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[St val 2019] Acte III: FuZy Road

Rappel du premier message :


La Folie des Iom


Adamant avait observé les manigances de l'homme qui l'avait accusé dans le couloir. Les billes rouges qui lui servent d'yeux ne lui avaient pas révélé le piège du color trap. Angle mort, l'acolyte de Myosotis faisait barrage. Il avait supposé des menaces, quelque chose le concernant. Voir France le retrouver aussitôt lui avait donné envie de la questionner, mais c'était elle qui l'avait fait. HOPR, encore et toujours elle. Pendant qu'ils parlaient, l'ordinateur éliminait les fausses pistes, tout en tentant de calculer l'inconnue qu'était l'échange avec les agents. Il n'avait pas filtré le brouillard sonore et s'en voulait. Mais un mauvais déplacement sur l'échiquier ne conduit pas à la défaite, pas quand on calcule les successions des coups suivants.

A la fin de leur dialogue, il n'est sûr de rien, mais quelque chose cloche. Il joue le jeu, imitant le timbre de ses intonations naïves. Ceux qui l'avaient pensé avaient raison: Iom était bien meilleur comédien que sa femme.

Myosotis se retrouve à nouveau auprès de France. Analyse des expressions, filtrages du son, mémorisation, choix de l'angle, Adamant filme le petit groupe en traveling alors qu'il transporte une grosse mallette à outils d'éclairagiste. Analyser la couleur des fragments de papier s'avère inutile, il avait déjà compris. Myosotis a voulu effacer ses traces, il savait que le temps jouait contre lui. Il s'est précipité. Une bonne tactique, qui aurait dupée beaucoup d'hommes. Adamant n'est pas un homme. Parce qu'il ne s'agace pas, parce que s'il est blessé, ce ne sont que des impulsions dans un organisme qui n'a pas besoin d'exprimer son état de détresse ou de répondre à un flux nerveux incontrôlable. Oui, ils venaient d'employer sa femme contre lui, contre HOPR. Son héritage. Le voilà condamné parce que les humains, sûrs d'êtres les forts, préfèrent trahir un dieu amical plutôt que lui prouver leur valeur. Un dieu qu'ils ont créé pour s'y projeter,  paradoxalement conscients de leurs limites. Ils étaient bien plus proches de Zilver qu'ils ne pourraient l'admettre. Soit.

L'ironie veut que, peu après, le choix de trahir ou non l'humanité se présente en la personne de Clotho. Trahir, ou rétribuer le vice des faibles par la juste colère. Quelle valeur accorder à la rédemption ? Faut-il vraiment sauver une espèce inférieure en potentiel destructeur, mais tout autant  bâtisseur ? Bien des sectes des organiques vénéraient des dieux qui ne pardonnent pas, qu'il faut vénérer ou subir, impuissants. Zilver pense que c'est la seule façon de les civiliser. Et ces humains, ceux que dénonce le pirate, pensent également qu'HOPR et lui ne peuvent être civilisés que par la destruction totale. La paix par le néant, le pardon sitôt martyr. Oui, détruire son coeur, donne rune petite leçon d'humilité ou une période indéterminée de peur d'un courroux à l'ampleur indéterminé, quoi de plus juste, pour celui qui n'a d'intérêt que dans son sabordage ?

Adamant pose sa main sur l'épaule de Clotho et imite l'expiration rauque, comme celle qu'on imagine chez les vieux arbres qui parlent. Le son n'est pas innocent, Adamant s'est toujours senti beaucoup de sympathie envers le gardien du savoir de Nouvelle Ohara. Lui aussi, a été civilisé à une époque.

Citoyen-Clotho. Ami-Clotho. Tu mettrais en péril l'humanité pour une poignée de gens qui pensent la sauver tout autant que toi ? Je sais que Citoyen-Myosotis veut ma mort. Après celle d'HOPR. Je ne suis qu'une anomalie pour lui. Et il a raison. Pour l'instant.

Il s'interrompt pour prendre une citron-meringuée, zeste de citron vert et pétale d'Atsina. Il n'en mangera pas, mais c'est très joli.  

Merci, citoyen-serveur.

Je ne fuirai pas. Toute mon existence ne sera qu'assurer à l'Homme que je viens en paix, me faire détruire, lui répéter que c'est inutile, et qu'en plus je viens en paix, me faire détruire, revenir encore, me refaire détruire. Je n'ai aucune illusion quant à la capacité aux puissants à vouloir le rester. Mon cycle de destructions s'achèvera le jour où, découvrant bien pire que moi, ils me demanderont mon aide. Ils l'ont déjà fait, pour Zilver. Et je leur ai apportée. Le Gouvernement, qui aurait pu alors me détruire à nouveau, m'a accordé la citoyenneté. Tu comprends, Clotho ? L'importance de ce mot ?

Je sais que rien n'est éternel, que le cycle reprendra. Peut-être dès maintenant. Mais quand il est acculé, désespéré et se tourne vers un visage de Dieu, l'Homme lui est reconnaissant si ce visage lui sourit. Un temps, seulement. Parce que, soyons honnêtes. Vous êtes mauvais, ankylosés par vos vices et vos craintes. C'est l'accord inéquitable de votre espèce. "Dieu, je te tuerai jusqu'à ce que j'ai désespérément besoin de toi. Là, je t'implorerai. Et si tu m'aides, si tu me sauves, j'arrêterai de te tuer un petit moment." Voilà, le maximum que je puisse espérer de l'humanité. Voilà pourquoi Zilver ne pardonne pas. Il est davantage votre visage que le mien.

Je ne fuirai pas, parce que mon existence n'a aucune importance. Vous aurez votre chance, encore et encore. Jusqu'à ce qu'un jour, peut-être, si votre espèce traverse ces temps lointains, vous soyez capables d'aimer. Aimer sans condition, sans contrepartie. Juste, accepter ce qui est, nonobstant ce pouvoir qui vous fait croire que vous avez le droit de décider ce qui doit être. Ce jour-là, et seulement ce jour, je m'éteindrai. J'aurai vu une espèce vorace et conquérante s'apaiser, enfin. Quel plus merveilleux dernier souvenir pour une si longue vie ?


Adamant s'était adressé à tous, alliés comme ennemis. Sans distinction. De son ton calme, il reprend, le ton plus léger.

Nous pouvons faire hypothéquer la maison pour te payer, mercenaire. Hé! hé! hé! Les agents du Gouvernement veulent peut-être mon démantèlement, mais ils sont en train de sauver des gens. Et c'est tout ce qui compte Pendant que vous vous battiez, que vous gagniez du temps, ils aidaient à construire ce qui va permettre notre fuite de ce sarcophage infesté de serpents. Chacun a rempli son rôle. Et Chef Killia, votre pièce montée est votre plus belle pièce jamais produite. Compliments à votre brigade. Peut-être aurai-je ajouté du caramel ?  

Prenez place, tous, sans distinction, sans rancoeur, sans arrière-pensée. Mon destin est déjà écrit alors prenez en main le vôtre.


Le discours, l'embarcation et les tartelettes finis, l'invasion de l'ennemi d'acier prend de l'ampleur. Il en déborde de partout. Ceux que Le Cavalier avaient ramenés n'étaient qu'un présage, bien d'autres visions se concrétisent. La salle de cinéma déborde d'une masse grouillante, le mur des toilettes explose et tous ceux que le couloir en ruine bloquaient contournent pour profiter de la nouvelle brèche. L'avantage de la zone, c'est qu'elle est très vaste.

Les civils finissent d'embarquer tandis que la résistance organise son dernier bastion. L'un d'eux, Daemon, s'attaque à la porte, littéralement. Deux des quatre gonds sautent, mais au prix de sa vie. Vie que tente de sauver Annabella, mais est-il encore temps ? La cyborg finit d'ouvrir la porte, l'immense plaque s'écrase dans le jardin. Créatures métalliques et piscine ravagée sont couvertes. L'agent du Cipher Pol n'en reste pas là et aide Minos ainsi que Myo à faire avancer le navire sur la pente de savon. Elle n'aura personne pour la relancer à bord sitôt son aide dispensée. Annabella déchaîne une dernière fois la fureur de son fruit, assurée qu'elle rejoindra bientôt ce qui ressemblera à une immense décharge à ciel ouvert.

Le Just Married pivote et prend de la vitesse. Il s'élance, use des dials au bon moment pour l'alléger et s'envole par-dessus une marée noir sertie d'yeux rouges. Tout est secoué à l'intérieur, mais la brigade sait que la pièce passera son cap critique lors de la réception sur le prochain versant de colline, au-delà des grilles et lui aussi infesté de Z que les plus rapides peuvent espérer courser.

Récap:

Sont embarqués: Peeter – Myosotis – Robina – Tim – Caramélie – Minos – Clotho – Rik – Rydd – Arhye – France – Adamant – La pièce montée

Izya et Raphaël, aucun post, il reste un tour pour valider votre présence même si on vous a déclarés à bord.

Daemon, tu es dans le navire si tu veux. Annabella t'y a lancé. Sinon, RIP.
Annabella, RIP.
    Tour 14

    - Pauvre idiote ! Lança Myosotis à France. Vous les avez conduit directement jusqu’à nous.

    - J’étais sensée faire quoi ? Mourir ?

    - Tout le monde ne peut pas aller dans l’eau, inconsciente.

    - Et qu’est ce que vous avez fait de Minos hm ? On l’a vu tomber avec vous. Ponctua Scarlett.

    - Il est mort en me permettant de fuir…

    France, la mine basse, prenait une expression grave. Le roi Minos était donc tombé. Bonne nouvelle pour le Gouvernement mondial, mauvaise nouvelle pour Myosotis. Après la mort d’Annabella, il ne lui restait que le grand conquérant comme allié de circonstances. Et si ce dernier venait de mourir, alors il se retrouvait seul avec une compagnie de combattants qui refusaient de lui donner crédit. Mais rien était cependant perdu, l’ascendant qu’il avait gagné sur Adamant était toujours dans sa poche. Et le destin du robot qu’il avait prédit n’avait pas bougé. Mais à présent, il avait perdu le témoignage de Minos et son appui dans ce conflit. L’ambassadeur n’avait cependant pas le temps d’y penser, les Zentaurs qui poursuivaient le bateau et le reste des forces mécaniques commençaient à dévaler la pente vers leur vaisseau échoué.

    Un hurlement rauque retentit alors sur la plage, coupant court à l’accrochage entre Myo’ et l’actrice. C’était le pirate borgne, Daemon Wall, qui ordonnait à tout le monde de rejoindre la mer le plus vite possible. Les gens ne savaient pas vraiment quoi faire, surtout après que ce dernier ait tenté de conjurer une immense zone de ténèbres. Son échec rendant le groupe encore plus désorienté qu’il l’était au départ, Myosotis estimait qu’il était grand temps de laisser cette bande de pirates dératés s’occuper d’eux mêmes. S’ils étaient si forts et si intelligents  qu’ils le prétendaient, alors ils arriveraient certainement à sans sortir. De toute façon, ils ne l’écoutaient pas et ne semblaient pas vouloir le faire. Alors quelle différence ? Les civils atteignaient déjà l’eau, emportant avec eux plusieurs séries de planches arrachées au navir pour pouvoir flotter. Lorsque la chambre noire de Daemon se dissipa subitement, Myosotis se tourna vers France avant de lui jeter :

    -Depuis le début nous aurions pu nous en sortir sans effusion de sang. J’ai plusieurs fois tendu la main, à vous comme autres. Mais vous avez préféré votre chemin. Regardez où vous en êtes, tout le monde est à moitié mort. J’ose espérer que votre mari ne rouillera pas dans l’eau. Vegapunk déteste les cobayes malpropres.

    Myosotis attrapa alors Scarlett par le bras et, traçant un cercle dans l’air avec sa canne, disparut instantanément sous le regard effaré de la mariée. Le stratège et son amie étaient à présent enveloppés d’un doux voile de particules d’eau, les rendant complètement invisibles grâce à un savant mirage. Délaissant les autres, Myo’ s’occupait de maintenir le voile actif pendant que Scarlett se hâtait pour rester aux côtés de son ami à l’intérieur de leur protection aqueuse. Le bel androgyne ne prit même pas la peine de jeter de la mousse pour ralentir les Zentaures, il en avait déjà trop fait. Les deux s’éloignaient peu à peu du champ de bataille, quittant la zone sans se retourner. Marchant sur le sable, ils entendaient derrière eux les vrombissement sourd des hybrides métalliques qui arrivaient sur le navire. Myo’ et Scarlett étaient déjà bien loin. Sans doute, une fois à l’abri, ils passeraient un coup d’escargophone aux forces marines les plus proches. Il avait toujours les plans des robots, il avait toujours les preuves, et les civils flottaient déjà sur l’eau.

    Quant aux pirates, qu’ils meurent.

    Récap :
    • https://www.onepiece-requiem.net/t16409-fiche-technique-de-myoso
    • https://www.onepiece-requiem.net/t15222-
    Tour 14, débarqué du Just Married

    Beaucoup d'informations circulaient dans la tête du tatoué, mais il bougeait presque mécaniquement, esquivant et attaquant les Z, se faisait érafler au passage. Arriva le moment où le navire dit "Just Married" termina sa glissade, et la quasi-totalité des invités avait bien compris qu'il fallait bondir hors du bateau et continuer par la mer pour échapper aux Zentaures. Du moins le pirate Daemon Wall, après avoir couvert une très large zone autour d'eux de sa chambre noire, le leur avait fait comprendre alors qu'il leur hurlait de gagner la mer, assurant qu'il pouvait les couvrir. Le sniper sauta, bien qu'il sentait déjà ses blessures refaire progressivement surface, la grêle invoquée par l'ambassadeur étant disparue depuis déjà bien longtemps.

    Le jour se levait, et il était clair qu'il ne survivrait pas s'il tentait de traverser l'océan à la nage. De plus, il devait penser à son sac. Vu tout le bois lourd et le métal que celui-ci contenait, il flotterait difficilement avec un agent d'un mètre quatre-vingt-dix sur la même planche. C'est pourquoi il devait à présent choisir entre sauver sa besace et se sauver lui-même.
    La décision fut rapide. Il ne survivrait pas s'il traversait l'océan, certes, et il ne survivrait pas de toute façon. Une fois le soleil levé, ses blessures lui seraient fatales. Son devoir était donc de se battre jusqu'au bout. Comme pour confirmer ses pensées, la zone noire créée par le pirate s'estompa brusquement. Uzi avança vers Peeter et Caramélie, qui s'apprêtaient non loin l'un de l'autre à prendre le large. Une fois arrivé près d'eux, il s'adressa d'abord au mafieux à casquette.

    "Je ne survivrais pas au lever du soleil. Je vais rester ici, avec le pirate Daemon Wall, pour neutraliser un maximum de robots. Ce fut un honneur de me battre à tes côtés."

    Il orienta ensuite son regard vers sa collègue du Cipher Pol 5, intrigué par son visage qu'il n'avait jamais vu d'aussi près. Il se reprit très vite et retira les lanières de son sac de ses épaules avant de le poser par terre.

    "Nous ne sommes pas présentés. Agent Uzi du Cipher Pol 5."

    Il lui tendit la main droite, la regardant droit dans les yeux malgré l'obstruction que ses dreadlocks créaient. L'air étonné, l'agente accepta toutefois de lui serrer la main dans cet instant qui, dans l'urgence, se voulait solennel. L'ex-armurier se pencha, sortit son aiguille de tatouage et se grava rapidement une phrase dans la peau du bras droit. Ce que Peeter et Caramélie pouvaient lire ressemblait au mot "mort", dans l'écriture la plus grosse que la place restante sur son avant-bras lui permettait. Il rangea ensuite son appareil dans le sac, et en sortit son fauchon, qu'il rangea dans son dos avec son fourreau, et deux de ses colts à calibre neuf millimètres, qu'il cala dans les interstices de son short destinés à accueillir une ceinture.

