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Il est bon de lire entre les lignes, cela fatigue moins les yeux [PV Alh]

    Je regardai fixement le liquide irisé dans mon verre, mais sans le voir. Mes yeux étaient fixés sur un point au-delà du bar dans lequel je me trouvais, au-delà des murs. Aveugle à tout, je m'enfonçais dans une sorte de transe, ressassant de sombres pensées. Cependant, si quelqu'un, à ce moment précis, m'avait demandé à quoi je pensais, là maintenant, tout de suite, j'aurais été bien incapable de formuler le début de la moitié du commencement d'une observation intelligible.

    Des flashs de ce que j'avais vécu depuis les derniers mois se mêlaient aux regrets et aux cauchemars qui peuplaient mes nuits. L'amertume de l'abandon de l'Union à mon encontre, les terreurs rémanentes de la tentative de viol que j'avais subi à Shell Town, les scènes d'horreur entre-aperçues au QG de North Blue, tout s’enchaînaient, se croisaient et virevoltaient, comme des danseurs au son des violons d’une délicate valse. Mais il ne s’agissait pas d’un cocktail mondain, mais bien de ma vie, mon existence qui se diluait petit à petit. Pourtant, qu’avais-je fait de mal ? Où m’étais-je trompée, à quel moment avais-je fait le mauvais choix, pris le mauvais tournant ? A mes yeux, la seule chose que je me reprochais était de ne pas avoir été plus déterminée dans mon implication au sein de la révolution.

    J’étais donc de retour à Logue Town depuis quelques jours, et depuis ce temps, je faisais grise mine. Mes « collègues » de bureau avaient mis sur le compte du traumatisme mon attitude qui n’était pas du tout semblable à celle que j’étais auparavant. Je savais que je devrais me faire violence et reprendre mon masque, car j’étais désormais trop proche de laisser tomber toutes les barrières. Mais la fatigue s’accumulait, puisque mes nuits étaient tout sauf tranquilles. Aussi, depuis deux soirs, j’avais pris le pli de boire, pour tenter de m’abrutir… Arrêter de penser… Dormir enfin…

    Cette nuit, la troisième, j’avais sélectionné un nouvel établissement. Pas besoin de rajouter une réputation d’alcoolique débutante à la liste grandissante de mes soucis. Ce n’était pas un bouge, mais ce n’était pas non plus l’établissement haut de classe. Pour une fois, je jouissais d’un anonymat apaisant : pas de personnes susceptibles de me reconnaître, de me draguer ou de me menacer. Une solitude que j’appréciais… mais me peser en même temps. Cependant, à qui pourrais-je me confier ?
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    • J’savais pas que tu affectionnais les teintures, héhé !

    • Pfff… C’est ma nièce…

    J’tirai la tronche en observant la mine amusée du barman vis-à-vis de la nouvelle coloration de ma chevelure devenue toute blanche, quoique toujours aussi ébouriffée. Et pourtant, j’avais rien demandé à la base. Tout était partie d’une séance de shopping avec ma petite nièce de neuf ans qui m’avait supplié de l’emmener avec moi. L’ton larmoyant qu’elle avait arboré pour me convaincre, m’avait déstabilisé du tout au tout. Résister à sa p’tite bouille toute mignonne était mission quasi impossible. Mais une fois dehors, celle-ci malgré son jeune âge se montra impitoyable avec mon portefeuille et j’avais croulé toute la journée sous de lourds paquets contenant diverses choses, comme des vêtements ou encore des jouets derniers cris.

    J’avais bien cru que le passage chez la coiffeuse allait marquer la fin de mon calvaire, mais ma nièce après avoir eu sa nouvelle coupe, m’incita carrément à teindre ma chevelure, mes sourcils et ma barbiche en blanc. Là, autant dire que je ne ressemblais à rien du tout. J’eus beau lui demander la permission pour reprendre ma teinte naturelle, mais tout ce que je récoltai ne fut que pleurs et sanglots. Forcé de faire plaisir à ce petit bébé gâté, j’lui avais finalement dit que je garderai cette couleur jusqu’à mon départ pour Grand Line. C’qui avait suscité sa grande joie, d’un seul coup, comme par miracle. L’était vraiment fourbe cette fille…

    • Charmante comme toujours cette petite. Et tu comptes rester combien de temps en ville avant ton départ sur Grand Line ?

    • Juste 48 heures tout au plus. J’avais des affaires familiales et administratives à régler ici avant de partir. Mais j’viendrai te dire au revoir, c’est promis Tom.

    V’la comment se nommait l’barman. Tom était le propriétaire de cet établissement et barman à ses heures perdues. Un ancien marine avec qui j’avais bossé et qui avait laissé les armes au profil d’ses propres affaires plutôt florissantes. Même si j’eus la nette envie de lui demander de me suivre sur GL, j’me voyais manger un vent ou un mur. Pour rien au monde il ne renoncerait à son bar. Cela faisait maintenant cinq minutes que je bavardais avec lui lorsque je décidais qu’il était p’être temps de le laisser travailler en allant boire tranquillement dans mon coin. C’qu’il approuva. J’pris donc mes deux bouteilles de purs saké, tout droit venus de West Blue et me retournait à l’intérieur du local pour m’abreuver tranquillement…

    Et c’est à ce moment là que je la vis. Une belle créature assise toute seule, dans son coin, l’air pensive. L’prédateur que j’étais n’pouvais pas se tromper malgré la distance et la faible luminosité de l’endroit. C’était très certainement une bombe ! Une bombe à ne pas louper ! J’décidai de m’approcher vu qu’elle semblait ne pas avoir de prétendants autour d’elle, c’qui était plutôt une aubaine pour moi. Et plus je m’avançai vers elle, plus j’avais la ferme conviction qu’il s’agissait d’une belle péripatéticienne. Des vêtements plutôt élégants, de belles formes bien visibles, une belle chevelure rose bonbon… Que demande le peuple ? J’me mis à sourire comme un idiot, lorsque j’tiquai sur un point. Chevelure rose bonbon… ? Pourquoi avais-je une impression de déjà vu ?

    • Puis-je m’asseoir près de toi ?

    Question simple, claire et nette ; L’tout suivit du bruit que j’occasionnai en posant mes deux bouteilles de saké avec fracas sur sa table. Histoire d’attirer l’attention. Son attention. J’avais fini par la reconnaitre après quelques secondes de doutes. Même si les lumières tamisées de ce bar ne m’avaient pas facilités la tâche. Pourquoi ne l’avais-je tout simplement pas évité ? Sans doute parce qu’elle avait été l’premier facteur qui m’avait permit d’être ce que je suis aujourd’hui : L’remarquable capitaine du Léviathan qui s’trouvait d’ailleurs au port de la ville avec tout l’équipage. J’ajustai mon gigantesque manteau à fourrure accroché à mes épaules, avant de constater sa mauvaise mine et le verre qu’elle avait en face d’elle. Il y avait un pépin, ça, pas de doutes…

    • Généralement, on boit soit parce qu’on raffole de l’alcool comme ces gens là, dis-je en pointant des joueurs de cartes dans un coin du bar qui s’abreuvaient avec bons cœurs, soit parce qu’il y a un heureux évènement à célébrer. Noyer ses problèmes dans l’alcool, c’pas c’qu’il y a de mieux à faire. Qu’est ce qui s’passe ? Le Cipher Pol te fait des misères ? Ou bien t’ai-je cruellement manqué ? Demandais-je tout sourire.
      Je levai à peine le regard, prête à rembarrer plus que méchamment l'odieux connard qui venait m'interrompre dans ma mélancolie aigrie. Et d'ailleurs, je fus à un doigt de l'envoyer se faire cuir un œuf à Alabasta vitesse grand V, mais quelque chose dans son sourire me retint. Alors, je soupirai, et soulevai mon verre en une sorte de salut moqueur pour le finir d'un geste, avec ce petit mouvement du poignet qui apprenait à qui savait le monde des comptoirs, qu'il s'agissait là d'une preuve d'une incontestable aisance née d'une pratique régulière...
      - « Oh, c'est toi... »

      Je fis une moue indescriptible.... Totalement, puisque moi-même je ne sus pas faire la part des choses dans la vague d'émotions contradictoires qui m'assaillit à ce moment. Avant tout, de la peur, je crois. Pas spécialement peur de lui, mais de ce qu'il représentait. Alheïri me rappelait trop durement le début de ma déchéance, cette tentative de viol qui avait été l'élément déclencheur de tout ce micmac. Avant ça, j'étais pleine de confiance, d'orgueil, une véritable pétasse imbuvable et fière de l'être. Après.... j'avais l'impression que, où que j'aille, j'étais une pauvre misérable petite chose fragile qui avait peur de sa propre ombre... Mais c'était d'un pathétique, et j'avais appris à me haïr avec une force dépassant presque celle qui motivait mon animosité envers le Gouvernement Mondial.

      - « Tu es positivement horrible, comme ça. »
      Ouais, bon, j'ai été plus sympathique, surtout avec lui. Mais voilà, je suis femme et donc domaine de prédilection du chaos, soumise à des sautes d'humeur, et ce sans aucun besoin de justification. Nah, d'abord!

      Pour autant, cela ne m'empêcha pas de tirer à moi une de ses bouteilles, sans même lui demander la permission. Je déchiquetai l'emballage du bouchon et utilisai mes dents pour retirer cet obstacle du goulot, et je me versai enfin un nouveau verre.
      - « Tu es sorti de ton trou du cul du monde de base pourrie, à ce que je vois... Que vient faire le grand colonel Alheïri Salem Fenyang dans ce modeste bar? Tu t'encanailles? ou dois-je me sentir honorée de me voir sanctifier par ton auguste présence? »

      Et hop, un verre de plus pour aller avec ses petits copains. Alors ça, c'était un alcool de classe supérieur. Je n'avais pas les moyens de m'acheter ça - pas si je me tenais à la résolution de ne pas utiliser la carte de Pôpa. Mais je me pris à reconsidérer la chose: je tenais là un somnifère du tonnerre. Encore deux ou trois et j'étais bonne pour une nuit comateuse à souhait...
      Pff, serait-il en train de jouer - encore - le rôle du sauveur?
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      • Tout doux ma belle. J’viens pas en tant que colonel, mais comme simple connaissance.

