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L'assaut de la prison

Rappel du premier message :

- Tu peux répéter encore une fois ?

Seido regarda Lilianna et poussa un soupir.

- Oui, d’accord, mais c’est la dernière fois.

Depuis plus d’une heure, les Desperados étaient réunis autour d’une table, dans la salle de réunion. C’était bien la première fois que l’équipage s’assemblait ainsi, après la venue de leur tout nouveau membre, Elphys, la canonnière. La situation actuelle sortait de l’ordinaire, et demandait l’attention de tous. En effet, quelques jours auparavant, une nouvelle avait provoqué un certain remue-ménage, notamment chez le capitaine et son second : l’un de leur ami avait été arrêté et allait être jugé d’ici peu, en compagnie d’autres pirates. Le reporter du journal songeait à une pendaison en place public. Seido et Woh, qui avait connu le gars en question, Dragger Jack, savait que le gars ne pouvait pas avoir commis un crime méritant la mort. Ainsi, ils allaient l’aider…facile à dire, mais pas à faire.

Selon le peu d’information entre leur main, Inu Town allait abriter l’évènement, île connue par un bon nombre de personne au sein de l’équipage, que ça soit pour la rencontre avec Ed, le navigateur, Elinor, la chef cuisto, soit par la retrouvaille avec Woh et sa dulcinée, Yumi. Heureusement, grâce à cela, ils bénéficiaient d’une connaissance des lieux, et pouvaient donc mettre en place un plan afin de secourir leur ami. Certains n’étaient pas fan de l‘idée, d’autres mourraient d’envie de faire « tout péter », mais les avis finirent par converger vers une unique direction : laissé mourir des gens, ça n’était pas bien.

Plusieurs idées avaient été énoncée pour sauver Jack, avec cependant des failles évidentes. Seido, le capitaine, laissa chacun exprimer son point de vue, analysant la situation et récoltant les avis. Selon lui, une certaine coalition était nécessaire au sein d’un équipage, et il n’était pas sain de prendre des décisions sans l’avis de ces compagnons. Mais ça n’était pas l’unique raison. En effet, Seido montait un plan, non seulement en usant ce qu’il entendait, mais aussi grâce à ce qu’il savait de ces compagnons. La stratégie était l’un de ces points forts. Leur navire, le Marvel Genbu, était encore faiblement armé, mais avait l’avantage d’être dirigé par un bon navigateur et sa puissance de feu était boostée par les talents de la canonnière. Une attaque maritime était envisageable. Au sol, les forces combinées du capitaine et de son second pouvaient faire des merveilles, surtout avec l’ajout récent de la belle cuisto qui venait de gagner en puissance.

- L’île possède deux villes, Chom et Karnutes, l’une au nord, l’autre à l’est. La prison se trouve à l’ouest. À la base, comme on l’a vu dans le passé, les effectifs de la marine ne comportent pas d’ennuie majeur, mais ça sûrement plus compliqué à notre arrivé, avec la venue des prisonniers.

Ils seront encore plus nombreux, et ce nombre est leur force… C’est pourquoi on va les diviser, et pour ça, on va user les méthodes énoncées par Woh et Elphys. L’un se chargera d’une diversion au sein de la prison, dans la cantine, l’autre, en mer. On sait tous que vous pouvez être dangereux dans vos domaines respectifs, autant mettre ça à nos avantages.

Vu que les marines seront concentrés à repousser ces deux attaques, le troisième groupe se pourra se charger de libérer Jack. Au signal, on se groupera tous pour partir !

Pour les groupes …


Yumi et Lilianna avec moi; Joshua, Ed et Elphys sur le navire; et Elinor et toi vers la prison, c’est ça, non ?


Seido hocha simplement la tête. Le plan avait été vu et revu plusieurs fois, sur plusieurs angles différents. La théorie était simple, le tout était de savoir si la pratique le serait aussi. Le début serait lancé le lendemain vers midi, et Seido espérait que ça se déroulerait bien.


Dernière édition par Seido D. Noroma le Jeu 14 Mar - 10:22, édité 3 fois
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Heureusement pour lui, sa cuisto était là. Grâce à son pouvoir, Seido réussit à échapper à la faucille de la Mort, de peu. Se dégageant du filet en l’envoyant sur des gens devant lui, le pirate se remit sur pied, prêt au second round ! Cependant, vu que sa lame était brisée, il la remit dans son fourreau, sans la jeter, étant un peu sentimental. Sa lame et qui avait traversé tant d’épreuve que s’en séparer pour une aussi bête raison était absurde. De sa main libre, il alla chercher une petite fiole, et la but sans perdre de temps, voyant qu’on fonçait déjà sur lui pour mettre enfin à terme son existence.

- The Infernal Paw …

Son invention, le mutagène, eut effet directement, lui octroyant une agilité bien supérieur.  Allant vers  un petit groupe d’individu, proche de sa nakama, il chargea son revolver, et saisit son fourreau de sa main libre, ensuite. Cela ne coupait pas comme un sabre, mais à quoi cela servait à Seido, l’un des pirates ne blessant pas à mort un adversaire ? Bref, vu qu’il ne devait plus se retenir, pour ne pas risquer une coupe trop puissante, le capitaine des Desperados était maintenant bien plus dangereux.

- Demoniac Claw !

Seido s’accoutuma bien assez vite aux bruits des os craquer après une frappe, mais un peu moins aux cris de douleur, qui lui serrèrent le cœur. En repensant à la mort de son fidèle ami et compagnon, sa culpabilité diminuait un peu.  Avec sa connaissance de l’anatomie, briser un bras ou une rotule n’était pas très compliqué. De plus, il avait un autre atout à disposition, qui avait semé un peu de panique. Voilà que justement, trois mecs fonçaient vers sa compagne, pendant qu’elle avait le dos tourné. Ce n’était pas correct de faire ça.

- Blow Bullet !

Visant à leur pied, il fit feu. La balle percuta le sol, comme prévu, déchainant à l’impact une explosion, qui envoya les hommes quelques mètres plus loin. Cela ne leur causerait pas beaucoup de dégâts, mais ils penseraient maintenant un peu plus longtemps avant d’attaquer sa nakama.

- Oh oh, quelle technique, c’est bien beau,
Mais tu as malheureusement baisser ta garde,
Je vais donc t'envoyer droit dans un tombeau,
Tu ne peux t'en prendre qu'à toi pour ta mégarde !


Le commodore en avait profité pour se glisser à ses côtés, et  enchaîna directement avec une coupe oblique. L’agilité nouvelle du pirate lui permit d’esquiver sans problème et même de contre-attaquer, obligeant le bleu à se mettre sous la défensive. Seido portait beaucoup de coup, rapide et précis, mais cela ne dura pas, ce que l’autre remarqua. Les attaques du marine étaient dures, mais cela n’effraya pas Seido. Il voulait jouer au dur ? Lui aussi allait le devenir ! Remettant son revolver en place, il sortit une autre petite fiole, The Fiend, et jeta ensuite la fiole vide sur le sol, qui se brisa en mille morceaux. La surprise se lisait sur le visage du commodore, qui se demandait comment on pouvait gagner tant de puissance comme ça ! Et oui, son autre mutagène lui octroyait une force physique importante.

Seido prenait l’avantage, enchainant de puisant coup d’une main, et empêchant les gens d’approcher de l’autre, avec son revolver à nouveau dans sa main. Le marine le savait et tenta une autre approche, que le pirate ne remarqua pas. Ce dernier fut bientôt complètement encercler, à nouveau, mais il était bien plus préparé mentalement, avec une dose non négligeable d’adrénaline dans le sang. Seido fonça de lui-même vers les adversaires, frappant sans relâche et sans pitié. Assez tôt, des marines dans son voisinage préfèrent s’en aller plutôt que de l’affronter, voyant le ravage qu’il faisait. Mais où était le Commodore ? Le capitaine le vit enfin, et le spectacle lui glaça le sang. Comment osait-il attaquer sa précieuse nakama ? Elle était en difficulté… et il n’arriverait pas à temps pour la sauver…  Une seule et unique solution s’offraient à lui, et c’était très dangereux, mais ça n’avait pas d’importance. Il but à nouveau le premier mutagène et courut à toute vitesse vers Elinor. L’absorption de deux mutagènes  n’était pas conseillée, car ça pouvait détruire son corps, mais il s’en fichait… Il devait aller vite, très vite …
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J'ai à peine le temps de faire quelques pas que des marines s'interposent. L'un d'eux m'attaque aussitôt d'une feinte d'estoc. J'évite la pointe de son sabre en me décalant sur le côté, et frappe sa lame de la mienne pour l'éloigner. Aussitôt, il revient à l'assaut. Je re-pare le coup, trop faible.

"Hé, oh ! Je suis avec vous les gars."

Du plat de l'épée, je fais un croc-en-jambe au marine, qui tombe à terre. Je me penche alors et l'aide à se relever.

"Si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'à vous mettre dans mon dos pour me surveiller et me tirer dessus si j'assaille d'autres marines. Mais ne me gênez pas, on est contre-productif en pleine attaque là !"

Ils ont l'air perplexe, mais finalement, on me dégage un petit passage vers les pirates. Je m'avance, et quasi-aussitôt, un des pirates vient vers nous. Le regard un peu fou, du sang dégouttant de sa bouche. Le mec qui riait comme un bossu tout à l'heure et que je trouvais un peu flippant... On m'explique comment il a du sang plein le visage là ? Il n'a quand même pas mâché son adversaire, si ?

"Tututututu. Avant d'aller voir le capitaine, faut passer par moi!"
"Je vais voir le nobliau snob. Désolé mademoiselle la secrétaire, vous ne m'intéressez pas. Alors on va faire ça rapidement."

Je fais feu mais le nouveau venu esquive facilement, et lève son fusil. Je n'aime pas la tête de ce truc d'ailleurs... Je me jette sur le côté en faisant une roulade alors que la détonation retentit. Je me relève et pivote pour voir mon adversaire qui me remet en joue. Un des marines qui étaient derrière moi, suspicieux, est en train de hurler. Il a du se prendre la grenaille. S'ils coopéraient avec moi aussi ces cons au lieu d'hésiter sur la conduite à tenir...

J'esquive la deuxième série de balles, et tente de me rapprocher. Ce type utilise des armes à feu de faible portée. Idéalement, je le prendrais de loin, avec un fusil de précision, et on n'en parle plus. Mais idéalement, j'aurais encore mon œil gauche, et un fusil. Sans ces deux éléments clés, de loin, je toucherais peut-être un éléphant dans un couloir. Avec de la chance.
Mon petit pistolet ne fait pas le poids contre son fusil. Donc je dois me rapprocher et taper à l'épée. Je déteste ça...

D'autant plus que mon adversaire maintiens parfaitement la distance, gardant entre nous une bonne portée pour un pistolet ou son fusil, mais sans me laisser approcher. Tout en reculant, il décharge parfois son arme sur les marines, histoire de ne pas avoir son dos exposé. Il est bon.

"Alors, c'est tout ? Je m'ennuie là."

Alors qu'il achève ces mots, un boulet, sans doute envoyé par l'un des navires à l'extérieur, frappe le haut de la muraille, envoyant un pan s'effondrer dans la prison et écraser un bâtiment en bordure de la cour. Joli tir.
L'intrus est un instant surpris par le boucan et tourne la tête. Trop confiant sans doute. J'en profite pour lui foncer dessus. Il se retourne vers moi aussitôt et lève son arme. Mais je suis à portée.

Mets moi en joue si ça t'amuses, mon épée va trouver ta gorge avant que tu ne puisses presser la détente.

Ou pas.

Il ne tire pas. Il saute en arrière, et ramène son arme vers lui. La pointe de mon épée touche le canon. Il tourne aussitôt le poignet, et mon épée ripe sur le fusil. En levant le bras, nos deux armes se retrouve à pointer vers le ciel. Impressionnant timing...

Pas vraiment le temps de m'extasier, je prends un coup de pied dans le ventre, et suis forcé de reculer, puis de me jeter en arrière alors qu'il me remet en joue. Mais il ne peut tirer, un sous-officier de la marine manquant de le trancher. Ces crétins se décident enfin à m'assister, pas trop tôt !

Vu comment il a paré un coup d'épée avec un foutu fusil, cet intrus est sans doute plus rapide que moi. Il a l'avantage des armes. Je n'y arriverais pas seul.

