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[Event noël 2019] Le Transperceneige

Rappel du premier message :

[Event noël 2019] Le Transperceneige - Page 2 02a7a910

Il était une fois, dans une contrée pas si lointaine, un pays où la neige ne fondait jamais en période de Noël. Cette année encore, le ciel saupoudrait délicatement monts, forêts et maisons d'un revêtement immaculé, dont la froideur réchauffait pourtant le coeur de tous. Tous ? Pas tout à fait. Car il demeurait une place qui résistait, encore et toujours, à l'envahissante ivresse des fêtes de fin d'année.

Cet endroit mystérieux était l'antre du Père Fouettar. Jadis ami du Petit Papa Noël, il avait un jour décidé de l'empêcher de distribuer des cadeaux aux enfants sages. Sa dernière forfaiture avait même consisté à enlever les rennes du traineau, le seul transport capable de traverser tous les logis du monde en une seule nuit. Heureusement, d'intrépides héros s'étaient dressés entre le Père Fouettar et ses sombres desseins. Noël fut sauvé.

Les rennes restitués offrirent au Petit Papa Noël des indices sur la tanière de son ancien frère de fêtes. Décidé à raisonner le Père Fouettar avant qu'il n'essaye de gâcher à nouveau les plaisirs d'hiver, il alpagua son ancien ami à même sa forteresse. Mais de forteresse, il n'y trouva traces. Seulement un ballon volant où suspendait, au moyen de guirlandes scintillantes comme des étoiles de berger, un bateau de sapin, à la dérive entre les courants aériens. Et puis que nous en sommes aux précisions, ce n'était pas le Petit Papa Noël en personne qui avait pris le traineau pour intercepter l'objet volant non-identifié, mais son plus fidèle et dévoué des lutins, le brave Minoël.

C'était sans hésitation, ni mot argotique, que l'ami de la magie des fêtes s'était porté volontaire. Il trouva d'ailleurs amusant que le Zepolar Express, montgolfière améliorée du terrible Fouettar, ne révéla aucune trace de ce dernier, tel le pas du zébu après une tempête de neige. A la place, il y avait des gardes lutins protégeant une étrange cargaison de jouets : des poupées de bois à peine aussi grandes qu'eux, qui étaient petits. Minoël, après avoir endormi sans excès de violence les vigiles, demanda poliment et en le vouvoyant au Papa Noël ce que signifiait ce simulacre. Petit Papa Noël, d'habitude rubicond, blanchit des moustaches au front, car ces jouets créés par le Père Fouettar lui étaient bien connus. En effet, il s'agissait des marionnettes attrapes-rêves, dont elles se nourrissaient pour s'animer et emprunter la conscience des dormeurs. Autant dire semer le chaos la nuit où tout le monde dormait pour laisser passer le traineau car, pour que la magie de Noël perdure, il fallait que les gens dorment et fassent de beaux rêves.

Minoël, choqué par cette ineffable monstruosité, reporta l'arrestation du Père Fouettar pour faire atterrir le Zepolar avant qu'il ne livre ses armes. Hélas, une fausse manoeuvre généra une série d'explosions, si belles dans ce ciel de nuit où chaque langue de flamme se réfractait avec grâce dans les cristaux de glace. Plusieurs déflagrations expulsèrent des poupées à tous les recoins du pays de Noël. Certaines allaient casser, d'autres résister à leur chute. Parmi elles, plusieurs s'activeraient en se pensant arrivée à destination. Elle chercheraient au travers du monde un rêve à attraper, pour s'en emparer et faire croire à son rêveur, ou sa rêveuse, que cet éveil n'était qu'un songe. Un songe pourtant extrême, où la poupée pourrait faire l'expérience du froid, de la faim et de la douleur. Seule la mort réveillerait les dormeurs et briserait le lien avec les attrapeurs de rêves.

Quant au Zepolar, il se posa majestueusement en haut d'une colline, dans un fracas tonitruant accompagné d'une épaisse fumée, semblable à celle des cheminées de nos douces maisonnées. La voilure, ballons de tissu toujours enguirlandé de mille et une étoiles, voguait au gré des vents, reliée à l'épave devenue son ancre. Ce cerf-volant offrait le splendide d'une étoile multicolore que nulle ne pouvait ignorer dans les environs. Quant à Minoël, il s'en sortit indemne, mais plusieurs pièces de son équipement lui manquaient. Sans doutes s'étaient-ils égarés, eux aussi, aux quatre coins du pays.

Tandis que la zone de l'accident aérien offrait un repère à toutes les poupées à peine réanimées aux alentours, l'armée des lutins du Père Fouettar s'occupaient déjà de baliser les routes praticables. Quiconque voudrait rejoindre Minoël devrait forcément passer par eux. Sans parler du fait qu'ils désiraient mettre la main sur la marchandise égarée.

C'est sur vous que repose cette traversée, vous qui avez, désormais, un corps de poupée de bois aux traits et à la tenue étrangement similaires aux vôtres. Le froid se fait pénible où que vous soyez, mais tous semblez apercevoir une lueur d'espoir, ronde et lointaine, en une magnifique étoile polaire s'allumant de toutes les couleurs.

Les zones et la carte arrivent bientôt en zone hrp. Prenez votre temps pour vous organiser, il n'y a pas de tours, on avance à votre rythme.
    Voie C : Mont-de-Piégé

    Il y avait maintenant deux pantins emmitouflés dans une couette à l'intérieur de l'igloo, chacun roulé en boule côte à côte, la morve au nez et grelottant. Il ne leur manquait qu'un bon thé chaud pour achever de se réchauffer et miracle, la fameuse Emilie Knox était arrivée équipée. Munie d'un heat dial, elle avait rapidement fait fondre puis bouillir de la neige dans une petite casserole de voyage, avant de faire infuser des herbes et de verser le tout dans des gobelets en terre cuite. Ils étaient maintenant occupés à faire tourner les récipients, les remplissant à chaque fois qu'ils étaient vidés par les pantins avides de chaleur.

    [Event noël 2019] Le Transperceneige - Page 2 4064543621 [Event noël 2019] Le Transperceneige - Page 2 4064543621 [Event noël 2019] Le Transperceneige - Page 2 4064543621  (bon Roy a un bras qui pendouille mais vous voyez où je veux en venir)

    Outre la casserole de thé bienfaitrice, le heat dial avait également permis de réchauffer leur habitacle sans l'enfumer - comme l'aurait fait un feu de camp. En temps normal c'était les corps de ses occupants qui faisaient office de chauffage dans un igloo, la chaleur qu'ils diffusaient se retrouvant piégée entre les murs de neige. Dans le cas présent cependant, les corps des pantins émettaient bien moins de chaleur que ceux de mammifères au sang chaud. Le coquillage céleste avait donc été plus que bienvenue. En somme, le concours de la fameuse Emilie Knox était un don du ciel, presque littéralement.

    Enfin revigorées, les marionnettes profitèrent de cette courte accalmie pour faire le point sur la situation. D'une humeur massacrante jusque-là, Roy, le corps maintenant au sec et réchauffé, avait retrouvé son attitude polie et optimiste.

     - Pas la moindre idée d'où nous nous trouvons, reprit-il à l'intention d'Emilie - comme il lui avait répondu un peu plus tôt, avant que l'arrivée d'Anatara ne les interrompe. Mais on a sûrement été piégé dans ces marionnettes par un utilisateur de fruit du démon à l'humour déviant. Je ne sais pas quel fruit par contre, jamais entendu parler d'un pouvoir pareil.

     - Moi non plus, avoua rousse n°1, nos corps de jouets peuvent ressentir la chaleur et le froid, la douleur et peuvent même se sustenter, ça ne ressemble à rien que je connaisse et pourtant j'en ai vu des utilisateurs de fruit... j'espère que ce n'est pas le fruit du Jouet en tout cas, ajouta-t-elle ensuite dans sa barbe, avant de reprendre : mais ça n'en a pas l'air. Ce qu'il faut décider maintenant c'est de la marche à suivre. Qu'est-ce qu'on fait ? Ce qui est sûr c'est que l'on ne peut pas rester barricadé dans cet igloo en attendant que ça passe.

    Un petit silence accueillit cette tirade, les deux autres pantins, toujours emmitouflés dans leurs couettes respectives, pas nécessairement d'accord avec cette déclaration.

     - On a objectif tout indiqué, répondit finalement rousse n°2 en reniflant, je suis la seule à la ressentir ou vous la sentez aussi, cette lueur au loin qui nous appelle ?

    Roy et Emilie hochèrent du chef. Ce n'était donc pas une hallucination induite par leur situation précaire, ils étaient bien tous guidé par la même balise, sans trop savoir vers quoi elle les dirigeait.

     - J'ai repéré un peu le terrain avant de tomber sur Roy, leur apprit ensuite Emilie. Je crois avoir discerné une voie vers le sommet de ce mont. La balise semble nous diriger là-bas, mais je ne sais pas si ce sera notre objectif final, ajouta-t-elle avec une mine inquiète.

     - Cela nous fait un objectif en tout cas, lâcha Anatara avec un mince sourire optimiste. En revanche j'ai peur de ne pas être du tout équipé pour un voyage en haute montagne. Et vous ?

     - J'ai une corde et de quoi nous assurer, les rassura Emilie. Et puis nous pouvons toujours découper ces peaux de bêtes et vous en faire des manteaux décents avant de repartir, plutôt que de bêtes couvertures. Et toi Roy ? Quelque chose à ajouter peut-être ? On en aurait vraiment besoin, tout avantage aussi petit soit-il pourrait améliorer notre situation au point où on en est.

    Elle avait ajouté ça avec une mine optimiste, pleine d'espoir même. Roy détestait devoir briser ses attentes, mais autant valait ne pas y aller par quatre chemins.

     - Alors désolé de casser l'ambiance, mais non seulement j'ai pas d'équipement pour la montagne, j'ai pas d'équipement tout court, rien, que dalle, que pouic, à part mon sabre et mon pistolet. Quoique non mon sabre je l'ai perdu sur la montagne d'à côté... je suis un bon grimpeur mais j'ai jamais fait de haute montagne et comme vous avez sûrement pu le remarquer, le père Noël m'a filé un corps de pantin endommagé à l'arrivée. D'ailleurs, ajouta-t-il maintenant qu'il y pensait, tu ne pourrais pas faire quelque chose à ce propos, avec ton pouvoir ? fit-il à l'intention d'Emilie Knox, tendant vers elle son bras, duquel pendait l'avant sectionné du membre .

    "Emilie Knox", où est-ce qu'il avait déjà bien pu entendre ce nom, qui sonnait étrangement familier à ses oreilles ? Il avait l'impression fugace qu'il avait affaire à un personnage célèbre, mais sur sa vie il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

    Il espérait seulement ne pas avoir fait une erreur en donnant lui aussi son nom - peut-être était-il tombé sur une héroïne de la Marine, qui finirait tôt ou tard par le reconnaître comme le pirate qu'il était, et l'enterrerait dans la montagne avec son pouvoir. Rien que l'idée le faisait frissonner et pas seulement parce qu'il avait toujours un peu froid.