      J’tirai la chaise qui faisait face à Shaïness avant de la retourner complètement de sorte à avoir le dossier devant moi. J’tournai ma tête un peu partout dans le bar, et m’installai tranquillou devant la jeune femme, tout sourire. Normalement, j’aurai dû m’casser vu sa mine d’enterrement et ses piques plutôt acerbes, mais pour avoir été bien fatigué par ma petite nièce pas plus tard que ce matin, j’m’étais vite dit que ça n’en valait pas la peine. D’autant plus que j’étais plus ou moins habitué à son sarcasme. J’passai mes bras autour du dossier, avant de reprendre calmement parole…

      • Et puis t’as beau tirer la tronche, mais tu restes toujours aussi charmante.

      En plus de mon sourire, j’avais plissé un peu mes yeux, de sorte à rendre ma phrase plus vraie qu’elle ne l’était déjà. Que ce soit dans l’noir ou même de loin, l’avait l’art d’me subjuguer cette fille. J’pense bien que j’restais incontestablement le fan number one de sa plastique. Mais pour son caractère vache, c’était autre chose… M’enfin… Disons que j’avais l’pouvoir de supporter une peste comme elle. Surtout qu’on était loin du cadre professionnel et que j’pouvais la faire chier à mon tour. Même si son air m’inspirait pas trop pour. Non pas qu’elle m’faisait pitié, mais bon…

      • L’proprio est un ancien frère d’armes. Du coup, j’fréquente ce bar depuis combien de temps déjà… ? Quatre ans non ? Dis-je en levant les yeux en l’air et en faisait mine de compter avec mes doigts comme un enfant. Ouais, quatre. Ça fait un bail, hein ?

      Pis, fallait que la bouteille qu’elle m’avait prise, m’serve à quelque chose.

      • Même si t’as pas la tête à ça, considères que ma bouteille rembourse tes « deux strings ».

      J’m’étais mit à rigoler avant de déboucher la bouteille restante en un clin d’œil. Question de doigté, hé ! On n’dira pas après que j’m’encanaille, même si ça n’avait légèrement rien à voir. J’me mis à boire au goulot et vidai presque la moitié de la grosse bouteille en quelques secondes seulement. C’était pas une bouteille qui allait m’effrayer, pour sur. J’devrais en commander d’autres tiens… Même s’il fallait que p’être que j’fasse un gros stock pour mon futur voyage sur Grand Line. Pas l’genre de déplacement à effectuer sur deux semaines donc bon…

      • Et si on allait s’promener toi et moi ? Les rues sont bien animées vu les fêtes de fin d’années, et les feux d’artifices sont très beaux.

      Le tout sous un sourire presque espiègle, encore et toujours. A croire que j’avais une crampe d’la mâchoire.
        L’art de retourner le couteau dans la plaie. Son babillage avait eu l’effet positif de me sortir de mes pensées noires, en me forçant à penser à quelque chose d’autre. Enfin… penser était un grand mot. Nous parlions d’Alheïri, ici. Ce type ne devait avoir que cinq neurones d’actif : manger, dormir, boire, baiser et se bagarrer. Et pas forcément dans cet ordre de priorité.
        Mais la mention des mes « strings » ne fit que rajouter du sel sur une plaie à vif. Quelle délicate intention de sa part, de me rappeler que je l’avais laissé me trousser puis m’envoyer paître comme la dernière des gueuses, avant d’avoir à subir une agression sexuelle certes avortée, et grâce à lui.

        - « Une connaissance? Une simple connaissance? Tiens, maintenant, je suis une simple connaissance? Et non plus le monstre d’impolitesse ayant froissé ta petite personne qui s’est vu foutre à la porte quasi manu-militari? » Je raillai avec toute l’acidité dont j’étais capable, pour éviter de fondre en larmes. Heureusement que la luminosité du bar donnait dans le chiche, me permettant de dissimuler le bout de mon nez qui devenait dangereusement rouge.
        L’envie de repousser la bouteille qui valait donc “deux strings”, ou même de la fracasser sur le visage de ce… ce… - raaah, je ne trouve pas de mot pour désigner à quel point ce type m’exaspérait et m’indisposait!!! - … ruffian, allons-nous dire, me prit à la gorge. Mais je n’en fis rien. Mon orgueil m’interdisait de me conduire comme une folle furieuse ou de simplement me donner en spectacle. Du coup, je me resservis une rasade, sachant que si je continuais, j’allais regretter ce rythme rapide de descende.

        - « Aussi charmante, hum? Il faudrait voir à mettre tout ça en ordre… Soit je suis jolie, suffisamment pour que cela efface mon caractère, soit je suis imbuvable du tout au tout. Soit tu ne vois en moi que la CP, comme tu l’as fait avant, soit tu vois en moi une personne qui a tenté de faire connaissance, ce que tu as clairement refusé. Mais tu viens maintenant discuter avec moi et même me proposer d’être vus ensemble… Il faudrait savoir, bon sang! Je ne suis pas une poupée de chiffon à la fin! »

        Je cognai mon verre de nouveau vide sur la table avec une force qui me surprit. Après tout, je considérai que Fenyang Junior avait plus que sa part de responsabilité sur « l’incident de parcours » qui m’avait frappé. Tiens, en voilà la preuve : je l’appelais « incident », comme si cela n’était qu’un petit cahot sur la route, mais je restai bloquée dessus, comme enlisée. Après, la vie m’avait juste réservée encore un peu plus de boue dessus, histoire de bien faire en sorte que je ne bougeasse plus. L’abandon de l’Union… Alors, là, elle y avait mis le paquet. Saleté de chienne de vie !

        - « De toute façon, je me méfie de toi quand tu bois. In vino veritas, comme on dit. J’ai vu ce que ça donnait la dernière fois… Et si pour une fois, tu me disais la vérité, hum? Ce que tu veux vraiment? Ce que tu me veux vraiment? »
        Oui, qu’il me dise une bonne fois pour toute ce que je représentais à ses yeux, qu’on en finisse. J’avais une cuite à prendre et des choses à oublier, moi.
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        • J’suis si détestable que ça ?

        L’dit sourire s’effaça bien vite. J’me rendis compte qu’elle avait encore une dent contre moi, au fur et à mesure qu’elle parlait. C’qui s’justifiait d’une part. Parce que ouais, j’avais couillé. Et pas qu’un peu, j’vous jure. J’reconnaissais mes torts, mes responsabilités… Surtout concernent l’fameux incident d’la forêt… Mais j’ne pouvais plus rien y faire. C’était un peu pour ça d’ailleurs que j’m’étais approché d’elle : Pour rattraper mes erreurs d’antan. Mais j’gaffais plus qu’autre chose, c’qui n’arrangeait notre situation. D’une autre part cependant, il fallait aussi qu’elle comprenne ma propre position. Faire confiance à une gouvernementale tout en sachant que ses supérieurs n’me portaient pas dans leurs cœurs ? Hard quand même. Mais torchée comme elle était, sans doute qu’elle n’réalisait pas…

        • J’suis désolé… Vraiment. Si j’pouvais revenir en arrière, certainement que les choses se seraient passées différemment…

        C’est avec un petit sourire que j’osai passer l’une de mes mains sur la joue droite de la jeune femme qui m’faisait face. L’remord me gagnait et la culpabilité m’pesait grave. J’caressai sa joue d’un air désolé en m’demandant sérieusement c’que j’pouvais faire de plus que présenter mes excuses avec toute la sincérité du monde. J’étais… Perdu. J’n’avais pas imaginé un seul instant que ma présence pourrait provoquer tant d’amertumes. Mais une fois encore, j’comprenais vraiment et j’prenais sur moi. Après un moment de silence, j’retirai ma main de sa joue avant de soupirer. J’étais complètement embarrassé. Jusqu’au bout des ongles. Et c’était totalement insupportable. J’aurai pu changer de sujet, tout sourire, mais l’cœur n’y était pas. Elle me touchait… Comme lorsque j’l’avais sauvé in-extrémis…

        • Tout c’que je voulais en t'approchant, c’est profiter de ta présence et partager un bon moment. M’excuser aussi pour ce qui s’était passé à Shell. Rien de plus. Loin de moi l’idée de te pourrir la soirée, vraiment. J’vais te laisser tranquille. Ça vaut p’être mieux.

        J’avais pris l’une de ses mains -Presque en force (Mais disons délicatement) parce qu’il fallait quand même qu’elle dépose son verre- avant d’y appliquer un baisemain. Pour montrer que le rustre que j’étais pouvait être… Sincère et galant. Mais surtout sincère. Puis j’me levai, avant d’prendre ma bouteille à moitié vide et en réajustant mon manteau sur mes épaules. J’aurai voulu lui glisser un petit mot sur l’alcool qu’elle buvait, mais je préférai partir en silence. Elle pouvait encore une fois s’méprendre c’que j’ne voulais pas. Finalement, j’quittai complètement la salle et me réfugiai dehors. Même cette rue qui était peu recommandable était illuminée de milles couleurs et animée… Reprenant mon sourire habituel, j’m’accoudai au mur du bar et m’allumai une clope en posant ma bouteille à même l’sol…

        Seul, j’regardai les couples et familles qui passaient et repassaient, tout joyeux… Une nouvelle mélancolie naquit dans mon cœur, pendant que les premiers flocons de neige tombaient sur la ville.