Sauf que maintenant, les marines qui nous encerclent lui tirent constamment dessus, l’obligeant à bouger sans arrêt, tandis que deux sous-officier armés de sabres l'empêchent de s'approcher trop près des tireurs.

"Les grades inférieurs à sergent, restez hors de sa portée en priorité ! Si vous êtes à l'abri, tirez-lui dessus. Les sergents et au-dessus, vous le bloquez, il ne doit pas s’approcher de vos hommes."

C'est une bonne stratégie... Bon, je fais quoi. Epée, ou je tente de me procurer un fusil ? Un des marines s'approche alors de moi.

"Hé, ça va ? Désolé de t'avoir soupçonné, j'ai bien vu que tu n'es pas leur allié. Tu peux continuer à mettre la pression sur ce type ? Avec José, toi et moi au corps-à-corps et les petits pour lui tirer dessus, on va se le faire rapidement, et on pourra passer aux autres."

Ce sera donc l'épée...

"Ca va. Le plan me semble bon, butons ce type rapidement, il reste plusieurs pirates là-bas."

Et je ne voudrais pas que le chef des marines ne bute ma cible. Ils se battent en ce moment... Le snob doit souffrir. Tu trouves drôle de me balancer à la flotte ? On verra si tu trouves amusant de baigner dans ton sang...

"Parfait. Je suis Nathan au passage."

Le sous-officier nommé José, laissé seul, est à la peine. Mais mon arrivée et celle de Nathan lui permet de se dégager. Il a pris quelques plombs dans le bras apparemment.

La stratégie est assez efficace. Le pirate est sans aucun doute bien plus costaud que les deux sergents, et probablement plus que moi. Mais là, il est constamment attaqué par deux ou trois d'entre nous, et dès qu'il est immobile, il se fait tirer dessus. Obligé d'esquiver, il ne peut s'approcher des troufions, bloqué aussitôt par José, Nathan et moi. Il n'ose tirer trop souvent. Bientôt à court de balles ce qui l'obligerait à recharger ? Voilà une bonne chose.

Un deuxième boulet fait alors sauter un autre bâtiment. Le central. La prison. Ce qui en fait sortir plein de gens qui semblaient attendre que ça se calme un peu. Une évasion ? Ça va rajouter au bordel ambiant... Mais qui a libéré les détenus ? J'ai la réponse en voyant des marines, futurs déserteurs, se mélanger au flot de prisonniers cherchant à se barrer d'ici en escaladant les débris du premier bâtiment amoché, il y a quoi... A peine une minute. C'est fou comme le temps passe lentement lorsqu'on met sa vie en jeu...

Tiens d'ailleurs, je devrais peut-être m'occuper de mon adversaire au lieu de regarder une évasion non ?
Oui, il serait grand temps que tu t'en rendes compte, en effet... Bailler aux corneilles sur un champ de bataille, ça va si on a comme objectif suprême dans la vie de finir en terreau ou en repas pour les corbeaux.

Je me retourne. La secrétaire du nobliau est pris en tenaille par les deux sergents qui se jettent sur lui, lame en avant. Alors qu'il va se faire transpercer par l'arme de Nathan arrivant sur sa gauche, le pirate, sans même avoir l'air d'y faire vraiment attention, penche le buste en arrière, esquivant l'épée. Il pivote sur lui même, tout en levant le coude gauche qui vient flanquer un violent coup sous le menton du marine. Le tour fini, il ouvre le feu sur Nathan, tombé au sol.
José, gêné par son camarade tombant au sol, puis par son cadavre, est obligé d'arrêter sa charge, se fait canarder à son tour, et s'effondre avec un joli trou dans la poitrine.

Et merde... Les crétins de marines autour de moi commencent à paniquer.

"Ne rompez pas la formation. Vous me couvrez, et je l'empêche de s'approcher de vous. Abattez-le à la première occasion !"

Les soldats semblent se reprendre en peu et remettent l'intrus en joue. Heureusement que le pirate ne bouge pas. Il semble fixer un point dans le vide, que lui seul peut voir, et marmonne des trucs tout seul... Bon, baaa, on va en profiter. Plutôt que de me rapprocher, je reprends mon pistolet et fixe moi aussi mon adversaire.

Il semble se reprendre alors qu'on fait feu. Il se jette au sol, derrière le corps de José, pour éviter la grêle de balles. Et il commence à rire. Un rire de dément. Ce type est vraiment pas net.

Alors que les marines, perturbés, hésitent, et que je leur crie de recharger, voilà le snob qui s'amène. Comment il s'appelle déjà ? L'eau des Barils ? Non, ce n'est pas ça. Lots de Ballerines ? Non plus... Oh et puis, je m'en tape après tout. Je veux juste le corriger avant de me tirer d'ici et de rechercher des traces de Valtien. Je l'interpelle donc.

"Salut snobinard, tu te souviens de moi ?"

S'ensuit un échange d'amabilités, pendant que je surveille de l’œil l'autre pirate cinglé. Qui n'est vraiment pas bien. Autant le signaler au nobliau, ça l'inquiétera et le déconcentrera de son combat.

"C'est ici et maintenant que ton aventure s'achève, le snob. Même ton équipage semble l'avoir compris, regarde. "

L'homme est toujours en train de rire, mais semble se calmer un peu. Se calmer ? Fausse alerte, il se lève et tape un sprint. Il ignore complètement les soldats sur son passage. Il m'ignore moi, après m'avoir dit que je ne passerais pas. Il ignore son capitaine qui est à dix mètres et aussi près de lui que de moi. Il ignore tout. Il se contente de courir tout droit, vers la brèche et les prisonniers qui s'enfuient.

Il se barre, comme ça ?
Bon, après tout, pourquoi pas... Il ne faisait que me gêner. Je veux seulement le snob et j'en profite pour lui relancer une pique meurtrière. Ce qui le met hors de lui. Parfait... La colère, pour un pratiquant d'arts martiaux, est ce qu'il faut à tout prix éviter, à moins d'avoir les cheveux qui deviennent blond lorsqu'on s'énerve, mais ce type est blond de base...

Le blondinet, justement, se met à hurler et se jette sur moi. J'ai beau m'y attendre, le coup à beau être mal préparé, téléphoné... Je peux à peine le contrer en mettant mon épée en opposition. Depuis quand ce salopard est nettement plus rapide que moi ? On était à peu près aussi rapide l'un que l'autre sur Verterre et je me suis amélioré depuis !
Et surtout... Il cogne nettement plus fort. Je suis propulsé en arrière, et me retrouve dans la poussière. Pire encore, ma lame est tordue... Purée... Si je m'étais pris ce coup directement, j'aurais la cage thoracique broyée en ce moment, et je serais en train de crever d'asphyxie... Je me relève, fixant d'un œil nouvellement méfiant mon adversaire.

Celui-ci est en train de balayer des marines étant courageusement allé au contact. Bon... Il est apparemment toujours plus fort que moi. Mais on est en plein milieu d'une caserne de la marine. Plus le temps passe, et plus un grand nombre de renforts vont se ramener. Il faut que je joue la montre, et l'empêche de se tirer.

J'emprunte une arme à un marine décédé (un sabre tout pourri, trop court et trop léger par rapport à mon arme habituelle désormais inutilisable...), ré-arme mon petit pistolet au maximum, et me préparer à y aller. Jouer le temps. Pas de risque inutile, ce type est dangereux...

La ballerine blonde semble vouloir partir d'ici. Hors de question. Déjà, je ne l'aime pas. Et en plus, si je l'ajoute à mon « tableau de chasse », la marine sera plus enclinte à me filer un coup de main pour partir d'ici. Ou en tout cas à me laisser partir avant qu'ils ne s'aperçoivent que j'ai raconté n'importe quoi pour Karnutes... Il faut donc que je le bloque...

"Tu crois pouvoir te barrer comme ça, tranquillement ? Va te faire foutre, sale snob ! Je vais pas te laisser te barrer comme ça après ce que tu m'as fait sur Verterre !"

Je m'approche et tente un coup, qu'il évite facilement, mais ma balle trouve sa jambe. Tiens, je pensais que je le louperais. La colère doit vraiment le diminuer. Je ressens alors une douleur vive sur le côté avant d'être propulsé en arrière... Purée, j'ai pris un coup, même en étant prudent... Je bouge légèrement le flanc. Douloureux. Très même. Mais je peux bouger. Ce n'est donc pas cassé. Tant mieux, une côté brisée peut être mortelle, si elle trouve un poumon...

Les marines ne sont pas restés à regarder. Je dois admettre que même s'ils sont faibles, ils sont courageux et se bougent. Le snob est encerclé.
C'est alors qu'il hurle « Haki ». Dont je ne sais toujours pas ce que cela veut dire, d'ailleurs... Mais à vrai dire, je m'en fous. Une vive lumière a attrapé le coin de mon œil.

J'ai un souvenir. Un seul souvenir, d'une lumière semblable, qui illumine le nerf optique au point d'être douloureux pour le cerveau. Une fraction de seconde après, une détonation de mortier avait claquée. J'avais vu une grande lumière, puis les ténèbres, alors que mon arme volait en éclat, que mon œil gauche était crevé, et que les shrapnels déchiraient mes amis à mes côtés. Une lumière qui ne durait qu'un millième de seconde, mais qui m'avait paru une éternité, et qui peuplait encore mes cauchemars. Revoir cette lumière, cela signifie une chose. On vient de me tirer dessus. Une balle se précipite à une allure folle vers ma boîte crânienne. Je n'y survivrais pas une deuxième fois.

La mort.

Mon cœur manque un battement. Puis deux. Et reprends. La lumière est partie.
Wait, what ?
Je suis vivant ?

Je tourne la tête. Une détonation immense retentit, et l'air commence à vrombir, à gronder. Une immense lumière dans le ciel, et des traînées de fumées... Une météorite... Une météorite qui s'est embrasée en entrant dans l'atmosphère, créant cette lumière si vive et terrifiante, suivit d'une détonation lorsque le frottement de l'air l'a fragmenté en de multiples météorites plus petites...

Enfin, petites... L'un des fragments semble se diriger par ici, et c'est une immense masse de roche en fusion qui passe au dessus de nos têtes, dans un vacarme assourdissant. Je regarde bouche bée... Spectacle ahurissant qui ne doit arriver qu'une fois toutes les centaines de milliers, voir millions, d'années... Une météorite de cette taille... Oh merde ! Ça va faire des tsunamis et des tremblements de terre !

Mes réflexions sont interrompues par un coup de poing dans le menton qui me laisse groggy. Apparemment, certains ne sont pas étonnés par les merveilles de la nature, et leurs dangers. Ou ils sont trop idiots pour les comprendre et les connaître. C'est probablement ça.

Dans le brouillard, je comprends qu'on me transporte, j'entends des bribes de mots sans sens : « Barrel, cloportes, tomber, limites... ». Mon cerveau essaye vaguement de reconstruire une phrase logique avec ces mots...
« Barrel, ce cloporte, est tombé en crétin qui a dépassé les limites ». Oui, ça doit être ça. Donc ce doit être la marine qui me transporte. On m'amène à l'infirmerie sans doute. Tant mieux. Je vais pouvoir me reposer...

Non, quelque chose cloche... Je lutte pour ne pas tomber dans l'inconscience, cherchant désespérément ce qui ne colle pas. Je déteste avoir l'impression d'oublier quelque chose... Qu'est-ce qui ne va pas... Voyons... A oui, on me trimbale en position verticale, les blessés, on les bouge couchés... Je suis fier de ma déduction avant de me rendre compte qu'elle n'implique rien de bon pour moi. Ce qui me sort un peu de ma stupeur. Pas de bol, du coup, j'ai un mal de crâne horrible qui le remplace...

Mais je vois clair maintenant, et ai l'esprit moins à l'ouest. Le snob me trimballe comme protection devant lui, en fonçant vers la sortie. Il me prend comme otage ou un truc du genre ? Pas classe... Bon, je n'ai plus d'épée. Je ne sais pas où est mon pistolet. Dès que je commencerais à bouger blondinet risque de me ré-assommer. Si je ne me dégage pas il risque de me tuer une fois hors de la prison. Je fais quoi ?

Dernier recours, mes petites potions que j'ai encore en poche... Sauf que je vois mal comment lui faire boire. Et puis lui filer la diarrhée ou des crampes d'estomac ne me servira pas beaucoup, là... Une arme qui sert toujours, en revanche, c'est le bluff...