    Tout à ses pensées lugubres, il examina une fois de plus les corps de pantins de ses deux compagnes, se demandant à quoi le sien pouvait bien se ressembler vu de l'extérieur. Et à quoi elles pouvaient bien ressembler sous leur forme humaine.
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    Voie A: Mistral Hurlant

    Dans ce songe aux allures de réel, le Cavalier frissonnait de tout son être sous l'implacable souffle glacé de l'Hiver. Les breloques le ceignant apportaient peu de réconfort face au climat extrême. Le hurlement de la tempête masquait les bruits de la contrée perdue, ce qui accentuait le sentiment d'isolement de la terre de glace. Brisant la stalactite formée à l'extrémité de son nez pointu, le vieux jouet ridé poursuivit son avancée laborieuse. Le corps arcbouté pour parvenir à avancer chaque pas était une lutte contre la force des éléments. Mais le point lumineux transparaissant au loin l'obligeait à poursuivre, il lui inspirait une porte de salut que l'attente dans le froid mordant n'aurait pas ouverte. Le curieux de sa situation ne le travaillait pas encore, perdu loin de tout, hors de tout, seul son avancée occupait ses pensées. Sa survie en dépendait..

    Sous l'épaisse couche de glace, des formes mouvantes le suivaient docilement. Les monstres lacustres égalaient sa taille, ils questionnaient l'identité de la proie. A l'abri de leurs appétits, le Cavalier nota la trace d'une autre sorte d'individu rejoignant la direction qu'il empruntait. De nature aérienne, il avait laissé un sillon continu le long de son passage. Si le regèle ne l'avait pas encore effacé, la mystérieuse bête ne devait pas bénéficier de beaucoup d'avance. Il accéléra le pas, d'une manière ou d'une autre le pirate allait s'assurer qu'elle soutienne son périple. Les abysses attendraient qu'il obtienne un appât à leur mesure.

    A la zone accidentée, où un navire de bois s'était embroché contre un récif, une paire d'empreintes s'était jointe à l'énigmatique fissure. Le monde de mort s'égrenait de vie au fil de sa progression, même si encore aucune ne se dévoilait. De la carcasse abandonnée, des corps inertes de bois brisés reposaient. Ne voulant pas accentuer son retard, le pillard saisit simplement le débris d'une planche brisée en deux et poursuivit avec le renfort du gourdin improvisé vers l'inconnu.
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    Voie A: Mistral Hurlant

    En suivant la trace étrange dans la glace, Kardelya était loin de se douter de la longue, si longue marche qui l'attendait. Le vent battant semblait lui traverser le bois et emporter la chaleur des organes qu'elle n'avait pas. La paralysie gagnait son flanc tandis que ses jambes tremblaient et que chaque nouveau pas exigeait sa part de douleur. De fait, si ses orteils avaient été de chair, ils seraient gelés, brisés sur la glace. Mais l'effort pénible que fournit la poupée paya lorsqu'elle aperçut, au loin , protégé d'une énorme demi-coquille de glace allongée, un feu tellement faible à l'horizon que sa lueur semblait blanche.

    En s'approchant, au prix de redoutables efforts, elle put finalement détailler la source de cette vie au travers du blizzard. Assis contre la paroi de glace, un lutin ventru se curait les dents avec une énorme arête. Le sillon qui avait mené jusqu'à lui s'était terminé par un trou béant dans la glace découpée en cercle parfait. Le petit être, qui n'avait pas tardé à remarquer la présence du pantin congelé, se redressa et, d'un geste lent, renversa le contenu de sa tasse sur le feu qui s'éteignit dans une longue complainte de fumée.

    Hé hé hé, on a froid, jouet de bois ? Lutin Motar est vraiment peiné pour toi. Oh, mais rassure-toi, je pourrai te ramener complètement gelée, je toucherai quand même ma récompense. Si t'as des derniers mots à dire avant de définitivement te changer en glaçon, use-les bien. Ca me fera une conversation digestive.

    Voie B: L'Arène des Neiges

    Les deux compagnons eurent une bonne idée en nettoyant la longue-vue de son givre, car elle leur permettrait, en rivant leur attention sur le trait de lumière à l'horizon, de découvrir qu'il s'agissait d'une sorte d'épée plantée dans la glace. Et les complaintes à peine aperçues, sitôt qu'il s'en approcheraient, leur permettraient de découvrir, au pied de l'épée, un lutin à la langue collée au métal de l'arme, en complète détresse. Quelle drôle d'idée d'avoir lécher cette lame, pouvait-on se dire. A la décharge du petit bonhomme, elle était terriblement appétissante, avec ses couleurs striée rouge et blanche, ainsi que sa garde en houx du plus bel effet décoratif.

    Voie C: Mont-de-Piégé

    Ton bras, oui ce sera compliqué d'escalader dans ton état. Ne bougez pas, je vais essayer quelque chose.


    Emilie quitta l'igloo quelques minutes pour revenir avec des branches de conifère dénudées et coupées en bâtonnets. Il était inutile d'en revoir les dimensions, car les bras de tous les pantins avaient la même taille. Appliquée, elle repositionna les branches à la place des os qu'elle consolida avec un mortier de neige. La main demandant un travail trop pointu, elle la remplaça par un crochet de bois pouvant servir de piton.

    Bouge un peu le bras ?


    Comme par magie, Roy put mouvoir son bras comme s'il fut toujours le sien, même si son poids et sa composition s'en ressentaient sur son habilité habituelle. La réparation de fortune pouvait faire l'affaire, d'autant que la neige et le bois, ce n'était pas ce qui manquait.

    Tu fais vraiment pirate avec ce look, mais tu en étais un, non ?


    Elle lui sourit avec sympathie, sans émettre de jugement dans ses paroles. Une chose effaça aussitôt son sourire.

    J'aurais pu faire mieux, j'aurais pu te redonner un vrai bras. En cartographiant les lieux avant de vous trouver, j'ai croisé quelques corps comme les nôtres. Démembrés, sans vie. Il aurait suffi que je chaparde un bras d'un de ces morts, mais...je ne sais pas, ce serait comme une profanation. Je veux dire, ces corps, même s'ils ne sont pas les nôtres, on doit les respecter.

    Je suis contente que tu puisse bouger ton bras à nouveau. Et maintenant, il faut trouver un moyen de se déplacer avec vous. Me changer en neige était pratique pour aller d'une montagne à l'autre, mais je doute que ce soit viable de vous emprisonner dans de l'eau gelée.


    Elle réfléchit, ressortit, fit les cent pas, puis proposa.

    Dans ce corps, employer mon pouvoir de neige est fatiguant, je me sens limitée. Mais si on se fait un radeau de branches et que je me change en roue de neige, je peux peut-être vous conduire en haut de la montagne ? Et si je fatigue, on sécurise le radeau avec une corde et je me repose un peu. Ce sera un peu pénible pour les montées, mais les descentes devraient nous faire gagner énormément de temps.


    Voie E: Douce Nuit

    Mais, mais laissez-moi tranquille, bande de pots de colle de poisson pas secs ! En plus, vous devriez fuir, on vous recherche, nous les lutins. Pour vous rendre au Papa Fouettar, il sera fâché, oui très fâché quand il saura qu'on vous a perdus. Il va peut-être nous traiter de forges à briques. On l'aurait mérité.

    Moi, je suis Lutin Pelicular. C'est moi qui fais les cartes postales de Noël. Le chat dans la tasse ? mon idée. Le lapin qui tue le chasseur ? encore Pelicular. Je suis un artiste, un sabot d'acajou d'artiste ! Alors, vous récupérer, c'est bien, mais ce n'est pas de l'art. Or, je suis un artiste.


    Il se remit à pelleter la neige en jurant, puis s'interrompit, frappé d'une idée.

    Vous n'avez pas fui, même quand j'ai dit que j'étais un artiste. Vous voulez vraiment m'aider ? Hmm...vous n'êtes pas très Peliculagéniques. Mais vous pourriez m'aider. Voilà, j'aimerais faire un super cliché d'un bonhomme de neige blanc dans cette région grise. Mais voilà, à peine j'ai nettoyé mon cadre, que la neige se salit à nouveau. Impossible de réussir mon bonhomme de neige avant qu'il se salisse. Pelicula ne tolère aucune imperfection, bon sang de boudin aux pommes !

    Vous savez quoi ? Trouvez un moyen de composer mon cadre, que je puisse prendre ma photo, et je vous aide à vous échapper d'ici. J'ai des foulards de rechange dans ma mallette, vous pouvez vous en servir si vous voulez. Faut en changer toutes les demi-heures. Au boulot, bande de spatules à sel !
      Voie A: Mistral Hurlant

      Plus j'avance dans ce couloir et plus je me perds dans mes pensées et mes sensations. Pourquoi je sens de moins en moins le froid me gagner? Je veux dire, je sens le froid pénétrer mon corps et passer à travers mes vêtements... mais lorsque j'étais à Jotunheim, le froid agissait de manière différente, même si j'avais des vêtements plus lourds.

      Je trébuche sur une imperfection de la glace et je manque de tombe au sol, heurtant le sol du pommeau de Menteuse, me réajustant comme je peux... Attendez un peu... C'est quoi ces bras?!?
      Je lève ma main à hauteur d’œil... pour voir du bois à la place de doigts et de mains?!? Je tapote doucement mon bras contre le fourreau de mon arme, un son caractéristique de bois se faisant entendre et résonner dans le couloir de glace.
      J'observe mon corps sous tous les angles, pour me rendre à l'évidence: je suis devenu... un pantin de bois! C'est quoi ce rêve trop réaliste et fou à la fois?!? Je n'ai même pas senti mon corps changer durant la marche!

      Bloquant un moment sur ça, mon attention est portée plus loin devant, avec une faible lueur rouge-orangée vacillant: un feu? Difficile à dire au milieu de tous les reflets procurés par la glace environnante... mais vu comme le froid commence à mordre même ma "peau de bois", je ne vais pas me faire prier pour trouver un moyen de me réchauffer... sans pour autant brûler du coup.

      Sur place, j'observe les environs, repérant effectivement un petit feu de camp, mais aussi... un petit elfe? Un lutin plutôt? Il est dans un coin et m'adresse bien vite la parole... tout en prenant un malsain plaisir à éteindre le feu devant moi, me faisant grimacer.
      Que faire que faire... J'ignore si cet adversaire est puissant, je ne sais pas trop à qui il doit me ramener, je ne sais pas si ma condition actuelle m'handicape tellement au combat...

      - Hum... Vous pourriez aussi m'emmener voir votre commanditaire, sans d'avantage de menaces ou des combats qui pourraient s'ensuivre. J'ignore quel est le poids d'un pantin de bois à taille humaine, couvert de glace, mais ça devrait être un poids assez inconvenant à traîner jusqu'à votre chef.
      Aussi, ne faites pas l'erreur de sous-estimer un jouet: je risque d'être plus indigeste et inconfortable à gérer que votre poisson.
      Je ne fais pas d'histoires et vous suis docilement et vous faites en sorte de ne pas avoir un gros bloc de glace à transporter, vous ne trouvez pas cela arrangeant pour vous?


