Il était une fois, dans une contrée pas si lointaine, un pays où la neige ne fondait jamais en période de Noël. Cette année encore, le ciel saupoudrait délicatement monts, forêts et maisons d'un revêtement immaculé, dont la froideur réchauffait pourtant le coeur de tous. Tous ? Pas tout à fait. Car il demeurait une place qui résistait, encore et toujours, à l'envahissante ivresse des fêtes de fin d'année.
Cet endroit mystérieux était l'antre du Père Fouettar. Jadis ami du Petit Papa Noël, il avait un jour décidé de l'empêcher de distribuer des cadeaux aux enfants sages. Sa dernière forfaiture avait même consisté à enlever les rennes du traineau, le seul transport capable de traverser tous les logis du monde en une seule nuit. Heureusement, d'intrépides héros s'étaient dressés entre le Père Fouettar et ses sombres desseins. Noël fut sauvé.
Les rennes restitués offrirent au Petit Papa Noël des indices sur la tanière de son ancien frère de fêtes. Décidé à raisonner le Père Fouettar avant qu'il n'essaye de gâcher à nouveau les plaisirs d'hiver, il alpagua son ancien ami à même sa forteresse. Mais de forteresse, il n'y trouva traces. Seulement un ballon volant où suspendait, au moyen de guirlandes scintillantes comme des étoiles de berger, un bateau de sapin, à la dérive entre les courants aériens. Et puis que nous en sommes aux précisions, ce n'était pas le Petit Papa Noël en personne qui avait pris le traineau pour intercepter l'objet volant non-identifié, mais son plus fidèle et dévoué des lutins, le brave Minoël.
C'était sans hésitation, ni mot argotique, que l'ami de la magie des fêtes s'était porté volontaire. Il trouva d'ailleurs amusant que le Zepolar Express, montgolfière améliorée du terrible Fouettar, ne révéla aucune trace de ce dernier, tel le pas du zébu après une tempête de neige. A la place, il y avait des gardes lutins protégeant une étrange cargaison de jouets : des poupées de bois à peine aussi grandes qu'eux, qui étaient petits. Minoël, après avoir endormi sans excès de violence les vigiles, demanda poliment et en le vouvoyant au Papa Noël ce que signifiait ce simulacre. Petit Papa Noël, d'habitude rubicond, blanchit des moustaches au front, car ces jouets créés par le Père Fouettar lui étaient bien connus. En effet, il s'agissait des marionnettes attrapes-rêves, dont elles se nourrissaient pour s'animer et emprunter la conscience des dormeurs. Autant dire semer le chaos la nuit où tout le monde dormait pour laisser passer le traineau car, pour que la magie de Noël perdure, il fallait que les gens dorment et fassent de beaux rêves.
Minoël, choqué par cette ineffable monstruosité, reporta l'arrestation du Père Fouettar pour faire atterrir le Zepolar avant qu'il ne livre ses armes. Hélas, une fausse manoeuvre généra une série d'explosions, si belles dans ce ciel de nuit où chaque langue de flamme se réfractait avec grâce dans les cristaux de glace. Plusieurs déflagrations expulsèrent des poupées à tous les recoins du pays de Noël. Certaines allaient casser, d'autres résister à leur chute. Parmi elles, plusieurs s'activeraient en se pensant arrivée à destination. Elle chercheraient au travers du monde un rêve à attraper, pour s'en emparer et faire croire à son rêveur, ou sa rêveuse, que cet éveil n'était qu'un songe. Un songe pourtant extrême, où la poupée pourrait faire l'expérience du froid, de la faim et de la douleur. Seule la mort réveillerait les dormeurs et briserait le lien avec les attrapeurs de rêves.
Quant au Zepolar, il se posa majestueusement en haut d'une colline, dans un fracas tonitruant accompagné d'une épaisse fumée, semblable à celle des cheminées de nos douces maisonnées. La voilure, ballons de tissu toujours enguirlandé de mille et une étoiles, voguait au gré des vents, reliée à l'épave devenue son ancre. Ce cerf-volant offrait le splendide d'une étoile multicolore que nulle ne pouvait ignorer dans les environs. Quant à Minoël, il s'en sortit indemne, mais plusieurs pièces de son équipement lui manquaient. Sans doutes s'étaient-ils égarés, eux aussi, aux quatre coins du pays.
Tandis que la zone de l'accident aérien offrait un repère à toutes les poupées à peine réanimées aux alentours, l'armée des lutins du Père Fouettar s'occupaient déjà de baliser les routes praticables. Quiconque voudrait rejoindre Minoël devrait forcément passer par eux. Sans parler du fait qu'ils désiraient mettre la main sur la marchandise égarée.
C'est sur vous que repose cette traversée, vous qui avez, désormais, un corps de poupée de bois aux traits et à la tenue étrangement similaires aux vôtres. Le froid se fait pénible où que vous soyez, mais tous semblez apercevoir une lueur d'espoir, ronde et lointaine, en une magnifique étoile polaire s'allumant de toutes les couleurs.
Les zones et la carte arrivent bientôt en zone hrp. Prenez votre temps pour vous organiser, il n'y a pas de tours, on avance à votre rythme.