J'attrape une de mes fioles, puis d'un coup, tente de me dégager, et écrase le récipient de verre contre lui. Il me jette aussitôt au loin, non sans m'avoir mis un sérieux coup de genou dans le dos. Je vais avoir un sacré hématome... Nous sommes tout juste au dehors, devant les portes fracassées de la prison.

"Qu'est-ce que c'est que ça ? Espèce de sale borgne irrespectueux, tu as ENCORE osé abîmer mes vêtements !"

L'air furieux, il se rapproche de moi. Je me relève.

"STOP !" J'hurle en levant la main, paume ouverte, pour montrer que je veux discuter. "Ce n'est pas très malin de toucher comme ça des liquides inconnus. C'est un poison cutané, que tu t'es mis stupidement sur la main.".
"Cutané..." Dit-il en regardant le liquide couler entre ses doigts puis se répandre sur le sol.
"Ça veut dire qu'il rentre par la peau."


Bien évidemment, ce truc n'est pas un poison. C'est juste la potion bizarre dont l'odeur semble attirer les rats, souris et autres rongeurs nuisibles. Très pratique pour la dératisation, mais ça ne sert à rien d'autre. 

"Je sais bien ce que signifie cutané, quelqu'un d'aussi grandiose que moi a forcément une intelligence et une culture supérieure à la racaille dont tu fais partie. Et je ne te crois pas. Tu t'en es mis toi aussi plein la main." reprends-t-il en désignant la main incriminée du doigt. "Et puis, tu es un épéiste, pas un alchimiste."
"Ne soyons pas stupide. Un empoisonneur prend toujours soin de deux choses : avoir un antidote sur lui, et être immunisé contre ses propres poisons si possible. Je suis immunisé contre celui-ci, même si ça n'a pas été une expérience agréable à vivre... Et à la base, j'étais un sniper. Mais depuis que j'ai perdu un œil, j'ai du apprendre à me débrouiller. Comme je suis nul à l'épée, je combats aussi avec des poisons."

Curieusement, il semble intéressé d'apprendre que je ne suis pas un sabreur mais un tireur d'origine...

"Bon, tu as donc un antidote sale cafard. Je n'ai qu'à t'éclater la tête une nouvelle fois et le prendre." Il s'avance alors vers moi.
"Pas si vite ! Tu ne trouveras pas l'antidote comme ça. J'ai sur moi plusieurs fioles, certaines d'antidotes, d'autres de poisons bien plus violents. Si tu... Comment dis-tu ? « M'éclates la tête ? », ce dont je doute que tu sois capable sans météorite pour détourner l'attention nobliau de peccadille, tu comptes faire quoi ensuite ? Boire des poisons au hasard ? Remarque, ce serait amusant. Une fin digne de ton arrogance de se retrouver d'ici quelques heures agonisant dans ton vomi, dans une ruelle sombre."

Bon, en vrai, vu notre échange plus tôt, il peut bien m'éclater la tête s'il le veut et s'en tirer sans rien... Mais si je paraît trop inquiet, lui ne le sera pas...

"Et qu'est-ce que tu veux ?"

Il mord à l'hameçon ! Parfait.

"Tu ne m'intéresses pas plus que ça, pour être honnête. J'ai déjà perdu assez de temps sur cette île, et les gens que je cherche ne sont pas dans cette prison. Alors ce que je veux, c'est me barrer. Autant ne pas s'entre-tuer. Cependant, vu que j'ai un net avantage sur toi, vu que tu es mourant et moi pas, et que la marine peut arriver à tout moment me filer un coup de main, je suis prêt à te donner l'antidote sous deux conditions."

Je lève la main et pointe deux doigts en l'air. Puis j'en baisse un.

"Première condition, on se barre chacun de notre côté. Je pense qu'on a tout deux des trucs à faire. Moi partir d'ici, et toi, retrouver les fuyards de ton équipage." Il tique à ces mots. Attention tout de même... Il faut que je montre que j'ai l'avantage en ayant des exigences, mais pas au point de l'énerver si fort qu'il ne pensera plus au risque et que le bluff s'effondre..."Deuxième condition : tu dois dire « Moi, Lots de ballerines... »"
"LLOYD BARREL !"
"C'est la même chose. « Moi, Lloyd Barrel, admet être un petit noble arrogant, borné et présomptueux, et m'excuse platement pour mon comportement indigne d'un être humain.»"
"Va crever putain de borgne." Il s'avance à nouveau.
"C'est toi qui va crever si tu ne le fais pas. C'est bête hein ? Mourir si jeune... Non pas que cela me déplaira hein. Je viendrais arroser ta tombe. En me soulageant dessus."

En hurlant, il me fonce dessus. J'esquive de justesse, et saute en arrière pour me remettre hors de portée.

"Dernière chance blondinet ! Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on n'entends plus de bruits venant de la cour. Ça veut dire que le combat est fini et que les marines vont arriver. Tu as vraiment le temps de traîner ? Tu préfères mourir par l'épée que vomissant dans une cellule, c'est ça ? Mais si tu veux te tirer, c'est maintenant qu'il faut accepter le marché."

Il hésite, ne sachant que faire...

"Remballe ta fierté, le snob, ça te feras du bien. Une petite phrase, et tu as la vie devant toi. Sinon, c'est fini. Tiens, regarde, ils arrivent."

Des gens sortent en effet de la prison.
Sauf que...

Ce n'est pas la marine. Mais un groupe dépenaillé de pirates, transportant le macchabée que j'avais vu en arrivant sur les lieux. Attends... Ils ont vaincus la marine ?

Faisons le point...
Je suis resté un mois sur cette île, pour rien, vu qu'il n'y a pas d'indices sur les Ailes Noires ici...
Je me suis battu avec le snob, me suis fait fêler une côte, et pris un sale coup dans le dos.
J'ai cru mourir quand cette putain de météorite est tombée.
Et maintenant un autre groupe de pirates se ramène, avec une mine à se faire les premiers venus ?

J'en peux plus là, je craque...

"MAIS C'EST QUOI LE PROBLEME DE CETTE ILE ? C'EST QUOI CE BORDEL AUJOURD'HUI ?"
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"Moi, Lloyd Barrel, admet être un petit noble arrogant, borné et présomptueux, et m'excuse platement pour mon comportement indigne d'un être humain.". Ha. Ha. Il y a deux ans, à cause d'une peinture hypnotique, j'avais été plongé dans une sorte de transe d'hilarité extrême. Pourtant, je ne me souviens pas avoir autant rit qu'à l'heure actuelle. Saloperie de borgne. Après m'avoir sali mes vêtements, m'avoir manqué de respect en déformant mon illustre nom et m'avoir empoisonné, il veut désormais me mettre à sa botte et me faire raconter des inepties complètement invraisemblables. C'est intolérable, impensable que je m'abaisse à de telles extrémités... Cet enculé de borgne... Je vais lui faire la peau. Le rouer de coups jusqu'à ce qu'il soit en sang. Le seul problème c'est cette saloperie de poison qu'il m'a collé sur la main. De prime abord, je pensais que c'était un simple coup de bluff. J'en étais même fervemment convaincu. Mais au plus j'y pense et au plus j'analyse son attitude, au moins je suis sûr de moi, comble de l'ironie pour le grand Lloyd Barrel. Mais je ne peux pas prendre le risque de douter de la véracité de ce qu'il me dit. Ce serait tellement de stupide de... Mourir pour ça ? Non, le grand Lloyd Barrel, moi, ne le peut pas. C'est impossible que quelque chose d'aussi ridicule puisse m'arrêter... Et puis je ne le permettrai pas. Mon destin est trop exceptionnel pour que je sois mis en échec... Surtout par cet enfoiré de Dead-Eye.

"MAIS C'EST QUOI LE PROBLEME DE CETTE ILE ? C'EST QUOI CE BORDEL AUJOURD'HUI ?", hurle t-il en jetant un oeil à la sortie de la prison. Les autres pirates sont en train de fuir, eux aussi. De fuir, ou plutôt... De partir ? Ils ont donc réussi à se débarrasser de la plupart des marines qui s'y trouvaient. Bien.

"On dirait que tout ne se passe pas comme prévu, hein, connard de borgne ?", lancé-je, un sourire triomphant aux lèvres. Un sourire qui n'a pas vraiment lieu d'être. Certes, les choses s'arrangent pour moi, mais ça ne me fait toujours pas oublier tout ce qui vient de m'arriver... Kanbei... Bordel, j'avais confiance en toi... Pourquoi... ? Je chasse ces pensées de ma tête. Je ne dois pas y penser. Pour l'heure, j'ai un combat contre la mort, une course contre la montre à gagner. Le borgne semble s'être repris. Le borgne... Cette raclure de borgne ! Tout ça, tout ce qui m'est arrivé, le départ de Kanbei, le fait que j'ai du fuir de la prison... C'est de sa faute ! Je n'ai jamais eu le sentiment d'autant détester quelqu'un. Et pourtant, j'ai déjà haï un homme au point de lui défoncer le crâne, de lui prendre la vie sous l'effet d'une colère irrationnelle que je n'ai pas su réprimer. Je m'en souviens comme si ça s'était passé il y a cinq minutes à peine. Le sang sur mes mains, son visage difforme, les flammes omniprésentes... Je me souviens de tout. Mais je me remémore aussi la promesse que je me suis fait à ce moment là. Celle de ne jamais reculer devant rien pour atteindre mes objectifs. Je m'étais juré, malgré mon appréhension, que si je devais tuer à nouveau pour continuer à avancer, je le ferais. Et là maintenant... Je crois qu'il est temps pour le borgne de constater que le grand Lloyd Barrel tient toujours ses promesses.

"Tu peux crever la gueule ouverte pour espérer que je me manque moi-même de respect. J'ai suffisamment fait preuve de patience jusqu'à maintenant. Désormais, tu vas suivre mes conditions. Donne moi l'antidote.", dis-je fermement. Je suis déterminé à aller jusqu'au bout, et je veux qu'il se rende compte. Je veux que la peur s'insuffle en lui.
"Tu es vraiment idiot, snobinard... Et si je te mens et te donne un poison à la place ? Comment tu ferais ?", répondit-il, lui aussi sûr de lui. Il sous-estime à quel point je le hais.
"Non mais tu vas me donner le vrai, d'antidote."
"Qu'est-ce qui te fais croire que je vais faire ce que tu me dis ?", répond t-il sarcastiquement.
"Tu vas le faire...", commencé-je lentement, avant de reprendre : "Parce que sinon, tu es un homme mort."

Je me jette sur lui, ne pensant à rien d'autre que la colère que j'éprouve, et faisant abstraction de tout ce qui pourrait me freiner. Kanbei... On s'est rendu service, chacun notre tour. Je t'ai aidé à te débarrasser de ce qui te rattachais à ton passé, tu m'as aidé à me consacrer à mon avenir même si ça me fait mal de l'avouer. Je vais maintenant appliquer ce dernier conseil que tu m'as donné. Merci. C'est terminé. J'envoie un coup de poing en direction de la joue du borgne, par son angle mort. Je frappe différemment d'avant. Cette fois ci j'ai la ferme intention de le tuer. Il esquive le coup en se baissant, et tente un coup d'estoc vers mon estomac. J'attrape son poignet et lui porte une violente frappe à la gorge, dont il parvient à minimiser les dégâts. Il recule tout de même en s'étouffant un peu. Je ne m'arrête pas là. Je continue à cogner, toujours en avançant. Un coup est bloqué, puis un autre, et encore un autre. Décidément, il semble s'être habitué à avoir un champ de vision plus réduit qu'un combattant normal, et ça se ressent sur ses mouvements, beaucoup plus fluides qu'il y a quelques mois lorsque nous nous étions affrontés sur Verterre. Mais moi aussi j'ai changé, depuis le temps. Je tente un fauchage à sa jambe droite. Il saute et esquive le balayage. Seulement, il prend de plein fouet mon coup de coude au menton... Dont il se remet surprenamment vite. J'essaie de lui envoyer un autre coup, qu'il bloque du plat de sa lame, qui se cabosse sous l'impact de la frappe. C'est déjà plus la même chose que lors de notre premier affrontement, son épée ne me gène presque plus. J'ai parlé trop vite, puisque je manque de justesse de me faire trancher le cou. M'étant baissé pour cela, je viens frapper à nouveau son ventre, cette fois ci au niveau du foie. Son teint devient blafard. Son corps  commence à sérieusement ressentir l'effet de mes coups. Il commence à cracher du sang. C'est déjà étonnant qu'il soit parvenu à être à ce point endurant contre moi, le grand Lloyd Barrel, surtout qu'il est possible qu'il ait quelques os fêlés ou brisés... Mais malheureusement pour lui, l'issue de l'affrontement est certaine. Je dois tout simplement me dépêcher. Je parviens, après une série d'attaques bloquées et évitées, à lui envoyer le tranchant de ma main dans l'épaule. Il lâche son arme, et s'attrape le bras en lâchant un cri de douleur. C'est terminé au moment où je lui attrape la gorge et le plaque au sol, mon poing armé au dessus de sa tête.

