Rappel du premier message :
Leur nom est Légion car ils sont nombreux.
Leurs noms sont légions mais ils sont anonymes.
Anonymes, noyés dans la masse des gémissements.
Anonymes, broyés dans le tumulte des coups échangés.
Anonymes, écrasés par nous qui sommes peu mais qui sommes bons.
Anonymes, comme nous tous ici, comme tous les combattants de toutes les guerres.
La guerre, oui. La guerre pour vivre ou mourir. Il flotte dans l’air cette poésie des champs de bataille, faite de poussières noires en suspension et de tonneaux sanglants déversés sur les sillons de la frénésie qui nous a tous repris à la montée des avant-dernières marches. Foin des piques qui lacèrent les chairs des autres, le sang appelle le sang et je réponds à la demande dans le même état éthéré qui m’a valu plus bas d’être enfermé avec Potemkin sans m’en rendre compte. Ils meurent mais au fond tous ne sont qu’insectes et les six pattes sous terre qui sont leurs ne m’intéressent pas. Je ne vise que là-bas, je ne vise que cette énième volée d’escaliers.
Toujours plus haut, toujours plus proche, toujours plus libre.
Les corps meurtris s’amoncellent. Ils sont centaines, ils sont milliers. Nous ne sommes que dizaine mais, comme face aux chimères, comme face aux bêtes féroces, comme face aux flammes de l’enfer et comme face aux loups, il ne doit en rester qu’un. Un seul groupe, le nôtre, qui avance et qui avancera, dans ce rythme revenu tout seul malgré les privations, malgré les digressions, malgré les perturbations en tous genres.
Un seul objectif pour les mener tous et pour me mener, moi, en dépit de sa présence à mes côtés.
Là-haut, après savourer, il sera temps de penser. Mais tout de même…
Derrière ses écailles de colère quand elle combat, elle a dans ses gestes un peu de la grâce triste qu’avait… Séléna. A mesure que la sortie s’approche, à mesure que l’air s’allège, ma mémoire s’éclaircit. Les traits se font plus distincts, les souvenirs de cette unique nuit plus précis. L’œil vert fuyant de la mère revient de loin, pressé par le temps ainsi que peu l’ont été depuis à me quitter. Il se heurte dans l’instant présent au menton fier et porté en avant d’une moitié d’ange perdue parmi les hommes du bas du monde.
Moitié ange, moitié démone, la vie est mère de toutes les insanités.
Après l’auberge pas si miteuse d’Esperanza des souvenirs du passage à Scarlet Town se superposent aussi au fracas ambiant. Au milieu des frappes sur les truffes des ruffians qui ne comprennent pas qu’ils avaient déjà perdu, qu’ils étaient déjà perdus bien avant d’être nés, les coups du forgeron Sélindé résonnent sur son enclume en arrière-fond d’un entraînement improvisé à une gamine trop jeune pour tenir un sabre et qui pourtant a résisté.
Un soleil couchant passe sous des palmiers qui eux non plus ne savaient pas.
Hurf ! Toi mon mignon…
Haki de l’armement inespéré chez des sous-êtres de cette trempe ou déconcentration totale de ma part, j’en ignore la cause. D’où qu’il vienne le filet de sang dans ma bouche me rappelle que certes le plus gros est fait mais qu’il reste des grumeaux dans les tunnels vers le grand large. Que parfois nous sommes séparés mais que tels une marée rouge et visqueuse nous coagulons alors pour passer l’obstacle. Et décapité par l’un ou l’autre, assommé avant de mourir par un excès d’aura qui fait table rase du reste des assaillants sur une dizaine de toises alentour, l’obstacle en question s’en va rejoindre au sol les autres grands vaincus de ce soir. Tout au bout là-bas en arrière-plan une lune cramoisie se lève, signe que tout ne va pas bien se passer pour tout le monde.
A moins qu’elle ne se couche et que ce ne soit l’aube que j’aperçois là-bas. Une aube rouge.
