J'ai à peine le temps de faire quelques pas que des marines s'interposent. L'un d'eux m'attaque aussitôt d'une feinte d'estoc. J'évite la pointe de son sabre en me décalant sur le côté, et frappe sa lame de la mienne pour l'éloigner. Aussitôt, il revient à l'assaut. Je re-pare le coup, trop faible.
"Hé, oh ! Je suis avec vous les gars."
Du plat de l'épée, je fais un croc-en-jambe au marine, qui tombe à terre. Je me penche alors et l'aide à se relever.
"Si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'à vous mettre dans mon dos pour me surveiller et me tirer dessus si j'assaille d'autres marines. Mais ne me gênez pas, on est contre-productif en pleine attaque là !"
Ils ont l'air perplexe, mais finalement, on me dégage un petit passage vers les pirates. Je m'avance, et quasi-aussitôt, un des pirates vient vers nous. Le regard un peu fou, du sang dégouttant de sa bouche. Le mec qui riait comme un bossu tout à l'heure et que je trouvais un peu flippant... On m'explique comment il a du sang plein le visage là ? Il n'a quand même pas mâché son adversaire, si ?
"Tututututu. Avant d'aller voir le capitaine, faut passer par moi!"
"Je vais voir le nobliau snob. Désolé mademoiselle la secrétaire, vous ne m'intéressez pas. Alors on va faire ça rapidement."
Je fais feu mais le nouveau venu esquive facilement, et lève son fusil. Je n'aime pas la tête de ce truc d'ailleurs... Je me jette sur le côté en faisant une roulade alors que la détonation retentit. Je me relève et pivote pour voir mon adversaire qui me remet en joue. Un des marines qui étaient derrière moi, suspicieux, est en train de hurler. Il a du se prendre la grenaille. S'ils coopéraient avec moi aussi ces cons au lieu d'hésiter sur la conduite à tenir...
J'esquive la deuxième série de balles, et tente de me rapprocher. Ce type utilise des armes à feu de faible portée. Idéalement, je le prendrais de loin, avec un fusil de précision, et on n'en parle plus. Mais idéalement, j'aurais encore mon œil gauche, et un fusil. Sans ces deux éléments clés, de loin, je toucherais peut-être un éléphant dans un couloir. Avec de la chance.
Mon petit pistolet ne fait pas le poids contre son fusil. Donc je dois me rapprocher et taper à l'épée. Je déteste ça...
D'autant plus que mon adversaire maintiens parfaitement la distance, gardant entre nous une bonne portée pour un pistolet ou son fusil, mais sans me laisser approcher. Tout en reculant, il décharge parfois son arme sur les marines, histoire de ne pas avoir son dos exposé. Il est bon.
"Alors, c'est tout ? Je m'ennuie là."
Alors qu'il achève ces mots, un boulet, sans doute envoyé par l'un des navires à l'extérieur, frappe le haut de la muraille, envoyant un pan s'effondrer dans la prison et écraser un bâtiment en bordure de la cour. Joli tir.
L'intrus est un instant surpris par le boucan et tourne la tête. Trop confiant sans doute. J'en profite pour lui foncer dessus. Il se retourne vers moi aussitôt et lève son arme. Mais je suis à portée.
Mets moi en joue si ça t'amuses, mon épée va trouver ta gorge avant que tu ne puisses presser la détente.
Ou pas.
Il ne tire pas. Il saute en arrière, et ramène son arme vers lui. La pointe de mon épée touche le canon. Il tourne aussitôt le poignet, et mon épée ripe sur le fusil. En levant le bras, nos deux armes se retrouve à pointer vers le ciel. Impressionnant timing...
Pas vraiment le temps de m'extasier, je prends un coup de pied dans le ventre, et suis forcé de reculer, puis de me jeter en arrière alors qu'il me remet en joue. Mais il ne peut tirer, un sous-officier de la marine manquant de le trancher. Ces crétins se décident enfin à m'assister, pas trop tôt !
Vu comment il a paré un coup d'épée avec un foutu fusil, cet intrus est sans doute plus rapide que moi. Il a l'avantage des armes. Je n'y arriverais pas seul.
Sauf que maintenant, les marines qui nous encerclent lui tirent constamment dessus, l’obligeant à bouger sans arrêt, tandis que deux sous-officier armés de sabres l'empêchent de s'approcher trop près des tireurs.
"Les grades inférieurs à sergent, restez hors de sa portée en priorité ! Si vous êtes à l'abri, tirez-lui dessus. Les sergents et au-dessus, vous le bloquez, il ne doit pas s’approcher de vos hommes."
