortie dramatique des gens, voyons.*


        Pénélope était manifestement mécontente de se voir poursuivie par ce jambon costumé et de le revoir lui resservir un nouveau laïus sauce arriération mentale profonde lui donnait des remontées acides. Il suivait un patron si éculé que son discours sentait l'humidité et la naphtaline. Grosso-modo, il enchaîna : une phrase rassurante, un coup de langue sur la région glutéale, un cependant pour bien marquer son refus, un argument statistique, un deuxième argument statistique, une banalité, une seconde phrase rassurante, un léchage minutieux de la zone fessière pour introduire deux arguments forts associant danger et perspectives pécuniaires. La conclusion se fit par une expression toute faite où elle se fit à nouveau prier d'agréer des sentiments chaleureux d'amour et de petits oiseaux cui-cui.


        Elle préparait mentalement sa riposte quand un coup d'escargophone la coupa dans son élan. Cette fois-ci, elle fit bien attention à surprendre involontairement la conversation que tenait l'homme-poisson. Pendant ce court échange, Loostik avait sorti un carnet qu'il agrémenta généreusement de gribouillis avant de le remettre dans sa poche.


        *Rien que pour l'emmerder, faut que je le lui pique et puis si ça se trouve, il a semé des traces partout ce glandu.*


        Plus elle côtoyait ce poulpe, puis elle se disait que, en fin de compte, celui-là allait s'annoncer tellement stupide qu'elle l'aurait sur le dos quoi qu'elle fasse. Néanmoins, elle était prête à revenir à la charge dans l'espoir de l'envoyer valser jusqu'à lui donner le tournis. En fait, ce n'était pas seulement son physique qui la rendait mal à l'aise, c'était aussi ce regard déstabilisé comme si, en refusant son invitation, son monde s'écroulerait. D'un ton qu'elle voulut pédagogue, elle lui répondit en ces termes :


        "Monsieur l'administrateur délégué, comme vous devez le savoir, je ne suis pas ici pour contrôler toutes vos activités. Je suis venue enquêter sur un évènement qui ne concerne pas forcément tous les employés de cette île. Pensez-y, quand vous nettoyez une seule salle d'archives, videz-vous toutes les autres ? Je ne le crois pas. Et bien, là, c'est pareil. Ce que je vous demande, et ce n'est pas bien compliqué, c'est de rassembler les comptables qui travaillent à ce département ci-indiqué."


        Là-dessus elle fourra un beau papier adminstériel capable de retenir l'attention de l'hybride avant de glisser une main exercée à la recherche du carnet. Ce n'était pas évident de passer outre les tentacules du gus, mais Pénélope avait des doigts agiles et une quantité non dérisoire de confiance en ses talents. Bien que celui qui lui faisait face avait l'air absorbé par ce qu'il lisait, la tâche n'était pas évidente étant donné que ces appendices semblaient posséder une volonté propre de bouger en tout sens. Elle faillit plus d'une fois se heurter au mur de tentacules qui se dressait devant ses ambitions légitimes avant de finalement triompher du mal et empocher ce foutu carnet.


        Elle attendit qu'il finisse de lire le document qu'elle lui avait fourni pour le regarder bien en face et durcir le ton :


        "Écoutez-moi bien, je prends cette enquête très au sérieux. J'irai au fond des choses dussé-je mettre sous arrêt la moitié de l'île. Je suis résolue à tout découvrir et à condamner pour haute trahison toute personne impliquée de près ou de loin dans cette sombre affaire. Que ce soit bien clair, si jamais je trouve le moindre élément, des têtes vont tomber. J'espère m'être bien faite comprendre. Finalement, j'attends de vous l'organisation de cette réunion à seize heures demain sans faute."


        Elle reprit le leurre avant de repartir à nouveau avec la ferme intention de se soustraire à son champ de vision.


        Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 22 Avr 2012 - 13:32, édité 1 fois
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        Le cerveau de Loostick n'était pas fait pour comprendre les choses dîtes cruement. Ni celles dites avec ironie d'ailleurs. C'était tout simplement impossible dans le microcosme de la diplomatie. Et si c'était impossible alors il n'a pas pu entendre ce que Pénélope venait de lui dire. Il se référa donc au ton employé plutôt qu'au contenu, un ton de "oui mais vous n'avez pas toutes les cartes en mains". Il laissa passer la référence aux décapitations probables, aux hypothétique suites juridiques et autres menaces à peine voilées comme si c'étaient de vulgaires cris de mouettes en fond sonor. Comme tout bon administrateur il se concentra ensuite sur le document qu'elle lui avait donné, décorticant chaque phrase, réfléchissant à l'implication de chaque mot, à la recherche de toute faute de ponctuation qui pourrait être tourné à son avantage. La première page était la compte-rendu du rapport envoyé aux Affaires Internes. Morne, imprécis, obséquieux, et donc extrêmement intéressant du point de vue de Loostick.

        Ha, ils connaissent déjà la Section concernée. C'est...désappointant. Ils ont déjà la première pierre de l'édifice. Inquiétant, mais pas dangereux. Pas encore. Il faudra...resserrer les visses. Passer en alerte administrative 2 ? Non. Ne nous précipitons pas. Elle n'a encore rien découvert elle-même, ce vilan petit canard se contente de répéter ce qu'on lui a dit, brave toutou. Maintenant je sais ce qu'elle sait et elle n'est pas plus avancée de son côté. Erreur de débutant.

        Il passa ensuite à la feuille agrafée à la première. Il prit encore plus de temps pour tout déchiffrer. Il fit appel à toutes ses connaissances en matière d'espionnage industriel, de phrases codées, de termes techniques exotiques mais dû se rendre à l'évidence: c'était bel et bien une liste de course. De l'humour. Il en resta baba plusieurs secondes. Il sentit une légère pression sur ses habits mais ne perdit rien de sa concentration. Saleté de brise marine. Brise marine. Ces deux mots lui donnèrent mal à la tête. Briser la Marine. Brise-Marine. Un...jeu de mot. Il frissonna. Cette fille le perturbait-il à ce point pour que ses pensées commence à dévier du Droit Chemin ? Il grommela. Deux minutes qu'elle est là et elle introduit déjà le Chaos. Il avait envie de lâcher les chiens. Il pourrait peut-être faire passer ça pour un accident. Chiens féroces. Vieilles laisses. Perte regretable. Pourriez-vous nous envoyer quelqu'un d'autre ? Quelqu'un de coopératif, le genre à avoir au mieux cinq sur dix à la question "comment vous vous appelez ?". Si possible. Ça le démangeait vachement, ouai. Cependant ce n'était pas protocolaire et Loostick suivait le protocole, à la virgule prêt et avec le sourire. Il souria donc à son invitée du genre, ou du moins il essaya: le rictus remplit de crocs aurait fait fuire une colonie de vacance toute entière. Mais elle était déjà repartie avec ses feuilles, qui braillaient par leur absence entre les mains de l'Administrateur Délégué. Il courrut une nouvelle fois à la suite de la Mandataire. Courir. Encore un truc qu'il détestait. Arrivé à son niveau, il utilisa pour le coup un langage plus terre à terre:

        Très drôle madmoiselle Solète. Désopilant même. Bravo. Vous embillissez ma journée, haha. Vos...papiers sont en règle évidemment. La Section B12.6 sera prêt en temps et en heure, une salle adéquate aussi, je peux vous assurer que je m'en chargerai personnellement. Etant donné que vous avez choisis l'option B2 (explorer les lieux sans guide et sans prendre de collation) je vais vous remettre une carte officielle pour vous permettrer d'entrer dans les...lieux intéressants, ainsi qu'un plan de la Pyramide mis à jour hier soir à 22h52, heure locale. Sans oublier ce Den Den Rouge, dans le cas aussi hypothétique qu'improbable que vous ayez un problème quel qu'il soit dans ces lieux.

        Il allait devoir se laver les dents avec une grosse brique de savon pour avoir utilisé un tel foutoir linguistique. Deux fois. Aucun discours officiel n'avait été prévu pour ce grenre de cas, il avait dû improvisé. C'était déroutant. Gluant. Parler sans trop savoir où se trouvait le point final de son monologue, c'était une expérience qu'il ne souhaitait pas répéter, car Improvisation est mère d'Imagination, du Mal Aboslu. Abject. Il fourra les trois objets entre les mains de Pénélope en pensant encore une fois aux chiens qui devaient avoir faim à cette heure ci. Trop direct. Ses petits cadeaux seront suffisants pour garder le contrôle de la situation sans passer par des procédés salissant. La carte ne mentionnait bien entendu aucun endroit "sensible" et les "lieux intéressants" portaient si mal leur nom qu'un personne un tant soit peu sensible saignerait des oreilles en entendant un tel qualificatif. La carte de visiteur indiquait par quelques subtils symboles que sa propriétaire devait, si par chance ou hasard elle trouvait un "lieu intéressant", être redirigée vers un parcours plus standard. Moins passionnant comme qui dirait. Quant au Den Den Rouge il fournissant, en plus d'un cordon bilicale avec cette turbulante mandataire, une localisation approximative de celle-ci. Cloisonnement et surveillance active et passive. Ça c'était des trucs que Loostick aimait et comprenait. Risque zéro, vigilance de tous les instants. Elle n'apprendra rien ici. Rien de rien.
          «Ok, donc soit il se fout de ma gueule, soit il se fout de ma gueule.»



