Pas un chat. Pas un putain d’chat.
Tu la vois cette scène, jpense ? Elle te rappelle des moments que t’as déjà vécus, hein ? Ben on vit ça en c’moment. Une place, du soleil à en r’vendre, un vent sec qui souffle douc’ment, un bar à terrasse, moi qu’allume un clope à l’aide du nouveau briquet que j’viens d’m’offrir, des serveurs qui disent rien alors qu’z’ont dû bien nous spotter avec le Jacky. Et donc, comme jdisais, personne dans l’troquet à part nous, et personne dehors non plus. Pour un peu jcroirais presque qu’l’autorité avec un A nous a en embuscade et a fait évacuer les lieux. Mais soit mon instinct est dev’nu merdique, soit y a aucun mouetteux planqué nulle part. Et jcrois pas qu’mon instinct soit dev’nu merdique. Jcrois qu’c’est juste un d’ces jours sans. Sans quoi ?
Sans rien. Juste sans.
Ah, ça, j’avoue, c’tait un peu couillu d’venir à Hinu pour notre dernière semaine avant l’grand large. Avant l’Grand Line. Un peu couillu et en même temps, comme y paraît qu’on est des stars pour les gens qui nous aiment, c’t’à dire en l’occurrence pour nous-mêmes, ben on l’croit bien, qu’on peut s’le permettre. Et du coup c’plus si impressionnant qu’ça, si ? T’m’as pas suivi ? Laisse tomber.
L’important c’est qu’aujourd’hui et hier et demain c’est les jours de r’pos pour tout l’monde, qu’l’Ecume est à l’ancre au milieu d’Perpèt-les-Requins à quatre ou cinq lieues d’la côte qu’y a que Jack qui saura y r’tourner, qu’on est v’nus en Santa, qu’les autr’ zozos ont décidé d’aller s’la couler douce dans un spa, un bordel ou un autre endroit où y fait bon s’poser, et qu’Jack et moi on est donc assis là entre couilles, avec lui qui m’fait des r’marques philosophiques de haute volée genre "Tsais quoi, Cap’ ? Ben, moi, la nuit, j’conquiers." et sa putain d’guenon mâle qui joue à m’tirer les tifs depuis au moins quat’ secondes et demie. Qui jouait jusqu’à maint’nant que j’le chope par le colback et qu’j’l’envoie lui et son poil de singe lustrer un ptit coup la table d’à-côté.
Tiens ta bestiole, tu veux ?
Que jbalance. Pis après j’joue avec le briquet. Toujours l’même. Chopé c’matin sur les docks à un mec bizarre qui r’ssemblait comme deux gouttes d’eau au r’gretté commandant Tasseur tel que j’imagine qu’il aurait vieilli si un mec pareil était capable de vieillir. C’bon vieux Jemthro. C’bon vieux temps où j’martyrisais du révo pour le gouvernement. Hin. Bref. Le briquet. C’est un briquet qu’a une histoire, jsuis sûr, avec ses deux bottes de cavalier gravées sur le côté. Oui c’moche, mais jme dis d’un coup qu’ça a dû avoir une signification soit pour le mec qui les a fait incruster, soit pour celui même qui les a incrustées. Ptet même c’était l’même. Et puis ensuite il a changé d’main.
Une fois, deux fois, trois fois. Au fils, au frère, au fils du frère, à son fils après lui. Ouais, autant qu’ça. Y a plein d’générations jsuis sûr qu’s’sont transmises d’puis sa naissance c’briquet tout poli par les embruns c’est magnifique. Et ça m’laisse songeur. Et jsonge tell’ment qu’j’en oublie Jack et que j’me rappelle le temps qu’est passé d’puis l’année dernière. Les Saigneurs, tout ça. Et jremonte jusqu’au début, jusqu’à la formation d’la fine équipe au large d’ici-même sur l’Ecume qu’était alors l’Milicien. Et ça, ça m’fait r’partir avant, jusqu’à Goa carrément où j’ai croisé l’ptit Sans Honneur. L’casse donc, puis Gharr Hadoc, puis les cales du Passeur. Et jcontinue dans l’sens normal à partir de là. Après les cales du Passeur, y a eu… y a eu c’gamin et c’t’île chelou d’South sur laquelle jsuis arrivé après… après avoir buté c’type. C’type qu’m’avait lâché une peluche en forme d’rossignol, cadeau d’anniversaire d’un Edouard Désiré y paraissait. Peluche qui m’avait pété à la gueule. Enfin qu’avait pété à la gueule du type, plutôt. J’aime pas les cadeaux, jsais pas quand jsuis né. J’allais pas accepter.
Même pas ma mère le savait, quand jsuis né. Alors m’fêter mon annif quarante berges après, c’pas la plus crédible des idées aussi. Pis un rossignol, franchement… Quel con c’t’Edouard Désiré. Rossignol… Edouard… Désiré. Attends voir. Merde. C’l’sun qui tapote méchant ? L’anis avec l’quel z’ont coupé l’rhum ? Ou…
Red, petite enflure.
Jsens un fin sourire qui m’vient. J’jappe vers un serveur, qu’nous apporte une quatrième boutanche par habitude. J’la prends, sûr, mais jlui d’mande aussi la date. Bizarr’ment y s’sent obligé d’me répondre. On est fin 1623, qu’y nous dit. Et jsouris encore. J’ai l’pressentiment. Le. C’ui qui t’dit qu’y va s’passer un truc pack’ c’est l’seul moment où y peut encore s’en passer un. C’ui qu’tu sais. Tu sais. Et jdis à Jack.
