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Titanomachie

Rappel du premier message :


Les deux armées se rencontrent dans un entrelacs infernal de cris, de hurlements même, de tintements de lames et de coups de feu. Le chaos gagne instantanément la mêlée, au même titre que la neige se voit piétinée et couverte de ruisseaux de sang, mais aussi de cadavres que personne n'hésite à écraser. Les effluves de sueur et le contact entre les corps font rapidement oublier le froid typique de Drum pour le remplacer par une poisseuse humidité.

D'un côté les gris, tous bien emmitouflés dans de larges manteaux hivernaux. Chacun brandissant avec ferveur un mousquet sertie d'une baïonnette qu'ils n'hésitent pas un instant à enfoncer dans le pirate le plus près. À la tête de leur troupe, Staline, bien loin devant, au centre de l'armée de Krabbs dont les soldats semblent constamment se renouveler. Ce dernier balance sans distinction sa large épée ,dont la pointe est manquante, dans les troupes ennemies qui payent cher chaque coup du géant.

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De l'autre, les rouges. Les Krabbs' Pirates. Une horde énorme de barbares tous plus violents les uns que les autres, tous possédant des arsenaux plus dangereux les uns que les autres. D'un côté, ce sont les canons portables, alors que d'un autre on retrouve des hallebardes, des pistolets, des sabres, des massues et une panoplie inépuisable d'armes provenant des quatre coins de Grand Line. Et que dire des styles de combat de chacun qui se démarquent de la rigueur des révolutionnaires sur le champ de bataille. On voit que Le Grouillant a bien sut se munir d'un terrible équipage aux compétences probablement inégalées par n'importe quel autre équipage de la Route de tous les périls.

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Et que dire des lieutenants de ce seigneur des mers! Dominant la foule et tirant à tout va de son flingue titanesque, écrasant parfois par mégarde des soldats révolutionnaires un peu trop téméraires, un géant à la barbe blanche sème la mort avec des gestes d'un précision et d'une froideur meurtrière. Son nom? Axtar, vigie et sniper de la première flotte. D'un simple tir qui laisse s'échapper un véritable cumulonimbus de fumée et de flamme, il propulse un plomb aux proportions de boulet de canon directement dans la coque d'un des navire volant qui tangue sévèrement sous la force du choc.

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Pas très loin du même géant, des masses de neige fondue fauchent des gens en tourbillonnant dans les airs autour d'une silhouette des plus atypiques. Une jeune fille à la peau visiblement bleuâtre et à l'allure gluante semble bombarder ses adversaires d'ondes aqueuses qu'elle cueille du bout des doigts à même le sol enneigé. Elle est la capitaine d'Axtar, Taemis Filaman, commandante de la première flotte de Krabbs. Avec peine, un soldat révolutionnaire réussit de son mieux à traverser les barrières mouvantes qui entourent la tigresse pour tracer son chemin jusqu'à cette dernière. Mais ne peut retenir un hurlement de surprise devant l'allure de la commandante. De nombreux tentacules lui font office de chevelure et se dressent agressivement partout sur sa tête, comme des dizaines de serpents défendant chèrement leur mère Méduse. Et quelle ironie que de constater que Taemi elle-même est une femme-poisson de type méduse! Le pauvre bougre qui malgré la surprise, tente de passer son fer au travers de Filaman se voit tristement électrocuté par les appendices vengeurs de la commandante qui ne lui prête aucune attention.

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Plus loin à travers la mêlée anarchique, des rugissements couvrent les cris d'horreurs de pauvres révolutionnaires apeurés par des apparitions contrastant avec le paysage. Une trentaine d'hommes tigres accompagnés de leur compagnons félins tracent leur chemin à travers les troupes ennemies à coup de griffes, de morsures et d'une terreur qu'eux seuls savent répandre. À leur tête, une jeune rouquine armée d'une rare beauté et d'un fouet qu'elle étend parfois jusqu'au cou d'un adversaire pour l'étrangler domine les troupes adverses gagnées par la panique face aux fauves qui les éviscèrent sans modération. La commandante de la troisième flotte, Elaine Babeth Rey, sait se faire remarquer. Et c'est bien le cas pour ses lieutenants qui virevoltent autour d'elle dans la mêlée comme tous les bons membres d'un cirque savent si bien le faire.

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Ailleurs, c'est toujours la débandade dans les rangs révolutionnaires qui perdent graduellement des hommes et du terrain face à la puissance irréaliste des hommes de Krabbs. Les bateaux volants apportent cependant un large avantage aux forces grises en bombardant l'armée de pirates du haut des cieux. Mais les lieutenants du Grouillant sont puissants, et ils sont tous là à démontrer l'inégalable efficacité de l'équipage du futur corsaire à travers le champ de bataille. C'est le cas pour le commandant de la quatrième flotte, Azenthor "Le chien jaune" qui martèle les adversaires les uns après les autres tout en broyant une quelconque cible pouvant passer à portée de ses larges poignes. Grand guerrier légèrement vêtu pour la température ambiante, il bondit avec fougue et vigueur tel un démon à la toison dorée face à la multitude révolutionnaire.

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Azenthor continue de semer peine et souffrance progressant seul à travers une anarchie que même lui ne comprend pas. Tout ce qu'il comprend, c'est qu'il doit tuer. Sans qu'il ne s'en rende compte, ultimement se dresse alors devant lui la phénoménale architecture du faux-galion qui lui semble à tout point de vue réaliste. Réaliste au point qu'il éprouve le désir de se dresser en son sommet, pour encourager les hommes qui donnaient chèrement leurs vies en l'honneur de leur chef à tous.
Mais sorti de nulle part, un point plus ténébreux que les tréfonds de l'enfer surgit sur sa gauche à une vitesse ridicule et s'imprime avec force au creux de sa pommette. Il est violemment propulsé au sol dans un nuage de neige fondante qui a tôt fait de disparaître. Furax, il se relève avec rage et souffle comme un buffle fou en jetant des yeux furieux partout autour de lui, c'est là qu'Il le voit.

Bien droit au milieu des pirates et des révolutionnaires. Fier de représenter son propre camp. Seul détenteur d'une possible justice au sein même du chaos le plus épique.

Double Face est là. Seul. Mais il est là.



Dernière édition par Oswald Jenkins le Jeu 2 Mai 2013 - 4:19, édité 2 fois
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« Mais à ceux que tu regardes avec bienfaisance et faveur, à ceux-là les belles moissons, et le bon croît du bétail, et le bien qui prospère. »

Distrais le quelques minutes, je vais m’équiper.
T’équiper ?
Je reviens vite.

Un clin d’œil plus tard, je siffle Bee pour qu’il me retrouve. Le canard perce vers le sol et nous nous dirigeons tous les deux vers l’académie ou nous serons sans doute moins en vue pour nous munir pour l'affrontement. Nous rentrons par un trou dans un mur provoquait par l’un des nombreux combats, nous glissant dans une pièce apparemment vide. Nous fonçons vers une porte et l’ouvrons à la voler, avant de nous faire canarder de toute part. Nous finissons par la refermer et foncer vers une autre, qui donne vers un couloir et d’autres pièces. Bee virevolte à mes côtés tandis que je lui ordonne de se transformer. Soudainement, il se stoppe pour prendre sa forme d’objet. Immuable, la masse d’acier s’étend devant mes yeux, s’ouvrant pour me laisser l’accès. Je n’ai pas non plus de temps à perdre pour peaufiner les détails. J’enfile les jambes en bondissant dans l’ouverture qu’il me laisse. Les jointures se fixent d’elles-mêmes et je commence à me mettre en mouvement, soulevant à bout de jambe les kilos à mes pieds.
Derrière, les pirates qui ont vu mon entrée de toute à l’heure franchissent la porte et se mettent à ma recherche. Mes pas sont brusques, lourds. Ils résonnent dans toute l’académie, comme si un énorme pachyderme courrait dans l’immense bâtisse. J’arrive tant bien que mal à fixer le dos, mais celui-ci semble vouloir se faire purement et simplement la malle. Je dois me stopper dans ma course pour bien attacher ma protection dorsale avec des sangles et autres ancrages quand soudainement, un bruit métallique attire mon attention. Lorsque je me retourne, un homme se tient à quelques mètres de moi et me vise à l’aide d’une arme type pistolet. Il recommence à tirer, mais la balle ricoche sur l’armature ventrale qui s’attache d’elle-même. Un regard blasé plus tard, l’homme recharge son arme tandis que je tourne les talons pour me diriger vers l’étage le plus pro-

Bling ! Bling ! Fuuu ! Bling !

Encore des tirs… Je me tiens de trois quart pour les regarder se démener avec leurs petits calibres. Ses collègues se planquent également et me tiennent en joue. Moi, je continue à attacher mes protections aux bras, qui s’installent presque toute seule sur les ancrages situés à mes poignets, puis à mes coudes, enfin à mes épaules. Quelques cliquetis plus tard, c’est les protections de mon autre bras qui s’installent. J’en viens à remonter ma dernière défense, au niveau de la tête, en prenant le contrôle total de cette armure forgée. A l’intérieur, je me sens à l’étroit, mais à mon aise. Et même si les mouvements ne sont pas si aisés, j’ai l’impression d’être bien protégé. Je ne sens, par contre, aucune réaction de la part de Bee. Pour une fois, je serais seule. Totalement seule dans ce combat. Je n’aurais pas l’aide de mon plus fidèle ami, et même si d’une certaine manière, il continue à me protéger de son propre corps, il n’y a que moi et mes choix. Et mes décisions seront aussi importantes, sinon plus, que cette armure.

Je suis ma seule défense contre le monde.

Je mets un certain temps à me faire au mouvement, plus amples et plus forts de l’armure. Certaines articulations semblent encore un peu difficiles. Et les pirates me tirent dessus en continue, me mitraillent, me balancent même des bouquins trouvés dans les bibliothèques. Lassée, je finis par lâcher d’une voix grave déformée par une sorte d'écho :

Ok ! Vous l’avez cherché !

L’immense main métallique tombe d’elle-même et dévoile une gueule noire. Une gueule qui finit par se charger dans un bruit strident et dégueuler sur ces imbéciles de l’air concentré, qui les envoie valser quelques mètres plus loin. Un temps de recharge plus tard, c’est la même histoire. Jusqu’à ce qu’enfin, les tirs cessent et que les quelques survivants à mon offensive n’aient la bonne idée de fuir pour leurs peaux. Je reprends rapidement ma course (qui s’entend à des kilomètres à la ronde), me repérant par les fenêtres de l’académie. Je vais pour entamer mon ascension jusqu’au dernier niveau, mais une silhouette connue attire mon regard. Le petit docteur se dandine jusqu’à moi, suivi de près par un… deux grands types qui le tiennent en joue. Tous deux se ressemblent, mais ne sont qu’une seule personne. Ou sur un seul corps. Avec quatre jambes. Et ils parlent tous deux d’une façon identique en tenant des propos radicalement différents :

Si tu le soignes, je te ferais un bisou.
Non, je t’arracherai la tête et je boirai ton sang.
Et bien, je ne sais pas ce que je préfère.
Je pourrais te couper les jambes et te forcer à ramper pour ta vie.
Oh non ! Il est si mignon ! Je te garderai comme animal de compagnie.
Si il te garde comme animal de compagnie, j’en profiterai pour te fouetter tous les soirs.
Jerry, tu n’es pas très gentil.
Et toi, Terry, tu l’es beaucoup trop, lopette !
Oh ! Tu es si méchant !
Numéro huit ?

Tous me fixent. En même temps, il est difficile de me rater. Numéro huit semble stressé, mais relativement confiant. Sa vie n'est apparemment pas immédiatement en danger.

Vous… vous êtes ?
Lilou.
Oh ! Fort bien, fort bien !
Tout va pour vous ?
Hé bien, oui. Il y a apparemment un jeune garçon qui a besoin d’aide dans le coin…
Oui, à l’étage. Mais je rêve ou ce… ces types vous menacent d’une arme ?
Tout à fait, tout à fait. Ils veulent se montrer persuasifs, c’est pour ça.
Est-ce que ça vous gêne ?
Et bien… Je n’apprécie pas tellement les microbes et bactéries d’origines douteuses qui peuvent se retrouver sur leur canon et se transférer sur ma veste, mais sinon, ça va. Je suis en présence d’un unique cas de personnalité multiple. Même si on ne peut pas vraiment dire ça, vu qu’ils sont siamois !
Vous voulez que je vous libère ?
Et bien, je peux me débrouiller. Mais j’apprécierai pouvoir travailler sans être menacer.
Oh non, doc ! Reste avec nous, nous avons besoin de toi pour Junior !
Si tu t’en vas, je t’éventre !
Les gars, relâchez le.
Oh non ! Jerry, le robot veut nous l’enlever !
Ne t’inquiète pas Terry ! Nous allons en faire une boite de conserve de ce robot !
Numéro huit...
Oui ?
Baissez-vous.
Vise-le !

Le dénommé Jerry prend l’initiative d’être vraiment très méchant. Numéro huit, lui, se jette à terre sans se faire prier. Jerry me vise avec son arme et me tire dessus. La balle ricoche une énième fois avant de s’encastrer dans le sol.

Désolée Jerry. La mienne est plus grosse que la tienne.

BLAOUM !

Le boulet de canon part avant qu’ils n’aient pu dire ouf. Ils tombent plus loin, roulent boulent et semblent inconscients. Numéro huit me remercie vivement avant de reprendre son chemin vers l’étage. Il ajoute qu’un patient, même ennemi, n’attend pas ! Parole de médecin ! J’hausse les épaules, le laissant faire. Après tout, c’était dans notre deal. Je vais pour continuer ma route avant de noter que les deux siamois n’ont pas dit leurs derniers mots. Et c'est sous l’apparence d’un… de deux cobras menaçant qu’ils serpentent dans ma direction. Avant même que je ne puisse réagir, ils s’enroulent farouchement autour de ma jambe en tentant de me mordre. Ils s’en prennent ensuite aux articulations en acier en essayant de les percer. Malheureusement pour eux, je finis par les attraper dans ma grande main. Ils résistent, me mordillent (ou tentent de le faire) et se retrouver fourrer dans le canon à mon bras, tasser comme il faut. La main se recolle d’elle-même, les enferme dans une cage de bronze.

Je reprends ma course et mon élan. Il m’en faut pour lancer la machine et prendre de la vitesse. Il m’en faut, beaucoup. La silhouette de Staline se déchainant contre Oswald se dessine à travers une fenêtre lointaine au bout du couloir que je longe. Un coup de canon plus tard, le mur qui nous sépare est défoncé.

STALINE !

Le géant est distrait. Partiellement. Il me voit. Me regarde. Et reconnait ma voix avec un grand sourire.

J’ESPERE QUE TU M’AS PAS OUBLIE !

Oh, ça non. Et il n’est pas près de m’oublier.

Terry !
Jerry !
Je ne veux pas être un boulet pour robot !
Trop tard.

J’arme, vise et tire. Les deux siamois foncent droit vers le visage de Staline en s’écrasant sur son nez dans un bruit sale. Très sale. Mais le vrai danger, ce n’est pas une paire de cobra. Certainement pas… Non, c’est l’élan que j’ai pris, c’est la vitesse à laquelle je vais. C’est le saut que je fais. Et c’est en plein dans son ventre que j’atterris, poing en avant, épousant et brisant sa défense. Le vrai boulet de canon, c’est moi. Quelques tonnes déterminées à lui faire recracher son déjeuner et les quelques tripes qu’il a encore.

Je suis ma seule arme contre le monde.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Mer 15 Mai 2013 - 13:29, édité 1 fois
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« Il y a deux manières de vaincre :
celle qui conduit au triomphe
et celle qui mène au sacrifice. »


Le vent souffla un épais nuage de neige, souleva la fumée et la fit s'envoler. Deux silhouettes se dessinèrent à travers la brume translucide. Une ombre massive et nonchalante. Et une autre, plus petite, fluette. Pas la peine de se retourner, il savait déjà à qui il avait affaire. Il ne fallait pas être devin pour deviner la personne qui se tenait là, faisant trembler le pilier de par sa seule présence. Mais le regard de l'assassin se perdit quand même sur le Contre-Amiral qui émergeait de l'extrémité du pilier, un sourire simple sur les lèvres. Il serra les dents, son coeur s'emballant à cette vision. Deux Corsaires et un membre de l'Amirauté. Un frisson glacé couru le long de son échine, tandis qu'il ouvrait sa garde pour garder un oeil en direction de sa Némésis. Un léger sourire se dessina sur sa face. Non pas empli de morgue comme à son habitude. Cette fois, c'était un sourire nerveux. En dépit des blessures et du moral qui atteignait le fond du puits, il souriait. Lorsqu'il n'y avait plus d'espoir, que faire d'autre ? Trois adversaires hors d'atteinte. Tous en même temps. Que faire, mis à part briller un dernier instant ? Pourtant, il ne pouvait pas mourir ici. Il ne devait pas mourir. Il lui fallait châtier les traîtres de son ordre, il lui fallait libérer le peuple du joug de ce Gouvernement oppresseur. Il avait tant de projets : Goa, Luvneel, la Citadelle ... Marie-Joa. Il ne pouvait pas flancher ici. Il serra le poing. Un flocon se perdit sur sa pommette, glissant le long de sa joue. Une larme glacée. Rafael ne pouvait pas mourir, son heure n'était pas encore arrivée.

Il inspira profondément, observa à droite, à gauche. Le sang, le chaos. La bataille. Trop de sang avait déjà coulé, et tout ça pour quoi ? Pour une petit mise en garde mesquine. Apprendre au Gouvernement que la Révolution existait bien. Tuer et faire mourir en ce nom. En quoi ce combat était-il juste, en quoi sa cause était-elle juste ? Ombre. Que voulais-tu donc ? Montrer que tu ne baissais pas les bras. Le regard de l'assassin se perdit sur le corps sans vie de l'un des siens. Et lui, alors ? Sa vie servirait-elle à quelque chose ? Non. Elle avait été sacrifiée sur l'autel de l'arrogance. La Révolution devait mener les hommes vers de glorieux sommets, pas se contenter de minables règlements de comptes. Certes, rien ne se passait sans effusions de sang. Mais là. Là ce n'était pas un prix trop élevé ? Que faire alors, sinon continuer à se battre pour que cela n'ait pas été en vain. Et espérer que le combat prochain soit différent. Non, il fallait changer les choses. Il fallait se dresser face à ceux qui prenaient les décisions. Ombre ne valait pas mieux qu'un général de guerre qui menait ses troupes à la baguette. Ombre n'avait pas la même vision d'une vie que l'assassin. Pour lui, la mort était le châtiment suprême, un acte d'une indicible horreur. Rafael le perpétrait sans sourciller, avec méthode et efficacité. Mais il distribuait un châtiment, pas une peine. Depuis quand avait-il oublié cela ? Combien d'hommes avaient fait les frais de sa lame ?

