Le réveil du Roi-Momie !

Yemoja ouvrit lentement les yeux, sentant une douleur sourde dans sa tête. La jeune femme passa sa main dans ses cheveux noirs à la recherche d’une trace de sang, mais il n’en fut rien. Elle cligna lentement des yeux et regarda autour d'elle, confuse et désorientée. Sa robe légère était froissée, tachée de poussière et déchirée par endroit. Elle remarqua les coussins douillets pour chats autour d'elle, se demandant comment elle avait atterri dans cet endroit étrange.

Soudain, des chats apparurent dans la pièce, leurs corps émaciés et leurs fourrures en lambeaux. Yemoja sursauta et recula, ses beaux yeux bleus écarquillés de surprise. Elle comprenait maintenant qu'ils étaient des morts-vivants, et quelque chose d'étrange se passait dans cet endroit. Elle essaya de se lever, mais sentit une douleur vive à la tête, se souvenant alors de sa chute dans la pyramide.

Yemoja se leva, chancelante, et se remémora les derniers événements. Elle avait été avec deux autres personnes dans la pyramide quand elle était tombée, mais elle ne se souvenait pas de leur nom ni de leur visage. Pourquoi avait-elle le souvenir d’une chevelure blonde et d’un sourire clownesque ? La poussière et la crasse couvraient les murs en pierre, faisant ressortir les gravures et les hiéroglyphes qui racontaient l'histoire de Semonskhet. L'air était lourd et humide dans la pièce, la poussière flottait dans l'air, ajoutant une sensation étouffante à l'atmosphère déjà oppressante. Des toiles d'araignée s'étendaient dans les coins, ajoutant à l'aspect sinistre de la pyramide.

Les chats momies s'approchèrent d'elle, grognant et montrant leurs crocs jaunes. Yemoja se rappela avoir lu quelque part que les chats étaient vénérés dans la culture ancienne d’Alabasta, mais ceux-ci avaient l'air bien différents des spécimens normaux. Ils étaient maigres, leurs fourrures en lambeaux, leurs yeux exorbités. Elle se demanda si ces chats avaient été sacrifiés et momifiés dans la pyramide à la mort du Roi. La jeune femme observa leurs corps momifiés de plus près, remarquant les cicatrices sur leur peau et leurs griffes acérées. Malgré leur apparence effrayante, elle ne pouvait s'empêcher de trouver une certaine beauté dans leur férocité. C'était comme si ces chats avaient été transformés en gardiens de la pyramide, prêts à protéger son secret à tout prix.

Soudain, un hurlement déchira le silence de la pyramide. Yemoja sursauta et se tourna vers l'endroit d'où venait le bruit. Les chats morts-vivants semblaient effrayés par quelque chose, et se mirent à reculer, révélant une porte secrète cachée dans le mur. Yemoja comprit que c'était le moment de partir d'ici, et elle s'avança vers la porte, prête à affronter les dangers qui l'attendaient de l'autre côté.

Alors que la jeune femme s'approchait de la porte, un petit chaton gris s'approcha d'elle, en miaulant tristement.

« - Oh bah alors ? Qu’est-ce qui t’arrive ? »

Yemoja remarqua que ce chaton avait l'air plus faible que les autres, comme s'il avait été laissé pour compte.

La jeune femme se pencha et tendit la main pour caresser tendrement le chaton. Elle sentit son pelage doux sous ses doigts et elle vit l'expression reconnaissante dans les yeux du félin. Elle comprit alors qu’il avait été abandonné par les autres chats, probablement parce qu'il était plus petit et plus faible qu'eux. Elle se sentit triste pour lui et décida qu'elle ne pouvait pas le laisser ici, seul et vulnérable.

Le prenant dans ses bras, elle le tint contre sa poitrine, le rassurant tandis qu’il miaulait doucement. Elle se tourna ensuite vers la porte secrète se dirigeant vers l'inconnu.

Malheureusement pour elle, Yemoja ne remarqua pas les hiéroglyphes gravés sur la pierre à côté de la porte, qui mettaient en garde contre l’armée de momies sanguinaires qui attendaient patiemment de l’autre côté. Mais qui sait, peut-être que des souvenirs remonteraient à la surface ?