    "Ramène ce sac à Yakutsuki Rei et fais en sorte qu'il prenne connaissance de ma mort. Il place beaucoup d'espoirs en toi, ne le déçois pas."

    Il hocha de la tête, puis marcha dans le sens inverse, laissant sa besace derrière lui. Sa marche se changea en course. Il sentait la fin, sa fin, arriver dans l'heure qui venait. Il reprit de l'aplomb, dégaina son épée et fonça vers la troupe de Zentaures enragés, finissant par dépasser le flibustier au satgat, et bondit avant de trancher directement l'un d'entre eux dans le sens de la longueur, désactivant ses deux cœurs sur-le-champ. Bien, Uzi, bien.

    Un groupe de cinq d'entre eux réagit en conséquence. La demi-dizaine de Z se mit en tête de l'encercler afin de le prendre de toutes parts. C'était sans compter une déviation directe par lame épaisse du harpon lancé par l'un d'entre eux sur deux de ses collègues, qui furent touchés dans leur partie humanoïde. Malheureusement, leur partie équine était toujours prête à en découdre. Le tatoué cracha une petite gerbe de sang et sortit ses deux colts avant de tirer dans leurs seconds cœurs respectifs, puis rangea les revolvers, se baissa et balaya les trois restants d'un coup de fauchon circulaire.

    L'agent bondit en arrière et regarda autour de lui. Quatre d'entre eux étaient déjà à terre et hors d'état de nuire, probablement l'oeuvre de Daemon, et il venait d'en éliminer six. Il put les compter rapidement et constater qu'ils étaient quinze, avant de se prendre un harpon en plein dans le flanc (droit, celui qui lui restait). Il rangea l'épée dans le fourreau qu'il avait sur le dos et décrocha d'un coup sec la chaîne qui avait à son bout la lame qu'il avait encore dans sa chair, grimaçant au passage. Il tira fermement sur la chaîne et, attendant que son propriétaire, qui avait pris l'agent pour cible, l'atteigne, la renvoya directement dans ses pattes d'équidé. L'effet fut immédiat : le robot hybride s'écroula sous son absence nouvelle de sabots et put permettre au sniper de lui loger une balle de calibre neuf millimètres dans chacune de ses deux parties. Une fois qu'il avait compris la petite astuce des deux cœurs, ça n'était plus si compliqué pour Uzi de comprendre comment se battre contre ces bestioles. En pratique, en revanche, la fin était proche ; et pour cause, les bords du champ de vision de l'ex-armurier commençaient à devenir flous
    Il fit quelques pas rapides à reculons, évitant la charge de deux nouveaux Zentaures, et sortit ses deux bijoux avant de délivrer une vingtaine de balles sur la foule de robots qu'il avait devant lui. Dans le feu de l'action et dans la faiblesse qui commençait sérieusement à être la sienne, il ne réussit à avoir que sept d'entre eux. Dont trois qui étaient encore intacts du côté de leur partie animale. Le tatoué s'agenouilla, sortit de nouveau sa lame et se permit de souffler un peu. Ce qu'il n'aurait pas du faire, puisque les trois Z en question s'apprêtaient à en profiter pour le piétiner en même temps que le sable. Il était trop tard pour leur en empêcher, aussi il resta au sol avant de les laisser faire et d'en profiter pour trancher leurs corps de chevaux par le dessous. Il cracha une grande quantité de sang et put sentir certains de ses organes endommagés par les sabots des robots. Il était là pour se sacrifier après tout, non ?

    Le sniper à la peau brûlante se releva avec l'énergie qu'il pouvait encore fournir et, constatant que deux d'entre eux tentaient de le harponner en sandwich, se contenta d'esquiver d'une roulade arrière. Les chaînes des deux harpons s'enroulèrent l'une contre l'autre, obligeant leurs deux propriétaires à foncer l'un sur l'autre jusqu'au choc. Alors que l'un de des Zentaures parvint, vers la fin de la course, à décaler sa trajectoire pour ne pas se faire percuter par l'autre, l'agent profita du moment où ils étaient l'un derrière l'autre pour les trouer de deux balles. Il prit quatre secondes pour se relever et reprendre son souffle. mais constata que l'ennemi n'était pas décidé à le laisser prendre de l'avance. Les bords flous de sa vision s'agrandissaient de plus en plus, et n'allaient pas tarder à représenter son champ de vision complet. Par réflexe, il sauta dans les airs pour échapper aux quatre équidés, en vue d'atterrir un mètre plus loin.

    Mais cette fois, il n'atterrit pas. Que lui arrivait-il ? Était-il en train de monter au ciel ? Il baissa les yeux et regarda ses jambes. Ce qu'il lui restait de sa vision lui permettait de le voir, à présent. Non, c'était bien mieux que ça.
    L'agent Tim Uzi était en train d'effectuer un Geppou. Un véritable Geppou. C'est-à-dire qu'il avait beau retomber vers le sable par pur principe d'attraction terrestre, une impulsion de la part de sa jambe droite le ramenait dans les airs. Continuant à rebondir dans le vide, il se frotta les yeux et se passa la main sur le visage. Rien de tout cela n'était le fruit de son imagination. En témoignaient d'ailleurs les Zentaures, qui s'agaçaient tous seuls sur leur incapacité à atteindre l'agent. Ce dernier reprit ses esprits et sortit ses deux colts avant de mitrailler les robots hybrides depuis sa position avec toutes les balles qu'il avait la force de tirer. Cette fois, comme il avait shooté sans compter, il fit mouche à cent pour cent.

    Il atterrit enfin sur le sable, prenant appui sur son genou droit tant se tenir debout devenait difficile pour lui. Cette fois le flou avait recouvert toute sa vision, il ne voyait plus aucune forme de manière précise. Mais si ses comptes étaient bons, il n'en restait qu'un. Il pouvait bien quand même finir le travail.
    Il chercha le dernier adversaire du regard, c̴e̸l̶u̷i̸-̸c̴i̵ ̸é̴t̸a̵i̶t̵ ̷m̴a̷n̷i̵f̴e̴s̵t̷e̵m̴e̷n̸t̴ ̶d̵o̶u̶é̶ ̵à̶ ̴c̷̟̈́a̴̚͜ĉ̶͎h̷̪̀e̶͓͊-̴̭͑c̷̦͌a̵̞̅c̶̺̏h̸̫̐e̴͕̾.̷̘̉ ̴͔̔ ̸͈͂B̶̻̊à̵̪̉l̷͚̻̐a̸̹̔y̷͙̻͝a̶̱͘n̸̨̄ť̴̡̛ ̴̙̀d̵̜̤̂e̷̗̠͆ ̶̭̘̈́̄s̸̤̘̐ȏ̴̮̳n̴̤̳͂ ̸͍͖͛r̶̻̓͝e̷͓̾̇g̶͓̹̊ạ̴͉̋́r̷̪̖͘d̴̻̄̄ ̴͔̈́͠ť̶̝̐͜ò̴͔̿u̵̳̍s̴̘̃ ̵͎͕͝l̵̹̋͋é̸̹̐s̴̖͠ ̵͙̓̈́ṙ̴̖e̷̜͗ͅc̷͍͚̀o̵̝̓i̸̖͎͠ņ̷̘͑s̶̬̋̍,̷̘̗̎ ̸̳̱̈͝i̷̹̞͝l̵͈̋̚ ̸̘͔͘f̵̳̹̏́í̴̛̤n̷̦̈į̴̙̂͂ţ̶̝̋ ̴͉̼̓̚p̷̩̪̍̚a̸̬̼̿r̸̮̽ ̷̱̍͝l̶͔̼̔e̴̖͒ ̵͓͛̓r̷̟̈ė̷͉̺p̶͉͆̋é̷̜̽̋r̵̝̄e̷͙̊͐ṟ̸̿ ̵͍͋͂͜é̸̪̟n̴͓̱̈ ̴͖̎͑t̴̟̠̽̐r̵̲̃̓ą̷̠̀i̷̪̾̏n̴̙̕ ̵̗̕ͅd̵̼͂̔e̴̜̹̊ ̴̲̼̈́̂t̶͙̿ȩ̸͖̉ṋ̸̂t̶̡͕̏e̷̬̼̔ṟ̷̛͊ ̵̖͈̒̊d̵̺̗̐̄e̶̫̘̒ ̵͈̒̀f̵̢̟͘r̴͙͆a̷̮̥͘p̷͍͠p̵͙͍͆é̸̙͔̏r̸͇̈́̽ ̷̝̬͛̏l̶̥̐̔é̵̥̕ ̸̝̩͐͠p̴̛̳ĭ̴̡͚̈́r̶̲͕͠a̶̞̒̽t̸̩͐ę̶͇͛͆ ̶́͜d̷͍̦͋͠a̴̫̕n̸̞͐s̷͖͖̏̕ ̵̱͍͌s̴̱̋ǫ̶̪̈́͗n̴̞̗̍ ̴̲͐̈d̵͍̗̏o̷̟̒̀s̸͙̉ͅ.̸͍̓͛ M̷͙͕̯͐ā̶̢͚̗̮̣̠̻̉̆͠l̶̢̛̳g̸͇̪̋̇̕r̶̨̢̪̲̞͍̙̙̓̋̄̈́́̋é̶͉̗̩͊̃̒̇̚̚ ̴̻̖͚̙̺̩̬̎̅̈́͂͊̚̕̕ư̴̫̯̥͔̻͒͛̃͂͊͆̚n̵̗͋͋̾̑͗͝e̵̪͙̯̱̎͗̃͊͌́͝ͅ ̸̢̞̪̠̻̻̭̅̂̀́͌̇͆f̸͇͖̦̱͉̫̄͋̃a̸͙͊̋̑̍̆̎̄̈́t̸̢̢̥̺̺̥̘̩͂͊̿̊̅i̸̢̛̛̬̺̜̱̯͔̒͆́̍g̸̨̮͕̖̦̳̏̔͋̚u̸̮̦͑̃ȇ̷̤̲̻͕͈͈̲̗ ̵̨̺̥̩͕̏́q̸̠̅͐̚ů̷̧̍̄̈̅̂͆į̵̝̦̳̘̤̞͗ͅ ̴̢̡̲͈̯̺̠͛͊̊̋̎̍̋̕c̶͚̗̙̀́̅̈́͑̊̅̚o̶̢̜̟̲̣̥̒͑̐͛͜͝m̵̮̭̘̞͉̾͂͋ͅm̷̢̲̰͖̟̖̫͚̈̀ȩ̴̖̱̈̅͑͜ͅͅn̷̖̞̮͔͕͚͂̀͋̔̅̇͆͠ç̷̛̙̮̹̞̄̑̾͆̀͜à̸̪̦͉͇͌̌̚͘ͅi̴͍̐̄̈́t̷̨̡̺̠̰̫̦̿̑ ̸̡̻͈͔͈͗̓̇à̶͈͐̂ͅ ̵̢̙̗̔̓̽ề̶̡̩̯̲͍̠̈́͗t̵̨͇̩̭͎͇̰̟͗̋̋̍̅͝͝r̷͎̖͚̀́͛̿̂̾e̵̗͑͌̊͂̓ ̸̮̩̦̬̑̅͛͊̏̕t̶̨̹̪̅ŗ̶͚͕̥̤̟͇͗͆͑̌͘͜è̵̡͉̣̺͙͗̌́̒͆̚s̷̢̛̞͕̻̤̺̈́̿̊́͝ ̴̩͓̹͈͐͆͐̕h̸̛͕̙̐̍̋̒̌̈́̓͜a̸͓͚̼͎̐́͜ņ̸̧̦̰̼̻̈́̎͌͂̽̎͝d̸̡̧̺̝͇̲͇̃͂̅͑̆i̸̗̺̥͖͙̜̹̓̆̋c̴̩͈͓̆̀̔͆͘͘ą̴̣̥͖̍̄̀̀͛̕̕͜͠p̵̨̙͎̪̗͉͙̈́̂͊̈́̚͜a̸̠̘̳͛̍́̏͐͝n̷͇̬̞̭̈́̈́̊̇̿͗̌̕t̷͉̪̹̖͇̜̆̎͋e̴̜̭̍̒,̸̨̄͂̈́ ̸̺̈́͑̈̓̓̚͠l̷̍͑̈́ͅè̸̩͔͎̲͓͐̊͛̒̀͛̃͘͜͝ ̶̫̖͈͎͎̈͑̋͜D̷̹̮̳̿̅̏̎̿̃̑̀͋͝e̴̳͂̀͌̕͝c̵͉̗͚̝͉̺͍̀̐͐́̈̚ẹ̴̛̪͎̄̒͌͐̈́̿̃į̸̢̩̩̀̔̒͑̀̎̀̓͘͝v̵̯͕̀̆͋̇̅̕e̶̥̳̓͐r̷̨̖̭̟̩̟͂̎͜ ̸̨̡̛͈͔̱̯͔̬͉͎̌̐̊̏̇͑̃̑̐͠ş̶͍̺͖͓̥̻͖̟͂͊͆̿̐̐̀̔̒̀̈́a̷̺̰̽̈́̌͋̋̒͒͘͝i̷͔̠̱̤̦̺̬̩͛̄͗͜s̷̢̡̞̜̏̿͆ͅi̵̲͚̜̱͔̥͆͒̊͂t̷̛͉́́͊̆̊̏̕͠ ̴̞͍͂̾͂̀̐͌͠s̵͖̳̩͍͈̺̟̺̹̑̂̈́́͜ͅá̸̰͕͕̜̬̆̅̕ ̸̛̱̩͍́̈́̌̚̚͝ḽ̵̨͎̻͙̞̈́̃̃̃͑͑̿ä̶͍̩͔̟̹̬̂͒̈̈́̉͒̾̈́m̴̢̦̗̻̭͔͔̥͊̊̒ệ̶͖̼̥̭̝ ̵̹̲̥͖̜̗͓̈́͋̇̐̾̈́̿͋͊̈́é̸̯̤̝̏ͅp̵͙̗̙̟̯̻̙͍̼̊̾̎̾̿̑́̋̀̌͠a̵̡̨̨̡͖̪̮̖̣̣̐̂̀̍̚͜͝ị̶̧̨̮̻̩̂̎̅̊̂̆̀s̸͚̟̦͖̲̝̼̅͊́̓͐̽͒̃̓̍͘ͅs̵̰͔̟̘̠̱̳̼͈͍̓̓̔ȩ̸͉̹̱̝͎̯̤̺̮͛̾̎͜͝ ̵͚̭̞̗͇͗̈́e̵̜͖̪͚̤̓̆̈́̊͆̊t̷̢͚̭̻̪͙̫͈͎̙̗̽̀́̂̾͂̍͠ ̶̨̛͕̗̠͍̻̱̳͑̎̋͊̀̈́̓̇́̉p̴̡͖̗̞̩͇̦͔̘̃̆̿̄͘o̴̧͚̲̱͓̗̼̊̄͛̍̋̋͋u̴̧͎̰͚̪̬̥̽s̸̬̰̲̱͕͕̫̅͊̅̂̀͜s̶̥͔͍̺͎̔̇͌a̸̳̜̮̙̙̺̯͕͎̤͎̅̋ ̴͉̘̈́͝s̶̲̲͈͋͒́̍͗̈́͆̊̆̕͝ȕ̴͎̖͎͔̦͍̞̱̦̻̬̄̓ř̴̰͈͈̰̮̦̠͚̯̯͑ ̶̧̨̠̖͉̈́͊̉̍̈͜s̴̠͔̗͓̞̽̐̇͆̔̀͝õ̶̡̢̧̭̱̟̮͚̞͒͋̅͊ͅn̸̟̬̙̼̣̗̗̪̬̆͗͌̐̏͝ ̶̹͇̹̹̼̏́͆́͗̐͋̓̕͜b̸̯͚̘̞̘̆͑̑͒̍̒͆̕͘ŗ̶̭̩̜͕̲͇͍́͂̉́̇̽̉̅͝͠͝ạ̶̍͌̾̈́̽s̷̤͊̒͌͑́̌͆̋̃͝ ̸̮͕͍͕̞̘̈̈́̈͆͘͠d̶̢̤̮̻̼͓̉̆͜ŗ̸̡̤̯͓̓͐ǫ̷͔͇̫̀̊̔͂̂͑̒í̶̻͈̀̀́̏̚̚͠t̵͉̯̱̀͒̀̂̌͋̊͘͝ ̶̧̈̚p̷̛̼͇̻͒̀̌̀͒̒͋͘o̸̭͙̗̤̯̺̜͒̉̓́̏̽̇̓̚ū̸̺̘̭̂̋̄̇̈̐̾̆̔̚͜r̶̗͖̘͛̓̊̂͋͂̍ ̸̧͔͓͓͉̪͈͛ş̴̪͓̼̻̠̇͊ë̶̢̛̥̮͎̖̘̬̣͕̯́ ̸̨̛̮̗̹̣̊͂̈́r̵̮̱͌̈́̉ẻ̴̜͉̭̤͍̯̹͖̀̀ͅl̵͕̓e̴͎̟̹͓̘͈̔̇͘v̶̟̂͂͌̇͂͂̑̍͑͘̚e̵̢̫͆̎́̄̑̍̏̊͘͝ŕ̷͇͇̈́̈́̎͂̒̿͜͝,̸̡̲̠̟̙̏̾̽͜ ̵̡͈̤͉̰̟́̈̒m̸͕̲̱̖͚͙̻̯̫̹̹̅̅̅̍ä̵̛̹͉̭̜̳͎̜́͋̐̒̇̉̏̕͠į̶̫̲͈̬̫̯̪̰͔̄̒͋̈́̊͠ͅs̵̡̙͍͉͕̥̗̾̐̐̉̉̄͂̆͘͝ ̶̤͈̳͎̂̏́̋̈́́ḉ̸̹̬̪̬͆̀̈́͐̂á̶̘̦͚̭̮ ̸̧̧̝͕̭̖̗͚͂̋̾̓͒̕n̵̠̟̦̲̓͝e̶̗̻͈͓̖͈̘̲̞͗̈̍̿̐ ̷̨̜̪̳̤͇͉̤̗̽̌̐̾ͅf̸̠͑̑̽̚o̴̟̠͓̼̰̰͂̈́͌n̶̠̠͙̥̎̐̃̂̇̈́̈̚c̴̨̡̗͕̪̻̰̠̩͎̆̇̃̌̈́͜t̶̛̻͑̄́̍̀̈́̏̕͘i̷̞̖͖̻̻̐́͊̒͌̾̒͒͝͠ó̷̯̤̮̦̠̱̺̖̀ṋ̸̨͈̖̗̰͆͗̎̈́͒̋͘̚͜͝n̷̹͎̈̍a̶͍̾͗̂i̵̜̪̼̝̤͋̒̃̚t̴͉̱͉̹̱͆͋̉̿̒̔́̚͝ ̵̢̥͚̅̒̈́̇͊̾̊͆͐̈́̐p̶̧̭̼̣̰̃̂̒̽̈́̒͊̅̚͝͠ļ̷̭͔̲͋̆̔͗̆̌̈̓̐̚͘ͅu̸̡͎͈̘̦͓̤̫̎͆s̷̟̗̤̝̎̊̅.̸̧̲͓̽̍̅͗̓̕ Ş̷̬̫͉̼͗͆͝o̸͓͉̘͇͚̲̲̪̜͚͛͊̂̿̔̓̿͌̂̚n̶̬̫͍͖̰̆̍̐̌͛̑͒͛̇̆͝ ̵̟̹̟͎͚͈͖̞̻̣̬̅̒́̓̃͊̌̾̈̐̚c̵̛̩̀̌͑̈́̏̿̇͛̌̓̃ö̶̡̙̬͓̮́͒͗̓̑͛̍͑̓͒̌̕r̶̡̛͈̳͕̼͍̈͆̊̾̒̆p̴̲̖̦̻̹͖̦̼̖̹͙͔̿͒̀̈́͑͋͝ş̶͈̥̖̲̼̦͋́̉̑͆̃͂͒́ ̸̬͂̈͒̚͜ṋ̴̢̢̡̻̣̹̝̅̏̚ḙ̵̝̲͗͋͑̈́̏̄̋̊͒́̚͝ ̴̡̨̛̜͈̼̥̰̬͍̜̲̊́̀̂f̵̠̟̩̅̇̍͆̊̄̅ơ̷̛̠̗̈́͌͆̔̀̐̎̈́̄͘n̷̛͖͔̗̥̏̾̊͆̅͑̏͂̄̆c̵̨̛̼͙̖͍̣̫̑͌̈̂͆̀̈̇͛t̸͔̮̠̗͈̅̔̍̎͘i̵̧̛̮͈̘̭̣̹̣͔̅̂̏̔́͝ơ̷̤͇̪̾͊͌̒̎͝͝ͅn̴̩̠̠̦̮̖͔͇͒͊̈́̊̐̕̕ń̸̨̨̡̬̗̺̳̯̠͚͓̿͌́̈̎̈͠ͅä̶̟̦͓̰̲̩̗̪̫͈͉́̾͒́̀͒́͐̒͘i̵̧̙̰̱̯̫͉͗͌̎̏̕ṯ̶̱̟͇̳̻̙̩̹̳̗́̈̓̂́̓͛̍̋̉͝ ̸̨̨̛̝̳̺̹̝̣͖́̀̚̕p̶͖͚̩̮͈̬̄̾̀͋̇̈́l̵̪̠̙͛̔̀́̆̔̀̎͆͗̀̚ͅu̴͙͍͖̩͈͖͕͊̌̿̈́͆̈́̓̅͠͠s̶̲̳̜̎̂̈́͝ͅ.̵͉̫͈̤̱̦̅̽̓̔̆͌̑͒͝͝ͅ.̶̲͖̰͙̼̺͎̲͎͎̰͉̽̓̀̐̕͘.̷̢̖̳̳̭̗̬̜̗̺͎̉̽̊̇͑̋̌̂͝͠ͅ