          Pénélope ne put s'empêcher de déclamer cette phrase à voix haute comme si elle pouvait par ces quelques mots baisser le niveau de la pression, soulager la chaudière de son excès de vapeur. En un mot comme en mille, elle enrageait jusqu'à en bouillonner de fureur. Ce connard avait menti de long en large en disant qu'il ignorait tout de ces cent mille trombones disparus comme en témoignait le carnet dont elle l'avait soulagé plus tôt dans la matinée. De plus, elle avait reconnu les quelques chiffres qui correspondaient à un compte bancaire. Quand elle avait appelé pour prendre des renseignements, le gérant de la banque avait fait preuve de générosité en langue de bois. Il dépendait d'un réseau autrement plus large qui ne regardait pas vraiment la provenance des billets, mais leur somme. Par contre, il n'était pas assuré de rester à ce poste éternellement et ses pairs sautaient comme des fusibles dans des durées moyennes de six mois, juste le temps de se confectionner des couilles en or avant de tout remballer. Celui-ci vivait une période de dèche où il avait épuisé ses ressources matérielles pour qu'on le jugeât le plus méritant dans les hautes instances. Aussi il n'était pas près de mettre les voiles et laisser la poule aux œufs d'or avec les emmerdes comprises dans le lot. Voilà le dialogue qui suivit les premiers échanges stériles :


          « - Écoutez, vous m'avez l'air de quelqu'un de pas trop con, le genre qui comprend ses intérêts avant qu'il ne se retrouve pieds et poings liés à l'échafaud. Les fonds contenus dans ce compte sont en rapport avec des activités de révolutionnaires et sur eux plane le sceau de haute trahison. Je ne vais pas vous jouer de la flûte, mais y a des fortes probabilités que vous finissiez mort dans un caniveau avec un corps tellement charcuté qu'on ne pourra plus reconnaître votre haut de votre bas, ce serait dommage, non ?
          - Bien sûr, je comprends, mais qu'est-ce que vous me voulez ? C'est un compte non nominatif, par essence, je n'ai pas de nom à donner.
          - Z'auriez pas par un pur hasard rencontré un homme-poisson dans le genre d'un poulpe en costard des fois ?
          - Oui, c'est lui ! Je le sentais qu'il allait m'apporter que des emmerdes ! Mais vous savez, y a les instructions du QG et puis mon prêt pour mes deux propriétés à rembourser. Je n'ai pas le choix, vous comprenez ?
          - Ce que je comprends c'est que vous n'êtes pas coopératif et que vous ne me dîtes rien que je ne sais déjà. Je vous conseille de me donner quelque chose de substantiel sinon, vous allez souffrir mille morts jusqu'à en implorer la mort.
          - Par pitié, je vous ai dit tout ce que je savais, il y a ces va-et-vient d'hommes en costumes, mais on ne pose pas de questions et ils ne nous demandent pas d'informations, s’il vous plaît, j’ai une famille et deux maîtresses à nourrir.
          - Si vous m’êtes utile, je verrai si je vous garde en vie. D’ici là, méfiez-vous de votre ombre, il se pourrait qu’elle tienne une dague et la seule qui peut vous en préserver, c’est moi, ne l’oubliez jamais. »


          Sur ces menaces, elle raccrocha. Et l’on revint à ce leitmotiv chaque fois décliné dans une forme nouvelle :


          « Il se fout de ma gueule. » Forme classique.
          « De ma gueule, il se fout. » Variation sur l’ordre des mots.
          « Se foutrait-il de ma gueule, par hasard ? » Ironie mal placée.
          « Il, de ma, se fout, gueule. » Poésie contemporaine.
          « Il se fût foutu de ma gueule. » Conditionnel passé ; temps éculé pour intellectuels en manque d’adrénaline.


          Elle se lassa rapidement de ce jeu mental pour analyser sa situation et prendre les décisions qu’il fallait. Après une preste remémoration des évènements qu’elle avait vécus cette matinée, elle conclut qu’elle détenait au final peu de renseignements pour faire aboutir le dossier. Cependant elle en savait assez pour nourrir de sérieux doutes à l’encontre de ce boute-en-train d’homme poulpe. Elle appela les deux personnes assignées à son service pour les dépêcher sur les lieux afin de recueillir des informations avec pour occupation de garder celles-ci strictement pour eux et eux seuls.


          Pénélope avait encore en tête une autre tâche qui lui échappait. Dès que celle-ci atteignait le bout de ses lèvres, elle semblait tout aussi tout s’évaporer et perdre de sa substance. Cela l’agaça légèrement étant donné que son statut venait de changer. Elle arpentait clairement une terre ennemie et avait rapidement opéré le lien entre la disparition de ses prédécesseurs et les quelques découvertes qu’elle avait pointées du doigt. Elle allait devoir faire preuve de parcimonie quant à la divulgation de ses soupçons et jouer la crédulité jusqu’à ce qu’elle ait toutes les cartes en main et que la bataille soit gagnée avant d’avoir été entamée.



          *Ah oui ! L’escargophone rouge, je me demande bien ce que c’est.*


          Visiblement, il était de couleur grenat, mais cela ne suffisait pas à préjuger de ses fonctions. Elle blêmit en pensant que c’était peut-être un mouchard qu’elle promenait sur elle, auquel cas elle avait sérieusement menacé l’intégrité de sa mission. Elle fit défiler les paroles qu’elle avait dites et comprit qu’elle s'était montrée trop imprudente ; quand elle se laissait aller à menacer, elle devenait trop confiante. Néanmoins, il n’était pas trop tard pour sauver les meubles, encore fallait-il qu’elle mesure l’étendue des dégâts. Elle s’y mit à l’instant en détectant d’éventuelles ondes produites par le cadeau empoisonné du perfide octopodidé céphalopode. Il n’émettait rien d’audible en tout cas, seulement un fin signal continu de nature inconnu.


          *Mais oui ! C’est pour demander à l’aide donc ça indique où je me trouve. Comme il semble diffuser en ce moment, il sait où je suis, mais il ne sait pas que je sais, moi. Encore un point pour moi. J’imagine que ça ne compense pas ce qu’il a préparé pour me recevoir en tenant compte du fait qu’il y a manifestement anguille sous roche. Je crains de me retrouver en terrain miné, je vais devoir agir avec la plus extrême prudence.*


          Elle refit le tour des éléments en sa possession, glanant précieusement chaque pièce du puzzle qu’elle avait entrevue. Et elle sut finalement quoi faire, elle en aurait pour toute la journée. Laissant l’escargophone rouge dans la chambre, elle s’en alla poser une par une les pavés du chemin vers sa réussite.


          D’abord, elle alla dissimuler par-ci par-là quelques caches d’armes, au cas où elle se trouverait acculée. Puis, elle prépara une pièce à l’écart, endroit où elle prévu quelques réjouissantes surprises pour un hôte éventuel : différents instruments de torture et ce dans la discrétion la plus absolue.


          Enfin, elle téléphona à l’administrateur délégué Loostick pour lui signifier que sa mission avait pris fin suite à des affaires plus urgentes et que le dossier serait par conséquent classé. Elle fit même semblant de monter sur un navire qui prenait le large en début d’après-midi et en descendit clandestinement. Quelques brassées plus loin et délestée du témoin de son départ mimé, un affidé grimé en inoffensif escargot.


          Sous couvert de l’obscurité et d’une tenue noire, elle alla s’aventurer du côté de ce qu’elle espérait être la zone « AA-EM5.5 ». Elle l’avait repérée pour deux raisons : sa présence sur le carnet et son absence sur la carte qui lui avait été offerte et où l’on pouvait voir une partie de la pyramide dénommée : « AA-EM5.4 ». Elle espérait avoir pour elle l’effet de surprise, sinon elle pourrait toujours faire appel à ses arguments frappants.
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          Grumf grogna, le borogrime sortant de ses lèvre ressemblant vaguement à son nom. Les trolls de Tsor ne sont guère imaginatifs lorsqu'il s'agit de se choisir un pseudonyme, ainsi il est fréquent de rencontrer des Snirfl, des Gurgl et plus rarement des Prout. Pour le moment nul compagnon au nom onomatopéique, il est seul, au fond d'un couloir éclairé d'une unique torche, devant une porte close. Si quelqu'un arrivait à se glisser derrière l'énorme corps de Grumf, en évitant soigneusement une massue tournoyant en tout sens, il aurait pu voir le nom de la pièce qu'il gardait : AAEM5. Le dernier chiffre, le quatre, étant barré d'une croix rouge. Ce détail technique passait complètement au dessus de la tête du gardien mononeuronal, Tsor ayant prit grand soin de garder cette main d'oeuvre bon marché totalement analphabète. La raison n'est pas aussi évidente que l'on croit: oui, ça évite les indiscrétions mais ça évite surtout au personnel d'avoir une crise de nerf chaque fois qu'un géant pataud lit par-dessus son épaule tout en se grattouillant les narines (quand ils n'ont pas de morpions). Les Quatre-Bras de l'île sont extrêmement collants lorsqu'ils s'intéressent à quelque chose, et leur savoir-vivre...disons qu'il n'ont jamais pigé le concept.

