Espoir renaissant
"Blake Redhorn | Etrangers"
Présent La chute sembla se dérouler au ralenti. Blake sentit son corps se faire violemment tirer en avant, passer à travers la fenêtre, puis descendre lentement jusqu'au sol. Kiki eut un geste instinctif désespéré pour se rattraper au rebord, mais il était encore cloitré dans son pantalon et ne put rien faire à part hurler à la mort. Il toucha alors le béton rugueux de la ruelle, ne manquant pas au passage de s'égratigner l'épaule et le dos.
– Hinhinhinhin... Ne vous avais-je pas prévenu que rester au côté de la demoiselle Ramba ne saurait que vous apporter un lot incalculable d'ennuis ?– Je te l'avais dit aussi, enfoi'lé ! Olé ! Si on meu'lt, c'lois-moi, je 'lépète pa'ltout que t'es gay et que t'as eu une histoi'le avec Monste'l !– Hé, mais t'es fou Kiki ? C'est dégueulasse, et pas du jeu !– Qui est Kiki ? Succomber à la folie est fréquent dans des situations désespérées, mais votre tête vaut trop cher pour aller à l'asile... Vous êtes en état d'arrestation, Redhorn...– Kiki ? Kiki mais c'est Kiki ! Hahaha ! Hé t'as vu ça, Kiki, il t'connait même pas !– No'lma'l, tu m'as enfe'lmé dans ce vieux pantalon c'lasseux ! Olé !Un Kiki en colère n'était jamais de bonne augure, ça, c'était une règle des plus évidentes. Alors que devait-il faire ? En vérité, il n'existait qu'une seule solution envisageable, mais il aimait beaucoup les effets de suspens...
Après tout, Le Pervers n'était pas uni si l'on ne prenait en compte que Blake... Ce qui faisait son unicité, sa glorieuse fortune, sa supériorité certaine sur ces vulgaires obsédés de par le monde, c'était ce qu'il possédait entre les jambes.
Oui, il n'existait qu'une seule réponse à tous ses problèmes, et elle était là, depuis le début...
– Kiki... ? Voilà Kiki ! PORNOSTYYYYYYYYLE !Tel un prestidigitateur de renom, un artiste émérite, un maître incontesté du déshabillement à une main, Blake enleva son pantalon ainsi que son caleçon et les lança au visage de son interlocuteur.
– Qu'est-ce que...Sans lui laisser le temps de réagir, et galvanisé par sa nudité synonyme de rapidité accrue, Blake fusa et décocha un « Women are Mine » des plus destructeurs. Son pied s'envola puis vint s'écraser dans l'entrejambe ennemie, puis fut rejoint par une volée rapide de coups de poings. Torture inhumaine, destruction pure et simple des parties intimes, l'homme s'écroula au sol en gémissant, les yeux perdus dans le vague et paraissant recouverts d'un voile blanc...
– Oh mon Dieu, sergent, vous allez bien ? Sergent !– Hugh... Hugh... Uuuugh...Les borborygmes qu'il tenta de lâcher se perdirent dans le monde de l'incompréhensible. Les soldats restèrent médusés, pétrifiés devant la souffrance de leur supérieur... Blake n'avait plus qu'à en profiter à présent. Il enchaina divers mouvements que sa nouvelle célérité rendaient particulièrement efficaces, distribua poings et pieds, se mit même à utiliser Kiki comme un lasso afin d'étrangler ses ennemis ou comme grappin pour éviter leurs attaques. Le Perverse-Style, employé à son paroxysme, révélait à présent toute sa puissance. Les soldats tentèrent évidemment de réagir, certains réussirent même à le frapper, mais rien ne parut suffisant pour contrer le déferlement de force de l'homme qui allait peloter la Poitrine de Jouvence. Son destin était tout tracé, et cette seule constante suffisait à lui procurer la confiance nécessaire à l'accomplissement de tous ses actes.
– Et surtout n'oubliez pas ces mots : vous avez été vaincus par Blake Redhorn, le plus grand Pervers du monde ! HAHAHAHA !Cinq bonnes minutes avaient été nécessaires pour se débarrasser des soldats. Finalement, la fuite aurait pu être évitée si l'urgence l'avait poussé plus tôt à aveugler l'ennemi par son pantalon. Comme le disait son vieux père : « si t'arrives pas à trouver le bon trou, ressors, prends ton temps, et reviens. » Evidemment, derrière cette sentence assez implicite et emplie de finesse, on retrouvait le fameux adage « pour résoudre un problème, il faut le regarder extérieurement ». Oui, car même les Redhorn étaient des philosophes. Il suffisait pour cela qu'ils pensent à élargir leurs pensées limitées à des choses « étroites et caverneuses » à la vie en général.