T’voulais du fun avant d’partir, hein ?
Tu la vois cette scène, jpense ? Elle te rappelle des moments que t’as déjà vécus, hein ? Ben on vit ça en c’moment. Une place, du soleil à en r’vendre, un vent sec qui souffle douc’ment, un bar à terrasse, moi qu’allume un clope à l’aide du nouveau briquet que j’viens d’m’offrir, des serveurs qui disent rien alors qu’z’ont dû bien nous spotter avec le Jacky. Et donc, comme jdisais, personne dans l’troquet à part nous, et personne dehors non plus. Pour un peu jcroirais presque qu’l’autorité avec un A nous a en embuscade et a fait évacuer les lieux. Mais soit mon instinct est dev’nu merdique, soit y a aucun mouetteux planqué nulle part. Et jcrois pas qu’mon instinct soit dev’nu merdique. Jcrois qu’c’est juste un d’ces jours sans. Sans quoi ?
Sans rien. Juste sans.
Ah, ça, j’avoue, c’tait un peu couillu d’venir à Hinu pour notre dernière semaine avant l’grand large. Avant l’Grand Line. Un peu couillu et en même temps, comme y paraît qu’on est des stars pour les gens qui nous aiment, c’t’à dire en l’occurrence pour nous-mêmes, ben on l’croit bien, qu’on peut s’le permettre. Et du coup c’plus si impressionnant qu’ça, si ? T’m’as pas suivi ? Laisse tomber.
L’important c’est qu’aujourd’hui et hier et demain c’est les jours de r’pos pour tout l’monde, qu’l’Ecume est à l’ancre au milieu d’Perpèt-les-Requins à quatre ou cinq lieues d’la côte qu’y a que Jack qui saura y r’tourner, qu’on est v’nus en Santa, qu’les autr’ zozos ont décidé d’aller s’la couler douce dans un spa, un bordel ou un autre endroit où y fait bon s’poser, et qu’Jack et moi on est donc assis là entre couilles, avec lui qui m’fait des r’marques philosophiques de haute volée genre "Tsais quoi, Cap’ ? Ben, moi, la nuit, j’conquiers." et sa putain d’guenon mâle qui joue à m’tirer les tifs depuis au moins quat’ secondes et demie. Qui jouait jusqu’à maint’nant que j’le chope par le colback et qu’j’l’envoie lui et son poil de singe lustrer un ptit coup la table d’à-côté.
Tiens ta bestiole, tu veux ?
Que jbalance. Pis après j’joue avec le briquet. Toujours l’même. Chopé c’matin sur les docks à un mec bizarre qui r’ssemblait comme deux gouttes d’eau au r’gretté commandant Tasseur tel que j’imagine qu’il aurait vieilli si un mec pareil était capable de vieillir. C’bon vieux Jemthro. C’bon vieux temps où j’martyrisais du révo pour le gouvernement. Hin. Bref. Le briquet. C’est un briquet qu’a une histoire, jsuis sûr, avec ses deux bottes de cavalier gravées sur le côté. Oui c’moche, mais jme dis d’un coup qu’ça a dû avoir une signification soit pour le mec qui les a fait incruster, soit pour celui même qui les a incrustées. Ptet même c’était l’même. Et puis ensuite il a changé d’main.
Une fois, deux fois, trois fois. Au fils, au frère, au fils du frère, à son fils après lui. Ouais, autant qu’ça. Y a plein d’générations jsuis sûr qu’s’sont transmises d’puis sa naissance c’briquet tout poli par les embruns c’est magnifique. Et ça m’laisse songeur. Et jsonge tell’ment qu’j’en oublie Jack et que j’me rappelle le temps qu’est passé d’puis l’année dernière. Les Saigneurs, tout ça. Et jremonte jusqu’au début, jusqu’à la formation d’la fine équipe au large d’ici-même sur l’Ecume qu’était alors l’Milicien. Et ça, ça m’fait r’partir avant, jusqu’à Goa carrément où j’ai croisé l’ptit Sans Honneur. L’casse donc, puis Gharr Hadoc, puis les cales du Passeur. Et jcontinue dans l’sens normal à partir de là. Après les cales du Passeur, y a eu… y a eu c’gamin et c’t’île chelou d’South sur laquelle jsuis arrivé après… après avoir buté c’type. C’type qu’m’avait lâché une peluche en forme d’rossignol, cadeau d’anniversaire d’un Edouard Désiré y paraissait. Peluche qui m’avait pété à la gueule. Enfin qu’avait pété à la gueule du type, plutôt. J’aime pas les cadeaux, jsais pas quand jsuis né. J’allais pas accepter.
Même pas ma mère le savait, quand jsuis né. Alors m’fêter mon annif quarante berges après, c’pas la plus crédible des idées aussi. Pis un rossignol, franchement… Quel con c’t’Edouard Désiré. Rossignol… Edouard… Désiré. Attends voir. Merde. C’l’sun qui tapote méchant ? L’anis avec l’quel z’ont coupé l’rhum ? Ou…
Red, petite enflure.
Jsens un fin sourire qui m’vient. J’jappe vers un serveur, qu’nous apporte une quatrième boutanche par habitude. J’la prends, sûr, mais jlui d’mande aussi la date. Bizarr’ment y s’sent obligé d’me répondre. On est fin 1623, qu’y nous dit. Et jsouris encore. J’ai l’pressentiment. Le. C’ui qui t’dit qu’y va s’passer un truc pack’ c’est l’seul moment où y peut encore s’en passer un. C’ui qu’tu sais. Tu sais. Et jdis à Jack.
T’voulais du fun avant d’partir, hein ?