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Live Free or Die Hard [1625]

que...

hein


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 5 Juil 2013 - 10:06, édité 1 fois
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BOUM

On a chuté, volé et encore chuté. En haut, la situation était critique : trop de monde, aussi bien « alliés » qu’ennemis. Et Layr est arrivé, avec ses tonneaux. Il les a jeté dans le conduit et nous a jeté à la suite.
Puis il a tiré.

Ouais, c’est ça le boum.
J’ai juste eu le temps de chopper mes deux compères pour les protéger des flammes avant de changer de direction. Un dans chaque patte avant. Et je me suis enroulée sur eux, tel un serpent. Pourquoi ? Un réflexe, sans doute. Et ce réflexe leur a surement évité un bon nombre de blessures. Car j’ai volé contre la paroi de ce conduit. Je savais qu’il comptait tout faire péter, c’est vrai, mais je ne pensais pas si tôt… C’était improvisé comme geste hein, il pensait peut être que ce serait classe de traverser les flammes et d’arriver tel un héro en bas du gouffre. Mais il a dû oublier un détail : le feu, ça brûle, et les explosions, ça souffle. Oui, ça fait deux détails, mais il s’en serait souvenu de un, je n’aurai pas été autant écorchée par ces putains de cailloux qui nous ont volés dessus.

Puis on a chuté, en même temps que tous ces débris. Et j’ai paniqué. Tout mon corps souffrait, et il faillait atterrir en sécurité. Mais nous sommes tombés. Et nous voilà, là, recouvert de rocaille au fond de ce trou.

Je n’ai pas envie de bouger. J’en ai trop fait, déjà, et ici je suis bien. Toutes les parcelles de mon corps me tirent et je sens que le moindre mouvement me le fera chèrement payer. Alors je reste là quelques secondes. Du repos, oui, c’est ce dont j’ai besoin.

Quelque chose gigote dans mes pattes. C’est vrai qu’ils sont là aussi, eux. Je pourrais leur dire que j’ai besoin de repos… Je pourrais… Mais je ne le fais pas, et ne le ferais pas. Nous sommes tous exténués et blessés, oui. Et je refuse d’être celle qui cédera à la paresse la première. Et pourtant… Ne pas bouger est si… reposant. Si apaisant. Et j’ai si mal…

Mais je ne dois pas faillir. Pas la première. Je refuse d’être la faible femme de l’histoire. Non, ici, je suis le monstre, je suis le dragon.
Je sors du tas de pierre. Nous sommes enfin au fond d’Impel Down.

A cet étage, c’est la nuit qui règne. Et cette odeur… Une odeur de putréfaction. C’est horrible, infecte. Et Layr commence à avancer.
L’ambiance est glauque, vraiment. Si la vie existe à ce niveau, elle doit être en piteuse état… Pas un bruit, pas un souffle. Nous passons devant des cages, toutes vides. Il y a des os de-ci de-là, rongés. L’odeur devient plus forte, plus intense. C’est au-delà de l’insupportable. Alors j’accélère les recherches.

Je vais voir d’en haut.

Et je prends de l’altitude, dépassant le haut des cages. Observant dans tous les coins. Bilan ? Il y a trois formes potentiellement humaines. Trois. Juste trois. Pour tout un étage. Et au milieu de leur cercle, un espèce de tas de gelé.

Ils sont là bas.

Et c’est là bas que nous allons. Mais là bas, ils ne sont que trois. Combien étaient-ils à la base ? Vu les ossements, plus. Bien plus. Combien de chance a-t-on de trouver la personne que nous sommes venu chercher ici ? Peu, trop peu. Mais je ne le connais pas, ou que de nom. Je l’ai rencontré une fois seulement, il y a des années. Et même s’il a marqué ma mémoire, il n’y a aucune chance qu’il se souvienne de la jeune ange aux cheveux de feu que j’étais. Mais je m’en moque pour l’instant, car maintenant, je suis un dragon et ce, jusqu’à ce que le soleil nous accueille. Car oui, il nous accueillera. Avec ou sans Tahar, il nous accueillera.


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Dernière édition par Izya le Jeu 4 Juil 2013 - 21:10, édité 2 fois
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Je ne remarque pas les conditions apocalyptiques de l’étage. Les ténèbres nous entourent mais les murs nus  n’affolent pas mon rythme cardiaque. Je suis calme.
Très calme. Et j’avance petit à petit, guidé par la voix d’Izy et surtout par une intuition décisive d’être sur le bon chemin.

Trois silhouettes seulement. Trois hommes, une ombre bien plus grande que les autres. Je m’en fous. Mes yeux s’acclimatent à l’obscurité ambiante, quelques éclaircies proviennent de trous ou d’autres maigres sources de chaleur. Nous voici au fond de l’abîme.

Plus qu’une dizaine de pas avant d’être arrivé à destination. Mon épaule suinte encore un peu sans que je ne le remarque. Ça y est, je suis là.

J’avais préparé depuis un bon moment les différentes phrases pleines de panache que je balancerai à un ami médusé. Mais maintenant que le moment est venu, j’ai plus envie de faire le fier, plus envie de faire le beau. Quand je distingue les côtes saillantes et les joues creusées de mon frère, j’ai juste envie de sortir d’ici pour nous permettre de respirer un air qui soit pas pollué par l’oppression. Quand il me reconnaît, moi et mon crâne poli, moi et ma gueule éclaircie par les tondeuses, son visage prend une expression que j’avais jamais aperçu auparavant.


« C’est bon. Tu m’avais oublié pas vrai ? C’est bon Tahar, c’est bon, je suis venu. »


Je le regarde sans ciller, je souffle un bon coup et je savoure ma première victoire en ce bas monde. Je suis pas si naze finalement, je m’en rends sans doute compte.


« Allons dire bonjour aux océans frérot, ils nous attendent. »


Dernière édition par Rimbau D. Layr le Ven 5 Juil 2013 - 1:31, édité 2 fois
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Guidé par Izya, nous sommes arrivés ici autour de trois mecs. C’est calme, trop calme à mon goût. Aucun bruit, aucun mouvement. Ne devrait-il pas y avoir de gardes ici ? C’est bizarre et tout ça me donne la chair de poule. Je ne peux pas m’empêcher d’être sur mes gardes. Un mauvais pressentiment, un doute sur la facilité des évènements. Et puis je ne vois pas d’homme puissant ici. Non je ne vois pas d’homme qui vaut la peine d’être sauvé, personne pour qui tous ces risques ont été pris. A ma grande surprise, le type avec qui je suis venu ici a l’air d’avoir trouvé la personne qu’il cherchait. Putain, non mais sérieux ? On est venu ici pour un type mourant ? C’est quoi ces conneries là !? Au moment où je m’apprête à aller poser deux trois questions comme il le faut à ce mec que j’ai suivi, le voilà qu’il prononce le nom du type mourant. Je me stop net. Qu’est-ce qu’il vient de dire là ? Tahar ? J’ai bien entendu Tahar ? Serait-ce ce fameux pirate reconnu comme le plus dangereux au monde ? Il est donc ici… enfermé dans cette prison et mourant devant mes yeux. La colère que j’avais en moi à totalement disparue. J’ai comme… j’en sais rien. Ce mec, si je le sauve. S’il arrive à reprendre ses forces peut être que… Non, non qu’est-ce que je raconte, il n’est pas en état de faire quoi que ce soit, ça se voit putain. Mais en même temps, il est réputé comme étant extrêmement puissant alors peut être que si je l’aide, si nous arrivons à sortir… Il y a peut-être de l’espoir ! Et puis de toute façon, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir au point où on en est.

- Eh dis-moi ! Tu crois qu’il va pouvoir marcher ? Parce que ce serait embêtant de devoir le porter jusqu’à la sortie. On a déjà eu du mal à descendre alors la remonter… En plus vous avez l’air blessé avec Izya… Ça va être à moi de le porter je suppose !?

Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Je… j’en sais rien, je suis inquiet. Mais en même temps je n’ai pas d’autre choix. Il faut que je lui fasse confiance et qu’il me fasse confiance aussi. C’est peut-être pour ça. J’entends des cris au loin et ça ne me dit rien de bon.

- Chikushou ! Ça doit être les gardes, il faut qu’on se dépêche. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
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changement dans les limbes ambiantes un faible clapot brisant l’onde noire se fait ressentir… quoique… même pas… non même pas encore ça… ressentir il faut pouvoir…  ressentir c’est avoir une identité des sens propres… et au-delà il n’y a plus ça… au-delà… tout transcende…

transcende, passe au travers

arrêter, arrêter encore, toujours continuer vers le noir. maintenant

ça y est je transcende, je suis transcendé.

je

mais.

Je

Ca remonte

Je.

Ils remontent.

L’identité propre.

Mon identité propre.

Et les sens, tous les sens.