      Dans le doute, je sautille doucement sur place, Menteuse à la main gauche: dans le doute, combattre devrait me réchauffer quelque peu...
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      Voie A: Mistral Hurlant

      Le lutin écouta Kardelya sans l'interrompre, un fin sourire brisé uniquement par sa manie de vérifier de sa langue qu'il s'était bien nettoyé les dents.

      Je suis aussi pour éviter les conflits. Tu crois que c'est marrant de se battre le ventre rempli ? Sans parler d'haleter par ce froid, brrr, j'en frissonnerais bien si je n'étais pas aussi chaudement vêtu. Fort heureusement, nous n'aurons pas à nous battre, et tu me suivras. Laisse-moi t'expliquer.

      Je vais papoter avec toi quelques minutes, le temps que tout ton corps soit frigorifié et que tu peines à rassembler tes pensées. Puis, quand tu auras du mal à articuler autre chose que du claquement de dents, je te ficellerai comme un jambon et te balancerai à l'eau. Tu devrais avoir le réflexe de survie d'agiter un peu les membres, ou au moins d'avoir des spasmes. Il n'en faut pas plus à ces requins mord-tout pour se faire hameçonner. Je recapturerai un, jouerai avec avec pendant une heure, puis m'en servirai de monture et de requin de traineau pour acheminer ce que j'aurai pu capturer. Car, contrairement à ce que tu penses, tu n'as pas la taille d'un humain et je n'ai pas besoin que tu marches pour te tirer sur la glace jusqu'à mon maître. De plus, seul ton corps m'intéresse, la chose dedans qui bavarde n'a aucune valeur. Et si tu penses te servir de ton joujou pour m'attaquer ou jouer au rapport de force, vise toi-même.


      Il se tourna, tira en râlant sous l'effort un gros sac qu'il renversa à moitié sur la glace. Les corps d'au moins trois pantins en dépassèrent. Motar, avec une mimique amusée, en dévoila un qu'il tint comme un pantonyme.

      "Bonjour ! Je suis l'Amiral Fuuryumachin,au nom de la Marine je t'arrête. Je n'ai pas besoin de mon vrai corps pour te vaincre et bla bla bla, j'ai une bien grande bouche pour une si petite barbe. " Tsss!

      Dit-il en jetant avec mépris la marionnette dans son sac. Toujours sérieux, il s'adossa à nouveau bien confortablement au mur, en fixant Kardelya sans la moindre humanité dans le regard.

      Tu as de la chance tu sais, de servir d'appât. La poupée la plus sèche servira à alimenter un nouveau feu avant mon départ. Puis, normal de servir d'hameçon quand on suit la ligne.
        Voie E : Douce Nuit

        Cher journal,

        Le drôle de bonhomme n’est pas seulement un lutin, c’est un artiste !! Ça explique pourquoi il est aussi bizarre et un peu malpoli: les artistes sont souvent des gens compliqués. Ça doit être livré dans le paquet cadeau en même temps que l’inspiration et le talent, à la naissance.

        J’ignore si c’est bel et bien du père fouettard qu’il parle, mais si c’est le cas ça expliquerait beaucoup de choses ! A commencer par la neige noire par exemple… C’est logique après tout: le méchant Père Fouettard qui s’habille en noir a une neige noire, tandis que le gentil Père Noël a une neige… rouge ? Mais non journal ne dis pas de bêtises !

        En tout cas pas question de me mettre un tel personnage à dos ! D’ailleurs je trouve le lutin Pelicular très aimable, très convaincant et, euh… objectif. Mes compagnons pantins et moi sommes d'accord pour l’aider ! Surtout si en échange il peut nous indiquer le chemin.

        Tandis que nous nous parons chacun d’un foulard (j’en prends un plutôt joli, de couleur bleu nuit qui ne se salira pas trop facilement avec la cendre, agrémenté d’un joli motif de Noël représentant deux rennes en train de batifoler devant une étoile de neige), mes compagnons de bois et moi réfléchissons à un moyen de composer un joli cadre pour la photo. La demande du lutin semble terriblement compliquée, irréalisable même: comment garder un bonhomme de neige blanc immaculé intact dans une région qui charrie en continu des vents de poussière noire qui tache pour un rien et qui, mélangée à la neige, forme une affreuse bouillie ? Comment Pelicular a-t-il fait pour se retrouver dans une situation pareille ?

        Et puis soudain… je regarde le petit lutin… les petits bonshommes de bois… et j’ai une idée qui me vient !

        Vite, nous nous mettons au travail ! Pantin numéro un récupère une petite boule de neige bien fraîche, Pantin numéro deux nous ramène plusieurs petites branches soigneusement sélectionnées, dont certaines émettent cette délicieuse lueur vert-jaune qui donne à la fois tout son charme et son aura malsaine à cet endroit, et je me charge de trouver un joli coin pour disposer le cadre.

        Avec application -autant que le manque de précision de nos doigts nous le permet- nous sculptons un mignon petit bonhomme de neige de la taille d’un pouce ! Nous plantons des grains de cendre sur sa tête pour lui faire des yeux et une bouche, un tout petit morceau d’épluchure de carotte pour son nez, et je lui découpe dans un des foulards du lutin une jolie écharpe pour lui tenir chaud et une mignonne petite coiffe !

        “- Il est parfait ! On va l’appeler Pelicu… Bonhomme-de-chocolat-blanc !!”

        Nous disposons ensuite quelques branches pour figurer les arbres, arrangeons un peu le décor… et voilà ! Un bonhomme miniature ce sera bien plus facile à défendre du vent ! Le lutin-photographe n'aura plus qu'à arranger son cadre et son zoom, et personne ne s'en rendra compte. Bientôt notre Bonhomme-de-chocolat-blanc connaîtra la gloire des cartes postales de noël !

        Au moment où je pense ça, une bourrasque de vent charrie vers nous un nuage de cendres particulièrement violent ! Oh non, ce n’est pas le moment !! Si notre bonhomme se transforme en chocolat noir la photo sera gâchée !
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        Voie A: Mistral Hurlant

        Une imperfection de la glace étendit gauchement le Cavalier tête la première. Visiblement cette dernière était vouée à percuter la banquise jusqu'à la fin de l'aventure.. Ses pensées entrain de s'apaiser dans le cotonneux du froid s'éveillèrent brusquement au choc. Tremblant plus encore qu'à ses débuts, le jouet plein de vaillance se releva une nouvelle fois à l'aide du gourdin mal dégrossi. Le fumet cendré d'un foyer lui parvint alors aux narines. Véritable chatoiement au milieu de la neige, la senteur transparaissait plus encore. Guettant la provenance d'un regard scrutateur, le pirate s'avança tel un sioux du blizzard vers le campement découvert. Les éclats de voix révélèrent enfin les proies de sa traque.

        Rampant sur le sol de glace malgré les engelures dévorant son corps, il resta hors des attentions à distance raisonnable. Assez proche pour entendre les pourparlers, mais pas encore suffisamment pour y prendre part. A l’abri d'une coque de glace, un chasseur de prime ventripotent partageait ses roublardises avec un nouvel être de bois frigorifié. Les camps de chacun se révélèrent rapidement. Le gnome à abattre marqua sa propre cible de sa langue acerbe. Les fripes épaisses qu'il portait s'en seraient chargées autrement. Coinçant le bâton dans sa mâchoire, afin d'éviter que l'entrechoquement compulsif des dents le révèle, le Cavalier avança sous les radars aussi lentement que la conversation le lui permis. Lorsqu'il se retrouva derrière l'abri de glace, le vent s'éveilla de toute sa dureté. C'est percé de toute part par les aiguillons glacés, que le petit bout de chose se hissa sur le monticule protecteur. Surplombant maintenant l’abri du lutin, à la vue du pantin sautillant lui faisant face, il leva son bâton bien haut. Seul la position incertaine et son corps arcbouté l’emperchait d'être emporté par les bourrasques malicieuses. Le sommeil profond de la dame blanche le guettait de trop prêt et endormait déjà son esprit. Quitte à laisser le trépas le rappeler, une confrontation avec un tueur d'Amiral ne manquait pas de charme. Tel un moïse par temps d'Hiver, il abattit la planche de bois de toute sa force contre le surplomb de glace et un craquement puissant retentit alors.

        Le gourdin improvisé venait de se rompre.. C'est cette fois ci poing nue qu'il frappa la coquille de glace à l'épicentre du premier choc, dopé par une énergie nouvelle. Un instant rien ne se passa. L'instant suivant...
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        Voie D : Allumé le Foehn

        On se retrouvait dans une situation comme je les détestais. Face à nous, un parfait inconnu aux allures assez louches, la dégaine étrange d'un croisement entre un humain et un singe. Le genre humain, mais pas totalement, comme en trouve pas mal en ce monde. Les espèces de croisements avec une espèce animale, un truc dont je me suis toujours demandé comment ça avait pu être possible un jour. Est-ce que des hommes, ou des femmes, en étaient arrivé à se reproduire avec des animaux à un moment donné ? Formant ainsi la race hybride ? Rien ne me surprend plus ou presque, de nos jours. Surtout pas aujourd'hui, alors que je viens de me réveiller prisonnier dans un corps en bois, propulsé dans une terre inconnue. Ce que je sais en revanche, c'est que le zigue nous a sauvé les miches à deux reprises, même si ça semblait plus par intérêt qu'autre chose.

        Pour ne pas faire foirer son super plan, comme il venait de le dire. Pendant qu'il cause, se présente et nous fais part de ses intentions, je mire mon collègue de galère. Il a l'air aussi méfiant que moi. Personnellement, c'est de nature. Dans mon milieu, si t'es pas un minimum sur tes gardes, tu te fais égorger au bout d'une demi-heure. On l'écoute parler, ne l’interromps pas avant la fin. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il avait pas une tronche qui inspirait la confiance, même si lui ne semblait pas en manquer.

        Je suis le premier à l'ouvrir, y'a deux ou trois questions qui me turlupines..

        Les Pantins de Noel ? C'est qui eux ? Et de quelle prime tu parles ? Qui a mis une prime sur nos têtes ?

        Trois tout pile, qu'est-ce que je disais.

        Vous ne savez pas qui vous êtes ? Ah là là, y a eu une défaillance on dirait. Quoique..

        J'ai bien envie de lui faire remarquer que la défaillance elle se situe pas que dans nos têtes, c'est un tout qui est bordélique à souhait.

        Vous avez été emprisonnés dans ces corps de bois par le Petit Papa Noël, pour faire de vous des esclaves des lutins. Ben oui, vous croyez vraiment que des fabricants de jouets ne peuvent pas fabriquer des jouets pour fabriquer des jouets ? Oui, c'est logique ça, pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt ?

        Hmm, bref, il faut vous démarabouter ou vous vivrez éternellement dans ces corps, enfin jusqu'à ce que les termites vous dévorent. Ou des champignons, ou le feu d'un humain. Ne vous montrez pas aux humains, ce sont des superstitieux. Ils vous brûleraient sans hésiter pour purifier je-ne-sais-quoi.
         