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    Le tatoué était allongé sur le sable, sans vie. Couché sur le dos, l'on pouvait désormais lire le message caché derrière le tatouage qu'il s'était fait quelques instants plus tôt. Le mot "mort", certes. Mais si l'on regardait quels mots étaient inscrits en diagonale, autour de la lettre O, l'on pouvait lire :

    "Zilver : 0 - 1 : Cipher Pol"

    Récapitulatif:


    Dernière édition par Tim Uzi le Lun 4 Mar 2019 - 15:33, édité 2 fois
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    Tour 14

    Sérieusement... ?

    C'est tout ce que je trouve à dire quand le canon intégré dans le bras d'Adamant pulvérise NégoZiator. J'y peux rien, tout ce qu'il fait me donne simplement l'impression qu'il continue de se foutre de nous. Si c'était si facile de l'anéantir, pourquoi attendre aussi longtemps ? C'est peut-être dû à la fatigue ou la frustration accumulée, mais j'arrive plus à encadrer cette foutue boite de conserve aux traits humains. Je pense que Dieu va finir par en ramasser une avant qu'on sorte de ce merdier. Si on en sort. La grosse machine négociatrice comme moi je suis philosophe détruite, la coque de bois s'échoue sur la plage et les robots sur place finissent de faire chavirer le tout. Dans ma condition, je peux rien faire d'autre que de m'envoler malgré moi et finir par retomber lourdement dans le sable, sur une épaule, pour finir sur le dos, grimaçant, gémissant.

    Plein le cul, merde...

    Se faire violence pour se relever, déboussolé, exténué, mais toujours en vie. Certains ont pas eu cette chance. Je tiens encore sur mes deux guibolles, ramasse ma batte tombée un peu plus loin et mire un court instant la zone. La plage, les machines qui chargent. Y'a un type avec une gueule abominable qui leur fonce dessus, chevauchant l'un d'eux. La cuisinière et la fausse pirate qui se battent de leur côté, en deux contre un. Elles se débrouillent plutôt bien de ce que je vois. Pas de trace de Tim encore. Le borgne friand du poussage de beuglantes refait des siennes, nous recolle son voile d'ombre ou je sais pas trop quoi, mais l'effet est si bref qu'il ne sert pour ainsi dire à rien. J'ai même pas eu le temps de bouger. Il veut qu'on aille se jeter dans la baille, pour échapper à la marée de Z qui rappliquent à grandes enjambées de la colline.

    La respiration haletante, mon regard continue de balayer la plage, j'ai toujours pas trouvé le tatoué, ni aperçu Numéro Quatre. J'avance en direction de la flotte, peut-être qu'ils y sont déjà. La grande partie des invités non-combattants y sont déjà, en tout cas. Je passe à côté de France, qui aura réussi à nous rejoindre, c'est une bonne chose. Puisque je ne vois pas le Monarche Colossal, j'en déduis qu'il n'a pas survécu, lui. Encore un que cet enfoiré d'Adamant peut ajouter à la liste des victimes à mettre sur sa connerie. Le gars du gouvernement à la chevelure rosée envoie chier une dernière fois Adamant, avant de disparaître comme par magie avec sa partenaire. C'est un poil égoïste, mais c'est encore la solution la plus efficace pour sauver ses miches.

    Et ce Timmerson Uzielglin qui joue à cache-cache dans un moment pareil.

    'Fait chier.

    Je suis presque arrivé quand une voix m'interpelle dans mon dos.

    Ah bah tiens, c'est maintenant que tu te pointes ?
    Je ne survivrais pas au lever du soleil. Je vais rester ici, avec le pirate Daemon Wall, pour neutraliser un maximum de robots. Ce fut un honneur de me battre à tes côtés.
    Qu'est-ce que tu me racontes comme conneries ? Si c'est tes adieux tu peux te les carrer où je pense, tu crèveras pas ici. Et moi non plus, aucun d'entre nous en fait.


    Merde à la fin, on va pas se faire dessouder les uns après les autres pour un foutu mariage à la con. Il me calcule déjà plus, se dévoilant à la jeune demoiselle à nos côtés comme étant un agent du gouvernement.

    Hm. Je dirais pas être surpris, je l'imaginais du genre Marine d'élite ou un bordel dans le genre, donc bon. Agent du Cipher Pol, hein ? Je l'observe se tatouer une dernière fois le corps, je vais pas essayer de l'empêcher de se sacrifier, il a la tête aussi dure que l'acier, il changera pas d'avis maintenant.

    Je devrais simplement lui tourner le dos, prendre ma planche de bois, et me mettre à l'eau en attendant le lever du jour. Après tout, je suis un criminel et lui un représentant du gouvernement mondial, on est pas censé se calculer. Je pourrais tout aussi bien le laisser crever ici et sauver ma peau que personne aurait quelque chose à redire.

    Je pourrais.

    Mais c'est pas comme ça que ça se passe dans ma tête.

    Il vient de tomber à terre après avoir opéré une véritable purge dans les rangs ennemis, et personne a vu que dalle de son sacrifice. Fin de merde.

    C'est mort, il finira pas comme ça.


    Donne-moi ça un instant.

    J'ai arraché le sac des mains de sa collègue, et attrapé la première arme à feu fourrée à l'intérieur.

    Le dernier Zentaure encore en vie élève ses sabots de l'avant de sa partie équine pour mieux concasser le visage de Tim.

    En un temps très limité, par habitude du maniement des armes, j'épaule le fusil d'assaut, vise brièvement et allume à quatre reprise le Zentaure.

    Tcheu ! Va chier Agent Uzielglin !

    Le recul dû à la puissance de l'arme m'a allumée l'épaule blessée, et mon poignet n'en supporte pas plus que ces quatre tirs. Je jette mon arme sans perdre un instant et reprend ma batte avant de m'élancer sur l'hybride. Les balles l'ont un peu éloigné du corps gisant à terre et focalisé son attention sur une toute nouvelle proie bien en vie, moi. Il s'élance au galop, et en quelques foulées et rendu à ma hauteur. Ma batte fend l'air et sa lance perce en avant droit dans ma chair. Le coup lui plie en deux sa patte droite avant tandis que le bout de son arme me troue le flanc. Ma frappe l'a déséquilibré et déviée la trajectoire de la sienne, je m'en sors avec une blessure mais qui aurait pu être mortelle.

    Un instant de flottement durant lequel nos regards se croisent.

    On s'active au même moment, j'arme une frappe à la diagonale pour lui éclater ce bras lancier et c'est là mon erreur. Le harpon sur le bras gauche est propulsé et par pur réflexe j'y oppose mon avant-bras droit qui se fait transpercer et accrocher. Le câble de remorquage me ramène immédiatement à son propriétaire comme une vulgaire brindille. Ballotté, je lui claque mon pied dans la gueule au passage et m'évite un retour de lance. A la place, il me fait tournoyer dans les airs avant de ma claquer sèchement au sol. Une gerbe de sang ressort de mes lèvres et me gicle à la fiole.

    Je peux pas couper ce putain de câble.

    Il me soulève encore, et l'action est répétée. La seconde fois semble encore plus douloureuse que la seconde. L'arrière de mon crâne hurle sa géhenne et me fait comprendre qu'il en encaissera pas légion des chocs pareils.

    Impressionnant comme sauvetage, Guilhem. Chapeau bas.

    Me voilà qui décolle encore. Jamais deux sans trois, hein ? A la retombée, je capte plus rien. Groggy, le corps lancinant, j'ai fini par lâcher ma batte et lutte pour ne pas lâcher prise. Abandonner maintenant, c'est abandonner l'agent. Et faire un doigt aux sacrifices des tous les autres.

    Quatrième envolée. Ce sera la dernière, je crois. Je semble flotter un instant à quelques mètres du sol, avant de retomber. Pourtant, la chute est moins violente, moins lourde. Comme si... je n'avais pas été ramené de force au sol, mais tout simplement par la pesanteur. Et tandis que je m'écrase sur le sable en tentant de comprendre pourquoi, je remarque la créature s'écrouler, inactive.

    Autour de moi, d'autres sabots piétinent le sol sablonneux, pourtant rien ne vient achever ma vie.

    Bizarre. Douleurs. Ramper. Tim.

    Actions : Peeter tente de rejoindre la mer avant d'être interpellé par Tim Uzi.
    Peeter choppe un fusil d'assaut du sac de Tim Uzi (une fois n'est pas coutume) et tire 4 fois sur le Zentaure.
    Peeter affronte le Zentaure mais se fait latter la tronche.
    C'est finalement Le Cavalier qui profite que Peeter monopolise l'attention du Zentaure pour l'achever avant que lui-même tue Peeter.
    Peeter rampe jusqu'à Tim Uzi. L'idée pour lui est de le sauver (si le PJ ne le veut pas, au moins ramener sa dépouille histoire d'éviter qu'elle pourrisse ici.)


    Dernière édition par Peeter G. Dicross le Lun 4 Mar 2019 - 4:43, édité 3 fois
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    Tour 15


    Pauvre idiote ! Vous les avez conduit directement jusqu’à nous.


    J'y peux rien, belle gueule, j'ai toujours une cohorte de fans où que j'aille. Tu t'y feras.

    Tout le monde ne peut pas aller dans l’eau, inconsciente.


    France raille Myosotis, mais c'est pour ne pas s'énerver contre lui. Elle a ramené les Z, vraiment ? Elle qui avait dû se battre sur une planche, seule, au milieu des Zentaures pour arriver vers le groupe avant eux ? Elle qui avait vu de près l'immense avalanche noire se déverser vers le bas de la colline, à la recherche d'Adamant ? Elle qui n'avait cessé de veiller à un maximum de monde au vu des circonstances ? Elle qui avait même appuyé Myo en faisant avouer à son mari la véritable raison de la rancoeur de Zilver ? Elle n'était qu'une inconsciente qui condamnait les maudits incapables de demander de l'aide à ceux qui flottent, après avoir refusé la main divine tendue par le seul homme au monde aptes à dicter le plan ? le seul et l'unique ? Oui, Myosotis lui sort par les yeux. Et si Adamant est d'un calme et d'une patience éternels, elle ne se laisse pas insulter sans répondre, en comprenant, en tempérant, en pardonnant. Il était temps de passer un savon à celui qui se lavait les mains de tout.