C'est une bonne stratégie... Bon, je fais quoi. Epée, ou je tente de me procurer un fusil ? Un des marines s'approche alors de moi.
"Hé, ça va ? Désolé de t'avoir soupçonné, j'ai bien vu que tu n'es pas leur allié. Tu peux continuer à mettre la pression sur ce type ? Avec José, toi et moi au corps-à-corps et les petits pour lui tirer dessus, on va se le faire rapidement, et on pourra passer aux autres."
Ce sera donc l'épée...
"Ca va. Le plan me semble bon, butons ce type rapidement, il reste plusieurs pirates là-bas."
Et je ne voudrais pas que le chef des marines ne bute ma cible. Ils se battent en ce moment... Le snob doit souffrir. Tu trouves drôle de me balancer à la flotte ? On verra si tu trouves amusant de baigner dans ton sang...
"Parfait. Je suis Nathan au passage."
Le sous-officier nommé José, laissé seul, est à la peine. Mais mon arrivée et celle de Nathan lui permet de se dégager. Il a pris quelques plombs dans le bras apparemment.
La stratégie est assez efficace. Le pirate est sans aucun doute bien plus costaud que les deux sergents, et probablement plus que moi. Mais là, il est constamment attaqué par deux ou trois d'entre nous, et dès qu'il est immobile, il se fait tirer dessus. Obligé d'esquiver, il ne peut s'approcher des troufions, bloqué aussitôt par José, Nathan et moi. Il n'ose tirer trop souvent. Bientôt à court de balles ce qui l'obligerait à recharger ? Voilà une bonne chose.
Un deuxième boulet fait alors sauter un autre bâtiment. Le central. La prison. Ce qui en fait sortir plein de gens qui semblaient attendre que ça se calme un peu. Une évasion ? Ça va rajouter au bordel ambiant... Mais qui a libéré les détenus ? J'ai la réponse en voyant des marines, futurs déserteurs, se mélanger au flot de prisonniers cherchant à se barrer d'ici en escaladant les débris du premier bâtiment amoché, il y a quoi... A peine une minute. C'est fou comme le temps passe lentement lorsqu'on met sa vie en jeu...
Tiens d'ailleurs, je devrais peut-être m'occuper de mon adversaire au lieu de regarder une évasion non ?
Oui, il serait grand temps que tu t'en rendes compte, en effet... Bailler aux corneilles sur un champ de bataille, ça va si on a comme objectif suprême dans la vie de finir en terreau ou en repas pour les corbeaux.
Je me retourne. La secrétaire du nobliau est pris en tenaille par les deux sergents qui se jettent sur lui, lame en avant. Alors qu'il va se faire transpercer par l'arme de Nathan arrivant sur sa gauche, le pirate, sans même avoir l'air d'y faire vraiment attention, penche le buste en arrière, esquivant l'épée. Il pivote sur lui même, tout en levant le coude gauche qui vient flanquer un violent coup sous le menton du marine. Le tour fini, il ouvre le feu sur Nathan, tombé au sol.
José, gêné par son camarade tombant au sol, puis par son cadavre, est obligé d'arrêter sa charge, se fait canarder à son tour, et s'effondre avec un joli trou dans la poitrine.
Et merde... Les crétins de marines autour de moi commencent à paniquer.
"Ne rompez pas la formation. Vous me couvrez, et je l'empêche de s'approcher de vous. Abattez-le à la première occasion !"
Les soldats semblent se reprendre en peu et remettent l'intrus en joue. Heureusement que le pirate ne bouge pas. Il semble fixer un point dans le vide, que lui seul peut voir, et marmonne des trucs tout seul... Bon, baaa, on va en profiter. Plutôt que de me rapprocher, je reprends mon pistolet et fixe moi aussi mon adversaire.
Il semble se reprendre alors qu'on fait feu. Il se jette au sol, derrière le corps de José, pour éviter la grêle de balles. Et il commence à rire. Un rire de dément. Ce type est vraiment pas net.
Alors que les marines, perturbés, hésitent, et que je leur crie de recharger, voilà le snob qui s'amène. Comment il s'appelle déjà ? L'eau des Barils ? Non, ce n'est pas ça. Lots de Ballerines ? Non plus... Oh et puis, je m'en tape après tout. Je veux juste le corriger avant de me tirer d'ici et de rechercher des traces de Valtien. Je l'interpelle donc.
"Salut snobinard, tu te souviens de moi ?"
S'ensuit un échange d'amabilités, pendant que je surveille de l’œil l'autre pirate cinglé. Qui n'est vraiment pas bien. Autant le signaler au nobliau, ça l'inquiétera et le déconcentrera de son combat.