        Plus que 48 heures précisément, et on passait à la nouvelle année.
          - « T’es vraiment un empaffé, tu le sais, hein? »
          Je me laissai tomber contre le mur, clignant des yeux pour reprendre mes esprits. Ma traversée du bar avait été quelque peu houleuse et je commençais à avoir du mal à aligner deux pensées tordues d’affilée. In vino veritas, j’avais dit? Ben, la leçon s’appliquait à moi aussi. Sous l’effet de l’alcool, je sentais toutes mes barrières tomber les unes après les autres, pour laisser libre la Shaïness véritable. L’adorable chieuse, mais surtout l’indécrotable naïve idéaliste.

          Il m’avait touché, le bougre. Pas physiquement. Mais cette simple main sur ma joue avait réussi à percer ce brouillard que j’entretenais soigneusement autour de moi, comme un anglais s’occupait de ses pelouses et haies. Il avait enfin agi en tant que lui, un simple gars, avec son caractère – de chiotte, et c’est une expert qui parle, hein – ses envies, son passé et ses aspirations. Et il s’était adressée à la Shaïness en moi, pas à la fille de son père, à la CP ou à une jolie fille, bien que je fus tout ça également.
          Sauf qu’il ne savait pas à qui il parlait. In fine, quelle que fut l’image qu’il s’était forgée de moi, elle n’en restait pas moins déformée par un quelconque masque ou prisme. C’était le défaut avec moi; à force de jouer des rôles, plus personne ne vous connaissait vraiment. Et vous vous étonniez que je déprimasse? Bon sang, il était temps que je rencontrasse des vrais révolutionnaires, avec qui je pourrais enfin être assumer cette partie de moi. J’en avais marre d’être inflitrée.

          - « A se demande si c’est naturel ou si tu le fais exprès… » Avec difficulté, je me hissai sur le mur, pour me mettre en une sorte de face-à-face-d’à-côté de lui. Là où lui regardait les passants, je contemplais les murs, les étoiles et les flocons. « Et pour ton information, tu me dois toujours deux strings. La bouteille, ça ne compte pas. »
          D’ailleurs, elle était où, sa bouteille? Enfin, ma bouteille. Ou plutôt, la bouteille que je lui avais emprunté – avec aucun intention de la lui rendre, mais ça, c’est un détail. Je fronçai les sourcils, cherchant à me rappeler… Bouarf, pas grave. De toute façon, il avait encore une moitié de bouteille, et il ne me suffisait que d’un verre pour tomber dans un sommeil béat. L’affaire était donc vite réglée.

          - « J’vais t’dire… » En mon fort intérieur, j’étais en train de me foutre des claques!!! Mais comment est-ce que je parlais, moi!!! Une vériable saoularde! Mais qu’on me fasse taire, bon sang! « …j’te pardonne, mais t’as pas intérêt à me refaire ça. Sinon, j’chte botte les fesses. Si monsieur, j’en chuis capable! » Et moi d’agiter un doigt “menaçant” en sa direction. « Parce que ch’en ai marre d’être toute cheule et d’être prise pour une dinde… Même si c’est bon, la dinde… »
          Et là, je crois que j’avais atteint le summum du ridicule…
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          • Mais oui… Mais oui…

          Dis-je d’un ton dont on parle à un enfant, avant d’enlacer Shainess dans mes bras. L’était complètement saoule, c’était définitif. Disons que je l’avais écouté… Sans l’écouter, rigolant plutôt de son état… Ridicule ? ‘Fin bon… Ridicule, ridicule… Y avait pire moi j’dis. Comme cet ivre mort à quelques mètres de nous, qui gisait lamentablement au sol, bouteille vide en main. Sur l’coup donc, Shaï m’faisait plus sourire qu’autre chose. Je l’ébouriffai légèrement en m’demandant ce que j’allai bien faire d’elle. Dire que j’voulais m’promener ensuite. On pouvait aisément dire que c’est foutu de chez foutu. Je m’étonnai cependant de sa teneur en alcool… Pour un agent du Cipher Pol, c’est pas glorieux glorieux… A peine une bouteille de saké, qu’elle était déjà dans les vapes ? Ou avait-elle déjà enfilé des litres d’alcool avant mon arrivée… ? Parce que pour c’qui était d'me clasher sec, faut dire qu’elle avait été très très lucide… Un autre point qui m’fit sourire avant que je daigne la porter dans mes bras…

          Maintenant, que faire d’elle ? La laisser seul dans la rue ? Ça pourrait être rigolo… Mais nan. Sans doute qu’elle ne me le pardonnerait jamais… Et qu’elle serait capable d’me poursuivre jusque sous les jupes de ma mère pour m’le faire payer très cher. L’embarquer dans un hôtel bien chic ? Trop risqué avec tous les journalistes déployés un peu partout vu les fêtes de la ville… Moi ça n’me gênerait pas vu la réputation de coureur d’jupons que j’avais déjà, mais elle… C’était autre chose. Et je n’aimerai pas risquer de l’énerver une énième fois. Ne jamais sous-estimer une femme en colère. Ça, j’l’ai appris à maintes reprises. Par contre, l’amener en douce au Léviathan, c’était envisageable ! Et puis finalement non… Le port était trop loin… Je préférai gommer illico presto cette idée de ma p'tite tête sans essayer de penser ne serait-ce qu’à une seule conséquence. Mais que faire donc ? Mystère et boule de gomme. Faut dire que j’m’étais fourré dans un sacré pétrin, mine de rien !

          C’est en réfléchissant sérieusement à ce que j’pouvais faire, que j’sentis quelque chose tomber. J’posai mes yeux au sol avant d’voir le sac à main d’la demoiselle qui gigotait et marmonnait des paroles complètement incompréhensibles dans mes bras. Définitivement, l’alcool ne lui réussissait pas. J’me pliai en quatre tout en tenant fermement Shaï contre moi, avant de réussir à prendre son sac à main. J’allai m’remettre à cogiter quand j’eus une illumination soudaine. Et si ? Machinalement donc, j’me décarcassai pour fouiller son sac, et j’tombai miraculeusement sur un porte-clefs et une indication deux minutes plus tard. J’ne réfléchis pas tellement. L’adresse sur la première page de son agenda de poche devait être la sienne. Et ladite adresse n’était pas loin d’ici. Sa demeure se situait en plein quartier résidentiel qui donnait direct sur l’centre ville. C’est dire qu’elle n’s’embêtait pas la Barbie. L’truc chic, c’est qu’aucune de mes maitresses n’semblait habiter dans les parages. Encore heureux d’ailleurs…

          Quelques heures plus tard, dans l'appartement de Shaïness…

          Il était environ huit heures du matin. La neige avait complètement recouverte la ville et il faisait un froid glacial dehors. Pour ma part, j’avais réussi à retrouver l’appart de Shaï en moins d'une demi-heure de recherche, un peu après notre rencontre. J’l’avais tout de suite changé en robe de nuit/pyjama adéquat avant de la coucher dans son lit en prenant le soin de la couvrir comme il faut. M’concernant, j’avais élu domicile au salon, m’contentant d’une petite couverture et d’la cheminée que j’m’étais permit d’allumer. Fallait avouer que son appart’ était plutôt douillet. Typiquement féminin vu les penderies et tous les accessoires, mais douillet quand même. Réveillé depuis presqu’une heure déjà, j’étais allongé sur mon flanc droit devant la cheminée et j’lisais l’dernier journal paru en croquant distraitement dans une pomme que j’avais déniché dans sa cuisine. N’attendant plus que son réveil… Qui serait sans doute ponctuée d’une belle gueule d’bois, héhé. En espérant que j’n’allais pas m’faire passer de savon... Comme quoi j’l’avais laissé seule dans le lit… Connaissant la Raven-Cooper, j’pouvais m’attendre à un truc du genre…
            Mon réveil fut.... étrange... Je n'avais pas bu ce dernier verre qui m'aurait assommé pour de bon, donc je n'avais pas la gueule de bois entière... pas plus que je n'avais ce trou de mémoire accompagnant les cuites les plus intenses. Je me souvenais plus ou moins vaguement d'Alheïri me portant dans ses bras, malgré des protestations de ma part - j'aurais été capable de marcher! D'accord, pas forcément droit, mais marcher tout de même. Je me souvenais de la façon dont il m'avait couché, après m'avoir passé un t-shirt pour la nuit... et sans me peloter pour le coup...
            Par contre, je ne me souvenais pas du moment où je m'étais endormie, après quelques retournements dans le lit. Décidément, il me manquait ce verre pour m'écraser comme une pierre. Là, j'avais juste assez de conscience pour regretter les dernières heures de ma vie en particulier, et le reste en général...

            Aussi, j'étais en mode zombi avancé quand je repoussais les couvertures. Nauséeuse mais pas suffisamment pour en vomir... destinée à devoir vider mon organisme de l'alcool par des moyens plus naturels et moins rapides... Je tâtonnais jusqu'à la cuisine où je me fis une énorme théière de thé vert. En attendant que l'eau fut prête et les herbes infusées, je dus me décider sur un petit déjeuner. Un truc bien compact pour mon estomac, mais pas trop, pour que cela passe. De la brioche... mouais... coupée en petits morceaux, trempée dans un peu de lait...

            Titubant encore un peu, bien que je fus réveillée pour de bon cette fois, j'allais me remettre au lit quand j'entendis du bruit dans mon minuscule salon. J'avais choisi cet appartement pour ses nombreux rangements, puisque mon budget ne me permettait pas de prendre un standing plus élevé pour bénéficier d'un dressing. Je me refusais à faire appel à l'argent paternel, sauf pour les cas d'urgence. Et oui, ne vous en déplaise, une paire de talons en peau made in Prada, c'est une urgence...

            - « T'es encore là, toi? Tu ne voulais pas allez voir les feux d'artifice? » J'interrogeais Alheïri en entrant, avant de me poser dans le canapé, déposant mon plateau sur la table en face de chez moi. Ok, mon ton n'était pas sucre et miel, mais je n'étais pas désagréable. J'avais juste trop mal à la tête pour me conformer aux us et coutumes imposées par les bonnes manières. « Merci de m'avoir ramenée... » Ouais, bon, je n'étais pas mourante non plus. Me montrer reconnaissante n'allait pas m'arracher les lèvres.