"C'est fini, sale borgne. Maintenant, l'antidote."
"Tu peux toujours crever... Mon poison te tuera, snob de merde...", me répond t-il péniblement, exténué et le souffle court, en me crachant un glaviot ensanglanté au visage. Le sale porc... Cet irrespect... Encore... Toujours ! Je me retiens de lui faire la peau, là, maintenant. J'ai besoin de cette saloperie de contrepoison.
"Tu sais, les choses ont changé depuis Verterre...", commencé-je. Je continue : "Avant, j'étais faible. Faible d'éprouver de la miséricorde pour ceux qui m'étaient inférieurs, à moi, le grand et fabuleux Lloyd Barrel. Mais depuis, j'ai évolué. J'ai tué. Et je me suis rendu compte qu'au final, je n'avais pas à culpabiliser d'exterminer de la vermine comme toi... Au contraire même, je rends ainsi un plus grand service au monde qu'en me montrant compatissant et patient. Je n'ai pas peur de te mettre à mort à coups de poings, ici et maintenant. Alors donne moi l'antidote !", lui hurlé-je, accentuant encore plus ma belle et magnifique voix sur la dernière phrase. Mes yeux ne laissent apercevoir que de la détermination et de la haine. Il sent que je dis vrai. Du moins, à moitié. J'ai quand même peur de devoir le mettre à mort... Peur de refaire les mêmes cauchemars qu'avec Westlake. Peur de... Non, peur de rien. Je suis le grand Lloyd Barrel. Je n'ai peur de rien, et il le sent, il le sait.

"La... La petite fiole mauve... Dans mon veston...", dit-il, comprenant que je suis on ne peut sérieux. Sans lui lâcher la gorge, je fouille dans ses poches et en extirpe le flacon qui m'intéresse. Je le débouche d'une main et en avale la totalité du contenu. C'est infect, mais c'est bon signe : généralement, au plus un médicament à un goût désagréable, au plus il est efficace. Je suis donc tiré d'affaire. Mais je ne vais pas le laisser s'en tirer comme ça. Après tout ce qu'il m'a balancé... Tout l'irrespect dont il a fait preuve...
"Salopard de borgne... Dire que tu as essayé de m'empoisonner... Je ne vais pas te tuer, pour l'instant. Tu es fort, c'est indéniable, mais bien trop faible pour m'opposer une quelconque difficulté, à moi, le grand Lloyd Barrel... Et ce malgré tes nombreux coups de traître. Par contre, je vais te laisser quelques souvenirs... Des marques qui te rappelleront qu'on ne me manque pas de respect impunément...", lui dis-je en réarmant mon poing. Il va souffrir. Il est déjà particulièrement bien amoché, mais je songe à lui enlever quelques dents. A lui casser quelques os. Impuissant, il se prépare à subir son châtiment.
"C'était quoi ce bruit ?", m'interrompt t-il au moment ou je m'apprête à lui décrocher la mâchoire.
"Allez, encore un coup bas... Tu crois vraiment que je vais tomber dans le panneau ?"
"Non mais sérieusement, tu n'entends pas comme un grondement sourd, là, maintenant ?", continue t-il, visiblement plus inquiet par ce "bruit" que par ma menace. Salaud...

Mais maintenant qu'il le dit, j'entends comme un bruit qui se rapproche. Un grondement sourd, c'est vrai. Je le quitte du regard et lève les yeux. Et là, je la vois. La vague qui arrive. Elle n'est pas assez haute pour raser l'île, mais suffisamment pour détruire ce qu'il reste de la prison, et achever les survivants de la bataille avec. Merde... Voilà donc la conséquence de la puissance phénoménale de mon légendaire haki et du météore qu'il a fait tomber... La situation est critique. Et là, je les vois. Des dizaines de monstres marins qui arrivent. Ils fuient le raz de marée. Ils se rapprochent de l'île. Je ne vois pas comment la situation pourrait empirer. Je tourne la tête de l'autre côté, alerté là aussi par un vacarme grandissant. Des bêtes féroces apeurées, qui courent dans tous les sens. Qui courent vers nous. Je regarde à nouveau le borgne, et hausse les épaules. Et c'est tout innocemment que je lui dis, le poing toujours armé, ridicule en cette situation, alors que la vague et les bestioles terrorisées en tout genre s'abattent sur nous :

"Et bah... On est pas dans la mergloub ! Aargbargloub !"

La mergloub ? Aargbargloub ? C'est moche, même pour moi, le grand Lloyd Barrel, de ne pas pouvoir finir ma phrase, balayé par une telle masse d'eau. Et, ballottés comme des fétus de paille en pleine tempête, le noir survient. Et puis plus rien.


Dernière édition par Lloyd Barrel le Sam 29 Juin - 13:10, édité 2 fois
    La meilleure chose à faire dans une situation critique, c'est de ne pas paniquer.

    Le nobliau fut emporté en premier par la vague. Normal, il était debout au dessus de moi, pas vraiment une position pour lutter contre un flot d'eau. Tandis qu'étalé au sol, je ne suis emporté par le courant qu'une fraction de seconde après. En voyant ce qui arrivait, j'avais pris une grande gorgée d'air, et maintenant, je me laisse porter. Inutile de me fatiguer à lutter, il vaut mieux garder des forces pour quand ça se calmera un peu et qu'il faudra revenir à la surface pour respirer, dans l'éventualité ou la vague m'entraînerait hors de l'île... Tout en priant que je ne percute pas un arbre, un mur, ou quelconque obstacle sur lequel me mènerait directement les flots.

    Un tsunami... On pouvait s'y attendre, et je n'avais pas été assez rapide à me tirer d'ici. Un morceau de roche aussi considérable qui s'abat dans la mer risquait de provoquer ce désastre pour les îles aux alentours. Et en cas de tsunami, il vaut mieux être en mer que sur terre. Je n'aurais pas eu le temps de partir, de toute façon, même sans le blondinet faisant obstruction. Tout de même, ce fragment de météorite avait du tomber bien près d'Inu Town pour qu'une vague arrive déjà...

    Le courant se calme un peu. Je tourne sur moi-même, et vois l'endroit le plus lumineux. La surface est là-bas. Ça doit bien faire une bonne minute, déjà, que je suis sous l'eau. J'ai l'impression que mes poumons vont exploser. Vite. Vite ! De l'air... Je nage aussi fort que je peux vers la lumière et le salut.

    Et me fais percuter en plein ventre. Je crache aussitôt tout le contenu de mes poumons, remplacé immédiatement par une bonne quantité d'eau salée. Je me sens entraîné, poussé par quelque chose au niveau de mon estomac, et je m'y accroche désespérément.

    Je vais mourir noyé, comme ça ? Remarque, j'ai bien cru mourir il y a quelques minutes, déjà. Foutue météorite. C'est pas de chance tout de même. Désolé Valtien... Je me suis planté en beauté. J'aurais du partir de cette île il y a longtemps... Ou alors ne pas chercher l'affrontement aujourd'hui.

    Je ne pensais pas que c'était si long de se noyer...
    Et puis soudain, un grand bruit d'eau, et de l'oxygène salutaire entre par ma bouche. Aussitôt expulsé. Je crache, je tousse, je m'étouffe à moitié. Mon ventre se contorsionne, des spasmes rejettent l'eau qui est entré contre mon gré dans mon corps. Et j'aspire finalement goulûment une grande gorgée.

    J'ai la tête qui tourne, mais il semblerait que je soit accroché sur un truc qui flotte. Je peux rester là quelques instants, à récupérer... L'esprit dans le vague, je me force à respirer à fond. Ça me fait mal aux côtes, là ou j'ai pris un coup plus tôt dans la journée en me battant contre Lots de Ballerines...

    J'avais loupé mon coup. Je savais bien que le snob était arrogant, mais j'avais mésestimé à quel point. Je pensais que le forcer à s'excuser et s'humilier servirait d'appui à mon bluff, et cela avait peut-être été le cas, mais je n'imaginais pas qu'il serait imbu de lui-même au point de préférer un nouveau combat à quelques mots, sous la pression de la marine pouvant arriver à n'importe quel moment...

    Au moins, il avait été assez gentil pour embarquer avec lui l'épée que j'avais pris à un des marines. Ce qui m'avait évité de me faire trop rétamé. Bon, j'ai la gorge en feu, l'épaule gauche très douloureuse, une douleur tenace au ventre, et sans doute une côte ou deux fêlées à mon flanc gauche, donc, mais je suis vivant...

    Ça va un peu mieux, et je commence à faire attention à ce qui m'entoure. Tout d'abord, je suis accroché à une nageoire. Ensuite, il...

    Attendez une seconde... Une nageoire ?

    Je regarde de nouveau. Oui, pas de doute, c'est bien une nageoire. De la longueur d'un mât de navire. Donc je suis accroché à un monstre marin ? Un frisson me parcoure, alors que j'estime mes chances de survie, blessé, dans l'eau, sans arme, contre un prédateur des mers géant. Pas glop.

    Je tourne la tête à gauche, et me voilà un petit peu rassuré. Une immense carapace se profile. Une tortue. La tête dans l'eau pour le moment. La vache, sacré morceau... Les monstres marins des Blues étaient, il paraît, ridiculement petits par rapport à ceux de Grand Line. Ces derniers étant eux-mêmes minuscules comparés à ceux de Calm Belt. Mais ça, c'était les monstres marins qu'on voit souvent. Dans les profondeurs, toutes les mers avaient leurs monstres. D'ailleurs, les légendaires Krakens se trouvent dans North Blue il me semble... Et je suppose que cette météorite a fait sortir quelques mastodontes des profondeurs... J'ai de la chance que ce soit une tortue qui m’ai percuté, et pas un serpent de mer géant ou une autre saloperie.

    Je me hisse sur la nageoire. C'est une espèce de tortue marine. Elle a l'air plutôt placide maintenant. Je ne pense pas qu'elle soit passée sur l'île. Peut-être s'était-elle abritée de la vague en se mettant derrière Inu Town ? Si c'est le cas, c'est une bestiole plutôt maline.
    Je grimpe à présent sur la carapace. Pas facile, car elle glisse, mais j'y arrive. Une fois sur le dessus, je constate que mon radeau improvisé fait une taille plus imposante que je ne le croyais au premier abord. Je dirais une trentaine de mètres de long. Ensuite, je remarque que, à l'horizon, de tous les côtés, on ne voit que de l'eau. Le courant m'a emmené bien plus loin que je ne le pensais.

    Je suis foutu.
    Aucune terre en vue, et quand la tortue replongera...
    Je me laisse tomber. La kératine est dure, mais je me fiche d'avoir mal aux fesses. Je m'allonge et regarde le ciel. Il y a quelques nuages. Deux oiseaux battent des ailes, au loin. Un beau soleil. Une belle journée pour mourir.

    J'entends alors un grognement, comme quelqu'un qui râlerait. Je tourne légèrement la tête, pour voir un homme qui escalade la carapace à partir d'une nageoire. Tiens, il y avait quelqu'un coincé exactement comme moi, mais de l'autre côté. Mais pourquoi fallait-il que ce soit lui ? Je ne peux même pas mourir en paix ?

    Je cherche des yeux un truc à lancer sur le snob (car c'est bien lui qui se hisse désormais au sommet de la tortue et m'aperçoit), mais je n'ai rien. Et puis je m'en fous. J'en ai assez. Ce type est arrogant, chiant, gonflant. Mais il n'a aucune place dans ma vie. Ce que je veux, c'est retrouver les Ailes Noires. Parler à Valtien. Savoir comment va le reste de notre famille. Le blondinet m'a certes quasi-fracturé la jambe à Verterre, et à nouveau amoché aujourd'hui. Je ne l'aime pas, et si je le pouvais, je le buterais. Mais hormis cette rancœur due à des combats, il n'est rien pour moi. Importance zéro. Puisqu'il est plus fort que moi, autant l’ignorer dorénavant.

    Malheureusement, il ne semble pas de cet avis.