          Spoiler:

          Grumf, lui, ne s'intéressait à ce moment qu'à une et une seule chose: sa mission. Garder la porte. Pas très passionnant comme mission mais il n'était pas du genre exigeant. Quoique. Même un caillou trouverait chiant de rester droit comme un piquet douze heure par jour. Le Chef-qui-a-plein-de-bras avait été extrêmement clair: "Grumf, si tu laisse passer une autre personne que le Bibliothécaire tu n'auras pas de carotte", et dieu sait qu'il aimait les carottes. Alors il restait droit comme un piquet, tant pis pour ses préférences personnelles. Pour l'heure le "Bibilo-est-claire" était déjà rentré pour faire son travail très important derrière la porte, du coup le seul évènement passionnant auquel il pouvait s'attendre ce jour là c'était un rat qui traverserait le couloir. Aucune importance, il avait finalement trouvé un jeu pour s'occuper: compter les pierres du mur d'en face. Il en était à quatre-et quatre- et quatre- et quatre lorsqu'il entendit quelque chose de suspect. Les bruits portaient loin des les étroits couloirs de la Pyramide, et le seul courant d'air qu'il pouvait y avoir c'était quand quelqu'un éternuait. Or là il y avait eu un déplacement d'air...et personne n'avait toussé. Ce n'était pas du tout normal. Grumf ramassa sa massue qu'il avait posé contre la mur. Le Chef avait aussi dit autre chose: si quelqu'un d'autre que lui ou le Bibliothécaire essayait d'entrer il fallait le "krazer". Le gardien cligna des yeux, scrutant les ombres.

          Hé, vous là. Je sais vous être là. Kekpart. Vous pas venir sinon moi krazer...règlementairement. Woho ? Quelqu'un ? Vous pas drôle. Vous perdu ? Vous montrer, et moi pas vous crazer tout de suite hoké ? Juste petite baffe si vous perdu, Grumf aussi se perdre tout le temps. Woho ?
          ______________________________________________________________________

          [Dans le bureau de l'Administrateur Général]

          - Je suis dans le regret de vous annoncer que le navire transportant l'enquêtrice du gouvernement a été attaqué par des pirates monsieur
          - Mon dieu, quelle terrible nouvelle
          - J'ai fait un rapport, monsieur
          - Evidemment évidemment, je sais que je peux toujours compter sur vous de ce côté cher ami. Montrez moi ça voulez-vous ?

          Le rapport disait ceci: pour une raison inconnue un vaisseau non-identifié, très certainement pirate vu l'époque où nous vivons, a été sauvagement agressé et coulé en dehors des eaux territoriales de Tsor. Bien entendu les survivants ont été secourus et ont été renvoyés à leur port d'attache via un navire affrété spécialement par le gouvernement de l'île. Malheureusement nulle trace de la Mandataire Solète n'a été retrouvée, on la suppose soit noyée soit maintenue en otage par ces forbans sans foi ni loi. Toutes les pièces du dossier ont été envoyés au bureau central du CP0, comme la procédure l'exige, avec la promesse expresse de l'Administrateur de mettre tout en oeuvre pour trouver et d'éradiquer les sauvages qui avaient osés défier ainsi le gouvernement mondial. Des preuves pointaient du doigt l'équipage de Kaetsuro D. Shinji, que l'on croyait pourtant dissous. C'était vraiment...pas de chance que Pénélope leur tombe justement dessus. Une tragédie en fait car on pouvait craindre le pire sur son sort: à la connaissance de la Marine les Nigawarai n'avaient jamais vraiment prit la peine de faire des prisonniers. Vraiment, vraiment pas de chance pour cette pauvre Pénélope. Promise à une si belle carrière, même si elle partait du dernier barreau de l'échelle.

          Loostick s'éclaircit la gorge lorsque son Maître eu fini de lire son volumineux dossier.

          - D'autre part...le Den Den rouge n'émet plus monsieur, il est impossible à l'enquêtrice...de nous contacter si elle...parvient à échapper momentanément à ses ravisseurs potentiels. Si elle est toujours en vie. Un Den Den ne sait pas nager, monsieur. Je voudrais aussi attirer votre attention sur le fait que des fleurs et une lettre plus...personnelle serait politiquement correct, monsieur.
          - Faites donc Administrateur Adjoint, il faut montrer aux 5 étoiles que nous les accompagnons dans leur peine
          - Bien, monsieur

          L'Homme-Poisson sortit du bureau.

          Trop fouineuse. Trop imprévisible. Trop de choses étranges se sont passé en même temps. Pourquoi donc est-ce que l'employé de la banque était si nerveux ? Le stress ? Sans doute. De toute façon il ne sait rien. Et pourquoi je n'arrive plus à retrouver mon carnet ? Perdu ? Peut-être. Ça arrive. Mais...ça ne m'est jamais arrivé, à moi ! Heureusement q'il est codé alors, ici aussi il n'a pas grand risque. Et que dire de cette cache-d'arme qu'on avait découvert pas pur hasard non loin de son local ? Certainement des agitateurs internes. Il y en a toujours. Aucun rapport avec elle. Oui oui. Ou pas. Son urgence m'a vraiment pris de court mais heureusement je travail très bien sous pression. Très très bien même. Tant pis pour vous, Princesse. La vie continue. Le Plan continue.
            Pénélope n’eut pas à chercher longtemps. À peine avait-elle eu le temps d’atteindre la zone « AA-EM5.4 » qu’elle se fit interrompre dans sa quête par une voix passablement agaçante. Elle avait dû faire un bruit sans s’en rendre compte et un garde, à en croire les menaces qu’il proférait, la somma de répondre présente à une baffe. De toute évidence, la surveillance n’avait pas été levée. Cela dit, c’était un mal pour un bien puisqu’elle savait maintenant où fureter. Une archive protégée près d’un endroit suspect fleurait l’indice de taille. Les dimensions de la bête étaient tout aussi impressionnantes. Un énorme monceau de chair lui faisait face avec une massue redoutable. En plus d’être massif, le bestiau puait le bouc faisandé macéré dans du jus de chaussette de marathonien.


            * Trois paires de pattes, intéressant. Si l’on suit la logique des évènements, le prochain en aura deux ; le poulpe en avait quatre et celui-là trois. Qu’est-ce qui me prend à penser à ces conneries, moi ? En tout cas, vu son élocution et son sens de l’hygiène je suis prête à parier qu’il est con comme une chaise.*


            Le but de la jeune femme était d’élaborer une stratégie pour le déloger de son emplacement sans combattre. Elle voulait éviter à tout prix d’attirer l’attention vers cet endroit particulier. Elle n’était pas certaine d’avoir les ressources nécessaires pour faire face à toutes les troupes de l’île, île dont les habitants sont passés maîtres en matière « d’accidents fortuits » vu le sort de l’équipe précédente. Enfin, c'était ce que se disait Pénélope vu les faisceau d'arguments plaidant en défaveur des Tsoriens.


            * Une équipe qui ne rentre pas après avoir enquêté sur ce qui semble être l'affaire du siècle, c'est tout de même suspect. *


            Voilée par l’obscurité, elle avait l’initiative et elle comptait mettre à profit cet avantage pour passer sans encombre par-delà le « krazement » qui allait faire trop de boucan. Elle n’était nullement impressionnée par la créature, au moins cela avait le mérite d’être clair. Dans la chaîne alimentaire, elle se savait généralement classée tout en haut. Il était rare qu’elle rencontre un adversaire à sa mesure quand bien même celui-là faisait le triple de sa hauteur et pas moins du décuple de son poids.


            * C’est dingue ce qu’il arrive à bien faire sentir les « K » quand il parle. Enfin, réfléchissons, réfléchissons. Ah, je crois que j’en ai trouvé une qu’est pas mal. *


            Elle alla à quelques mètres à droite de l’entrée et posa par terre un premier objet. Un simple calibrage et il était prêt à l’emploi. Puis, elle fit discrètement le tour des lieux pour se mettre à gauche du passage et actionna le mécanisme. Tout était en place pour mettre ce mastodonte aux abois. Dans l’obscurité encore, elle sourit et à l’opposé de l’angle dans lequel elle se nichait se faisaient entendre les mots suivants :


            « Je suis ici et j’essaye d’entrer dans ta salle. Viens voir si tu peux me krazer ! »


            Il ne restait plus qu’à attendre que la chose sorte se ruer sur le leurre pour qu’elle puisse passer dans son dos, moyennant le Soru silencieux et expéditif vers la porte. Tout ce qu’il trouverait serait un escargophone noir amplifiant les paroles qu’elle avait inaudiblement chuchotées à son autre escargophone. Pendant ce temps, la jeune femme aurait l’opportunité pour pénétrer dans l’Eldorado et trouver enfin le fin mot de l’histoire.


            Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 22 Jan 2012 - 17:00, édité 1 fois
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            Le troll hexapode se gratta le crâne. La-personne-qui-fait-un-bruit-de-vent voulait jouer à "Kraz'tatête" apparament, c'était bizarre. D'habitude les Zumains aiment pas jouer à Kraz'tatête: ils sont mauvais perdants. Il faut dire qu'à ce jeu c'est toujours le plus gros qui commence à tapper, alors forcément les Ptizêtre hurlent toujours à la triche. Bah, ils ont qu'à être des trolls répliquent à chaque fois les manutentionnaires de Tsor, dont le manque d'imagination les rend un poil raciste sur les bords. Grumf n'était du reste pas trop mauvais à ce jeu et ça faisais un bout de temps qu'il n'avait pas eu un bon et franc mal de crâne, mais les ordres étaient les ordres: protéger la porte. Si il allait jouer il ne verrait plus la porte, donc plus la protéger, donc plus de carotte. Elle était bizarre, la voix, de pas se montrer comme ça. Si elle voulait jouer elle avait qu'à venir près de lui. C'était presque de la...provokazon. Le truc pas sympa qu'on fait pour obliger les autres à faire des choses qu'il faut pas. "Je vais passer la porte, essaye un peu de me krazer". Passer la porte. Krazer. Avec une lenteur digne de la dérive des continents Grumf arriva à l'inévitable conclusion: c'était un piège. Pour pas qu'il ait ses carottes, évidemment.