            Mais voilà, il était chez moi... Il avait déjà osé fouiller dans mes affaires quand j'avais été dans sa base... que diable avait-il pu faire pendant la nuit. Je savais parfaitement qu'il n'y avait rien de compromettant ici, car je n'étais pas assez idiote pour laisser des éléments pointant vers ma nature de révolutionnaire dans mon appartement... Mais tout de même...
            Et ça me mettait mal à l'aise, d'avoir quelqu'un si près de "moi". Pas physiquement... mais bien moralement. Jamais personne n'avait mis un pied ici. Je faisais le ménage moi-même. Cet endroit clos reflétait bien trop qui j'étais vraiment. Oui, j'étais une fashion victime... mais aussi une lectrice attentive des traités de politiques et une adepte des résultats des élections régionales...

            Allait-il remarquer ces détails ou juste passer outre, dans son impertinente fainéantise...
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            J’lavais entendu se lever, comme je l’avais entendu m’approcher. Mais j’n’avais pas ouvert la bouche sur le moment, bien trop focalisé sur les informations que je recueillais dans son journal. C’est vrai qu’il n’y avait rien de spécial dans cette édition, mais il était toujours bon d’se mettre à la page. ‘Façon, mon père m’tenait toujours informé des grandes décisions/évènements, c’qui ne serait plus nécessaire vu que j’prendrai fonction au cœur même de MarineFord très bientôt. A cette perspective, j’eus un petit sourire au coin des lèvres. L’amirauté m’ouvrait enfin ses portes, et j’pouvais même dire que c’était pas trop tôt ! J’allais avoir de l’importance et pouvoir établir ma justice comme il se doit. Et tout ça, j’le devais un peu à cette pimbêche derrière moi. Oui oui, un peu…

            • J’ai eu le temps de voir quelques-uns depuis ton balcon. C’était quand même sympa. Et de rien pour l’service.

            J’avais enfin parlé avant d’me redresser correctement et de m’asseoir complètement. J’me grattai la tête d’un air nonchalant et j'émis un gros bâillement par la suite. Tout c’que j’voulais maintenant, c’était une bonne clope. Mais j’en avais pas sur moi, malheureusement. Et puis, la demoiselle pouvait m’faire une crise rien que pour ça. Oui oui, on n’sait jamais avec l’caractère versatile des femmes. Surtout de celle qui m’tenait compagnie. Du coup, j’m’étais contenté d’une pomme. Une simple pomme. J’n’allais pas non plus fouiller de fond en comble les lieux alors que j’n’étais pas chez moi ; et j’n’avais pas non plus envie d’foutre l’dawa dans ses affaires en bon désordonné que j’suis. C’est dans ces moments là que j’aurai bien aimé qu’elle soit l’une d’mes maitresses pour m’permettre des choses…

            • J’pensais pas que t’aurais autant d’accessoires chez toi. J’avais eu un doute à Shell lorsque j’avais vu tes valises… Mais là, respect. On pourrait même ouvrir un magasin avec tout ça.

            Esclave de la mode hein ? Bien sur que j’m’en doutais. Les nombreux strings qu’elle avait entassé dans sa commode à Shell m’avait mit la puce à l’oreille. Sans compter ses accoutrements qui avaient mit l’eau à la bouche à tous mes hommes, moi y compris. Et qui plus est, Shai n’était pas la première femme que j’rencontrais comme ça. Bon nombre de mes maitresses la ressemblaient à ce niveau. Bon nombre m’faisaient également dépenser dans des magasins à l’instar d’ma fourbe de nièce. Pour moi, ce n’était donc pas une nouveauté qui méritait vraiment mon attention. Même si ça en disait long sur une partie de son caractère. Et avec tout, ça, j’m’étonnai d’ne pas voir d’hommes ici… A moins qu’elle n’soit déjà mariée et mère de famille toussa. Car après tout, que savais-je d’elle, son statut social mis à part ?

            • Tiens… J’ai oublié d’te dire que j’ai contacté un Raven-Cooper… Un certain Angus. Mon père me l’a conseillé pour compléter mon équipage, mais pas d’nouvelles de lui depuis. Son prénom te dit quelque chose p’être ?

            J’me relevai à la suite de mes mots et j’me dirigeai vers sa cuisine pour m’débarrasser du trognon de la pomme que j’eus à bouffer. L’était bien juteuse sa pomme. Ça m’avait pas vraiment calé, mais c’était mieux que rien, on va dire. Après avoir bu un simple verre d’eau, j’revins tranquillement au salon, avant de m’asseoir à ma place initiale, de l’autre côté de la table, juste en face de Shai, le visage souriant « C’est à cause de moi que t’es venue au salon ? Tu devrais aller te recoucher pour récupérer, t’sais. N’t’en fais pas, j’ne fouillerai rien. » C’est pas qu’elle avait mauvaise mine… Mais elle avait mauvaise mine, ouaip. Et pour l’inciter à m’écouter, j’me couchai complètement au sol avant d’me recouvrir comme il faut. Faisait froid quand même. Ma peau mate façon Alabastienne n’aidait pas non plus…

            Et c'est cet instant précis que mon ventre jugea opportun pour gargouiller comme jamais…
            Putain…


          Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 21 Fév 2012 - 8:28, édité 1 fois

              - « Angus? C'est mon deuxième frère. Il est adjudant-chef d'élite. S'il ne t'a pas répondu, c'est qu'il est en mission quelque part. Cependant, je ne suis pas sûre qu'il soit l'homme idéal pour le Léviathan et cette mission. Bien trop officiel. Angus préfère la castagne, la vraie. Mais je peux le relancer, si tu tiens à l'avoir dans ton équipage. Ce n'était pas comme si je n'étais pas en mesure d'obtenir son affectation... ou de la changer... »
              Je laissai glisser cette information comme ça, dans la conversation. A lui d'en tirer les conclusions qui s'imposait. Peut-être pensait-il que je faisais allusion à ma qualité de CP. Personnellement, je faisais référence à mon autre frère, Jeremy, qui s'occupait des carrières des hauts officiers. A part celle de notre père, pour éviter les conflits d'intérêt. Nul doute que mon rapport sur Alheïri après mon inspection à Shell était passé entre ses mains, et nul doute que l'homme affalé sur mon tapis à mes pieds devait à mon orgueilleux d'aîné son poste actuel. Peut-être devrais-je mentionner ce fait à Carpet-Man? Nan, ça le mettrait mal à l'aise. Comme s'il lui ramenait sans arrêt le nom de son père pour se faire mousser.
              Décidément j'étais mal partie avec lui. Me voilà maintenant incapable de mentir au gars le plus énervant de toute la flotte qui ne faisait pas partie de ma famille. Oui, parce qu'outre mes frères et mon père, j'avais une flopée de cousins Raven ou Cooper en uniforme. Deux familles de Marines, qui se vouent corps et âmes à l'approvisionnement en chair à canon ou décideurs pervers depuis maintenant plus de six générations... Ce qu'Alheïri n'avait peut-être pas capté... Les chances pour qu'une de mes cousines au premier, deuxième ou troisième degré lui mit le grappin dessus s'approchaient du 80%. Mwahah, je l'imaginai une seconde en promis à Lisbeth. Mwahahahah. Le pauvre! Même lui n'avait pas mérité ça... Aussi hideuse que stupide. Nan, franchement, c'était une espèce de grosse vache puante, moche et asthmatique, laide comme un pou, bête comme ses pieds et pètant plus haut que son cul. Anatomiquement, elle n'était pas aidée...

              - « Pff, comme si tu avais besoin de ma permission ou autre pour fouiller. Ça ne t'a pas arrêté avant, alors pourquoi maintenant? Surtout qu'il n'y a rien de plus dangereux qu'une robe de la saison dernière dans mes placards...Enfin, tu as dû t'en rendre compte, puisqu'apparemment, tu as déjà tout ouvert, pour être à ce point expert sur mon inventaire.... » Je le poussai du bout du peton. « Ne reste pas là, tu vas attraper froid. Le tapis n'empêche pas le carrelage d'être glacial. »
              Un vrai mome. Que les puissances supérieures me préservent d'être jamais mère, si mon gosse devait ressembler à ça... A ce moment, son ventre gargouilla de la façon la plus expressive possible et je levai les yeux au ciel. Qu'est-ce que je disais, hum?

              - « Ne reste donc pas planté là, va te faire un café et des céréales ou autre. J'ai du lait au frais et il reste de la brioche... » Je le houspillai en me demandant bien ce qui me prenait, de prendre soin de lui et pire que tout, l'inviter à s'installer confortablement ici, au moins le temps d'un petit déjeuner... Je pouvais blâmer mon mal de tête, mais c'était surtout ma solitude qui parlait. Et dire que j'en étais réduit à me contenter de « ça » comme compagnie... Je devrai peut-être me prendre un chat, tiens. Au moins, j'aurai un mâle, un vrai, entre ces murs.