*Et bien, petit frère, il semblerait que la leçon mette du temps à rentrer. Mais à ta place, je me méfierais de ce qui m'attends tout de suite.* le harangua une voix pernicieuse.

Rafael tourna son regard vers les deux Corsaires, dont il ne se préoccupait plus. Il vit Krabbs qui chargeait ses pattes en Haki, noire et rutilant. Il frappa le sol et chargea comme un boeuf avant même que Rafael ait le temps de se mettre en garde. En parlant de bovin, où était Envy ? Un violent coup de crosse vint répondre à sa question, projetant Rafael à terre, hors de son nuage. Une grand fatigue le prit soudain et toute la fumée échappa à son contrôle. L'assassin releva la tête et vit son propre reflet dans le regard haineux du pirate. Un reflet étrangement humain.

*Moi, à ta place, j'esquiverais.* le toisa cette même voix.

L'assassin roula sur le côté. La pince frappa le sol et souleva une plaque de glace mêlée de terre qui l'envoya rouler plus loin. Krabbs ne s'arrêta pas là. Il bondit sur Rafael et planta ses quatre pattes dans le sol, cherchant à l'épingler. De nouveau, il roula sur lui-même, évitant une à une les attaques du Crabe. L'élan de fatigue disparu aussi rapidement qu'il était venu. L'assassin en profita pour user de nouveau de ses pouvoirs et s'envola en une gerbe de fumée.

*Erreur fatale, frérot.* continua ce qui semblait être son frère, à l'intérieur de son crâne.

Et il avait raison. Un violent coup vint le cueillir au creux de l'estomac le renvoyant au sol, rouler entre les pattes de Krabbs. Envy tenait sa canne comme une batte et s'en servait pour renvoyer l'assassin entre les pattes de l'homme poisson. Il affichait un petit sourire goguenard, bien décidé à ne pas s'abaisser à s'occuper lui-même de l'avorton que représentait l'assassin à ses yeux. Krabbs, exultant de rage, ne faisait pas autant la fine bouche. Le Crabe frappa de ses deux appendices, cherchant à écraser Rafael contre le sol. Si le Granit Marin l'affaiblissait, cela le diminuait seulement lors de ses brefs contacts. Usant de son pouvoir, l'assassin rectifia sa trajectoire en diminuant sa densité. Frappant avec trop de hâte, Krabbs fendit une nouvelle fois la terre sans toucher sa cible qui s'était quasi stoppée devant lui. Rafael posa une main sur son épaule et se servit de son élan pour se projeter derrière lui. Il s'attrapa la tête entre ses doigts, tout en se rattrapant sur ses jambes. C'était quoi cette voix, bordel ? Césare ?! Argh. Il faisait mal cet enfoiré de Envy.

*T'as des visions, tu entends des voix. Je pense que tu devrais consulter. Oups, le voilà qui revient.* continua cette étrange manifestation.

L'assassin frappa derrière lui, tentant de dissiper ce satané spectre. Un coup de patte de Krabbs le frappa en pleine poitrine, l'envoyant bouler dans une congère. Elle atténua la force du coup, juste assez pour que Rafael puisse se ressaisir et se remettre d'aplomb, évitant un autre assaut de Krabbs. Il était transpercé, brûlé. Et il se battait encore, mais quel monstre ... Sans compter l'autre enflure qui se contentait de surgir des ombres pour lui coller un coup renforcé au granit marin. Le Révolutionnaire cracha sa salive ensanglantée, puis se remit d'aplomb en titubant. Son champ de vision était réduit par le sang qui coulait de son arcade. Il n'arrivait pas à percevoir Envy dans sa fumée, et il ne voulait pas se risquer à prendre un coup sans le voir venir. Krabbs, lui, était on ne pouvait plus visible. Il braillait et répandait son mucus à tout va. Fort heureusement, cette chose n'était pas encore entré en contact avec la peau de Rafael. Il n'en avait pas recouvert sa patte. C'était une chance.


"Ah ah ah, t'es vraiment une merde Krabbs : regarde ce que je lui ai mis en deux petits coups de canne !" ricana Envy en sautant au milieu du combat.

"Dégage humain de mes huit ! Dégage où je te broie entre mes deux pinces ! Dégage et va voir ailleurs si j'y suis !" lui répondit le Corsaire en répandant son mucus à la ronde.

Envy arqua un sourcil. Oh. La corde sensible avait été touchée. Rafael posa un genou à terre, tremblant de faiblesse. Il profita de ce maigre répit pour amener à lui un peu de fumée. Les deux Corsaires se regardèrent un instant. L'un était essoufflé et transpirait de rage. L'autre irradiait une colère profonde. Pourtant, aucun des deux n'osait faire le premier pas. Alors que Krabbs revenait à la raison, l'autre enserrait sa crosse. L'assassin se releva, se tenant son épaule endolorie. Il était plein de sang, mais tenait encore bon. Il s'essuya son front, reprit son souffle.


"Allons, t'as entendu ce que t'a dit le Crabe, Envy ? Dégage d'ici. Ou alors, vous avez pas le cran de m'affronter tout seul ?" se moqua-t-il, crachant à nouveau du sang.

Les deux se tournèrent vers lui, interloqués par sa remarque. Ce n'était pas vraiment le discours attendu par quelqu'un à l'aune de la mort.

*Hum. Très con de ta part, j'me tire.* grogna la voix, avant de laisser place au silence.


"Il est à moi." firent-ils en même temps, avant de se regarder en chiens de faïence.

Un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres de Rafael. Son coeur s'était arrêté un instant, dans l'hypothèse où ils allaient tous les deux se mettre à fond contre lui. Mais non, il avait tapé juste, leur ego était bien trop grand pour ça. Envy poussa Krabbs d'un geste désinvolte de la main. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Le Crabe le rabroua d'une violente calotte qui fit reculer le Corsaire. Et puis ça dégénéra. Envy claqua sa canne en plein dans la face de Krabbs. Ils ne se préoccupaient plus de l'assassin. Parfait. Rafael se redressa, semblant reprendre un peu du poil de la bête. Il ferma les yeux, cible localisée. Il s'évapora et se recomposa quelques mètres plus loin, se glissant au travers de la fumée. Il se tenait entre un homme d'environ deux mètres et son épée. Un homme dont le regard s'embrasa à sa seule vue. Sa main gauche se resserra sur une arme plus courte, taillée dans un minerai létal.


"Paix Fenyang. Je n'ai que quelques secondes." grogna-t-il, lâchant son épaule endolorie.

"J'ai besoin que tu me rendes un service." continua-t-il, posant sa main sur Durandal.

"Mettre fin à ce conflit. Mais pour ça, il va falloir que tu t'occupes d'une personne en particulier ... Celle à cause de qui tout cela a débuté. Krabbs." poursuivit Rafael, reculant d'un pas pour faire face à Salem.

"Tue-le, tue cet enfoiré. Protège mes frères, protège cette île. Fais-le, et je me rends." termina-t-il, alors que les bruits de combat entre les deux corsaires semblaient cesser.

Sa vie pour celle de ses frères. Le choix n'était pas très difficile à faire. Trop de gens mouraient inutilement en ces lieux, et si c'était la seule façon d'y remédier alors il le ferait. Il savait que Salem ferait tout pour s'occuper de lui. Et qu'il n'avait pas d'autre lueur d'espoir. Faire face aux deux Corsaires était impensable. Mourir était impossible. Que ceux qui étaient venus mourir ici l'aient fait pour rien, injustifiable. S'il avait le pouvoir de changer cela par sa seule vie, alors il le ferait. Une ombre se dessina dans la fumée. Puis une seconde. Les deux s'étaient vite rendu comptes de la disparition de l'assassin. Ils enrageaient d'autant plus d'être tombé dans son petit panneau. Rafael avala difficilement sa salive. Peu importaient les issues, aucune d'entre elle n'était préférable.


"Tu sais ce qu'il te reste à faire." fit-il à Salem, lâchant le pommeau de Durandal.

Si Fenyang ne faisait pas le bon choix, il n'aurait pas l'assassin. Certes, il pouvait le prendre tout de suite, mais il savait que l'assassin emporterait d'autres vies avec lui. Alors, sacrifier Krabbs et l'emporter ... ou laisser Rafael lui faire regretter son choix.
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    Les révélations qui se succédèrent me rendaient plutôt perplexe. Celle d’Oswald tout d’abord, et celle du fameux CP6 ensuite. Au beau milieu d’un champ de bataille digne des fameux colisées sur l’île de Dessrossa, je me questionnais. Que fallait-il faire ? Sonner la retraite et se replier le plus vite possible alors que nous venions d’arriver ? Ou bien continuer la bataille finale en risquant une mort quasi certaine ? Autant dire que le choix était plutôt difficile à faire. Je me mis à penser aux familles de ces braves marines qui m’accompagnaient… Et rien que pour ces dernières, j’étais bien partie pour alerter mes hommes et déguerpir d’ici, tout en allant sauver les nombreux civils qui se trouvaient toujours à l’intérieur du château au préalable. Mais à peine allais-je faire signe et hurler d’une voix forte à mes hommes, que je sentis une présence près de moi. Les volutes de fumées qui virent à m’encercler m’alertèrent. Pas de doutes, c’était bien cet enfoiré ! Ni une, ni deux que j’avais sorti la dague en granit marin, en le regardant se matérialiser devant moi d’un œil torve. Ce n’était peut-être pas le moment pour lui flanquer une bonne fessé, mais ça prendrait quelques secondes seulement, logia ou pas. Mais contre toute attente, l’homme semblait vouloir me parler, ce qui attira grandement ma curiosité.

    - T’es un sacré un bonhomme Auditore, vraiment. Et même si t’es qu’un enfoiré à mes yeux, je dois bien avouer que t’as des tripes. Ça me rappelle même notre rencontre à Logue Town, hahahahaha !


    Maintenant que nous étions à nouveau face à face, je me souvins clairement de notre rencontre à Logue Town, il y a de cela deux maintenant. La situation ne se prêtait pas vraiment à une discussion plus ou moins amicale, mais ce gaillard avait au moins le mérite de me faire rire à cet instant critique. Même s’il s’était caché derrière un masque tout le long de son séjour sur le Léviathan, je pouvais me targuer de le connaitre un minimum. Ce type était un fou. Un fou qui me ressemblait presque, vu son idéalisme et ses manières de penser assez analogues aux miennes. Hormis sa volonté de détruire le Gouvernement Mondial, nous luttions pour une même cause, mais nous avions des façons de faire différentes et des factions opposées. Peut-être aurait-il fait un bon marine… Peut-être aurais-je pu faire un bon révolutionnaire. Des suppositions intérieures qui m’amusaient bêtement, alors que j’effectuai un mouvement dans le vide, pour générer une petite lame de vent qui alla trancher le torse d’un pirate un peu trop proche. Passant la dague en granit marin entre mes dents, j’utilisai l’un de mes pieds pour soulever Durandal, jusqu’à ce que je puisse l’avoir dans ma main gauche. Autant le logia pouvait sembler sincère, autant il aurait été dangereux de m’abaisser comme ça, devant lui. Je n’étais pas aussi fou quand même…

    - Je sais ce qu’il me reste à faire en effet, et j’accepte le marché, Auditore. Pour le moment cependant… Dis-je en me retournant complètement, de sorte à lui donner dos… Je vais sauver ce pilier central d’un dénouement regrettable pour tous mes hommes. MARONE, AMÈNE-TOI AVEC QUELQUES SOLDATS !!!


    Et dire que je leur avais demandé de patienter au village, pour éviter justement une telle situation… La mouise quoi… Faut croire que mes hommes et ceux d’Alleyn avait un désir de vengeance aussi fort que le mien pour être montés sur le pilier à ma suite. De quoi me faire soupirer. Le lieutenant qui avait entendu ma voix criarde, s’amena rapidement près de moi avec plusieurs hommes. Une vingtaine de soldats bien déterminés à exécuter le moindre de mes ordres. Une bonne chose ! C’est donc d’un pas conquérant et décidé, que je pris la direction du bateau qui trônait au beau milieu du pilier sur lequel nous combattions. Il avait une taille standard. On était loin d’un Galion et heureusement. Rangeant la dague de granit marin dans l’une de mes poches, je serrai les deux meitous que j’avais dans mes mains. Durandal et Kashuu allaient me servir conjointement. Non pas pour sur le moment, mais ça viendrait bien vite. L’idée que je nourrissais était un peu tirée par les cheveux, mais elle était réalisable. « Ecoutez-moi attentivement vous autres. Ce navire est rempli d’explosifs et il va falloir qu’on s’en débarrasse. Pendant ce temps, je ne pourrais pas vraiment me défendre si l’on vient à m’attaquer. C’est là que vous entrerez en jeu. Tuez séance tenante quiconque s’approche un peu trop de nous. BIEN CLAIR ?! »

    Les gars qui me suivaient me répondirent à l’unisson, alors que nous traversions l’endroit comme si nous effectuons une promenade de santé. Ce n’était pas pour dire, mais quelques révolutionnaires tenaient tête aux nombreux forbans qui avaient débarqué. Sur ce front, toutes les factions étaient ennemies, sauf peut-être la marine et les pirates, mais après que Marni Tomaz m’ait attaqué quelques minutes auparavant, rien n’était moins sûr. C’est sur cette petite pensée que j’arrivai à l’arrière du navire. Les soldats sous l’égide de Marone, se mirent à m’encercler et braquaient leurs armes un peu partout. Quiconque s’approchait trop de notre position devait être exécuté sur le champ, à l’exception bien sûr des autres marines. Une fois certain que je n’aurai rien à craindre pendant quelques minutes, je rangeai les meitous, avant de prendre une grande inspiration. Je me servais peu de cette capacité parce qu’elle me rendait plutôt laid, mais je n’avais pas le choix. Tout à coup, mes muscles commencèrent à prendre du volume de manière déraisonnée. Canines et chevelure poussèrent à une vitesse tout aussi affolante ; et lorsque la transformation arriva à son terme au bout d’un moment, j’avais un corps monstrueux de cinq bon mètres. D’ailleurs, tous nos adversaires se mirent à fuir, après m’avoir aperçu. Je ressemblais à…

    - FUYEEEEEEZ ! C’EST LE VICE-AMIRAL FENYAAAAAAAAAANG !

    … Mon père. Sous cette forme, je lui ressemblais vraiment, et c’était à s’y méprendre. Je me mis à gratter ma tempe droite, un peu dépassé. Je ne savais pas vraiment s’il fallait être flatté parce que mon paternel était plutôt fort, ou bien choqué, parce qu’il n’était pas forcément un canon de beauté. Mais il y avait plus important que mon apparence, aussi posai-je mes mains sur le bateau. Dans un cri de rage, je me mis à le pousser de toutes mes forces. S’il opposa résistance dans un premier temps, il se mit ensuite à bouger petit à petit. Ma démonstration de force en bluffait plus d’un. Bientôt, je me mis à courir littéralement en l’expulsant toujours vers l’avant. Le poids de la charge n’était plus un souci puisque je m’y étais accoutumé, et la quille glissait complètement sur le tas de neige sur le sol qui facilitait ma tâche. On aurait dit que je poussais une simple barque. Les soldats qui devaient assurer ma protection me suivaient tant bien que mal ; et il ne me fallut pas plus de deux minutes pour l’envoyer vers une extrémité du pilier, avant de le voir basculer dans le vide. C’est à ce moment-là que je dégainai les deux meitous. D’un mouvement précis, je créai deux gigantesques lames de vent qui vinrent trancher le bateau qui se vida alors de mon contenu. Sourire aux lèvres et d’un air plutôt confiant, je réutilisais mes deux armes une nouvelle fois encore :

    - Tatsumaki !

    Si j’étais déjà assez fort avec un meitou de bas-étage, il était inutile de vous expliquer comment mon niveau s’en trouvait rehaussé avec un deuxième et meilleure qualité… C’était tout simplement démentiel ! J’engendrai une bourrasque conséquente qui se transforma en une gigantesque tornade. Celle-ci emporta avec elle tous les débris du bateau, ainsi que les explosifs. Pas un seul ne fut épargné. Puis elle se dirigea très loin du pilier. Elle quitterait bientôt l’île, pour se dissiper au-dessus de la mer. Une besogne en moins. Ma prestation avait été impressionnante. Tellement que lorsque je me retournai vers mes hommes, pirates et révolutionnaires des alentours préféraient s’éloigner de nous, une énième fois. C’est à ce moment-là que je repris ma véritable forme, sourire aux lèvres. Je n’étais pas Keegan, mais son brave fils. Et ce fils-là allait tout faire pour faire régner l’ordre sur Drum : « TOUS ENSEMBLE LES GARS ! NOTRE PRIORITÉ EST LA RÉVOLUTION ! NE LAISSEZ AUCUN D’ENTRE EUX S’EN SORTIR ! » Un « A vos ordres ! » tonitruant s’en suivit, avant que mes hommes ne se remobilisent. Ceux qui étaient à terre se relevaient, l’air décidé. Ceux qui doutaient reprenaient courage et continuaient de lutter. Encore un peu et la victoire nous reviendrait ! Ah… Ma promesse au petit Auditore ? Pactiser avec un traitre de ce genre ? Pas moyen, haha !

    Pour finir, mes pas me menèrent au cœur même de la bataille. Ça allait saigner !
      Chacun l’appelle l’Ange, l’Ange de la Mort
      Quiconque l’aperçoit peut s’attendre à périr
      Le regard froid, cruel, plein d’adresse et retors,
      Armé jusques aux dents, il tue comme il respire


      La Mort avance sur le champ de bataille comme un souffle d’air. Un souffle d’air qui traverserait un champ sans faire bouger un seul brin d’herbe. Il a depuis longtemps compris que la quintessence du camouflage n’est pas de se dissimuler, mais tout simplement de ne pas être la. Et pendant qu’il progresse personne ne prête attention à lui, les soldats s’écartent sans raison apparente sur son passage, les armes et les regards se détournent…

      Et les seuls qui réussissent à percevoir l’assassin sont ceux qui doivent le voir. Rafaello, au sol, a genoux, regardant l’Amiral qui l’ignore et s’éloigne. Envy, debout, son arrogance et sa morgue portée comme une armure, Kraab… Non, Kraab ne voit rien, la Mort ne vient pas pour lui aujourd’hui.