        Il s'interrompt pour jeter un coup d’œil par-dessus la palissade, comme pour vérifier qu'aucun autre humain ne revienne dans le coin et nous remarque.

        Mais dites, peut-être qu'on pourrait trouver un accord ? Vous venez de faire fuir ma diversion, or j'aurais besoin d'une équipe solide pour organiser un raid de chapardage dans le village. Si je vous donne une liste d'ingrédients à rapporter, je pourrais glisser dedans ceux du démaraboutage. Vous vous sentez de participer à mes singeries ?

        J'adresse un regard à mon collègue, il se sent de participer à ces singeries, lui ?

        Non parce que moi, j'en sais foutrement rien. Je sais pas du tout quoi penser de toute cette merde, ça paraît tellement surréaliste.

        Donc... Si je résume, on a été ''marabouté'' par le Père Noël, qui est un enfoiré d'esclavagiste accompagné de son groupe de méchants lutins et qui ont l'intention de nous tuer à la tâche en fabricant d'autres jouets ? Et pourquoi ? Parce que c'est son kiff à l'autre barbu de mes deux ?
        Dis le macaque, tu serais pas un peu en train de te k-krrr-k de notre kr-k-kr ?
        Tu te rends compte qu'on a rien compris ?
        Fais pas krrr, krr-kk-kr !
        Bah putain...


        Je sais pas c'est quoi son problème à lui, mais en plus de sa sale tronche, il m'a l'air salement handicapé le gaillard.

        Pourquoi tu vas pas les chercher toi-même, tes ingrédients ? Tu viens de nous dire que les humains nous brûleraient si on tombait entre leurs mains.
        T'as peur de finir rôti, c'est ça ?
        'Va falloir nous en dire plus si tu veux nous convaincre, Lulu.
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        Voie C : Mont-de-Piégé

        — Oh, tu as un pouvoir ? Tu es une utilisatrice de fruit du démon ? C’est incroyable !

        _____Toute excitée, je lui demande de me faire des petites démonstrations avant de me prendre une boule de neige en pleine poire. Bonne joueuse, j’accepte ma défaite faute de munitions et je décide de réfléchir à sa proposition insensée. Bon, pour descendre ce n’est vraiment pas un problème : puisqu’on a du bois, il suffit de fabriquer une luge ! Certes, la dernière fois que j’ai essayé ça n’a pas très bien marché mais c’est parce qu’on ne m’a pas laissé le temps. Avec un peu moins de précipitation, j’aurais réussi, j’en suis sûre !

        _____Le problème, ce sont les montées et les faux-plats. Hum… l’idée du radeau me semble intéressante, mais comment se stabiliser si on n’a qu’une seule roue ? Cela me semble impossible, mais rien n’est impossible quand on est un lutin.

        — J’ai une idée : et si on faisait un traîneau ? On n’a pas de rênes mais tu serais capable de nous tirer, tu crois ?

        _____Oui, c’est plus simple comme ça ! Il suffit d’un long bout de bois, genre une poutre à laquelle on harnacherait une corde, et la boule de neige pourra se former autour. En roulant sur elle-même, elle avancera et tirera le traîneau comme le font les cerfs. Bon, le problème c’est que la rotation risque d’entraîner l’axe de bois avec elle et que les cordes vont s’enrouler dans la boule de neige et ce serait la catastrophe assurée… mince, je n’avais pas réfléchi à ça… Hum, comment ils font pour les voitures déjà ? Il y a bien des roues, et elles tournent sans que la calèche ne soit entraînée dans la rotation, non ? Rah, mais j’en sais rien, moi ! Je ne suis pas ingénieure.

        _____Ah mais oui, je sais : il suffit de faire une fourche ! Mais si, une fourche en bois : on pose l’axe dessus et on le fixe à l’aide de cordes. Il faudrait du métal pour limiter l’usure mais on n’en a pas, alors on fait avec ce qu’on a. Comme ça la boule de neige peut entraîner la poutre dans sa rotation, ce n’est pas grave : cela ne fera que frotter sur la corde mais ça ne pourra pas l’enrouler ! Bon, il faudra changer la corde régulièrement par contre… Bon, je ne sais pas ! Vous avez une meilleure idée ?

        _____À force de réfléchir, j’ai la tête en feu et je ne tiens plus ! Moi, je réfléchis avec mes mains : on ne sait pas tant qu’on n’a pas essayé. Mais je pense que le traîneau est la meilleure solution parce qu’avec l’idée initiale on a aussi le problème de la rotation de la roue qui risque d’entraîner la plateforme, en plus d’avoir des soucis de stabilités. Au moins, avec le traîneau, on a juste le problème de la rotation et comme je l’ai dit, on peut le minimiser si on est suffisamment astucieux. Et puis, c’est beaucoup plus dans le thème quand même !
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        Voie D : Allumé le Foehn

        - Tu vois bien qu'j'ai les mains vides, tronche de chêne !

            Evidemment que la vue d'un autre homme de bois m'a surpris. Mais j'espère encore vivre une sorte d'hallucination. Et dans tous les cas, être plusieurs à mettre la main à la pâte ne peut que nous servir...
            C'est sans compter sur l'attroupement de macaques débiles derrière nous. Lâches partisans de l'Union fait la Force, ils commencent à nous grogner après jusqu'à l'arrivée plus ou moins salvatrice d'un autre illuminé déguisé en singe, faisant à peu près notre taille et déblatérant des choses aussi floues que douteuses.
            "Mais je suis un gentil vaurien" qu'il dit ? En tant qu'homme à tout faire venu d'une des îles les plus malfamées qui soient, cela suffit à me faire comprendre que ce lutin Renar n'est pas digne de confiance. Même si c'était vrai - du moins s'il le croit sincèrement - cela prouve qu'il est dangereux de rester avec lui : un tueur à la main ferme est toujours moins dangereux pour son entourage qu'un innocent au bras fébrile.

        - Rien à cirer, à plus.
        - Les Pantins de Noël ?

             Je n'écoute pas trop la suite, trop occupé à retourner du côté des des décombres et des cadavres de jouets pour les fouilles. Les deux autres discutent et personne ne vient m'aider. Super. Mais j'ai beau triturer les débris, je ne peux m'empêcher de penser à l'homme que l'on vient de croiser, ainsi qu'aux derniers mots du lutin. Une prime ? Sérieusement ? Il a l'air d'en savoir beaucoup, mais la fierté ayant pris le dessus, je n'ose pas retourner à la charge. De toute manière, l'autre poupée va bien finir par en tirer quelque chose d'instructif. Lui non plus ne m'inspire pas confiance à vrai dire... Et s'il était complice ? Et si tout ceci n'était qu'une sombre manigance ?!
            J'ai foi en ma méfiance maladive, elle ne m'a jamais déçue jusque là ! Et s'il s'avère que je me trompe, eh bien tant mieux ! Dans tous les cas, je ne prendrais pas le risque de foncer dans le tas et de cogner jusqu'à ce que réponses s'en suivent. Pas cette fois-ci.
            Je sens alors deux paires d'yeux fixées sur moi, dans mon dos. Ils ont terminé de causer pour l'heure semble-t-il et attendent une réaction de ma part. Je me contente de les regarder vite fait, de hausser les épaules et de tourner la tête en direction du village en contrebas en soupirant. Mais au moment où je m'apprête à leur faire part de mon envie de quitter les lieux, Tronche de chêne résume la situation. Étant à l'écoute cette fois, je me rends compte de l'aberration de la situation.

        - T'as peur de finir rôti, c'est ça ?

             Peu importe la réponse, je me redresse et empoigne Solution, mon fidèle bâton en argent. Je m'approche pour menacer le lutin puis m'arrête aussitôt. La texture me parait différente : je baisse le regard et constate avec effroi que de l'argent, mon arme n'a que la couleur. Tout comme le reste, il ne s'agit plus que d'un objet factice. Une décoration !

        - ... BANDE D'ENK-K-KRRRRR !

             Cette fois, c'est décidé. Je descends en direction du village ! Il est hors de question que tous les gains, tous les trophées amassés jusque maintenant perdent leur valeur ! Et comment pourrais-je être crédible en tant que futur Roi si je ne possède pas les outils adéquats ?! Au départ personne ne dit rien, sans doute à cause de la mine furieuse que j'arbore, toutes dents dehors - pointues d'ailleurs - et grognant sans discontinuer.
            Finalement, l'autre ensorcelé m'interpèle :

        - Hé oh ! Attends !
        - Certain'ment pas !
        - On ne peut pas y aller comme ça.
        - Si j'étais vous, je ne ferai pas ça !
        - Alors aboule ta foutue liste qu'on en finisse !

            Je suis en colère, certes, mais je ne suis pas stupide. Je ne me fierai pas à ce petit monstre de contes de fées. Pour l'heure, il vaut mieux agir comme il l'entend, mais je n'hésiterai pas à retourner ma veste dès que l'occasion se présentera... Peut-être y aura-t-il des choses utiles dans ce patelin ? Un couteau en guise dépée peut-être ?
            Sans attendre et en obligeant les deux autres à suivre le rythme, par peur d'être repérés, j'approche du premier carré de maisons, la tête basse derrière la palissade.

        Hors-RP:
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        Voie A: Mistral Hurlant:

        Je grimace intérieurement devant les remarques du lutin, qui semble bien trop confiant pour moi. Pour confirmer ses dires, il ne tarde pas à m'exposer des trophées, me faisant tiquer rapidement sur la mention de l'Amiral de la Marine... Non, ce n'est pas possible que je tombe sur un tueur d'Amiral comme ça, dans la peau d'un pantin de bois; il se joue de moi!

        Bloquant un moment, je tâche cependant de rester en mouvement, pour me réchauffer comme je peux, tout en tâchant de maintenir mon esprit éveillé, réfléchissant à toute vitesse... lorsque je remarque une silhouette passer derrière des blocs de glace derrière le lutin? C'est la première fois que je vois quelque chose passer derrière les murs de ce donjon de glace; c'est d'habitude au sol que je remarque ça.
        Non, c'est vraiment quelqu'un qui est dans la même pièce que nous, s'approchant petit à petit...
        Dans le doute, je ne vais rien dire: si c'est un allié supplémentaire du lutin, il est au courant de sa présence et j'aurai un autre problème sur le dos. Mais si c'est un allié qui essaie d'embusquer le lutin, je ne vais pas non plus m'amuser à hurler quelque chose à son encontre ou parler de sa présence à l'ennemi.