              Je soupirai lourdement, renversant ma tête en arrière sur le coussin du canapé. Et dire que je devais être de garde ce soir... avec impossibilité de noyer mes soucis dans l'alcool... Quant à cette journée, j'avais prévue de la passer sous la couette à cuver mon ivresse. Sauf que je n'étais pas saoule, juste nauséeuse, sensation qui allait disparaître une fois ma collation avalée. Ce qui me laisser toute une journée entière à me morfondre et à ressasser l'amertume de l'échec de ma vie. En plus, j'avais déjà explosé mon budget manucure-coiffeur-esthéticien, et je gardais le reste de mes économies pour une véritable urgence-coup-de-cafard vestimentaire. La vie était moche, très moche...
              Pourquoi était-il encore ici? Si j'étais allée me recoucher, comme il semblait l'avoir supposé, qu'aurait-il fait? Serait-il resté plus longtemps? Aurait-il fini sa pomme et serait-il parti? Pourquoi, de tous les hommes de la création, fallait-il que je sois tombée sur celui-ci, et qu'il soit maintenant chez moi? Prise d'un haut-le-coeur, je tirai à moi un plaid plié derrière un coussin pour m'y envelopper, comme une sorte d'armure contre le monde et surtout lui. Mince, j'étais en pyjama devant lui! Et dire qu'il m'avait changé hier... La dernière fois qu'il avait dû me voir à moitié nue, j'étais dans la boue, totalement sonnée et... Nan, il ne devait pas se souvenir de ça, lui-même étant complément shooté à l'époque. Il devait ne se souvenir que de nos ébats dans la chambre... Grand bien lui fit. Si seulement je pouvais faire pareil... Soudain, le thé et la brioche me firent l'effet d'un chocolat en plein crise d'appendicite, et malgré la couverture, je frissonnai... à se demander si j'allais choquer Alheïri si je me mettais à mettre de la vodka ou du gin dans mon infusion....
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              Comment lui expliquer que la fouille dans ses placards était accidentelle, étant donné que j’ne pouvais pas la laisser en tenue de soirée ? Comment lui expliquer que j’étais un flemmard en puissance vu que j’avais consciemment traversé sa cuisine où j’aurai pu m’confectionner un petit truc consistant ? Comment lui expliquer aussi que j’avais envie de glandouiller en restant allongé, sachant que ses canapés étaient carrément inconfortables pour ma grande taille ? Comment lui faire comprendre que j’voulais la laisser se reposer en étant à ses côtés sans la brusquer ? Ouais ouais… Si elle croit que j’ai oublié l’viol et toute l’affaire qui s’en suivit, elle s’fout l’doigt dans l’œil quand même. J’me rappelais très bien de cet évènement… Et c’était surtout ça qui m’gênait un peu…

              Parce que ouais, j’m’étais torturé pendant au moins dix bonnes minutes pour n’pas la peloter grassement, glisser dans son lit et dormir (Dormir héhé) avec elle, après l’avoir changé. Après ce constat plutôt désolant et particulièrement amer, j’pouvais étayer Shaïness sur un point bien précis : La vie était moche, très très moche. Surtout celle d’un homme qui se veut correct. Soit on est galant et traité d’empaffé, soit on est grossier et traité de gros pervers. Les femmes c’est tout un mystère quoi. Totalement insondable. Plus compliquées les unes que les autres. Ce pourquoi que j’n’hésitais pas à les sauter sans trop faire dans les sentiments et sans une seule once de pitié. De toute façon, il n’y en avait pas une qui arrivait à la cheville d’ma défunte épouse… Sauf p’être…

              • J’étais surtout resté pour m’assurer que tu allais bien. Vu que c’est l’cas, j’vais te lais…

              Blanc. Gros blanc. J’avais immédiatement fermé ma bouche lorsque j’avais daigné me retourner pour la regarder. Dire qu’elle m’parlait d’coup de froid alors qu’elle-même grelotait… Pffff ! J’avais eu raison en lui disant d’partir se recoucher. Mais têtue comme une mule, l’était quand même resté. Définitivement chiante jusqu’aux bout, cette fille… Tiens… Pourquoi était-elle restée là alors qu’elle aurait dû aller se recoucher sous des couvertures plus épaisses… ? Était-ce ma présence qui l’incitait à demeurer là… ? Et puis c’était quoi cet air mélancolique qui n’ressemblait en rien à la Shaïness que j’avais connu… ? Mis à part sa grande gueule, tout ou presque avait changé… Et c’était vraiment déplorable. J’restais assit en l’observant pendant quelques secondes lorsque j’me remémorai soudainement de ses dernières paroles sensées, d’la veille…

              • Même si tes soucis te dépassent, c’est pas une raison pour tirer la tronche, si ?

              J’avais soupiré à la suite de mes dires. C’était définitif, il y avait bel et bien un souci. Sa déprime était devenue flagrante. Et l’fait qu’elle ait voulu se bourrer la gueule appuyait fortement mes soupçons selon lesquelles Shaï avait des problèmes. Dire que j’avais cru être la cause de son mal-être. P’être en parti, mais sans doute qu’il n’y avait pas que ça, en auquel cas elle m’aurait certainement vidé de chez elle. Ce qu’elle n’avait pas fait jusqu’à présent. J’me relevai tranquillement en faisant tomber mon manteau, et me rapprochai de Shaï avant de la débarrasser de sa couverture. « T’es chiante, tu sais. Vraiment chiante. » Sourire aux lèvres, j’passai presque langoureusement mes bras autour de sa taille. J’embrassai délicatement son front avant de la soulever ensuite dans mes bras. A force, ça devenait presque mécanique…

              Il ne me fit pas plus d’une minute pour rejoindre sa chambre en fermant la porte derrière nous. Après un bref coup d’œil à sa fenêtre, j’soupirai une énième fois. L’soleil n’semblait pas vouloir apparaitre aujourd’hui… C’qui grillait encore une fois mes plans de sorties, de visites etc… Mais en relativisant un peu, ça n’pouvait qu’être pas si pire que ça. ‘Fin… Ça allait dépendre… D’beaucoup de choses. J’posai Shaï dans son lit avant d’y glisser à mon tour en nous recouvrant des draps à portée. Et comme un pôpa avec sa fifille, j’la repris dans mes bras avant de caresser tendrement sa chevelure et une partie de son dos en entremêlant délicatement mes jambes les siennes. Couché sur le dos, j’regardai le plafond d’un air distrait, avant d’élever ma voix on ne peut plus sérieusement que d’habitude…

              • Et si tu m’disais ce qui te tracasses ?
                - « Même si tes soucis te dépassent, c’est pas une raison pour tirer la tronche, si ? »
                - « Ah, je suis sensée faire quoi, alors? Danser la gigue, peut-être? » J'avais grommelé ma réponse sans le regarder, enfouie dans ma couverture. Au moins, sa présence avait l'avantage de me distraire de mes pensées, pour me pousser à me focaliser sur ses sorties de plus cavalières.
                Mais il n'y avait pas que ses remarques qui sentaient le malotru. Voilà qu'il me piquait mon plaid! Avec un petit cri plaintif, je protestai, tentant de m'agripper à mon armure, mon bouclier, ma vie. Bien sûr, il gagna, parce que je fus sournoisement trahie par mon corps qui décida qu'il en avait marre et se mettait en grève. Mes mains perdirent toute force de préhension, et je dus donc me contenter de frissonner, jusqu'à ce qu'Alheïri m'enlaçât. Sur le coup, je crus qu'il voulait, qu'il allait m'embrasser, et tout en moi se révolta. Tout, sauf mon corps, qui décidément n'en faisait qu'à sa tête. Je me raidis à défaut de me débattre, absolument terrifiée par ce qui allait se passer. Les battements affolés de mon coeur m'étourdissaient, résonnant à mes oreilles comme des tambours de guerre, et je devins sourde à tout. L'envie de lutter contre sa prise se confrontait à l'instinct de me rouler en boule, la panique coléreuse contre la peur maladive.

                Je ne savais pas ce que j'allais faire, mais j'étais sur le point de le faire, quand il m'embrassa le front et me souleva. Jamais je n'avais été aussi proche d'un homme depuis l'attaque du QG. Au départ, j'avais réussi à refouler mon trauma au fond de mon esprit, parce que... je n'étais pas une petite chose fragile. Ce qui m'était arrivé était violent, et même horrible, mais ce n'était pas la fin du monde, surtout qu'il ne m'était pas arrivé de chose définitivement regrettable. J'avais conscience que bien des gens étaient beaucoup plus malheureux que moi. J'avais donc repris ma place au sein du CP5, jouant mon rôle, mon double rôle, mon triple rôle avec brio. La seule différence était que j'étais encore un peu raide quand mise en relation avec des hommes, mais cela pouvait totalement se mettre sur le compte de la nervosité. Surtout quand on sait le genre d'énergumènes étranges qui composent cette équipe.
                Mais les événements qui se déroulèrent dans les profondeurs de cette prison avaient achevé de me détruire, et le sentiment de trahison avait fini par me couper de tout le monde, sachant qu'à la base, j'étais bien celle qui avait trompé en premier les personnes qui étaient chaleureuses avec moi à la base de Logue Town. Des gens qui auraient pu être des amis, si je ne me tenais pas naturellement sur mes gardes, pour ne pas obscurcir mon jugement. Qui sait? Un jour peut-être je me retrouverais face à eux, et je devrais combattre, ou même tuer...

                Donc oui, cela faisait un bon moment que je n'avais été proche d'un homme. Non seulement physiquement, liés par le seul plaisir de l'art de l'amour, mais aussi émotionnelle ment, par la gentillesse et globalement l'intérêt désintéressé – et ne venez pas me chercher des poux ici, nan mais oh!.
                Je me raidis, serrant mes bras contre moi, essayant au maximum de minimiser le contact avec Alhreïri. Ce n'était pas déplaisant, de se faire porter, mais pour moi, c'était une torture. J'avais peur, et surtout, j'avais mal, parce que ce grand nigaud de marine était en train de faire exactement ce dont j'avais besoin. Sauf que j'avais honte que cela fut lui, devant lui, avec lui et le remords de lui mentir encore et toujours alors qu'il se montrait finalement naturellement humain et stupidement masculin depuis toujours. Pour la première fois, je réalisai qu'il était plus âgé que moi. Une petite dizaine d'années, pas plus, mais suffisant pour que nous ne fûmes jamais du même niveau. En fait, il avait l'âge de mon frère aîné. C'est bizarre qu'ils ne se connussent pas. Tous les aspirants officiers supérieurs se croisaient un jour ou l'autre. Enfin, bref, ce n'était pas la question du jour.
                Particulièrement depuis que la pensée de ma famille, qui m'avait si cruellement déçue la première, avait fait tomber la dernière barrière qui retenait... tout.