      -Hey, t’es qui toi ?
      -La Mort…
      -Houlala ça fait super peur. Dis bonjour à mon amie la mort…

      Et Envy frappe, si vite que pendant un instant c’est comme s’il n’avait pas bougé, si vite que vu de l’extérieur on ne perçoit ni ses mouvements ni ceux de son adversaire, juste une série d’instantanés. L’arme du Corsaire qui s’abat sur le visage de son adversaire. La canne bloquée entre les deux hommes, saisie par la main de fer de l’ombre. La canne brisée et le regard surpris d’Envy quand l’ombre lui enfonce profondément son arme dans le ventre, le corsaire a terre devant son bourreau et une lame qui étincelle dans sa main. Puis l’Ombre disparait…

      La bas Salem vient de changer la donne et d’offrir à Envy un court sursis en se plaçant en tête de la liste des problèmes. Ombre prend néanmoins un instant pour lâcher un objet et quelques mots, deux pour Rafaello, « Tue Kraab » et un pour le mini den den qu’il porte au poignet. « Evasion ». Quand à l’objet pas de doutes possibles. Un dial…

      Puis il se déplace vers l’Amiral, surgissant comme un fantôme juste derrière Salem qui prévenu par son mantra esquive de justesse l’attaque de l’assassin et se retourne pour faire face pendant qu’autour de lui s’effondrent tous ses protecteurs.


    Maintenant, tu sais.
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      L’énorme navire, déjà fragilisé par le traitement brutal que lui a réservé Salem, explose littéralement sous l’impact conjugué des deux lames d’air. Et comme l’a remarqué Oswald, il s’avère plein comme un œuf de centaines de barils métalliques reliés par des câbles qui s’éparpillent dans tous les sens. Et qui, comme les autres navires révo, s’avèrent tout a fait incapable de se plier au lois de la gravité. La vague d’air frappe et disperse les débris du navire aux quatre vents. Le chapelet de tonneau lui, va nettement moins loin. Sur un des navires trois révos actionnent les lances grappins, harponnant les bombes flottantes dans l’intention évidente de les renvoyer à l’expéditeur.

      Sur le pilier l’ordre d’Ombre fait le tour des troupes révos qui réagissent aussi vite que possible. Evasion. Tous les ennemis sont rassemblés au même endroit, les bombes vont les vaporiser avec le pilier, l’armée Révolutionnaire doit foutre le camp.

      Les navires se décrochent des bords du pilier. Tirant des salves de boulets fumigènes qui nappent soudain la scène d’un nuage de fumée. Et les soldats révos décrochent tant bien que mal. Les plus proches vers les navires, les autres simplement vers le bord ou certains se regroupent pour tirer sur les marines qui les poursuivent pendant que le reste saute simplement dans le vide. Déployant rapidement les parachutes dont ils sont tous pourvus…

      Ailleurs d’autres équipes font sauter d’autres explosifs, ceux qu’ils ont placés dans les téléphériques pour couper les accès au pilier et interdire la retraite de leurs ennemis pris au piège. Un saute, l’autre non… Pas le temps de faire mieux, les artificiers allument leurs mèches et filent par les tunnels…

      Si tout se passe bien, bientôt seuls les marines et les pirates se battront encore dans le loin. Et la, tout sautera…
      Le second des Truands était actuellement le seul représentant de son équipage sur le pilier. Mais, étant déjà parti pour sa mission de reconnaissance au moment où Satoshi et son cousin le contre-amiral avaient décidé de former une alliance, il n’était pas au courant de la coopération entre les deux équipages. Pas de chance pour lui !

      Fauché par une explosion qui le projeta en l’air, Ange se voyait déjà mort ou estropié. Même s’il savait que ça ne changerait rien au résultat, il poussa un cri tout en tombant (du genre "aaaaarghh !"), avant d’atterrir violemment dans la neige. Après un rapide compte de ses membres qui lui indiqua que la jambe de bois ne serait pas pour tout de suite, le sauvage se releva pour se trouver face à un marine qui tirait à peu près la même tête que lui : celle d’un homme qui serait prêt à donner n’importe quoi pour se trouver ailleurs.

      Le sergent d’élite Tetsuji Dubois était à première vue un marine d’élite tout ce qu’il y avait de plus classique : il portait la casquette réglementaire, le haut blanc moche sans manche, et l’uniforme modèle "grand froid" de la marine. Mais, en y regardant de plus près, on pouvait tout de même remarquer que la veste du marine était équipée d’une doublure supplémentaire, et que celui-ci a le cou bien emmitouflé dans une écharpe, tandis que sa tête est bien au chaud sous un bonnet en laine dissimulé par-dessous sa casquette. Tetsuji Dubois est un marine en apparence réglementaire, mais qui tient à son petit confort.
      D’ailleurs, il aime tout ce qui peut lui éviter de petits désagréments en général ; et pour lui, une bataille est un des ces désagréments,… un de ceux qu’il vaut généralement mieux laisser aux autres. Bien sûr, il a accompagné ses collègues à la suite de Fenyang, il a affiché un regard hargneux devant ses ennemis, brandi ses armes, et acclamé les cris de guerre de ses supérieurs. Mais il l’a fait seulement pour la forme, pour faire ce que l’on attendait de le en tant que soldat et sergent. Dès que le véritable affrontement avait commencé, après avoir ordonné à ses subordonnés de suivre le mouvement général, le marine s’était subrepticement faufilé vers les derniers rangs. Tout en reculant, il avait affiché l’air le plus naturel possible pour que personne ne fasse attention à lui, mais de toute manière ses hommes étaient trop occupés à se battre. Et, à la toute fin du combat, si la marine gagnait, il se roulerait dans la neige, planterait ses lames dans un ou deux cadavres pour les salir, et même, s’il était motivé, se barbouillerait le visage de sang avant de rejoindre les autres, et de se vanter d’exploits guerriers imaginaires.
      Oui, Tetsuji était un lâche.

      La retraite discrète du sous-officier sembla compromise quand un pirate aux allures de sauvage, et coiffé comme… comme… et coiffé de manière complètement grotesque, tomba du ciel juste devant lui. Et il avait l’air décidé à en découdre, le bougre : il avait déjà dégainé ses armes, et sa bouche grande ouverte dévoilait une série de dents blanches et limées en pointe ; rien qu’avec ça, on sentait venir le malade mental, le fanatique des combats, le taré qui tue pour le plaisir. Mais celui-ci avait en plus sauté –en tout cas en apparence- jusque derrière les rangs de la marine pour attaquer ses victimes… il devait en tenir une sacrée couche ! La première réaction du sergent Dubois fut de se dire qu’il n’avait pas de chance. La seconde, c’était qu’il ferait peut-être mieux de simuler la crise cardiaque. Mais la troisième fut de penser que ça n’était pas une bonne idée, car barjot comme il avait l’air d’être, le pirate serait très bien capable d’essayer de le dévorer sur place, même sans l’avoir tué. Il avait bien la tête à ça !

      ***

      Argh… je suis encore vivant ! Et entier !
      C’est bien, mais… LA, UN MARINE !! Il t’a vu !
      A,h zut zut zut ! Bon, je cours ?!
      Pour aller où ?! Non, tu dois te battre.
      Mais je…
      Celui-là ne m’a pas l’air bien dangereux. S’il avait les dents pointues, il tirerait exactement la même tête d’ahuri que toi.
      C’est-à-dire ?
      C’est-à-dire celle d’un crétin qui n’a aucune envie de se retrouver en face d’un ennemi.
      Je ne sais pas comment je dois prendre ça... Mais peut-être qu’il ne sait pas se battre ? Haha, ça va me faire une victime facile alors, et personne ne pourra rien me reprocher !
      Si, surement : il a des armes à sa ceinture. Par contre, s’il avait été en train de fuir discrètement avant que tu n’arrives, il ne se comporterait pas différemment.
      Oh. Il y aurait peut-être moyen de s’entendre alors ?
      C’est un marine, tout de même.
      Mais peut-être que lui aussi donnerait n’importe quoi pour se trouver dans un coin au calme pour discuter en buvant un chocolat chaud, en attendant la fin du combat !
      Je n’y crois pas trop à ton idée…



      Il se passait grosso-modo la même réflexion dans la tête du marine. Le pirate aux dents pointues ne semblait pas décidé à attaquer. En plus de ça, en y regardant de près, il n’avait pas l’air si méchant : plutôt… affolé, dépassé par les évènements.
      Les deux hommes restaient plantés à se dévisager, et ils auraient pu le faire longtemps s’ils n’avaient pas été sur un champ de bataille. Contrairement aux combattants les plus puissants, Ange et Tetsuji n’avaient pas eu le droit à un cercle vide de combattants pour leur servir de ring. En fait, des soldats de tous les bords passaient régulièrement à côté d’eux, et manquaient même souvent de les bousculer.

      Mais, à un moment, une énorme détonation retentit. Celle provoquée par un bateau qui se fait heurter par une espèce de tornade. Sous l’effet de la surprise, le cambrioleur sursauta et poussa un glapissement de terreur C’était trop pour le sergent, qui avait déjà les nerfs, à vif. Interprétant le mouvement d’Ange comme un geste agressif, il céda à la panique et se rua sur se sauvage en hurlant.
      Bon, ça aurait été mieux s’il avait pensé à dégainer son sabre avant de foncer.

      Ah ! Il attaque !
      Gyaaah ! Je fais quoi !
      Riposte ! Fiche-lui un coup dans la figure !
      Avec quoi ? Le sabre, ou la hache ?
      On s’en fiche ! Les deux si tu veux !


      Ange avait été trop long à réagir, et l’autre, l’empoignant de toutes ses forces par le vêtement, le projeta par terre. Tout en grognant, il dégaina son sabre, et prit son élan pour frapper. Tetsuji Dubois avait l’expression à la fois terrifiée et valeureusement résignée de l’arachnophobe qui irait, armé de son seul aspirateur, chasser la terrible bête qui campe sur le plafond juste au dessus de son lit. Pour échapper à son attaque, Ange se changea en porte, et tourna sur lui-même pour disparaitre dans l’air. La lame de son adversaire alla se ficher dans la neige, laissant le marine assez décontenancé. Le sauvage en profita pour se rouler sur le côté, se relever, avant de réapparaitre par le même procédé.

      Dubois fronça les sourcils. Il affrontait un ennemi redoutable, semblait-il. En tout cas, il avait l’air de maîtriser une technique de déplacement rapide, ou un truc dans ce goût là…
      L’araignée lui donnait du fil à retordre, et il était prêt à lâcher l’aspirateur pour s’enfuir en courant, mais faisant un gros effort de volonté il n’en fit rien !
      Il allait falloir être efficace ! De sa main libre, le sous-officier tira son six coups, le pointa vers son ennemi, et tira. Se servant à nouveau de sa technique, qui décidément était bien pratique, le second des Truands se changea en porte d’air avant de disparaitre à nouveau, pour réapparaitre juste derrière le sergent.
      Dans un duel réglementaire, il lui aurait sans doute suffi d’un bon coup de hachette dans la nuque pour conclure le combat. C’est d’ailleurs ce qu’il s’apprêtait à faire quand…
      Quand il ne vit plus que du gris.

      ***

      D’un seul coup, un gigantesque nuage de fumée venu d’il-ne-savait-où s’était répandu sur le champ de bataille. Avec toute la brume qui l’entourait, le sauvage arrivait à peine à distinguer ses mains. Autour de lui, il entendait les bruits des combats diminuer ; il faut avouer que ne rien y voir n’aide pas à savoir où sont les ennemis. En revanche, on commençait à crier dans tous les sens. Egal à lui-même, le voleur n’avait pas suivi le déroulement des précédents évènements, et ignorait complètement ce qui était en train de se passer. D’ailleurs, s’il l’avait su qu’il partageait le même champ de bataille qu’une dizaine de célébrités, il aurait sans doute déjà pris ses jambes à son cou depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, il avait compris que c’était le bazar.

      - Euh… machin ? Le marine ? Tu es toujours là ?
      - Tetsuji. Et oui, je suis toujours là.
      - Ah. Ok. Euh… "Têtefuji", c’est à toi cette, euh… fumée ?
      - Non. Et c’est Tetsuji, pas fuji. Et… ce n’est pas à toi non plus, alors.
      - Nan…

      Je n’aime pas ça, toute cette fumée. Ça me rappelle trop le type que j’ai vu dans la grotte, cette nuit, avec son fruit du démon.
      Tu ne dois pas rester ici, c’est beaucoup trop dangereux. Si quelqu’un à recouvert la zone de combat de brouillard, c’est qu’il n’a pas besoin d’y voir pour faire ce qu’il a à faire !
      Alors ?
      Alors tu profites de la fumée pour filer d’ici, et en vitesse ! Ça devrait te plaire, non ?!

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        - Trop lent !


      Marni affiche un grand sourire moqueur alors qu'il vise de son bras droit et ouvre le feu dans un même mouvement, lâchant ses balles incendiaires à deux reprises. Et comme Marni est du genre tireur d'élite du bras droit, il ne manque pas ses cibles, à savoir les orbes chimiques que je viens à peine de former dans le creux de mes mains. Inutile d'expliquer pourquoi au contact des projectiles du pirate, les orbes explosèrent sur-le-champ, la déflagration nous surprenant tous les trois.

      Le souffle des trois déflagrations combinées balaya Ketsuno et Sarkozyzy sur plusieurs mètres, la morsure des flammes verdâtres endommageant la chair des malheureux qui ne s'attendaient pas à être frappés par un allié. Allié qui n'aurait jamais imaginé goûter de la sorte à sa propre capacité spéciale. Encaissant les dommages sans broncher, disparaissant dans un tourbillon de flammes et de neige s'évaporant instantanément, l'espace de plusieurs dizaines de secondes, il fut masqué par un épais nuage blanc.

        - Dis-moi le Marine, qui devait faire sauter la tronche de l'autre ? J'crois bien que c'est moi, connard ! AHAHAHAH !


      Le combat aurait pu être terminé sur ce simple échange. C'est d'ailleurs l'impression que cela donnait lorsque l'écran de fumée fut balayé par une forte rafale. Offrant à tous la vision d'un homme tenant fermement sur ses appuis, le corps fumant encore de l'assaut reçu, le visage éteint. Bras pendant le long du corps, la scène se figea un instant. Les regards braqués sur un homme brisé, mais refusant de s'avouer vaincu. Pourtant, lorsque mes genoux commencèrent à plier, que tout mon corps tremblait sous l'effort exercé pour ne pas chuter.

      Marines comme pirates comprirent que le Commandant Stark venait de perdre. M'écroulant au sol, perdant connaissance, l'obscurité s'empara de mon être. Et bien que la vision d'un officier tombant au combat est toujours douloureuse, aussi effrayant soit cet officier, le combat dû reprendre. Le Lieutenant Sarkozyzy vint tendre une main à la Lieutenante-Colonel Fenyang et tous deux firent face au Commandant de la deuxième flotte du Grouillant.

      Lequel semblait plutôt confiant quant à l'issue de ce combat à handicap. Maintenant que le plus dangereux des trois était hors-jeu, ceux qui restaient ne lui poserait pas trop de problèmes. Ou pas... En un déplacement rapide, Ketsuno se retrouvait face au pirate, tentant de le trancher en deux dans un mouvement vif et précis. Marni eu tout juste le temps d'esquiver l'assaut, bondissant sur sa gauche... pour mieux être cueilli par un Niculae au regard meurtrier.

      Comme Tomaz aurait pu le faire, il fit feu sans hésitation et son Winchester cracha la mort. Le plomb vient se figer dans l'épaule d'un Tomaz grimaçant, qui n'hésita pas à riposter d'une balle incendiaire que Sarkozyzy évita de justesse, ripostant dans la foulée, sans succès non plus. Chose dont il se moquait, il n'était là que pour occuper l'ennemi. La nièce du Keegan trancha le dos de son adversaire, y dessinant une profonde entaille et amenant le bras gauche à mordre la neige. Il venait de comprendre que le duo de la Marine face à lui n'était pas à prendre à la légère.

      Aussi, repoussant toute douleur suite à ses fraîches blessures, son bras gauche pointa Sarkozyzy tandis que le droit visait Ketsuno. Et l'enfer se déchaîna sur eux... il déversa autant de balles incendiaires qu'il le pu sur la silhouette d'une Ketsuno tentant tant bien que mal d'échapper à un triste sort. Du côté du grand blond, le boulet de canon s'écrasa quelques mètres à sa gauche, déversant un torrent de flammes qui le submergèrent bien malgré lui.

      Haletant, une main sur son épaule blessée, la gauche fort heureusement, le dos ne cessant d'envoyer des vagues de douleur à son esprit, il constata avec satisfaction le résultat de sa brutale riposte. Aucun ne tenait debout, pas étonnant après avoir autant encaissé. D'autant qu'eux aussi avaient dégustés lorsque le Commandant à face de craie avait été neutralisé. Marni se tenait là, au milieu des corps de ses trois adversaires, physiquement atteint, psychologiquement renforcé.

      Le Capitaine serait ravi d'apprendre qu'il avait écrasé les hommes de Fenyang. Il éclata de rire tout en détournant le regard, cherchant des yeux ses prochains adversaires. Il était là pour écraser quiconque chercherait à se dresser face à Krabbs, il ne perdrait pas de temps à achever les perdants.

        - Attends...
        - Hum... ?
        - Ce n'est pas terminé...
        - Bordel... t'es encore en vie toi ?!
        - Et pas disposé à te laisser partir...
        - 'Fait pas chier ! Tu tiens à peine debout !
        - J'ai tout ce qu'il faut pour t'écraser...
        - Frimeur...


      Puisant dans mes réserves, j'avais trouvé la force de m'arracher à la noirceur pour suivre la lumière et ainsi, revenir à moi. Se relever se paya chèrement, mon corps sonnant l'alerte, m'indiquant qu'il n'en supporterait guère davantage. Ainsi sur mes deux jambes, le regard déformé par la souffrance et suant sous l'effort fourni pour ne pas tomber une fois de plus, j'avais formé cette unique orbe chimique. Le bras droit tendu vers les nuages, une énorme boule chimique explosive trônant dans la paume de ma main.