    "Toi !" Hurle-t-il enragé, comme s'il avait trouvé la cause de tout ses maux.
    "Moi..."
    "Sale borgne, dégage de ma tortue !"
    "Ta tortue ?" Pour le coup, interloqué, je me redresse à moitié.
    "Bien sur. Le grand Lloyd Barrel ne peut mourir d'un simple tsunami, c'est pourquoi la destinée a envoyé un chelonioidea à mon secours !"
    "Tu ne peux pas dire une tortue, comme tout le monde ? Héééé !"

    Je proteste trop tard, il m'a empoigné, et voilà qu'il me balance à la flotte. Encore une fois, comme à Verterre !
    Sauf que cette fois-ci, il n'y a pas de rivage aux alentours... Je me dépêche de rattraper l'animal providentiel, qui heureusement, se laisse porter paisiblement et ne nage même pas. Tiens, elle sort sa tête, justement. Yeux fermées, elle semble profiter du soleil.
    Le noble, lui rigole. Sale con !
    Je tente de remonter sur la carapace, pour ne pas me faire trop mouiller par les vagues passant sur la nageoire, mais il m'écrase les doigts sous sa botte, aussi je me décide à rester en bas pour le moment.

    Je me réjouis en pensant qu'il rigolera moins d'ici quelques minutes. La potion qu'il a bu, « antidote » du poison fictif, est en vérité une potion qui donne de sévères crampes d'estomac environ une demi-heure après ingestion. Et dont l'effet dure plusieurs heures.

    Je m'assois, adossé aux écailles, les fesses sur la chair tendre du membre, les pieds dans l'eau. Tôt ou tard, cette tortue achèvera son bain de soleil et replongera. Et ce sera la fin. Si seulement un bateau pouvait passer. Ou une terre se profiler à l'horizon. Je dois pouvoir nager deux ou trois kilomètres, même en sale état. A quelle distance peut bien se trouver une île qu'on voit au loin par temps clair ? Voilà un truc que j'aurais du apprendre...

    "Hé, le borgne, tu as une boussole ?" m'interpelle l'autre passager du « Living Ferry ».
    "Question stupide. Qui part en mer sans boussole ?"

    Du coup, je farfouille machinalement à la recherche de ma boussole. Voir où est le nord, inutile sans bien connaître les cartes marines du coin, mais bon...
    Boussole... Boussole...
    Et merde.

    Le courant m'a vidé les poches. Ce n'est pas si surprenant quand on y pense... Plus de potions, plus de boussole, plus de petit couteau pour cueillir des plantes. Plus rien, sauf mon carnet sur lequel j'ai noté mes recettes et les vêtements que j'ai sur le dos. Plus de pistolet ni d'épée non plus d'ailleurs...

    "Ou est le nord ?"
    "Aucune idée. La vague m'a fait les poches."
    "Crétin de borgne, pourquoi tu joues au grand sage prévoyant si tu n'as rien comme matériel ?"

    Ce type est vraiment, vraiment chiant...
    Mais bon. Laissons le se débattre autant qu'il veut, s'il ne veut pas simplement attendre la mort au milieu de nulle part.
    Moi, je suis fatigué.
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    Lorsque j’avais vu la vague, précédée d’une horde de monstres marins, arriver à toute vitesse sur moi, le grand Lloyd Barrel, je m’étais dit qu’il n’était pas possible que la situation s’aggrave encore plus. Pourtant, il semblerait que c’est comme ça que la vie fonctionne : à chaque fois que l’on se dit que l’on ne pourrait pas plus manquer de chance, le hasard se débrouille pour que les choses empirent. L’attaque de la prison était censée se dérouler mieux que ça. Mais avec la mort ridicule d’un des membres de l’autre équipage, le fait que le commodore ait le style de combat qui me contre parfaitement, le départ de Kanbei, et, cerise sur le gâteau, la déferlante de catastrophes naturelles qui s’étaient abattues sur Inu Town, tout ne s’était pas exactement passé comme prévu. Certes, le dernier phénomène, c’est un peu moi qui l’avais provoqué, grâce à la toute puissance de mon haki. Mais, comment pouvais-je me douter qu’il était devenu si fort ? En même temps, cela me rassurait quelque peu quant au caractère exceptionnel et divin de mon destin, qui s’était confirmé. Car pour l’instant, je ne peux pas vraiment me dire que tout était radieux : en plus de tout ce qui s’était produit aujourd’hui, je me retrouve désormais coincé sur le dos d’une tortue avec ce connard de borgne... Qui n’a même pas d’instruments de navigation pour m’aider à me retrouver. Je regarde à l’horizon. Il n’y a rien. Pas la moindre petite terre en vue. Mais jusqu’où avons-nous pu dériver ? Et surtout, combien de temps vais-je rester coincé avec l’autre salopard de borgne, auquel je suis même obligé de m’abaisser en lui adressant la parole ? Et le voilà maintenant qu'il roupille au soleil, comme si de rien n’était. Ce qu’il peut m’énerver... Au moins, le point positif, c'est qu'on a assez de place pour pas que je sois obligé d'être collé à lui. Je m’en approche.

    "Hé.", lancé-je. Il entrouvre un oeil. Il pourrait tout de même se lever, quand je lui adresse la parole. Mais bon... Je continue : "Tu comptes dormir comme ça encore longtemps ? Tu crois pas que tu ferais mieux de chercher à un moyen de te tirer d'ici ?"
    "Tu es con ou tu le fais exprès ? Que veux-tu que l'on fasse, snobinard ? Il y a pas d'île en vue, et des monstres marins rodent peut-être encore dans les parages. On est coincés sur le dos de cette tortue, jusqu'à ce qu'elle décide de nous rapprocher d'une côte, quelle qu'elle soit... Ou qu'elle plonge dans l'eau, nous tuant par la même occasion.", dit-il sèchement. Il reprend, blasé : "Donc, vu qu'il n'y a rien à faire, je préfère encore dormir.", finit-il en refermant les yeux. Je ne peux compter que sur moi-même pour me tirer de ce bourbier. Je commence donc à marcher vers la tête de l'animal. Une fois posé dessus, je lui donne un violent coup de pied sur le sommet du crâne, hurlant : "JE SUIS LE GRAND LLOYD BARREL, SALE BÊTE ! RAMÈNE MOI A INU TOWN IMMÉDIATEMENT !"

    "Oh le con.", dit alors le borgne qui visiblement m'observe en secret depuis toute à l'heure, et qui s'est relevé. Visiblement, la tortue géante ne semble pas apprécier, et commence à plonger sous l'eau, dont le niveau monte dangereusement pour nous. Dead-Eye se lève rapidement, et se dirige vers le sommet de la carapace. Je l'imite rapidement.
    "J'espère que tu es fier de toi, snobinard de merde ! On va crever, ici, au beau milieu de la mer !", me vocifère t-il dans les oreilles, alors que nous nous collons dos à dos.
    "Oh, ça va ! Moi au moins j'ai essayé quelque chose, stupide borgne !"
    "Mais tu pensais sincèrement que ça allait marcher ?!", continue t-il à crier, tandis que l'eau se rapproche de nos semelles... Puis s'arrête brusquement de gagner du terrain. La tortue à arrêté de plonger, nous sauvant de la noyade. Bon, c'est déjà ça. Par contre, niveau confort, c'est pas vraiment ça. Nous n'avons même pas la place de bouger un orteil. Et la bête se met à nager, nous donnant la ridicule impression de glisser sur l'eau.

    "Et bien voila ! Au moins, grâce à moi, le grand Lloyd Barrel, on avance.", dis-je tout simplement. C'est vrai quoi. C'est déjà ça de gagné.
    "Encore faut-il garder l'équilibre... Et ça va pas être facile...", commence t-il, visiblement dégoûté de ce qui lui arrive. Pourtant, c'est un honneur que d'être aussi près de moi... D'un coup, il relève la tête et me dit : "Ne pense même pas à me jeter à l'eau !"
    "L'idée est pourtant tentante..."
    "Si je tombe, ça va attirer d'autres monstres marins moins sympathiques, et tu seras en danger aussi !"
    "Je suis moyennement convaincu...", réponds-je lentement. Je reprends : "Mais j'ai pas l'intention de te jeter à la mer, même si j'en ai actuellement très envie. Tu peux peut-être m'être utile. Qui sait ce qui pourrait nous arriver, qui sait sur quel genre d'horreur on pourrait tomber ? Tu sais te défendre, même si tu es bien moins fort que moi.", continué-je. Être obligé de lui faire la conversation... Quelle horreur... En même temps, cela me permettrait de répondre à quelques unes des questions que je me pose. Je termine : "Sinon, vu qu'il semblerait qu'on va passer un certain temps comme ça... C'est quoi ton vrai nom, le borgne ? Et tu foutais quoi à la prison ? Tu as eu vent de ma majestueuse présence ?"

    Tiens, je crois que c'est la première fois que je l'appelle "le borgne" tout court. Bizarrement, Dead-Eye me rappelle vaguement Kanbei, quand je l'ai rencontré, mis à part l'écart de niveau qui est bien plus grand. Cette arrogance qu'il affiche, cette haine que j'éprouve envers lui... Tout est exactement pareil, au final. Peut-être qu'il finira par se révéler comme étant... Une recrue potentielle pour mon équipage... ? Non, c'est impossible... Et puis, Kanbei n'était qu'un traître... Comment puis-je accorder ma divine confiance à quelqu'un, désormais ? Celui que je considérais comme étant mon second et mon... "Ami" m'a lâchement abandonné, sans que je ne m'en doute une seule seconde. Il faudra pourtant bien que je continue à aller de l'avant. Pour moi, le grand Lloyd Barrel. Pour les Avalons. Pour le monde entier. Pour la promesse de sang que je me suis fait...


    Dernière édition par Lloyd Barrel le Sam 29 Juin - 13:21, édité 4 fois
      Elinor prenait soin de ne pas trop s'écarter de son Capitaine. Maintenant que Lilianna et Yumi avaient quitté les murs de la prison, ils devaient faire de même. La jeune femme, dans la masse des soldats de la marine, ne parvenait plus à distinguer le prisonnier qu'ils venaient de libérer, le fameux Gin. Pourvu qu'il reste dans le coin, celui-là. S'il venait à s'enfuir alors que Wohr était mort en quelque sorte par sa faute, elle ne lui pardonnerait pas. L'un et l'autre des deux membres d'équipage se protégeaient mutuellement. Même si la Marine était de moins en moins nombreuse, il demeurait encore bon nombre debout devant la sortie. Dire qu'elle pensait au départ à une évasion de type gentleman cambrioleur, et qu'on se retrouvait avec un capharnaüm incroyable. C'était un jour maudit, de toute façon. Rien n'était allé dans le sens, jusqu'à cette météorite qui adressait un ultime pied de nez à leur plan pourtant minutieux.

      Elle sentait la présence de Seido, à proximité d'elle, et continuait à libérer le chemin à coup de fléau d'arme-menotte. La rapidité avec laquelle elle faisait tournoyer cette chaine et son extrémité lui permettait de faire le vide autour d'elle. Bien sûr, elle n'assommait pas totalement, elle ne provoquait pas de graves blessures, mais elle faisait ce qu'elle pouvait avec ses moyens, et cela marchait au moins sur les bleus, qui craignaient de prendre une belle gamelle. Il suffirait qu'elle tombe sur un possesseur d'un fruit du démon, ou un combattant hors pair, pour mordre la poussière et dire adieu à la vie.

      C'était étrange de voir le temps ralentir à ce point ; tout se passait si vite, et pourtant, les minutes semblaient interminables. Les murs n'étaient pas si loin, et pourtant si éloignés. Il devenait urgent de quitter les lieux ; certains membres de la Marine l'avaient compris, ils tournaient les talons plutôt que d'affronter l'enragé Capitaine des Desperados. Elle était à deux pas du mur, Seido à cinq. Encore un effort...Elinor se retourna pour vérifier la position de son Capitaine, et vit à la place le Commodore.

      -A présent, Vous êtes fichus, odieux pirates
      Depuis que vous avez pénétré cette prison
      Je fournis  la preuve de mon abnégation
      Et vous empêche de revoir votre frégate.