Leurs noms sont légions mais ils sont anonymes.
Anonymes, noyés dans la masse des gémissements.
Anonymes, broyés dans le tumulte des coups échangés.
Anonymes, écrasés par nous qui sommes peu mais qui sommes bons.
Anonymes, comme nous tous ici, comme tous les combattants de toutes les guerres.
La guerre, oui. La guerre pour vivre ou mourir. Il flotte dans l’air cette poésie des champs de bataille, faite de poussières noires en suspension et de tonneaux sanglants déversés sur les sillons de la frénésie qui nous a tous repris à la montée des avant-dernières marches. Foin des piques qui lacèrent les chairs des autres, le sang appelle le sang et je réponds à la demande dans le même état éthéré qui m’a valu plus bas d’être enfermé avec Potemkin sans m’en rendre compte. Ils meurent mais au fond tous ne sont qu’insectes et les six pattes sous terre qui sont leurs ne m’intéressent pas. Je ne vise que là-bas, je ne vise que cette énième volée d’escaliers.
Toujours plus haut, toujours plus proche, toujours plus libre.
Les corps meurtris s’amoncellent. Ils sont centaines, ils sont milliers. Nous ne sommes que dizaine mais, comme face aux chimères, comme face aux bêtes féroces, comme face aux flammes de l’enfer et comme face aux loups, il ne doit en rester qu’un. Un seul groupe, le nôtre, qui avance et qui avancera, dans ce rythme revenu tout seul malgré les privations, malgré les digressions, malgré les perturbations en tous genres.
Un seul objectif pour les mener tous et pour me mener, moi, en dépit de sa présence à mes côtés.
Là-haut, après savourer, il sera temps de penser. Mais tout de même…
Derrière ses écailles de colère quand elle combat, elle a dans ses gestes un peu de la grâce triste qu’avait… Séléna. A mesure que la sortie s’approche, à mesure que l’air s’allège, ma mémoire s’éclaircit. Les traits se font plus distincts, les souvenirs de cette unique nuit plus précis. L’œil vert fuyant de la mère revient de loin, pressé par le temps ainsi que peu l’ont été depuis à me quitter. Il se heurte dans l’instant présent au menton fier et porté en avant d’une moitié d’ange perdue parmi les hommes du bas du monde.
Moitié ange, moitié démone, la vie est mère de toutes les insanités.
Après l’auberge pas si miteuse d’Esperanza des souvenirs du passage à Scarlet Town se superposent aussi au fracas ambiant. Au milieu des frappes sur les truffes des ruffians qui ne comprennent pas qu’ils avaient déjà perdu, qu’ils étaient déjà perdus bien avant d’être nés, les coups du forgeron Sélindé résonnent sur son enclume en arrière-fond d’un entraînement improvisé à une gamine trop jeune pour tenir un sabre et qui pourtant a résisté.
Un soleil couchant passe sous des palmiers qui eux non plus ne savaient pas.
Hurf ! Toi mon mignon…
Haki de l’armement inespéré chez des sous-êtres de cette trempe ou déconcentration totale de ma part, j’en ignore la cause. D’où qu’il vienne le filet de sang dans ma bouche me rappelle que certes le plus gros est fait mais qu’il reste des grumeaux dans les tunnels vers le grand large. Que parfois nous sommes séparés mais que tels une marée rouge et visqueuse nous coagulons alors pour passer l’obstacle. Et décapité par l’un ou l’autre, assommé avant de mourir par un excès d’aura qui fait table rase du reste des assaillants sur une dizaine de toises alentour, l’obstacle en question s’en va rejoindre au sol les autres grands vaincus de ce soir. Tout au bout là-bas en arrière-plan une lune cramoisie se lève, signe que tout ne va pas bien se passer pour tout le monde.
A moins qu’elle ne se couche et que ce ne soit l’aube que j’aperçois là-bas. Une aube rouge.