    Non mais tu nous prends tous pour des débiles profonds ou quoi ? T'as fait quoi ? T'as joué le flatteur avec Zilver en lui parlant des labos de ton Gouvernement à la noix. Super, t'as pas pigé que c'était un plan foireux quand t'as appris qu'il en venait des labos du GM ? Et que vous, VOUS, vous étiez la raison de sa rancoeur en bousillant le travail de Ziom ? Mon mari lui pique la seule arme qui l'empêche de foutre sur la gueule de l'humanité complète, on subit seulement l'armée de seconde zone ce soir, mais toi, tu veux le foutre en cabane, sans même te demander un instant si t'as pas pu naître grâce à la protection que mon naïf de mari offre à ta lignée depuis cinquante ans ?  La seule fois où t'es venu me "tendre la main", c'était pour me dire que j'allais collaborer et me demander comment j'allais avec ta hyène de copine qui te suit comme un une grappe d'hémorroïdes.

    On en a tous chié ce soir, tous ! Et juste au cas où y aurait un poil d'empathie dans tes circuits fermés, Adamant a perdu plus d'amis que toi, j'ai perdu plus d'amis que toi, qui étais visiblement en mission, et  il est responsable de ce merdier, merdier qu'il ne pouvait pas éviter, pas plus que toi et tes grands airs. Tu crois qu'on l'a invité Zilver ? Et tu crois qu'il est venu aujourd'hui pour ne pas profiter d'un moment de faiblesse ? Qu'il n'utilise pas les gens comme toi contre Adamant ? T'es stratège selon toi, alors réfléchis bordel ! Et prétendre que tout le drame qu'on vit aujourd'hui c'est parce qu'on ne t'a pas suivi, c'est...c'est d'une....rrrrrrrrr !


    Chérie, ça suffit. Citoyen-Myosotis est à bout, comme tant d'autres. Cette nuit a été éprouvante, vous avez fait de votre mieux. Pour votre information, j'ai pris le temps de récupérer des planches incrustées de jet dials et les ai réservées aux possesseurs de fruits ou aux citoyens de forte masse. Quand à moi, je coule,  mais ne rouille pas, ne me noie pas. Sauvez-vous, citoyens-Scarlett et Myosotis et merci pour le bateau. Je ne dispose malheureusement pas de color trap pour vous apaiser, mais tout mon amour vous accompagne. .


    Adamant laisse Myo emmener sa compagne, lui enlace France qui peine à se calmer et continue de marmonner des choses dans son épaule. Elle se détend peu-à-peu quand il lui dit qu'il est heureux de la revoir. Elle ne s'attarde pas, écrase ses larmes de rage et de nervosité, avant de lui effacer son sourire de sang avec un linge.

    Qu'est-ce que t'as encore fichu, toi ?

    C'est pour montrer aux citoyens que je me soucie d'eux.


    Avec leur sang ?

    C'est tribal, mais organique.

    C'est glauque, ne fais plus ça. Je vais aider les gens à embarquer. Tu viens ?

    Je finis quelque chose et j'arrive.

    Elle rejoint les blessés de l'épave et en porte deux sur le dos avant de trottiner sur la plage. Adamant contemple la coulée noire aux yeux scintillants. Ses capteurs ciblent les plus rapides et les verrouillent. Il n'aura jamais assez d'énergie pour tous les détruire, mais sa simulation garantit un gain de temps aux plus lents des rescapés. Ses trappes s'ouvrent toutes. Zilver ne s'est pas montré, c'est un échec pour lui. Il avait préparé son arsenal à son attention, pour le surprendre le jour où il attaquerait. Sans doute l'exposer au NégoZiator l'avait trahi, tout comme l'étonnante résistance d'un groupe que ni lui, ni le Dr Z n'auraient imaginés si tenaces.

    Paré à faire feu, il braque de multiples canons le monstre informe et tire. Un série d'explosions  retentissent, assourdissantes, fracassantes comme le cri primal d'un volcan trop longtemps endormi. Ce ne sont pas des moins de plusieurs dizaines de Z qui explosent, sont vaporisés ou fondus à chaque impact. Le tonnerre de la plus grande colère connue s'abat sur l'armée ennemie et, bientôt, la colline a des yeux de mort partout, sous les traits de champignons de feu qui ne cessent de croitre et exploser dans un fracas cauchemardesque de tôles et d'aciers. Adamant est capable de ravages, mais pas de ce genre. Cet enfer ouvert devant eux prodigue la chaleur, le souffle et le boucan caractéristiques d'un événement aussi rare qu'imparable: le Buster Call.

    Le Iom se retourne vers la mer et les voit, cette fois. Fendant une brume soumise aux bedaines de cuirassés, gagnant la plage en de multiples embarcations rangées de soldats. La Marine appelée par Annabella et guidée par les fusées de détresse d'Adamant est là et sa puissance militaire pilonne le gros des poursuivants tandis que les premiers fantassins débarquent l'arme à la main et les instructions claires: protéger Adamant, sauver les civils, nettoyer tout ce qui pose un pied artificiel sur la plage.
      PULUPPULUPPULUPPULUP

      « Lieutenant d’élite Alexandre Kosma, en position.
      -Lieutenant d’élite Serge Lama, en position.
      -En position.
      -Idem.
      -Même chose de mon côté.
      -Pareillement.
      -Très bien, je crois que tout le monde est à son poste. Commandant d’élite Mélawach Fanche, toute l’escouade devrait être prête à donner l’assaut. Il est actuellement quatre heures et treize minutes à ma montre. On va se refaire Omaha Beach les enfants.
      -C’est à dire Commandant ?
      -Oubliez, petite référence à une lecture d’un roman de fiction tout à fait sensationnel, une histoire de débarquement sur les plages d’une contrée qu’on appelle Nohr Man Die… Mais je m’égare. Donc on récapitule ; on accoste, on se positionne et on sécurise la zone. La protection des civils est notre principal objectif, si vous apercevez un groupe, vous le prenez en charge et mettez tout le monde à l’abri. Si vous croisez un groupe de machines, feu à volonté, on vise dans le rouge. Et pas de quartier pour ces bidules mécaniques, aucune empathie. Je me fais bien comprendre Lieutenant Kosma ?
      -Oui, oui, bien sûr, on sécurise avant tout et on n’essaie pas de discuter.
      -Voilà. Je connais vos états de service, vous seriez capable de trouver un cœur à une pierre, alors je me méfie…
      -Je ne suis pas non plus…
      -On ne discute pas ! Bon, revenons au sujet. Si vous croisez la cible, dont la photo vous a été transférée à tous, vous l’arrêtez, mais surtout, on le veut vivant. Tout est clair ?
      -Oui mon commandant.
      -Pas de problème mon commandant.
      -Je suis malade mon commandant, complètement malade.
      -Lieutenant Serge Lama, faites pas votre cinéma, vous êtes en parfaite forme, le compte rendu médical nous a fait savoir que c’était psychique.
      -Mais… Mais je sens un sentiment d’abandon de mon âme… Comme quand ma mère sortait le soir et qu’elle me laissait seul avec mon désespoir…
      -Oui, oui, on connaît la rengaine, faites avec ! Dernière chose, nous ne serons pas les seules forces de la Marine, n’hésitez pas à venir en renfort de nos confrères de l’élite. Si vous croisez des membres de la régulière, je compte sur vous pour piquer le mérite et faire en sorte qu’ils prennent un blâme...
      -Commandant, on ne doit pas faire...
      -Vous voyez Lieutenant Kosma, je vous aime bien, mais vous devriez être moins clément avec nos adversaires.
      -Ce sont nos alliés.
      -C’est ce qu’on dit, mais je me méfie du chat qui dort. EN AVANT ! »

      CLIC

      À peine l’escargophone raccroché, je fais un point personnel avec les trois sergents d’élite qui ont été placés sous ma responsabilité. J’ai l’habitude de gérer mes problèmes tout seul, le commandement, c’est pas vraiment mon fort. Mais bon, dans le cas présent, ce ne sont que les tactiques d’assaut travaillées maintes fois sur les bancs du BAN, j’ai pas vraiment à user d’imagination. D’autant que je tiens mes ordres de plus haut.

      Bref, nos canots de débarquement seront gérés par le sergent Gyllett Power, un bon gars un peu rasoir mais qui sait parfaitement y faire en logistique, j’ai à peine deux trois mots à lui dire et il file préparer tout ce dont il a besoin, aidé de quelques hommes de rang. Au second sergent, un certain Cal Chnikoff, je lui assigne la gestion des armes ; faire en sorte que chaque soldat ait à sa disposition une arme en état de marche et suffisamment de munitions pour exécuter l’assaut. Le dernier, ou plutôt la dernière, que je connais particulièrement pour avoir déjà rempli plusieurs missions à ses côtés alors que je n’étais encore que sergent moi-même, s’appelle Margot Faste. Le genre de femme que je ne tenterais pour rien au monde de draguer lourdement, malgré mes états de service dans le domaine. Pas parce qu’elle n’est pas belle, loin de là, plus parce que je n’ai pas envie de mourir. Enfin pas de cette façon. Quoi qu’il en soit, elle sera mon intermédiaire au sein de l’équipe, le genre de figure polyvalente qui aurait mérité une promotion bien avant moi, mais les femmes et l’armée, y a encore du boulot.

      « Bon, eh bien, chère Margot, on n’a plus qu’à se mettre en place nous-même. J’ai demandé à Cal de prendre la tête du premier canot, on sera trois canot à suivre juste derrière, tu prends celui du centre, je prends celui de droite, celui de gauche sera géré par un des caporaux. Quant à Gylett, il fermera la marche avec un dernier canot. Ça fera une douzaine d’hommes par embarcation. On est situés à tribord toute de l’escouade, notre flanc gauche sera donc appuyé par d’autres hommes, a priori ceux qui sont sous le commandement du Lieutenant Lama de manière directe. Le groupe de Cal sera chargé de l’assaut tandis que nos trois sections du milieu feront la transition pour protéger les gens et les mettre à l’abri auprès de l’équipe de Gylett. C’est clair ?
      -Alex, c’était clair les douze fois précédentes. Je sais bien que t’es pas à l’aise avec le commandement, mais tout va bien se passer. Nos unités sont bien formées, on a des soldats-médecins efficaces dans le groupe de derrière et la stratégie est claire.
      -Oui… Oui… Je sais. Mais on sait jamais ce qui peut arriver. »

      J’crois que j’panique un peu. Un peu trop peut-être, mais l’expérience du Galion entre autres me pousse toujours à faire du zèle question organisation. Je m’en voudrais de perdre bêtement des hommes. Je suis habitué aux décès usuels de ce genre d’opérations, mais ça me fait toujours mal de perdre un compagnon de route.

      Je lève un peu la tête, la navire se rapproche de la plage, nous ne devrions plus tarder à jeter l’ancre pour débarquer pleinement. Sur la gauche, je distingue à peine les autres navires de mon escouade qui avancent au même rythme que nous. Un nouveau coup d’œil direction de la berge, dans l’obscurité je peux déjà voir un peu d’agitation. Par moments, quand les bruits de l’organisation de mon navire se font plus faibles, je peux même entendre des cris depuis l’île. J’ai le cœur qui bat vite. J’aime pas ça. J’pose une main sur mon escargophone, tenté d’appeler le commandant Fanche pour lui proposer d’aller négocier avec l’ennemi. Mais je sais bien que ce n’est pas une option, l’appel à l’aide a été clair, c’est de conversations musclées dont ils ont besoin là-bas.

      Margot me donne un léger coup sur l’épaule pour m’indiquer Gylett qui fait des signes dans ma direction. Il est temps, on va y aller. Je prends une grande inspiration, et je marche dans la direction des canots. À peine arrivé, on me met une arme entre les mains, un genre de fusil d’assaut que je n’ai pas l’habitude d’utiliser. Un deuxième gars me fait empocher quelques paquets de cartouches puis m’indique la direction de l’équipe dont je prendrai la tête. Une belle bande de costaud. Si certains font preuve d’une assurance à toute épreuve, je sens que le sourire crispé des autres trahit une tension palpable. Je soutiens les regards de ceux-ci pour leur transmettre de la confiance et pour qu’ils soient conscients de ne pas être les seuls à ne pas trop aimer se battre. La seule différence entre moi et la plupart d’entre eux, c’est que je n’aurai pas la chance d’oublier ce sentiment une fois que la poussée d’adrénaline du début de combat aura fait son effet, je ne l’ai jamais eu.

      On descend dans la barque, doucement. L’équipe de Cal a déjà quelques longueurs d’avance. Tout se fait dans un silence relatif. Quelques toux discrètes, l’agitation est tout de même présente, mais elle est contenue. On avance. Deux cent mètres à franchir environ avant d’arriver sur la plage et de commencer le combat. J’attends de voir l’équipe de Gylett en mouvement pour lancer mon signal.

      « Lieutenant d’élite Alexandre Kosma, nous sommes en route. »

      Les échos des autres sections de l’escouade viennent rompre le silence de mon embarcation. Dans moins de dix minutes nous serons sur la plage et déjà, les premières lueurs du soleil commencent à poindre, il mettra encore longtemps à émerger vraiment, mais la semi-obscurité est plus agréable pour se battre et reconnaître son ennemi que l’obscurité totale. Il fait froid, ça grelotte à côté de moi. L’inaction et l’attente du combat, rien de pire pour raidir les corps des soldats compactés dans une même angoisse de ce qui va arriver.

      « Soldats en position, on remonte la plage sans risquer quoi que ce soit tant qu’on a pas le back-up qui nous couvre, retentit la voix du sergent Chnikoff. »

      Okay les loulous, ça va être à nous. Plus que quelques mètres et nous pourrons débarquer tranquillement, venir en soutien à la première ligne et repérer l’éventuel ennemi. Je lance un petit cri d’encouragement, principalement pour moi-même mais ça fait du bien au groupe. Ça y est, le bateau s’échoue non loin de la plage. Je saute de l’embarcation, j’ai de l’eau jusqu’aux genoux, elle est glacée. Ni une ni deux, je file vers la plage, suivi de près par mes hommes. J’vais pas rester longtemps là-dedans, je risquerais de perdre un orteil. Une vingtaine d’enjambées supplémentaires et j’ai quitté l’étendue salée pour un sol de sable humide. Le bas de mon pantalon est bien lourd, gorgé d’eau glacée qui me perce les mollets. Mais l’enjeu du moment est trop grand pour que j’fasse vraiment gaffe à ce genre de détails.

      Mon équipe se met en position de combat, on tente de repérer l’ennemi. Déjà la petite brigade de devant a commencé à avancer, cavalant sur la plage en direction d’un petit amas de civils en panique. Un coup d’œil entendu à Margot et je la vois mener son propre bataillon dans cette même direction. Je me décide à protéger l’aile droite, formation de soutien, mes hommes me suivent de près et nous contournons le groupe de civils. On est dans un demi rythme, notre adversaire n’ayant pas encore été découvert. On court un peu, mais on garde nos forces pour le cœur de l’action.

      Et voilà qu’apparaît devant nous un assez vaste navire, qui glisse le long d’une colline. Les quelques civils qui ont été mis à l’abri par notre escouade ne semblent pas venir du même endroit. Sans doute des gens qui auront été alertés et qui pris de panique auront foncé vers la plage. Derrière la bâtiment qui continue sa route dans notre direction, on aperçoit du mouvement.