      Elinor, cela a déjà été dit, n'était pas une combattante experte. Comment faire pour contrer cette personne ? Elinor laissa tomber son arme et déplia à toute vitesse son "Gigante scolapasta", le filet qu'elle tenait devant elle. Pathétique défense que voila. A chaque coup d'épée, le bouclier troué éclatait sous l'impact. Les menottes sont un objet fragile, et rencontraient vite des limites. Elinor tentait de réparer le filet au fur et à mesure, mais son adversaire, trop vif, la contrait sans arrêt. Elle n'aurait jamais les secondes nécessaires pour créer sa cage roulante lui offrant une meilleure protection. Elle lâcha le reste de sa "Scolapasta", réduite à un minuscule carré de quelques centimètres, se retrouvant seule entre l'escrimeur et elle. Elle se contenta d'esquiver pour gagner du temps, mais la fatigue commençait à la gagner. Et sa technique trop limitée ne pouvait l'aider à tenir longtemps. Il donna une estocade au bras gauche. Touché. Elinor poussa un cri de douleur et plaqua sa main sur la blessure, le sang filant entre ses doigts. Cette hésitation allait lui couter la vie. La lame affutée du militaire se dirigea vers sa tête.

      Et le temps, qui se déroule, à la fois rapide et lent. Cette seconde qui semblait une éternité, mais trop brève pour faire ses prières. Elinor allait-elle mourir sous la lame du commodore ?
      L'épée n'alla pas plus loin. Le bras du poète demeura en l'air, oscillant légèrement, comme si la prise n'était plus sûre. La main se deserra lentement, quittant la garde de l'arme blanche qui glissa jusqu'à terre, laissant résonner son métal sur la cour de la prison. Elinor était horrifiée par ce spectacle, mais ne pouvait détourner son regard : du sang coulait des lèvres du commodore, lui clouant toute possibilité de réplique alexandrine. Son corps commença par tituber ; ses yeux exprimaient l'incompréhension et l'indignation. Arriva alors la rigidité. Le commodore partit vers l'avant, et tomba brutalement sur le ventre, révélant le mystère de sa mort. Seido était derrière. Il avait sauvé sa Nakama en poignardant son ennemi avec son sabre. Le sang créait une flaque sous le corps du commodore. Seulement, cela lui avait coûté : il se déplaçait avec beaucoup de difficulté, sa force amoindrie. Elinor l'observa tandis qu'il récupérait son Katana ; Seido avait-il vieilli tellement ses mouvements étaient laborieux ?
      Quelques hommes étaient encore debout prêts à en découdre. C'était sans compter sur une nouvelle menace s'approchait pour les engloutir, tous, au sens propre.

      La météorite était-elle furieuse à ce point d'avoir à peine attiré l'attention des badauds ? Son caprice devait être à la hauteur de la vague qui s'approchait dangereusement de la terre ferme, emportant avec elle les monstres marins qui tentent de lui échapper. Elinor profita de ce moment de peur contemplative, comme elle l'avait fait plus tôt avec la météorite, pour répliquer. Elinor passa son bras droit sous l'épaule de son Capitaine, posa le sien derrière son cou, et l'entraina avec toute la force qui lui restait jusqu'au mur de la prison. Un pas...Deux pas...La mer arrivait derrière, grondante, dévastant les malheureux qui ne s'écartaient pas à temps. Le rythme de marche était trop lent, inutile de continuer.

      Elinor et Seido devaient trouver un moyen de résister au flux. Le bruit se rapprochait. Ils devaient trouver. Pas un mur, qui risquait de s'écrouler sur eux. Quelque chose à ras de terre. Une grille d'égout lui sauta aux yeux. Alors que les premières gouttes les rattrapaient, Elinor accrocha une menotte à la grille, le second bracelet à sa main, avant de faire de même entre elle et Seido. L'eau les submergea quelques secondes plus tard. Pourvu que tout tienne... Le métal lui cisaillait le poignet. Peu importe. Elle serra entre ses doigts la main de son Capitaine. Elle commença à manquer de souffle. Pourquoi le temps lui se jouait-il d'elle, aujourd'hui ? Pourquoi une agonie devait-elle être aussi longue ? Une énorme bête, portée parle courant, bouscula le duo. Le choc brisa la menotte de la grille. Elinor n'eut même pas l'opportunité de voir sa vie défiler dans sa tête, son regard se voila et tout devint noir.

        Le temps semblait être ralenti. Le corps du commodore tombait lentement, comme retenu par des mains invisible. Seido ne se rendit pas tout de suite compte de son action, n'ayant en tête que la survie de sa compagne de voyage. Quand le corps percuta le sol, le capitaine regardait ses mains, couvertes de sang... du sang de la vie qu'il avait prise, la première. La dernière ? Difficile à dire, les roues du destin ne s'affichaient jamais complètement aux simples mortels. Dans tous les cas, une certaine horreur s'imposa au pirate, et une envie de vomir aussi, qu'il réussit à prévenir, vu la présence d'une demoiselle. Des marines avaient assisté à la scène, mais aucun ne sembla vouloir en découdre à nouveau envers cet impitoyable meurtrier. Une lumière bau sol attira l'attention du capitaine, alors qu'il voulut aider Elinor à se lever.

        Seido saisit la poignée de l'arme doucement, examinant enfin la lame en détail, qui brillait sous les reflets de la lumière. Une très belle oeuvre, un digne trophée, mais à quel prix ! Il la rangea dans le fourreau de son arme brisée, qui allait rester là où elle était. Des cris et une grosse agitation attirèrent son regard. Mais que se passait-il donc ? La nature se déchaînait. Serait-ce à cause de son acte ignoble ? Peu probablement, mais pas à rejeter complètement. Maintenant que l'adrénaline descendait, Seido commençait à ressentir les effets de son cumul de mutagène. Ses muscles se contractait et décontractait sans pouvoir le contrôler; il avait chaud, puis froid; sa tête lui semblait peser une tonne ... Si ce n'était pas pour le soutien de sa cuisto, le pirate se serait probablement écroulé au sol.

        Sentir se présence près de lui teint son esprit dans ce monde, même si son corps faisait encore à sa tête. Elinor usa de son pouvoir pour les sauver de ce flux d'eau, mais n'y réussit pas. Merci grosse bête aquatique ! Allaient mourir comme ça, l'un contre l'autre ? Cela ne dérangeait pas Seido ... Non, mais à quoi pensait-il ! Il avait encore tant de chose à faire, la mort repasserait un autre jour ! Animé par sa volonté à nouveau enflammée, il amena la donzelle près de lui, et la serra dans ses bras. De sa main libre,il essaya d'atteindre n'importe quoi, une chose qui pouvait l'empêcher d'avancer vers l'inconnu... Voilà, raté, mais les deux avaient la tête hors de l'eau !

        - Seido, Seido ! Par ici !

        Une voix familière. Allez, suivons la ! Repoussant ses forces au-delà de leurs limites, il se dirigea vers cette voix. L'envie de vouloir se sauver décuplait ses forces, peut-être, mais c'était sans doute le fait de vouloir sauver Elinor qui régnait en maître dans son esprit. Une main ? Attrapons là ! Elle n'était pas assez forte pour les soulever tous les deux... Sans vraiment y penser, Seido frappa contre la paroi de l'endroit où il se trouvait. La force exercée et celle fournie par la main le poussa hors de l'eau, et puis sur la terre ferme ! Enfin, l'un des toits de la prison, plutôt.

        - Seido, Seido ! Tu m'entends ? Merde, elle ne respire plus !

        Ouvrant les yeux, il découvrit son ami Gin, le propriétaire de la main, penché sur Elinor. Elle ne respirait plus ? Oui, il faut la réanimer... Non, il ne comptait quand même lui faire une respiration bouche à bouche ?

        - Dans tes rêves !!

        - Aïe ! Mais t'es débile ou quoi !

        D'un bond, Seido se retrouva sur pied, et envoya son pied dans la tête de son ami et sauveur, l'envoyant voler un peu plus loin. Comme s'il allait lui voler l'un des rares privilèges de médecin et une opportunité unique ! Une belle jeune femme, enfin ! Et non pas un vieux mourant, ou une vieille avec trois couches de rides ! D'un professionnalisme à douter, il fit ce qu'il devait faire, recevant une flopée d'eau sur le visage, ce qui n'était super vu d'où ça provenait. Au moins, elle était en vie, le manifestant par un bon câlin. C'était une bonne journée, en fait !

        - Merci Gin, tu nous as sauvé ! Mais de rien, c'est normal !

        - Allez, râle pas, ahahah.

        L'effet des mutagènes s'étaient estompé, son corps allait un peu mieux. La prison, elle, ne se portait pas aussi bien. L'eau l'avait envahi, et un gros monstre s'amusait à tous démolir. S'ils ne partaient pas bientôt, ça allait être leur tour... Mais comment s'enfuir ? C'était le problème ...
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        Il est sérieux ce type ?

        Résumons. Nous sommes en mer, au milieu de nulle part. Sans matériel. Sans vivres. Sans eau. Sur le dos d'une tortue qui nage vers on ne sait où. Et qui a quasiment complètement plongée nous laissant à peine l'équivalent d'un marche-pied pour nous tenir tout deux. Et le mieux qu'il trouve à faire, c'est me demander mon nom ? Il veut se taper la discut', comme ça, comme si on était autour d'une tasse de thé avec des petits gâteaux ?

        Il ne pourrait pas crever vite fait et me laisser toute la place pour mourir en paix non ?
        Quoique, je n'ai pas spécialement envie de mourir en fait...
        On manque tout de même de place. Ce n'est pas l'envie de le bousculer et de le foutre à l'eau qui me manque, mais bon, dans sa chute, il arriverait certainement à me faire tomber, et là, ce serait définitivement fini. Il avait sans doute fait le même raisonnement d'ailleurs...

        BAAAM.
        Un grand coup de pied dans la tortue me fait sursauter, et je manque de tomber à l'eau. Alors que j'essaye de reprendre mon équilibre, le voilà qui reparle.

        "Le grand Lloyd Barrel t'a posé une question !"
        "MAIS JE M'EN TAPE DE TA QUESTION ! ARRETE DE PROVOQUER CETTE TORTUE ! TU VEUX QU'ELLE PLONGE ENCORE PLUS OU QUOI ?"
        "Elle ne plongera pas plus." Dit-il d'un ton étonnamment calme.
        "Ah oui ? Et pourquoi ça ?"
        "C'est évident. Parce que je suis dessus."

        Ah oui. C'est évident en effet... Mais jusqu'où va sa confiance en lui et sa destinée. C'est juste hallucinant d'être aussi... Oh et puis merde, je m'en fiche après tout. Si je m'énerve, je risque de perdre l'équilibre...

        C'est vraiment une sensation bizarre de glisser ainsi sur les flots. Les vagues viennent nous lécher les chevilles toutes les secondes. Les plus grosses montent aux mollets. C'est un très petite différence de hauteur, ce qui implique qu'il y a pas mal de fond dans le coin. Et peu de clapot. Heureusement qu'il n'y a pas beaucoup de vent...
        En attendant, j'ai les pieds trempés par les vagues, et le reste du corps trempé par la sueur. Génial d'être dos à dos à se tenir chaud, en plein soleil !

        Je me demande combien de temps on va rester comme ça... Pourvu que la tortue remonte... Et l'autre boulet qui se tortille du cul depuis cinq minutes. Il nous fait quoi là ?

        "Hé ho, t'arrêtes de bouger un peu ? Tu vas nous faire tomber tout les deux si tu continues !"
        "J'ai mal au ventre..."

        Ah. J'avais oublié ça... C'est bien ma veine que la potion fasse effet au moment ou ma vie dépend de son équilibre...

        "Toi... Tu ne m'as pas donné l'antidote mais un autre poison, c'est ça ? Je vais te buter connard de borgne !"
        "Plié en deux ça va être difficile. Et non, je ne t'ai pas donné un autre poison. Mais tu penses que boire un antidote va tout annuler comme ça ? Un poison violent, même si tu prends un sérum, aura des effets secondaires. Tu vas avoir de violentes crampes pendant quelques heures, c'est tout."
        "Si tu me mens... Je jure que je te fais bouffer par la tortue avant d'y rester."
        "C'est ça... ARRETE DE BOUGER BORDEL ON VA TOMBER !"

        Le temps passe. Lentement. Le snob râle en peu en se tenant le ventre. Je dois avouer qu'il gère bien la douleur, et qu'il fait son maximum pour ne pas trop bouger.
        La tortue ne semble pas vouloir remonter, mais ne plonge pas pour autant. Par moment, il me semble qu'elle tourne, mais c'est difficile à juger. Elle doit suivre...

        Hmmm...