"C'est ici et maintenant que ton aventure s'achève, le snob. Même ton équipage semble l'avoir compris, regarde. "
L'homme est toujours en train de rire, mais semble se calmer un peu. Se calmer ? Fausse alerte, il se lève et tape un sprint. Il ignore complètement les soldats sur son passage. Il m'ignore moi, après m'avoir dit que je ne passerais pas. Il ignore son capitaine qui est à dix mètres et aussi près de lui que de moi. Il ignore tout. Il se contente de courir tout droit, vers la brèche et les prisonniers qui s'enfuient.
Il se barre, comme ça ?
Bon, après tout, pourquoi pas... Il ne faisait que me gêner. Je veux seulement le snob et j'en profite pour lui relancer une pique meurtrière. Ce qui le met hors de lui. Parfait... La colère, pour un pratiquant d'arts martiaux, est ce qu'il faut à tout prix éviter, à moins d'avoir les cheveux qui deviennent blond lorsqu'on s'énerve, mais ce type est blond de base...
Le blondinet, justement, se met à hurler et se jette sur moi. J'ai beau m'y attendre, le coup à beau être mal préparé, téléphoné... Je peux à peine le contrer en mettant mon épée en opposition. Depuis quand ce salopard est nettement plus rapide que moi ? On était à peu près aussi rapide l'un que l'autre sur Verterre et je me suis amélioré depuis !
Et surtout... Il cogne nettement plus fort. Je suis propulsé en arrière, et me retrouve dans la poussière. Pire encore, ma lame est tordue... Purée... Si je m'étais pris ce coup directement, j'aurais la cage thoracique broyée en ce moment, et je serais en train de crever d'asphyxie... Je me relève, fixant d'un œil nouvellement méfiant mon adversaire.
Celui-ci est en train de balayer des marines étant courageusement allé au contact. Bon... Il est apparemment toujours plus fort que moi. Mais on est en plein milieu d'une caserne de la marine. Plus le temps passe, et plus un grand nombre de renforts vont se ramener. Il faut que je joue la montre, et l'empêche de se tirer.
J'emprunte une arme à un marine décédé (un sabre tout pourri, trop court et trop léger par rapport à mon arme habituelle désormais inutilisable...), ré-arme mon petit pistolet au maximum, et me préparer à y aller. Jouer le temps. Pas de risque inutile, ce type est dangereux...
La ballerine blonde semble vouloir partir d'ici. Hors de question. Déjà, je ne l'aime pas. Et en plus, si je l'ajoute à mon « tableau de chasse », la marine sera plus enclinte à me filer un coup de main pour partir d'ici. Ou en tout cas à me laisser partir avant qu'ils ne s'aperçoivent que j'ai raconté n'importe quoi pour Karnutes... Il faut donc que je le bloque...
"Tu crois pouvoir te barrer comme ça, tranquillement ? Va te faire foutre, sale snob ! Je vais pas te laisser te barrer comme ça après ce que tu m'as fait sur Verterre !"
Je m'approche et tente un coup, qu'il évite facilement, mais ma balle trouve sa jambe. Tiens, je pensais que je le louperais. La colère doit vraiment le diminuer. Je ressens alors une douleur vive sur le côté avant d'être propulsé en arrière... Purée, j'ai pris un coup, même en étant prudent... Je bouge légèrement le flanc. Douloureux. Très même. Mais je peux bouger. Ce n'est donc pas cassé. Tant mieux, une côté brisée peut être mortelle, si elle trouve un poumon...
Les marines ne sont pas restés à regarder. Je dois admettre que même s'ils sont faibles, ils sont courageux et se bougent. Le snob est encerclé.
C'est alors qu'il hurle « Haki ». Dont je ne sais toujours pas ce que cela veut dire, d'ailleurs... Mais à vrai dire, je m'en fous. Une vive lumière a attrapé le coin de mon œil.
J'ai un souvenir. Un seul souvenir, d'une lumière semblable, qui illumine le nerf optique au point d'être douloureux pour le cerveau. Une fraction de seconde après, une détonation de mortier avait claquée. J'avais vu une grande lumière, puis les ténèbres, alors que mon arme volait en éclat, que mon œil gauche était crevé, et que les shrapnels déchiraient mes amis à mes côtés. Une lumière qui ne durait qu'un millième de seconde, mais qui m'avait paru une éternité, et qui peuplait encore mes cauchemars. Revoir cette lumière, cela signifie une chose. On vient de me tirer dessus. Une balle se précipite à une allure folle vers ma boîte crânienne. Je n'y survivrais pas une deuxième fois.