Contre ma peau sèche, tannée par la pierre, lissée par la poudre d’abîme. De l’air. Des courants.

Derrière mes paupières ni ouvertes ni fermées, est-ce bien important. De la lumière. Des luminosités.

Sur mes tympans si minces, si fragiles. Des sons aigus, graves, qui résonnent, assourdissent.

Petites étincelles, petits changements dans les limbes ambiantes.

Dans mon nez, un peu de fraîcheur qui investit les sinus. La fraîcheur de la nouveauté.

Et dans ma bouche ni ouverte ni fermée, le goût du métal sec et le goût d’ici maintenant.

Sss…

S comme Salive, S comme Soif. Comme Soi, comme Moi.

L’au-delà se résorbe autour, s’enfuie et me laisse seul, dans mes yeux s’impriment des images de gris moins gris, de contours mieux définis. Un monde bouge alors que moi pas. P… Potemkin ? Goran ? Trop mobile… Eglantine. Trop diaphane… Trop vitreux derrière mes iris pleins d’effort… Mes lèvres aux crevasses collées par le vide ne m’obéissent pas. Seuls mes poumons continuent le travail et seul un souffle me crée une présence là-bas, ici… Avec eux

Sann…


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 5 Juil 2013 - 14:38, édité 1 fois
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Plus haut, à plusieurs étages de l'explosion, ça s'agitait. Cela faisait quelques jours maintenant que personne n'était revenu taper sur Grey, au -1. Le jeune homme ne s'en plaignait pas, mais ce n'était pas pour ça qu'il était dans une forme olympique. Au mieux il n'avait plus trop mal, et ses plaies se cicatrisaient lentement. Par contre, rester constamment assis, enchaîné au mur, ça lui pesait. Il en avait marre ! Il ne sentait plus son derrière, et on ne pouvait pas dire que ses camarades de cellule étaient d'une quelconque utilité. Entre le fou qui murmurait contre les barreaux, et le vieux qui avait l'air de plus en plus fatigué, comment se remonter le moral un tant soit peu ?

- Hé, vieil homme. T'es mort ?

Il ne répondit pas, mais il sourit, sa poitrine se soulevait et redescendait lentement. Non, il n'avait pas encore passé l'arme à gauche. Grey sourit à son tour, c'était bête, mais ça avait l'air du seul petit moment de joie que le pirate aurait cette semaine. C'était dire à quel point c'était extrême quand même...

Grey soupira. Qu'est-ce qu'il s'ennuyait ! Par moment, entre son ennui, son insomnie, et ses douleurs musculaires, il se demandait si retourner dans la forêt écarlate ne serait pas un meilleur investissement. Au moins, là-bas, c'était ce qui se rapprochait le plus d'un décor naturel, qui rappelait au jeune homme, sa terre natale...


- Hum ?

Un gardien passa près de la cellule de Grey, et emprunta l'escalier qui menait à l'étage suivant. Il fut bientôt suivit par cinq hommes de plus ! Leurs visages trahissaient leur trouble. Bientôt, se furent deux Bluegori qui passèrent près de Grey. Un léger frisson parcouru l'échine du pirate en les voyant. Il n'avait pas pu se retenir de penser, pendant un instant, qu'ils étaient là pour lui. Mais non. Ils ne calculèrent même pas le pirate. Ils avaient au contraire l'air préoccupés par quelque chose de plus important. Un des prisonniers dans une cellule voisine lâcha la pensée collective.

- Un évadé ?

-Pfff, aucune chance. T'as oublié où on était mec !

Réponse sensée d'un autre détenu. Grey avait failli avoir son deuxième moment de joie dans la même journée. Mais le second type avait raison. Ca se saurait si on pouvait se barrer d'ici...
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-Quoi?! Vous l'avez laissé entrer? Comme ça? Sans rien y redire?
-Il valait mieux. Ça tourne au bordel, en bas.
-M…Mais qu'est-ce qu'il faisait ici?!
-Il ramenait à Impel les membres d'un équipage d'Homme-poissons assez reconnus. Il les a tous capturé avec sa flotte d'élite. Je ne sais pas si vous les connaissez, c'était un équipage bien spécial avec un capitaine primé. Leur navire était un immense sous-marin à la forme de poisson. Les SubFish pirates.
-Et pourquoi est-ce qu'il est descendu?
-Pour régler le problème, certes.
-Et il va réussir?
-Il a toujours réussi… Madame.

***

Sous-Sol -1

La rumeur sur l'escapade s'éteint… mais se confirme à la fois lorsque tous les prisonniers cessent leur jacassements. Un genre de silence désagréable s'installe et tu ne peux justifier qu'est-ce qui en est la source. Ce que tu sais, cependant, c'est que tout ça semble anormal. Le vieillard à moitié crevé, près de toi, relève la tête et ouvre ses paupières bouffis sur deux yeux vitreux et inquiets.

Que se passe-t-il?

Et comme pour répondre à ta question, même le type accroché aux barreaux a cessé de murmurer des choses sans queue ni tête et pointe désormais la forêt d'épines d'un doigt osseux et tremblotant.

Et là, tu l'aperçois.

Une silhouette massive. Terrifiante. Elle passe à travers la forêt d'aiguilles sans broncher, en faisant craqueler les arbres et en brisant leurs épines sous son passage. Comme si elle semblait faite du plus dur des aciers. Ce qui peut être sa tête est rond, visiblement solide. Et dans la pénombre de la prison, tout ce que tu réussis à apercevoir, c'est un œil unique d'où s'échappe une lumière orangée. À chaque pas de la chose, le sol tremble. À chaque avancée de ce même monstre qui ne peut être humain à vos yeux, vous tremblez. Même que le vieillard près de toi pleure et se vide au sol, sans pouvoir se retenir.

Puis, la silhouette disparait… Comme elle était venue.

Et la tension poignante qui planait sur vos têtes s'envole à son tour. Pour briser le silence qui semble inextricable et qui s'est abattu sur le premier sous-sol, quelqu'un ose une simple question.

-Me…me dites pas qu'il… que ça… que ça descend plus bas?


Dernière édition par PNJ Requiem le Jeu 18 Juil 2013 - 21:12, édité 1 fois

    Mal…
    J’ai mal.

    On s’est arrêté devant une des trois ombres. Un des trois hommes. J’ai beau savoir qui est celui que l’on cherche, je ne reconnais pas ses traits. Peut être parce que je ne m’y attarde pas trop à cause de la douleur. A cause de mon dos qui me tire. Peut être.
    Je me pose doucement près du petit groupe, près de cet homme, celui qui m’a initié à l’art de l’épée. Et ma patte atterrit dans une flaque visqueuse : du sang.

    C’est ce qu’il finit par prononcer : Sang. Dans quel état est-il… C’est affreux. Aussi affreux que l’endroit où nous sommes, que l’odeur qui y règne… Finalement, tout est assorti ici, et ce n’est surement pas un hasard. Par quelles épreuves est-il passé pour en arriver là ? Je l’ignore, mais ce ne doit pas être beau à entendre. Mieux vaut rester dans l’ignorance. Qui sait quel genre de sentiment pourrait s’incruster dans le cœur du savant.

    Mais il y a une chose que je devine : ses souffrances n’ont rien à voir avec les miennes. Comment puis-je oser me plaindre devant cet homme ! Cet homme que j’ai connu, que j’ai vu en fort soldat. La simple idée que l’homme que j’ai rencontré il y a des années et cet individu mutilé, amaigri, sale et fatigué ne fasse qu’un me dépasse. Comment une telle chose a pu arriver ? Non, je ne veux pas savoir. Il ne vaut mieux pas.

    Alors oui, j’ai mal et oui, je suis fatiguée. Mais non, je ne flancherai pas. Pas devant lui.

    Nous devons partir.

    On peut entendre le bruit des pas des gardes qui dévalent les escaliers. Les deux autres de cet étage ne réagissent pas. Sont-ils dans le même état que Tahar ? Probablement. Mais peut importe, nous n’avons pas de temps à leur consacrer, nous sommes déjà suffisamment dans la merde comme ça.

    Nous devons fuir.

    Mais part où ? Les seules échappatoires que nous avons sont soit les escaliers, avec tous les gardes, soit le conduit d’où nous sommes venus. Celui-ci semble être notre meilleure option.
    Ça va encore être à moi de jouer.

    Mais avant ça, il y a ces liens que je dois enlever. Oui, je ne ferais pas deux fois la même erreur de prendre des passagers menottés. Je m’apprête donc à les trancher, comme j’ai pu le faire pour ceux de mes deux compères. Je ne dois pas faire d’erreur, sinon, ce pauvre Tahar si mal en point pourrait perdre ses mains. Et vu son état, ce ne serai vraiment pas une bonne chose. J’observe donc ma cible, juge l’épaisseur du métal, sa longueur… ce métal…

    Ce métal est différent.