                J'éclatai en sanglots pathétiques contre lui, inondant sa chemise de pleurs, mon corps soulevé parfois par des hoquets peu gracieux. Puis je tentai de me reprendre et fidèle à moi-même, je le pris immédiatement responsable de tous mes malheurs, et le pauvre Alh' écopa de petits coups de points rageurs totalement pitoyables, tentant de me défaire en pure perte de son étreinte, en un mélange de gémissements, cris, reniflements et larmes. Je crois même que je l'ai mordu à un certain point, avant de me remettre à pleurer de plus belle, jusqu'à l'épuisement des mes forces.
                Au moins, comme ça, je pouvais dire adieu à ma nausée...

                [HRP: je sais que je ne t'ai pas beaucoup donner de quoi rebondir. Juste ta réaction à la crise de larmes de la Miss suffit pour que je reprenne et complète ^^]
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                Okaaaaay.

                Moi qui m’attendais à des insultes ou à des confessions, c’est raté. Raté parce qu’au lieu d’me parler, mademoiselle avait éclaté en sanglots. Comme ça, soudainement. J’avais écarquillé mes yeux avant d’me demander ce qui s’passait, là. Parce que la situation, elle devenait plus embarrassante que jamais. D’accord, d’accord. J’avais réconforté plusieurs personnes dans ma vie. Notamment lorsque mes hommes essuyaient un échec cuisant. Et la plupart de mes proches. Mais là… C’était autre chose quoi. Shaï n’était ni une amie, ni une ennemie, c’qui rendait ma tâche plutôt difficile sur l’coup. Et c’était pas glorieux, j’puis vous l’assurer. Elle avait l’art de m’émouvoir, de m’attendrir.... Sauf que la situation devint plus inquiétante encore. En plus de m’inonder d’un torrent lacrymal conséquent, la voilà qui m’prenait pour un punching-ball. Certes, ses poings étaient faibles ; mais la morsure à l’épaule gauche, j’la sentis passer tout de même. C’est à c’moment là que j’m’étais dis qu’il fallait que j’réagisse si j’ne voulais pas mourir d’une sale technique de Rokushiki. J’essayai de l’étreindre le plus possible, mais rien à faire : La demoiselle était définitivement dans tous ses états. Et puis j’me suis dit qu’il était mieux d’la laisser pleurer « sur mon épaule ». C’que j’fis. Jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus de me taper… Puisque la fatigue était totale, autant physiquement que mentalement…

                • …

                En toute franchise, je n’avais aucun mot adéquat pour la réconforter convenablement. Son état me dépassait vraiment, même si on n’se connaissait que depuis peu pour tout dire. Tout en restant immobile, j’me questionnai sérieusement sur les causes de cet effondrement. L’affaire devait être très grave pour qu’elle se lâche ainsi en ma présence. J’me rappelai qu’elle n’avait même pas versé une larme bien après la tentative de viol qu’elle eut à subir à Shell. C’qui m’donnait un peu une idée de l’ampleur des soucis qui l’accablaient actuellement. J’eus de la peine. Non pas pour la Cipher Pol (Perso, les CP, j’m’en foutais un peu) ; non pas pour la fille des Raven-Cooper parce qu’à bien reconsidérer la chose, j’ne les connaissais pas tellement ; mais bel et bien pour Shaïness. Pour la femme respectable -Bien que très très très chiiiiiiiiante- qu’elle était. Étant donné qu’elle n’avait plus de force pour m’taper comme elle le faisait tout à l’heure, j’me mis à la serrer fort contre moi. La chaleur humaine, y’a que ça d’vrai ! J’m’étais légèrement redressé sur ses coussins en passant mon avant bras gauche dans sa chevelure rose bonbon que je caressai en même temps que j’enroulai mon bras droit autour de sa taille. Puis j’posa tranquillement sa tête sur mon torse avant de murmurer…

                • Tout doux, c’est fini…

                J’étais… Maladroit. J’ne savais définitivement que faire. J’aurai voulu lui couler un bon bain chaud, mais tout ceci nécessitait que j’la laisse seule pendant un moment, c’qui n’était finalement pas une bonne idée. J’aurai voulu avoir les bons mots pour la consoler comme il se doit, mais pour la première fois de ma vie, j’étais complètement déstabilisé. J’ne connaissais p’être pas les raisons de son grand désarroi, mais j’avais pitié. Je la plaignais même. Néanmoins, j’savais pertinemment que la plaindre ne l’aiderait pas, ce pourquoi j’faisais un effort pour ne pas transparaitre mes sentiments. J’continuai donc à la caresser et à l’étreindre contre moi comme j’pouvais. Et c’est précisément à ce moment que j’compris pourquoi j’étais autant troublé par son état : Je culpabilisais. Mes bourdes auprès de sa personne et le viol qu’elle faillit subir à Shell Town en étaient les principales raisons. Ses poings m’l'avaient prouvé en fait. D’ailleurs, j’aurai dû m’défiler. M’casser vite fait et profiter de l’ambiance festive de la ville. Pourtant, j’étais toujours là, contre elle, à essayer de la calmer du mieux que j’pouvais. J’posai un baiser sur l'une de ses joues humides, faute d’atteindre son cou en frotillant son dos. L’mieux était de patienter tranquillement. Soit elle allait tomber dans un profond sommeil… Soit elle allait enfin vider son sac…

                Dans les deux cas, j’étais présent…
                Pour elle.
                  Un dernier reniflement et je dus constater que je n'avais plus de larmes à verser. Plus d'eau dans mon corps. Je restai contre Alh, à bout de souffle, complétement vidée. J'étais tentée de me laisser aller encore plus et de choisir la voie de la facilité, me laisser bercer jusqu'à me rendormir dans les bras de mon compagnon d'infortune, profitant lâchement de sa compassion à mon égard.

                  Saleté d'orgueil. Il fallait vraiment que je m'en débarrassasse. Cela m'avait déjà joué des sales tours, et voilà que ça recommençait. Un jour, je me retrouverai embarquer dans un truc bien plus gros que moi et mes capacités à filouter. Alors, je luttais contre le sommeil et je murmurai, espérant tout de même qu'il n'allait pas entendre et qu'on allait en finir. Ah oui, je suis toujours aussi contradictoire, ça, ça n'avait pas changer, et entre l'orgueil et ça... j'étais servie...

                  - « J'ai fais des choses... dont je suis très fière. C'était mon choix, et je ne les regrette pas. Mais je sais aussi que personne ne va comprendre autour de moi. Je ne peux en parler à personne. De toute façon, je ne peux pas, c'est secret professionnel. Pourquoi... pourquoi est-ce que je dois avoir honte... d'avoir fait ce que je crois être juste? Et pourquoi est-ce que je dois souffrir de tout ce que cela m'apporte... Pourquoi faire ce que est juste est aussi... douloureux... ??? »

                  Je soupirai et étonnement, je sentis de nouvelles larmes couler sur mes joues, silencieuses et amères, celles-ci. D'où me venaient-elles, celles-ci? Quoi qu'il en fut, je les laissai s'écraser sur la poitrine d'Alheïri, doucement, comme les gouttes des bruines printanières.
                  - « J'en ai marre, tout simplement... Je ne regrette rien, mais j'en ai marre... »


                [HR: désolée pour le retard!! Surtout pour faire si court >.< Mais des fois, on n'arrive pas à faire des tartines. Je dois être en mode "régime Rp" ^^]
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                  J’lui tapotai gentiment la tête en souriant légèrement. C’était dur… Dur de vouloir soutenir quelqu’un sans rien comprendre de son problème. Son discours avait été flou… Trop flou… Bien trop flou. Et mon cœur se serrait au fur et à mesure que le temps passait. J’recommençais à avoir des suspicions. Ces dernières étaient presque les mêmes que celles que j’avais à Shell Town. Et ça m’faisait flipper tout ça. J’soupirai en continuant de la câliner et en m’demandant c’que j’pouvais faire pour qu’elle cesse de pleurer. Car il n’y avait plus grand-chose à dire. J’ne pouvais ni lui affirmer que j’étais fier d’elle, ni lui affirmer que j’avais confiance en elle. Parce que j’ne savais rien. Et c’était bien ça le problème. Quoique…

                  • Si ce que tu as fais te semble juste, t'as aucune raison d’en avoir honte, ni d’pleurer, hé. Si t'estimes que t’as pas de compte à rendre, redresse la tête et soit fière de toi-même. T’es assez grande pour te passer de justifications, non ? Et puis ça doit pas être si grave que ça, j’pense, tant que tu sers notre cause.

                  V’la. Ça au moins c’est dit. Mes paroles n’étaient pas mensongères puisqu’elles venaient du fond du cœur. C’était vraiment sincère. Il y avait un adage d’un peuple autochtone de Grand Line qui m’avait beaucoup fait rire dans l’temps, mais qui n’était pas vraiment dénué d’bon sens : « Quand ça va pourrir, ça va sentir. » Pour dire tout simplement que j’allais savoir ce qu’elle cachait au plus profond de son âme… Un jour ou l’autre. J’espérais aussi que cette vérité n’allait pas m’décevoir. Parce que j’commençais à avoir beaucoup d’affection pour cette petite chose qui continuait inlassablement de pleurer sur moi. Fallait d’ailleurs que j’essaye d’lui changer les idées moi. Histoire qu’elle arrête de tremper ma chemise…

                  • Allez, sèche tes larmes. Et reste fière de ce que tu entreprends. J’reviens tout de suite…

                  J’m’étais redressé avant de la poser sur le lit non sans lui faire une bise sur le front. Pis j’étais sorti de sa chambre en me débarrassant d’ma chemise. Qu’il m’fallait sécher en bonne et due forme, parce que là… Enfin bref. J’étais parti m’assurer que son chauffe-eau était en marche, avant d’aller remplir sa baignoire d’une eau bien chaude. Pendant cette dernière se remplissait peu à peu, j’étais rapidement revenue vers la proprio des lieux, avant de la déshabiller prestement. Mes yeux s’attardèrent un bon moment sur ses deux grosses masses de chairs (En bon fétichiste de seins que je suis), mais j’réussis à m’reprendre avant de la transporter en vitesse dans sa douche, sans plus essayer d’la mater. Comme je l’avais fait tard dans la nuit, hm.