Yemoja avançait dans la pyramide, déterminée à avancer et retrouver les compagnons qu'elle avait perdu. Elle espérait simplement qu'il ne s'agisse pas de l'un des nombreux mirage d'Alabasta. Avaient-ils réellement existé ? Sur son épaule, la chatte momie, renommée Mafdet pour l'occasion, la suivait avec attention, ses yeux vifs surveillant les moindres mouvements autour d'eux et prenant son rôle très à coeur.

Mafdet:

« - C'est bien Mafdet. Continue. »

Soudain, une nouvelle salle s'ouvrit devant eux, laissant un air chaud et sec s'échapper. La salle dans laquelle elles venaient d'arriver était remplie de momies armées de boucliers en or et émeraude étincelant. Les explorateurs qui étaient déjà présents étaient en train de se battre, leurs armes claquants dans l'air alors qu'ils se défendaient désespérément. Le chaos régnait, avec des cris et des bruits métalliques qui résonnaient contre les murs de pierre ancienne. Yemoja prit une grande inspiration et se prépara à se battre, sachant qu'elle n'avait pas le choix. Heureusement pour elle, son père l'avait entrainée depuis qu'elle était en âge de marcher.

Elle plongea dans la mêlée, évitant de justesse une lance qui manqua de la transpercer. Elle frappa avec son sabre glissé dans son dos, décapitant une momie, avant de bondir sur le côté pour esquiver une attaque sur son flanc. Mafdet, revenue sur son épaule, la protégeait comme elle le pouvait en griffant les momies qui s'approchaient trop près. La jeune femme se battait avec détermination et précision, oubliant tout ce qui l'entourait, ne se concentrant que sur sa survie et l'économie de ses forces. Elle ne mourrait pas ici, pas dans cette pyramide poussiéreuse dont elle avait tout oublié.

Soudain, un jeune homme blond s'approcha d'elle. Elle eut des bribes de mémoire, des images floues de lui qui surgissaient dans son esprit. Petit à petit la mémoire lui revint.

« - Jin ! »

Elle sourit furtivement, heureuse de retrouver un camarade et ses souvenirs.

Case n°13 :

Une bataille de nourriture, une explosion, des combats et des cris en tout sens. Olek n'en avait que faire, bien trop occupé à vomir ses tripes au milieu de tout ce chaos. Non pas que le repas était dégueulasse, bien au contraire, mais parce que'il venait tout juste de se rendre compte qu'il bouffait depuis dix bonnes minutes des morceaux d'humain. Son écœurement venait du fait qu'il y avait pris un certain plaisir, qui aurait pu croire que la chair humaine aurait si bon gout ? Ses principes le forçaient à dégobiller là où son estomac lui suppliait de continuer. Il décida de déverser sa haine et sa frustration, aussi certainement qu'il venait de déverser ses tripes, sur les deux momies responsables en se joignant à la mêlée.

Au même instant et entre deux claques tonitruantes, il vit les gars de son groupe profiter de la situation et essayer de prendre de l'avance en traçant vers la prochaine pièce. Une belle bande de fourbes, surtout ce vieillard, l'expérience d'une vie passée à rouler les autres semblait faire ses preuves. Mais étrangement le colosse n'était pas en colère, cette petite aventure l'excitait de plus en plus en plus et il commençait à prendre un réel plaisir à cette chasse cauchemardesque. En véritable pirate, en mauvais perdant et mauvais joueur, il était hors de question qu'il se laisse distancer. Lui qui en général ne refusait jamais un combat, décida de prendre ses jambes à son cou et de laisser les maudits frères cuistots à leurs fourneaux. Contre toute attente, ils le laissèrent passer avec une révérence, heureux et honorés de la quantité de nourriture mangée par le colosse.