Blake s'avança vers les hommes au sol, allongés dans des positions improbables en caressant douloureusement leurs tétons, leur entrejambe ou leurs dents, en espérant sans doute que ces mouvements apaiseraient leur souffrance. Il repéra sans grand souci son pantalon et son caleçon et les prit. Blake savait très bien qu'Ishii n'apprécierait sans doute pas de le voir revenir tout nu. Il avait déjà essayé sur le bâteau, et il semblerait que prendre un coup de poing ne soit pas ce que l'on pouvait appeler une réponse confirmative et basée dans l'acceptation. Alors... Plutôt que prendre des risques inconsidérés, mieux valait se montrer prévoyant.
– Maman, le monsieur là-bas il est tout nu !– Oh, ne regarde pas ça !– Mais maman ! Il es trop fort ! T'as vu, il a battu les monsieurs avec son zizi !Kiki frétilla, Blake frissonna. Cet enfant, là-bas, dans sa maison, qui avait regardé la scène par la fenêtre d'un air curieux, venait de le trouver « trop fort » « avec son zizi ». C'était trop beau... Enfin, enfin... Il recevait les récompenses qu'il méritait ! Tant de travail qui se voyait finalement sublimer par les paroles d'un jeune garçon.
Blake ne pouvait laisser passer une occasion pareille. Il tenait là son premier fan, il fallait qu'il en profite...
– Gamin ! Sache que pour arriver à un tel résultat, des années d'entrainement sont nécessaires ! Mais pour toi public, je vais t'offrir une démonstration de mon talent. Ici, maintenant, je vais te montrer de quoi le Pervers est capable ! Moi, Blake Redhorn, l'homme destiné à peloter la Poitrine de Jouvence, je t'offre en exclusivité...– Ch'uis p'lêt, Blakou ! Olééééé !– Le Tourbillon... Divin !D'une grâce absolument délectable et délicieuse, Kiki se mit à tournoyer à la manière d'un ventilateur. D'abord dans le sens des aiguilles d'une montre, puis en antihoraire, avant d'alterner encore et encore. Cet effort était plus compliqué qu'on pouvait le penser puisqu'il nécessitait une parfaite rotation de Kiki qui, de surcroit, devait éviter ses cheveux afin de ne pas cacher sa prestation au public. Au bout d'une minute, alors que la sueur commençait à perler et à ruisseler le long de ses beaux muscles avant de s'enfoncer pour se perdre dans les poils de son entrejambe, Blake s'arrêta enfin. Il regarda l'enfant, tira une révérence qu'il voulut sublime, puis fit volte-face et s'en alla. Il fallait partir avec panache, et il l'avait fait. Car tel était le pouvoir d'un homme au destin aussi incroyable que lui.
. . . . . . . . . . . . . . . .
Retrouver Ishii n'avait pas été particulièrement compliqué : il suffisait pour cela de suivre les explosions, les cris et tous ces sons bizarres qui semblaient accompagner toujours la baleine là où elle allait...
…
Non mais oh, la star ici, c'était Blake, PERSONNE D'AUTRE ! Il se précipita donc sans attendre plus longtemps vers la source de ce capharnaüm général et arriva finalement sur les quais, juste en face de leur bateau. Il avait remis son pantalon et se préparait à retrouver Ishii quand une vérité s'imposa à lui.
– Tout ça pour ça ?– Olé, on di'lait, Blakou... 'Letou'l au point d'dépa'lt... Olé ! Hé, t'as vu à côté du cachalot ? C'est GB/GS ! Olé– Oh ! Hé, Pecto-seins, c'est pas cool c'que tu m'as fait là-bas... Faut rétablir l'équilibre, d'acc...Blake n'eut pas le temps de finir sa phrase. Lui qui venait de se saisir de la poitrine dure et énorme de la fameuse Ramba reçut une gifle qui avait des airs de boulet de canon. A peine arrivé sur les quais, il était déjà projeté avec une puissance littéralement phénoménale. Son corps se souleva du sol, ses pieds quittèrent leur appui et contrèrent les lois de pesanteur en s'élevant plutôt qu'en descendant. Et il grimpa, et il grimpa, et il grimpa.