La mort.
Mon cœur manque un battement. Puis deux. Et reprends. La lumière est partie.
Wait, what ?
Je suis vivant ?
Je tourne la tête. Une détonation immense retentit, et l'air commence à vrombir, à gronder. Une immense lumière dans le ciel, et des traînées de fumées... Une météorite... Une météorite qui s'est embrasée en entrant dans l'atmosphère, créant cette lumière si vive et terrifiante, suivit d'une détonation lorsque le frottement de l'air l'a fragmenté en de multiples météorites plus petites...
Enfin, petites... L'un des fragments semble se diriger par ici, et c'est une immense masse de roche en fusion qui passe au dessus de nos têtes, dans un vacarme assourdissant. Je regarde bouche bée... Spectacle ahurissant qui ne doit arriver qu'une fois toutes les centaines de milliers, voir millions, d'années... Une météorite de cette taille... Oh merde ! Ça va faire des tsunamis et des tremblements de terre !
Mes réflexions sont interrompues par un coup de poing dans le menton qui me laisse groggy. Apparemment, certains ne sont pas étonnés par les merveilles de la nature, et leurs dangers. Ou ils sont trop idiots pour les comprendre et les connaître. C'est probablement ça.
Dans le brouillard, je comprends qu'on me transporte, j'entends des bribes de mots sans sens : « Barrel, cloportes, tomber, limites... ». Mon cerveau essaye vaguement de reconstruire une phrase logique avec ces mots...
« Barrel, ce cloporte, est tombé en crétin qui a dépassé les limites ». Oui, ça doit être ça. Donc ce doit être la marine qui me transporte. On m'amène à l'infirmerie sans doute. Tant mieux. Je vais pouvoir me reposer...
Non, quelque chose cloche... Je lutte pour ne pas tomber dans l'inconscience, cherchant désespérément ce qui ne colle pas. Je déteste avoir l'impression d'oublier quelque chose... Qu'est-ce qui ne va pas... Voyons... A oui, on me trimbale en position verticale, les blessés, on les bouge couchés... Je suis fier de ma déduction avant de me rendre compte qu'elle n'implique rien de bon pour moi. Ce qui me sort un peu de ma stupeur. Pas de bol, du coup, j'ai un mal de crâne horrible qui le remplace...
Mais je vois clair maintenant, et ai l'esprit moins à l'ouest. Le snob me trimballe comme protection devant lui, en fonçant vers la sortie. Il me prend comme otage ou un truc du genre ? Pas classe... Bon, je n'ai plus d'épée. Je ne sais pas où est mon pistolet. Dès que je commencerais à bouger blondinet risque de me ré-assommer. Si je ne me dégage pas il risque de me tuer une fois hors de la prison. Je fais quoi ?
Dernier recours, mes petites potions que j'ai encore en poche... Sauf que je vois mal comment lui faire boire. Et puis lui filer la diarrhée ou des crampes d'estomac ne me servira pas beaucoup, là... Une arme qui sert toujours, en revanche, c'est le bluff...
J'attrape une de mes fioles, puis d'un coup, tente de me dégager, et écrase le récipient de verre contre lui. Il me jette aussitôt au loin, non sans m'avoir mis un sérieux coup de genou dans le dos. Je vais avoir un sacré hématome... Nous sommes tout juste au dehors, devant les portes fracassées de la prison.
"Qu'est-ce que c'est que ça ? Espèce de sale borgne irrespectueux, tu as ENCORE osé abîmer mes vêtements !"
L'air furieux, il se rapproche de moi. Je me relève.
"STOP !" J'hurle en levant la main, paume ouverte, pour montrer que je veux discuter. "Ce n'est pas très malin de toucher comme ça des liquides inconnus. C'est un poison cutané, que tu t'es mis stupidement sur la main.".
"Cutané..." Dit-il en regardant le liquide couler entre ses doigts puis se répandre sur le sol.
"Ça veut dire qu'il rentre par la peau."
Bien évidemment, ce truc n'est pas un poison. C'est juste la potion bizarre dont l'odeur semble attirer les rats, souris et autres rongeurs nuisibles. Très pratique pour la dératisation, mais ça ne sert à rien d'autre.
"Je sais bien ce que signifie cutané, quelqu'un d'aussi grandiose que moi a forcément une intelligence et une culture supérieure à la racaille dont tu fais partie. Et je ne te crois pas. Tu t'en es mis toi aussi plein la main." reprends-t-il en désignant la main incriminée du doigt. "Et puis, tu es un épéiste, pas un alchimiste."