    Je n’en avais encore jamais vu de semblable… Ce pourrait-il que ce soit… du granit marin ? Tous les forgerons connaissent la réputation de ce matériau. Plus résistant que n’importe quoi et possédant des propriétés extraordinaires, hein.
    Si ces menottes sont réellement faites de ce métal et que les légendes sont vraies, alors je risque plus de me casser les griffes qu’autre chose si j’essaye de les trancher.

    C’est mauvais.

    Très mauvais.

    Et je n’ai pas beaucoup de temps.

    Il n’y a pas trente six milles solutions. A défaut de clé, la serrure doit être forcée. J’enfonce ma petite griffe dedans et commence ce minutieux travail. J’ai déjà forgé des serrures, alors je sais comment sont faits les différents mécanismes. Mais malgré cela, je galère. Et je galère d’autant plus que je me fatigue bizarrement vite. Comme si mon énergie était aspirée par cette matière… Comme si, hein…

    Le bruit de pas des gardes se rapproche dangereusement de nous. Ça m’inquiète, me stress. Je dois faire vite. Et les deux derrière moi n’arrangent rien. Oui, vite, oui… La ferme les gars.
    Foutues menottes. Foutu métal. Foutue fatigue.

    Ils sont presque là.

    Plus à droite, plus à gauche. Putain. Toujours pas. Merde.

    Ils sont visibles.

    Allez, bordel. Tourne saloperie ! Tourne !

    Ils sont là.

    *Clic*


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    Dernière édition par Izya le Lun 2 Sep 2013 - 10:57, édité 1 fois
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    On me touche, quelqu’un me prend par le poignet. Quelqu’un de vivant, ça ressemble à un étau autour de mes os, comme si ma peau n’était plus qu’un fin papier sur le point de craquer. Je sens jusqu’à la surface irrégulière de la grande paume qui me maintient pendant que le métal de mes menottes s’agite à son tour. Peut-être y a-t-il douceur, mais le moindre mouvement des fers qu’on travaille me râpe un peu plus l’âme. Et puis soudain… soudain…

    Dès le premier cliquetis ma vue s’améliore, et si l’ombre noire reste car il n’y a pas plus de lumière, le brouillard lui se dissipe. Les silhouettes grises des nouveaux venus se découpent, nettes, à la lueur fragile qui provient des escaliers… Des escaliers ? Et quand les chaînes tombent sur le sol, trop élargies pour tenir sur mes bras, c’est un monde qui tombe de mes épaules. J’ai l’impression d’avoir perdu la moitié du poids que je portais depuis tout ce temps… Et peut-être que je ne suis pas si loin de la vérité.

    La vérité, elle m’apparaît. Tout ne fait pas encore sens. Les visages en face de moi, ce type que je devine souriant à la tête rasée, cette énorme ombre qui me souffle sur le crâne, les deux autres squelettes en piteux état là-bas qui se redressent à leur tour et marmonnent aussi. C’est cru. Il y a du bruit aussi dans les escaliers. L’orange sur les murs s’agite comme s’il venait de torches.

    Je n’ai plus de quoi le nourrir mais pourtant mon cœur s’agite sous mes côtes. De mes doigts droits je les palpe pour vérifier. Mes veines sont une machinerie pleine d’air, mes artères gémissent, je vais être mal. Dans un sursaut complètement nerveux je pivote sur le flanc et je vomis ce néant, je le vomis jusqu’à pleurer des larmes sèches. C’est comme si les entraves avaient jusque là canalisé la douleur et comme si les enlever accroissait encore ce qui ne pouvait pas l’être.

    AHHHHHHHHHHHHHHHAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

    AHHHHHHHHHHEEEEEEEEEEEEHHHHHHEEEEEEEEAAAAAAAHHHHHHHHHHH

    Un feulement rauque, un raclement de gorge à peine, tout sauf un cri.

    Je vais défaillir, retomber dans l’inconscience quand, sur le ventre, soutenu seulement par mes bras trop raides pour plier sous le poids de mon buste, je vois là-bas les grilles qui ne sont plus, les marches que foulent des bottes, les fusils que portent les bottes. Ils sont si nombreux à porter le jour. Si lumineux, comme auréolés par leurs lanternes. Si humains, si pleins de vie… Si pleins de sang…

    Les forces m’abandonnent et mes bras lâchent pour finir, et ils approchent au pas militaire. Leurs semelles font résonner la terre sous moi, comme un battement régulier qui fait écho au mien qui ralentit puis s’éteint. Pam, padam. Pam, padam. Pam. Padam. Ils crient mais tout m’arrive déformé, mes tympans bruissent seulement de ce rythme si hypnotique. Si les deux hommes et la bête parlent, je ne l’entends pas non plus. Si Goran ou Potemkin murmurent, je ne le sais pas.

    Pam.

    Padam.

    Pam.

    Ils crient, c’est sur leurs visages que je le lis. Leurs visages juste au dessus de moi. Leurs mousquets armés semblent tanguer mais ce n’est pas possible, je suis stable, allongé sur le sol comme je le suis. Rien ne bouge chez moi, alors c’est eux. Pam, Padam. Ils tombent, et ne marchent plus. D’où vient ce rythme alors ? Ce rythme de vie…

    Ahh

    Ca chatouille. C’est de moi que ça vient. Mon cœur à moi, il s’est remis en route. Il pompe. Et les tuyaux se remplissent avec le bruit d’une plomberie trop longtemps asséchée. La flaque de sang sous mes lèvres et sous mon corps n’est pas faite du mien. Mes yeux s’ouvrent sur ma main crispée sur une cheville. Comment ai-je pu arriver ici ? Par quel prodige ? Et mes oreilles qui vibrent enfin des cris poussés, mes articulations qui s’assouplissent. Je bouge. Je bouge.

    Et soudain eux non…

    Et soudain eux ils ne bougent plus…

    Dans le noir humide de la prison, les flammes qu’ils transportaient sont désormais immobiles.

    Au niveau moins six d’Impel Down, quelqu’un s’est enfin réveillé.

    Moi.


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    Je n’en crois pas mes yeux ! Qu’est-ce qu’il s’est passé au juste ? Je n’ai rien compris. Izya essayait d’ouvrir les menottes de Tahar Tahgel, Les gardent sont arrivés à l’étage. J’ai paniqué, j’ai gueulé pour qu’Izya se dépêche. Elle a ouvert les menottes, mais c’était trop tard parce que nous étions déjà coincé. Le plus grand criminel au monde a commencé à bouger, puis a gerbé et là, j’ai perdu espoir. La tête baissé, je n’attendais qu’une seule chose… qu’on me tir une balle dans la tête. Désespéré, je n’ai pas bougé. J’ai fermé les yeux. Je les ai fermés car j’entendais les gardes qui nous avaient entourés. Je les ai fermés car je ne croyais plus en la chance. Je les ai fermés car je ne croyais plus en la vie. Mais ça, c’était jusqu’à ce que je n’entende plus aucun bruit. Plus de cris, plus rien. J’ai cru que j’étais mort, mais je sentais encore tout mon corps. Intrigué, j’ai relevé la tête et ce que je vois là maintenant ? Des gardiens immobiles, aux yeux blancs, aux corps blancs.

    Je ne comprends toujours pas ce qu’il se passe ici. Les corps tombent un à un à terre et seul nous, prisonniers sommes encore debout. La chance ? Je crois que je viens de reprendre fois en elle. Mais je ne sais toujours pas ce qu’il vient de se passer et observe inquiet mes compagnons qui sont toujours à mes côtés. Mais bordel, que quelqu’un m’explique !

    Tahar Tahgel, ce mec que je croyais mourant… ce mec que je pouvais tuer en une pichenette tout à l’heure tellement il était faible, tellement il avait la peau sur les os… Il se lève et pour je ne sais quelle raison, il a repris de la couleur et de la carrure. Lorsqu’il me regarde et qu’il voit que je suis pour lui encore inconnue, la peur s’empare de moi. C’est vrai quoi, comment se fait-il que maintenant que les marines sont morts, ce mec se relève ? Pour moi, il a fait quelque chose, c’est sûr. Et si je ne veux pas qu’il m’arrive la même chose que les autres, je dois montrer que je suis allier ! Que dire, que dire ?