            Prout, toi encore embêter Grumf hein ? Espèce de petit troll tout moche tu auras pas moi cette fois. Déjà eu carotte semaine dernière. Petit, tout petit troll. Si toi veux baffe toi venir. Moi pas bouger, Grumf bon troll, Grumf suivre les ordres du Chef-Plein-de-Bras. Personne passer. Porte fermée. Et c'est Grumf la serrure urk urk urk. Alors...CASSE-TOI !!!

            La créature prit une grande inspiration et son torse doubla carrément de volume, le faisant ressembler à une gros tonneau orange sur le point de reproduire la théorie du Big Bang. Puis chacun de ses quatre bras frappèrent son torax en cadence, produisant un son proche de celui d'un tambour géant martyrisé par un sumo boosté aux anabolysants. Dans le même temps il poussa un "Growah" tonitruant, le genre de cri tellement primaire, tellement puissant, que toute créature dotée d'instinct de survie détale dans un rayon d'un kilomètre. Les syllabes gutturales formèrent un véritable mur d'air et se propagèrent d'un bout à l'autre du couloir, obligèrent Pénélope à croiser ses bras devant son visage et transformèrent sa chevelure en une sorte de Tchernobyle capilaire. Le monstrueux courant d'air se sépara au fur et à mesure des embranchements des galeries pour ne devenir qu'un lointain écho ressemblant vaguement au grognement d'un dragon. Ou à un groupe de troll qui venaient d'être réveillés par un de leur collègue un peu trop zélé. Dans un concerto en ré mineur de maugréments réprobateurs trois ombres se mirent en mouvement dans une pièce sombre de la Pyramide, ouvrirent la porte d'un grand coup de patte et sortirent de leur antre.

            Les Tsoriens sont très à cheval sur les procédures mais surtout, surtout, ils sont sensibles à l'extrême lorsqu'il s'agit de leur sieste. Tant qu'à avoir un boulot pourrit il fallait au moins les laisser rêver d'un monde meilleur, ou du moins avec plus de carottes. Un fonctionnaire mal réveillé est certes désagréable, cependant un fonctionnaire mal réveillé de trois mètres de haut est un véritable cataclysme ambulant.

            - Quoi ça être Prout ?
            - Reconnaitre voix de Grumf. Lui bête comme caillou, doit encore avoir hurler sur souris.
            - Kraz'tatête ?
            - Ouai, et on ferait plusieurs parties...
            - Urk urk urk...Apprendre Grumf à chuteu urk urk urk
            - Ouai
              Selon le sens commun, la ruse de Pénélope avait lamentablement foiré en plus de l’avoir mis dans une situation épineuse. L’autre en face n’arriverait certainement pas à gagner une partie de Scrabble, mais il savait, apparemment, comment garder une porte efficacement. Elle l’avait pris pour un demeuré et elle en avait payé le prix ; le cri qu’il avait poussé en avait probablement averti plus d’un allié. Avant que la cavalerie hypothétique n’arrive, il fallait qu’elle prenne une décision. Si elle lui fonçait dessus, elle pourrait lui faire ravaler sa bonne humeur à coup de pêches dans la gueule. Cependant, son corps inanimé pourrait interloquer les renforts et s’en suivrait une réaction en chaîne incontrôlable. Elle pouvait faire mieux, après tout, elle avait simulé son départ. Personne n’était censé savoir qu’elle était restée et d’ailleurs, elle avait bien fait attention à ce que la serrure parlante ne parvienne pas à saisir ses traits. Alors, elle remballa ses affaires aussi discrètement que possible et se dissimula dans un recoin pour observer la suite des évènements.


              Sa respiration était calme et elle ne faisait pas le moindre bruit. Elle était tellement immobile qu’elle avait l’air d’une candidate pour tiroir de morgue. Son thorax se soulevait imperceptiblement pour assurer une respiration régulière et inaudible. Outre cela, rien ne venait perturber son inertie. Il fallait que quelqu’un regarde fixement sa cachette pendant un bout de temps pour se douter qu’elle n’était pas un motif de la toile de fond. Elle tentait de se fondre dans le décor en s’aidant du manque de visibilité et du statisme dans lequel elle investissait toutes les ressources à sa disposition.


              Bien que transie dans la fixité la plus totale, elle gardait ses sens en éveil et ses muscles apprêtés à toute éventualité. C’était un pari qu’elle jouait et laisser se rapprocher les bruits de pas qu’elle entendait risquait de lui coûter la mission, voire la vie. Subséquemment, Pénélope se laissa une marge de manœuvre en libérant la lame d’un cutter.


              De l’autre côté du lobby, les nouveaux venus se précisaient pendant que la pression montait dans l’esprit de l’agent. Un instinct primaire et tribal l’exhortait à se lancer à l’assaut. Quelque part au fond d’elle, l’exaltation d’un affrontement périlleux et imminent la faisait vibrer. Elle tentait tant bien que mal de réfréner son envie de se jeter à corps perdu dans le face-à-face. Bien que sa stratégie se défendait pragmatiquement parlant, elle ne pouvait s’empêcher de penser que ce crétin de monstre avait gagné la première manche. Elle ne pouvait pas rester sur une défaite, elle ne resterait pas sur une défaite.



              * T’as intérêt à ce qu’ils me trouvent. Parce que si ce n’est pas le cas, ton deuxième appel au secours sera vain et je pourrais te faire payer ton insolence. Je vais te fumer, sale con.*


              Cela venait, vers elle, vers eux. Encore un élément dans l’équation et le jonglage qu’elle faisait avec tous ces matériaux la mettait de plus en plus sous tension. Cependant, elle ne craquait pas, elle aurait sa victoire sans appel contre cette espèce inférieure. Elle en était certaine.
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              Yukikurai avait revêtu son beau costume noir et mit un haute forme pour se donner un peu de style. C'était son camouflage pour sa mission sur l'île de Tsor, une île vouée à la bureaucratie. Alors, comme tous les bureaucrates il arborait un costume sombre et son air discret, presqu'invisible qui était caractéristique au jeune homme et à la plupart des employés qu'il avait pu croiser. Il avait renoncé à porter son long manteau et son arme, dans un souci de discrétion.
              Spoiler:

              Cela faisait prêt d'une semaine que le jeune révolutionnaire avait été envoyé à Tsor suite l'acquisition un peu trop facile d'une grande quantité de « Trombones ». Sa mission était de vérifier qu'il n'y avait pas de piège derrière ce marché avec l'un des chefs de Tsor, une fidèle alliée de la justice et du gouvernement. Il devait donc surveiller cet homme-poulpe à qui ils avaient versé l'argent. Au bout de deux jours Yukikurai commença à comprendre le fonctionnement protocolaire de ce pays. Au bout du cinquième jours, il arriva enfin à trouver l'homme-poulpe de trois mètres qu'il devait suivre. Il comprit alors que ce dernier était affecté à la grande pyramide de l'île et que c'était là qu'il devait chercher. On lui avait dit que sur cette île, on gardait des traces écrites de toutes transactions et qu'il serait plus simple d'y trouver des informations que de faire parler un Tsorien. Cela faisait maintenant deux jours qu'il errait dans cette pyramide passant devant des portes aux noms qui font peurs : comptabilité, département juridique, instance de tri du courrier...

              Avec son manque de charisme chronique Bakasaru n'eut aucun mal à rester discret dans les couloirs de l'administration. A première vue, la curiosité n'était pas quelque chose de fréquent chez eux vu le peu de questions qu'on lui avait posées depuis son arrivée sur l'île. Il pensait avoir enfin quitté la partie où l'on traite des affaires courantes et était arrivé dans une partie de la pyramide où les couloirs sont plus sombres. Soudain, un rugissement tonitruent manqua de faire s'envoler son haute forme. Sa curiosité piquée au vif, il décida de se diriger dans cette direction ne sachant quand même pas vraiment où il devait chercher.

              *Qui dit bruit étrange, dit quelque à voir. Je fonce, surtout que ça fait un bout de temps que je tourne en rond. Enfin un objectif ça fait plaisir.*

              Il parcouru deux couloirs et tourna trois fois dans la direction qu'il pensait être la bonne. Quand soudain derrière lui, il entendit de lourd pas, puis il vit trois immenses silhouettes oranges dotées de deux paires de bras et de massue surement aussi grosse et lourde que le jeune forgeron. Quand les gardes le virent, ils pressèrent le pas et l'un d'eux lança.