Case 15 :

Après d'interminables virages et quelques murs défoncés en guise de raccourcis, il pénétra dans une pièce immense déjà ouverte. À la lumière des torches brillaient des millions de pièces d'or rappelant les dunes en surface, à leurs pieds, des centaines de coffres prêt à exploser, débordant de pierres précieuses et de bijoux à la valeur inestimable. Aux murs, aiguisées et prêtes à l'emploi, des dizaines d'armes de cérémonie à la dorure parfaite laissaient planer sur le groupe leurs ombres menaçantes. Aucun humain ne pouvait rester de marbre devant un tel spectacle, que ses motivations soient l'avarice, la luxure ou simplement une curiosité sans bornes, il était obligé d'accorder à la scène quelques secondes de béatitude.

Ce que firent Olek et tous les autres, avant que ne se dressent devant eux de nouvelles momies, le roi et ses généraux. L'allure princière et martiale de la bande ne présageait rien de bon, Olek remarqua également la qualité de leur momification, bien supérieure à celle de tous les morts-vivants rencontrés précédemment. Il laissa échapper un long sifflement appréciateur avant de faire craquer nuque et phalanges.

- Les gars, je vous laisse ma part du butin si vous me laissez me fritter contre le roi en solo !

Il n'attendit pas de réponse et se jeta en avant, un puissant coup de pied dans une caisse en bois fit voler l'or dans tous les sens. Sans ralentir, il se saisit d'une hallebarde au mur et dans une attaque frontale tenta de découper le roi dans sa longueur. Celui-ci plongea sous la garde d'Olek, lui planta ses griffes dans l'abdomen et s'esquiva hors de portée dans un jeu de jambes parfait. Il ricana en léchant le sang frais qui coulait sur ses paumes avant d'insulter le colosse pataud dans une langue oubliée de tous.

Le pirate reconnut cependant l'intonation offensante du pharaon et redoubla d'efforts pour tenter de le découper, sans grand succès. À bout de souffle, Olek marcha par mégarde sur une des sculptures en porcelaine du défunt roi qui explosa en morceaux. Le maitre des lieux hurla à la mort en pointant d'un doigt bandé les dégâts irrécupérables. De ses yeux, semblables à des larmes, coulèrent deux torrents de sable.

- Oh !

Un sourire mesquin naquit sur les lèvres du pirate et défigura son visage. Faute de pouvoir l'atteindre physiquement, Olek le vicelard, décida de blesser son adversaire sur le plan psychologique. Il cessa de poursuivre le pharaon et commença à détruite avec une maladresse feinte, tout ce qui approchait de près ou de loin à l'image du roi et de son règne passé. Il crut entendre derrière lui, dans les rangs alliés, quelques protestations, mais faire la sourde oreille était une de ses spécialités.

- Oups !

Continua-t-il de dire en écrasant une énième œuvre à l'inestimable valeur.

Yemoja et Jin étaient submergés par l'armée de momies qui les attaquait sans relâche. La jeune femme fendait l'air de son sabre, tranchant les bandelettes des momies d'un coup précis, tandis que Jin se battait dans son dos. La malédiction de Jin les aida à repérer Charlie dans la foule, qui ne semblait pas en meilleure posture.

Les momies étaient implacables, se relevant sans cesse même après avoir été démembrées. Yemoja et Jin savaient qu'ils ne pourraient pas tenir longtemps contre cette armée macabre. Mafdet se battait aux côtés de Yemoja, griffant et mordant les momies avec férocité. Yemoja apprécia ce nouvel allié, même si ses coups portés ne seraient clairement pas décisifs dans la bataille. Peu à peu, le binôme se fraya un chemin à travers les cadavres à bandelettes et parvint à rejoindre Charlie, le groupe était désormais au complet.

La bataille était féroce, avec les momies tentant de les submerger de toutes parts. Yemoja, avec sa détermination et son courage, ne reculait pas. Elle continuait à se battre avec vaillance, faisant pleuvoir les coups de son sabre sur les momies qui l'entouraient.

« - On ne tiendra pas plus longtemps ! Il faut trouver une sortie ! »

C’est finalement, l'aide inattendue de Mafdet qui leur permit de trouver la sortie. Usant de son flaire (ou de sa connaissances des lieux), elle leur désigna en miaulant une porte dérobée.  