"Ne soyons pas stupide. Un empoisonneur prend toujours soin de deux choses : avoir un antidote sur lui, et être immunisé contre ses propres poisons si possible. Je suis immunisé contre celui-ci, même si ça n'a pas été une expérience agréable à vivre... Et à la base, j'étais un sniper. Mais depuis que j'ai perdu un œil, j'ai du apprendre à me débrouiller. Comme je suis nul à l'épée, je combats aussi avec des poisons."
Curieusement, il semble intéressé d'apprendre que je ne suis pas un sabreur mais un tireur d'origine...
"Bon, tu as donc un antidote sale cafard. Je n'ai qu'à t'éclater la tête une nouvelle fois et le prendre." Il s'avance alors vers moi.
"Pas si vite ! Tu ne trouveras pas l'antidote comme ça. J'ai sur moi plusieurs fioles, certaines d'antidotes, d'autres de poisons bien plus violents. Si tu... Comment dis-tu ? « M'éclates la tête ? », ce dont je doute que tu sois capable sans météorite pour détourner l'attention nobliau de peccadille, tu comptes faire quoi ensuite ? Boire des poisons au hasard ? Remarque, ce serait amusant. Une fin digne de ton arrogance de se retrouver d'ici quelques heures agonisant dans ton vomi, dans une ruelle sombre."
Bon, en vrai, vu notre échange plus tôt, il peut bien m'éclater la tête s'il le veut et s'en tirer sans rien... Mais si je paraît trop inquiet, lui ne le sera pas...
"Et qu'est-ce que tu veux ?"
Il mord à l'hameçon ! Parfait.
"Tu ne m'intéresses pas plus que ça, pour être honnête. J'ai déjà perdu assez de temps sur cette île, et les gens que je cherche ne sont pas dans cette prison. Alors ce que je veux, c'est me barrer. Autant ne pas s'entre-tuer. Cependant, vu que j'ai un net avantage sur toi, vu que tu es mourant et moi pas, et que la marine peut arriver à tout moment me filer un coup de main, je suis prêt à te donner l'antidote sous deux conditions."
Je lève la main et pointe deux doigts en l'air. Puis j'en baisse un.
"Première condition, on se barre chacun de notre côté. Je pense qu'on a tout deux des trucs à faire. Moi partir d'ici, et toi, retrouver les fuyards de ton équipage." Il tique à ces mots. Attention tout de même... Il faut que je montre que j'ai l'avantage en ayant des exigences, mais pas au point de l'énerver si fort qu'il ne pensera plus au risque et que le bluff s'effondre..."Deuxième condition : tu dois dire « Moi, Lots de ballerines... »"
"LLOYD BARREL !"
"C'est la même chose. « Moi, Lloyd Barrel, admet être un petit noble arrogant, borné et présomptueux, et m'excuse platement pour mon comportement indigne d'un être humain.»"
"Va crever putain de borgne." Il s'avance à nouveau.
"C'est toi qui va crever si tu ne le fais pas. C'est bête hein ? Mourir si jeune... Non pas que cela me déplaira hein. Je viendrais arroser ta tombe. En me soulageant dessus."
En hurlant, il me fonce dessus. J'esquive de justesse, et saute en arrière pour me remettre hors de portée.
"Dernière chance blondinet ! Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on n'entends plus de bruits venant de la cour. Ça veut dire que le combat est fini et que les marines vont arriver. Tu as vraiment le temps de traîner ? Tu préfères mourir par l'épée que vomissant dans une cellule, c'est ça ? Mais si tu veux te tirer, c'est maintenant qu'il faut accepter le marché."
Il hésite, ne sachant que faire...
"Remballe ta fierté, le snob, ça te feras du bien. Une petite phrase, et tu as la vie devant toi. Sinon, c'est fini. Tiens, regarde, ils arrivent."
Des gens sortent en effet de la prison.
Sauf que...
Ce n'est pas la marine. Mais un groupe dépenaillé de pirates, transportant le macchabée que j'avais vu en arrivant sur les lieux. Attends... Ils ont vaincus la marine ?
Faisons le point...
Je suis resté un mois sur cette île, pour rien, vu qu'il n'y a pas d'indices sur les Ailes Noires ici...
Je me suis battu avec le snob, me suis fait fêler une côte, et pris un sale coup dans le dos.
J'ai cru mourir quand cette putain de météorite est tombée.
Et maintenant un autre groupe de pirates se ramène, avec une mine à se faire les premiers venus ?
J'en peux plus là, je craque...
"MAIS C'EST QUOI LE PROBLEME DE CETTE ILE ? C'EST QUOI CE BORDEL AUJOURD'HUI ?"