      L'air déterminé qui animait mon regard déstabilisa un instant mon vis-à-vis. Il le savait, même en tirant dessus avant que je la lance, il serait pris dans le déflagration, l'orbe était tout bonnement trop grande. C'était terminé et il le savait, pour lui comme pour moi, nous livrions notre dernière bataille. Abaissant mon bras vers l'avant, l'imposante orbe fusa sur Marni qui tenta vainement de tirer, ne faisant qu'exploser l'orbe plus tôt. Orbe qui précipita les alentours dans le chaos le plus total.

      Le Commandant de la Seconde flotte valdingua dix mètres plus loin, totalement brûlé et incapable d'ouvrir les yeux. La mort s'emparait de lui. Une scène similaire fut appliquée sur mon propre corps. M'écrasant au milieu d'une foule de combattant, inconscient. La déflagration fut telle qu'elle emporta avec elle tous les combattants livrant bataille sur un diamètre de quinze mètres. Il ne sera pas dit que le Commandant Stark n'était pas présent dans la plus épique des batailles de toute l'histoire de Drum.

      Les boulets fumigènes inondent le pilier, plongeant le champ de bataille dans un brouillard épais, les troupes révolutionnaires fuient comme elles peuvent, laissant pirates et marines à un destin incertain.
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      Un seul mot. Espoir. La tentative vouée à l'échec de convaincre Salem de l'aider. Apprendre que le navire est rempli de bombe, sans que les siens n'aient pris la peine de l'en avertir. Rafael tombe à genoux, vaincu par tant de traîtrise. Le sol se dérobe sous ses pieds et il perd pieds. La fatigue ? Certainement. Le moral ? Réduit à néant. Il voit Salem s'en aller, lui tourner le dos. Il pressent les Corsaires venir à lui. Il le sait. Il voit le monde défiler devant ses yeux. Sa maigre vie, son combat de chaque instant. Une somme incommensurable de douleurs et d'échecs. Césare. La défaite, encore et encore. La trahison. Une bataille perdue d'avance. Un frisson parcourt son échine. Il ferme les yeux, accepte son destin. Un revers de trop, il accepte la sentence. Abandonné par ses frères, répudié par les autres. Son destin se terminait donc là, dans la neige de Drum ? Le blanc buvant son sang, à l'instar de tous les tombés sur ce champ de bataille ? Un constat amer que de se retrouver au milieu de tant de cadavres. Et pourtant, à se retrouver si proche de la mort, elle le terrifie comme jamais. Il sent son haleine fétide se répandre sur sa nuque. Son âme damnée est vouée à une éternité de souffrances, il le sait. Il s'est condamné pour le bien de tous. Il s'est sali les mains pour que d'autres n'aient pas à le faire. Aux yeux du monde, il est un meurtrier. Mais pas aux siens. Aux siens, il est un sacrifice nécessaire. Une vie vouée au service de la justice et du châtiment. Une sensée durer jusqu'à ce que le combat se soit achevé. Pour un jour où tous ses péchés seraient reconnus comme un salut pour le plus grand nombre. Non. Cela ne devait pas se terminer dans les neige de Drum, le blanc buvant son sang. Pourtant, il restait dos à son bourreau, à attendre le coup qui lui briserait la nuque et mettrait fin à ce calvaire.

      Un coup qui ne vint jamais.

      Une main salvatrice stoppa le Corsaire. Une main que l'assassin n'avait pas vu venir. Il ouvrit les yeux, se retourna. Une Ombre cachait le Soleil. Une silhouette qui transpirait la mort. Envy vit son trépas dans les yeux de l'être qui tenait sa canne, à un pouce de la nuque de Rafael. Il frémit puis gémit. Son sang perlait d'un blessure à l'abdomen. Le Corsaire se retira en contenant sa douleur, alors que Ombre dardait son regard sombre vers l'assassin. Un frisson parcourut l'échine de Rafael. Il sut instantanément pourquoi cet homme était le plus craint de la Révolution, il le sentait jusqu'au fond de ses tripes. Toute fatigue, tout doute s'échappa de lui. Seule la peur demeura. Une peur profonde et animale, dictée par son instinct de survie qui s'était vaillamment réveillé avec ce maigre sursis. Le Seigneur Ombre lui adressa la parole. Trois mots qui suffisaient amplement. Rafael vit un débris de canne entre Envy et lui. Il n'avait pas même ressenti la bataille qui s'était déroulée entre les deux êtres, seulement sa résolution. Il attrapa le dial, leva le regard. Plus rien. Puis des explosions, partout autour de lui. De la fumée. Une terrain connu et maîtrisé. Une échappatoire qui ne lui rappelait que trop une circonstance déjà éprouvée. South Blue. En un instant, il venait de gagner un sursis, une échappatoire et une arme. Ainsi que son moral. Une arme puissante que le moral dans une bataille. Il chancela, s'appuyant sur son genou pour se relever. La fumée explosa et le dépassa. Se fondre en elle était naturel, presque comme ouvrir les yeux. Il fut avalé par le souffle et décomposé en des millions de particules. Une sensation qu'il avait appris à apprécier. La dernière image que l'on conserva de lui fut celle où ses doigts se refermaient sur le Dial, avant qu'un léger sourire en coin ne se dessine sur ses lèvres. Il était prêt pour son baroud d'honneur. Que tremble le Gouvernement.

      L'assassin étendit ses sens, perçu sa cible. Le pilier de Drum était à présent son monde. Il avait fait du chemin depuis South Blue, et ce qu'il percevait à peine autrefois, il le sentait comme à l'intérieur de sa chair. Chaque petit mouvement, chaque soubresaut dans la fumée. Tous étaient à sa portée. Ils étaient dans son territoire, et il n'en sortiraient pas indemnes. Privé de ses yeux, il perçu cependant une forme plus massive. Krabbs. Rafael émergea du brouillard face à lui. Nul sourire sur la face de l'assassin. Il était en trop mauvais état pour se laisser prendre à des jeux de palabres. Il y avait un temps pour chaque chose. Et aujourd'hui, c'était celui de l'exécution. De ce maudit pirate qui avait causé tant de morts. Un sourire vicieux fendit la mâchoire proéminente du Corsaire en devenir, révélant ses dents acérées. Les deux combattants ne se firent pas prier. Le Crabe renforça ses appendices au haki et frappa sans crier gare. Mais déjà l'assassin avait disparu, se décalant sur le côté. Ses jambes n'étaient plus qu'un amas fumeux, indissociable de celui qui les entourait. Le monstre grogna et réitéra son attaque. Une fois encore, Rafael esquiva. Son pouvoir était axé vers la défense, à la base. Alors ce n'était pas cet amas grotesque de crustacés qui allait le prendre à son jeu. Il émergea de la fumée, entièrement humain. Il fit glisser le Dial dans sa main gantée et envoya une dague de lancer ricocher sur la carapace de Krabbs. Celui-ci se retourna et frappa violemment le sol, là où l'assassin se trouvait une seconde plus tôt. Il fendit la terre, projetant gravats et neige à la ronde. Un léger craquement retint son attention, cependant. Il se pencha vers le centre de l'impact, où un petit objet brillait, épargné par la force du coup.


      Smoking Aces. Fist of Valhalla.

      Un poing fumigène apparut au milieu du cercle et cogna l'homme poisson sous le menton, le forçant à reculer. Il se rattrapa sans mal, pestant de s'être fait distrait aussi facilement. L'assassin se recomposa au niveau du centre du cratère. Il se baissa et ramassa le petit objet circulaire qui vibrait doucement au creux de sa main. Le pirate le dévisagea d'un oeil torve, l'autre n'étant plus qu'un amas de chair crépitante. Il fonça vers Rafael, bien décider à attraper cette insaisissable fumée. Mais il était trop lourd et pas assez rapide. Krabbs était un monstre d'endurance et de force : on ne pouvait pas tout avoir.

      "AUDITORE ! MONTRE-TOI !! SALE LÂCHE !" hurla-t-il, répandant son mucus tout autour de lui.

      La brume qui entourait Krabs frémit un instant, puis une douleur cuisante lui fouilla les entrailles.


      "Je suis là." répondit Rafael, l'avant-bras de nouveau enfoncé dans le trou qui trônait au centre de la carapace du Crabe.

      "Bwéhéhéhéh ! T'es crétin Auditore ! Tu devrais savoir que je n'ai pas les mêmes organes que vous : tu m'auras pas comme ça." lâcha-t-il, en posant sa pince sur son épaule.

      "Ne t'inquiète pas, je ne commettrais pas deux fois la même erreur." fit-il, alors que quelques crabes commençaient à courir sur sa peau.

      Pour l'occasion, l'assassin s'était revêtu de son habituelle tunique noire, aux armes de la Confrérie. Autant en finir en grande pompe. Krabbs arqua un sourcil et leva haut sa pince. Il était bien décidé à le réduire en miettes, tout comme Oswald. Alors il ne lui ferait pas le plaisir de le couper en deux tout de suite. Ce petit homme qui tenait à peine debout. Rafael serra le poing, à l'intérieur des entrailles du pirate. Celui-ci suspendit son geste en l'air, comprenant enfin ce qu'était ce petit objet brillant qu'il avait frappé si ardemment.


      "C'est ... de la triche !" grogna-t-il, alors qu'une violente décharge s'exhalait du Reject Dial.

      "Peut-être, mais c'est pas moi qui vais partir en copeaux." répondit l'assassin, juste avant que son bras ne soit expulsé du ventre de son adversaire par la puissance de la décharge.

      La moitié du corps de Rafael fut soufflée sous la puissance du choc, ainsi que toute la fumée plusieurs mètres à la ronde. Une détonation sourde retentit, puis l'onde de choc secoua tous les combattants aux alentours. L'assassin recula d'un pas, tout en reprenant une apparence humaine. Non content d'exploser à l'intérieur du pirate, l'onde de choc s'était réverbérée sur sa carapace, piégée par la solidité de cette dernière. Cette armure qui lui avait tant de fois sauvé la vie venait d'assurer son glas. Les gouttes de sang du monstre tombèrent tout autour de lui, passant à travers Rafael comme une pluie l'aurait fait dans du brouillard. Un nuage de crabe s'échappa du monstre, se répandant sur tout ce qui passait à la ronde. Il se dissémina rapidement, comme s'il était venu le temps de quitter leur hôte. Il passèrent à travers l'assassin sans le blesser, tandis que le pirate mettait une patte à terre. Puis deux autres. Du sang suintait par tous ses orifices, fumeux et nauséabond. Il darda un regard de plus en plus vitreux vers Rafael. L'assassin s'avança vers le pirate, faisant saillir sa lame secrète hors de sa gaine. Le chuintement sembla attirer l'attention du Crabe, qui essaya de bouger. Inutile. Il s'était pris son propre coup, multiplié par dix. À l'intérieur de son corps, sans que l'énergie du choc ne puisse s'échapper autrement que par les failles de sa carapace. Le règne de Krabbs s'achevait là. L'assassin appuya son talon sur la seule patte qui restait encore plantée dans le sol. Il y appuya de tout son poids et le monstre bascula pour tomber à terre, sur le dos.


      "Ta vie n'a été qu'une succession de crimes. Meurtres et pillages. Puisses-tu trouver le repos, Krabbs." commença l'assassin, se baissant à portée de sa gorge.

      Un son répugnant sortit de la gorge du pirate. Puis il cracha un mélange de salive, de mucus et de sang sur l'assassin. Le crachat macula la tunique de Rafael, qui n'eut pas même un sursaut de dégoût. Le rituel devait être achevé.


      "Repose en paix." lui murmura-t-il, avant d'enfoncer sa lame sous son menton et de remonter jusqu'à son cerveau.

      La vie quitta la carcasse du Corsaire en quelques secondes. Rafael voulu se relever une première fois, sans succès. L'impact du Dial avait achevé ses dernières forces. Un frémissement derrière lui attira cependant son attention. Une forme émergea de la brume, se tenant l'abdomen, l'air farouchement énervée. Pourquoi diable les choses ne se passaient jamais correctement ? L'assassin leva la main pour attirer la fumée à lui, puis s'en servit pour se remettre d'aplomb. Il rengaina sa lame secrète et tira son épée courte, alors que la silhouette blessée d'Envy émergeait face à lui. Tentait-il de fuir, ou ...
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      Morte, elle bouge plus, non, pas vrai ! Pas elle ! Pas morte ! Pas vrai ! Je veux pas ! JE VEUX PAS ! Dame Taemis, si je viens vous aller vous réveiller hein, vous allez continuez de prendre soin de moi, hein. Je viens, je descends. C’est haut, j’ai peur mais je viens quand même, parce que vous êtes gentille, parce que je peux pas vous abandonnez, non. Mais le monsieur ? Il m’a dit… Il m’a dit de rester avec le requin ? De m’en occuper ? Mais, Dame Taemis… Requin.
      Je pleure.
      Je gigote.
      Je glisse.
      Je tombe.


      KYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

      Je m’accroche, encore. J’ai peur, je glisse. Je vais tomber, encore ? J’ai pas de force, je peux pas remonter, je pendouille au dessus du vide. Je glisse. Je lâche. Et je tombe. Encore.

      KYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

      Requin me sauve de justesse. Il me rattrape avec son nez et s’écrase au sol. Il ne bouge plus… NON !

      Sha…

      Ouf, il est vivant. Juste assommé. Je le câline pour lui dire merci.

      Je reviens d’accord ?
      Sha…

      Et je pars. Ca sent très mauvais autour de moi. Vraiment. Je rampe sur le sol parfois blanc, parfois rouge. A chaque coup de feu, je tremble comme une feuille. J’ai peur, je pleure. Et je la cherche, elle. Elle qui a été si gentille avec moi. Elle qui ne bouge plus mais qui peut être est comme requin ? Oui, elle est comme Requin, hein. Elle peut pas être morte, hein. Elle peut pas…

      *Snif*

      Je regarde autour de moi, je la cherche, je sais plus où elle est, où je suis. Je vois des gens, partout, qui ne bougent plus. Des gens que j’avais déjà vu bouger. Je pleure. Je ne comprends pas ce qui se passe.

      Dame Taemis…

      Je rampe vers un autre endroit. Il y a encore des gens debout, ils sont face à face et se tape dessus. Pourquoi ? Pourquoi tout ça ?! Je manque de me faire bousculer, je me recroqueville, j’ai peur.

      Dame Taemis !

      Je relève la tête, je la cherche. Trouvée ! Elle ne bouge pas, toujours pas. Je ne vois pas son visage, mais je sais que c’est elle ! Je me rapproche. Toujours les larmes aux yeux. Je veux la revoir, qu’elle me protège, qu’elle m’emmène loin d’ici…
      J’arrive près d’elle. Elle est toute froide, toute immobile.


      Dabe Taebis ! Dabe Taebis ! Il faut bartir *snif* Débéchez-bous ! Benez ! *snif* Allez, lebez bous ! C’est bas drôle ! *snif*

      Mais elle ne bouge pas. Alors je lui tourne la tête, pour la réveiller. Mais là, je vois. Je vois des yeux livides, je vois la mort. Elle ne vie plus. Plus jamais.

      Non…

      Plus jamais…

      NOOOOOOOOOOOOOOON !!!!
      OUININININININ
      […]

      Je pleure. Je pleure de toute ma voix, de toutes mes larmes, de tout mon être. Dame Taemis est morte et je suis toute seule. Toute seule, ici, avec tout plein de gens qui ne bougent plus. Toute seule ici, avec tout plein de gens qui se tapent dessus.

      Je ne vois plus rien. Je suis perdue au plein centre de cette guerre. Plus rien n’a de sens, plus rien n’a d’importance. Tous ces gens sont morts, Dame Taemis est morte. Dame Taemis est morte.

      Et entre deux larmes, un champ de vision s’offre à moi. Je le vois, lui. Je le vois avec un truc dans la poitrine. Lui. C’est lui qui m’a emmenée ici, c’est lui qui me protège maintenant. Dame Taemis est morte, et lui, il a une barre dans le ventre. Mais il va m’emmené loin d’ici, hein. Parce que ici, c’est dangereux et trop horrible. Parce que Dame Taemis est morte ici et que plein d’autre aussi.

      Parce que je suis seule aux milieux de tous ces gens.

      Toujours en pleurant à la mort, en m’égosillant de tout mon être, je rampe jusqu’à lui. Je ne sais plus si c’est bien ou mal de faire ça, je ne suis pas en état de réfléchir. Mais il est le seul que je vois, que je connais et qui bouge encore. Et je ne peux plus rester seule. Non. Je ne veux plus.

      Alors je m’approche de lui, et je fini par lui attraper la jambe. Une présence vivante, c’est ce dont j’avais besoin pour calmer mes hurlements. Je me fourre la tête dans le membre que je tiens et dis tout en continuant de pleurer :


      Ne me laissez pas doute seule, je beux bardir, s’il bous blait ! Je beux bardir !
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      Eurk…

      Vrai qu’avec une barre au milieu du corps, c’est vraiment difficile de se foutre de la gueule d’un type qui dit s’appeler « la mort ». Vrai aussi que pour le coup, il a vraiment été bien eu. Envy a les nerfs. Mais en même temps, il n’a plus de quoi en imposer. Faut dire qu’il pisse le sang sérieusement, et que son énorme égo vient de se décomposer brutalement. Son nom déjà ? « La mort ». Il est sérieux ? Ce type vient de lui planter une barre au milieu de la poitrine, il pourrait au moins lui filer son blaze. Question de respect, tout ça. Ah mais non. Et depuis qu’il est là, les révolutionnaires restant se sont vu pousser des ailes au sens propre…

      Dégage de là, grognasse…

      Ça, c’est adressé à la sirène qui s’accroche à sa jambe en pleurant. Il ne l’a pas vu venir, elle non plus. Faut croire qu’il est sérieusement crevé. Ou pas loin. Parce que vu comment elle se déplace, sa vitesse, et comment elle chiale un peu trop fort pour ses oreilles, difficile de ne pas la voir venir, celle-là. Il bouge la jambe difficilement pour la virer, mais se ravise très vite quand il se rend compte que chaque mouvement lui fait un peu plus pisser le sang. Ok. Ne pas bouger. En même temps, pas vraiment facile avec ça planté dans le bide…

      Va me chercher un toubib, tu veux chérie. J’crois que j’en ai besoin… Qu’est-ce que tu mattes ! T'as pas autre chose à faire ? Ah, mon tatouage... Il a de la gueule, hein ? Bon, tu te magnes ?... Bleurk ! ça urge quand même...