        Finalement, il s'avère être un allié et le nouveau jouet fait rapidement tomber un stalactite de glace sur la jambe du lutin, le clouant sur place. Je n'attends pas de voir s'il peut bouger malgré ça et je me jette sur lui, écrasant lourdement son bras gauche et ensuite son bras droit, pour l'immobiliser complètement. Prenant appui sur un bout de glace restant, en y plantant la lame de Menteuse, j'allume mon briquet en quelques cliquetis, approchant la lame du ventre bidonné et gras du lutin:

        - D'une manière ou d'une autre, je vais trouver le moyen de me réchauffer et d'annuler votre plan: que ce soit en te brûlant ou en ravivant le feu de camp que vous vous êtes amusé à éteindre devant moi.
        Je ne vois pas l'intérêt de brûler une personne bavarde: donc je vous donne un indice concernant votre survie: parles pour vivre.
        Où sommes-nous et à qui devez-vous m'emmener?
        Résumé:
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        Voie B: L'Arène des Neiges

        "Rendez vous utile surtout… "

        Plutôt que de récupérer le morceau de soie qu’elle lui tendait, Raphaël se contenta de balancer négligemment la longue-vue dans les mains de son aimable accompagnatrice. Ses mitaines de fortune aux mains, son sac de toile et deux lapereaux sur le dos, il finissait de dépecer le plus gros des rongeurs avec le silex qu’il avait déniché tandis que l’autre ne trouvait rien de mieux à faire que de s’écouter parler.

        La scientifique accueillit sa part de travail sans sourciller, plus amusée de voir le vert se débattre à réaliser des coutures de fortune que vexée. Elle déplia l’outil avec un flegme pédant, tâcha de rendre la longue-vue utilisable et s’appliqua à scruter la nuit. Un reflet dans le lointain capta son attention et lui fit lâcher une petite exclamation d’intérêt.

        "Hum… Curieux…
        -Il y a du monde ?
        -Il semblerait qu’un simplet se soit laissé piéger par un sucre-d’orge…
        -Un sucre-d’orge ? En plein blizzard ? Montrez voir…" commença à s’étonner Raphaël, puis, voyant que la cornue allait saisir l’occasion pour l’emmerder de nouveau avec ses théories bancales sur le multivers, il reprit à la volée "Peu importe, allons voir ! S’il y a quelqu’un là-bas, on en saura toujours plus qu’ici. Prenez donc votre manteau avant de geler sur place. "

        Tellement plus à l’aise dans leurs épaisseurs de fourrures, le vert et ses assistantes s’étaient permis un moment de générosité et en avait réalisé un deuxième. La cornue observa du coin de l’œil l’amas de toile et de peau qui tenait à peine sous la forme d’un vêtement, tourna les talons vers leur but et matérialisa d’un mouvement ample des mains, une épaisse cape de soie.

        "Trop aimable. "

        ***

        "M’emmerde, m’emmerde, m’emmerde…Pouvait pas le dire qu’elle avait un fruit du démon cette chiasse là… M’emmerde…"

        Dévalant le vallon enneigé, les deux pantins de bois se frayèrent un chemin jusqu’à une petite parcelle de forêt. Les pins s’y rassemblaient et formaient dans leur ensemble une barrière naturelle contre les vents les plus violents, si bien qu’un peu de faune et de flore s’était confortablement installé dans ce décor désertique. Des grottes fumantes laissaient comprendre que la zone était pourvue d’une petite activité géothermique.  C’était un petit havre de paix à flanc de montagne, toutefois perturbé par les grognements d’un lutin victime de sa bêtise.  

        "Aizzez-oi ! Aizzez-oi ! "

        Sa langue baveuse collée à une énorme canne en sucre, le petit homme se débattait pour attirer leur attention et se libérer. Sa barbe drue, blanchie par le givre, lui donnait des airs de vieux spectre emballé dans un paquet de feutre et ses mimiques donnaient à penser qu’il tenait plus de la bête sauvage que de l’être civilisé.

        "Quel gros débile…
        - Pour une fois, je suis de votre avis Anderswag. "

        Raphaël ne prit pas la peine de relever le patronyme par lequel il s’était fait connaître sur son avis de recherche, et préféra observer cette scène pathétique. Une main de toile apparut près du lutin et frappa le sucre d’orge de deux coups de silex. Une réponse métallique leur indiqua la vraie nature de l’objet.

        "Ce n’est pas qu’une confiserie, c’est une lame. "

        Longue de plus de deux mètres, bien enfoncé dans la glace par son bout pointu, et doté d’un manche solide torsadé de houx, l’espadon était une pièce d’artisanat exceptionnelle qui semblait avoir été forgée pour incarner l’esprit de Noël.

        "Les arrêtes sont encore nettes, la glace vient à peine d’être fendue. Elle est probablement arrivée là en même temps que nous… Probablement en même temps que ces lumières dans le ciel…
        - Un phénomène que je ne m’explique pas encore totalement mais cette épée est fascinante, je suis admirative de cet alliage et serait curieuse d’en étudier ses propriétés… cela me rappelle aux brillants travaux de feu mon aïeul, peut-être est-ce même une part de mon héritage perdu…
        -AIZZZZZZZEZ-OOOOOOOOOI ! ZOURZES FAUUDES, FAAAAAAAAAUDES ! ZE VOU ZAIVRAI ! " beugla le lutin en battant l’air frénétiquement.

        Raphaël et la scientifique se couvrirent les oreilles et se regardèrent l’air de se dire qu’ils n’étaient pas sûrs de vouloir d’un nouveau compagnon, puis, lorsqu’à bout de souffle le lutin se calma Raphaël tourna autour de l'espadon de Noël pour voir dans quelle mesure il pourrait le déloger. En invoquant quelques alliées pour empoigner le manche de l’épée, il sentit qu’il arrivait à la faire bouger. La scientifique, aussi dégourdie qu’à son habitude l’aidait à peine -lui apportant plus de mal que d'aide- en lui enserrant la cheville.

        "Tranchez-lui donc la langue avec votre silex, on en terminera plus rapidement. " s'impatienta-t-elle.

        Réalisant en l'entendant que son accompagnatrice n’était pas du tout derrière lui comme il le pensait, le vert jeta un regard paniqué vers sa cheville. C’est alors qu’il se rendit compte qu’un rongeur, deux fois plus grand que ceux qu’il avait tué un peu plus tôt, était en train de s’attaquer à son pied de bois vernis et l'avait déjà lésé de l'équivalent d'un orteil.

        "Aïe…"


        Dernière édition par Raphaël Andersen le Lun 23 Déc 2019 - 22:59, édité 4 fois
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        Voie C : Mont-de-Piégé

        Le blizzard avait la fâcheuse tendance d’agresser le visage de ceux qui ne l'avaient pas couvert. Ce jour-là, c'était le cas de Mountbatten. Le vent gelé déposait sur tout son corps une fine couche de neige, qui augmentait de minute en minute. Lui était immobile, couché sur le dos. Il émergeait petit à petit, ouvrant les yeux et découvrant un ciel splendide. Splendide, certes, mais anormal. Il cligna des yeux frénétiquement, comme s'il souhaitait s'extirper de ce rêve.

        Mais ça ne marchait pas.

        Il commença à bouger lentement ses articulations, et tourna la tête pour découvrir les environs. A sa gauche, des montagnes. A sa droite... La même chose. Où était-il ? Il ne comprenait pas. L'instant d'avant, il était allongé sur son lit, confortablement installé dans son auberge à Lynbrook. Il était confus.

        "- Ah... C'est donc ça."

        Il se souvenait enfin. Il se trouvait en plein milieu d'un relief montagneux, sans qu'il puisse expliquer le pourquoi du comment. La seule explication un tant soit peu logique était qu'il se trouvait en plein rêve... Ou plutôt cauchemar. La dernière fois qu'il s'était trouvé dans une pareille situation, c'était à Vindex, pendant la guerre.

        Là-bas, il avait combattu pendant de longues semaines. Il avait connu les tempêtes de neige, le blizzard, le gel. Une pléthore de souvenirs lui revint. Il se souvint aussi des râles d'agonie de ses compagnons, des batailles qui se déroulaient la plupart du temps jusqu'à l'extermination du camp adverse. Il se souvint de la perte de ses camarades, de son meilleur ami, de sa fiancée. Il voulut verser une larme, mais il n'y arrivait pas.

        Non pas qu'il souhaitait rester digne, mais que son corps ne pouvait manifestement plus pleurer. Était-ce le froid ? Il joignit son bras droit à son œil.

        TOC.

        Ce bruit... Cette sensation au toucher... Rien n'était normal. Il fronça les sourcils. Ce cauchemar n'avait rien d'habituel. Pourtant, il avait appris à reconnaître ces manifestations de son stress post-traumatique. La plupart du temps, il revivait des scènes violentes, choquantes, traumatisantes. Ça arrivait pratiquement chaque nuit. Cependant, c'était la première fois que son propre corps avait changé.

        Il observa sa main. Ses doigts n'étaient plus ; ils avaient fait place à des bouts de bois articulés. Son regard se porta sur le reste de son corps. Que se passait-il ? Il avait été transformé ; il était méconnaissable. Les distances lui paraissaient aussi plus grandes : avait-il rapetissé ? Sans doute. Il se leva péniblement, découvrant avec stupéfaction son nouveau corps. Il était fait de bois. Il se frappa légèrement à plusieurs endroits, comme pour sonder le matériau. Ce cauchemar était inédit, pensa-t-il. Le scénario différait pour une fois.

        Il ausculta les alentours, cette fois-ci en étant debout. Des montagnes à perte de vue ; en contrebas, de petites forêts de conifères semblaient constituer la seule nuance de couleur à cette peinture blanchâtre. Au loin, un objet capta son attention. Une lueur énigmatique, presque fantomatique, l'attirait étrangement. Une attraction inexplicable ; une force surnaturelle qui l’appelait. Qu'était-ce ? Cette question allait rester sans réponse pendant un moment. Une énième bourrasque rappela au Fantôme qu'il pouvait toutefois ressentir les sensations. Le froid l'avait envahi, si bien qu'il s'interrogea sur la nature de ce cauchemar. Il était si réaliste, et pourtant si invraisemblable. Que penser ?

        Il ne devait pas rester là. Il gelait littéralement sur place. Alors, il débuta son périple vers la mystérieuse lumière. Les conditions météorologiques étaient particulièrement difficiles. Même avec son entraînement, avancer était une chose ardue pour l'ancien officier, d'autant plus que ce corps de lutin était plus petit, donc plus lent.

        C'est ainsi qu'il se mit en marche pendant plusieurs heures. D'habitude, ce genre de marche au pas de course faisait souvent au pieds à cause des ampoules qu'elle créait. Mais avec un corps de bois, pas de peau : donc pas d'ampoule. Et puis quand bien même il en aurait, le froid avait anesthésié le moindre bout du corps du Marijoan. Il avançait mécaniquement, se remémorant ponctuellement des images du Kirov, le massif montagneux dans lequel il avait combattu sur Vindex. Il se perdait seul dans ses pensées, si bien qu'il commençait à en oublier son environnement.

        Jusqu'à ce qu'il aperçut un igloo.

        Il n'était pas surpris. Si c'était effectivement un de ces cauchemars qu'il faisait souvent, il y avait toujours d'autres personnes. Peut-être allait-il trouver de quoi se réchauffer, qui sait. Confiant, il se dirigea vers l'entrée. Dans ses visions post-traumatiques, seuls ses compagnons mourraient, jamais lui. Alors même si ce rêve était diamétralement différent des autres, il ne craignait pas le danger.