      « Ce sont eux ! Que je gueule à destination de mes subordonnés en pointant la masse grouillante qui s’agglutine derrière le navire.
      -Bien reçu mon lieutenant.
      -Faites passer le mot aux autres équipes, je fais remonter ça au Commandant Fanche.
      -Très bien mon lieutenant. »

      Ce respect du protocole m’étonnera toujours, j’ai jamais aimé les titres et les salutations ronflantes. Bref, je sors rapidement mon petit escargophone de ma poche pour prévenir ma hiérarchie. Mais à peine ai-je eu le temps de le prendre en main que celui-ci retentit des messages des autres Lieutenants d’élite qui ont repéré eux aussi les cibles à abattre. Je marmonne quelques mots pour confirmer que mon groupe a un visuel, puis on se lance à l’assaut. Cent cinquante mètres environ nous séparent désormais du groupe d’automate qui attaque. J’ai la sueur qui me monte au front. Plus que quelques secondes et ce sera l’impact.

      BAOUM.

      Quelque-chose vient d’exploser à quelques centaines de mètres de mon groupe, les hostilités ont déjà commencé pour certains. Je continue de courir, talonné de près par mes hommes. Je distingue maintenant très clairement nos ennemis qui avancent à un rythme effréné. Ça y est, nous sommes à portée de tir. Je fais signe qu’on s’arrête et j’empoigne mon arme, je vise et je tire. Bam bam bam, les salves de balles se succèdent, de la fumée se dégage de nos pétards. Nous ne tardons pas à essuyer une contre-attaque. Et de la part d’une armée franchement conséquente. Pas le temps de lésiner, j’enchaîne les tirs à une cadence folle. C’est un véritable capharnaüm qui a lieu tout autour de moi. Les quelques cris d’alerte qui parviennent à mes oreilles malgré les détonations n’ont plus vraiment de sens, on fracasse du robot, et on en fracassera jusqu’à ce que ce soit fini, soit pour eux, soit pour nous.

      En levant les yeux je peux apercevoir des hommes à terre, j’espère qu’ils ne sont que blessés, pas le temps d’aller vérifier. Malgré la fatigue, la tension et la vitesse des affrontements, nous devons tenir. Il reste bien une bonne heure et demie avant le lever du soleil et déjà le combat fait rage avec une violence digne des plus grosses batailles.
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      Rachel n'était pas le genre de femme a avoir froid. Une vie à dominer les embruns et à surfer les vagues des blues puis de Grand Line avaient fini par renforcer sa peau et à redéfinir les notions même de fraîcheur et de grelottement. Les vêtements étaient rarement épais, et pour la plupart du temps n'avaient qu'une valeur vestimentaire réduite notamment à celle de respect de la hiérarchie et de pudeur d'autrui.

      Mais ce matin, alors que le ciel se paraît des couleurs annonciatrices de l'aube, Rachel exhala un nuage de vapeur. Elle fut saisie d'un frisson.

      Elle se tenait droite à la proue du navire. À la tête de l'un des vingt et quelques bâtiments que comptaient la véritable armada qui pointait ses canons sur l'île tranquille. Les yeux dans le vague, l'ouïe à l'affût, notre capitaine sentait glisser dans ses veines l'appréhension de ce tout premier Buster Call en tant que chef de file. En tant que Colonel d'Elite.

      La chair de poule parcourut sa colonne vertébrale de haut en bas. Aussi grisant que stressant.

      Puis un son de trompe. Et la sonnerie caractéristique d'un escargophone dans son dos. En écho sur les navires adjacents. C'est alors dans un souffle que Rachel tira son épée de sa main valide et la brandit haut dans les airs. Du moins aussi haut que son mètre cinquante le permettait.

      -Parez les canons !
      -Canons parés, Colonel !
      -N'oubliez pas, nous sommes l'équipe d'annihilation ; de pilonnage. Laissez les équipes de soutien récupérer les survivants sur la plage et les équipages de débiles débarquer pour trancher dans le tas. Ils souffriront notre artillerie comme les androïdes. Un Buster Call n'est pas chose triviale !

      En haut de la colline, une étrange silhouette se dessina soudain. Celle d'un navire. Enfin quelque chose qui ressemblait à un navire mais qui naviguait sur les rochers et surfait des vagues de terre.
      Le gigantesque bâtiment atteignit la cime de la montagne et ensuite, après un instant de suspension onirique pendant lequel Rachel crut qu'il allait rester bloqué là-haut, il bascula vers l'avant et dévala le flanc de la montagne, laissant dans son sillage une traînée d'arbres et de rochers lisses et ronds. Et visiblement une armée de robots animaux et anthropomorphes.

      -A mon signal ...

      Il faudrait attendre que la navire soit descendu bien plus bas pour ne pas risquer de lui tirer dessus par mégarde. Les cuirassés allaient canarder l'arrière de la déferlante mécanisée et bombarder le plein milieu. Au sol, l'avant garde se focaliserait sur la première ligne de robots.

      Le bruit des canons que l'on déplace, des boulets chargés … Elle les entendait à bord, mais également sur les navires d'à côté. La puissance de feu aurait pu la faire frissonner si le froid ne le faisait pas déjà. Un sentiment de puissance quelque peu masqué par la peur de ce qu'un tel déploiement pourrait être amené à réaliser avec de mauvais ordres.

      À terre, sur la plage, l'assaut fut lancé et les 400 soldats au sol commencèrent à dispenser la mort. Enfin, autant qu'ils le purent contre des androïdes.

      -FEU !

      Les navires cuirassés de la marine. Une dizaine de Béhémoth déchargeant des météorites sur le groupe d'ennemis. Une pluie de feu. De destruction. Sodom et Gomore.

      Un Buster Call n'est pas chose triviale.
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      Je suis stressé. Pourquoi ? C’est simple. C’est la guerre. Je suis assis sur mon lit. Visage vers le sol, respirant doucement. Je regarde le plancher, essayant de me calmer. Un mélange d’angoisse et d’excitation se mêle en moi. Je prends une grande inspiration avant de me lever et de me préparer. J’enfile mon uniforme. Je fais attention au moindre détail. J’ai le cœur qui bat la chamade. Dans la base, je ne suis pas le seul. Tout le monde court. Tout le monde hurle. Tout le monde se prépare. C’est la première fois pour moi que je suis dans cette situation. Je tourne la poignée de ma chambre et sors. Je regarde cette petite pièce, ferme les yeux puis la porte.

      « Sous lieutenant ! Alors vous aussi vous êtes ultra excité par ce qu’il se passe ?! Faut dire que ce n’est pas tout les jours qu’on nous appelle pour un truc de cette envergure ! »

      « Du calme soldat. Même s’il est vrai que cette situation est… Atypique, je vous rappelle que nos vies et celles d’autres personnes sont en jeu. »

      Je pose ma main sur l’épaule du soldat avant de repartir. Beaucoup de travail m’attend. Je marche dans des couloirs sombres et animés. Autour de moi tout le monde se presse. Comme une ruche. Chacun sait ce qu’il a à faire. Aucun faux mouvement. Aucune perte de temps. Comme une symphonie parfaitement calibrée.

      Je soupire une nouvelle fois. Je me rends à l’arsenal, j’ai pour mission de faire l’inventaire avant le départ. J’arrive au stock. Plusieurs soldats sont déjà là. Ils me saluent et je les salue en retour. Je regarde autour de moi, une pièce sans fenêtre, assez grande et blanche. Des dizaines d’armes sont rangées et étiquetées. Des fusils, des sabres, des haches, des masses, des lances. Tout un étalage d’armes diverses et variées.

      « Bon les gars, comme vous le savez, on ne part pas en pique nique là. Alors vous allez vous occupez de prendre les armes et de les emmener jusqu’au port. Vous avez tous vu le briefing de hier soir, ce n’est pas de la rigolade, c’est une vrai situation de crise, alors allé on se bouge ! »

      Même si je dis ça, je suis comme eux au fond. L’adrénaline monte au fur et à mesure que la journée passe. Je reste dans l’arsenal toute la matinée. Vérifiant que tout se passe sans encombre. Et a part un soldat qui s’est presque tué en se faisant tombé une masse sur la tête, tout va bien.

      Début d’après midi, l’heure d’embarquer. Sur le port, je n’ai jamais vu ça. Des centaines de soldats. Des navires de guerre jusqu’à perte de vue. C’est donc ça la puissance véritable de la marine. J’avale doucement salive avec un peu de bruit. Mon excitation se transformant un peu en peur. Je prends mon sac. Mon fusil et mon courage puis monte sur le bateau.

      D’après ce que j’ai compris, la traversée va durer toute la nuit. Une nuit froide et sans nuage. Je suis accoudé sur une des rambardes du bateau. Autour de moi, tout le monde bouge, tous sont en état d’alerte. Mon cœur continu de battre de plus en plus vite. Mes doigts se crispent sur la rambarde. Je respire lentement. Un léger vent froid venant rafraichir mon visage. Je prends une grande inspiration et décide d’aider au mieux que je peux.

      Le temps passe lentement sur le navire. Je joue aux cartes avec les autres matelots. Je ne suis pas très bon e plus, j’ai déjà perdu pas mal de berrys. Tout à coup, l’ordre est donné. Nous sommes aux aurores, aux abords de l’ile. Il est l’heure pour un buster call. Mon premier, j’ai de la chance d’y participer, c’est quelque chose de vraiment rare.

      Je me positionne sur le pont. Je regarde autour de moi. Des dizaines de navire, tous là, prêt à massacrer des milliers de robots. L’adrénaline commence à montée en moi. Je m’agrippe à la rambarde et regarde droit devant. Pour le moment rien. Aucun bruit. Juste le vent. Je ferme les yeux. Ecoutant battre mon cœur avant de les ouvrir de nouveau. Un fracas se fait entendre, des cris et des hurlements. Je prends une longue vue à un des soldats et regarde. Ils arrivent.

      L’ordre est donné, les canons tirent. Un fracas de metal. Un bruit assourdissant. La puissance totale et divine de la marine. Les soldats hurlent, arme au poing, certain allant sur la plage pour aider les survivants. Des dizaines de coups de feu se font entendre. D’autre reste, usant des canons. Tout cela équivaut à une pluie de mort, les boulets volant si hauts dans le ciel que le soleil, à peine levé est caché par tout ça.

      « Tu vois Volkof ! Je t’avais dis qu’avec tout les boulets de canon le soleil serait caché ahah ! »

      « Alors on as juste à se battre à l’ombre ! »

      Je prends mon fusil avec moi, l’ordre est d’exterminer tout ces robots, c’est exactement ce que nous allons faire. Pour la marine et pour le gouvernement ! Tuons ces machines, massacrons les jusqu’au derniers et faisons en sorte que cette île se rappelle durant des milliers d’années que la marine est toute puissante.

      Sur la plage, c’est le gros bordel. Des centaines de robots tombent les uns après les autres. Certains de mes camarades aussi. L’odeur de la poudre emplie l’air. Le bruit assourdissant des canons englobe tout autour de nous. Je fais ce que je peux. Je tire sur ces foutues machines. Je ne sais pas combien de temps nous allons tenir. Je ne sais pas, mais ce qui est sur c’est qu’on doit tenir. On doit aider les survivants. On doit éradiquer ces boites de conserves. C’est la première fois que je suis en situation de combat réelle. Autour de moi tout le monde tombe comme des mouches. Je me jette au sol pour éviter un projectile. Bordel. On est déjà au purgatoire. Mais pas encore en enfer.
        Tour 15

        - Myosotis De Ville, ambassadeur et stratège des Services Diplomatiques et Stratégiques. Vous avez demandé un rapport, madame ?

        - J’ai demandé un rapport, De Ville. Je l’attends toujours. Répondit l’amirale en chef de sa voix de fer.

        Myosotis et Scarlett se trouvaient sur une coque de noix, assis au milieu de tout un peloton de marines qui avaient été dépêchés pour les sauver. Le jeune hommes aux cheveux rosés avaient réussi à les contacter et le commodore Gharr Hadoc avait immédiatement demandé à une petite troupe de ramener le diplomate à son bord. Toutefois, le lieutenant qui dirigeait leur frêle esquif avait transmis à Myosotis que Kenora Makuen en personne avait ordonné qu’il la contacte dès que possible. En demandant au Cipher Pol d’envoyer de l’aide, Annabella avait entraîné l’arrivée des forces armées comme il se devait. Mais, très vite, la Marine prit connaissance de la présence de Myosotis sur les lieux. En vue de la situation et de l’absence de réponse d’Annabella, la terrible Vierge d’Acier voulu entendre la version des faits de la bouche de Myosotis.

        - J’ai été envoyé au mariage d’Adamant et France Iom avec ma garde du corps pour constater de la bonne conduite du citoyen Iom. Malheureusement il se trouve qu’une vieille connaissance d’Adamant ait fait surface, le docteur Zilver. Ce dernier a lâché ses créations robotiques sur la foule.

        - Comment se fait-il que nous n’ayons aucune nouvelle d’Annabella Sweetsong ?

        - Elle… Myosotis marque une pause, la voix plus grave en repensant à l’événement. Elle est décédée en provoquant l’effondrement du manoir Iom, nous permettant à tous de fuir.

        - Je vois. Kenora ne sourcilla même pas en entendant la nouvelle. On pouvait même entendre le bruit d'une tasse de thé reposée sur sa soucoupe. Adamant, qu’en est-il de lui ?

        - Adamant est un danger, mais pas comme vous l’imaginez. J’ai avec moi les plans des conceptions de tous les robots de Zilver qu’il a aidé à concevoir. Il possède une multitude de données concernant ces automates qui sont une menace critique pour toutes les nations du Gouvernement. Il nous est impossible de le tuer, il possède une doublure qui s’activera immédiatement et qui risquerait d’être plus féroce. Le roi Minos et Annabella devaient témoigner en mon sens, mais ils sont morts tous les deux.

        - Vous avez encore l’intégralité des plans, et le désastre causé aujourd’hui devrait suffire à l’inculper. Savez-vous où est Zilver ou la doublure ?

        - Non. Adamant le sait, mais il a refusé de parler. Même à sa propre femme il refuse de le dire.

        - Tant pis pour lui, et pour sa femme. Le nombre de pertes ?

        - Trop importantes pour être comptées.

        - Je vois.

        - Madame, est-ce réellement moral d’inculper Adamant alors qu’on a notre part de responsabilité vis-à-vis du cas de Zilver ? Je pense qu’il serait possible de simplement retirer les données et…

        - J’en ai assez entendu. Nous nous retrouverons à Enies Lobby pour le procès d’Adamant Iom, vous me donnerez les plans. Terminé.

        Et elle raccrocha le den den, coupant la communication sans même laisser le temps à Myosotis de répondre. Scarlett ne parlait pas, accoudée sur le bastingage de leur embarcation, elle regardait la Marine faire feu sur la plage où ils se trouvaient quelques minutes plus tôt. L’androgyne repensait à France, à sa colère. Comme les autres, elle le voyait comme le grand méchant, ne comprenait pas ses agissements. Mais qu’attendre de la mariée quand on vient à accuser son époux ? Myosotis n’a jamais accusé Adamant par plaisir, il n’a jamais négligé l’implication du Gouvernement mondial par rapport à Zilver. Il n’était pas question de pointer un bouc émissaire, même si les magistrats d’Enies Lobby le considéreraient comme tel.

        Depuis le début, Myosotis voulait stopper toute chance d’invasion robotique ailleurs que sur cette île. Qui sait ce qui se serait passé au sein d’une cité ou d’une zone plus civilisée ? Les pertes auraient été considérables. Myosotis s’était laissé gagner par la rancœur et la colère en constatant l’orgueil et la passivité d’Adamant, mais il réalisait que France ne méritait pas ça. Il décida toutefois de se ressaisir après avoir passé une main sur son visage, répétant que l’intérêt général passait avant l’intérêt personnel. Qu’importe, l’amirale en chef avait tranché. Tout cela ne dépendait plus de lui à présent. Mais dans la tête de Myosotis défilait toute un flot de pensées qu’il n’arrivait plus à faire partir.