                  • J’te promets de t’acheter toutes les nouveautés dans les magasins d’la ville, si t’me fais un beau sourire.

                  Je l’avais mise délicatement dans son bain. Sans y rentrer bien évidemment. J’savais c’qui allait s’passer si j’la rejoignais. On n’pouvait presque rien faire pour l’satyre que j’étais. Chassez l’naturel et il revient au galop comme on dit. La luxure et moi, une véritable histoire d’amour, j’vous jure. Par contre, j’commençai à greloter. Avec ma chemise et sous ses épaisses couvertures, j’n’avais pas tellement senti le froid. Torse nu, c’était moins évident. J’me posai sur un rebord de la baignoire pour profiter un peu de la température de l’eau avant d’passer une main dans ma chevelure… Mais en parlant d’ma chevelure, fallait qu’je fasse quelque chose. Le blanc c’est bien beau, mais bon… Ça m’rappelait trop Aisling aussi…

                  • Tu as du décolorant pour ça ? Lui demandai-je soudainement en pointant mes cheveux blancs.
                    [HRP: désolée pour l'attente, j'ai eu des pbs d'emploi du temps et d'inspiration combinés... ô joie!]

                    - « Une cause? Personnellement, je me bats pour un monde juste et équitable. Je ne sais pas ce que tu veux, ou pourquoi tu te bats... J'ai appris que chacun homme dans le gouvernement mondial à sa vision de la chose... Rien de dans ma famille. Trois hommes, trois vision.. Et la mienne... »
                    Voilà, c'était dit... Et je ne mentais pas: je ne venais d'énoncer la vérité la plus pure. J’œuvrais réellement vers un but sûrement naïf, et je pouvais berner tout le monde, sauf moi-même. Les écarts de destin entre deux personnes d'un bout à l'autre des Blues me révoltait. Facile à dire, pour moi qui avais grandi dans le luxe. Cependant, combien de filles de la "haute" comme moi, des filles de bonne famille, étaient prêtes à renoncer à tout? Moi oui.
                    Bon, d'accord, je ne signais pas pour le retour vers l'âge de pierre. Mais si pour le bien-être de tout le monde, je devais dire adieu pour toujours au sur-mesure pour entre dans l'ère du prêt-à-porter, pour que que mes semblables fussent libres, libres d'apprendre à écrire et lire, d'apprendre le métier qu'ils ou elles voulaient... oui, je signais. Je devais être folle.

                    Cependant, le ton suspicieux d'Alheïri me fit l'effet d'une décharge. Oh, il avait simplement glissé sur ces derniers mots... Juste assez pour que je le relevasse. Hé oui, on n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Dans le monde du sous-entendu et des remarques qui ne voulaient rien dire mais qui étaient laissées là, comme ça.... j'étais reine et lui un novice. Un bébé. Un être unicellulaire. Nan, là, j'exagère. Comme si c'était la première fois...

                    Il me reprit dans ces bras et je me figeai encore une fois. Mince, j'allais m'attraper une contracture musculaire, à ce rythme. Ne pouvait-il pas voir que je n'aimais pas ça. Et puis, j'étais capable de marcher. Enfin, pas vraiment. Plutôt de me traîner dans un mode de reptation larvaire...
                    Et puis, cette manie de me déshabiller... Nan mais, j'vous jure!!! Il avait un complexe de Poupée Barbie, ou quoi? Hier soir... je veux bien. Ceci dit, il aurait pu me mettre à poil dans le lit, ou dans mon chemisier. Mais non, il s'était empapaouté à chercher une nuisette et à me la passer. Et maintenant, rebelote dans l'autre sens.

                    Franchement, est-ce que je donnais de moi une telle image? D'une pathétique amorphe petite chose? Je fronçai les sourcils. Ce type avait un talent fou pour susciter en moi une exaspération aussi grande qu'était ma dette envers en lui. Je ne savais pas si je l'appréciais pour de bon ou si je le détestais de tout mon âme. Lui, pas le marine. Lui..
                    A travers les vapeurs de mon bain dans lequel je le laissai tout de même me glisser avec un soupir de soulagement, je l'examinai. Je m'attachai à faire fi de tout ce que je m'étais mis en tête, des circonstances de notre rencontre, de ne considérer que les faits. Rien à faire! Tout était trop mélangé, et je dus renoncer. Par contre, pour la première fois, je pris la mesure de son physique. Notre première nuit n'avait pas été propice à la contemplation, et la deuxième... je me souvenais avec une vivacité douloureuse de ruisseaux de sang et de pupille dilatée. Le reste...

                    - « Si tu as froid... j'ai des un petit stock dans le dernier tiroir de ma commode. Mon frère a la fâcheuse habitude d'arriver les mains vides, ou de repartir les mains vides. Il doit bien y avoir un pull qui t'ira, malgré les trous... »
                    Et surtout, laisse-moi deux secondes toute seule, que je me reprenne. Je sentais les grands eaux qui revenaient, alors, pour éviter de pleurer à nouveau, je plongeai la tête sous l'eau, laissant les bulles s'échapper de mes lèvres, éclater à la surface. A bout de souffle, je remontai, prête à faire face.

                    - « Du décolorant? Ce n'est pas la solution la plus approprié... Pour obtenir des cheveux blancs, il faut à la base déteindre totalement, et si nécessaire, refaire une coloration. Donc pour revenir à une couleur naturelle, il faut déjà enlever la coloration existante... puis refaire une coloration brune artificiel... Tu vas en baver pour reprendre un air normal. Tu peux aussi te raser le crâne et attendre que ça repousse naturellement... Mais si cela ne te tente pas, essaie déjà ce shampoing. »
                    Et hop, je lui lançais une bouteille bien précise. Qu'on parlât capillaire et soins du cuir chevelu. Ceci m'évitera de trop penser, à une tentative de viol, à un QG détruit, à une âme brisée. Vite, fuyons!
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                    Crane rasé ? Merci Seigneur. Cette fille était décidemment un poison dans tous les sens du terme. Pourquoi j’l’avais pas abandonné sur l’pavé hein, pourquoi ?! Moi et ma galanterie alors… J’vais commencer à penser que j’suis bête à vouloir la soutenir. A sa phrase, j’avais froncé les sourcils comme jamais. Ses paroles avaient été d’un tel naturel que j’avais été sans voix. Que pouvais-je rajouter d’autre, d’autant plus que madame semblait être calée niveau coiffe ? Rien. Ouais rien. Les salles de coiffures n’étaient pas spécialement c’que j’affectionnais l’plus. Ça partait d’un très mauvais souvenir et ça expliquait aussi le pourquoi de mes cheveux constamment ébouriffés. Le peigne était un ennemi juré et j’vous parle même pas d’la tondeuse. Ça n’aurait pas été ma nièce, jamais j’n’aurais mis les pieds dans cette salle de coiffure, ou j’avais perdu ma couleur naturelle. D’plus, j’toisai le shampooing que j’avais récupéré de la main de Shaï, non sans m’poser des questions. Essayer qu’elle m’avait dit hein… Pour m’retrouver avec du beige dans les cheveux… ? Non merci. Sans façon. Ce pourquoi j’déposai la bouteille bien loin de moi en tout cas, avant de secouer ma tête plusieurs fois, et ce, dans tous les sens. Finalement, j’aimais ma tête comme elle était. Ça n’allait pas m’empêcher de draguer les belles femmes de Grand Line, oh que non !

                    • J’crois que j’vais rester bien sage finalement…

                    Que lui avais-je dit, sourire factice aux lèvres. J’finis par me lever du bord de sa baignoire, avant d’me diriger vers la sortie de sa salle de bain… « J’vais m’faire à bouffer, t’me trouveras au salon. » …Que je traversai aussi rapidement que le logia de la lumière. Entre son shampooing douteux -Bien que je ne remettais pas en cause ses connaissances- et le fait qu’elle soit nue, m’fallait me replier stratégiquement, hm. Dire que j’étais la cause de tous mes tourments. J’aurai finalement pas du la déshabiller une énième fois, ni toucher le sujet d’mes cheveux. M’apprendra, hm. Vu comment elle avait grimacé lorsque j’la portais, m’disais aussi qu’elle serait capable d’marcher toute seule, comme une grande. J’filai rapidement dans sa chambre, avant d’chercher un truc qui allait m’aller. Après des recherches laborieuses entre ses 47566 chaussures et ses 788552 strings –Que Dieu me garde de fouiller encore dans ses affaires, car l’initiative fut cau - che - mar - des - que !- j’réussis à dégoter un pull noir col roulé, épargné par les fameux trous dont elle parlait. Ça sentait un peu l’moisi, mais c’était bon. Et ça m’allait à ravir, donc pas de quoi s’plaindre. J’allais rapidement dans sa cuisine m’confectionner un p’tit dej’ à base de brioches et de lait, déplorant l’absence de beurre ou de confiture…

                    Pis quelques minutes passèrent. Quelques minutes pendant lesquelles j’avais terminé mon plateau. J’ne pensais plus spécialement à Shaï, mais bien à c’qu’elle m’avait dit de sa famille. Comment pouvait-on avoir autant de conceptions divergentes de la justice dans une seule et même famille ? Certes, ça pouvait bien exister, ouais… Mais ça m’étonnait vraiment des Raven-Cooper. A croire que c’était pas la joie dans cette famille. J’pouvais remercier le ciel vu qu’il n’en était pas de même chez les miens. Nous avions tous la même visée des choses chez nous… C’qui me rendait un peu sceptique sur un gros point : Comment est-ce que mon vieux a pu travailler avec celui de Shaïness, fut un temps ? J’connaissais trop bien mon paternel pour savoir qu’il ne collaborerait point avec un homme qui n’avait pas sa même vision de la justice. A moins qu’on l’ait obligé à l’faire, comme moi avec cette Pénélope Solète qui venait de j’ne sais où… ‘Fin… Toujours est-il que ça m’expliquait mieux certains dires de Shaï depuis la base de Shell. Et son choix d’être Cipher Pol… Mais pourquoi faire CP dans ce cas ? Encore une question qui en appelait d’autres… Rhaaaaaa ! C’était un casse tête cette fille ! Tant et si bien que j’m’allongeai sur son divan, une dernière tranche de brioche coincée entre mes lèvres, m’perdant lentement mais surement dans mes pensées…

                    Spoiler:
                    [Je proteste!! Il n'y a rien chez Shaï qui sent le moisi... A la rigueur, le parfum capiteux, mais pas le moisi!!!]