– Oh... Oh... Oooooooooooooooooooh !– OH MON DIEEEEEEEU ! ON VA MOU'LIIIIIIIIIII'L C'EST SÛ'L !– AAAAAAH ON EST MOOOOOOOOOOOOOOOOORTS !– AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH OLEEEEEEEEEEEEEEEE !– OOOOOOOOOH !– AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !BOUM
Un mât dans la tête ça ne faisait que très rarement du bien. Surtout quand on était lancé dessus à une vitesse quasiment inhumaine. Et pourtant...
– Comme si un petit vol plané pouvait me tuer moi, le Pervers, l'homme qui pelotera la Poitrine de Jouvence ! Blake Redhorn ! Hahahahahaha ! Hé, on recommence ? Tiens, bizarre.Blake reconnut le plancher sur lequel il se trouvait. Il reconnut également le pavillon noir surmontant le mât sur lequel il venait de s'écraser. Et il reconnut surtout ce type là-bas, allongé, avec une espèce de petit porc sur le ventre.
– Blakou, on est su'l le Bel Espoi'l ! Olé !Une bosse géante venait de se poser sur son front comme une fiente de dragon, mais Blake n'avait pas le temps de s'en préoccuper. La situation exigeait que lui, le héros des mers et des femmes, se prenne en main, se saisisse de ses responsabilités aussi fermement qu'avec Kiki en regardant son poster, et qu'il réagisse convenablement.
Parce que leur bateau s'éloignait, sans les réparations adéquates. Parce que les Marines étaient montés, sans avoir pris la peine d'emmener des filles. Parce que Ishii et les nazes qui l'accompagnaient venaient aussi d'arriver, sans une offrande de sous-vêtements à sa gloire.
– Arrière, vils marines ! Car je suis l'homme qui touchera la Nymphe de Rough Tell ! Je suis l'héritier de Roger ! HAHAH... Hein ?La fille qui accompagnait celle à la casquette s'était approchée de Blake et lui avait saisi les mains, avant de les déposer sur son... Torse ? Instinctivement, les doigts du Pervers cherchèrent avec frénésie des seins à toucher, mais il n'en fut rien. A la place, ce furent des tétons qui cumulaient étrangement le gélatineux et le rachitique qu'ils trouvèrent.
– Blakou... Je me sens... Biza'lle tout à coup... Olé...– Hungh... Est-ce que tu es... humaine au moins ? Mes mains tremblent... Qu'est-ce qu'il m'arrive... Bizarrement, j'ai envie de me brûler les doigts... Oui, je vais faire ça...Selon des légendes urbaines, Jean-Albert Redhorn, père de Blake, aurait sombré dans une grave dépression au cours de laquelle il aurait failli se suicider après avoir tenté de peloter une poitrine plate. Aujourd'hui, cela se déroulait à nouveau... Pour son fils.
Néanmoins, il n'eut pas le temps de chercher une torche pour se passer les mains dessus. Heureusement – ou malheureusement – en effet, Jambe de Bois lui balança un lot de coups de pied passablement rapides. La douleur le saisit, oui. Mais il n'y pensa pas. Son esprit était ailleurs, préoccupé par cette sensation mortelle de pelotage de poitrine plate. Qui était-il ? Aucune idée. Que voulait-il ? Nul n'en avait la réponse. D'où venait-il ? De quelque part, sans doute.
Il sentit bel et bien son corps se soulever pour s'écraser contre quelque chose de très dur, avant de retomber par terre sur trois personnes en bleu et blanc.
Puis ce fut... La gifle.
A nouveau, Blake sentit un coup violent lui exploser le crâne, laissant une marque de doigts assez impressionnante sur sa joue et son front. Il se releva difficilement, constatant que GB/GS l'avait encore frappé puisqu'il avait eu la brillante idée d'atterrir entre ses seins. Une seconde plus tard, il comprit enfin ce qui se passait, reprenant conscience de la situation. Le coup semblait lui avoir remis les idées en place. Et la colère d'avoir été traité comme un moins que rien fit son apparition, elle aussi.
– Non mais personne ne vous apprend le respect ici ?Afin de donner contenance à ses paroles, un des Marines lui asséna un coup de crosse de son fusil dans les côtes, l'envoyant par terre, souffle coupé.