    - Il s’est levé, aller on y va ! Y-a pas de temps à perdre…

    Je regarde le mec avec qui je suis descendu ici pour voir s’il a eu ce qu’il voulait et pose mes mains sur mes hanches. Bon on bouge ? Vous n’allez pas vous faire la bise ici les mecs quand même ! Au-dessus de nos têtes, un escarméra nous film... Ça ne sent pas bon pour nous. Izya n’est pas très en forme, mais elle veut bien essayer de nous prendre sur son dos pour remonter les étages par les conduits d’où nous sommes arrivées. Très bien, nous grimpons et commençons à nous envoler. Arrivé au -5, nous nous arrêtons à nouveau. Quoi encore ?
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      Vous souvenez-vous de la fois où vous aviez le plus froid dans votre vie ? Non, c'est pas ça… Connaissez-vous la sensation de se rouler dans la neige en étant dénudé ? Non, pas suffisant… Etiez-vous déjà frigorifié au point de ne plus pouvoir bouger ? Ah, on s'en approche. Un paysage tout nacré de blanc et d'opaque, mélange subtil et brutal de neige et de glace. La température ? Aucune idée, un thermomètre se figerait avant de donner la réponse. Ici, rien n'est possible. Manger ? Il faut se dépêcher avant que le plat ne devienne un glaçon aussi dur que la pierre. A dire vrai, je n'ai encore jamais eu le temps de finir une assiette. Mais me casser une dent en espérant pouvoir encore prendre une bouchée, souvent. Respirer ? Le corps est tellement congelé que le simple fait d'enclencher ce phénomène, à la base passif, demande un effort. Le plus grand effort de la journée sans doute, vu qu'on ne bouge pas. Pourquoi ne pas se mouvoir alors que cela nous permettrait de nous réchauffer ? Parce qu'il apporte un lot de douleur bien plus grand encore. Il suffit que vous touchiez quoique ce soit, notamment les barreaux des cellules, et votre peau s'y fixera à jamais, ne vous laissant qu'une solution : l'arracher dans un énième supplice. Marcher est tout aussi éprouvant, car les prisonniers n'ont pas le luxe d'être chaussés. Poser un pied au contact de ce froid éternel est bien pire que le laisser se faire transpercer par des pics. Malgré tout, on ne peut même pas exprimer ce que l'on ressent. Larmoyer à cause d'une énième souffrance ? Les larmes se figeront dans la glace avant même qu'elles n'apparaissent. On ne peut même pas espérer de nos blessures qu'elles nous réchauffent grâce au liquide rouge et chaud du sang, car celui-ci n'existe pas non plus en ces lieux. Des engelures et le froid, c'est tout. Tout ce que j'ai trouvé pour m'exprimer, c'est de graver ces mots avec le reste de mon journal sur les murs de ma cellule.

      A présent je suis avec deux hommes, et plus seul. Chuck et Blue qu'ils m'ont dit s'appeler. Mais on a pas bavardé davantage, voulant préserver nos forces et repousser l'ombre de Dame la Mort qui ne cesse de s'approcher. En tant normal, il suffit d'une bonne sieste pour récupérer d'un combat, mais ce n'est pas le cas de ce lieu. Je garde encore toutes les marques de mes mésaventures avec la cyborg Anna… Nous avons un accès direct aux cellules de gauche, vu qu'ils ont détruit le mur. Dans celle de droite, j'ai cru voir qu'on y avait amené Maya. Une Saigneur qui aime le chocolat… Saigneur… Ce mot existe toujours ? On dirait qu'il résonne d'outre-tombe, comme s'il était enfui dans l'oubli jusque là. A elle aussi, je ne lui parlais pas, ne demandant même pas la raison de sa venue ici. Trop fatigué pour ouvrir la bouche, ce serait gaspiller mon souffle si précieux dans cette cage.

      En parlant de cage, la sienne est intacte, mais la mienne ne peut plus s'ouvrir à l'aide d'une clé, la serrure ayant brûlé. Malgré tout, je ne hais plus ces barreaux depuis quelques temps, car j'ai compris qu'il ne s'agit pas d'une prison, mais d'une protection. Sans eux, nous serions à la merci de ces loups affamés… Les rares fois où je parvins à dormir, je revois le nain se faire dévorer sous nos yeux… Je tiens encore la matraque qui m'avait permis de m'en sortir, mais sans nul doute que les batteries sont à plat…

      Hum ? Du bruit commence à se faire entendre en-dehors de la cage. C'est déjà l'heure du repas ? Ils sont en avance cette fois. C'est jour de fête ? Manque plus qu'à s'échauffer pour manger un maximum avant qu'on ne puisse plus le faire…

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    Mais que fais-tu, mon corps ?
    N’avions nous pas dit que nous ne flancherions pas ?
    Alors pourquoi ralentis-tu ?

    Ah… Oui… Cette blessure… Oui. Toujours pas soignée, toujours suintante de ce liquide rouge…
    C’est injuste.

    J’étais un dragon. Je voulais le rester, encore. Encore un peu. Jusqu’à la lumière du soleil. Jusqu’à la liberté… Mais maintenant, je ne suis qu’une bête blessée, fatiguée, vidée. Alors mon corps qui s’est découvert récemment la capacité de voler ralenti. Ma vision se voile aussi.

    Un peu…
    Juste un peu…
    Encore.
    S’il te plait.
    Ne me lâche pas.
    Pas maintenant.

    De la lumière, je la vois, devant moi. Encore un peu, mon corps, laisse moi puiser dans ton énergie, dans tes dernières forces. Allez, accélère. Une dernière fois. S’il te plait. Ne me lâche pas.

    Je dois m’arrêter.
    Je n’en peux plus.
    Je suis faible. Si faible.

    Et ces corps sur mon dos n’arrangent rien. Ils sont lourds, si lourds. Si faible… Je ne veux pas. Non. Je ne veux pas être faible. Pourquoi, mon corps ? Est-ce là tout ce que tu peux faire ? Est-ce là tout ce que ses pouvoirs m’offrent ?! Injuste. Oui, cela est injuste.

    J’ai honte, tellement honte.

    Je dois m’arrêter. Et cette lumière est mon salue… J’en suis persuadée. Persuadée… Sauf qu’à proximité, je sens le piège. Comme dirais Enzo, Dame Fortune n’est pas avec moi, hein… Dame Fortune… Depuis combien de temps m’a-t-elle lâchée celle là ? Poufiasse, oui. Putain. Corps de merde. Fatigue de merde.

    Vie de merde.

    Je n’ai pas envie.
    Je n’ai pas le choix.
    Je rentre dans l’étage.

    Du blanc, partout. Et ce froid… Si Drum était l’enfer, nous sommes ici dans le chaudron de Satan. Glacial. Si glacial. Mais il y a un sol. Enneigé, certes, mais sol quand même. Je vais pouvoir me poser.

    Me…
    Poser…
    poser…

    Raté.

    La fatigue prend le dessus. Alors j’arrête juste de voler. Et nous chutons. De pas bien haut, c’est vrai, mais ça suffit à nous envoyer valser un peu dans tous les sens. Et je roule, dans cette neige glaciale. Je roule sur une bonne distance. Et lorsqu’enfin je m’arrête, je ne suis plus cette bête blessée. Non. Je suis de nouveau moi. Une ange. Une ange si faible qu’elle n’a su rester avec ses amis. Une ange si faible qu’elle a été envoyée ici.

    La frustration.

    Voilà ce qui s’ajoute à la douleur et la fatigue. Et la larme qu’elle entraine se gèle automatiquement. Et la rage qu’elle provoque reste coincée par la fatigue et la douleur depuis trop longtemps accumulées.

    Trop faible. Toujours trop faible.

    Et même si mon esprit veut se lever, rebondir, fuir… Mon corps reste là, allongé dans cette neige, bloqué…

    Inutile.
    Voilà ce que je suis.


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    Dernière édition par Izya le Jeu 5 Sep 2013 - 0:09, édité 1 fois
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    Moi.

    Je suis réveillé mais je suis encore un peu gourd. Gourd du trop-plein. Le sang, ce sang qui coule en moi comme il coulait en les autres, il est fort, il est furieux, il est à peine domptable et le mater me prend du temps. Mes doigts, mes jambes, ma tête. Je dois récupérer le contrôle de tout. Retrouver la manière d’être souple, de bouger sans craindre la brisure. Dedans, autour, tout s’assemble et, déjà, sous l’injonction d’un des membres de l’équipe de sauveteurs en basse obscurité que je ne reconnais pas, nous voilà embarqués sur le dos de l’ombre, de l’énorme ombre qui me soufflait dans les cheveux jusqu’ici. Mes cheveux… J’y passe la main et l’en ressors chargée de fines traînées poilues et complètement morte. Je dois avoir bien triste mine. Sous nous, les cadavres que j’ai laissés n’ont pas spécialement l’air joyeux non plus. Impel Down est un caveau si vorace.