        "- Voyons voir ce que ce cauchemar me réserve." dit-il, en s'apprêtant à rentrer dans la petite habitation de glace.
        • https://www.onepiece-requiem.net/t17682-a-mountbatten
        Voie A: Mistral Hurlant

        Aaaaaaaaaaaah !!!
        Rétorqua Lutin Motar suite à l'embuscade de Le Cavalier. Le pic de glace coincé dans son mollet, il sentit soudain la morsure du froid, de la douleur et de l'humilité. Il faut dire que Kardelya n'avait guère tardé à appuyer ce renversement en lui marquant, quelque peu agacée, qu'elle aussi pouvait jouer sur les caprices d'un sablier. Motar, grimaçant d'inconfort, abdiqua.

        D'accord ! D'accord, je vais te le faire ton feu. Et on va parler, tant que tu veux, mais par toutes les saintes glaces laisse-moi retirer ce machin de ma jambe avant qu'elle meure.

        Toujours menacé, mais bien obligé d'avoir un brin de mou pour agir, Motar décrivit des geste slents pour sortir de sa sacoche une fiole avec un étroit bec verseur.

        Hmm, je vais devoir brûler du bois, pour faire le feu. Mais tous les pantins dans le sac sont éteints et définitivement éteints. On ne peut pas casser ce qui n'est pas réparable.


        Dit-il en sortant prudemment une des marionnettes et montra à Kardelya qu'aucune étincelle de vie ne l'animait. Brûler un corps similaire au sien pouvait déranger, mais le froid continuait de ronger celui de la jeune dame, ainsi que de son allié toujours en proie aux vents épouvantables. Motar plaça la dépouille de façon respectueuse dans le feu, versa quelques traits de son produit étrange et craqua une allumette. La flamme qui en sortit fut d'une blancheur pâle, mais opportune à réchauffer le bois trempé des pantins. Conscient que sa vie n'était pas préservée, le lutin offrit plus d'informations.

        Tu dois te poser un tas de questions. Si je te dis ce que je sais, tu me laisseras en vie hein ? J'ai pas de raison spéciale de t'avoir pour ennemie moi, t'es qu'un contrat.

        Hmm, il y a en ce moment une guerre encore Petit Papa Noël et Père Fouettar. Oui, ils existent, au fait. Père Fouettar est décidé à montrer à Noël que les récompenses, ça ne marche qu'un temps, qu'il faut de la poigne pour que les enfants restent sages. Alors, il a décidé de saborder son jour de fête. J'ai pas les détails, mais vous faites partie du plan Ou faisiez, v'là qu'un grand type qui se fait appeler Minoël a répandu les pantins partout. Une partie des lutins de Fouettar, dont moi, avons été envoyés pour vous récupérer. Mais on n'imaginait pas que vous vous activeriez, c'était pas dans le briefing.

        C'est tout ce que je sais ! Je suis pas un lutin curieux moi, j'aime me balader sur des étendues sauvages et chasser, bivouaquer, faire des queues-de-poisson. J'ai même pas vraiment battu les pantins éteints, suffisait de se pencher pour les ramasser. T'as une chance folle de ne pas avoir gelé, ces lieux, c'est pas fait pour vous. Pour pas grand monde, note. Je peux m'en aller, dis ? Faut que j'aille soigner ma jambe avant que le froid la tue.


        Voie B: L'Arène des Neiges


        Le lutin collé à l'épée démesurée émit un vif gémissement de protestation à l'écoute de l'idée de Rowena. Il y tenait, à langue, quand bien même elle était bien pendue. Par ailleurs, un danger qui ne concernait que les poupées se rassemblait peu à peu. L'alerte des lapins des neiges avaient peut-être attiré leur attention, mais les lièvres-garous n'étaient violent que pour se défendre. Sauf lorsqu'il s'agissait d'attaquer du bois. Celui des pantins, traité, tendre et sans cosse d'écorce gelée, ressemblait à une promesse de festin gastronomique. Les lièvres aussi avaient droit à leur Noël. Mais ce repas aurait de bien regrettables conséquences pour tous.

        Aizez-'oi et ze zous 'romets 'ein de zolies zozes ! z' zai 'aire 'uir zes zrucs ! Mon zermos ! e faut mon zermos de zé zau !

        A peine eut-il fini de parler qu'un lièvre-garou fondit sur le petit groupe. Ces animaux avaient la taille de gros chats et bonne réputation dans les menus des tavernes. Mais pour de si petits êtres, l'idée de s'en régaler se faisait bien farfelue. La charge du premier lièvre manqua de peu Raphaël et, malgré ses pattes griffues, le corps de l'assaillant ne stoppa qu'en heurtant l'espadon planté dans la glace. Celui-ci vacilla légèrement sous l'impact et amena le lutin à un cri de terreur. S'il n'était pas au menu des rongeurs, il trouvait l'idée de voir la lame tomber très dangereuse pour sa pauvre langue emprisonnée.

        Aaaaaah ! 'anquerait 'lus qu'un cou'ar 'es glazes. Z'est 'eur zaizon en 'lus...

        Voie C: Mont-de-Piégé

        — J’ai une idée : et si on faisait un traîneau ? On n’a pas de rênes mais tu serais capable de nous tirer, tu crois ?

        Oui, ce serait tout à f...

        ... Oui, c’est plus simple comme ça ! Il suffit  d’un long bout de bois, genre une poutre à laquelle on harnacherait une  corde, et la boule de neige pourra se former autour. En roulant sur  elle-même, elle avancera et tirera le traîneau comme le font les cerfs.

        Hmm, ou al...

        ... Bon, le problème c’est que la rotation risque d’entraîner l’axe de bois  avec elle et que les cordes vont s’enrouler dans la boule de neige et ce  serait la catastrophe assurée… mince, je n’avais pas réfléchi à ça…  Hum, comment ils font pour les voitures déjà ?

        Avec des r...


        ... Il y a bien des roues, et elles tournent sans que la calèche ne soit  entraînée dans la rotation, non ? Rah, mais j’en sais rien, moi ! Je ne  suis pas ingénieure.

        Et on peut aussi...


        ...Ah mais oui, je sais : il suffit de faire  une fourche ! Mais si, une fourche en bois : on pose l’axe dessus et on  le fixe à l’aide de cordes. Il faudrait du métal pour limiter l’usure  mais on n’en a pas, alors on fait avec ce qu’on a. Comme ça la boule de  neige peut entraîner la poutre dans sa rotation, ce n’est pas grave :  cela ne fera que frotter sur la corde mais ça ne pourra pas l’enrouler !  Bon, il faudra changer la corde régulièrement par contre… Bon, je ne  sais pas ! Vous avez une meilleure idée ?

        Emilie et Roy se fixèrent, interdits devant la boule d'énergie que le froid semblait avoir mené à la fièvre des idées. Pour toute nouvelle idée, un nouveau compagnon apparut. Le petit groupe le salua et il lui fut proposé un peu d'eau chauffée au dial pour se remettre de son périple. Tandis qu'on échangeait des nouvelles avec lui, Emilie plaça une branchette au sol, puis la souleva via l'érection d'un bras de neige portant la branchette aussi haut qu'elle le pouvait. Le bras posa la charge sur la main suspendue d'Emilie précisa:

        Il faudra toujours un versant enneigé, créer de la neige m'épuisera plus vite. Mais cet ascenseur fonctionne si en plus vous assurez sa stabilité le temps que je remonte la pente en circulant dans la poudreuse. Je peux devenir et manipuler la neige à volonté, fabriquez une luge pour trois et je serai votre route.

        Voie D: Allumé le Foehn

        Pourquoi je ne le fais pas moi-même ? Ben eh oh, j'ai pas quatre bras
        , précisa Renar en agitant les mains de ses bras et de ses pieds de singe.

        Hum, public difficile ce soir. Vous êtes de loin les deux associés les plus asociaux qu'ile m'aie été donné de croiser. Et j'ai déjà travaillé avec un vautour, c'est dire !

        Je ne compte pas vous filer toute la besogne. Mais par exemple, vous demander du sel, qui servira au rite de purification, c'est jouable, vous me ramènerai du sel. Que si je vous demande des boutons de Foehn, on se retrouvera avec de la lavande. Le pointu, c'est mon affaire, vous ferez le plus facile. Enfin, le plus accessible, pour des gens comme vous. Soit dit sans vous vexer les gars, moi aussi je serais probablement ridicule dans vos régions natales.


        Dit le lutin en costume de babouin. Face à l'impatience de ses deux complices de fortune, il ôta de son sac de nouvelles tenues de singe blanc et les tendit aux malfaiteurs.

        Votre camouflage. Okay, voilà le plan. C'est de la pure infiltration. Vous vous faufilez, vous chipez, vous quitter les maisons sans vous faire repérer. Attention, vous n'êtes plus des humains. Les  fenêtres peuvent être compliquées à ouvrir, de même qu'une porte deviendra très lourde. Et pour rappel, tous les adultes ne dorment pas à cette heure. Je sais ! Imaginez que les adultes sont des géants, que ce village est une forteresse militaire et que les trucs que vous allez récupérer sont des lingots d'or, des berrys ou ce qui vous fait rêver. Va falloir être professionnels les gars.

        Bon, il nous faut du sel pour le rituel. Une salière devrait suffire. Vu les plantes qu'on mettra dans la mixture, du lait servant d'anti-poison sera un précieux renfort et ça tombe bien, à la base je suis là pour en prendre un max. C'est la nuit de noël, beaucoup d'enfants ont mis du lait et des gâteaux pour Papa Noël. Faites ce que vous voulez des gâteaux, mais j'ai un contact qui rachète le lait pour le refourguer aux autres lutins. Une combine vieille comme le monde, j'ai mes engagements alors faites honneur à la contrebande de lutin. A vous deux, vous devriez bien m'en ramener deux litres.

        On aura besoin d'un couvert en argent aussi. Couteau, fourchette, peu importe, mais pas une cuillère. Ah et un alcool pour purifier les instruments. Un alcool fort c'est pas mal, mais si vous trouvez de la bière ou du vin ça marche aussi. L'en faudra pas une énorme quantité, mais sûr qu'une bouteille c'est plus simple à transporter. Par contre, c'est plus lourd. Enfin, faudra un chaudron. Enfin, vu notre taille, pas la peine de ramener un marmitier, juste de quoi vous garantir un bon grand verre chacun. Le reste, les plantes précises, le charbon etc, j'en fais mon affaire. On se donne rendez-vous au puits de l'autre côté du village. Il est asséché et recouvert d'une trappe, suffira de l'ouvrir et on se retrouve dans la planque. Inutile de dire que si quelqu'un vous capture ou que vous êtes suivis jusqu'au puits, le plan trouvera quand même de l'eau pour tomber dedans. Lutin Renar est méthodique, mais ne prend aucun risque pour des amateurs.

        Ah et...gaffe aux vrais singes, ils vous verront comme des intrus s'ils sont eux aussi sur un casse.