Ils parvinrent donc à sortir de cette salle, épuisés mais victorieux. Le petit groupe reprit son souffle, couvert de sueur et de poussière. Yemoja caressa Mafdet, reconnaissant le rôle crucial qu'elle avait joué dans leur évasion. Le chaton momie ronronna en signe d'affection, heureuse d'avoir trouvé un nouveau foye. Yemoja, Jin, Charlie et Mafdet se dirigèrent alors vers l'inconnu, prêts à affronter de nouvelles aventures ensemble, soudés.

Le petit groupe avança prudemment dans la salle suivante, richement décorée. Les murs étaient ornés de hiéroglyphes dorés et les meubles étaient incrustés de pierres précieuses étincelantes. La pièce était immense, avec un plafond voûté qui atteignait presque les cieux, et des colonnes en marbre sculptées qui s'élevaient majestueusement tout autour.

Cependant, la scène qui s'offrait à eux était loin d'être luxueuse. La pièce était en désordre, comme si une explosion avait eu lieu. La nourriture était éparpillée partout, des mets exotiques et savoureux jonchaient le sol et les tables étaient renversées parfois même brisées. L'odeur qui flottait dans l’air était alléchante, un mélange de viandes grillées, de fruits sucrés et d'épices enivrantes.

Yemoja et ses compagnons avancèrent prudemment, se frayant un chemin à travers les débris de nourriture. Ils aperçurent des assiettes brisées, des verres éclatés et des couverts abandonnés, témoignant de la violence qui avait eu lieu dans cette pièce pourtant somptueuse.

« - Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? »

Les couleurs vives des aliments éparpillés contrastaient avec les murs dorés et les tapisseries resplendissantes qui ornaient la salle. Les senteurs exotiques se mélangeaient, créant une symphonie olfactive qui emplissait les narines de Yemoja et de ses amis. La faim commença à les tenailler, mais ils restèrent vigilants, conscients que quelque chose n'allait pas.

Soudain, deux momies apparurent dans la cuisine qui se trouvait au fond de la salle. Elles étaient vêtues de loques sales et dégageaient une aura sinistre. Leur visage était déformé, leurs yeux luisaient d'une lueur rouge, trahissant leur nature maléfique.

Les momies étaient en train de préparer un mystérieux ragout dans un chaudron en fonte, mélangeant des ingrédients étranges et inquiétants. Elles se retournèrent brusquement en entendant l'arrivée du groupe de Yemoja, Jin, Charlie et Mafdet. Leurs yeux rouges fixèrent les intrus d'un regard menaçant.

Les momies s’approchèrent et le petit groupe se prépara à se défendre. Toutefois, ces cadavres embaumés le leur ne firent pas le moindre mal, se contentant de les conduire dans une petite cuisine adjacente. La pièce, beaucoup plus étroite que la précédente, était également jonchée de restes de nourriture et d'ustensiles de cuisine.

Yemoja trouva une épaisse tablette en pierre sur laquelle d’étranges dessins étaient gravés. Alors qu’elle la prit dans ses mains…

« - Panoptès… »

Une vision lui parvint. Elle se vit, elle et son groupe, tenter de fuir pour finir exécutés, leurs têtes roulant sur le sol crasseux.

« - On a un problème… On ne va pas pouvoir s’échapper d’ici vivant. »

La jeune femme regarda de nouveau la tablette entre ses mains et comprit ce que les gravures représentaient.

« - C’est un concours de cuisine ! Pour sortir de cette salle nous devons faire un concours de cuisine contre ces momies ! »

Ces dernières, comme si elles approuvaient les paroles de la jeune femme, retournèrent à leurs fourneaux et tournèrent un sablier ancien dont les grains commencèrent à s’écouler.

« - Il faut faire vite ! Je m’occupe de l’entrée, Jin du plat et Charlie du dessert ça vous va ? »

Ce n’était plus le moment de discuter, il était temps de s’activer. La jeune femme, ayant dû s’occuper de sa sœur handicapée, était familière avec la cuisine. C’est elle qui préparait les repas de sa famille et c’est également elle qui se chargeait d’aller au marché et de sélectionner les produits les plus frais.