        Myosotis soupira, las et éreinté. Il y penserait le lendemain.

        Récap:
        • https://www.onepiece-requiem.net/t16409-fiche-technique-de-myoso
        • https://www.onepiece-requiem.net/t15222-
        Le Commodore Hadoc observe de sa lunette graduée le ruban de la flèche qu'il venait de planter aussi loin que possible, là-bas, sur la plage. A ses côtés, le Colonel CAPSLOCK, pourtant du même grade que lui, vérifiait les informations de son escouade du D.R.O.N.E. Ils prennent des notes, l'un sur un carnet au stylet d'argent, l'autre à la plume sur un papier de riz. Postés sur le pont de l'un des énormes bâtiments militaires, ils ne sont que deux points blancs sur des monts de métal, dont les gueules se préparent toutes à hurler en ok chorale sur l'île. En-bas, les canaux piqués d'hommes se préparent. Hadoc énonce ses estimations balistiques, Capslock soumet quelques modifications légères, basées sur ses propres observations. Ils s'accordent, tous deux méticuleux et rodés aux canonnades. Les coordonnées de tir verrouillées en tenant compte du vent et de la progression des groupes, ils remettent un rapport par escargophone au cuirassé, qui lui même coordonnera ses tirs avec les autres machines de guerre flottantes.

        CAPSLOCK range son carnet dans la poche de son épais manteau blanc et se souffle sur les phalanges pour les réchauffer. Un épais nuage de vapeur se disperse devant son visage. Il est nerveux, c'est normal. Gharr aussi appréhende, le vacarme du Buster Call n'est pas une chose à laquelle on est préparé. L'instinct animal veut reprendre le dessus dès lors que des diables nous hurlent leur fureur dans les oreilles, que l'air est saturé de soufre et poussière à en devenir irrespirable et que chaque détonation ou impact offre une décharge au corps entier. C'est autant agréable qu'être un rat dans un taïko pendant une cérémonie de bannissement. Et la sensation sera encore pire sur le champ de bataille. Mais le choix ne lui appartient pas, il faut sauver des civils.

        cAPITAINE HADOC ?

        Colonel CAPSLOCK?
        jE PEUX VOUS FAIRE UNE CONFIDENCE? dEPUIS PRESQUE VINGT ANS A PATINER SUR LES MERS, JE N AI JAMAIS PARTICIPE A UN bUSTER cALL, JAMAIS. eT J AVOUE ETRE IMPRESSIONNE AVANT MEME QUE LE SPECTACLE COMMENCE. cEPENDANT NOUS AFFRONTONS UNE ARMEE SANS AME. jE NE SAIS PAS SI CA COMPTE COMME EXPERIENCE. eT VOUS C EST VOTRE PREMIERE FOIS ?
        Si seulement...

        Le ton d'Hadoc est sinistre et la préparation de sa corde d'arc vive, à l'instar de l'énorme carquois placé contre sa hanche. L'équipe logistique du D.R.O.N.E rejoint la rambarde d'acier du pont, une série de pélicans qu'un nouveau survol de la plage condamnera à périr sur place, dans la fumée et les flammes des tirs de grosse artillerie. Hadoc se prépare à les remplacer, son unité n'attendant plus que lui pour ramer vers la plage de débarquement.

        bONNE CHANCE hADOC. jE NE VOUS PERDS PAS DE VUE.

        Protéger et Sévir, Colonel. C'est un plaisir de partager ces tâches avec vous.

        Il le salue, vérifie la ligature de son carquois et saute par-dessus la rampe pour rejoindre son unité. Le Commandant Trovahechnik, resté dans un bureau de coordination administrative, appelle le mini escargophone du Commodore pour l'informer à propos du rapport du diplomate de Ville, tout comme de la priorité de l'escorter à bord d'un cuirassé pour un rapport séant réclamée par l'Amirale Kenora. Le vieux "The Judge" est dépêché depuis son canot à aller le récupérer. De toute façon, il tire très mal à l'arc et sa rope action sera bien plus utile au sauvetage. Le reste de l'unité des Ghost Dogs se met en route. En quelques minutes, ils atteignent la plage. En quelques secondes, la colline disparait sous une bouillie d'explosions tonitruantes.

        Beaucoup de troupes débarquent. Le Samouraï reconnait nombre de régiments d'élite. Dont le Sergent Power qui coupe court à travers la zone de conflit. Les Ghost Dogs s'arrêtent sur main levée de Gharr, avant même de rejoindre le gros des civils en fuite. Employer les arcs comporte deux avantages dans cette situation. Le premier est l'absence de fumée, permettant à tous, même s'ils n'entendent rien à cause du boucan de la guerre, de voir distinctement leur Commodore transmettre ses ordres de signaux militaires. Le second, c'est que contrairement aux pistolets, les arcs peuvent tirer en cloche par-dessus les civils pour toucher l'ennemi.

        La Division se couche et arme sa flèche en tenant l'arc par les pieds. Le sol peut trembler, ces mini-balistes ne feront aucun tir catastrophiquement éloigné de la cible initiale. L'enjeu est de mise, car chaque projectile est livré avec une charge explosive en guise d'embout. Gharr baisse le bras, une salve traverse la plage pour consteller d'éclats les vagues trop proches de la plage pour être prises dans le Buster Call. Que le coeur soit atteint ou non, nombre de machines sont immobilisées. Malheureusement, leurs consoeurs ne tardent guère à répliquer et renvoient un bombardement aussi sommaire qu'intensif dans les rangs de la Marine. Plusieurs uniformes tombent, y compris chez les Ghost Dogs. Gharr leur fait signe de le suivre et ils courent au sein de cratères où le sable à tant chauffé qu'il forme çà et là des cristaux de verre. Le Commodore se réfugie dans l'un d'eux et guette. Des grosses machines évoquant des scarabées géants ont des mortiers en guise de cornes. Les choses sont massives, mais il y a bien trop d'autres monstruosités pour les atteindre avant de nombreuses salves, toutes plus meurtrières les unes que les autres envers soldats et civils encore mobilisés. Hadoc cherche dans son carquois une série de flèches enveloppées de feuilles d'algue. Il les aligne toutes sur la corde, tend son arc à l'horizontale et tire. Les traits se séparent pour se planter aux pattes des Zcarabées et déclencher leur explosif, sans causer le moindre dégât cette fois. A la place, une fumée verte s'élève dans les airs et se fait bien vite capturer par la lunette de CAPSLOCK, prêt à répondre au signal. Ce que les fantassins ne pourront neutraliser, les homme-canons bardés d'explosifs compléteront. Qu'ils possèdent un parachute ou non, beaucoup ne reviendront évidemment pas. Leur seul luxe sera de connaître quelques seconde en avance le moment précis de leur mort.

        Récap:
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        Tour 15

            C'est un bordel sans nom.
            Daemon m'a remis sur les rails et nous voilà de nouveau en train de nous battre côte à côte. Sa chambre noire est un échec et, évidemment, je n'ai pas pu m'empêcher de rester avec lui pour éviter qu'il meure bêtement. Maintenant que nous nous sommes retrouvés, nous restons ensembles ! Jusqu'au bout ! Il est bien la dernière chose qu'il me reste pour m'accrocher de toute manière...
           Je vois alors France plus loin, vivante. Mon coeur bat si vite que mon sang circule à toute allure, emportant avec lui tant d'adrénaline que j'ai l'impression d'avoir avalé une boîte entière de produits dopants ! Pour elle et tous ceux qui se battent encore, je tiendrai.

           Celui qui m'avait impressionné avec ses capacités à la gâchette vient de briller à nouveau. Mais les blessures qu'il a reçues l'ont mis à terre et j'ai peur pour sa vie... Un autre allié - le dandy cette fois - armé d'un gros calibre, achève le robot-équidé qui s'apprêtait à écraser le tatoué.
           Au loin, j'entends un bruit familier : celui des canons et des fusils. Et très vite les sons se rapprochent... Je me demande de qui il peut s'agir. Des renforts ? D'autres ennemis ? Un conflit externe ? Au point où nous en sommes, même une guerre de territoire entre deux nations voisines ne m'étonnerait guère.
           Ce qui m'étonne par contre, c'est de voir la hargne dans le regard de tous. Même Kathy Hepburn a cessé de jouer la comédie et use de son charisme naturel pour enhardir les rescapés. Grâce à sa fougue et à l'assurance de France, nous parvenons à maintenir le flot d'ennemis tout en reculant vers la plage. Je remercie intérieurement le cavalier à la faux et la percée qu'il a faite.

           Je parviens à croiser le regard des deux dames et reçoit un clin d'oeil de leur part. Peu importe la signification, ça m'incite à redoubler d'effort. C'est les joues rouges que je fonce sur une des machines ennemies, trop proche de mon partenaire, esquive sa lance et enfonce mon poing dans son torse pour le débrancher de la même manière que le monstre foreur. J'ai mal et je sais que mes bandages ne retiendront plus longtemps l'hémorragie, mais je ne peux pas me laisser aller maintenant. Personne ne le peut. Je redeviendrai lâche lorsque je n'aurai plus à me soucier de nos ennuis communs. En ce jour bien trop long, nous partageons tous la même peine et ça, ça nous unit.
           A chacun sa manière de rester motivé.

        - Baisse-toi !

           Je roule sur le dos de Daemon et atterris pied en avant sur le crâne d'un singe mécanique. Celui-ci venait d'être éjecté de sa monture et regardait le borgne en se redressant. La tête écrasée contre le sol, son tir nasal est interrompu. J'avais vu faire ses bestioles sur le pont du Just Married. J'en profite pour volé une nouvelle cigarette à mon compagnon, lequel grogne :

        - Au prochain arrêt, c'est toi qui fais les courses.
        - Parce que ça t'arrive de faire les courses, toi ?
        - Héhé ! Tu m'as compris !

           Une tape dans la main et nous sommes repartis pour envoyer à la casse nos adversaires...
           C'est à ce moment qu'un tir de projectile au loin vient finir sa course à une dizaine de mètres de nous, quelques machines y laissent des morceaux. Comme s'il s'agissait d'un signal, d'autres tirs, plus proches cette fois, viennent terminer le travail.
           Au loin, des silhouettes se rapprochent. Je ne suis pas sûr que ce soit des robots du dénommé Zilver vu leur façon de se déplacer.

           Nous avons tous plus ou moins fini de reculer vers le rivage et je me rapproche le plus possible des civils :

        - T'es encore en vie, chéri ?
        - Vous avez l'air en pleine forme, vous aussi.
        - Je me débrouille. C'est le métier qui veut ça.
        - Dans ce cas, j'aurais dû écouter ma mère et continuer les cours de théâtre !
        - Oh tu sais, apprendre sur le tas, c'est bien aussi. C'est de suite plus vivant !

           Nous nous regardons, légèrement amusés : vu le nombre de personnes perdues en cours de route, il est difficile de trouver ça drôle. Pourtant, être capable de rire en pareille circonstance prouve que nous n'avons pas abandonné. C'est le plus important.

        - Quand vous aurez fini de conter fleurette, vous pourriez vous concentrer sur ce qui vient ?

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        Tour 15


        Cher journal,

        Tu te souviens du yakuza hippie ? Celui que j'ai... qui s'est amusé à recevoir mon coup de sabre sur la tête ? Eh bien c'était lui mon collègue du CP5 ! Évidemment, comment aurais-je pu le deviner puisqu'il ne porte même pas de vêtements ?! Un agent du Cipher Pol ça s'habille avec élégance, et en noir. Ou va le monde si les agents secrets de l'organisation la plus classe au monde ne prennent même plus soin de leur apparence ?!

        A la décharge du tatoué, il semble plus mort que vif. Je le regarde, un peu ennuyée: il a dû se faire écraser par le bateau dans sa chute, ou quelque chose comme ça. Je m'efforce de rester souriante pour ne pas l'affoler mais je dois dire que je suis un peu inquiète pour lui.

        "- Tu devrais t'allonger et laisser les autres terminer l'animation, tu sais. Tu ne m'as pas l'air..."

        Ce n'est visiblement pas dans les plans de mon collègue qui me confie son sac rempli de bazar et de pièces à conviction (enfin si j'ai bien compris, j'espère, j'aurais l'air bête sinon !), et, tel un héros arrivé au bout de sa quête tragique, fonce au devant de la mort !
        J'estime qu'il faut donner l'admiration qu'ils méritent aux héros qui se sacrifient, journal, et c'est pourquoi je reste à contempler sa mort, en dépit de tout bon sens et alors que partout autour de moi l'on nous crie de s'enfuir vers la mer.  Je me surprends à frémir lorsqu'il s'élance vers le ciel, prise du fol espoir qu'il réussira à se mettre hors d'atteinte !
        Quelque part, il y a un truc qui cloche. Les robots le tuent vraiment, là ! Ce n'est pas juste un jeu, comme Minos qui tombait à la mer, les invités sur le pont qui se jetaient au sol en criant "aah, j'ai mal !", ou moi qui tapais quelques robots pour le plaisir. Il meurt vraiment !! Entre nous je ne suis pas tout à fait certaine que ce soient bien les robots les fautifs, ou bien mon collègue qui met toute son énergie à pousser son corps et ses blessures dans leurs derniers retranchements. Peu importe: c'est beau. Je ne le ferais pas à sa place, mais c'est beau. Je ne peux m'empêcher d'improviser une oraison funèbre devant ce spectacle émouvant:

        "- Tim Uzi. On ne se connaissait pas vraiment, notre seul échange a été de se frapper mutuellement. Enfin surtout moi, toi tu m'as piétinée. Mais... tu étais... quelqu'un de... très vivant. Et tatoué. Et rose aussi. Tu étais vraiment quelqu'un de bizarre en fait. Mais tu as été héroïque dans ta vie comme dans ta mort, et je saurai honorer l'espoir que tu places en moi. Hé mais... c'est la flotte de la marine au grand complet qui rapplique !!"

        Il se passe des choses pas nettes ici journal, pas nettes du tout ! Là, je suis à peu près certaine qu'il ne s'agit pas d'une animation, ni d'une salve de canons organisée en l'honneur des mariés ! Ou alors quelqu'un les a avertis que le grand Reyson D. Caramélie et quelques autres pirates recherchés étaient présents, et ils ont organisé un grand coup de filet. Possible... et même très logique tout compte fait. Je crois que j'ai assez joué pour aujourd'hui moi, je me rentre à la maison !

        ♦️♦️♦️♦️

        J'ai tôt fait de m'installer dans une des barques où sont recueillis les invités. On m'a posé une couverture chaude sur les épaules, rassurée à propos de je ne sais pas trop quoi, et à présent nous partons en mer. C'est pour des moments comme celui-là que je suis vraiment contente de ne pas avoir la fibre du sacrifice. Aucune mort héroïque ne donnera jamais la même satisfaction qu'une paisible promenade en barque, bien au chaud, ou alors que le plaisir de savourer un thé glacé dans son fauteuil tout en sachant que l'on a pas à se préoccuper de sa mission avant le lendemain. Non, vraiment, je plains les pauvres victimes de cette nuit !
        Comme visiblement quelques détails de la soirée m'ont échappé mais qu'une agent du CP5 ne peut pas se permettre d'être ignorante, j'affiche le sourire serein et assuré de celle qui a tout compris, tout deviné -avant tout le monde même !- et qui se permet de juger les autres qui n'ont été que des spectateurs des véritables évènements.

        Je me suis arrangée pour me retrouver dans la même barque que France et Adamant. A les voir tous les deux, tout penauds, Adamant avec son rouge à lèvres plus ou moins essuyé, on ne dirait pas un couple de jeunes mariés heureux ! Je décide de leur redonner le sourire et m'exclame avec entrain, parlant fort pour dominer le bruit de la canonnade:

        "- C'était le mariage le plus original auquel j'ai assisté, félicitations ! Bon, l'organisation était un peu confuse mais c'était votre première fois j'imagine. Et puis ces robots à massacrer, un régal ! Sans parler du voyage sur le bateau, j'avais l'impression d'être redevenue une enfant ! Mon seul petit regret c'est de ne pas avoir eu le temps de faire une glissade sur les planches comme vous, madame Iom."