        Voie E: Douce Nuit

        Pelicular resta impassible, mais attentif à la stratégie de Caramélie. Sitôt sa composition terminée, il saisit son appareil sans tarder et immortalisa l'instant. Inexpressif, il vérifia la qualité du cliché, le rangea et attendit, car les autres avaient eux aussi, une idée pour accomplir leur défi. Le lutin attendrait que chaque idée soit développée avant de révéler s'il estimait bien avoir sa future carte postale de Noël.
          Voie B: L'Arène des Neiges


          Donnant un coup de sa canne climatique sur le plat de la lame colorée, la cornue put remarquer qu’elle ne tintait pas comme une épée en métal aurait dû normalement le faire. Plongée dans sa réflexion, elle n’avait pas vraiment remarqué que son camarade pirate était aux prises avec un lapin des neiges. Le lutin grelottait de plus belle, ses oreilles pointues tremblotantes et commençant à virer du rose au bleu. La scientifique passa un de ses doigts sur la surface bicolore avant de le porter à sa bouche, curieuse. Elle ne s’y attendait pas, l’arme était… sucrée ? C’était donc pour ça que cet imbécile de petit être était allé coller sa langue là-dessus. Il y avait anguille sous roche, cette épée n’était définitivement pas normale. Qui irait forger une arme faite de sucre ? Et pour quelle raison ?

          - Du sucre d’orge. C’est du sucre d’orge, Anderswag. Il me faudrait mon traité encyclopédique des meitous et armes de légende. A moins qu’elle soit originaire de cette réalité ?

          - JE M’EN FOUS ! DE L’AAAAAAIDE !

          Raphaël braillait derrière elle, forçant Rowena à se tourner pour constater ce qu’il se passait. Elle  réalisa alors qu’ils étaient attaqués par une bande de rongeurs féroces, ayant déjà lorgné sur l’explorateur aux cheveux verts et grignoté son pied. Rowena soupira, ne pouvait-il pas faire attention pendant cinq secondes ? Un des assaillants à longues oreilles alla s’encastrer tête la première sur l’épée, s’assommant au passage et causant une intense frayeur au lutin coincé. Il fallait qu’elle fasse tout elle même… Encore aux femmes de sauver ces messieurs ! Elle pointa sa canne climatique vers la langue du farfadet et envoya une intense vague de chaleur qui le fit gigoter. Sa langue presque sèche se décolla tout doucement, le laissant choir par terre face contre neige. D’un nouveau geste, elle matérialisa une série de mirages à son effigie et celle de Raphaël, destabilisant la dizaine de lièvres garou qui se dressaient contre eux.

          - Vite ! Comment est-ce qu’on sort cette épée, lutin ? Alpagua Rowena.

          - Z’est l’ezpadon de Minoëlzzz ! Un cœur pur peut la zzzzoulever !

          - Hm. Elle ne nous sert à rien du coup…

          - Pourquoizzz ?

          - Je suis bien des choses, mais pure de cœur certainement pas. Et cet imbécile vert a brûlé le peu de pureté qu’il lui restait en tuant la progéniture de ces rongeurs enragés !

          - Zaperlipopette ! Alorz ze suis le seul…?!

          - Dépêche toi de la ramasser, et pourquoi tu parles comme ça ? Je t’ai décollé la langue.

          - Z’ai un zeveux dezzus.

          Le lutin tirait sur le manche de l’espadon de toutes ses forces pour essayer de le sortir de terre, sans grand succès. Rowena fit apparaître des nuages orageux qui se mirent à tirer des éclairs vers les lièvres trop proches afin de défendre le petit. Raphaël, quant à lui, leur collait des mandales avec ses gants spectraux. Peut-être, qu’à force, ils fuiraient face à la virulence de leurs assauts ? L’espadon de Minoël… ce nom n’était qu’une légende dans leur monde, un conte pour les enfants. Rowena comprenait dans quelle réalité ils avaient été transportés, et en vint à se demander si les cauchemars avaient pris forme autant que les rêves…
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          Voie C : Mont-de-Piégé

          Une fois réchauffés et un peu reposés, les compagnons de fortune sortirent de l'igloo et firent quelques repérages. Il y avait quelques sapins non loin de leur abri, que Roy et le nouveau venu s'empressèrent de rejoindre pendant que les deux rousses achevaient de peaufiner leur concept de luge.

          Le pantin abîmé en profita pour tester les réparations opérées par Emilie. Quelques moulinets du bras lui permirent de prendre la mesure de ses nouvelles capacités limitées. Il pouvait se servir de son bras, c'était déjà ça, mais inutile de se leurrer, mieux valait éviter de forcer, ou le reste de son membre de bois finirait sa course dans un joli vol plané. Bon et il boitait toujours, ça lui était sorti de la tête, emmitouflé dans une couette comme il l'était, au chaud dans l'igloo. Peut-être demanderait-il à Emilie de l'aider avec ça aussi, mais il n'était pas sûr d'en avoir l'envie. Ils se reposaient déjà énormément sur cette femme et son pouvoir et lui en avait déjà demandé beaucoup. Considérant en plus la tâche éprouvante qui allait être la sienne durant les prochaines heures, il préférait éviter de l'épuiser plus encore.

          Arrivé au niveau des sapins, le dénommé Mountbatten trancha sec et net l'un des arbres avec son sabre de bois, une performance de haut niveau qui fit Roy écarquiller  les yeux et déglutir avec appréhension. S'il n'avait pas perdu sa propre lame sur le versant voisin, il n'était même pas sûr qu'il aurait pu achever le même exploit. Cette nouvelle marionnette borgne, mieux valait ne pas lui chercher des noises.

          Ceci fait, cette dernière entreprit de découper le tronc d'arbre en deux morceaux et ils emportèrent chacun une partie jusqu'à l'igloo, faisant démonstration d'une force tout à fait surhumaine, même pour des pantins. Sur place et la dynamique du groupe s'installant progressivement, ils travaillèrent à la construction de la fameuse luge. Anatara instruisant Mount sur la manière de découper le sapin pour obtenir les parties dont ils auraient besoin, Emilie réfléchit à comment ils allaient bien pouvoir lier chaque pièce entre elles. En effet, ils n'avaient ni clous ou vis pour monter la luge, ni même de colle ou encore de bête pâte à fixe (pas que ce dernier outil leur aurait été d'une quelconque utilité, mais au point où ils en étaient, toute idée était envisagée). Se rappelant vaguement des techniques de charpente de l'ingénieur de son équipage, Roy apporta sa pierre à l'édifice en leur expliquant de quelle manière ils pouvaient tailler les morceaux de bois afin qu'ils s'imbriquent entre eux et forment un ensemble solide. Les jointures gelées créées par Emilie achèveraient de consolider l'édifice et pallieraient leur manque d'expertise dans cette discipline.

          Rapidement Roy arriva au bout de son utilité quant à la construction de la luge. S'il avait pu aiguiller ses compagnons sur la bonne voie, lui-même n'avait jamais vraiment été le genre créatif. Il était un combattant et un explorateur avant tout, pas un artisan. Rageant en silence que Rosa, l'ingénieur de talent qu'il avait recruté sur l'Archipel aux Éveillés, n'était pas là pour les aider - une luge aurait été l'affaire d'une dizaine de minutes pour elle -, il sortit de l'igloo et partit en éclaireur repérer le terrain. Quand il revint après avoir déterminé le meilleur chemin jusqu'au sommet de la montagne, la luge était prête.

          Leurs cœurs de bois battant d'appréhension, les pantins placèrent le véhicule de fortune au sommet d'une pente avant de monter dessus. Ceci fait, rousse n°1 prit une forme neigeuse, se plaça sous la luge et se mit en action.

          Une brusque accélération fit bondir le curieux harnachement et les précipita dans la descente. Prenant rapidement de la vitesse, les pantins hurlèrent de joie quand ils réalisèrent que leurs efforts de ces dernières heures n'avaient pas été en vain : leur création tenait le coup, pour le moment du moins.

          Ponctués par leurs cris d’allégresse, la luge, minuscule dans le panorama majestueux de la chaîne de montagnes, poursuivit son chemin vers le sommet du Mont-de-Piégé.
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          Voie A: Mistral hurlant

          N'importe quelle personne ayant un minimum d'attachement à la vie pourrait dévoiler bien des secrets sous une menace de mort et j'imagine que c'est la même chose pour ce lutin.
          Bon, vu ce qu'il me disait à l'instant et sa manière de me narguer, je suppose que je devrai être prudente et ne pas me fier exclusivement à sa parole. Mais, vu comment il semble avoir perdu tous ses spaghettis en quelques secondes, dès que la situation a viré à notre avantage, au nouvel arrivant et moi, je pense qu'il devrait facilement coopérer.

          Faisant un signe de tête au jouet nouvellement apparu, je m'installe à distance de sécurité du lutin, observant le manège qu'il fait avec les pantins, haussant un sourcil devant le flacon qu'il utilise pour allumer le feu.
          Dans le doute, je lève Menteuse, lame pointée vers lui:

          - Déposez la fiole entre nous deux; je préfère éviter que vous ayez ce genre de choses sur vous.

          D'une manière ou d'une autre, je dois m'habituer à cette nouvelle condition de pantin de bois et j'imagine que surveiller les substances inflammables serait un bon début, pour prolonger ma durée de vie.

          J'écoute attentivement les explications de ce lutin, ayant du mal à comprendre l'implication des pantins, dont je semble faire partie maintenant: sommes-nous supposés affronter ce "père Fouettar" ou lui appartenons-nous? Vus les propos du lutin, j'ai l'impression que nous faisons partie de son "armée" et que ce "Minoël" nous a éparpillés dans une certaine zone, pour je ne sais quelle raison. Peut-être un espion au service du "Petit papa Noël" qui voulait s'assurer que nous, les pantins, ne tombions pas entre de mauvaises mains?
          Houlà, rien qu'en pensées, ce truc me semble complètement fou, alors j'ose même pas imaginer, lorsque j'en parlerai à Mibu et aux autres... en espérant que je me sorte de cette histoire vivante...

          - Non-assistance à personne en danger et menace d'utiliser son cadavre pour son profit personnel et égoïste... Je ne sais pas trop si je devrai vous laisser partir comme ça... Mais à coté, les informations me semblent valides et utiles, même si je peine à comprendre notre importance pour ce Père Fouettar.
          Laissons notre ami ici présent donner son avis, vu la grande aide qu'il a apporté à la résolution du conflit, n'est-ce pas, monsieur... Vous vous appelez comment? Moi, c'est Kardelya.


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          Voie A: Mistral hurlant

          Tremblant prêt du feu les avant-bois en avant, le Cavalier observait passivement son image craquer sous la douce flamme. Aucune émotion ne transparaissait du visage ciselé, mais intérieurement le pirate méditait sur sa condition nouvelle. Moins d'un mètre le séparait du fagot crépitant. La situation vécue comme un songe drapé de cauchemar s'ancrait dorénavant un peu plus dans le réel. La chaleur timorée ne l'éloignerait du froid qu'un temps il le savait. Jetant un regard au lutin toujours aussi bavard, il resta songeur sur la marche à suivre. Le sac à purin apportait autant de questions que de réponses finalement. Le forban ne parvenait pas à comprendre comment il pouvait être à la fois un pantin du mystérieux Père Fouettard tout en restant l'homme qu'il avait toujours été. Et aucun alcool fort n'était là pour balayer ses interrogations.