Il était par terre, agonisant. Du sang ruisselait sur son visage et le long de son torse magnifique. Une bosse phénoménale due au mât donnait l'impression de vouloir culminer plus haut encore que les plus grands sommets. Des bleus s'étalaient sur ses joues et son ventre, en raison des coups qu'il avait reçus et des gifles qu'il avait mangées... Seule une musique dramatique manquait à la scène afin d'offrir à Blake toute cette dose d'épique qui lui revenait de droit, tel le héros surhumain et nappé dans le sublime qu'il était. Oui... Une... Musique.
Et ce fut la révélation. L'illumination.
Blake n'avait pas encore joué toutes ses cartes dans la partie en cours. Il lui restait encore un ultime atout à jouer. La fatigue due au tourbillon divin, aux courses-poursuites, aux pelotages, aux combats, aux blessures, aux vols planés... Tout cela l'entravait. Mais il avait encore la possibilité d'arranger le coup. Les Marines avaient afflué sur le bâteau et avaient commencé à les encercler. S'il ne faisait pas quelque chose tout de suite, c'en était fini d'eux. Blake était le seul au monde à pouvoir les libérer. Car il était l'élu des Dieux, le béni des Pervers... L'unique homme capable de peloter la Poitrine de Jouvence.
– Rendez-vous, criminels ! Le commandant Achab sera bientôt prévenu que son bateau est ici et qu'il est prêt à être retourné à son véritable propriétaire. Le Karaboudjan retrouvera bientôt sa gloire d'antan, ces voiles misérables seront brûlées !– Gninhinhinhinhin... Pour qui vous vous prenez, dans vos vêtements de nazes ? On voit même pas vos muscles ! Et vous trouvez ça esthétique ?! Jamais compris ces débiles fans des mecs en uniforme alors que leurs biceps sortent même pas ! Pouah !– Redhorn, c'est ça ? Calmez-vous si vous ne voulez pas perdre la vie inutilement...– Le Pervers ne se calme pas ! Le Pervers ne se rend pas ! Vous avez entendu Ishii ?! Dansons !Pendant qu'il parlait, il s'était rapproché de la radio de Jambe de Bois. D'un geste à la célérité étonnante, il enleva une fois de plus son pantalon pour le lancer sur le Marine, puis plaça une cassette qui trainait dans son caleçon dans l'appareil. Les premières notes de musique s'élevèrent dans l'air, rappelant à Blake des souvenirs de sa grande gloire passée.
Il avait sauvé la situation sur Classic Town, il le refaisait aujourd'hui... Pour les Etrangers, quels que soient les risques... Car telle devait être la vie d'un héros.
– HEEEEEEEEEY SEXY LADYYYY ! O-O-O-O-OPPAN GANGNAAAM STYLE !Le son fut monté à son maximum, et Blake se lança dans la chorégraphie la plus prenante du monde. Ses bras se mirent à bouger, ses jambes exécutèrent des mouvements d'un sexy rare et inégalé, Kiki se joignit même à la danse, mis en valeur dans le caleçon à fleurs qu'il portait. Il ne restait plus qu'à attendre que cela fasse effet... Ce qui ne tarda pas...
Déjà, les soldats abandonnèrent la mise en joug au profit d'une entrée dans la chorégraphie. Ils se mirent à regarder Blake d'un air hébété et admiratif, avant de le rejoindre et répéter ses mouvements, puis à crier en même temps que lui. Des clins d'oeil simultanés, des mouvements de fesses, des mises en valeur, des roulers sous les jambes, des airs de prétentieux sûr de soi...
La technique du Gangnam Style avait été créée dans le but de se débarrasser d'un nombre important d'adversaires, ou plutôt, de favoriser une issue moins risquée. La majorité des gens ne pouvait résister à l'appel de ce chef d'œuvre musical et de chorégraphie. Il suffisait donc de les occuper suffisamment longtemps, pour ensuite se charger d'agir à cet instant.
Blake sentait la fatigue gravir son corps, les courbatures apparaître le long de ses muscles endoloris, mais il ne pouvait arrêter. Il
devait continuer. Rassemblant tout son courage, il se lança dans une nouvelle volée de pas de danse tout en repoussant la souffrance physique.
– Ishii, si tu veux te charger d'eux, c'est le moment ou jamais !Il avait confiance, le cachalot et ses nouveaux potes avaient sans doute de quoi se débarrasser tous ces types qui étaient montés sur leur bateau. Pendant ce temps, lui, Blake, se chargeait de les occuper, et de leur offrir une ouverture... Au péril de sa vie ! CAR TEL ÉTAIT LE POUVOIR DU PERVERS ARMÉ DE SON GANGNAM STYLE !
®ole-Play Box © DAЯK'Style