    Dans l’agitation anarchique qui règne, dans les clameurs qui nous accompagnent, dans les éclats de lumière qui m’aveuglent à mesure qu’on remonte, devant moi sur la monture qu’ils m’ont fait enfourcher en silence, je reconnais enfin Rimbau. Layr, toi le frère venu ici comme je suis venu aider ta douce il y a vingt ans, une autre vie, dans ce manoir sordide à Esperanza. Toi le frère, venu ici comme je suis venu il y a une autre vie, plus courte, plus récente, sur cette île de John te sauver de ce crâne de roche. Toi aussi tu as changé, poète. Tu as changé à cause de plus que tes cheveux ras, je le sens dans tes yeux qui regardent plus loin que moi, plus loin qu’ici, je le sens dans ton sang que j’entends battre ton cœur tourné vers ailleurs, ouvert à quelqu’un qui n’est pas toi. Marisa ?

    Non, elle est morte. Tu me l’as dit et je t’ai cru parce que c’était vrai.

    Mais rien n’est vraiment vrai, mon frère, n’est-ce pas ? Puisque tout est trop vain. Nous non plus ne sommes pas vrais, d’ailleurs. Nous ne pouvons l’être. Si nous étions vrais, si nous étions ici vraiment, comment le silence pourrait-il soudain s’être fait dans tout ce chaos ? Ce silence qui fait tourner les regards concentrés à l’effroi subit. Le vent griffe ma peau à peine moins sèche. Le blanc nous mord, la gravité nous rattrape, la vitesse nous envoie au loin et cherche à nous assommer contre un sol de roches fendues pour toujours. Je me redresse le premier. Là-bas à l’escalier j’aperçois Potemkin et Goran qui courent pour leurs vies au mépris de la mienne, des nôtres et des leurs. Grand bien leur fasse, ne jamais croire en l’amitié d’un gorille, fût-il honorable.

    Le froid prend mes sauveurs à la gorge, pitoyables, mais en moi soufflent les feux de tous ceux auxquels je les ai volés plus bas, et tous alimentent le mien propre. Mon cuir surexposé hurle, mais je vis et j’hypervis, mais je vois et je pense. Mieux vaut le froid que le vide d’en dessous. Mieux vaut le chaud d’au-dessus que le froid d’ici. J’ai juste le temps d’apercevoir le dragon, déjà le remplace cette femme rousse et faible. Elle va mourir, et dans mes veines quelque chose me dit que je la connais. Son front dégagé, farouche même en plein enfer, je sais que je l’ai déjà vu sans retrouver où ni quand. Ses ailes qui tressautent dans la neige avant de s’immobiliser, elles m’aiguillent dans la bonne direction. La sienne. Je m’approche en glissant sur la corne même de mes pieds, j’atterris à son flanc. Elle est déjà en train de partir, j’ai vu ça chez les autres qui renonçaient dans le noir, et j’avais déjà vu ça dans mes autres existences. Ce rythme fondamental dans son corps près du mien, je le ressens qui ralentit comme je ressens celui de Rimbau qui se relève un peu plus loin près d’installations un peu civilisées.


    « Tahar, elle y est passée ? Il faut qu’on se tire ! »

    Non frérot, elle n’y est pas encore passée. Pour vérifier je lui prends les poignets comme elle a pris les miens plus tôt. Petite et si fragile, presque bleue déjà, on dirait un enfant. Je ne sais pas ce qui se passe ensuite, je ne comprends pas. Son pouls dans le mien, son pouls contre le mien. Elle va beaucoup plus lentement que moi qui vis comme cinq hommes, mais pourtant elle va comme moi. Rimbau m’avait parlé de quelque chose du même genre dans cet art mineur qu’est la musique. L’harmonie me laisse perplexe, et la voilà qui rouvre les yeux pour ne rien arranger. Je lâche parce que je suis surpris et parce que je n’ai plus l’habitude de fixer quelqu’un, et elle les referme aussitôt. Je la saisis de nouveau et ça recommence. Elle récupère quand je la tiens, elle repart quand je l’abandonne. Moi qui me suis fait porter voilà que maintenant je dois porter. L’abandonner ? J’y pense sans y penser. Contre mon torse ragaillardi, la surface d’échange est plus grande. Ma chaleur la maintient, mon aura nous protège.

    La lumière aveuglante, le gel qui mord, les cris pour se faire entendre et des loups au loin, tout me rappelle à l’instant en cours. S’adjoignent d’autres petites traces de vie dans mon sixième sens décrassé. Il y a cette fillette dans mes bras et dans ma mémoire, ce poète pressé ici, et ces deux ombres de saigneurs là-bas plus si loin, à peine moins proches que le conduit d’ascenseur et les marches de l’autre côté. Je crois entendre des mots à travers le vent mais mon oreille tendue ne capte rien de précis. Aucune voix pour me distraire, aucune digression pour me faire faire cavalier seul. C’est dans doute parce que je pourrais avoir besoin d’eux.

    Je sais que Rimbau me suit quoi qu’il puisse en penser quand j’embraie vers le quartier de détention. Avec la rouquine au bois dormant dans mes bras, le blondinet reste seul en arrière et s’il veut la jouer en solitaire c’est son problème. Je ne gaspillerai pas mes premiers mots à essayer de le convaincre.


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    Moi qui croyais que c’était un arrêt volontaire… Nous nous écrasons contre le sol, ce qui me fait voler au loin. M’enroulant à grande vitesse sur le sol, je viens m’écraser contre des barrières. Kuso ! Mon dos… L’épée que j’avais jusque-là entre mes mains se trouve à quelques mètres au sol. Mes compagnons au loin se sont déjà relevés et je remarque qu’Izya n’a plus sa forme de dragon. Elle est au sol et Tahar Tahgel va vers elle. Une voix derrière moi ? Un détenu. Je n’ai pas compris ce qu’il m’a dit, mais entendant des cris de loups au loin, je comprends que c’était une mise en garde. Unh quoi ? Je suis dans la merde ? Une meute en approche au loin, une cellule derrière moi. Une épée au sol à quelques mètres, mes compagnons plus loin. Fait chier, qu’est-ce que je vais faire ? Hmmm… La cellule, je vais essayer de l’ouvrir. Grrrrr… quel froid !!! Après avoir ramassé l’arme au sol, je remarque que les loups ne sont plus qu’à une vingtaines de mètre de moi. Pas le choix, je dois entrer dans la cellule. Foutant des coups de pieds sur la porte, j’essaye d’enfoncer cette dernière mais trop costaud. Les loups sont plus qu’à quelques mètres… Bon ok, si c’est comme ça, le lion va devoir sortir ses crocs à son tour.

    Un regard perçant s’affiche sur mon visage, mes mains serrent le bas de l’épée. Sur mes appuis, j’analyse rapidement lequel va m’attaquer le premier parmi les quatre. L’un bondit accompagné d’un cri qui me permet de tout de suite me mettre en position de contre avec lui. Une fois ce dernier à porter, je tranche avec mon épée en diagonal du bas vers le haut tout en me décalant sur le côté. N’étant pas un grand épéiste, le coup que je voulais lui porter dans sa gueule lui tranche toute la pâte avant. Ce dernier lâche alors un cri d’agonie retombant sur le dos et gémissant à terre. Un second m’attaque puis un autre encore en même temps. Là, je n’ai pas le choix, je saute sur le côté effectuant une roulade. J’entends les bêtes se cogner contre les barreaux, mais ce n’est pas pour autant qu’elles sont sonnées. Elles chargent à nouveau en se bousculant. Cette fois-ci j’attaque aussi avec un coup horizontal et en tranche un à la gueule. L’autre me saute dessus essayant de me morde au cou, mais j’arrive à mettre mon bras devant au dernier moment.

    - Arhhh !! Dégage salle bête !

    Je plante mon épée dans son ventre pour qu’il me lâche enfin. Plus que deux ! Le quatrième me saute dessus mais manque de rapidité pour lui, j’ai le temps de lui balancer un gros coup de pied sur le flan qui l’envoie voler sur les barreaux. Un gros « CRAK » se fait entendre lorsqu’il se frappe le crâne. Celui à qui j’avais fait une balafre il y a quelques instants revient la gueule ouverte et je lui enfonce mon épée directement dedans pour en finir. Il reste plus que l’autre avec une pâte en moins… Je l’achève à son tour.

    - Le lion ne s’associe pas avec les loups !