        "Hé le snob ?"
        "Quoi ?"
        "Tu n'as pas l'impression que l'eau est chaude ?"
        "Je me concentre sur mon ventre et mon équilibre crétin de borgne. Pas sur la température idéale pour un bain de pied. C'est ce que tu voulais non ?" Répond-t-il acerbe.
        "Non, mais sérieusement, pour de l'eau de mer, au large, elle est chaude non ?"

        Quelques instants de flottements.

        "Oui, en effet, elle est assez chaude, et alors ?"
        "Alors la tortue suit un courant chaud depuis qu'elle a plongée."
        "Et alors ?"
        "Mais réfléchit deux secondes « Oh merveilleux seigneur des Ballerines », pourquoi une tortue suivrait un courant chaud ? Qu'y a-t-il dans de l'eau chaude ?"
        "Plus de plancton, donc plus de poissons, des méduses, du corail..." Commence à débiter mon acolyte forcé.
        "Voilà ! Elle suit le courant car elle cherche à manger ! Une fois rassasiée, elle devrait remonter à la surface pour reprendre le soleil. Ou plonger et on y reste." Je suis de plus en plus excité. Une idée a germé dans mon esprit.
        "Ouais, possible. Et alors ?"
        "Alors si on arrive à chopper un truc pour l'appâter, on peut essayer de la diriger en lui lançant des petits bouts à droite, à gauche ou devant."
        "Jamais entendu une idée aussi conne. Appâter un monstre de cette taille ? T'imagines la taille qu'il faudrait pour tes bouts de poissons ? Et on les pêche comment tes poissons ?"
        "Pas besoin de poisson. Les tortues sont friandes de méduses. Et ces bestioles se laissent porter par le courant. On doit pouvoir en attraper facilement."
        "Ah ouais, comment ?"
        "Euh... On avisera quand on en verra. Surveille la mer et dis moi si t'en vois."

        C'est vrai. C'est une idée débile. Mais si ça pouvait marcher, si on pouvait diriger cette tortue, on aurait une petite chance de s'en tirer... A condition qu'elle ne replonge après avoir fait bombance...

        Me voilà donc en train de surveiller l'eau pendant que l'autre grommelle des trucs à propos de son ventre qui lui fait mal. Effectivement, maintenant que je regarde, je vois de temps en temps des petites méduses qui passent dans l'eau, des bancs de poissons, même un petit monstre marin qui passe sous notre moyen de locomotion.
        Mais rien de suffisamment gros pour appâter notre monstre.
        Et le temps recommence à passer. Et il fait chaud. On se déshydrate salement là quand même...

        Et puis finalement, on semble accélérer, et l'eau baisse un peu, nous laissant plus de place.

        "Tiens, en voilà une de méduse"
        "Hein ? Ou ça ?"
        "Dans sa gueule..."

        Notre tortue (depuis quand c'est la notre, tiens?) a finalement trouvé son déjeuner. Elle a remonté pour attraper sa proie, qui est à présent à moitié hors de sa gueule qu'elle a sorti de l'eau. En deux mouvements de tête rapide, elle l'a fait basculer dans son gosier, et commence à mâchouiller...

        "Cette méduse faisait une dizaine de mètres, non ?"
        "Oui, à peu près..."
        "Il doit y en avoir d'autres dans le coin. Il faut qu'on en attrape une."
        "Ah oui ? Et comment ?"
        "Ben tu nages, tu leur tapes dessus, et je t'aide à la hisser."
        "C'est moi qui doit tout faire en gros."
        "Hé ho, je suis un tireur moi. Je suis censé faire quoi sans fusil ? Toi tu te bats à mains nues. Aller taper une méduse, qu'est-ce que ça te coûte hein ? A moins que le grand Barrel n'ai peur d'un invertébré ?"
        "Le grand Lloyd Barrel n'a peur de rien !"
        "Pendant qu'elle mâchouille, elle nage moins vite, c'est le moment. Fonce."

        Et je le pousse à l'eau. Il ne semblait pas s'y attendre, ou alors ses crampes d'estomac ont ralentis ses réflexes. En tout cas, il tombe dans un plouf sonore. Ah... Doux bruit, douce revanche... Euh... Il est sacrément derrière la quand même...

        "Cours Forrest ! Euh non... Nages Barrel !"
        "ENFOIRE DE BORGNE, TU ME BALANCES DIRECT DANS LES MEDUSES ! JE VAIS T'ETRIPER !"
        "Il y a des méduses à ta droite ! Ta droite ! Et fait gaffe aux tentacules, tape sur le chapeau !"

        Tiens, au fait, on peux assommer une méduse ?
        Baaa, il se débrouillera.

        Je m'assois sur la carapace, enfin un peu d'espace. J'en avais assez d'être debout. Tranquillement, j'observe le snob nager pour nous rattraper, moi et tortue... Hmmm... Comment l'appeler ? On va éviter tortue géniale ou tortue ninja, ce serait moche. Bon, on verra plus tard si je m'en sors. En tout cas, elle a choppé une deuxième méduse qu'elle mange, pendant que le snob se dirige vers une troisième. Je me demande s'il s'en sortira. Il est indéniablement fort, mais dans l'eau et sans appui solide pour porter ses coups... Au moins, il nage vite, il nous a rattrapé. Le voilà qui plonge. Pour passer sous les tentacules, sans doute. Non, il se dirige vers la tête de la tortue.

        Pas bête. S'il tape une méduse juste à côté de moi, on aura du mal à la hisser ensuite, vu qu'elle se retrouvera derrière. Non, mieux vaut en attraper une en amont de la tortue, et la traîner doucement en attendant que notre transport le rattrape. Bien pensé. Il est plus malin que ce que je croyais.

        Une grande gerbe d'eau jaillit quelques mètres plus loin. Apparemment il tape sans problème même sous l'eau. Puis une deuxième. Et une méduse est violemment propulsée vers nous. La tortue l'attrape aussitôt et commence à manger. Loupé. Le snob repart sur une autre proie, et revoilà des gerbes d'eau alors qu'il fait avancer à coups de poings et de pieds l'infortuné animal vers moi.

        Finalement, la méduse touche le bord de la carapace. Je me penche et attrape le bord du chapeau pour l'empêcher de s'en aller. L'autre remonte, et m'aide à la hisser.

        "Bon, et bien voilà."
        "Une seconde."

        Je comprends ce qu'il se passe lorsque je touche l'eau... Salopard de snob, il m'a mis un pain... Je me dépêche de nager vers la tortue, qui... ne bouge plus et se laisse porter. Et qui est complètement ressortie.

        "Voilà. Maintenant ça va mieux."
        "Ca venait d'où ça ? Tu ne sais pas ce que coopérer veut dire ou quoi ?"
        "Je ne vois pas en quoi me balancer à l'eau est de la coopération."

        Il n'a pas tout à fait tort. Mais bon.

        "Surtout que ton idée lumineuse était définitivement stupide. La tortue a fini de manger, et maintenant elle reprend le soleil. Et on se retrouve avec une bestiole inutile qui nous encombre... Et si tu me parles du radeau de la méduse je te refous à l'eau !"
        "Si tu étais moins lent à pêcher, on n'en serait pas là. Enfin... Au moins on a de quoi manger. Tu as un couteau par hasard ?"

        Je m'approche de l'animal. Ca doit pas être terrible comme goût, mais bon...

        "A manger, c'est une blague ?"
        "Pas du tout. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, le snob, on est au milieu de nulle part, sans vivres ni rien à boire. Et ce depuis plusieurs heures, je pense, en plein soleil. La déshydratation et l'affaiblissement va vite être un problème. Normalement, il ne faut pas manger si l'on ne peut pas boire, mais les méduses sont composés à 98% d'eau, et le peu de matière est riche en protéines. Parfait pour des naufragés."
        "Tu penses que le grand Lloyd Barrel va manger... Ça !"
        "Je m'en fiche, pour être honnête. Moi si j'ai une occasion de manger, je mange. C'est une des règles de base de la survie mais je suppose qu'un snobinard comme toi n'ai jamais vécu la moindre situation difficile..."
        "Ah, parce que tu as l'habitude de ce genre de chose peut-être !"
        "Oui. Complètement."

        Ça semble lui couper le sifflet. Rien pour découper, je m'acharne pour arracher des bouts de chapeau à mains nues, que j'avale. C'est froid, c'est gluant, c'est élastique sous la dent. Ça n'a pas vraiment de goût. Mais ça rempli le ventre, petit à petit. Et ça va refaire un peu mes réserves d'eau, même si le processus de digestion en consomme pas mal. Le snob me regarde, il semble dégoûté.

        "Tu étais si pauvre que tu mangeais des trucs bizarres, c'est ça ?"
        "Mais non... C'est juste que dans les épreuves de survie de l'armée, on apprend à se démerder. Et après que j'ai déserté, j'ai du me débrouiller tout seul, aussi..."
        "Tu étais un déserteur ? D'où ? La marine ?"
        "De l'armée d'un petit royaume paumé dans le nord..."

        Pourquoi j'ai parlé de ça ? Je ne sais pas. Un petit je ne sais quoi dans la situation, la fatigue accumulée, physique et émotionnelle, qui a émoussé mes défenses. Je n'aime pas vraiment parler de moi. Du coup, j'arrache de nouveaux bouts gluants et les mâche. Ça m'occupe et je n'ai pas besoin de discourir.
        Il continue à me fixer. L'air dégoûté. Mais il est fort. Plus que moi. Et plus malin que je le pensais. Il peut m'être utile. Ce serait con qu'il meure trop vite, en fait...

        "Tu devrais manger aussi."
        "Plutôt mourir que de manger ça."
        "Ouais, ça va t'arriver si tu ne te sustente pas. Les crampes d'estomac n'ont pas finis, n'est-ce pas ? Ça va te déshydrater encore plus vite, regarde."

        Je me lève et lui pince le bras. Et me prend une châtaigne.

        "MAIS PUTAIN JE VIENS T'AIDER CRETIN !"
        "N'importe quoi, tu..."
        "JE TE PINCE POUR TE MONTRER QUE TU AS PERDU EN ELASTICITE DE LA PEAU ! C'EST UN SIGNE DE DESHYDRATATION ! Oh et puis y en a marre. T'as qu'à crever. J'aurais un endroit où viser pour pisser comme ça."

        Purée... Deux beignes en quelques minutes dans la mâchoire... Je retourne vers mon... Hem. Repas ? Mais maintenant, j'ai mal en mâchant. Salopard...

        "Tu es médecin maintenant ?"
        "Je t'ai dit que j'ai eu des cours de survie non ? Tu crois que je ne reconnaîtrais pas une déshydratation ?"

        Le voilà qui s'approche. Et commence à picorer la méduse à son tour. En faisant des grimaçes.

        "Lorsque je serais le Seigneur des Pirates et qu'on écrira ma biographie, j'insisterai pour qu'un passage soit écrit sur l'homme qui a forcé le grand Lloyd Barrel à manger de la méduse, et sur sa fin atroce."
        "Super. Je suis ravi de rentrer dans l'histoire comme ça."

        Silence de nouveau pendant que nous mangeons et que la tortue bronze. Bien court.

        "Pourquoi tu as déserté ?"
        "Ça te regarde ?"
        "Tu es un connard irrespectueux et arrogant..."
        "Je te retourne le compliment."
        "Mais tu ne m'as pas fait l'effet d'un lâche. Du coup je me demandais pourquoi tu avais déserté, le borgne."
        "Ça ne te regarde pas."
        "C'est à cause de ton œil ? Tu as eu peur d'être blessé plus ?"
        "N'importe quoi..."
        "Des amis tués alors ?"
        "MAIS TU VAS LA FERMER OUI ?"
        "Ah, j'approche."

        Perspicace en plus. Purée... Tant pis s'il peut être utile. Je voudrais le buter de nouveau, mais je vais juste me prendre une tannée si je réessaye...

        "Ça va durer encore longtemps ces crampes d'estomac ?"
        "Difficile à dire. Ça dépend du poids du sujet et t'as l'air plutôt léger..."
        "J'en étais sur. CONNARD DE BORGNE !"
        "Quoi ?"

        Et aller, la troisième prune dans la tronche de la journée... Voilà que je me retrouve étalé sur la carapace, les bras en croix, le snob me toisant.

        "Tu ne pourrais pas connaître précisément les effets d'un poison et de son antidote, en fonction du poids d'une personne ! Tu m'as juste bluffé puis refilé une saloperie comme contre-poison !"

        Il est vraiment futé en fait, par moment...