        Sentant une atmosphère gênée, j'ajoute doctement:

        "- Enfin il fallait bien que la marine arrive. Toutes les bonnes choses ont une fin. Et puis je me ferai un plaisir de revenir, peut-être pour le mariage de vos enfants dans quelques dizaines d'années ?"

        Malheureusement je me dois de gâcher un peu l'ambiance. Mariage ou pas le devoir passe avant tout. D'ailleurs vu la gaieté des tourtereaux je n'ai pas trop de scrupules !

        "- Hélas, je dois tout de même vous informer que je suis obligée de vous arrêter au nom du Cipher Pol pour harcèlement d'agent gouvernemental, détention d'armes dangereuses, association avec plusieurs criminels hautement recherchés, et surtout à cause de votre implication encore à déterminer dans la mort d'un agent du Cipher Pol 5."

        Je ne vais quand même pas laisser ces marines m'empêcher de voler toute la gloire, non mais !



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        Tour 15, la fin du Borgne !

        Nous tenons un ultime bastion avec Arhye, le petit gars tatoué vient de nous lâcher, j’ai du mal à me déplacer à cause de mes multiples blessures, le harpon encore planté dans ma jambe me fait atrocement souffrir le martyr.

        Le buster call tire de plus en plus proche de la plage, les civils n’ont pas encore fini d’évacuer, la preuve, c’est la bonne femme qui est avec Arhye en ce moment même, ils rigolent, ils ont peut-être même le début d’un feeling… qui sait ? J’avoue qu’en les voyant se dragouiller dans un tel moment me fait sourire bien que la douleur me rattrape.

        Nous n’allons pas bien loin comme ça, je traîne en plus le cadavre lourd de cet invité qui est venu en premier se battre avec moi. Putain il est lourd le bougre ! Roh puis merde j’ai qu’à le laisser ici !

        Nous sommes pas loin du rivage, je cris mes ordres à mes deux compagnons.

        - A LA MER VITE !

        Arhye me regarde inquiet.

        - Oui mais et toi ?! Tu es un maudit je te rappelle ! A cause de ton fruit du démon tout ça tout ça.

        Je pare quelques coups, faisant quelques pas en arrière, l’écoutant déblatérer, une fois que j’arrive à me défaire de mon adversaire je l’attrape par le colback, le collant presque à mon visage, je le rapproche juste assez pour qu’il voit bien mon seul et unique œil le fixer froidement.

        - Prends la dame avec toi et fuis, fuis le plus loin possible. Je revis intérieurement le cauchemar de mon île natale, une immense sueur froide me parcours l’échine dorsale. Je ne déconne pas gamin. Mais là, faut que tu fuis. Déguises-toi, fait un truc. Mais stop. Ne reste surtout pas là. Je vous couvre, courrez et ne vous retournez pas. J’ai connu déjà un buster call. Je sais de quoi je parle. J’ai perdu toute ma famille dedans… tu es pour moi comme un fils que je m’occupe comme je peux… alors pars. Survis, non, vis.

        Je projette Arhye en arrière, lui jetant un dernier regard amical bien que je commence à avoir la vue troublée. Je lui adresse un dernier sourire protecteur.

        - Je sais que je n’ai pas été bon tuteur mais avec ce que tu as pu apprendre de la piraterie vas. Voles de tes propres ailes. Portes ma volonté. Portes nos souvenirs. Conte notre histoire. Conte l’histoire de ton mentor fou à lié. Et surtout, trouves toi un putain d'autre connard de cyclope aussi cinglé que moi... ou devient le !

        Dans un dernier élan de courage je me dresse face à la horde devant moi. A vrai dire j’aurais voulu bouger mais je n’y arrive plus. J’arrive seulement à bouger mes bras enfin que dis-je, à agiter les bras. C’est la fin. Quelle piètre fin… mourir sans rhum… sans cigarette… et en slip. Ça correspond bien à la vie de merde que j’ai vécu tu me diras.

        J’élève mes bras vers le ciel. Mon heure est arrivée. Arhye… survit.

        Une salve au loin retentit.

        La horde me faisant face vient me percuter de plein fouet. Ma vue s’est ternie, en revanche je ne suis pas encore mort, je sens me faire transpercer de toute part, je sens tout ces harpons traverser de toute part mon enveloppe charnelle. La douleur ? C’est comme-ci mon corps tout entier brûlait à petit feu dans la lave. Est-ce ça l’Enfer ?

        Soudain, je peux encore entendre des sons lointains, les boulets ont l’air d’avoir fait mouche, à vrai dire je ne sens plus rien, je n’entends plus rien. Je me sens seulement léger, si léger… et ce sentiment d’apaisement… cette béatitude… depuis bien trop longtemps je n’arrive pas à m’endormir directement en fermant les yeux mais là… je veux dormir… je suis… fatigué… mais qui vois-je au loin ? Ces silhouettes me sont familières… père ? Mère ? Frère ? Depuis tant d’années que je ne vous ai pas vu… vous êtes comme la dernière image que j’ai de vous. Le dernier souvenir… un souvenir qui s’efface peu à peu. Jusqu’au néant.

        Un homme vient de mourir.

        Le Borgne comme l’appelait la plupart des gens vient de s’éteindre sous les coups de canons du buster call qui vient le balayer lui et la horde qui l’a piétiné et couvert d’autres blessures, plus atroces les unes des autres. C’est avec un léger sourire qu’on pu retrouver la dépouille presque méconnaissable d’un des plus grand salaud que connu cette histoire.

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        Un buster call ? Ils sont sérieux, un buster call ? Cette saloperie ! J’étais tranquillement en train de jouer le ninja dans l’ombre pour supprimer les menaces. Bon non, en vrai, j’ai glissé sur l’huile d’un des robots, je me suis cogné la tête sur une statue et je suis resté assommé jusqu’à ce que mon Den den s’agite. Oaui, on fait mieux comme légende dans la marine, mais pour ma défense, j’avais trop mangé, trop bu et pis j’étais en vacances. D’ailleurs je suis étonné de pas m’être réveillé plus tôt, ça semble vraiment être le bordel par ici, t’as des carcasses et des débris partout. Je me relève lentement et tente de chercher un truc à faire.
        Et justement je remarque un groupe de civils en fuite. Je me dirige vers eux et fait rapidement les présentations. Des civils avec des drôles de dégaines, mais passons, on ne va pas juger leur manque de goût vestimentaire, leur maquillages hasardeux et leur poils qui se faufilent entre leur bas résilles.

        -Les femmes et les enfants devant !
        -Et les travelos ?
        -Avec les enfants.
        -Y’a pas d’enfants, que des travelos, on est la délégation d’okama !
        -Ah bah… euh… tout le monde d’abord ?
        -A tes ordres beau marin !

        Je dirige donc rapidement ma petite troupe vers la plage pour arriver aux canots d’évacuation, ce qui est relativement peu aisé vu que le groupe était assez dissipé, plus occupé à me faire des avances qu’à essayer de survivre. Mais bon soit, on arrive finalement devant le canoé et j’abandonne la petite bande à un marin décontenancé. C’est alors, que par pur hasard j’aperçois une vieille connaissance qui aborde sur la berge. J’arrive donc les mains dans les poches profitant du ménage fait par mes alliés de la marine pour m’approcher de ce bon vieil Hadoc les mains dans les poches, c’est pas comme si j’étais armé de toute manière. A noter, que j’ai failli me prendre un boulet, heureusement, un fier robot se sacrifia pour me sauver la vie. Bon, ce n’était pas vraiment un sacrifice volontaire. Disons, qu’a mon contact, il s’est pris d’une furieuse envie de faire un câlin au projectile. Paix à son âme, ça a une âme les robots ? Rêvent-ils de dromadaire électrique ? je n’en sais rien. Je me glisse alors entre les deux officiers subrepticement, à la mode des ghost.

        -Coucou les gars, ça vous dérange si je vous accompagne ?

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        Tour 14 et 15

        La revoilà à faire de nouveau équipe avec Caramélie, mais cette fois, elle n’est plus déguisée en pirate, elle se bat comme une véritable agente du Cipher Pol. Sans se cacher, sans restriction, elle resplendit dans sa robe lavande. Leurs regards se croisèrent pendant un bref instant, et le rose monta aux joues de la jeune agente du gouvernement. Elle était douce et gentille. Mais elle savait se servir d’une arme pour se défendre. Le contraire de Robina, elle était caractérielle quand il était question de cuisine, rude aussi et ne savait pas se servir d’une arme, mis à part sa poêle ou un couteau de cuisine.

        Mais, en ce moment, elles faisaient équipe et toutes les deux faisaient du bon travail. Elles se complétaient l’une l’autre, comme le sel et le poivre, le thym et le laurier ou l’ail et le persil. Quand l’une attaquait le Zentaur à gauche, l’autre bloquait le coup de harpon qui venait pour mettre son coéquipier en sécurité, pour ne pas être blessé. Le soru et le tekkai de Caramélie avait plusieurs fois sauvés la vie de Robina. Elles se battaient depuis un petit moment avec le Zentaur, l’un de ses bras se trouvait maintenant sans vie. Oui, il était mécanique, mais ça veut dire qu’il ne bougeait plus.

        Caramélie fut lancé avec un ample mouvement du bassin ainsi que la force avec les deux bras sur le dos du Zentaur. Il rua avec vigueur pour se débarrasser de sa cavalière inopportune. Mais un coup sur la patte avant droite lui rappela qu’il ne devait pas relâcher son attention. La cuisinière le harcelait en passant de chaque côté, comme une guérilla. Attaquant à chaque fois qu’elle trouvait une ouverture. Caramélie en profitait pour matraquer de son sabre de bois-meitou le corps du cheval mécanique sur lequel elle était.

        Robina passa sous la lance qui bougeait dans tous les sens. Elle arriva à trancher une des jambes de la créature cybernétique. L’agente du Cipher Pol atterrit alors sur elle, elle l’avait attrapé par le bras, pour qu’elle ne se fasse pas trop mal. Elles se regardèrent un instant dans les yeux. L’air un peu gênée, elle regarda pendant une longue seconde qui sembla s’étendre à l’infini. Puis elle se leva. Rien n’avait été dit, et pourtant Robina avait compris ce que Caramélie n’avait pas osé prononcer. Cette fois se fut Robina qui se retrouva rouge comme une pivoine. Elle ne savait pas comment réagir face à cet aveu non énoncé.

        Mais l’armée cybernétique n’attendait pas. Bien que la créature ne pût plus se mouvoir aussi facilement qu’avant, elle restait tout de même dangereuse pour les deux demoiselles et d’un regard, elles partirent. Elle se dirigeait toutes les deux vers la plage, là où le bateau s’était échoué.

        Les bruits de canonnade firent vibrer l’air avant que les boulets ne s’écrasent sur le sable pour détruire les cyborgs par centaines. Robina chercha d’où pouvait venir ce bruit à travers la brume. Quand en se rapprochant de la côte, un navire de la marine du Gouvernement Mondial apparut. La proue en avant, les canons diriger vers l’île, il n’était pas venu seul. Une dizaine de bâtiments aussi énormément monstrueux les uns que les autres se trouvaient maintenant non loin.

        Robina chercha des yeux, ce qu’elle avait tant essayer de finir durant toute la cérémonie ainsi que l’attaque. La pièce montée se trouvait au milieu du sable, les choux s’étaient dispersés sur le sable, comme un jeu de billes. Quatre-vingt-dix pour-cent de celle-ci était devenu immangeable, le reste, les quelques derniers dix centimètres du gâteau et de sa toiture avec les deux mariés au balcon, faisait pale figure par rapport au chef d’œuvre de ce qu’il avait été avant, il y avait à peine quelques instants. Pourtant, Robina voulut le prendre, elle ne pouvait pas le laisser après autant d’acharnement à le finir.

        Elle ordonna aux quelques membres de la cuisine de prendre les barques d’évacuation envoyé par les marines. Ils étaient morts à l’intérieur. La totalité ou presque de la brigade était morte pour cette pièce montée, ils avaient mis leurs âmes à l’intérieur, que le destin le détruise les avaient anéantis. La nouvelle cheffe aussi n’était pas contente, elle aurait voulu plus participer aux défenses de la villa, servir à quelques choses d'autres que la confection de ce boulet qu’ils avaient trainé toute la nuit avec eux. C’est avec résignation qu’ils laissèrent la cheffe derrière eux en prenant le moyen d’être en sécurité.

        La Sanderrienne regarda le haut de la tour, elle avait adoré ce travail, mais cette chose face à elle ne lui avait apporté que des problèmes. La mort du chef Killia, de la brigade, le fait qu’elle n’avait pas pu aider les autres contre les cyborgs. Elle s’en voulait, à elle, mais aussi un peu au chef d’avoir fait passer cette horreur avant tous le reste. Elle avait même dit de faire de même aux restes de la brigade encore vivants. Elle se dégoûtait en ce moment, mais elle allait devoir avancer, s’améliorer, pour ne pas avoir à revivre cela.

        Devenir sa propre cheffe était une bonne chose, mais elle ne voulait pas que cela soit temporaire, elle le voulait pour toujours et rien de tel que d’ouvrir son propre restaurant. Mais pour le moment, elle devait se mettre à l’abri et rien de tel qu’une barque de la marine pour rentrer saine et sauve dans son pays natal. Certes, il faisait froid, la vie n’était pas aussi clinquante qu’ici, mais elle y serait en sécurité et elle pourrait oublier toute cette infernale nuit.

        Elle écrasa de sa botte le reste de la pièce montée, elle en avait fini avec cette horreur, autant la laisser ici, sur cette île maudite où elle espérait ne jamais revenir. Il y avait des choses qu’il valait mieux oublier. Pendant le trajet vers un des navires des personnes qui étaient venus les sauver, elle repensa à Caramélie. Aux regards qu’elles avaient échangés, son sauvetage dans le hall face aux regards des autres, son changement de vêtements dans les vestiaires, le fait qu’elle avait mangé un morceau de gâteau au chocolat en cuisine. Leur duo lors de la descente sur le navire, pendant qu’elles se défendaient sur la plage, tout ça et leurs regards, cette tension qui avait monté entre elles.

        En arrivant sur le navire, elle vit Caramélie. Ses cheveux blonds volaient dans les airs. Les siens lui passaient devant les yeux, avoir les cheveux longs et détachés avec du vent, ça n’était pas la meilleure des idées, mais elle passa ses cheveux derrière son oreille pour se dégager le visage. En passant à côté d’elle, elles se regardèrent pendant une fraction de seconde.

        N’oublie pas, je te dois toujours un gâteau rien qu’à toi.

        En repartant Robina toucha la main de Caramélie d’un frôlement de ses doigts. Elle rougit comme une pivoine encore une fois avant de suivre le marin qui lui montrait des quartiers qu’elle pourrait utiliser.

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        Tour 14-15

        Les machines contre les hommes. Je sais pas si on mérite de gagner, probablement pas; mais je vais pas porter le poids de la conscience de mon espèce sur mes épaules, c'est pas l'heure de se palucher les neurones. L'instinct de survie demeure l'apanage des monstres de chair et de sang; j'ai pas envie de finir ici au milieu d'une marée de pistons, de vérins, de valves... Ça vaut pas un bon coup de surin entre les côtes. Ça donne l'impression désagréable de ne pas être à sa place. C'est donc ça que ressentent les laissés-pour-compte. Tah, ça vend pas du rêve. Je distribue les cachous dans les règles à tous les tas de ferraille qui se radinent. Ils sont forts les machins. Leur créateur doit être fier d'eux, ils lui permettent de détruire son prochain avec une efficacité remarquable. Va savoir quel esprit tordu leur a donné vie. Pourtant, si sous beaucoup d'aspects ils ont l'air de coquilles vide d'âme, ils doivent avoir un soupçon, une larme d'humanité quelque part entre tous les circuits. L'automate aux traits candides a carrément contrevenu aux ordres de son maître avant d'être réduit en poussière.