    Je me retourne vers le mec dans la cage derrière moi et lui demande :

    - Eh toi ! On a besoins d’hommes pour fuir… C’est le bordel dans toute la prison alors si tu veux sortir, c’est maintenant ou jamais ! Je peux trancher tes chaines à travers les barreaux si tu veux !?
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      Ah bah non, c'était pas le repas. D'après les vêtements, il s'agit de détenus tenus pour responsables de ne plus être en détention… Des suicidaires, tout simplement. C'est votre première tentative ? Sinon vous sauriez que cela ne sert à rien, que c'est peine perdu. Même avec un dragon humain… Un dragon ? Non, c'est une femme tout là-bas. J'avais dû rêver…

      Et à côté d'elle, un visage familier… Une figure de puissance oubliée. Un grand capitaine déchu. Un homme connu dans le monde entier. Tout ça est vrai, mais quel est son nom ? Je l'ai oublié. Comme un murmure qui s'essouffle et disparait bien vite. Il a disparu… Pas même l'ombre d'un souvenir. L'ombre de l'ombre d'un souvenir. Un fantôme d'un passé lointain. Ici, à présent, maintenant, la seule réalité est cette cage, cette prison, ce froid, ces loups…

      En parlant de loups, les voilà qu'ils arrivent. Pas étonnant, ils ont enfin de la chaire non protégée par des barreaux. Un homme séparé du groupe parvint à en éliminer quatre, juste devant ma cage. Blue l'avait prévenu de leur venu. Plutôt doué le bougre. Serait-il capable de s'en sortir ? Non, on ne peut en sortir… Ce n'était donc que de la chance, et non un talent. Il me demande si je veux sortir. Sortir ? Evidemment. Mais pas sans cette protection qu'octroie la cellule. Tout le monde veut sortir, mais sortir d'Impel, pas de cette cage qui empêche les loups de nous dévorer.

      " Tu as… éliminé quatre loups… Combien crois-tu… qu'il en reste ? "

      Il ne faut pas vendre la peau du loup avant de l'avoir tué ! Or, le niveau entier en était infesté. Lentement, je levais le regard vers le bretteur, comme un homme à moitié mort. C'était encore un inconscient… Moi aussi j'avais eu affaire à ces loups, à ce niveau. Quatre de moins ne changera rien. Il s'agissait des éclaireurs, mais attend de voire la horde. Pourtant, je daignais me lever de ma place, marchant sous les yeux de Blue et de Chuck en direction des barreaux. Normalement, le froid s'enfonce dans chaque pore du pied pour nous attaquer comme des pics de glace, mais je ne montrais rien sur mon visage. Je commençais à prendre l'habitude de cette douleur… Ou était-ce mes pieds qui sont trop meurtris pour que je puisse ressentir quoique ce soit de plus ? Peut-être, je ne sais pas.

      " Trancher… mes chaînes ? Impossible… A moins… Encore un cyborg ? "

      A chacun de mes souffles, chacun de mes mots, une fumée de chaleur temporaire quittait mes lèvres pour disparaître aussitôt. Pourquoi est-ce que je m'égosillais, que j'usais de mes forces si précieuses pour lui expliquer cela ? Peut-être pour faire comprendre aux gardes que je ne serais plus leur jouet. Ils m'ont eu une fois, ils ne m'auront pas deux fois ! Qu'ils me laissent agoniser en paix ! Allez embêter un autre détenu !

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    Ce froid…
    Encore et toujours…
    Pourquoi me suit-il ? Moi qui le crains plus que personne. Pourquoi ? Je n’en peux plus de me battre. Je n’en peux plus de lutter. Dormir… Oui. Voilà ce que je veux. Voilà ce qu’il me faut. Du repos.
    Repos…

    Cette flamme.
    Je la sens me toucher. Je la sens me réchauffer. Elle n’est pas chaude, elle n’est pas froide. Elle est juste ce qu’il faut. Elle est vie. La vie. Celle dont j’ai besoin. Celle qu’il me faut.
    Ces yeux verts…
    Non, ne part pas ! Ne m’abandonne pas ! … J’ai besoin de toi…

    Cet endroit me rend faible. Je l’étais déjà, mais j’empire mon cas ici. Alors cette flamme de vie me soulève et m’emmène. Et déjà, je sens mes forces revenir, je sens sa chaleur m’envahir. Je suis bien dans ses bras, je n’en bougerai pas. Pas dans cet endroit. Pas dans ce froid. Mes sens reprennent vie et ma tête se remet en route petit à petit.

    Enfin je réalise. Moi, petite ange frileuse. Lui, grand seigneur ressuscité. Il me porte dans cet enfer. Et je ne peux rien faire. Juste accepter sa chaleur qui me maintien. Juste accepter son aura qui nous protège.

    Avec moi dans ses bras, le voilà qui avance vers des cages non loin. Je ne dis rien. Je préfère ne rien dire. J’ai honte. Honte de ma faiblesse. Tellement. Moi qui ai toujours été forte, me voilà inutile. Et malgré cette honte. Je suis bien, ici. Peut être en avais-je besoin de ça aussi. Un peu de tendresse. Un peu… Se faire sauver, ce n’est pas si mal. Et puis, moi-même je l’ai sauvé un peu plus tôt, alors il n’y a pas de honte à avoir… Peut être pas…
    Mais quand même.

    On est finalement devant une des cages, et Lion est devant une autre. Des loups commencent à se rapprocher de nous. Et je ne peux rien faire. Maudit soit cet environnement. Un coup de feu, la serrure de la cellule saute. Une femme blonde nous rejoint tandis que ses co détenus referment la grille derrière son passage et celui d’un d’autre. Et ce fou, nouveau autant qu’elle, court sans se poser de question. Il court dans cette neige, il vise l’escalier de sorti et, à peine a-t-il fait cinquante mètres qu’une meute de loups affamés lui tombe dessus. Il a beau se débattre, bien vite, il ne reste que des lambeaux de tissus.

    Nous, nous avançons vers Kan, vers cette autre cellule. Un nouveau coup de feu et une nouvelle porte ouverte. Mais personne n’en sort ce coup ci. L’atmosphère est bizarre. Ils veulent sauver un type qui ne veut pas sortir. C’est limite s’ils nous engueulent d’avoir fait ça. Et les loups, en ayant terminé avec leur précédent repas, commencent à nous foncer dessus. Et je maudis ma faiblesse. Oui, je la maudis, presque autant que je maudis ce temps.
    Je ne peux qu’attendre. Leur faire confiance… Est-ce que je leurs fais confiance ? Est-ce que je leurs confierais ma vie ? Ces questions ne se posent pas. Je n’ai pas le choix, et je ne suis pas sereine… Non.

    Ces loups arrivent, nombreux, trop nombreux. Je ne peux rien faire… Alors je sers mon étreinte et je ferme les yeux.
    Un grondement sourd.
    C’est la seule chose que je perçois.
    Et, soudain, les loups se taisent. Ils ne bougent plus. Que s’est-il passé ? Je l’ignore. Je n’ai jamais vu ça auparavant. Je ne comprends pas. Sauf une chose : ça vient de lui.
    Oui, son aura nous protège tous.
    Et cela sera peut être suffisant pour faire sortir le récalcitrant de sa cellule. Peut être.
    Mais il en reste un autre à sauver. Encore un.

    Kan… Il faut trouver Mizu.

    Moi, je ne peux pas marcher à cet étage. D’ailleurs, mes pieds et jambes, loin du contact humain de mon sauveur, ont gelé. C’est à peine si je peux les bouger. Mais toi, Kan, tu peux le trouver, pas vrai ?


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    Dernière édition par Izya le Lun 2 Sep 2013 - 11:06, édité 2 fois
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      Une boule de feu… Du feu ? Viens par homme ! Ne sais-tu pas à quel point il s'agit d'une denrée rare dans cet environnement ? Le feu, le rêve de chaque prisonnier de ce niveau. En tout cas, voilà une nouvelle victime des loups. Vous comprenez pourquoi je ne veux pas sortir à présent ? Mais… Mais… Vous m'avez pas entendu ? Pourquoi vous ouvrez cette porte ?

      " Fermez ! Vite ! "

      Et voilà déjà la troupe de loups qui se ruent vers nous. Mais bizarrement, ils s'inclinent, s'effondrent avant de nous atteindre. Quelque chose émanant du porteur, de ce visage familier. Un tel exploit, je ne connaissais qu'un seul type capable de faire ça. Et sans m'en rendre compte, une petite lueur se raviva en moi.

      " Tahar ? "

      Un nom comme sorti d'outre-tombe, un nom qui me donne un peu d'espoir, qui allume une lumière au milieu de ces ténèbres. Je n'arrivais pas à le croire. Etait-ce bien lui ? Et non un cyborg ? Je quittais ma cellule d'un pas lent, comme une machine, le regard fixant le capitaine. Tel un fervent devant dieu, je glisse mes doigts sur son visage, comme pour m'assurer qu'il est bien réel, que ce n'est pas ma raison qui me joue des tours. Attends, est-ce vraiment lui ? Je lui demande donc l'origine de la cicatrice à ma main, derrière les lambeaux de peau arrachés par le froid. Repêché de Reverse Mountain en me transperçant la main… C'est bien lui !

      " Tu viens… De dehors… Ou de dedans ? "

      Je l'avais dit de fuir face au Corsaire, j'étais exprès venu lui donner cette occasion. Soit il était aussi dans une cellule, soit il était là pour me libérer ? J'avais à peine payé ma dette qu'une autre ardoise se créait ? La voix de la demoiselle me sortit de ma stupeur. Mizu ? Kawa ? Il était l'auteur des trous dans les cellules, avec d'autres. Mais il n'avait pas eu notre chance lors de notre dernière escapade.