          - Laissons notre ami ici présent donner son avis, vu la grande aide qu'il a apporté à la résolution du conflit, n'est-ce pas, monsieur... Vous vous appelez comment? Moi, c'est Kardelya.

          A contrecœur, le pantin se leva douloureusement du doux foyer. Ses articulations gelées lui criaient de se raviser, mais il avait à faire. L'ombre de la Mort sur les talons, il plongea tour à tour son regard figé sur son alliée et son ennemi blessé. Le claquement des dents atténué se rappelait encore parfois au détour d'une phrase.  

          - De là d'où je viens, on m'appelle le Cavalier. Au plaisir de la rencontre, même si j'aurais été d'avis d'un endroit plus chaleureux. Hék hék hék claclacclac !!

          Le rire froid se perdit dans une percussion de dents de sapin. Le lutin Motar blanchit un peu mais rapidement une mine de soulagement pris le relai.  

          - Notre bon ami le gnome a fait ce qu'on lui a demandé. Rien de plus rien, de moins, et le voilà maintenant blessé. C'est pas jolie... Surplombant la plaie maintenant approché, le pirate observait son œuvre fortuite. Il prévoyais de l'ensevelir sous un sarcophage et à la place un croc de glace l'avait empalé. Sache que je m'excuse de cette mésaventure Motar. Je suis donc d'avis à pardonner les paroles passées en cette saison de Noël. Qu'aucune rancune n'entache cette journée !

          Glissant son regard autour du refuge, il saisit dans la neige le reste de planche avec douceur. Balaya la pellicule qui s'y était déposée et poursuivit.

          - Faudra faire vite si tu veux soigner cette jambe. Ce morceau est pas bien grand, mais y pourra te servir de canne de marche pour soutenir ton avancée. Le mieux serait qu'on t'accompagne pour s'assurer que t'arrives à bon port, mais avant cela j'ai encore une ou deux questions à te poser. Alors écoute moi bien, car que je veux une répon... BLAM !

          Coupant sa demande d'une puissante rotation du buste, le pirate venait de sonner le crâne du lutin mal en point. Lâchant le morceau de planche bosselé, il ausculta le patient avec précaution. Une fois confirmé, il cracha sur l'inconscient et fit face à Kardelya pour la mettre au parfum de ses intentions.

          - Je sais qu'on est deux pour le contenir, mais on sera plus tranquille pour discuter à cœur ouvert s'il dort. On va avoir besoin de ses affaires si on veux survivre à la suite du voyage, il aurait pas pu s'en sortir de toute façon. Puis on devrait pousser un peu la question histoire de lui rafraichir la mémoire.
          Tu voulais mon avis donc je vais te le donner, on le fout à poil au bord de ce petit trou de la banquise qu'il nous avait préparés. Après un premier plongeon, il nous en dira plus qu'on en attend. Ensuite, il t'a donnée la marche à suivre. Avec son aide, on va pêcher un requin-bouffe-tout qui nous servira de renne jusqu'à la prochaine étape. Voilà mon avis, si t'as le cœur tendre tourne les yeux ou propose moi mieux. J'écoute.


          La discussion terminée, le Cavalier commencerait à saucissonner son appât et rafler tout ce qui pouvait l'être.
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          Voie C : Mont-de-Piégé

          Rapidement les pantins avaient exhorté Emilie à monter sur la luge durant les descentes. Il y avait largement de la place pour quatre et il était inutile qu'elle se fatigue pour gagner un peu de vitesse. Dans le pire des cas, si un obstacle majeur se présentait sur la route, elle aurait le temps de réagir.

          Esprit à l'origine des mécanismes de la luge, c'était Anatara qui pilotait. Ses mains en bois tenaient fermement deux sangles, chacune reliée aux patins du véhicule et permettant de le faire tourner en les tirant. Mountbatten quant à lui s'occupait du frein, qu'il pouvait activer d'une légère pression de la main sur une manivelle à l'arrière de la luge. Bien qu'initialement bancale, leur coordination s'était rapidement améliorée et ils pilotaient maintenant comme un seul homme. Roy repérait simplement le terrain et s'assurait qu'ils restent sur la bonne voie.

          Pendant un moment les phases de montée et de descente s'enchaînèrent rapidement, forçant Emilie Knox à faire des allers-retours fréquents entre la neige et la luge. Ils progressaient bien et si à une occasion, Mount s'était endormie sur le frein en pleine montée et avait failli se faire congeler par rousse n°1 - qui s'était demandé pourquoi la luge était soudainement devenue plus difficile à tracter -, dans l'ensemble le trajet se déroulait sans trop de problèmes. Les pouvoirs du fruit des Glaçons ou peu importait son nom, se révélaient incroyablement utiles dans cet environnement. Il s'était même mis à neiger pendant une courte demi-heure et Emilie avait simplement créé un périmètre autour de la luge dans lequel aucun flocon ne pouvait pénétrer.

          Emmitouflé dans son grossier manteau de fourrure, Roy appréciait maintenant le voyage en silence, ignorant la douleur sourde causée par son bras et sa jambe. Ils approchaient du sommet à toute allure, la forme brumeuse et enneigée de l'utilisatrice de fruit du démon propulsant la luge tout en écartant la neige sur leur passage. Rien n'était plus rapide qu'eux sur la montagne. Leur véhicule tenait bon, malgré sa conception douteuse.

          Guidés par la balise, ils atteignirent finalement leur objectif après un énième zigzag et furent accueillis par un curieux personnage.

          La créature avait une apparence singulière : légèrement plus grande que les pantins, c'est-à-dire pas très grande, elle avait les oreilles pointues, de grands yeux aux pupilles très expressives et un petit nez tout fin. Ses habits également étaient étranges, tout verts avec des décorations de Noël rouge, le tout surmonté d'un bonnet pointu. Pour couronner le tout, ses deux pieds étaient attachés à une large planche de bois calée dans la neige, dont l'utilité échappait totalement au pantin-pirate.

          Arrivant à sa hauteur, Emilie reprit forme humaine devant le traîneau. En silence, le petit groupe observa l'étrange créature, conscient qu'elle devait en savoir un peu plus qu'eux sur le curieux sort qui leur était tombé dessus.

           - Qu'est-ce qu'on fait on le défonce ? demanda Roy au bout de quelques secondes.
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          Voie B : L'arène des neiges

          Jonglant avec les boules de glace qu’il faisait disparaître et réapparaître pour entraver la route et assommer leurs assaillants, Raphaël avait de plus en plus de mal à contenir leur nombre. Ses frappes, bien qu’efficaces, ne décourageaient pas les lapins-garous et les éclairs de la cornue avaient beau être impressionnants, ils ne touchaient qu’un périmètre restreint autour de l’espadon de Minoël. De toute évidence, leur force de frappe avait été grandement diminuée lorsqu’ils avaient été transformés en pantin.

          "Z’avez quelque zozz à manzer ? "

          Son thermos de thé chaud à la main, plus aucun intérêt porté à l’épée de sucre d’orge, le lutin s’était assis tranquillement dans la neige et regardait les deux pantins de bois se démener pour éloigner leurs prédateurs. La scientifique eut un air outré et Raphaël lui en aurait collé une s’il n’avait pas à cet instant été envoyé rouler dans la neige par le bond d’un attaquant.

          "Z’ai beau avoir lézeé l’Ezzpadon de Minoël, ZE rezzte un lutin du père Fouettard. Zzaze ne veut pas dire zztupide, les lapins-garous ne me feront rien, ze ne zzuis pas en bois moi. Zuzuzuzu
          - Qu’est-ce que c’est que toutes ces histoires, tu sais pourquoi on est ici ? Tu ferais mieux de répondre… arf… ou d’au moins nous aider, sinon c’est ta tête que je vais utiliser pour les baffer.
          - N’est-ce pourtant pas évident à présent ? Les preuves s’accumulent pourtant sous votre nez Anderswag, n’avez-vous jamais entendu parler de l’Espadon de Minoël, une épée en sucre d’orge qui rend sage pendant une année n’importe qui la lécherait, des lutins artisans et des rennes volants ? " d’un revers de sa canne climatique, elle assena un coup violent sur la tête d’un des rongeurs et foudroya son voisin dans la foulée "Cet idiot ne ment pas, il en est bien incapable après avoir pêché par sa gourmandise, nous avons quitté notre réalité pour celle des rêves, celle des fables et des contes de Noël ! "
          -Non. N’impooooooooooorte quoi. " s’amusa le lutin en croquant dans une des cuisses de lapereaux que Raphaël avait laissé tomber "On est touzours dans votre monde, zzur une île incartable pour être exact : l’antre du père Fouettard ! "

          Le visage de la sorcière se tordit d’agacement et elle envoya une déferlante de chaleur roussir le postérieur du petit provocateur.  Une idée traversa alors l’esprit de Raphaël.

          "Machine !
          -J’ai un nom Anderswag, moins ridiculement retenable que le vôtre certes mais je vous prierai d’en prendre note. Je suis Rowena Clown, petite-fille et héritière du grand-
          -Votre Clima-tact, envoyez une vague de chaleur à la base de l’épée ! "

          Comprenant aussitôt où il voulait en venir, Rowena frappa le sol de son sceptre, libérant une chaleur intense et concentrée au pied de la lame démesurée. Un craquement sourd se fit entendre dans la glace, le choc thermique avait provoqué des craquelures et l’avait fragilisé localement.  Aussitôt Raphaël bondit et aidé par ses nombreux renforts, réussit à sortir l’espadon de Minoël et à le pointer dans la direction des lapins-garous. Le tonnerre gronda, les rongeurs s’immobilisèrent et Raphaël –bien qu’il ait du mal à porter et manier cette arme quatre fois plus grande que lui- joua l’intimidation.

          "Oui bon… Les cœurs prezzque purs peuvent auzzi le zoulever. Du moment qu’ils zont azzez de forze. On z’est compris, non ?
          -On passe à ton cas juste après, ne t’impatiente pas trop. GRRROUAAH !" singeant une attaque, Raphaël bascula violemment l’épée au-dessus de lui ce qui sembla faire son effet auprès du troupeau de lapin-garou qui s’enfuit.
          "Enfin, nous allons pouvoir retrouver un peu de tranquillité.
          - Aaaaah ! Elle d’abord ! " manquant de s’étrangler de peur, le lutin se cacha aussitôt derrière Rowena.

          Le tonnerre gronda encore, mais cette fois il avait pris la forme d’un fauve à la crinière épaisse et immaculée, son corps massif venait de sortir du bois et ses griffes aussi grandes que leurs mains de pantin maintenaient à terre la maigre proie qu’il avait pu attraper.  Le cougar des neiges, attiré par les affrontements était la principale cause de la fuite des lapins-garous.

          "Et…meeeeerde… "

          Emporté par ses gestes brusques, déstabilisé par l’arrivée du félin, trop confiant sur la durée d’invocation de ses mains flottantes, Raphaël se rendait tout juste compte qu’il était en train de basculer sous le poids de son équipement. Il s’écrasa dans la neige et, emporté par la sangle de l’espadon, commença à dévaler la pente de l’Arène des neiges.


          Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 26 Déc 2019 - 12:04, édité 2 fois
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