              « Quoi toi faire là? Nous kraser tête à Grumf. »

              Ne sachant pas ce qu'était Grumf et vu l'aspect peu diplomatique de la troupe, Yuki commença à courir. Ce n'était surement pas une bonne idée, car les trois brutes oranges commencèrent elles aussi à courir. Au bout de quelques instants de course, il se retourna pour voir la distance qui le séparait des massues des multibras. Il dévia dans la pénombre et entra en contact avec quelque chose qui dépassait du mur, il trébucha et fit un vol plané atterrissant sur le côté.


              La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] 229f206b0ad68563dc50c5d95741feb2La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] Kuroko.no.Basuke.600.1903798 La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] Steamp10
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              Le plus malheureux dans l’illusion de l’invisibilité était que l’on puisse se cogner sur vous à tout moment. Évidemment, Pénélope n’en avait pas émis l’hypothèse puisque, de prime abord, l’endroit lui sembla désert. Sous le jour des derniers évènements, il ne l’était plus des masses, il faut se l'avouer. Voilà même qu’il y avait assez de densité de population pour qu’on en vienne aux bousculades. En même temps, à courir comme un dératé avec le cou dévissé pour regarder en arrière, on n’arrivait pas forcément à tenir son équilibre. Ce n’était pas pour autant une raison suffisante pour se permettre cet affreux écart de conduite, cette offense au bon goût. Pendant que l’homme endimanché finissait de s’aplatir comme une immonde galette de chiasse, l’espionne le saisit par les chevilles avec des projets peu courtois à son égard. Il lui avait fait mal, elle allait l’utiliser comme appât, juste retour des choses, karma inéluctable.


              * Oh et puis merde ! Je n'ai pas besoin d'une raison pour l'envoyer au casse-pipe. *


              De toute manière, Pénélope ne s’embarrassait pas vraiment de morale, de justice et de tous ces mots creux pour jeunes cons en mal de gloire. Elle savait que pour survivre, il fallait jouer ses cartes sans se poser trop de questions. Donc, l’inconnu allait prendre à sa place et faire office de punching-ball aux nouveaux venus. Avec un peu de chance, ils iront se le griller à la broche un peu plus loin et elle pourrait vaguer à ses occupations.


              * Faire tomber les hauts bonnets de cette île, je ne vous demande pas grand-chose, si ? *


              Elle pensait qu’elle se faisait bien chier pour avoir accès à une archive empoussiérée et humide, mais qu'elle connaissait pas mal de mots contenant des traits d'union, ce qui n'était pas mal du tout, Rapporteur devrait apprendre à fermer sa grande gueule, des fois. En attendant, elle avait toujours une paire de chevilles en trop et il fallait s’en débarrasser. Il lui restait simplement à se décider sur qui les envoyer. La première alternative était de les adresser au garde qui se dépêcherait de faire un home run avec pour ballon la tête de l’intrus et pour batte son indémodable massue d’homo non sapiens. La seconde consistait en une projection en direction des renforts de manière à retenir leur attention pour se trouver une nouvelle planque. C’était une attitude plus raisonnable, aval du public, mention FUCK YEAH, félicitations du jury, tout le tintouin.


              Il ne restait plus qu’à soulever le gars et faire un tour sur soi et le tour serait joué. Elle espérait simplement qu’il se montrerait suffisamment coopératif pour se farcir la rage guerrière de l’hexapode et ses amis.


              Une, deux, trois. Il y avait dans cette pièce un homme sensiblement à l’horizontale qui avait l’outrecuidance de brasser ridiculement l’air. N’eût été l’absence d’audience, il y aurait eu scandale. D’ailleurs, les trois clones de l’emmerdeur en chef eurent l’insigne honneur de voir le colis qu’ils se désespéraient d’attraper effectuer un vol plané à leur rencontre. Au même moment, l’agent alla se replacer un peu plus loin d’un Soru. Avec un peu de chance, ils ne l’auraient pas vu effectuer le jet d’humain. S’il s’avérait que le contraire se fut produit, il serait honteux de ne pas lui proposer une médaille pour cette admirable trajectoire que le projectile prit. Les amateurs auraient apprécié l’élégant mouvement des pieds et l’accompagnement avec les bras du jeune homme, du grand art en somme.


              Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 5 Fév 2012 - 10:57, édité 1 fois
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              Le destin aéronautique de Yukikurai ne s’arrêta cependant pas à son catapultage par une Pénélope aussi désinvolte qu’improvisatrice. Le révolutionnaire infiltré fendit l’air dans une trajectoire elliptique qui lui aurait valu un neuf au concours de lancé de poids, avant de se retrouver face à un mur. Un mur orange, doté de dix-huit membres, trois têtes, deux masses, un râteau et trois visages très, très surpris. Les trois trolls qui venaient de débouler depuis l’autre bout de couloir freinèrent en urgence et eurent une demi-seconde pour réfléchir. C’était bien assez. Leur chef arma sa masse et donna un grand coup sur la trajectoire prise par le voltigeur improvisé, imitant -sans le vouloir- un batteur fin prêt à faire le home-run de sa carrière. Le point A (le visage de Yuki) rencontra le point B (la masse trollesque) ce qui entraina, outre une hémorragie nasale, un nouveau vecteur dirigé dans la direction opposée à celle qu'il avait la seconde précédente. Un violent coup de masse renvoya donc Yukikorai dans la direction approximative d’où il venait, le faisant repasser en coup de vent devant la Mandataire du CP0 en criant quelque chose ressemblant vaguement à « Dafuuuk ??? », puis rebondir contre un mur et avant de foncer en direction de la porte des Archives. Le gardien de la porte n’était vraiment pas préparé à repousser un assaut aérien et passa donc directement en mode « Survie » : il se jeta sol, bien plus vite que son air pataud le laissait supposer.

              Le révolutionnaire passa au dessus de lui comme un météore égaré et rencontra finalement la porte. En fait on pourrait plutôt dire qu’il la traversa carrément vu qu’elle n’était plus toute neuve et que le projectile humain avait des arguments…disons percutants. On entendit ensuite un bruit de vaisselle brisée, le grondement d’étagères atomisées et le cri paniqué d’un archiviste estomaqué, preuve si il en est que l’agent infiltré venait d’établir le contact avec le contenu de la mystérieuse pièce. Un nuage de poussière se déversa dans le couloir et manqua d’étouffer le troll-gardien qui commençait à se poser des questions sur son karma. Côté Pénélope du couloir il y eu des bruits de lutte, ce qui remit Grumf en alerte. Il se releva et se mit en position de combat, prêt à repousser l’ignoble créature qui venait d’envoyer bouler le pauvre Zumain à travers le couloir. Une voix inquisitrice se fit cependant entendre dans son dos, provenant de la sombritude des archives :

              - Mon cher Grumf virgule, qu'est-ce que tout cela veux dire interrogation ? Je ne pense pas que ce soit l'heure de ma pinacolada virgule, il n'est que quatorze heure dix point. De plus je suis presque sûr que le jeune homme qui vient de traverser mon bureau n'était pas le petit Jimmy point. Jimmy n'a pas de chapeau rigolo et de toute façon il n'est pas censé rentrer ici si je n'm'abuse points de suspension.... J'espère pour vous que vous avez sous la patte un rapport en triple exemplaire pour justifier ce changement virgule, changement qui aurait d'ailleurs dû m'être signalé trois mois à l'avance comme l'exige le Convention du Personnel de 1602 point. Bref virgule, donnez moi une explication sur ce qui vient de se passer virgule, ou ça va barder exclamation !
              - Grumf pas savoir monsieur Kalorik. On pas prévenir Grumf sur nouveau service express. Pas la faute à Grumf. Bon troll. Garder la porte.
              - Mmmh cela devient bien étrange point. Je pense qu'il serait de bon ton de prévenir monsieur Loostick a propos de ce qui vient de se passer point. Même si je ne suis pas vraiment certain de ce qui vient effectivement de se passer points de suspension ... Comment vais-je qualifier ça mon cher Grumf interrogation ? Livraison aux méthodes douteuse interrogation ? Déplacement non-règlementaire interrogation ?
              - Moi pas trop savoir quoi se passer, mais moi crois avoir choppé responsable...

              Le trio de troll alertés par le cri de Grumf tourna le coin du couloir et marcha d'un pas décidé en direction de l’archive. Prout tenait Pénélope par la jambe droite, la jeune femme pendouillant comme saucisson et était ballotée à chaque pas de son géant de kidnappeur. Celui-ci affichait aussi un impressionnant œil au beurre noir, ce qui indiquait sans doute possible que la coopération pacifique n’avait pas vraiment été au rendez-vous. Le troll-à-l’œil-noir s’arrêta finalement à quelques pas du gardien. Ces deux là se regardèrent les yeux dans les yeux, froncèrent les sourcils et agitèrent leurs doigts de façon sporadique, dans une parodie de duel de western que tout fan de Sergio Leone se doit de reconnaître. Il y eu même le plan rapproché du front de Prout, où s’écoulait une petite goutte de sueur. Grumf souffla par les narines comme un bison prêt à charger. Prout cracha un impressionnant amas de salive, manquant de peu la pauvre Pénélope qu’il tenait au bout de son bras, qui s’écrasa au sol et forma et une véritable mare de substance visqueuse et légèrement dégueu. Ces deux là ce seraient certainement rentré dans le lard pour régler de vieilles querelles si l’archiviste ne les avait pas rappelés à l’ordre :

              - Non mais c'est pas bientôt fini vous deux interrogation ? Qu'est-ce que vous me ramenez encore vous interrogation ? Qui c'est celle là interrogation ? Secrétaire interrogation ? Non virgule, pas de badge point. Rah cette histoire devient bien complexe point. Bien mystérieuse point. Des gens qui se balaent où il ne faut c'est même suspect points de suspension...Ramenez la à l'intérieur virgule, il faut que je réfléchisse à leur cas point. ET FERMEZ LA PORTE virgule, il commence à faire chaud ici point. Ha virgule, y a un trou dans la porte en fait point. Bon Prout tu te mettras devant l'entrée deux points: TU serviras de porte point. Allez allez les enfants y a du réchauffement climatique dans l'air et c'est pas bon pour mes papiers exclamation !