                      Je haussai les épaules. Libre à lui de refuser mon aide et de rester avec sa tête bizarre. Mon shampoing aurait eu le bénéfice d'éliminer ou du moins de diluer tout le décolorant de ses cheveux, et d'attaquer, si nécessaire, la sur-coloration blanche. Je reposai donc la bouteille à sa place - car oui, mes nombreux flacons et fioles étaient rangés !!! - et je me replongeai dans mon bain, laissant l'eau chaude me débarrasser des tensions et corriger mes yeux rouges et gonflés. Je serais bien restée des heures dans cette baignoire, mais l'eau refroidissait vite, et j'avais un invité. Enfin, invité... Je ne comprenais pas pourquoi il était toujours là. Il m'avait bien prouvé que je n'étais qu'au mieux une vague connaissance jouissant de liens amicaux légers.
                      Oui, il m'avait rentrée, hier soir. Il n'avait pas le choix. Me laisser saoule en pleine ville, c'était signer son arrêt de mort, si jamais quelque chose m'était arrivé. Après, j'avais vraiment dû lui faire pitié, pour qu'il fût encore là.

                      Avec un soupir, je m’extirpai de mes bulles, me séchant rapidement, et capturant ma longue chevelure dans une grande serviette que je nouai version turban sur le haut de mon crâne. Puis je m'habillais, d'un pantalon de ville gris clair et d'un petit pull bleu clair aux fils argentés. Ni chic, ni fringues de maison. Quelque chose de classique. Enfin, je pris le temps de sécher mes cheveux pour éviter qu'ils pendouillassent dans mon dos.
                      Alors, je me rendis au salon, notamment parce que c'était là que j'avais oublié mon peigne et parce que... bon, il fallait bien que je me préoccupasse d'Alheïri. Ce n'était pas en l'ignorant que les choses allaient changer. Môsieur était suffisant contrariant pour rester, juste pour me faire râler.

                      - « As-tu trouvé ce que tu cherchais? Outre les conseils capillaires, bien entendu.... » J'esquissai un sourire en regardant sa chevelure blanchâtre. Ah, tu parles d'un colonel... « Je... je suis désolée pour tout à l'heure... Je ne sais pas ce qui m'a pris. Oublie tout ça, veux-tu bien? »
                      Je me forçai à être la pétillante sautillante adorable chieuse qu'il me savait être. Honnêtement, j'avais du mal, aujourd'hui, à enfiler ce masque. Non, tout en moi criait pour que la fière, dure, hautaine révolutionnaire nantie émerge. Ah lala, être femme, parfois, ce n'est pas une sinécure...
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                      J’étais resté silencieux à sa demande. Parce qu’il y avait des instants où il faut parfois la boucler. Oublier hein ? Nawak quoi ! C’est plutôt elle qui oubliait un point là : Des moments bien plus intenses et bien plus éprouvants, on en avait connu ensemble sur l’ile de Shell. Encore que j’ne parlais pas de notre partie de jambes en l’air. Je lui souriais simplement tout en jouant avec son peigne que j’avais en main depuis quelque temps maintenant. J’avais même failli m’asseoir dessus, mais bon… On s’passera de commentaires à ce sujet. Remarquant la serviette enroulée sur ses cheveux, j’me levai tranquillement avant de m’approcher d’elle. Shaï sentait très bon. Et son odeur m’enivrait… Encore et encore. Une énième fois, j’me fis violence pour ne pas lui sauter dessus. J’passai simplement un bras autour de sa fine taille, avant de retirer délicatement la serviette de ses cheveux que je pris soin de peigner tendrement par la suite. Toujours sans rien dire, avec le même sourire malicieux aux lèvres. Tiens ! Voilà que je m’improvisais maintenant coiffeur ! Moi qui ne les aimais pourtant pas ! La grosse ironie du jour. Pis je fis pression sur ses épaules, de sorte à la faire asseoir, avant de partir prendre des chaussures assorties à ses vêtements et plutôt convenables pour le temps qu’il faisait dehors. Que je lui enfilai moi-même, avec un doigté irréprochable et toujours avec le même sourire charmant. Toujours.

                      • C’est pas avec cette mine et ce genre de comportement que tu te battras au mieux pour ce monde juste et équitable que tu veux bâtir. Et puis il y a des jours où il faut penser à soi pour se regonfler à bloc. Rien qu’à soi. Aujourd’hui, c’est toi et moi. Au diable les problèmes quotidiens. Au diable la marine, les pirates et tout c’qui s’en suit. Rien que Shaïness et Salem.

                      Que lui avais-je dis lentement ; avant de passer une main sur l’une de ses joues, un peu comme à la veille. J’pense bien que c’était définitif et totalement indéniable : J’avais un gros faible pour elle. Et c’est ce sentiment qui me poussa à vouloir rester auprès d’elle de quelque façon que ce soit. C’était bien trop sérieux pour être qualifié d’attirance sexuelle (C’qui expliquait pourquoi je n’avais pas profité la veille), comme bien trop prématuré pour être qualifié d’amour véritable. Simplement que j’me sentais bien avec elle, malgré son sale caractère de petite fille totalement capricieuse. Mais se rendre à l’évidence était une chose, et avouer le tout en était une autre. Surtout que j’avais peur. Peur de construire une nouvelle relation sérieuse. Peur de perdre une compagne comme j’avais tragiquement perdu ma première femme. Sans compter que je ne la connaissais que peu. Bien trop peu. Constatant que j’étais accroupi devant elle avec un sourire béat depuis un bon moment, je me redressai de tout mon long avant de l’attirer à moi. Je la fis sortir de son appartement, moi avec elle, avant de verrouiller sa porte, fourrant ses propres clefs dans la poche de mon propre jean. Puis je dévalai les escaliers, toujours en l’entrainant à ma suite. J’étais un peu brusque durant les dernières minutes, mais peut être, était-ce nécessaire pour la faire réagir comme il faut.

                      L’atmosphère était mortelle une fois à l’extérieur. Car il faisait froid, très froid. Le vent était mordant. Et même que je fus pris d’un frisson pour le moins désagréable, au point de serrer un peu plus la main de Shaï que je semblais ne plus vouloir lâcher une seule seconde. Le temps faillit me décourager, mais avec un peu de concentration, l’on pouvait apercevoir quelques rayons lumineux percer les gros nuages gris qui recouvraient sinistrement la ville. Un soleil timide naissait doucement à l’orient. La neige recouvrait presque tout le bitume de sorte à ce que quelques bambins puissent s’adonner à toute sorte de jeu. Une boule de neige faillit s’écraser sur le beau minois de ma compagne, mais je fis usage de ma main pour éviter ce petit désagrément… Et pour éviter le massacre des pauvres enfants coupables, qui se confondaient en excuses après nous avoir approchés timidement. Puis ils eurent les yeux complètement bourrés d’étoiles lorsqu’ils purent contempler la beauté de la jeune femme, laquelle je forçais à avancer, sa main étant toujours entrelacée à la mienne. « T’as vu comment ils sont sous ton charme… ? Tu vas faire un malheur en ville ! » C’qui ne tarda point. Adolescents encore puceaux, vieux pervers, hommes respectables et même notables de la ville… Tous sur notre chemin étaient sous le charme de la belle à mes côtés, et ne pouvaient se retenir de se retourner pour la contempler encore.

                      • Je vais devenir jaloux à force. Mais tu ne m'as toujours pas dit quels endroits tu fréquentais… Et si on part…

                      Blanc. Gros blanc. Car il y avait un danger ! Devant ! Droit devant ! Des putains de journalistes reconnaissables à leur air de prédateur à l’affut d’un quelconque scoop, et aux appareils photos dans leurs mains recouvertes de gants. Qu’est ce qu’ils foutaient précisément dans cette avenue que nous avions à peine empruntés ?! Dieu seul avait la réponse. J’allais me retourner quand j’entendis soudainement derrière moi crier un « FENYANG-SAMA !!!! » très aigu et très passionné. La voix criarde m’arracha un spasme très violent. Des gloussements, des rires et de nombreux bruits de pas qui martelaient le sol à l’en faire trembler… Pas de doutes, j’avais affaire à des groupies. Et pas qu’un peu vu tout le boucan qu’elles foutaient derrière moi. Dire qu’elles m’avaient reconnu de dos… C’était fort. A croire que tous ces gens s’étaient donné rendez-vous ici pour me coincer. Fuir ou ne pas fuir… ? Telle était la question et il fallait que je me décide vite. Abandonner Shaï pour un temps n’était pas non plus envisageable. Et puis il me vint une idée soudaine que j’allais mettre à exécution. Quitte à me débarrasser d’un groupe et à attiser la curiosité d’un autre pour quelques temps seulement. J’fis soudainement face à Barbie que je pris brusquement dans mes bras, comme ça, en pleine rue. Et ce ne fut que lorsque j’approchai mon visage du sien, que les jeunes filles qui me poursuivaient se stoppèrent net, complètement désillusionnées. Avant que je ne vole un baiser à ma tendre (tendre hein...) compagne…

                      Manquerait plus qu'elle veuille me suicider pour ça…
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