        Ses congénères n'ont pas développé le même degré de conscience - et c'est un moindre mal pour eux, l'épiphanie aurait de quoi leur donner le goût de se faire sauter le caisson. Pour une raison ou une autre, ils ne font clairement pas de moi leur cible de prédilection. Faut dire, j'ai pas l'esprit belliqueux outre mesure et à côté, ça se débat avec un tel zèle que l'attention des machines leur est toute dévouée. Partout, de ces gars qui tombent pour avoir trop voulu en découdre. C'est pourtant pas malin de jouer à qui a la plus grosse avec des robots. On les a créés et maintenant, ils nous surpassent.

        L'assaut final. On se carapate vers la mer mais cette bonne vieille planète s'en lave les mains de notre agonie, elle en a plein le cul de ses bourreaux. On peut pas trop lui en vouloir. Bon. J'suis quand même bien parti pour y passer. Les conditions rendent le grand saut vers l'inconnu assez grotesque. Navrant. Ça en dit long sur notre nature. La fraîchement promue chef de cuisine s'éloigne un brin trop de la pièce-montée. Notre dernière relique, le dernier bon truc qu'on aura réussi à défendre et représente ce qu'on a encore à donner de meilleur. Les machins ont un sens de l'honneur enfoui derrière les lignes de codes qui les assujettissent, ils n'ont jamais tenté de porter directement atteinte au gâteau. Et si... et si la seule entité qui mette en péril la pâtisserie, c'était ses gardiens ? Après tout, les bazars n'en ont qu'après nous. Pas après, notre œuvre. Y'a encore trois légumiers qui n'en démordent pas et défendent bec et ongle le fruit du travail de toute une brigade réduite à sa portion congrue.


        Écartez-vous de la pièce-montée les gars !

        Boom.

        Trop tard. Le coup de grâce tombe pour la belle architecture. Et il n'est même pas porté par l'agresseur. Enfin en tout cas, pas celui auquel on pense de là où on se situe. Le brillant travail explose sous l'effet d'une pluie de boulets de trente livres et plus. Ah, ce sens du raffinement... La ligne de front disparait, c'est l'archet de la tyrannie qui orchestre la symphonie. L'armée des Zombres ploie, capitule sous la grêle de métal. Ils doivent avoir l'impression d'être trahis par leur chair, eux aussi. Un de ces petits serpents de taule grésille à quelques encablures de moi. Je vous plains, les gars. Quelque part dans la nuit, un connard vous a façonnés, à l'aube, on vous supprime déjà, non sans vous avoir intronisés menace nuisible pour éviter l'autocritique. Restez ignorants, ça vaut mieux pour vous.

        Des chaloupes sont affrétées, les civils évacués. L'étendard à la mouette flotte bien haut dans l'aurore naissant. Ah, le bel emblème de Justice. J'ai depuis un moment déjà repris forme humaine au cœur des explosions. Un soldat diligent m'invite à embarquer, me tend une main prévoyante. Une certaine jeunesse flotte encore sur ses traits.

        Pff... Je m'allume une tige.


        Vous savez quoi ? Je prendrai le suivant.

        Il ne saisit pas et ça le tracasse. Il a sans doute une bonne âme. Les quelques rescapés eux, ne cherchent pas à comprendre, il faut sauver ses miches, c'est la seule priorité. Pressé de m'abandonner par ses passagers, le marine n'insiste pas. On y va, les gars, qu'il dit à ses collègues qui tirent fort sur leurs rames. Le canot s'éloigne.

        L'horizon est bouché à trente mètres par des geysers de fumée âcre, transpercés d'étincelles ici ou là. La pluie ferreuse s'abat, imperturbable. Je tire sur ma clope.


        Bordel, c'est quelque chose quand-même.

        Je vais marcher un peu.
          Les directives de la Colonel d’élite Rachel avaient été très claires au sujet du Buster Call. Mount soupira, dans sa cabine. Il contemplait le plafond, pensif. Il ne redoutait pas plus que ça cette mission. Après tout, il avait bien survécu à la guerre sur Vindex. Et puis, les hommes qu’il avait sous la main également. Des vétérans rompus à de nombreuses techniques de guerre. Mais c’était aussi des personnes brisées par les horreurs qu’ils avaient vues. S’ils tuaient si bien, c’était grâce à un instinct de survie plus performant que les autres. Très peu se révélaient être des tueurs nés, remplis de sang-froid. A l’image des cyborgs qu’ils allaient devoir affronter.

          Un matelot vint le tirer hors de ses pensées. C’était l’heure.

          Le commandant d’élite sortit de la pièce et se dirigea vers le pont supérieur, après avoir convoqué les sections qui allaient débarquer avec lui. La plupart des marins présents sur le cuirassé n’allaient, en effet, qu’actionner les multiples tourelles et canons. Devant lui, trois sections d’élite. Les meilleurs des meilleurs ; des troupes de valeur. Rien à voir avec les bureaucrates de la régulière.

          - Messieurs ! Vous savez tous pourquoi vous êtes là aujourd’hui. Devant nous, une armée gigantesque nous attend. Vérifiez bien votre équipement. A priori, l’opération devrait être plus ou moins rapide, mais on ne sait jamais. Il y a beaucoup de civils sur place, alors évitez de tirer dans tous les sens. La plus grosse résistance qu’on pourra rencontrer viendra de cette armée de machines. Ignorez les autres menaces : nous devons rester concentrés sur notre objectif. Des questions ? Aucune ? Bien ; dans ce cas, rompez.

          Les soldats partirent dans différentes directions pour s’assurer que tout soit prêt avant leur départ. Mountbatten profita de ce moment pour aller parler à Float Pacific, un de ses lieutenants d’élite avec lequel il était particulièrement lié.

          - Lieutenant, c’est vous qui superviserez le cuirassé pendant mon absence. J’attends de vous que vous soyez disponibles à chaque moment par Den Den…

          - Affirmatif. On vous donnera un appui-feu conséquent, ne vous inquiétez pas. On allumera tout ce qui essayera de vous approcher de trop près.

          - C’est ce que je veux entendre. Néanmoins… Faites attention aux dommages collatéraux.

          - Vous me prenez pour un bleu commandant ?

          - Le moins du monde, Pacific ! M’enfin… Ça me rassure de savoir que c’est vous qui couvrez nos arrières.

          - On ne vous décevra pas.

          - Je l’espère… Sur ce…

          - Bonne chance.

          - Pas besoin de chance. L'équilibre des forces penche largement pour nous. Celui qui peut vaincre un Buster Call n'est pas encore né.

          Au loin, la plage était déjà visible. Un navire s’y tenait, renversé. Les silhouettes devenaient de plus en plus proches, au point d’être discernables depuis le pont supérieur. Il était temps d’y aller.

          - COUPEEEZZZZ LES CORDES !

          Les barques se mirent à l’eau, dans un grand vacarme. Dans le même temps, les canons du Gouvernement Mondial commençaient à tonner. Des quadrillages en corde furent lancés sur chaque flanc du navire, afin que les membres de l’expédition puissent atteindre les petites embarcations situées plus bas.

          Une fois tout le beau monde réuni, les barques se mirent en route, laissant le cuirassé pilonner la plage avec tout ce qu’il avait. Chez les marins, il y avait un sentiment de déjà-vu. Pour arriver sur Vindex, les forces de la Marine avaient ainsi opérées un débarquement de grande ampleur, plus ou moins comparable à ce qui se passait ce jour-là.

          Autour d’eux, d’autres bateaux transportaient des marins jusqu’au rivage. Chaque navire tanguait au rythme des vagues ; tandis que le bruit des tirs s’amplifiait. L’aube se levait. Les rayons de soleil se confondaient avec les obus enflammés, qui fendaient l’air à toute vitesse, ne laissant derrière eux que des traits lumineux jaunâtres.  

          Une fois le fond de la mer touché par la coque, les marins sautèrent de l’embarcation, les genoux dans l’eau. Armes à la main, ils s’assuraient de la tenir hors de l’eau, craignant toute infiltration d’eau dans leur fusil. Ils progressaient lentement, à cause de cette masse hydraulique qui semblait ne pas vouloir les laisser partir. Sur la plage, de nombreux militaires avaient déjà débarqué. Les coups de feu se rapprochaient à mesure que la troupe avançait, jusqu’à ce qu’elle atteigne la terre ferme.

          Pendant ce temps-là, Mountbatten avait utilisé plusieurs Geppou. A cause son fruit, il ne pouvait pas rester avec ses hommes, sous peine de s'affaiblir inutilement. A terre avant eux, il posa un genou au sol pour analyser la situation. Devant lui, le Just Married. Les invités du mariage fuyaient la horde de combattants cybernétiques, qui se ruaient frénétiquement sur eux. Heureusement pour eux, certains les protégeaient. A l'aide son implant cybernétique à l'œil, il put distinguer un homme sur un cheval, qui clairsemait les rangs de ce qui semblaient être des centaures mécaniques. A un autre moment, il remarqua un habit qu'il avait plusieurs fois vu sur le tableau des primes : celui du pirate Daemon Wall.

          Lorsque ses hommes vinrent à sa hauteur, le groupe marqua une pause, dans le but de prévoir avec précision sa trajectoire et les menaces auxquelles ils allaient potentiellement avoir affaire. Tout autour d’eux, les combats faisaient rage. Même les simplets de la régulière se battaient avec une détermination et une force insoupçonnée. Ils essayaient de tenir à bonne distance les créatures ennemies ; mais souvent, elles arrivaient au corps-à-corps sans crier gare, tranchant sans une once de pitié les corps des pauvres marins.

          Les bombardements s’intensifiaient à mesure que le temps passait. Les trois sections d’élite se mirent en place, utilisant une digue naturelle comme protection pour abattre les cyborgs. Cette ligne de front s’étendait sur centaines de mètres. La concentration de forces de la Marine était tout bonnement impressionnante. Le commandant d’élite, lui, observait l’armée ennemie et, tout en restant à couvert, indiquait les coordonnées des adversaires les plus robustes pour ordonner des frappes sur ceux-ci.

          Il fallait également qu’ils fassent attention à leurs tirs. En effet, devant eux, de nombreux marins s’affairaient pour ramener les civils dans des barques. Le groupe ne fournissait qu’un feu de couverture ; au final, ils étaient plutôt à l’abri. Il faut dire qu’ils étaient plus utiles vivants que morts. Alors que les recrues de la régulière… C’était plutôt l’inverse.

          Lorsque l’évacuation se termina, il restait encore de nombreux ennemis sur la plage. D’autres arrivaient encore, c’est dire leur nombre. Le groupe de Mountbatten était l’un des derniers sur la plage, protégeant les derniers civils, jusqu’à leur évacuation sur un canot de sauvetage.

          - Aller, ON S’ARRACHE !

          Sur ordre de leur supérieur, les marins quittèrent leurs positions bien confortables pour regagner les barques. Rembarquer s’avéra une tâche ardue, les cyborgs ne lâchant rien, même s’ils s’exposaient à un feu d’une violence inouïe. Progressant petit à petit dans l’eau, ils se retournaient de temps en temps pour vider leur chargeur sur les dernières bestioles qui étaient encore à leurs trousses. Enfin, ils arrivèrent. Certains n’hésitèrent pas à souffler. La tension avait été à son comble jusqu’au bout. Et puis, les premiers sourires, les premiers rires. Ils étaient encore à plusieurs mètres de la plage, mais ils se savaient sortis de ce merdier. Les obus détruisaient inlassablement toutes les machines présentes sur la plage. Dans les rangs, un franc esprit de camaraderie vint décrisper les derniers visages.

          Derrière eux, les explosions semblaient comme s’harmoniser, pour ne laisser que des débris, des cendres et des flammes. C’était le spectaculaire spectacle du Buster Call.
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          Le bombardement cesse enfin. Le soleil, complet, réchauffe un horizon orange et éclaire une île défigurée. Le vent ne parvient pas à chasser l'épaisse fumée tout le long de la colline. La villa Iom n'existe plus, le flanc envahi de machines n'est qu'une masse informe où terre et fer se confondent. Seule la plage a été épargnée, mais le combat qui y a eu lieu laisse un monceau de carcasses diverses parsemées d'uniformes de la Mouette. Les survivants, retranchés dans l'eau, foulent à nouveau le sable d'une zone de désolation. Toutes les créations du Docteur Zilver n'étaient pas détruites, loin de là. Mais la lumière les a paralysées les unes après les autres, laissant un musée sinistre de golems d'acier aux yeux éteints et aux corps figés dans la cendre du combat. Le travail n'est pas fini pour les soldats, il leur faudra passer la journée à percer les coeurs avant la prochaine nuit. Quant au Docteur Zilver, il ne sera ni identifié parmi ses créations, ni au milieu des décombres du Buster Call. Pour l'heure, il avait perdu et les civils, dans leur quasi intégralité, avaient été sauvés.

          Adamant s'est rendu sans résistance. Comme convenu, les rescapés, qu'importe leur identité, seront débarqués sur l'île la plus proche et libérés tôt leur état de santé satisfaisant. Les journalistes présents depuis le mariage commentent déjà à voix haute les gros titres du lendemain, tous ventousés à l'escargophone de leur rédaction. Les autres civils sont épuisés, habillés d'une couverture épaisse sur les épaules et pris en charge par les différentes unités de la Marine. Les Divisions qui ne restent pas sur place pour nettoyer l'île repartent sur un matin qui ne ravit personne comme il le devrait. Seul réconfort: celui de réaliser la chance d'être en vie.


          Epilogue


          Les lumières se rallument tandis que le générique continue de défiler. Les spectateurs, dont vous faisiez peut-être partie, quittent la salle de cinéma où l'affiche principale placarde en lettres de bois "Le Folie des Iom" dans la pénombre d'un soleil couchant. Dans les couloirs, au dehors, dans le café d'en-face, les gens parlent et échangent. Certains ont reconnu les inspirations des divers protagonistes exposés, d'autres discutent des effets spéciaux, du réalisme de tel pouvoir employé de telle façon, puis de ce que serait le monde si cette fiction devenait réalité. Les débats sur les anticipations et pure spéculations hasardeuses vont bon train, sans que personne ne convertisse sa table. Même sur les performances, tout se discute. La Marine à la fin qui vient offrir l'explosion finale classique de l'escargofilm d'action, France Rodriguez, l'actrice de France Iom, qui délaisse peu-à-peu le registre physique pour prouver qu'elle est une bonne comédienne, les blagues pipi-caca de certains personnages au milieu d'une intrigue qui interroge la condition humaine et la définition de ce que sont vivre et exister, qui est un salaud, qui est touchant, ce que va devenir Adamant, tout est évoqué, rien n'est déterminé.

          Cette avant-première ne sera qu'une expérience répétée, encore et encore. La plupart des spectateurs sortiront de leur salle locale en s'étonnant qu'il ne fasse plus jour, en ayant l'impression d'avoir passé bien plus de temps qu'un long métrage au sein des Z, des survivants et leurs péripéties. Plusieurs chercheront même, parmi la foule, des traces de Zilver, s'amusant de l'impact du fictif sur leur imagination. La Folie des Iom aura marqué son public et, bien qu'on en déplorera les futurs goodies et oeuvres dérivées de pur fanservice, ce soir, à la Saint Valentin 1628, est sorti un blogbuster qui allait compter dans les mémoires et n'aura été possible que grâce à un casting hallucinant et à leur travail acharné avec une équipe entière voulant offrir un spectacle jusqu'alors inédit.

          Fin!
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