      " Comme l'autre type… Dans les loups… Il est. "

      A la Yoda je parle, mais je ne suis pas encore tout vert. Plutôt pâle, avec tout ce froid. On l'avait vu se faire dévorer les mains. Comme on n'a plus revu le corps, il paraît logique de penser qu'il a subi le même sort. Je me tourne enfin vers le sabreur nommé Kan.

      " Les chaînes… Enlève-les… Tu le regretteras… pas... Ou du feu... Pour me réchauffer... "

      Que je retrouve mes pouvoirs, et je pourrais enfin me refaire une santé. Ou un peu de chaleur, du jeune homme qui ressemble au capitaine. L'autre homme robuste de ma cage vint me rejoindre, demandant la même chose. Le révolutionnaire Chuck. Vu qu'il avait des menottes, il devait lui aussi être maudit ? Mais je ne connaissais pas ses dons. Par contre, le vieux Blue restait assis sans bouger. Lui, aucune lueur ne s'était formée, il s'était définitivement résigné à sa pitoyable situation depuis l'épisode des loups…

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    Ce mec… je ne comprends rien à ce qu’il raconte. Il parle de cyborg. Qui ça moi ?! Une expression interrogative se dessine sur mon visage. Est-ce une bonne idée de sortir ce mec d’ici ? Il n’a pas l’air net. Je me retourne et vois que les autres ont libérés d’autres détenus. Et le scène qui suit… aurait pût être la même pour moi si ses loups que j’ai tué tout à l’heure étaient arrivés plus nombreux. Mes compagnons fuyards arrivent à mes côtés, mais une autre meute, cette fois composé d’environ… pfff j’en sais rien, environs cent bêtes court vers nous. Là, on est vraiment dans la mouise ! Je me remets en garde car cette fois-ci ça ne va pas être de la rigolade.

    *ZIOOOONNNNNNNNN*

    Ouahhh, ce truc... Cette sensation ! Tous les loups sont à terre. KO ! J’ai déjà senti un truc pareil. Oui, j’en suis sûr même. Mizu avait couché tout le monde à Hungéria avec… Mais oui ! Darkwolf m’en avait parlé aussi au -2. Il s’agit là… du « Haki royal » ! J’ai bien senti la vague et je peux dire que ça secoue. Putain, j’en suis tout étourdi ! Ça vient de lui... De Tahar, mais quelle puissance ! Je dois apprendre cette technique quoi qu'il arrive ! Mizukawa ? A ce que je sache, il est dans cet étage aussi et… Pfff, qu’il aille au diable. Si je suis ici, c’est bien à cause de lui. Elle veut que je le retrouve ? Hmmm, si tu savais…

    - Mizu tu dis ? Hmmm, qu’il se démerde !

    Entre temps, les autres ouvrent le portail de la cellule et le mec bizarre sort. Il a l’air de connaitre Tahar lui aussi. D’après lui, le mec qui me servait de capitaine s’est fait bouffer par les bêtes couchées là-bas. Hmmm, ça le calme ! N’empêche que ce détenu a une façon bizarre de parler. Ça m’intrigue ! Il me demande de lui enlever les chaines. Mais bordel, tu sors de la jungle ou quoi ? Tu ne sais pas parler correctement ? Quel spécimen ! Bon aller, je me positionne face à lui et lui demande de bien tenir les bras écartés. Hmmm, là ça devrait être bon pour taper. Non, un peu plus en arrière… voilà. Le mec me regarde bizarrement. Quoi ? Je ne suis pas pro en épée ! Un, deux… et trois ! Je tape dans les chaines mais ça ne se brise pas. Quoi ? Je fronce les sourcils car je ne comprends pas pourquoi ça n’a pas marché. Ce métal a l’air vraiment solide. Des chaines normales, ça devrait casser ! Je me remets en position et lui fait signe de re-écarter ses bras malgré la gueule qu’il me tire. Un, deux… *CHLING* Un maillon casse un peu, mais ne rompt pas complètement. Putain de merde, c’est quoi ce truc ? Je lâche mon épée et chope la chaine de mes deux mains. Tirant comme une brute, j’arrive à écarter le maillon qui était un peu cassé au point d’avoir assez de place pour l’enlever des autres.

    - Voilà, maintenant tu vas être plus tranquille pour te battre.

    Bon on fait quoi maintenant ? Les autres détenus ici n’ont pas l’air de vouloir sortir. Je regarde Tahar qui est devenu le meneur de notre bande et attends.
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    Qu’il se démerde !
    Quoi ?!

    Je ne comprends absolument pas la situation. J’ai le souvenir d’un homme loyal, prêt à suivre son capitaine jusqu’au bout du monde, et là… Là ? Il veut l’abandonner ? Le laisser seul dans cet enfer ?! Mais… Que s’est-il passé entre eux ?

    Mais, enfin, Lion : Mizu est ton capitaine ! Le notre ! Qu’est ce qui te prend ?!

    Mais avant qu’il ne réponde, l’homme qu’on vient de libérer m’apprend la nouvelle. Ce grand pirate que nous suivions a fini dévoré… Comment ? Comment est-ce possible ?! Mizu, le mec qui détruit des navires en claquant des doigts s’est fait bouffer par ces stupides bêtes ?! Et Lion ne veut même pas en entendre parler ?! Mais… Que s’est-il passé ?!
    Pourquoi ?!
    Est-ce en rapport avec mon absence ? Probablement vu que c’est là que tout à commencer pour eux… Ou s’est terminé. Mais merde. Mizu. Putain. Non !

    Mon poing se serre sous la rage de mon impuissance. Toujours la même. Celle qui m’empêche de marcher en cet instant, celle qui m’a poursuivie lorsque j’étais seule, celle qui m’a rencontrée lorsque Léo est mort…
    Léo, les shinos, Mizu… Morts sans que je ne puisse faire quoi que ce soit… Pourquoi le destin s’acharne-t-il ? Pourquoi ceux que j’aime meurent ? Je ne serais pas étonné que Lion trépasse dans ce lieu… Et même s’il survie, est-ce vraiment un ami ? Non. Il a renié Mizu, il n’a aucune loyauté… C’est lui qui m’a fait connaitre cet équipage, lui qui était le second, celui le plus proche du capitaine, et lui qui trahit… Peut être est ce lui qui aurait du mourir ?
    Ou peut être est-ce moi… Après tout, il n’y est pour rien dans la mort de Léo…
    Peut être que sans moi…
    Peut être…

    Mais moi, on me porte pour que je survive. Pourquoi ? Pourquoi fait-il ça ? A cause de sa dette ? Sa dette… Je n’ai fait que le libérer de ses chaînes. Rimbau et Lion aurait surement trouvé un moyen… Surement. Mais… Est-ce vraiment utile ? Que vais-je faire une fois sortie d’ici ? Rester avec Kan ? Non. Je n’ai pas besoin d’un compagnon sur lequel on ne peut pas compter. Alors quoi ? Les Shinoryuu sont morts et la seule autre personne que j’ai rencontré depuis est Enzo, mais c’est pareil… Il m’a trahi. Alors quoi ? Retourner chez maman et papa ? Peut être bien. Peut être que tout ceci me servira de leçon, que l’aventure n’est pas forcement faite pour moi…
    Mais que diront-ils Malia et Géralt Sélindé lorsqu’ils verront leur criminelle de fille revenir à la maison ? Surement pas de bonnes choses… D’ailleurs, eux aussi, je les aime. Peut être sont-ils morts… ?
    Peut être…

    J’ai envie de pleurer. Pleurer contre la fatalité. Mais je n’y arrive pas. L’atmosphère est trop froide et l’endroit trop hostile. Je dois me reprendre, ce n’est pas le moment de penser à tout ça ! J’ai une chance, on me l’offre alors je dois la prendre ! Il le faut !
    L’air se réchauffe lorsque nous commençons enfin à monter les marches. Et déjà, je sens mes jambes sortir doucement de leur hibernation forcée. Et plus on monte, plus la température augmente et plus je retrouve l’usage de mes membres.

    Je suis bien dans ses bras, mais je peux de nouveau être utile maintenant et c’est de ça dont j’ai le plus besoin : me sentir utile, ne pas être un boulet. Alors, une main posée sur son torse, je le regarde.

    Ça va aller, maintenant.

    Et sans plus de mot, je récupère mon indépendance qui nous amène jusqu’aux portes de l’enfer ardent. Cette fois, je suis dans mon élément.


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    Dernière édition par Izya le Jeu 5 Sep 2013 - 0:19, édité 1 fois
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    -Videur?
    -Oui Madame?
    -Je crois qu’il serait temps que vous repreniez votre vieux poste.
    -C’est vous qui voyez, Madame. Qu’on m’apporte donc mes roues.