              Les trolls se lancèrent un dernier regard noir puis entrèrent dans la pièce. Le froid glacial à l’intérieur les fit tous frissonner, il faut dire qu’ils étaient tous en slip, et leurs énormes pattes firent des bruits de céleri mâché lorsqu’ils marchèrent dans la neige qui recouvrait le sol et même une partie des meubles. On aurait dit que quelqu’un avait mis des étagères dans un frigo, ce qui n’était pas très loin de la vérité : les documents se conservent mieux à température basse. Le plafond de la salle était d'ailleurs recouvert de stalactites semi-transparentes, et la salle proprement dite pleine d'étagères supportant de volumineux dossiers à moitié gelés. Il est très difficile d'évaluer la taille de l'archive: le plafond bas et les meubles qui bouchent la vue ne permettent pas d'avoir une bonne perspective de l'ensemble. Peut-être faisait-elle vingt mètres de côté. Peut-être deux cents. Peut-être était-ce un vrai labyrinthe. On pu se faire une petite idée lorsque l'archiviste constata les dégâts causés par Yukikurai: sur une centaine de mètre des étagères avaient été mise à bas, voir même explosées, par la course folle du révolutionnaire qui s'était apparament terminée dans une pile de dossiers qui formaient une sorte d'igloo de paperasse. Du révolutionnaire lui-même, nulle trace. Peut-être était-il profondément incrusté dans l'igloo. Ou coincé sous une étagère. Il faudra aller récupérer cet impterinent.

              Lorsque l'archiviste se retourna il vit deux chose. Un, Prout s'était mis dos à la porte pour barrer la sortie, deux ses mains étaient désespérément vides. Où était passée Pénélope ? Un cri se répercuta dans les allées gelées des Archives Frigorifiques:
              - HAAAAAAAAAAAAAAAAAAA BAKAAAAAAA DE TROOOOOLL ! RETROUVEZ-LES ! Toi et toi suivez le sillage de destruction et récupérez le jeune homme exclamation ! Grumf démerde toi pour retrouver la femme exclamation ! MAGNEZ-VOUS ! Alalalala c'est pas bon c'est pas bon virgule, faut prévenir le chef point. Ou pas point. Règlez ça vite fait bien fait point. Sinon j'aurai des ennuis point. Mais d'aboooord...pinacolada !

              La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] 440030tropicalby122476d420ip9

              Kalorifik l'Archviste bu son verre d'un trait et alla chercher son harpon posé sur son bureau. Personne ne sortait vivant de son Labyrinthe si il y était entré sans autorisation. Les papiers, c'est sacré.
                Alors qu'il n'était pas encore totalement immobilisé sur le sol, il sentit une pression à ses chevilles. Voilà que quelque chose ou quelqu'un l'attrapait par les pieds. Il n'eut même pas le temps de protester qu'il fut projeté pour un vol plané en sens inverse en direction des trois montagnes oranges qu'il fuyait. Il eut alors le réflexe le plus bête au monde, celui qui consiste à agiter frénétiquement ses bras et ses jambes pour on ne sait quel raison. Peut-être espérait-il que cela lui permettrait de changer sa trajectoire. En tout cas, ce qui se présentait droit devant lui ne lui faisait plaisir du tout. Il avait le mauvais pré-sentiment qu'il allait servir de balle pour une partie de lance le révo. En effet, malgré la surprise dû au projectile incongru que Yukikurai formait, un des trolls réagit et se tint prêt à le propulser avec son immense batte.

                Ça y est sa trajectoire de vol s'était stabilisée et il aurait très bien pu voler les pieds devant, mais non il fallait que ce soit sa tête qui soit mise en première position. Bien que son Kitai lui permette de faire de vrille ou des saltos dans des positions incongrue comme celle-ci, mais il ne maitrisait pas encore suffisamment corps pour arriver à dévié suffisamment de sa trajectoire pour éviter le tronc d'arbre qui servait d'arme à son opposant orange. Entre deux cris de gonzesse, il parvint malgré tout à évaluer la situation.

                * Oh, putain! Je suis dans la merde là. Aucune, chance que j'arrive à esquiver la batte. Encore moins pour qu'il me rate, c'est encore plus facile que toucher un éléphant dans un couloir. Bon seule solution essayer de briser son arme avant qu'elle ne brise mon crâne.*

                Ne croyant qu'à moitié à sa dernière idée ou par réflexe de ses entrainements, il commença à battre l'air droit devant lui avec ses paumes. Ses mouvements allaient de plus en plus vite et au moment de l'impact, il cria le nom de l'attaque espérant que cela la rendrait plus efficace.

                Kyomei

                Verdict, crier le nom de l'attaque n'en augmente nullement l'efficacité. Cette dernière avait tout juste réussi à amortir l'impact, mais la puissance du coup était monumental et il repartit le nez en sang en sens inverse. C'était un semi échec, vu que son crâne était malgré tout encore un seul morceaux et encore heureux. Le jeune forgeron n'eut pas la chance d'admirer sa magnifique trajectoire, vu qu'il perdit légèrement connaissance. Les autres protagoniste eux purent profiter du spectacle. Transformé en une véritable fusée, il repassa devant celle qui la première l'avait lancé. Ensuite, il rebondit sur le mur aussi bien que ce qu'aurait fait un homme caoutchouc. C'est encore avec suffisamment de vitesse qu'il passa au-dessus d'un autre monstre à la fourrure orange qui s'était abaissé dans un réflexe hors du commun. Il passa même au travers de LA porte qui donnait dans les archives centre de temps d'attention. Il finit sa course sous une pile d'archive après avoir cassé un certain nombres d'étagères. Il resta inconscient dans son nids de bois et papier jusqu'à ce qu'il entende crier celui qui devait visiblement être le chef des créatures.

                ......Baka....

                * Oui, oui c'est moi.... Hein quoi, je suis où déjà moi? Et pourquoi j'ai mal à la tête?
                * Ha ça y est je me souviens, des trolls à quatre bras et des massues. Brrrrrr, il fait froid ici. Et puis c'est quoi qui me recouvre? Du papier? Des archives? Bon en tout cas, il faut que je file avant qu'ils ne remettent la main sur moi. *


                Se frayant un passage jusqu'à la surface de manière la plus discrète possible, il passa sa tête dehors et put constater qu'il était à une certaine distance de la porte. C'est bon, personne ne regardait dans sa direction, il s'extirpa des débris et s'enfonça aussi rapidement et discrètement que possible entre les nombreuses étagères formant des allées. Une fois caché, derrière des meubles qu'il n'avait pas détruits, il jeta un œil pour voir ce que les troupes en présence faisait. L'un des trolls semblait garder la porte, deux autres venait dans sa direction et l'autre partit d'un autre côté.

                * C'est bon pour moi, il se sépare. En un contre un il y a peut-être moyen que je m'en fasse un. Ha oui, mais flute, je n'ai pas wakizashi avec moi.*

                S'il voulait avoir l'occasion de faire un duel avec une de ses créatures, il fallait qu'il s'éloigne de toutes sources de renfort potentielle. Il s'enfonça donc dans le cœur froid de ses archives. C'est seulement à ce moment qu'il se rendit qu'il faisait vraiment froid dans cette pièce, au point qu'il y ait des plaques de neige et glace. Arrivé au-dessus d'une plaque de glace, il se pencha pour regarder l'état de son visage. Le sang qui coulait de son nez s'était arrêté et avait formé une petite croute. Il remarqua également que son couvre chef trônait encore presque fièrement sur sa tête. Cela devait être un de ses choipeaux magique qui reste sur la tête de son porteur quoi qu'il arrive. Peut-être même contenait-il en son sein une épée légendaire et qu'il attend qu'un héros au cœur pur ne le sollicite. Comment ça, je m'égare. Enfin bon, il continua sa progression dans le dédale des archives congelées en jetant de temps à autre un coup d'œil soit au classement des boites et diverses choses entreposées dans les armoires, soit à ses poursuivant géant et orange. Deux choses étaient sûr, il ne trouverait pas de lui-même ce qu'il cherchait, tant soit peu qu'il cherche dans la bonne pièce et il avait l'avantage par rapport à ses poursuivants. On ne voyait certes pas grand chose entre les rayons, mais deux mètres cinquante à trois mètres de piloupiloux orange qui se déplace en grognant et en faisant vibrer le sol est facile à suivre. Yukikurai aurait donc l'effet de surprise avec lui s'il manœuvrait bien. Il continua son errance à la recherche de quelque chose qui lui donnerait l'avantage pour la confrontation. Il attendait aussi que le duo ne se transforme en solo pour agir.