        "N'importe quoi. C'est juste que l'efficacité d'un poison dépend du métabolisme de la personne. C'est à dire sa quantité de sang, qui change peu d'une personne à une autre, mais aussi de sa quantité de graisse, de ses muscles, voire pour certains poisons du système nerveux. La corpulence, le poids, et la santé physique impactent donc le temps d'effet d'une potion si elle n'agit pas immédiatement sur le système nerveux, comme du curare."
        "Hmmm..."

        Il ne semble pas convaincu, mais il a moins l'air de vouloir me tuer là, de suite. J'en profite pour me relever. Et j'ai plutôt intérêt à le faire penser à autre chose avant qu'il ne réalise à quel point mes explications sont bancales...

        "Putain. Tu vas finir par me briser la mâchoire à force... Pour répondre à ta question de ce matin, je m'appelle Yskino. Et je cherchais quelqu'un dans cette prison. Qui n'était pas là, contrairement aux rumeurs."
        "Tu cherchais quelqu'un ? En prison ?"
        "Oui. Ca te pose un problème ?"
        "Je me demande juste qui tu cherchais."
        "Quelqu'un qui puisse m'amener à mon frère. Voilà, t'es content ?"
        "Pas vraiment, mais... Oh."
        "Quoi « Oh ? » Il y a quoi derrière ? Oh."

        Bon. Je suppose qu'on y aurait eu droit à un moment ou à un autre. Le temps se dégrade. Là-bas, on voit des signes de clapot, et le ciel est noir...

        "Je pense qu'on sera dessous d'ici une heure."
        "Ça n'a pas l'air d'être très violent. Plus une petite perturbation qu'un orage."
        "Oui. Mais la tortue replongera quand le soleil aura disparu."
        "Et signera notre fin."

        Un bateau ! Pourquoi n'y a-t-il aucun bateau aux alentours ? Bon sang, juste un bateau, n'importe lequel !
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        Comment son navire était arrivé jusqu’à lui ? Une tâche difficile, voir impossible, et pourtant ses nakamas l’avaient réalisées. S’aidant probablement des courants marins avec le tsunami, le Gembu s’était frayé un chemin à travers les maisons, grâce à la dextérité de son pilote, Edward, dont les talents de navigateur n’étaient à présent plus à démontrer. Sans perdre un instant, Seido, Gin et Elinor montèrent à bord, avec quelques difficultés vu l’état de la jeune femme. Mais bon, une fois à bord, les deux hommes laissèrent échapper un long soupir de soulagement, même si le pire n’était pas encore derrière eux : quitter l’île sans heurter une maison !

        Le doc faisait confiance à ses nakamas pour réaliser cette tâche, et préféra plutôt déposer la belle cuisto dans un lit, pour qu’elle puisse mieux se reposer. Sans son aide précieuse, le capitaine serait sans doute mort, et ce dernier préféra ne pas y penser pour le moment… Gin retourna aider les autres aux manœuvres après avoir aidé son ami, trop faible pour porter à lui seul la jeune femme. L’ami en question posa ensuite son fessier sur une chaise, et ferma les yeux.

        Des images de la bataille lui traversèrent l’esprit, les hurlements, les coups d’épée, le sang… mais surtout la mort de son ami, son fidèle compagnon et son bras-droit. Des larmes perlèrent sur son visage, sachant très bien que c’était de sa faute à lui, à son plan qui mena son équipe dans le mur. Il n’était pas l’heure de se confronter à Yumi, veuve de l’homme qu’elle aurait dû épousée… Le vide causé dans son cœur ne sera pas laissé sans réparation. Le moment venu, elle viendra à lui, il devait assumer les conséquences de ses actions. Mais ça n’était pas encore le moment. Voyant qu’Elinor dormait paisiblement, à savoir comment elle faisait avec ce remue-ménage, Seido quitta l’infirmerie, et se dirigea vers le pont, pour voir la situation.

        Le temps s’était écoulé bien plus vite que Seido l’aurait imaginé, précédemment perdu dans les méandres de ses douloureux souvenirs. En effet, à présent, le navire n’était plus sur l’île et s’en éloignait doucement, mais sûrement. Un cri sortit le capitaine de son silence, et l’invita à regardant devant eux, où un spectacle singulier s’offrait à eux. Jamais dans une vie on pourrait voir deux hommes voyager en mer sur le dos d’une tortue, et c’était pourtant le cas. Grâce à une longue-vue, Seido vit qu’il s’agissait de l’autre pirate, Lloyd… Lloyd….machin truc. Bref, que faire ? Les aider ou non ? Bien que tenter par son côté obscur, on fit ce qui était le mieux, et aussi pour avoir la conscience tranquille, pour certain. Bref, en criant qu’on venait les aider et aux bouts de quelques manœuvres, les deux rescapés étaient à bord….oui, mais pour aller où ?

        Rebonjour ? Lloyd, c'est ça ? Moi c'est Seido, bienvenu sur mon navire, la Casa des Desperados, et leurs règles, bien sûr...

        Le capitaine préférait mettre ses cartes sur table tout de suite, histoire d'être bien compris : son bateau, ses règles, histoire que le capitaine a la grosse tête reste tranquille ... Distribuer sa prime dans une prison lors d'un assaut était une idée de fou, qui sait ce qu'il pouvait faire maintenant ?
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        Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Elinor reconnut le plafond tout neuf du bateau. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises pour vérifier que ce n'était pas une illusion. Pourquoi était-elle couchée ? Elle dut fournir un effort pour se souvenir de tout. Elle sauta alors du lit, poussa violemment la porte de la cabine, et se rendit sur le pont. Pourvu qu'elle ne soit pas restée inconsciente trop longtemps !

        La première chose qu'elle constata avec soulagement que le navire était en mer. Loin de cette prison affreuse où tant de choses étaient arrivées. Tout cela s'était déroulé trop vite, dépassant l'entendement. L'être humain n'était pas capable d'assimiler les émotions quand elles affluaient en grand nombre, de cette manière. A présent, il n'y avait plus la peur, la surprise, le désespoir. Il n'y aurait sur ce bateau que la tristesse de la perte d'un être cher.
        Où était Yumi ? Lilianna avait dû l'emmener dans sa propre chambre pour essayer de la calmer.

        Elle chercha des yeux les autres membres de l'équipage. Elphys était aux canons, elle les nettoyait avec un tissu tout poussiéreux. Elle surveillait d'éventuels poursuivants. Elle était toujours dans le même état que d'ordinaire. A la barre, le fleuriste semblait détendu, mais son visage marqué indiquait qu'il venait de subir un stress intense. Peut-être l'évacuation de l'île était difficile. Le charpentier n'était pas là ; peut-être préférait-il être aux côtés de sa fille...Seido les avait-il mis tous les trois au courant ? L'ancien prisonnier, celui qui n'avait pas rendu cette intervention catastrophique tout à fait inutile, contrôlait le mat et les nœuds.

        Enfin, Elinor distingua la silhouette de son Capitaine, ainsi que deux autres qui passaient leur jambe au dessus le bastingage ; des naufragés, semblait-il. Le premier personnage lui était inconnu. Toutefois la cuisinière n'eut aucun mal à reconnaitre le second, le Capitaine Lloyd Barrell, qu'elle avait interpellé plus tôt ; tiens donc, le Grand Capitaine qui avait fait une météorite ne pouvait pas rejoindre son bateau à la nage ?
        [justify]Elle n'avait pas l'intention de se cacher, même si cela équivaudrait à se prendre une remarque, ou pire, de la part de cet être trop imbu de lui-même pour prendre en compte son environnement et ses sentiments. L'ironie était peut-être mal venue. Mais cela la soulagerait un peu malgré tout.
        Elle fit volte-face avant qu'ils la repèrent et se dirigea vers la cuisine. Essayant de retenir les émotions douloureuses qui la secouaient, elle prépara quelques petits encas et des boissons ; voila qui, à défaut de consoler, mettrait un peu de baume au cœur à tout le monde, et redonnerait de l'énergie supplémentaire.
        Rien que faire revenir des pommes dans une poêle et préparer le thé allégea un peu son esprit.
        Elle respira un bon coup, assez profondément, tandis qu'elle chargeait le plateau des victuailles, quitta la cuisine et posa le tout sur un tonneau trainant à bâbord du pont. Elle était calmée de manière à ne rien dire à Lloyd, même si cela la démangeait. Elle demeura distante et froide, ce qui est rare quand on la connait, se contentant de montrer le plateau de la main et inviter chacun à se restaurer. Elle ne daigna même pas prendre la parole. Ce serait donner trop d'importance.

        De loin, elle suivait la conversation entre les deux intrus dont elle refusait de s'approcher, de peur de ne pas pouvoir contrôler ses émotions à fleur de peau. Seido demandait des informations sur eux, s'ils devaient se retrouver quelque part, afin qu'on les dépose. Le plus sage aurait été de ne pas retourner à Inu Town ; même si les gens là-bas devaient être débordés à cause des phénomènes naturels ayant secoués la ville, le retour des pirates serait vu comme une ultime provocation, et pouvait déclencher des représailles pire encore que ce que la raison commandait. Une réaction sauvage et revancharde, tout comme Elinor à l'heure actuelle. Ce retour n'était pas non plus infaillible. Qui disait que le bateau des Avalons était encore à proximité du port ? Avait-il repris la route ; l'équipage cherchait-il de son côté son égocentrique Capitaine ? Finalement, une solution s'imposait d'elle-même, tandis qu'on s'en allait quérir un Escargophone.

        Lloyd s'étala en long sur les marches du pont et parlait dans le combiné avec le même détachement et l'insolence dont il avait fait preuve plus tôt. Le regard de la cuistot changea de direction pour se poser sur le second invité. Au départ, elle avait cru qu'il était un nakama du blondinet ; mais des indices laissaient présager une autre possibilité.


        L'un après l'autre, les deux chevaucheurs de tortue réalisèrent leur communication puis discutèrent avec Seido de la suite des opérations. Toujours depuis son point d'observation, Elinor n'entendit que peu de détails. Elle comprit toutefois qu'il était hors de question de rejoindre Inu Town ; les deux hommes seraient récupérés à un point de rendez-vous, une île se situant à quelques nœuds de leur position actuelle, facile d'accès, et sauvage. Ainsi n'auront-ils aucun souci avec un éventuel poste de la Marine qui aurait été mis au courant des évènements d'Inu Town. D'ici une ou deux heures, le navire des Desperados accosterait là-bas.

        ***Epilogue***


        L'île du point de rencontre était particulièrement magnifique. Elle n'était fréquentée que par des animaux sauvages et une végétation luxuriante.
        Les deux naufragés de la Tortue reprirent leur chemin sans encombre, chacun dans son style. Inutile de faire un dessin pour comprendre que le départ de Lloyd se fit à grand bruit. Ils ne tardèrent pas à s'éloigner, ayant d'autres chats à fouetter que de rester sur une île déserte. Cela permit aux Desperados de se pencher sur eux-même.

        Seido réunit tout l'équipage sur la plage, alors que la nuit était tombée, autour d'un feu de camp. La nuit avait tendance à apaiser les esprits, les évènements de la prison étaient un peu éloignés pour qu'on parle des évènements.
        Yumi, la veuve, prit une décision assez prévisible. Elle ne pouvait pas rester dans l'équipage, vu ce qu'il s'était passé. Elle avait perdu toute envie d'être une pirate, et voulait rester tranquille. Elle ne montra ni animosité, ni rancœur face à l'équipage. Cela ne soulageait pas pour autant les vivants. Si Wohr n'avait pas été un pirate, il ne serait pas mort. Et les arguments présentant que c'était sa vision de la vie, qu'il voulait vivre et mourir en pirate ne pouvaient soulager la jeune femme en deuil. La vocation avait des limites.

        Ils reprirent la mer deux jours plus tard, pour accoster dans une nouvelle île, habitée celle-ci. Ils laissèrent Yumi sur place, dans des adieux assez déchirants. Toutefois, ils ne pouvaient pas rester très longtemps sur les lieux. Des affiches étaient placardées partout en ville ; on distribuait des journaux qui évoquaient "L'Apocalypse de la Prison Inu Town". La une dressait le portrait de certains des assaillants (plus ou moins réussis, mais suffisamment pour ne pas avoir envie de s'éterniser ici).

        A peine vingt-quatre heures s'étaient déroulées entre ce nouveau départ et la bataille de la prison. Et pourtant, on aurait dit que des siècles s'étaient écoulés.