    Dans la pénombre de la salle des caméras, où l’humide noirceur n’est illuminée que par la lumière artificielle et diffuse des téléviseurs montrant sous différents angles les prisonniers en pleine progression, deux énormes mains tapent l’une contre l’autre dans un écho sonore. Ce clappement, il ne s’était plus fait entendre depuis plus de dix ans, depuis l’époque où le Vice-Directeur d’Impel Down avait laissé son ancien post.

    Le post de Seigneur des Enfers.

    Aux côtés de son immense silhouette avachie sur un colossal fauteuil, la faible lumière des écrans dénoncent les traits cernés et ridés d’Églantine qui joue machinalement avec son tablier immaculé. La directrice avait déjà fait appel aux forces de la Marine une journée plus tôt. Elle se doutait bien que Tahgel ne resterait pas indéfiniment terré dans son trou humide et terreux.

    L’éclat des torches du couloir auxiliaire à la pièce se répercute sur les murs lorsque les larges portes s’ouvrent pour faire place à une dizaine de gardes à la mine émaciée et énervée. Pour certains, il y a de cela longtemps qu’ils n’ont pas entendu ces deux claquements de main symboliques. Pour d’autres, ces derniers ne semblaient qu’une action de légende qui jamais ne se reproduirait. Mais il faut croire que jamais les légendes ne meurent, surtout pas celle du mythique Seigneur des Enfers, le maître ultime des six niveaux d’Impel Down.  

    En grinçant, les deux titanesques roues transportées par les gardes viennent s’enclencher grâce à un essieu à la proportion de mât de galion dans le fauteuil de bois du Vice-Directeur. D’un air solennel, celui-ci appui doucement ses mains sur le froid métal des roues lorsqu’elles sont bien reliées à son fauteuil. Il les caresse d’un air oscillant entre la nostalgie et la détermination, puis les empoigne fortement pour faire pivoter son moyen de transport à la taille monstrueuse.

    -Ne les laisser pas sortir, Videur.
    -Bien entendu, Madame. Répond-il à Églantine de sa voix caverneuse.

    Dans un lourd grincement, le fauteuil reprend du service en foulant à nouveau les dalles humides des nombreux couloirs de la prison.

    Il y a de cela cinquante ans que l’on lui a donné ce post. Cinquante ans depuis que les travaux ordonnés par Vegapunk conjointement à la Marine avaient cessé dans la prison. Désormais, en plus des défenses de base, elle était armée de façon à ce que plus jamais un phénomène comme Monkey D. Luffy ne puisse sortir vivant de cet endroit. C’était il y a cinquante ans que l’on lui avait offert de devenir le Seigneur des Enfers, celui qui contrôle tout. L’œil universel de la prison. Le dieu qui jamais ne laisserait quiconque s’échapper de son antre. Le Vice-Directeur avait donc apprit à utiliser la nouvelle prison comme une arme. Pour mater des rébellions, pour tuer dans l’œuf des tentatives d’échappatoire. Mais cette fois, ce serait la première fois qu’il utiliserait les pleines capacités de l’invention du génialissime Vegapunk. La première fois qu’il éveillerait les puissants pouvoirs de la prison.

    La première fois qu’il ferait voir le jour à son Démon.

    Arrivant à l’extrémité d’un couloir cul-de-sac, Herr Judge enfonce d’un doigt une brique mobile qui révèle soudainement un passage. Le mur s’efface devant la silhouette droite de l’handicapé qui s’engouffre dans une pièce exigüe.

    Un ascenseur.

    Un ascenseur avec une seule destination.

    Lorsque Judge émerge de la cage de ce dernier, c’est pour surgir dans une pièce ensevelie sous les ténèbres, mais qu’on devine très grande. Peu importe, il sait de routine où se trouve l’interrupteur qui n’a plus été activé depuis belle lurette. Dans un claquement puissant, tous les écrans et téléviseurs de la pièce s’animent d’un même éclat. Reliés aux escargo-caméras de la salle de surveillance, les écrans lui transmettent la même image d’un Tahar déposant la jeune rouquine à l’entrée du niveau -4.
    Devant les écrans, une multitude de touches colorées, de claviers à différentes utilités, de manivelles et de levier.

    -Gare à toi, Tahgel. Murmure le géant en agrippant doucement une poignée dont il connait le fonctionnement avec une main experte. Tu as réveillé le Seigneur des Enfers. RÉVEILLE-TOI! ASMODÉE!

    Ce cri est poussé lorsque Judge pousse la manivelle puis appui ensuite sur une série complexe de touches aux fonctions occultes. Le premier piège d’impel se réveille. Le premier Seigneur, Asmodée.

    ***

    Sous-Sol -4

    À peine toi et ta petite troupe agrandie de tes anciens compagnons arrivez-vous à l’enfer enflammé du quatrième sous-sol qu’une étrange réaction se produit. Le sol fait de dalles calcinées et brûlantes se met soudainement à trembler. Les briques s’agencent l’une et l’autre en se déplaçant dans différentes directions, de façon à soudainement laisser jaillir de nombreux murs du sol.

    Des murs qui semblent être très certainement calculés dans leur positionnement, car ils vous séparent tous l’un comme l’autre  en rejoignant les hauteurs du plafond de ce niveau. La seule option? Continuer tout droit en suivant le chemin qui vous est tracé. Bien entendu, retourner vers le niveau précédent n’est pas acceptable non-plus car un mur bloque se passage aussi désormais.

    Toute votre petite troupe est bloquée dans un labyrinthe brûlant sortit de nulle part! Un labyrinthe où à chaque tournant vous tombez face à une rivière de feu, des forêts de chaînes chauffées à vif, des murets décourageants à escalader et des champs de marmites bouillantes de métal fondu.  

    Mais ce n’est pas tout, car le Seigneur des Enfers ricanant dans sa salle de contrôle n’a pas dit son dernier mot.

    ***

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    Pulu pulu…

    -Oooooooouuuiiiiieeeellloooo?
    -Monsieur Buchenvald?
    -C’est bien moooua! Heureux de vous entendre à l’appareil très cher Vice-Directeur. Je viens tout juste d’avoir un entretien avec votre très cher invité. Le Vice-Amiral Tazzeeeeeeer!
    -En effet, il descend arrêter Tahgel qui s’est échappé. Mais vous savez très bien que je n’vous appelle pas pour parler de la mort et du mauvais temps, Docteur.
    -Certes non! Je me doute bien ce à quoi j’ai affaaaaaaiiiiire!
    -Alors lâchez-les, toutes, au Quatrième, maintenant.
    -Ce seraaaaa faaaaaaiiiit! Très cher Vice-Directeur.
    -Appelez-moi Seigneur des Enfers, Docteur.
    -Oh, je vois, c’est donc très grave.
    -En effet.
    -Au revoir, Seigneur des Enfers.

    Clac.

    ***

    Le Labyrinthe du Sous-Sol -4

    Chacun de vous êtes surpris lorsque du couloir face à vous émerge une armée de créatures sans queue ni tête. Enfin, oui, elles ont des queues et des têtes, mais il faut avoueur qu’un tigre possédant une queue reptilienne bardée de piquants n’est pas une créature très normale. Encore moins un taureau à six pattes griffues et aux ailes d’oiseau. Et c’est tout cet amalgame de monstres assoiffés de sang aux nombreux attributs de prédateurs qui foncent vers chacun de vous dans une course effrénée.

    Vers vous? Oui, vers vous, mais pas vers Tahar. Oh non. Tahar lui, le Seigneur des Enfers lui réserve un bien pire sort.

    Un monstre trouvé dans les tréfonds d’une île du Nouveau-Monde. Une créature vivant de mort et de feu. Une aberration sommeillant profondément dans les abysses d’un volcan. Un monstre si puissant que seul un Colonel d’Élite chevronné avait réussi à capturer. Une bête sans jugement prête à tout pour tuer, une bête enfermé depuis de nombreuses années sous l’étage numéro 4, dormant paisiblement au rythme des énormes forges. Une bête que l’on avait fait l’erreur de réveiller, mais aussi de munir d’armes à la hauteur de sa puissance meurtrière. Un fouet, et une immense lame.

    ...Du moins, sont-ce là les légendes racontées par les gardiens ayant connaissance du monstre. Incroyable machine de guerre descendant d'une brillante création auxiliaire à celle du Pacifista 3.0, le monstre arbore une carapace pierreuse, digne d'une monstrueuse gargouille automatisée. Une gargouille fonctionnant à même la pression de l'huile et du feu circulant dans son mécanisme, une gargouille aux yeux brûlants et à la gueule enflammée.

    Le voilà, le secret du piège du Seigneur des Enfers. Le Minotaure de ce labyrinthe. La bête de feu du quatrième. L’Asmodée.

    Spoiler:
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