      Mais Envy s’impatiente déjà, et en voyant la tronche de l’assassin s’effondrer en même temps que Krabb, Envy a les nerfs. Ah oui. Alors, il se soulève doucement, attrape sa moitié de canne dans son ventre, souffre mais il est un homme alors ça compte pas, fait des bruits un peu sales, vise et…

      Toi, casse toi !

      En tout cas, il a encore la force pour envoyer sa moitié de canne en granit marin en plein dans le nez de Rafaelo. Le bruit fait sale, mais ça satisfait Envy momentanément. Bon… Qu’est-ce qu’elle fout la poiscaille, là ?


      Te casse pas la tête ami pirate. Je m'en charge...

      Titanomachie  - Page 3 Envy-imagesia-com-301k-large_imagesia-com_cd5h_large
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      L'humanoïde de fer percute de plein fouet le torse du géant qui en grogne de déplaisir. Sa cuirasse ne soutient pas la puissance du choc et explose en une multitude de morceaux scintillants qui prennent les cieux et s'écrasent au sol comme une pluie de comète annonçant la fin de leur possesseur. Staline est renvoyé au sol, provoquant l'élévation d'un pan entier de rocailles et de neige entremêlées, formant un nuage qui se disperse rapidement dans l'atmosphère soudainement paniquée du champ de bataille.

      En effet, partout sous mes yeux, les révos fuient. Non, ils retraitent! Le carnage se vide petit à petit, ne laissant que marines et pirates s'entretuant avec véhémence. Je jette des regards d'incompréhension un peu partout, laissant filer mes adversaires les uns après les autres. La victoire est-elle proche? L'arrivée de Salem avait-elle tant fragilisé le moral des ennemis?Je n’en sais trop rien, mais une chose ne me fera cependant pas bouger d’un poil de ma position. Staline se relève, une colère inqualifiable faisant rougir la balafre que je lui ai faite s’exprimant sur son visage. Ses traits se tordent à la vue du robot jaune-poussin qui lui fait face et dont, soudainement, une voix féminine s’échappe.

      -J’espère que je vous ai pas trop fait patienter.

      Je souris en reconnaissant l’armure, c’est Bee. Lilou est de retour, prête à aider.

      "Pff, on avait pas b’soin d’aide bordel. "

      -Te revoilà toi, près à finir tout ça?

      "À donf, mon grand. "

      -Parfait.

      Je ne peux nier que voir la rouquine de retour est un certain soulagement pour moi. Les coups de Staline sont puissants et rapides à la fois, il me devenait fatiguant de devoir constamment parer et ne pouvoir que passer difficilement à l’offensive. Mais avec la mécanicienne à mes côtés, la donne va changer. Un demi-sourire s’affiche sur la moitié blême de mon visage alors que le géant piétine sans même s’en rendre compte le pirate ayant fait office de projectile pour Lilou et son armure. Le combat est en marche de pleinement recommencer.

      -Prête? Lilou?

      -Quand tu veux Oswald.

      Galvanisé par l’arrivée de Lilou, malgré la fatigue qui se veut omniprésente chez moi même après la seconde pilule de Numéro quatre, je fonce. Tournoyant en me propulsant dans les airs, je vais directement à la rencontre de l’immense lame du géant qui me cueille d’un violent coup latéral.

      Blade Mode 3

      Un violent tintement retentit alors que sa lame dévie sur mon torse métallisé qui absorbe malgré lui une lourde décharge de puissance. C’est le peu de temps qu’il faut à une rouquine toujours plastronnée de son fidèle compagnon mécanique pour passer à l’action. Une véhémente bulle d’air fend l’espace pour percuter un des tibias du géant qui en perd instantanément l’équilibre. La jambe propulsée vers l’arrière, mais continuant toujours l’élan de son épée, le géant s’effondre au sol alors que moi aussi je rejoins la neige vermillon. Mais je ne vais pas m’en laisser là. J’arme un poing vengeur en prévenant Lilou d’un cri. Mon poing ténébreux prend un élan arrière considérable tandis que s’amorce de plus belle ma chute. Puis je frappe, frappe avec une force et une volonté de vaincre que je n’ai plus à prouver. Je frappe pour gagner, pour que Staline comprenne qu’il ne peut plus piétiner mon honneur et ma dignité comme il l’a déjà fait.

      Midnight…

      Un rictus mélangeant rage et fatigue s’imprime sur mon visage alors que mon poing prend la tête de ma fatale descente vers Staline. S’enflamme sous la friction avec l’air en augmentant conséquemment la vitesse de mon assaut. Un instant qui semble se dérouler sur plusieurs secondes, je crois apercevoir le regard résigné de Staline se poser sur moi. Un regard qui comprend qu’on ne juge pas un adversaire sur sa taille, qui réalise sa bévue face à un monstre qui s’est finalement montré comme ayant une plus puissante volonté que lui. Il se résigne à perdre, parce que l’honneur d’Erbaff lui a enseigné que c’est ainsi que l’on reconnait la force d’autrui. Merci, Staline.

      CRUUUUUUUUUUUSH!!!

      Sous la force de la frappe incandescente, le corps de Hyoga Hijiro se cabre et s’enfonce dans le roc du pilier, sa chair calcinée ne pouvant résister à la puissance de l’impact. Puis, le vigoureux et redouté géant ne bouge plus, cesse d’ébranler les racines même du pilier à chacune de ses actions. Il ne lui reste que le goût amer d’une défaite et un bon nombre de douleurs lancinantes.

      Hyoga "Staline" Hijiro a perdu.

      ***

      -T’es sûr que tu vas bien?

      -Ouais, ça va, juste un coup de fatigue.

      -Okay, je file vider le château de la populace, moi. En espérant que les révos s’y soient pas repliés…

      -J’te rejoins dès que j’reprend du poil de la bête.

      -J’y compte bien sinon j’te botte les fesses.

      -…

      "T’es plus gradé qu’elle nan? "

      -Toi, la ferme.

      Je reste assis sur le dos d’un Staline vaincu. Reprenant mes esprits et mes forces, le dernier assaut m’a coûté cher en énergie. Alors, un grognement m’interpelle. Je tourne la tête vers la provenance du son pour m’apercevoir que Staline est toujours vivant, même qu’il est conscient. Son visage écorché est plus calme, désormais, une intense fatigue se lit à travers ses yeux.

      -T’en veux une dernière Hijiro? Ma beigne de tout à l’heure t’as pas suffit?

      -Har…Har…kof kof! Tu m’as bien impressionné petit moustique.

      -C’est un compliment?

      -Oui, et prends en soin, de c’compliment… C’est pas tout les jours qu’un géant complimente les aptitudes guerrières de quelqu’un.

      -Merci. Que je lui réponds d’un ton qui se veut sec.

      -T’assoies pas sur tes lauriers, bonhomme. En sachant qu’tu m’as vaincu, y’a un paquet de gros bonnets qui vont vouloir ta tête. M’avertit-il

      -Ah bon? Qui?

      -Mes frères et confrères d’Erbaff qui ont eux aussi rejoins la révolution. J’suis pas en très bon terme avec eux, moustique. Mais sois sûr d’une chose, on ne s’en prend pas à un géant d’Erbaff impunément. Tu vas y goûter.

      -Non.

      -Non?

      -Non. Ce sont eux qui vont y goûter, parce que je ne les laisserai pas venir à moi. C’est moi qui viendrai à eux. Je les dégommerai les uns après les autres, tes copains, jusqu’à ce qu’aucune trace de la lignée des Hijiro ne restent sur cette terre.

      -Héhé, libre à toi, moustique. Mais prépare toi à goûter à bien pire que moi, les cinq colosses d’Erbaff ne sont pas des ennemis dont on peut se défaire si facilement. Harharhar…

      -Tu verras bien, de ta cellule, ce qu’il en adviendra, Staline.

      Je suis très sérieux lorsque je lui adresse cette dernière réplique. Son défi est lancé, et je le relève. Pour me prouver à moi-même que plus rien ne pourra me résister, je détruirai les cinq colosses d’Erbaff. Mon regard se durcit lorsque je pense à cet avenir qui me semble déjà tout tracé. La bataille de Drum semble remportée, j’ai trouvé en mes compagnons d’armes une raison de combattre, mais aussi en mon pire ennemi une raison de progresser.

      Merci Staline. Merci Salem. Merci Lilou. Merci les Storms. Grâce à chacun d’eux j’ai réussi à trouver un semblant de place dans cet univers qui ne m’a jamais voulu. Peut-être l’amitié est-elle la première marche vers le chemin qui me permettra d’être aimé et respecté de tous? Du fond du cœur je l’espère.

      -Lieutenant-colonel! Lieutenant-colonel!

      -Ouais?

      -Y faut évacuer le pilier! Les bombes! Les… les bombes!

      -Staline, t’u m’entends?

      -Hm?

      -T’as déjà fait de la luge?

      -Non, pourquoi?

      -Eh ben ce sera une première...

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      « Et toutes, faisant entendre leur voix divine, louent Lètô aux beaux talons, parce qu’elle a conçu des enfants qui sont les premiers des Immortels en pensées et en actions. »

      Bordel…

      J’ai abimé ma protection brachiale, ainsi que dorsal dans la chute. Dur.
      Mais plus de peur que de mal. Ça se répare. Hein Bee ? Kwak. Ouais. T’as raison.

      Bref.

      Dans ce genre de situation, par ou est-ce qu’on commence ? Entre les pirates qui continuent à tout ravager sur leurs passages et les révolutionnaires qui se font la malle… Sans parler de cette bombe qui menace à tout instant d’exploser, et notre nouveau copain venu de dieu sait ou qui s’en prend directement à Salem. On s’est salement fait entubé. Le but maintenant est de ne pas mourir démembrer par une foutue bombe. Et quoiqu’on en dise, ça vaut pour tout le monde. Je pense qu’on peut éventuellement compter sur la coopération de tout le monde si la vie de tous ceux présents sur le pilier est en jeu.
      Je pourrais également tenter de désamorcer cette bombe, mais au vue de l’affrontement qui se déroule juste devant, j’ai plus de chance d’y laisser mes deux jambes avant de pouvoir ne serait-ce qu’admirer le dispositif. Et même si la vie de Salem est en jeu, je préfère baliser la route de tout le monde pour lui laisser également une porte de sortie. J’aviserai ce problème plus tard. Pour l’instant, le Fenyang semble s’en sortir pas trop mal, il suffit d’espérer qu’il me laisse assez de temps pour préparer notre issus de secours.

      Claquant des mains, j’attrape un mousse par le cou et en avise quatre autres qui s’arrêtent nets avant de repartir à l’affrontement. Tous se mettent en rond autour de moi et m’écoutent avec une attention particulière :

      Vous ! Vous faites évacuer l’académie ! Orientez les gens vers le géant à terre ! Vous ratissez tous les étages en faisant le plus de bruit possible, vous faites sortir tout le monde, vous prévenez de ce qui va arriver, c’est bien clair ? Civils et Pirates, j’en ai rien à foutre, je ne veux plus personne ici dans cinq minutes !
      Cinq minutes ? Mais c’est trop court !
      Ok… TROIS MINUTES !
      AAAH !!!


      Les cinq hommes filent en courant vers l’académie, hurlant aussi fort qu’ils ne le peuvent. Ils ont du coffre, j’entends leurs tintamarres d’ici. Me tournant vers un autre attroupement qui s’est formé à côté de moi, mes autres directives ne tardent pas à tomber :

      Vous ! Vous allez aider le lieutenant-colonel Jenkins à préparer notre moyen d’évasion. Vérifier que le géant a lui aussi un parachute, puis construisez sous lui une planche qui lui permettrait de mieux glisser dans la neige lorsque nous y serons… Une mauvaise adhésion à la neige pourrait nous en couter la vie.
      Glisser ?... Sur un géant ?
      Juste que là, t’as bien compris mon grand. Maintenant, tu bouges ton cul !
      Mais un géant, ça ne glisse pas !
      La Staline-Board, si… J’ai dit quoi ?!
      Le parachute ! Oui ! Le parachute ! Euh… et vous, vous allez faire quoi ?
      M’occuper de la Barbie, là-bas.


      La Staline-Board. Un grand moment de n’importe quoi à venir. J’ordonne à un autre de me décrocher la promotion que j’ai clouée au mur du château quelques temps plus tôt. Il s’exécute et file ramener Damien vers la luge qui se prépare. Moi, j’avance à pas d’armure géante vers le lieu d’un autre combat. Combat qui n’est pas à l’avantage de mon clan. Je voyais la Commodore Ayame se faire salement malmené par une blondinette sous testostérone. Dans un élan féministe, je me projette entre le blondin et la gradée qui en sont encore à se lancer des piques de langue au lieu de se mettre dessus. Derrière mon armure, il ne peut pas percevoir mon visage, mais par contre, ma voix reste féminine malgré l’écho métallique :

      Commodore ? Vos hommes ont besoin de vos directives… Que diriez-vous de vous occuper de l’évacuation et de guider les civils ? Je m’occupe de remettre ce garçon dans le droit chemin.

      Un vague regard en arrière, le Commodore Ayame se lève avec difficultés en essayant de panser sa plaie béante à l’épaule. Un rictus de mépris plus tard que l’homme en face ne peut clairement pas percevoir derrière mon masque d’acier, j’avance d’un pas vers le jeune blond qui me regarde avec un dédain prononcer. Je ne lis ni crainte, ni autres sentiments sur son visage, sauf peut-être un certain plaisir à être ici. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être pour le sang, les massacres, tout ça… Après tout, un pirate reste un pirate.

      Toi.

      Je le pointe grossièrement du doigt. De mon gros doigt métallique et le vise de celui-ci.

      Je vais te casser la gueule. Et ensuite, je vais te laisser une chance de te rendre.

      En disant cela, l’embout de mon doigt tombe et laisse découvrir un petit canon. Il ne tombe pas vraiment. Comme une mauvaise amputation rattachée par un morceau de peau. Et il laisse découvrir un petit calibre. Comme pour mes cinq autres doigts.

      Tu es prêt ?

      J’espère qu’il sait danser…

      Car au moment où j’ai fini ma phrase, mes cinq calibres déversent sur lui des balles qui le forcent à se mouvoir pour les éviter. Et alors qu’il s’échine à éviter ces projections qui pourraient lui être fatales, c’est à moi de me projeter de tout mon poids vers lui, mon autre poing fermé et prêt à lui assener un coup capable de l’enfoncer sous terre…
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      Un médecin… Le Monsieur me demande un médecin. Je ne dois pas le décevoir. En plus il saigne et à l’air tout fatigué. Il faut que je fasse vite, ou sinon…
      Ou sinon !

      *Snif*

      S’il bous blaiiiiit ! J’ai besoin d’un bédecin !!!!

      Je ne cris pas assez fort. Personne n’a l’air de m’entendre. Alors je rampe, et je continus d’appeler, tout en pleurant. Je ne veux pas qu’il meure, lui aussi. Je veux plus voir de mort, mais il y en a partout. C’est trop triste, trop horrible. Y’a du sang partout. Je veux partir. Mais pas partir toute seule, le monsieur doit venir avec moi. Il doit prendre soin de moi. Ou sinon, il doit m’abandonner. C’est comme ça que ça a toujours marché depuis que j’ai perdue mon Maitre. Mais là, c’est la première fois que je dois faire quelque chose pour mon propriétaire. C’est la première fois que mon propriétaire est en danger.

      Je… Je dois trouver un médecin.

      Mais personne ne me répond. Ils sont tous occupés à courir partout. Je désespère, moi. Je suis fatiguée et personne ne m’écoute. Personne ne m’a jamais écoutée. De toute façon, je ne suis qu’un poisson, alors pourquoi on m’écouterait ?

      Je m’arrête, ne sachant plus où je dois aller. Ne voyant plus où sont les gens. Trop de larmes dans mes yeux, et plus encore qui arrivent.


      S’IIIL BOUUUUS PLAIIIIIT ! OUIIIINININININ ! […]

      Sha, Sha !
      *Snurf*
      Re…Reguin ? Tu bas mieux ?
      Sha Shasha !
      D’a…d’accord…

      Je grimpe sur son nez et il s’envole en rasant le sol.

      Je… Je suis désolé Reguin, bais, ton baître a besoin d’un bédecin, mais personne ne b’écoute..
      *Snif*
      Sha shasha sha sha !
      *Snif*
      Tu… tu crois ?
      Shashasha !

      J’essuie mes larmes, espérant que requin ait raison et que son idée va marcher. Il se dirige là où tous les humains vont. J’ai peur, je n’ai jamais fait ça auparavant, mais il faut que je le fasse ! Pour le Monsieur ! Pour pas qu’il bouge plus ! Pour pas qu’il meure !

      Requin se pose enfin. On et au centre de l’agitation. Sur le dos d’un homme IMMENSE !!! Vraiment vraiment trop grand ! C’est incroyable ! Je n’avais jamais vu ça avant !


      SHA !
      Ah, voui, pardon…

      Je tremblotte à l’idée de ce que je dois faire, toujours quelques larmes dans les yeux… Toujours sur le nez du requin, j’hésite un peu mais me lance finalement :

      S’il… s’il vous plait…
      SHASHA Sha sha sha !!
      S’IL BOUS PLAIIIIIT !!!! J’AI BESOIN D’UN BÉDECIN ! MONSIEUR VA BOURIR SINON !!! OUIINININININ !!! […]
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      « Entouré d'un triple rempart d'airain, là était l'endroit le plus profond des Enfers.
      Ce sombre lieu du monde souterrain était aussi éloigné de la terre que la terre l'est du ciel.
      Dès l'origine ce fut une prison.»

      Le Tartare.


      Crac. Crac ? Crac.

      L'assassin fut emporté par le coup et se retrouva à terre. Il eut rapidement un goût de sang dans la bouche et sa vision se troubla un instant, alors qu'une douleur sourde lui courrait à travers le crâne. Il porta la main à son nez, ne pouvant contenir le flot de sang qui s'en échappait. Le monde tourna autour de lui, mais il enfonça ses doigts dans la neige pour se cramponner à la réalité. Il posa un genou à terre, avisa d'un oeil la moitié de canne en granit marin qui reposait un peu plus loin. Maculée du sang du Corsaire. Un sourire se dessina sur le visage de Rafael, avant que la douleur n'y mette un terme. Il laissa échapper un grognement de douleur, puis tendit la main vers le fragment, l'attrapant à travers son gant de cuir. Le tissu coupait les pouvoirs malicieux de cette arme qui empestait la même énergie que les océans. Il s'appuya dessus pour tenter de se relever. Tremblant, il parvint à se remettre à peu près droit, tandis que sa main gantée suintait de son propre sang. Il ne commit pas l'erreur de renifler, la douleur était déjà assez cuisante comme ça. Mais elle avait un point positif. Elle le maintenait éveillé. L'assassin se redressa, faisant face au corsaire qui asticotait la dépouille de Envy. Son sang maculait tout le bas de son visage et dégoulinait le long de sa tunique, mais il garda au mieux un air détaché. Le reject était encore enfoncé dans la dépouilles de Krabbs. Et c'était de loin sa seule arme, la seule qu'il pouvait utiliser pour se sacrifier. Il fit un pas, enserrant la canne, puis un autre. Il inspira profondément, surpassa la douleur et fit face. Il restait encore une cible. Les assassins terminaient leur travail. Ou mourraient en le faisant. Tuer Envy, et tout serait fini.