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                *Eh bien, quel culot ! Soulever Mon Altesse Sérénissime. Heureusement que j’ai sauvé l’honneur en lui mettant une jolie droite bien comme il faut. De toute façon, j’ai encore une petite surprise pour lui.*


                En effet, Pénélope s’était sciemment laissée porter pour enfin pouvoir entrer dans cette satanée pièce. De toute façon, l’alerte avait été lancée par le gardien et l’intrus avait confirmé la donne. Il fallait maintenant se débarrasser de tous ces gêneurs avant que d’autres n’aient l’idée de venir s’installer dans ce coin prétendument inhabité. Donc, elle entra pour frissonner élégamment dans une pièce où l’ère glaciaire n’avait pas laissé place à une atmosphère vivable. Elle claquait donc des dents avec majesté pendant qu’elle nouait un fil bien solide à son ravisseur. Celui-ci entretenait un simulacre d’entretien avec un autre homme et l’on ne pouvait aisément deviner lequel était le plus con. Et là, il y eut une faille dans sa prise. La créature ne pouvait pas, semblait-il, parler et tenir quelque chose dans sa main au même moment. Aussi, sans se départir de son aura de magnificence, la jeune femme se reçut lourdement sur le sol, soulevant une poussière millénaire autour d’elle. À tire d’ailes, elle partit rejoindre les rayonnages quelques mètres plus loin et là, elle finit par mettre en place sa vengeance machiavélique du haut de sa dignité rayonnante.


                Plantée vigoureusement au sol, elle fléchit les genoux en tenant à deux mains le fil qui la reliait à son inconsciente victime. Comme elle avait opté pour la technique de lancer de poids tantôt, elle choisit de lancer le marteau. Un marteau qui allait abattre sa Némésis sur ces ignobles créatures. Penchée maintenant en arrière, elle imprima un mouvement de rotation à la masse de chair qui, de surprise, lâcha son arme. Quand il eut pris une vitesse de croisière après le quatrième tour de voltige, elle libéra la chose en direction de ses compagnons et de leur chef présumé. Pour élever l’esthétique du moment vers les sommets, elle eut ce geste caractéristique de ceux qui essuient le talc de leurs mains avant de disparaître à nouveau dans les archives.


                Le sourire aux lèvres, elle pensa qu’elle avait vu juste, les deux nouveaux avaient deux paires de membres. Victoire donc contre le destin qui se croyait si imprévisible pour retomber dans les affres de la médiocrité face à la splendeur et au sublime panache de Pénélope Solète.



                * Mais putain, qu’est-ce que ça caille ici, faut que je pense à me trouver un truc pour me couvrir.*
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                La bouche de Kalorifik s'ouvrit tellement grande que son menton heurta le sol. Il n'en croyait pas ses yeux exorbités: chaque fois qu'il détournait le regard de sa main d'oeuvre hexapode une catastrophe se produisait. Non content d'avoir démolit une douzaine d'étagères durant leur entrée fracassante dans son antre, voilà que les intrus se mettent maintenant à utiliser ces stupides trolls comme boule de bowling. Ses dossiers, ses beaux dossiers, éparpillés en tout sens sans un semblant d'ordre logique, livrés aux quatre vent de la climatisation des archives, écrasés sous une demie-tonne de bêtise orangée. C'était l'enfer, tout simplement. Dix ans de rangement minutieux qui vol en éclat, dans le sens le plus littérale du terme. Y avait de quoi sérieusement péter un cable, et de fait une série de rouages se mirent en branle sous le crâne épais de l'Archiviste. Un bureaucrate ce n'est pas vraiment familiarisé avec les sentiments, pourtant l'homme au harpon fut forcé de tenter l'expérience: il découvrit la colère. Cette sensation le laissa confus quelques secondes, son esprit et son corps tiraillés par des impulsions contraires. Puis, comme toute personne qui se retrouve face à un élément perturbateur, il prit la décision qui s'imposait: d'abord éliminer le fouteur de troubles, et seulement après envisager le rangement. Même si à ce stade on pouvait même carrément parler de reconstruction.

                Et le meilleur moyen d'arrêter cette bonne femme aux cheveux à la couleur douteuse c'était encore de lui balancer des trucs. Saisissant fermement son harpon il arma donc son lancé, puis d'une puissante contraction musculaire il envoya son engin de mort fendre l'air, droit sur une Pénélope Solète qui lui tournait royalement le dos. Y a des gens comme ça qui donne deux baffes puis se cassent, croyant que la bagarre est fini façon "hop hop j'ai gagné t'as perdu". Ceux là on généralement une durée de vie dramatiquement courte. Pendant que le harpon fonçait sur sa cible une grosse chaine qui y était relié se déroula à sa suite, provenant directement de la manche de Kalorifik. Allez savoir comment cette arme, originaire d'un bateau pratiquant illégalement la pêche à la baleine, est tombée entre les mains de l'Archiviste. Reste que son "Poinçonneur" lui était très utile pour accéder aux dossiers situés à des endroits a priori inaccessibles: il suffisait de tirer sur la chaine pour récupérer les précieuses informations alpaguées par cette sorte de pic à glace géant. Dans une Archive normale cela aurait endommagé les précieux papiers mais on était dans les Archives Frigorifiques, il fallait y aller pour percer la couche de glace qui recouvrait les documents empilés sur les étagères. Bref, la chance aux papillons est ouverte. Epinglez les tous !


                Butterfly Must Die !!!


                Plus loin, empilés comme un gros tas d'oreillers orangés, les trolls se remettaient lentement du choc de s'être fait poutré par une Zumaine qui pesait dix fois moins lourd qu'eux. Sur ce coup là Prout avait vraiment rien compris à l'enchainement d'évènements qui l'avaient amené la tronche dans la neige. Parcontre, ce qu'il savait c'était qu'il venait de toucher son jackpot en carotte: le révolutionnaire chapeauté se tenait devant lui, à deux mètres de distance, et le regardait les yeux dans les yeux. Le déplacement provoqué par le strike magistral de troll-bowling avait bien opportunément fait tomber une nouvelle étagère, derrière laquelle se trouvait un intru qui ne tenait pas vraiment à se faire remarquer. C'était raté. Prout pointa son doigt boudiné vers le Voltigeur qui lui avait servit de balle de base-ball et dit d'une voix stupide: "Chapow !". Immédiatement les deux collègues qu'il avait sur le dos se tordirent le cou pour regarder dans la direction indiquée. Cible repérée. Encore une fois, la chasse étaient ouverte: tally-ho ! Il fallut un certain temps aux trois trolls pour remettre en ordre leurs 18 membres emmêlés, temps qui fut mis à profit par Yuki pour se carapater en quatrième vitesse. Il s'en suivit une course poursuite version Benny Hill, avec sa traditionnelle musique idiote, tous les protagonistes courant à fond la caisse à travers le labyrinthe enneigé. Ils se séparèrent, se retrouvèrent, les trolls coururent après le révolutionnaire, parfois ce fut l'inverse, Prout et un autre hexapode firent un frontale pendant que le Chapeauté leur passait entre les jambes...c'était le bor-del !

                Vers le centre du labyrinthe le 4e troll, Grumf, tellement transit de froid qu'il en devenait bleu, lança un appel hésitant:
                Youhouuu t'es ooooù ?
                  Il n'y avait rien à faire ces créatures orange dotées de deux paires de bras étaient impressionnantes et le fait d'avoir goûté à la puissance de leur coup ne fit que renforcé la peur que Yuki ressentait. C'est tout naturellement que quand il se retrouva face à ses poursuivant suite à la chute de l'étagère qui les séparait qu'il décida de fuir. En même temps cela faisait partie du caractère du jeune homme, il était du genre à préférer fuir une centaine de fois, même si cela peut paraître lâche à certain que de mourir une fois. Cela lui avait toujours réussi vu qu'il était encore belle et bien vivant. La course poursuite Beny Hill avec la musique de Scoobidou conduisit les protagonistes plus au centre des archives. Il y faisait maintenant vraiment froid, les dossiers ressemblait à de gros cubes de glace et de temps en temps une grosse stalactite pendait au plafond. Cette combinaison d'éléments donna une idée à Yuki. Ayant prit une petite avance sur ces poursuivants, il se cacha derrière des rayonnages d'où il pouvait voir le gros pic de glace. Il se saisit de plusieurs cubes de glace, des archives en fait et se tint prêt pour le passage des hexapodes.

                  Ils arrivèrent en file indienne, le premier allait arriver sous l'imposante stalactite. Yukikurai saisit fermement le dossier qui lui gelait les doigts et le lança de toutes ses forces sur la base de la formation glacée. Le lancé ne fut pas super précis et toucha que le côté de sa cible. Pendant ce temps le premier troll était hors de danger. Heureusement qu'il connaissait ses piètre talent de lanceur et qu'il s'était préparé plusieurs projectiles. Il en lança un deuxième, puis un troisième et finalement un quatrième. Est-ce parce que le dernier était mieux lancé que le pic de glace géant se descella et tomba ou bien est-ce parce que c'était le quatrième projectile. En tout cas, le troisième de la file qui s'était arrêté pile sous la stalactite en disant un truc du genre : « Owh y Neiche ». Ce laps de temps fut suffisant pour que le bêta orange se ramasse l'arme de glace sur la tête, le faisant tomber assis par terre légèrement sonner. Prout qui n'avait pas vu la scène se retourna et énervée de ne pas arriver à mettre la main sur le petit zumain au Chapow, engueula son congénère.