      "Désolé, j'ai pas pu résister à l'envie de le faire cuire. Tu sais, les crustacés ..." le toisa-t-il, reprenant peu à peu de sa superbe.

      Cette victoire inopinée avait réussi à regonfler quelque peu ses réserves d'égo, quand bien même elle était due au soutien inespéré du Seigneur Ombre. Et puis, Envy ... Comment ne pas vouloir mettre à bas tout cette morgue qui s'exhalait de lui ? Cette satisfaction qu'il avait de lui-même. Un goût de cendres dans la bouche de l'assassin.


      "Mais pleure pas, princesse, je t'ai gardé une pince." continua-t-il, serrant son gantelet et luttant pour conserver sa dignité.

      Il avait toute l'attention du Corsaire, parfait. Envy regard une dernière fois l'homme poisson puis revint vers Rafael, son regard mêlant haine et répugnance. Les pieds de l'assassin trônaient dans la fumée, qui ondulait au gré de ses efforts.


      "Viens chercher ton baiser, Auditore, j't'assure qu'il va être doux et voluptueux." répondit le Corsaire, toujours une main sur son abdomen.

      Envy se redressa et contracta ses muscles. Une posture qui se voulait intimidante. Mais Rafael était trop préoccupé par son propre état pour se laisser prendre au jeu. Pour ce type, on avait l'impression que le paraître importait bien plus que tous le reste. Pourtant, tous le signes étaient là : Ombre l'avait quasiment tué. Il ne lui restait plus qu'une petite étincelle. Mais une étincelle était souvent le départ d'un incendie, et il pouvait encore souffler l'assassin. Il fallait composer avec les besoins du bord. Hors de question de gâcher la moindre chance. La fumée commença à remonter autour des jambes de Rafael, tandis qu'il agitait lentement les doigts. Envy s'avançait vers lui en marchant. Il ne reculerait pas. Il ferait face. La Révolution vaincrait. Le Corsaire arma son poing. Sa vitesse avait cruellement baissée, mais elle était tout de même suffisante pour dépasser le commun des mortels. Et de loin. Envy grogna. L'assassin n'aurait su dire si c'était de douleur ou de haine, mais le son qu'il émit en aurait fait frémir plus d'un. Il vit le poing dépasser son épaule, sa musculature se gonfler et pressentit le choc.

      Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Rafael. Il avait un avantage non négligeable sur le Corsaire. Son corps n'était plus fait que de fumée. Ainsi, sa vitesse et ses mouvements répondaient autant à sa volonté qu'à ses muscles. Un filet de fumée fit remonter un petit objet blanc au creux de sa main. S'il avait pris garde à attirer l'attention du Corsaire sur lui, s'il avait fait montre de tant de morgue alors qu'il était usé jusqu'au cuir, ce n'était pas pour fanfaronner. La fumée avait glissé à travers les pores de la carapace, explosés par le dial, puis avait lentement extrait ledit dial. C'était la seule arme de Rafael face à des individus de cette envergure. La canne brisée en kairouseki n'était qu'un artifice, destiné à faire douter Envy sur ses capacités à manier la fumée. Non pas qu'il pensait le duper, mais mieux valait se prémunir. Une fraction de seconde avant le coup, l'assassin croisa ses mains en barrage, puis encaissa l'attaque. Elle l'envoya rouler à terre, se fondre dans la fumée. Le poing qui aurait du s'écraser sur son visage ne fit que le faire tomber. Pourtant, le coup aurait du être bien plus puissant. Comme si la majorité de l'attaque avait été absorbée ou était passée au travers de l'assassin. Du moins, c'était ce que devait se dire Envy. Le simple fait de faire remonter le Dial jusqu'à sa main avait été délétère à Rafael. D'autant plus que pour réussir à emmagasiner la force du coup, il lui avait fallu conserver sa forme humaine. Le fragment de canne en granit marin était tombé aux pieds d'Envy.

      Rafael s'appuya sur la paume de ses mains pour se relever. Le monde tournait encore autour de lui. Non, pas maintenant ! Non. Il ne pouvait faillir au milieu de ce combat. Il sentait le pas lourd du Corsaire se rapprocher de lui, prêt à lui écraser le crâne contre le sol. Il ne fallait pas flancher maintenant. Allez, debout ! L'assassin retomba à nouveau. Il inspira profondément puis força de nouveau. Un genou sur le sol. Allez, un second ! Rafael se tenait presque debout face à Envy, mais le Corsaire avait été plus rapide. Il l'attrapa par le col, l'amena à le regarder droit dans les yeux. Son sourire puait l'autosatisfaction. Il le laissa choir, face à lui. L'assassin tint bon sur ses jambes, vacilla en arrière, puis maintint son équilibre.


      "Que tu crèves au moins en homme, hein. Allez, fait bisou." fit le Corsaire, un sourire goguenard sur les lèvres.

      L'assassin peinait à conserver son regard fixe. Il sentait chacune des parties de son corps fourmiller. Il ne fallait pas flancher ! Un sourire absent apparu sur ses lèvres, alors qu'il levait le bras. Il inspira. Tenta de parler. Reprit son souffle.


      "C'est ce qu'on appelle un vent." réussit-il à répondre, appuyant sa main sur la poitrine du Corsaire.

      Le Reject Dial s'appuya contre l'os et libéra toute sa puissance. La puissance du coup d'Envy, multipliée par dix. L'onde de choc résonna entre les deux hommes, puis l'explosion retentit tout autour d'eux. Moindre que celle qui avait secoué Krabbs, mais d'une force redoutable tout de même. L'assassin se sentit voler, rebondissant contre le sol puis s'enfonçant dans la terre et la neige. Pourquoi n'était-il pas parti en fumée comme la première fois ? Une sensation d'extrême faiblesse alliée à une douleur lancinante dans l’abdomen lui apporta la réponse. Le fragment de canne qu'il avait laissé tomber. Il était enfoncé à travers la cicatrice laissée par Salem. Le venin du Granit Marin le fit trembler plus que de mesure. Il s'agissait là de ses dernières secondes de conscience. Envy s'était assuré qu'il ne savoure pas longtemps sa victoire. Il n'était pas né de la dernière pluie. Le coup de l'assassin l'avait certes atteint, mais le contrecoup qu'il avait subit était bien plus cruel que face à Krabbs. Son sang continuait de s'échapper par toutes ses blessures, et le champ de bataille devenait noir, petit à petit. Il serra sa main sur le Reject Dial, et porta l'autre jusqu'au granit marin qui s'enfonçait en travers de son ventre. La fumée commença à se dissiper, tout autour de lui. Puis il se sentit comme aspiré vers la terre. Le temps pour une dernière pensée, avant l'oubli et les ténèbres. Finalement, sa dernière pique n'avait pas été si terrible.


      Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Lun 20 Mai 2013 - 21:48, édité 2 fois
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      Thanatos, Dieu de la Mort
      On raconte que lui et son frère ont fait allégeance à Hadès.



      À côté de lui, les combats faisaient rage. C'était ça la guerre après tout. Bizarrement, il se trouvait dans son élément. Tout ce sang étalé devant lui, la sensation des chairs déchiquetées, les hurlements de douleurs, tout ça le rendait le vivant. Pour la première fois, il se sentait bien. Quel drôle de sensation que celle-ci. Était-il anormal d'aimer ce genre de chose ? Peut-être, peut-être pas … Il n'en savait trop rien, mais une chose était sûre. Il se devait de profiter à fond de l'instant présent. Il aimait se perdre à rêvasser, mais ce n'était ni le lieu, ni le moment.

      Face à lui, la jeune femme était toujours là. Son épaule pissait le sang, mais elle n'avait rien perdu de son entrain. La folie l'avait-elle gagnée ou pensait-elle pouvoir le battre ? La réponse allait s'imposer à elle même assez rapidement. L'excitation le gagner de plus en plus. Il en bavait presque, c'est pour dire ! Il se contenta de se lécher les lèvres, comme pour montrer son impatience. Les postures de combats avaient été adoptées des deux côtés. Tous deux savaient que le combat allait être rude. Les derniers regards étaient en train d'être échangés. Quand tout à coup, une armure vivante fit son interruption. Quel drôle de chose.

      Ylvikel regardait la scène devant lui. L'armure pouvait parler ! Il avait déjà vu ça auparavant et ça s'était plutôt mal fini pour lui. Espérons que l'histoire ne se répète pas de nouveau. En tout cas, une chose était sure. Il avait vu juste. Elle n'était pas n'importe qui. Et plutôt du genre haut gradé. A priori, un grade comme commodore. Un sourire apparut sur son visage. Il n'eut guère le temps de faire autre chose que la voix robotisée lui adressa quelques mots. Qu'avait-elle bien pu lui dire ? Aucune idée, le brouhaha qui l'entourait avait étouffé les sons qui lui étaient destinés. Mais, il allait les deviner bien assez tôt.

      Il était montré du doigt et ne savait pas pourquoi. Mais ça ne présageait rien de bon. Une sorte de pressentiment, mauvais pressentiment. Puis, en un instant, des balles fusèrent de sa phalange. Il n'eut guère d'autre choix qu'essayer de les esquiver. Les premières balles furent évitées assez aisément. Les suivantes se rapprochèrent dangereusement de lui. Mais, elles n'avaient pas encore fait mouche. Il savait pertinemment que les prochaines allaient être fatales. Et la marge de manœuvre était quasiment inexistante. Les balles fendaient l'air et se rapprochaient de lui à toute vitesse. Allait-il mourir ici ? Et d'une façon aussi immonde ? Non, il ne pouvait se le permettre. Dans la continuité de son mouvement, il avait opté pour une esquive à reculons. Il se devait d'être extrêmement réactif pour éviter les prochaines. Mais par chance, il posa son pied d'appui sur une plaque de verglas. Il tomba alors à la renverse. Exécutant ainsi une esquive version matrix. Il avait échappé au pire. Enfin ça, c'est ce qu'il croyait.

      Une ombre cachait la lueur du soleil, mais en même temps, l'aveuglé. Il mit sa main devant son visage et fronça les sourcils. Tout de suite, il reconnut cette couleur métallisée. Aucun doute possible. L'armure avait anticipé sa chute. Le poing fermé, le coup qui allait être porté s'annonçait dévastateur. Et sans raison apparente, il se mit alors à sourire et ouvrit les bras. Son torse était maintenant à découvert. Et, sans aucune hésitation, l'androïde le lui asséna. L'impact fut si violent, que la roche céda sous le choc. La terre trembla et la neige s'envola. Un minicratère s'était formé autour d'Ylvikel. Lui-même était enfoncé dans la roche. Un nuage de poussière entourait les deux combattants et faisait régner le silence. Seul un bruit métallique se fit entendre. C'était le poing de l'automate qui s'enlevait du buste du blondinet.

      Le combat était-il terminé ? Sûrement … Le nuage de poussière se dissipait petit à petit quand tout à coup, un rire se fit entendre. C'était celui d'Ylvikel. Il n'avait pas perdu connaissance, mais était mal en point. Le coup de poing avait dû lui briser tous les os de son torse. Les côtes devaient être en lambeaux et mieux vaut ne pas imaginer l'état de son thorax. Pourtant, il rigolait. Un rire pur et franc. Lorsque le nuage de poussière se dissipa complètement, on pouvait remarquer qu'une grande quantité de sang sortait de sa bouche. Pourquoi n'avait-il pas perdu connaissance ? Aucune idée. Peut-être était-ce dû à l'excitation, ou bien à l'adrénaline, ou les deux. Allez savoir. En tout cas, il était toujours là et fixait cet être métallique. S’il avait une conscience, il serait certainement apeuré par son adversaire.

      Le sourire sur ses lèvres ensanglantées donnait une impression de rouge à lèvres pâteux. Mais il ne fallait pas s'y tromper. La réaction du doc' n'allait pas se faire attendre. Il balança alors son kusarigama. Sa première faucille se fixa sur la trempe du robot. Puis avec sa chaîne, il enroula le bras métallisé et commença à tirer sur le tout. Le but ? Détruire l'armure. Plus il tirait, plus l'étreinte de la chaîne se faisait sentir, et plus la faucille s’enfonçait dans la trempe métallisée. Il fixait cette chose d'un air envieux et prit enfin la parole.

      « Je suis fasciné par ce que tu es. Tu as fait fuir ma proie, la petite rousse. Mais je te pardonne. Tu es bien plus fascinant que l'autre traînée. Tu seras un mets de choix pour mes expériences. »

      Il éclata de rire une nouvelle fois. La posture était peu avantageuse pour ce dernier, mais il avait réussi à renverser la situation. Du moins, c'est ce qu'il pensait …
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      L'idée s'était transmise sur le champ de bataille comme une traînée de poudre. En passant par Lilou, puis par Salem, même par un Stark en état critique que l'on a apporté sur le site où je me trouve. Staline nous fera descendre. Voilà les mots que portent désormais en tête chaque être présent sur le pilier. Déjà, des civils évacués et des soldats de tout genre se rassemblent autour du géant qui servira d'arche de Noé pour y embarquer. Quant à moi, accompagné d'un petit groupe de charpentier, je m'assure que la sécurité déjà précaire de la descente soit de la meilleure qualité possible. Je noue un énième sac de parachute à travers un des énormes maillons restant de la cotte de mailles du géant alors que partout autour on y attache tant bien que mal différents matériaux trouvés sur le moment pour rendre la glissade des plus efficace.

      Car oui, le révolutionnaire d'Erbaff va nous servir de planche à neige, mais aussi d'amortisseur pour notre descente du pilier. Le Staline-Board, c'est comme ça que je l'ai baptisé. Sans l'accord du principal intéressé que j'ai résolu à rejoindre les bras de Morphée d'un bon coup entre les deux yeux. Ce dernier étant tout sauf pour l'idée de l'utiliser comme moyen de transport. Je tente à chaque mouvement d'oublier la fatigue qui assaille chacun de mes muscles, le sang est même presque omniprésent sur mon épiderme bicolore.

      Et comme je fixe une planche au dos, du géant évanoui, une odeur des plus incohérentes me surprend soudainement les narines.

      "Derrière!"

      Ce sont à la fois Dark et mon instinct guerrier toujours alertes sur un tel champ de bataille qui m'avertissent du danger. Automatiquement je fais volte-face, dégainant deux bras aiguisés à souhait devant l'ennemi. L'odeur reconnue? Une odeur de sel, d'algues, de poissons. L'odeur de la mer. Une odeur ressemblant à celle de Krabbs. Soudainement, un requin volant sertie d'une sirène en larme s'écrasent tous deux sur le dos de Hijiro, visiblement paniqués.

      J'ose un assaut, mais arrête soudainement ma démarche lorsque je réalise que l'âge de la sirène mais aussi leur propension à demander de l'aide plutôt qu'à combattre.

      S’IL BOUS PLAIIIIIT !!!! J’AI BESOIN D’UN BÉDECIN ! MONSIEUR VA BOURIR SINON !!! OUIINININININ !!!

      Avant même qu'une démarche diplomatique ne soit mise de l'avant, la gamine à queue de poisson vient gracieusement me détruire les tympans. Alors qu'elle pleure de détresse, elle et son squale de compagnie pointent tout deux dans une même direction. Envy s'écrase au sol, brutalement abattu par Rafaelo qui s'enfonce aussi dans la neige pour ne pas s'en relever. Elle veut sauver Envy?! Sauver un homme aussi détestable?!

      "Quelle idée…"

      -Tu l'as dit…

      Je m'apprête à renvoyer la jeune sirène d'où elle vient lorsque je capte quelque chose qui m'arrête à nouveau. Ses yeux.

      Deux immenses miroirs baignés de détresse et de tristesse qui me fixent. S'accrochent à moi comme on s'accroche à une bouée. Mais le plus étonnant, c'est qu'ils me fusillent de pitié, sans un instant sembler se poser une quelconque question quant à mon apparence. Puis, m'apparaît l'emblème de la Marine. Blason immuable dressé sur le dos de chacun des hommes autour de moi, il semble me parler, m'obliger à intervenir. M'obliger à faire passer la justice par le sauvetage d'un homme à qui ce concept semble inconnu. Je dois sauver Envy, c'en est presque devenu une certitude.

      ***

      Au milieu des cadavres, du sang et des corps à l'agonie, un ange se tient toujours debout. L'ange revêtant un sarreau qui a tout perdu de sa blancheur immaculée ausculte puis appose bandages et différents onguent sur un homme dont un bras est manquant. Insensible aux râles, aux coups de feu et aux cris de guerre, il reste concentré sur son ingrate tâche que de guérir ce pirate dont il ne connait même pas le nom.

      Puis sa besogne terminée, Numéro 4 entame la guérison d'un autre homme gisant tout près, bandages et attelles au clair. Ayant récemment trouvé un moyen de s'extirper de l'académie et d'échapper aux griffes de pirates trop puissants, il appose son divin touché à chacun sur tous les damnés blessés qu'il trouve sur son chemin.

      -NUMÉROOOOO QUAAAAATREE!!

      Il reconnait la voix, ferme les yeux un court instant, comme dans une légère exaspération. Mais il semble néanmoins étonné lorsque le Double Face qu'il aurait cru voir arriver à la course est en fait sur le dos d'un squale volant, accompagné d'une sirène.

      -Hum…quelle entrée….singulière…Oswald.

      -Numéro Quatre, j'ai un patient pour toi. Vite!

      -Mais tous ces hommes gisants sont mes patients, Oswald!

      -Pas le temps d's'étendre en palabres! Viens!

      ***

      -Guéris-le! S'il-te-plaît!

      -Ouh, le Corsaire Envy, un patient d'envergure.

      -Berdi bonsieur…

      -Mais de rien mon enfant.

      J'ai laissé le soin à certain de mes hommes de s'occuper de la préparation de Staline, au chevet du corsaire qui m'a si puissamment frappé tout à l'heure, je cuve mes douleurs musculaires en attendant la fin de l'opération du Doc. La traversée du champ de bataille s'est faite particulièrement rapidement sur le dos du requin volant. La gamine semble reconnaissante, je n'ai même pas prit le temps de lui demander son nom. Peu importe, il faut parfois s'avoir garder des choses pour plus tard, peut-être même ne le saurais-je jamais.

      Je jauge les environs, Rafaelo gît dans son propre fluide vital qui a cessé de s'étendre autour de lui.

      "Pauvre bougre."

      -Hmm…

      Oubliant peu à peu mes blessures, je traverse la distance me séparant de l'assassin dans le but de l'embarquer, et ainsi, le livrer au gouvernement. Cela reste tout de même mon devoir que de débarrasser le monde des criminels, même si, durant quelques temps, ceux-ci ont été mes compagnons d'arme. J'en suis presque à me pencher vers Auditore lorsqu'une masse carmin tout près attire mon attention. Mes pupilles glauques se posent sur un amas de chair informe grouillant de petits crustacés paniqués. Le cadavre de Krabbs.

      -Oh bordel Gabriel, je veux même pas comprendre comment t'as pu littéralement le réduire en bouillie. pense-je tout haut en regardant avec un certains dégoût la triste dépouille du puissant seigneur des mers. Et dire que j'ai participé à un tel massacre, j'en éprouve presque une légère honte lorsque j'en vois le résultat.

      "N'empêche on a eu un plaisir fou! Non?"

      -…

      Alors que je survole une dernière fois des yeux le triste spectacle, un objet recouvert de petits crabes parasitiques trônant au milieu des chairs en bouillies de Krabbs m'apparait. Ignorant du mieux possible l'odeur dégoûtante et la chair toujours chaude, je chasse du revers de la main les crabes pour être soudainement prit d'une hésitation à la vue de l'item.

      La lettre du Corsaire.

      Cette lettre est en elle-même une des raisons pour lesquelles tant d'hommes s'affrontent aujourd'hui. En elle-même elle représente un enjeu politique incroyable. Combien de gens pourraient tuer pour la simple possession d'une telle relique? Combien de conflits pourraient naître de ce triste morceau de papier? Beaucoup trop. La décision me semble peut-être un peu trop rapide et tête en l'air, mais je ne peux me permettre de laisser cette lettre ici.

      "Alors on va devenir Corsaire! Ouuuaaais!"

      -Non, Dark.

      M'assurant distraitement que personne ne regarde, je me saisi de la lettre et la fourre dans la poche de mon pantalon, m'empressant ensuite de m'éloigner de l'endroit.

      Peut-être viens-je de faire une décision des plus mauvaise, mais peut-être aussi ai-je sauvé de nombreuses vies. Peu importe, seul l'avenir me répondra quant à une telle destinée.


      Dernière édition par Oswald Jenkins le Mar 21 Mai 2013 - 22:32, édité 1 fois
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        - C’est pas vrai…

        En une seconde. En une seconde seulement, tous les hommes qui m’encerclaient et qui couraient au cœur de la bataille comme moi étaient tombés. Tous sans aucune exception. Je l’avais vu de loin. La lame sensée se planter dans mon dos et me perforer jusqu’au cœur. Mais grâce à mon haki mal perfectionné, j’avais une nouvelle fois réussi à m’en sortir de justesse. Autour de moi, c’était une véritable hécatombe. Du jamais vu pour ma part, j’vous dis. J’avais porté un regard vers mon lieutenant Marone, avant d’écarquiller les yeux d’effroi. L’homme était complètement à l’agonie. Et lorsque mes yeux se posèrent enfin sur le meurtrier, mon cœur ne fit qu’un bond, avant que tout mon corps ne se paralyse instantanément. En un seul regard seulement, la détermination et la confiance que j’avais, s’envolèrent pour laisser place à une peur des plus terribles. Ce type… Il n’y avait pas de doute possible… Mais penser qu’un tel combattant, serait là, sur Drum, à supporter sa faction… C’était fou… Je crois que c’est à ce moment-là que j’eus un déclic concernant la mort d’Alleyn. A bien voir les choses, on pouvait mettre le meurtre de notre vice-amiral bien aimée au compte de ce type qui trônait devant moi, l’air serein, et bien décidé à me faire la peau…

        Qui est-ce qui dans le gouvernement mondial ne connaissait pas cet homme aussi mystérieux que complètement dangereux ? Sa prime était tellement colossale que personne ne pouvait nier son existence. Et puis, il y avait le mythe selon lequel il apparaissait à ses victimes, histoire de leur faire comprendre pourquoi elles allaient mourir. La bonne blague. Parce qu’au bout d’un moment et malgré toute la fumée qui nous entouraient ainsi que les bruits d’explosions, je ne comprenais toujours pas pourquoi il en voulait à ma vie. Le simple fait d’être marine et de défendre la justice pour tous ? Moyen comme raison, quand même. Même si finalement, je n’avais pas à me préoccuper d’une telle chose à l’heure actuelle. Autant dire que là, je ne me battais plus vraiment pour délivrer Drum, mais bien pour rester en vie, ainsi que défendre celle des miens. Face à la destruction imminente du pilier et à l’évasion des révolutionnaires, nous n’avions plus trop le choix. Il me fallait impérativement sonner la retraite. Serrant la garde des meitous dans mes mains, je me mis à tournoyer sur moi-même de sorte à dégager toute la fumée qui nous tournait autour. Dans un large périmètre, celle-ci s’envola aussitôt, et la scène autour de moi redevint on ne peut plus nette.

        C’est alors que je pus apercevoir mes hommes bouger activement. Soit ils avaient d’eux même compris la merde dans laquelle nous étions et agissaient en conséquence, soit un officier leur en avait donné l’ordre, mais dans tous les cas, c’était bon. Je reportai alors mon attention sur mon adversaire, le visage ferme. J’aurai pu moi aussi battre en retraite, mais ce connard d’Ombre venait de tuer l’un de mes plus brillants élèves. Élève que je considérais comme mon petit frère d’ailleurs et qui était certainement le seul à pouvoir calmer Ketsuno lorsqu’il lui arrivait fréquemment de s’énerver. Mon cœur saignait et mon âme criait vengeance. Mais à quel prix ? Celui de ma vie ? Parce qu’autant le dire, ce mec me surpassait clairement question force. L’aura qui l’entourait était celle de la mort. De quoi vous filer la chair de poule, je vous jure. « Faire exploser le pilier alors qu’il y a encore des civils… C’EST CA VOTRE FAMEUSE RÉVOLUTION ?!! » Étonnamment, l’homme ne broncha point, ne sourcilla point. Son visage était resté le même, et seuls ses yeux me montraient à quel point il était déterminé à finir sa tâche ici. L’Auditore était un enfant de cœur à côté d’un type pareil. C’était clair et net à mes yeux : Le seigneur Ombre était prêt à tout pour nous nuire !

        Si je pestai dans un premier temps, je finis par foncer sur lui. Mon adversaire fit de même, et nos lames s’entrechoquèrent avec véhémence. Suite à notre contact fougueux, un gigantesque ouragan se forma autour de nous et balaya littéralement tout ce qui se trouvait autour de nous. Hommes, neiges, arbres… Bref, tout y était passé. Mais rapidement, notre duel se déséquilibra. Ma haine ne semblait pas aussi forte que la sienne. Ni ma force. Car en un seul coup de pied, l’homme me catapulta vers l’un des nombreux murs du château royal. Si le coup avait endolori mon torse, je me repris bien vite lors de mon vol plané en multipliant les pirouettes, et me réceptionnant comme un chat sur le mur dans lequel j’aurai du m’encastrer façon phonéglyphe. Fléchissant mes genoux, je poussai ensuite sur mes jambes, avant de me projeter littéralement vers mon adversaire qui semblait m’attendre de pied ferme. En un mouvement vif, je créai une vague d’air qui fonça sur Ombre. Ce dernier l’écarta d’un simple geste de sa lame, avant de contenir une nouvelle fois mon meitou qui avait manqué de percer son cœur. Alors qu’il recula très légèrement, je me mis à enchainer des coups d’estocs. Mais la facilité avec laquelle il les parait ou les évitait était bluffant…

        - Tu es lent…

        Suite à sa phrase sinistre et glaciale, Ombre me dépassa soudainement, alors que la blessure que m’avait précédemment infligée Il Assassino s’ouvrit encore. Du sang jaillit par la suite, et la douleur m’extirpa un gros râle. Elle se diffusa tout le long de mon bras gauche à un tel point que je faillis lâcher Durandal. Je tins bon cependant. La poigne qui serrait la garde du meitou le prouvait bien. Mais alors que je titubais, mon haki me prévint qu’Ombre me chargeait une nouvelle fois. Effectuant un bon périlleux, j’évitai sa lame qui tentait de me transpercer, avant d’essayer de lui infliger un coup de pied dévastateur. Malheureusement, l’homme était bien trop avisé et bien trop expérimenté pour se faire avoir ainsi. Il bloqua mon pied d’une seule main, l’agrippa fermement, et me balança avec véhémence au sol. Suite au choc, je crachai du sang, avant de rouler par terre. Je me relevai rapidement en essuyant rageusement mes lèvres ensanglantées et gercées par le froid mordant de Drum. Il était peut-être temps de partir vu le chaos qui régnait et la précarité des lieux, mais je n’en avais pas fini avec lui. Aussi l’avais-je chargé une énième fois. Quelques instants plus tard, j’étais encore au sol, le corps couvert d’estafilades en tout genre. Il était fort. Bien trop fort pour moi…

        - C’est pas fini…

        A peine avais-je fini de murmurer que je me redressai, avant de lui balancer une gigantesque lame de vent sur la gueule. On allait bien voir ce que ça allait donner…
        Tout portait à croire qu’à cause du brouillard, Ange avait fui du mauvais coté. Au lieu de rencontrer les bords du pilier, et une éventuelle échappatoire, il s’était retrouvé au beau milieu d’un champ de cadavres et de corps agonisants. Mais le plus surprenant encore, c’était qu’il n’y avait plus grand monde. Les révolutionnaires avaient presque tous fui, la marine était en train de les imiter, et il ne restait plus que les pirates, hébétés, privés de leurs chefs, et dont les plus optimistes commençaient à crier timidement victoire tandis que les plus malins se demandaient si c’était une bonne idée d’être les seuls à rester sur le pilier.
        Ça et la, il y avait encore des combats, et celui qui se faisait à proximité du château avait l'air particulièrement violent, mais dans l’ensemble on pouvait penser que l’affrontement touchait à sa fin.

        Ignorant, comme tout l’équipage de Krabbs, l’imminence de l’explosion, la peur d’Ange avait disparu: apparemment, il avait choisi le bon camp ! Maintenant que la bataille se terminait, il allait pouvoir se lancer dans un travail aussi vieux que la guerre elle-même : celui de détrousseur des champs de bataille !
        Après avoir fouillé quelques corps, il était entré en possession d’une paire de dagues qui pourraient remplacer celles qu’il avait perdues, d’une paire de bottes presque neuves dont il pourrait tirer un bon prix, et de quelques berrys en petites pièces.

        ***

        Au fur et à mesure de ses déambulations, le voleur arriva sur ce qui avait du être l’épicentre du champ de bataille. La neige y avait tellement été malmenée qu’elle tenait maintenant plus de l’agglomérat de boue, de sang et de mucus. De larges trainées maronâtres s’étalaient un peu partout, et on devinait qu’ici le combat avait été terrible.
        Et soudain, à sa surprise, Ange reconnut le premier visage familier depuis son arrivée en haut ; enfin si l’on peut qualifier de visage une figure encapuchonnée. En tout cas, c’était une figure qui s’était fait pas mal d’ennemis en venant à Drum. Et apparemment un de trop, puisque l’homme était à terre, immobile, et assez salement touché.

        Eh, mais ce gus, étalé par terre, on dirait…
        Ra…Rau… euh… Auditore !!!
        Tu crois que c’était ce nom la ?
        Hum, ce n’est pas très grave. En tout cas, il m’a l’air d’en avoir bavé, l’homme fumée !
        C’est ce gars qui à massacré tous mes compagnons, d’après Barbie. Des fois qu’il respirerait encore, je pourrais peut-être… lui enfoncer ma hachette dans le crâne ! Histoire de dire que je me suis vengé, et tout ça…
        Tu perds ton temps. S’il est mort, le tuer un peu plus ne servirait à rien, et s’il ne l’est pas, il se transformera encore en fumée et tu te seras fatigué inutilement.
        Mais, quand même…
        Celui qui à réussi à le mettre dans cet état malgré la fumée devait être sacrément plus fort que toi, alors laisse tomber !


        Ange resta un moment à regarder le corps de son ennemi, puis se ravisa. Bien sûr, il ignorait l’existence et l’utilité d’objets comme le granit marin, ni ne pouvait deviner qu’il en trainait encore dans la blessure de l’assassin. Et de toute façon, un autre cadavre un peu plus loin accapara toute son attention.

        C’est CRABE ! Ou… le gars avec un nom qui ressemble, en tout cas.
        Un jour, il faudra vraiment que tu essaies de retenir les prénoms des gens qui t’entourent.
        Pour quoi faire ? C’est important ?
        Mh, non, pas pour le moment : regardes plutôt, on dirait qu’il est mort. Il ressemble plus à une bouillabaisse qu’à un cadavre, même.
        Ça veut dire que les pirates n’ont plus de chef ?
        Oui, et ça veut aussi dire que tous les objets précieux que peut posséder Kramachin sont à toi ! Et un capitaine, ça en a forcément !
        A le voir, il n’a pas l’air très porté sur l’objet de luxe…
        Réfléchis, il en a forcément au moins un : celui à cause duquel il s’est retrouvé ici, et celui à cause duquel on t’a envoyé dans ces montagnes pourries : la fameuse lettre de corsaire que voulait Satoshi.
        Mais alors, ça se pourrait que… ?
        Oui ! Elle est surement juste la, dans une de ses poches ! Pense à tout ce que tu pourrais en faire ! De l'argent, ou l'échanger contre un amnistie... ou mieux encore !!


        Mais, en s’approchant du cadavre de l’homme poisson, une mauvaise surprise attendait le voleur : quelqu’un avait eu la même idée que lui. Au moment où il arrivait, le quelqu’un en question enfournait dans sa poche ce qui ressemblait fort à une enveloppe pliée en deux.
        Voler le butin d’un pirate sous les yeux de ce pirate, ce n’est pas une chose à faire ! Après avoir tiré l’une de ses pires têtes d’abruti possible sous l’effet de la surprise, le second des Truands sentit monter en lui une bouffée de chaleur.

        Il n’eut pas à réfléchir longtemps : même vu de dos, on voyait bien que l’homme était mal en point. C’était un gradé de la marine, d’accord, comme en témoignaient ses galons, mais son manteau blanc était taché de sang et ses blessures saignaient encore. A le voir, il avait tout du brave marine qui s’était donné à fond pendant le combat, et qui, malgré toutes ses blessures, avait traversé le champ de bataille pour accomplir un dernier acte héroïque. A l’inverse, Ange ne s’était presque pas battu, il n’était pas blessé, et se sentait globalement frais et dispos. Contrairement à ce que dis l’adage, l’avenir n’appartient pas à ceux qui se lèvent tôt : il appartient à ceux qui restent tranquillement dans leur lit, et qui attendent que ceux qui se sont levés tôt soient fatigués pour leur piquer leur place ! Si Ange était un lâche et un peureux, attaquer un homme déjà à moitié mort ne lui posait pas de problème !

        Après avoir vérifié qu’il n’y avait personne aux alentours –ce qui était plus qu'hasardeux, avec le brouillard ambiant-, le sauvage empoigna sa hachette dans une main et une dague dans l’autre, puis se prépara à attaquer. D’abord, alors que le marine s’apprêtait à repartir, le sauvage ouvrit deux petites portes d’à peine une trentaine de centimètres : l’une devant lui et l’autre juste au niveau de la cheville de son adversaire. Généralement, un coup de hache dans la jambe, ça n’a pas son pareil pour arrêter quelqu’un ! Il passa sa main tenant la hachette à travers la porte, et celle-ci ressortit quelques mètres plus loin par la seconde, juste à côté de la cheville d’Oswald. Sans hésitation, Ange lui flanqua un grand coup !

        Selon son plan, il ne lui resterait ensuite plus qu’à se transporter tout en entier jusqu’à son adversaire, lui coller une dague sous la gorge, et à lui lancer un truc du genre :

        - Toi, mon coco, tu vas regretter d’avoir voulu faire du zèle ! C’est MON butin que tu embarques !!
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        Je suis fasciné par ce que tu es. Tu as fait fuir ma proie, la petite rousse. Mais je te pardonne. Tu es bien plus fascinant que l'autre traînée. Tu seras un met de choix pour mes expériences.

        En voilà un autre avec un violent complexe de Dieu. Entre le Damien et lui, j’ai eu ma dose. Il commence à sérieusement m’échauffer : son arme est coincée dans l’une de mes jointures et je n’arrive pas à la retirer à la main. Sa chaine comprime l’acier, sans forcément le déformer. Quoiqu’il en soit, il m’immobilise et pense s’en tirer comme ça. Malheureusement pour lui, je n’ai pas vraiment l’intention d’être l’une de ses expériences. Et ça tombe mal, lorsque je ne suis pas d’humeur, je deviens violente. Je finis par me lasser de lutter pour me défaire de sa prise. S’il pense m’avoir comme ça, il se fourre le doigt dans l’œil et jusqu’au coude. Il ne m’en faut pas plus pour attraper la chaine dans ma grande main et de tirer un grand coup sec dessus. Lui est projeté contre mon poing présentement fermé dans un grand bruit métallique qui a vite fait de le mettre au sol. S’en suit un coup de pied dans les côtes qui le projette quelques mètres plus loin.

        Il ne me reste plus qu’à le cueillir…

        Voilà, tu peux te rendre maintenant.

        Difficile de dire non lorsqu’on a un canon braqué sur soi, n’est-ce pas ? De toute façon, Barbie n’est plus apte à lutter pour choisir quoique ce soit, encore moins à rester conscient. Le coup a vite fait de lui remettre les idées en place, couplé à la violente offensive de tantôt, il n’est plus en état de faire long feu. Encore moins de penser.

        Je prends ton silence pour un oui.