                  « Ho! Pas dormir! Pas raizon de dormir maintenant. »

                  Comme il était légèrement sonné il ne répondit pas à son chef, ce dernier lui asséna un coup sur la caboche pour exprimer son mécontentement.

                  « Maintenant raizon toi dormir un peu. »

                  Cette scène arracha un sourire de soulagement au révolutionnaire. * Plus que deux.*
                  Profitant de la désorganisation causée par cette petite dispute, il reprit sa fuite toujours à l'affut de quelque chose pour rivalisé avec les masses des trolls, un sabre pour les transformer en cure-dent aurait été bien pratique. A présent, il ne courait plus et regardait sur toutes les étagères si quelque chose d'intéressant ne s'y trouvait pas. Soudain, quelque chose attira son attention, il venait de voir un espèce de porte monnaie en fourrure, gros comme un poing. La curiosité de Yukikurai toujours fidèle à son poste le poussa à jeter un œil pour voir ce que cela pouvait bien être. C'était le premier objet qui différait des autres, qu'il voyait. Il devait être là depuis un bon moment, car il était entouré d'une solide et épaisse couche de glace. Cela ne fit qu'attiser la curiosité du jeune homme qui plaça ses deux mains sur la pochette étrange et les deux pieds contre l'armoire. Il tira de toute se force et la glace libéra l'objet et fit tomber par la même occasion Bakasura sur le sol. La Kakasu Poketo, puisque c'était cela qu'il venait de trouver, s'envola et retomba dans le chapeau du révolutionnaire qui venait de quitter pour la première fois son crâne. Il se releva en hâte et chercha après la pochette. C'est avec soulagement qu'il se rendit compte qu'elle était tombée dans son haute forme. Il voulu le récupérer, mais étrangement la glace de celui-ci s'était soudée au feutre du chapeau et ne voulait plus bouger. Ne voulant pas casser son beau couvre chef, il n'essaya pas plus que cela de le sortir de là. Il se rendit compte qu'il avait quand même maintenant accès à la tirette de l'objet de sa curiosité. Il l'ouvrit et puis retourna son chapeau au-dessus de sa tête pour voir ce qu'il y avait dedans. C'est là qu'il se ramassa un tabouret un bois dans la tronche. Yuki ne comprit pas vraiment ce qui s'était passé à part que c'était bizarre, voir magique. En fait cette Kakasu Poketo avait appartenu à un des archiviste qui s'en servait pour transporter facilement le tabouret qui lui servait à arriver au somment des armoires. Un jour, il avait dû le déposé là et puis ne l'avait plus jamais retrouvé.
                  Après s'être vigoureusement frotté le nez et les yeux, Yukikurai secoua son chapeau pour voir si autre chose n'allait pas en sortir, mais hélas rien.

                  * Je ne sais pas ce que c'est pour un machin, mais un tabouret vient de sortir de mon chapeau. Vraiment incompréhensible. Ha merde revoilà les deux autres. *Jetant un coup d'œil successif au tabouret puis aux créatures oranges, l'air subitement inspirer, il se dit : *Ça peut le faire.... oui ça peut le faire, un bon coup de tabouret sur la tête. *

                  Il remit son chapeau désormais réellement magique sur sa tête et grimpa sur l'étagère qui le séparait du duo. Il prit son courage à deux mains et le tabouret avec les deux autres, cela le mettait virtuellement à égalité de membre. Il laissa passer celui à l'œil au beurre noire, puis sauta de toutes ses forces sur la tête du troll. Il abattit le tabouret en bois aussi fort qu'il le put sur le crâne orange. Le tabouret se brisa et Yuki se retrouva avec deux pieds en bois assez massif. Cependant, il n'entendit qu'un : Aïe, Prout pas taper. Les épaules de ces bêtes étaient tellement larges qu'il se retrouva debout dessus. Prout se retourna alors et s'écria une nouvelle fois.

                  « Chapow »

                  Spoiler:


                  La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] 229f206b0ad68563dc50c5d95741feb2La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] Kuroko.no.Basuke.600.1903798 La Bureaucratie de Tsor [FB 1623] Steamp10
                  "C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"
                  • https://www.onepiece-requiem.net/t2613-fiche-de-yukikurai
                  • https://www.onepiece-requiem.net/t2519-bakasaru-yukikurai-presentation-terminee
                  Le gardien n’était pas un mousquetaire. Ce n’était pas le type loyal qui te mettait un coup de gant en te donnant rendez-vous à l’aube. Rien, que dalle, la dèche totale. Coup dans le dos et cigüe dans la coupe, c’était son modus operandi. Sauf que la chaîne qui se déroulait, c'était moyen pour la discrétion. Pénélope entendit le coup partir et vit le harpon lui foncer dessus. Ce n’était pas le soir, elle en avait plein le dos de leurs conneries en plus, il faisait bien trop froid pour jouer au con avec elle. Du coup, elle se mit en rogne bien comme il faut sans pour autant impressionner l’arme qui menaçait de l’embrocher. Alors, elle opta pour une tactique simple, nette et efficace : détourner le projectile avec une équerre. Bingo, craquement d’étagère transpercée de part en part, mais, l’agent n’avait pas l’âme à la nostalgie. Aucun alexandrin ne fit l’éloge funèbre de cette innocente victime, mais une furie qui s’aperçut qu’elle était bien trop décoiffée lui fit l’hommage d’un coup sang divin. La voilà donc lancée à la charge du fonctionnaire qui cognait sur son bout d’arme pour amener le bout de fer vers lui avant qu’il ne se fasse égorger.


                  Manque de bol pour la jeune femme, la tige vint accompagnée d’un cadavre de rangement en bois, et ce dans le but manifeste de lui faire mal. Cela réussit, elle se retrouva allongée par terre avec une écharde plantée dans le doigt. En plus de la faire atrocement souffrir, cela la menaçait de mort en cas d’infection. Elle essaya de l’enlever, mais comme dit plus haut, le grand manitou des connards anonymes n’était pas à cheval sur les règles de la courtoisie. Pendant que Pénélope tentait d’arracher l’affreux objet de sa peine, elle dut subir les tourments d’un harpon dansant la tecktonik dans l’atmosphère d'un intérieur de frigo. Il rebondissait sur le sol verglacé avant de rejoindre au pas de course un agent plus trop infiltré aux vues des circonstances. Celle-ci esquivait toujours au dernier moment, l’esprit encore occupé à la tâche ingrate de l’extraction quasi neurochirurgicale de cette épine dans la main. Heureusement pour elle, il la manquait toujours de peu et l’emmerdeur ne revenait à la charge que pour mettre encore plus la pagaille dans le palais des glaces. La douleur et le froid et les assauts frénétiques du parkaman se conjuguèrent pour faire péter les plombs à l’espionne jusqu’à ce qu’enfin !



                  « Ahah ! Je t’ai eu petite salope ! C’est qui le patron ? Hein ? C’est qui le patron ? »


                  Oui, parler à une écharde ce n’était pas bien malin, mais qu’est-ce que ça faisait du bien ! Elle en avait besoin de cette réaction exothermique nommée explosion de colère, car il ne fallait pas oublier que le froid l’attaquait salement et beaucoup plus sûrement que cette espèce de sous-merde en fourrure. Là, elle allait bien lui focaliser sa main dans les parties au débile avec son jouet. C’était parti pour un round de pure défonce sous la tutelle du ministère des Pains Dans La Tronche.


                  « - Ce n’est absolument pas réglementaire exclamation. Vous venez d’enfreindre au moins douze articles du Règlement Interne exclamation. Rendez-vous point.
                  - Et en cassant tout ça ? Tu n’as pas enfreint une ou deux de tes règles, Monsieur le Juge ? »


                  Cette répartie légendaire et ultérieurement citée dans tous les livres d’histoire un tantinet sérieux coupa le sifflet à l’homme affublé d’un manteau. Manteau qui, d’ailleurs, faisait briller les yeux de Pénélope d’un éclat nouveau. Pour régler ses soucis une fois pour toutes, elle se propulsa d’un Soru à la hauteur de son adversaire. Celui-ci eut un réflexe surprenant et tira à bout portant. Il atteignit l’agent Solète au bras et l’érafla sérieusement par contre, elle put retenir le harpon avant que celui-ci ne parte trop loin et brisa le lien qui le reliait à son lance-lui. Elle était déchaînée.


                  * Ha ! Putain, il m'a eu l'enfoiré, il m'a pas loupé le salaud, ça fait un mal de chien.*


                  « Arrêtez exclamation, exclamation, exclamation »


                  Le coup de poing qui suivit l’arracha à son réquisitoire. Le combat qui s’en suivit fut court, certes, mais passionné et il s’effondra comme une merde non sans avoir placé une bonne droite sur le flanc gauche de son vis-à-vis. Elle qui l’avait gardé vivant pour l’interroger à l’occasion le regrettait partiellement quand elle se mit à compter les gnons. Cependant, elle avait de nouveaux atours, idéals pour faire face aux intempéries.


                  La suite du plan impliquait la mise au placard de son assommé de captif. Elle voulait même tenter de se faire passer pour lui, et ce dans le but sournois de se débarrasser de l’autre gêneur avec les géants, ou du moins ce qu’il en resterait.


                  Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 11 Mar 2012 - 11:34, édité 1 fois
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