        Je dis ça en le hissant sur mon épaule. Lorsque je me retourne, c’est numéro quatre, une sirène et Oswald que j’aperçois. Lorsque je m’approche d’eux avec ma prise, c’est Envy que je remarque à terre, inconscient. Au moins, numéro quatre prend soin de lui. J’avise autour et remarque la présence de Rafaelo. Oswald est rapidement pris à parti pour un autre pirate qui lui reproche dieu sait quoi. J’attire l’attention du médecin, qui s’empresse d’ignorer l’altercation entre les deux autres : ils sauront se débrouiller avec leurs testostérones. Je ne fais que dire à Oswald de se hâter de régler le problème : on ne va pas tarder à s’envoler.

        Ou ça en est ici ? Il va s’en sortir ?
        A priori… Tension basse, mais présente, pouls faible mais toujours là, je l’ai stabilisé. L’hémorragie est contrôlée. Il faudra que je fignole plus tard, mais pour l’instant, il devrait s’en tirer.
        Bien. Et pour lui ?
        Mh…

        Quatre se relève et s’essuie les mains dans une serviette qu’il sort de son sac de premier soin. Je l’aide à mettre l’assassin sur le dos, mais à peine nous le bougeons que sa plaie pisse le sang. Il comprime avec son linge du mieux qu’il peut, et dès qu’il sent qu’il peut regarder, il me décrit :

        La barre contrôle l’hémorragie, je ne vais pas la retirer tout de suite. On va colmater, bien fixer la barre pour éviter qu’elle ne bouge pendant le déplacement, et panser la plaie et autour de la plaie.
        Bien.

        Il sort des bandes et me demande de surélever son corps. Il commence à faire plusieurs tours, enroule la barre qu’il a dans le ventre, continue ses soins. Il me jette de temps en temps des coups d’œil en s’interrogeant sur ce que je suis. Il a reconnu ma voix, mais ce demande ce que je suis. L’explication viendra plus tard. Je regarde au tour pour voir qui il reste concrètement.

        Bon… Si leur état est stable, je vais les ramener vers le géant. Si ça vous va…
        Faites, j’ai du travail.

        J’attrape Rafaelo et le jette sur le blond de tantôt qui ne m’a pas quitté. Je prends soin d’épargné sa blessure : vivant, il aura plus la joie de profiter du confort d’Impel Down. Je reviens vers Envy en évitant de me mêler des affaires d’Oswald et son nouveau copain. La sirène à ses côtés n’a pas bougé, et en me voyant approcher, fait tout pour le protéger de son petit corps. Je me montre bienveillante, et lui adresse la parole :

        T’as entendu ce qu’a dit le médecin ? Il va s’en sortir. Le truc, c’est que si on ne part pas tout de suite, nous allons tous mourir. Tu ne veux pas qu’on meurt, n’est-ce pas ?

        Elle sanglote toujours, mais vu tout l’entrain qu’elle a mis à lui sauver la vie, je me permets de poursuivre :

        On va te ramener avec nous, d’accord ? On va faire un truc absolument cool… La Staline Board ! Ton copain le requin pourra venir aussi, si ça te va…

        La sirène hoche simplement la tête. Je lui tends la grande main d’acier dans laquelle elle se hisse et se love. Le requin me suit de près. Moi, j’attrape Envy dans mon autre main et prends le pas vers le géant. Lorsque j’y arrive, il y a du monde tout autour. J’y pose les blessés, ainsi que la sirène. J’ordonne d’attacher les personnes inconscients pour éviter qu’elles ne tombent durant la descente, de menotter les deux zigs que je pointe du doigt. On s’active. Que ça soit pirate ou marine, tous se bougent pour faire en sorte que la Staline Board soit parfaite. Et lorsque je me retourne pour vérifier qu’il ne reste personne ne vivant et encore apte à être sauver, c’est Mihai que je vois sortir de l’académie, la démarche chancelante, Rikkard à ses trousses qui tente de le raisonner. Ce que je constate mieux encore, c’est l’absence flagrante de son bras et le sang qui perle le long de sa manche et tâche ses vêtements.

        Mihai ?!... NUMERO QUATRE !

        Les quelques marines qui l’ont vu sortir ainsi que Numéro quatre s’active pour lui sauver la vie. Un marine le rattrape alors qu’il manque de se casser la figure, un autre l’allonge par terre et lui déchire ce qui lui reste de manche pour qu’on admire la plaie. Numéro quatre finit par venir voir ce qu’il en est. Lorsque j’arrive à son niveau, le diagnostic tombe :

        Pour lui… pour lui, je ne peux pas faire grand-chose sans son bras. L’amputation est franche, mais si on ne lui fait pas un garrot immédiatement, il va se vider de son sang. Tenez-moi ça.

        Il laisse ses affaires à un matelot à ses côtés qui les garde précieusement. Il ne garde d’une ficelle qu’il nous autour de son moignon. Il fouille dans son sac, fronce les sourcils et me tend alors son scalpel :

        On va maintenir la pression avec le garrot. Il faut cautériser la plaie. Vous pouvez me faire chauffer ça ?
        Avec plaisir.

        Le lance flamme dans mon bras sort de son rangement et s’active. Je n’ai pas beaucoup d’autonomie, mais la flamme a vite fait de réchauffer le métal stérilisé. Le médecin retourne s’occuper de la plaie, déchire le vêtement, désinfecte, nettoie du mieux qu’il le peut : Lorsque numéro quatre relève les yeux, il me stoppe d’un signe de main et reprend son matériel :

        Voilà, ça ira. Merci. Je n’ai pas d’antidouleur, ou de morphine l’ami. Ça va piquer un peu.

        La suite, on la connait. Ou plutôt, Mihai la connait.

        Je n’ai pas envie d’entendre un vieux qui aurait l’âge d’être mon père si j’avais dix ans de moins me gueuler dans les bronches sa douleur. J’esquive et me plante à quelques mètres du Staline. Les gens terminent les finitions pour la planche, vérifie le parachute. Moi, j’ordonne :

        DEUX MINUTES ! IL VOUS RESTE DEUX PUTAIN DE MINUTES POUR REJOINDRE LA STALINE BOARD ET VOUS TIRER D’ICI A PEU PRES EN VIE ET ENTIER, C’EST CLAIR ? PASSE CE DELAI, VOUS AVEZ PERDU VOTRE TICKET DE SORTIE !

        Bizarrement, la déclaration fait son effet. Tous ceux à côté se ruent vers le géant pour au moins le tenir d’une main. Les autres curieux se rapprochent et sont rapidement mis au fait. Je me tourne vers Oswald qui se bat toujours contre l’autre gusse. Un peu plus difficilement, mais toujours quand même.

        OSWALD ! BOUGE-TOI LES MICHES, BORDEL DE MERDE !

        Pour la suite, l'issue de cette aventure est à la charge de Salem. Les yeux sont braqués sur lui et son affrontement qui coupe le souffle. J'ai espoir qu'il y arrive. J'ai espoir qu'il gagne. Mais ses plaies se rouvrent, et l'espoir s'amenuise. Deux minutes, c'est ce qu'il lui reste pour fuir. Je sors de ma coquille, laisse Bee reprendre sa forme de canard devant tout le monde. Un canard comme avant, de plus d'un mètre, massif. Je n'ai plus d'armure pour me protéger de rien... Et je lui demande, à lui, à ce canard...

        Si Salem n'arrive pas à rejoindre la Staline Board... Evacue-le, d'accord ?
        Kwak...

        Il hoche la tête, se recentre sur l'affrontement en gardant ses yeux rivés sur Salem. Moi, je retourne vers le géant, m'accroche à l'un de ses vêtements fermement, et commence à ordonner à ceux présent de pousser vers le bord du pilier.

        Le départ est proche.

        « Je chante Artémis au fuseau d’or, tumultueuse, vierge vénérable, qui perce les cerfs, qui se réjouit de ses flèches, sœur d’Apollon à l’épée d’or, qui, par les montagnes boisées et les sommets battus des vents, se charme par la chasse, tend son arc tout en or et lance des traits mortels. »
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        Je ne l'ai pas vu venir celle là. Du moins, pas assez rapidement. C'est un bruit de pas hésitants se rapprochant de façon un peu trop agressive qui ont titillé mon ouïe surdéveloppée et m'ont alerté.

        Blade Mode 1

        Rapidement, un blizzard interne afflua dans mes veines et ma chair, solidifiant et acérant l'essence même de mon épiderme et ce sur chacun de mes membres. Au moment où je fais volte face vers une possible menace, une hachette m'octroie un vil croc-en-jambe, me faisant basculer dans la neige.

        "Oh bordel! Y'en a marre!"

        -J'n'aurais pas mieux dit…

        Malgré ma perte d'équilibre, je profite de ma chute pour enchaîner une roulade arrière fluide malgré mes blessures. Celle-ci me permet de me retrouver à nouveau debout et de reprendre contenance, face à un adversaire des plus improbables. Son teint basané indique ses cheveux d'une tendance discutable indique clairement un homme du sud, probablement un pirate de Krabbs. Mais à peine ai-je le temps d'obtenir un contact visuel avec ce dernier qu'il disparait littéralement de ma vue. Comme aspiré dans un néant soudain.

        "Derrière!!"

        -Ah merde..!

        L'avertissement me donne simplement le temps de métalliser mon cou qu'une dague s'y ricoche dans un tintement puissant. Je dois me dépêcher de contre-attaquer. D'un rapide mais douloureux contre-balancement de mon buste, je tourne sur moi-même, bras détendu, pour trancher toute chose se trouvant dans le diamètre de mes deux bras. Mais mon adversaire semble à nouveau absorbé par un néant.

        -Que..!?

        "Qu'est-ce que c'est qu'ce foutoire?!"

        -J'en sais rien!

        "Bouge!!"

        J'obéis, je fléchis les genoux dans un ultime mouvement lorsque je vois une bras armé d'une lame surgir de nulle part pour m'estoquer de front. La lame frôle mes cheveux gazonnés, y coupant une mèche qui s'envole dans le froid matinal. C'était moins une. Comme pour m'assurer de ne plus être frappé en traître d'une telle sorte, je tournoie à nouveau, faisant se lever cette fois un lourd nuage de neige s'accumulant du même fait dans la brume se dissipant peu à peu. Ainsi camouflé, j'écoute et renifle à la recherche de mon agresseur. Qui est-il? Que veut-il? De quoi est-il réellement capable.

        "Y'a qu'un seul type sur Grand Line avec une tronche du genre. Ange Del Flo, primé à 35 millions. "

        -Y manquait plus qu'ça…

        Je mets un terme à mon discours intérieur lorsque je capte un mouvement à travers la brume. D'une forte propulsion des jambes, je m'y élance, fendant l'air, la neige et la poussière de mon corps. Il est là, le roublard aux dagues. Ah. Non. Il n'est plus là. Encore une fois il est disparu. Comment fait-il?!
        Une hachette vole jusqu'à moi à une vitesse telle que je dois me résoudre à la parer d'un avant-bras tranchant.

        -Un fruit du démon, certainement. pense-je tout haut alors que soudainement un pied vicieux surgit non loin de moi pour écraser ma botte usée.

        -Aïe!!

        Un poing surgit du néant et se largue avec fougue sur mon nez, y laissant un flot de sang désagréable. Et alors que je m'apprête èa battre en retraite d'une manière ou d'une autre, je capte un lointain gloussement.

        -Héhéhé! Pauvre idiot!

        Il est là, à une quinzaine de mètres, Ange Del Flo se moque de moi avec un plaisir renouvelé, camouflé derrière la fumée d'échappant d'un cratère. J'ai comme un doute en l'apercevant, ne fait-il pas partie de l'équipage des Truands? Ne devait-on pas avoir formé une "alliance"?

        "Ce sont des pirates, ils en ont rien à foutre…"

        -Bien vu.

        Peu importe, je lui donne la charge et comme de fait, au moment où je lui assène une violente droite, son corps se met à tournoyer sur lui-même comme une porte battante.

        -Putain…

        Et le revoilà qui disparait à nouveau dans une faille spatiale dont la provenance m'échappe totalement. Mais une chose est certaine, je ne me laisserai pas avoir au même jeu une seconde fois. Je fais volte face avec véhémence et tire la manche de mon bras droit pour en révéler une arme que je garde toujours bien accrochée à mon avant bras. Un bon vieux six-coups. À peine vois-je le voleur surgir au loin que je m'empresse de lui mettre une balle dans l'épaule. Déstabilisé, ce dernier ne peut réagir rapidement lorsque je dévore la distance nous séparant pour l'envoyer valser au sol d'un fourbe coup de pied au flanc.

        -Ça t'apprendras…

        Mes muscles cris néanmoins la fatigue. Esquiver tant de coups m'a tristement amoché. Continuer un combat d'un tel type me serait ultimement mortel. Je me dois d'y mettre un terme rapidement. Me dirigeant vers le pirate, je lui écrase mon pied sur le ventre sans lui laisser un instant la chance de riposter. La balle enfoncée dans son épaule m'a gravement permis de regagner du terrain dans ce duel impromptu.

        Et un cri traverse le pilier pratiquement vide, mais toujours couvert de fumée. Un cri féminin qui a tôt fait de m'interpeller. Lilou. Je dois me grouiller. Cependant, la distraction provoquée par l'appel de Lilou a été assez longue pour que mon adversaire puisse trouver un échappatoire. Se fondant dans le sol d'un simple pivotement de sa personne, il s'en remet à nouveau au néant avant de réapparaître derrière moi. Cette fois, il passe à l'offensive. Ignorant la balle fichée dans son épaule, il enchaîne les coups de dagues en frappant habilement et agilement. Toujours tentant d'exploiter mes points faibles.

        Mais je ne peux me permettre de faire durer un tel combat, chaque seconde compte avant l'explosion du pilier. Le temps presse. Mais inextricablement, je me dois de toujours rester sur la défensive avec que la pluie de coups de dagues s'accumule sans que je puisse aisément contre-attaquer.

        "On a qu'a utiliser le haki!"

        -Et tu sais comment faire ça toi?!

        "Euh…eh ben tout à l'heure ça avait fonctionné non?"

        -N'empêche c'était un coup de chance!

        "Allez fait moi confiance, on fait du haki! Allez haki!"

        -Et je fais quoi pour faire du haki moi?!

        "Tu frappes!"

        -Je frappe?

        "Frappes!"

        -RAAAAAAAAH!!

        Et encaissant deux violents coups de lames qui me tailladent le cou et le flanc, j'enfonce mon poing dans l'abdomen de Del Flo, lui coupant momentanément le souffle. La seconde d'après me fit regretter mon acte. Les deux couteaux du pirate s'enfonce dans mon ventre qui ne peut résister à un assaut de ce calibre.

        -Aaaarg…

        -Ouille ouille ouille… kof! kof! ne trouve qu'à répondre le criminel.

        Du sang s'échappe de ma bouche et vient rejoindre celui qui recouvre déjà mon manteau et mon corps.

        -Et le haki ça vient?!

        "Oh que si ça vient!!"

        -Comment?

        "Tu remarqueras que c'est seulement que lorsque tu te sens vraiment en danger que tu le libères réellement!"

        -Oh bordel Dark, t'aurais pu le dire plus tôt!

        Et sous deux paires d'yeux ébahis, ma main, puis mon avant bras blême et blanchâtre se recouvrent soudainement d'un noir profond ressemblant à merveille aux ténèbres de mon côté droit. Le haki. En cette seule main repose désormais l'issue de ce combat.

        -Tu vas morfler, Ange…

        Et cette main, ignorant le pouvoir de disparition de mon adversaire, se saisi de son visage avant de le soulever violemment de terre. Celle là fera plus mal, j'en ai la certitude. Et moi d'enfoncer le crâne du pirate dans le sol du pilier. On ne défit pas Double Face. Je remarque alors sa main cherchant désespérément à s'introduire dans la poche de mon pantalon. Il voulait donc la lettre du Corsaire?
        Ce constat renforça mon idée de la garder en sécurité pour ainsi éviter d'autres conflits. Ainsi doit-il en être. Mon bras à nouveau blême, mais tout de même couvert de sang, je laisse le second des Truands dans le petit cratère formé par ma frappe. Me mouvant péniblement vers le Staline-Board d'où on acclame ma presque-victoire.

        Oui, presque victoire, car je ne peux sincèrement dire si le pirate en a encore à revendre. Mais je préfère ne rien en faire. Les deux plaies béantes sur mon ventre me dissuadent presque de marcher jusqu'au véhicule de secours, tellement l'épuisement se fait grand. De plus en plus. Et alors qu'enfin, après une marche qui me semble interminable, j'atteins presque le géant, une violente bourrasque vient faire voleter ma chevelure tachée de poussière, de sueur et de sang.

        Salem affronte un homme que je n'aurais jamais cru voir ici. Seuls devant le colossal château en ruine, Le Seigneur Ombre et le Contre-amiral Fenyang s'affronte dans un combat de titans. Le voilà, le réel apogée de la guerre de Drum. Le voilà, le sommet de violence, le combat qui restera dans les mémoires. Le combat ultime. Et avant que les ténèbres qui gagnent peu à peu ma vue ne m'emportent, je trouve le moyen de rassembler mes dernières forces pour pousser un cri. Un cri bien plus puissant que celui de Lilou, un cri qui se gravera dans les cœurs.

        -ALLEZ SAAAAAALEEEEEEEEMM!!!! POUR LA JUSTICE!!! POUR LES RHINOS STORMS!!!

        Et Héphaïstos, sur le seuil d'une mort à laquelle il ne croit pas, s'écroule au sol. Mais il s'écroule heureux, car il sait que tout près de lui, des gens le hissent sur le Staline-Board. Parce qu'il sait que, les éclairs qu'il a forgé pour son père Zeus dans le fer de la confiance et l'amitié serviront le bien. Serviront la rédemption et l'avènement d'une nouvelle ère. Et alors que le forgeron des dieux, le forgeron de l'avenir et de la paix, quitte le monde des conscients, il ne peut s'empêcher de prononcer dans un soupir une phrase qui le portera au bout du monde.

        -Double... Face… est éternel…

        Et les Storms de répondre à ce sacrifice de leur lieutenant-colonel;

        -ALLEEEEEEZ Y CAPITAIIIINEEE!!! POUR LA JUSTICE!!! POUR LES RHINOS STORMS!!!
        • https://www.onepiece-requiem.net/t3486-fiche-de-double-face
        • https://www.onepiece-requiem.net/t3227-oswald-double-face-jenkins-t-as-un-probleme-avec-lui
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