Yemoja se tint, droite, devant une petite table de cuisine en bois. Elle était entourée d’ingrédients exotiques. Arborant une expression concentrée, ses mains d’ébènes s’affairaient avec agilité et grâce, maniant les couteaux usés avec précision. Depuis qu’elle était arrivée sur Alabasta, elle avait eu la chance de dîner dans un restaurant proposant des plats de l’époque de Semonskhet. Il s’agissait donc de reproduire ce qu’elle avait déjà gouté. Son dévolu se porta sur des boulettes de poissons épicées. Ayant repéré des poissons argentés nageant dans un bac un peu plus loin, elle s’en empara. Elle le découpa ensuite en petits morceaux et y ajouta des épices parfumées comme le cumin, la coriandre, le curcuma et des oignons finement hachés. Elle gouta rapidement cette mixture et grimaça, il manquait quelque chose… La jeune femme récupéra de l’ail posé un peu plus loin qu’elle écrasa. Voilà qui était mieux !

Yemoja mélangea donc ces ingrédients et pétrit cette bouillie de ses mains expertes. Elle ne craignait pas de se salir les mains : leur survie en dépendait. Une fois la texture devenue homogène, elle forma des petites boulettes et les déposa sur une grille métallique.

Mafdet n’ayant de cesse de miauler à ses côtés, la jeune femme lui donna l’une des boulettes sur laquelle le petit fauve se jeta en ronronnant.

« - J’ai bientôt terminé, où vous en êtes de votre côté ? »

Yemoja tenta bien de regarder par-dessus son épaule pour évaluer la progression de ses amis, en vain. Le four en pierre étant déjà allumé, la jeune femme y glissa la grille en ajoutant ce qui devait être de l’huile d’olive sur ces boulettes.

« - J’espère qu’elles aiment le poisson… »

Les battements de son cœur s’accélèrent, peut-être qu’elle aurait dû choisir une autre recette ? Et si jamais son plat n’était pas bon ? Yemoja calma sa respiration, l’heure n’était plus aux doutes… mais à la cuisson ! La jeune femme regarda avec appréhension le sablier et souffla : il leur restait encore du temps.

« - Je ne vais pas rester là à attendre sans rien faire. »

Pendant que les boulettes prenaient une belle teinte dorée, Yemoja se lança dans la préparation d’une sauce à base de crème, de menthe fraîche et de concombre râpé. Elle mélangea les ingrédients avec attention, ajoutant une poignée de sel et de poivre pour parfaire les saveurs.
Une fois les boulettes de poisson cuites à point, Yemoja les disposa avec soin sur une assiette, les nappant de sa sauce rafraîchissante au yaourt. Elle ajouta une touche finale en saupoudrant de la coriandre fraîche ciselée par-dessus pour apporter une touche de couleur et de fraîcheur.
Le résultat était magnifique : de délicieuses boulettes de poisson épicées, dorées à l'extérieur et tendres à l'intérieur, accompagnées d'une sauce au yaourt rafraîchissante. Yemoja sourit avec satisfaction, fière de sa création culinaire.

« - Espérons que les momies ne soient pas végétariennes… »

Tandis qu'Olek se faisait lacérer gentiment les côtes par les ongles poussiéreux du roi momie, la salle se transformait en véritable champ de bataille. Là où certains se jetaient sur le trésor, d'autres faisaient face aux généraux, avec plus ou moins de courage. Les cris se mêlaient aux fracas des armes et malgré le chaos omniprésent, le pirate décerna une entraide timide et naissante entre les membres de son petit groupe. Ecoaurant, fut sa première réaction, puis reconnaissant lorsqu'un bouclier lancé à grande vitesse vint décapiter le roi momie qui venait de le coincer entre deux collines de pièces d'or.

Le colosse chercha du regard la personne responsable de ce coup de main inespéré et ne fut pas si surpris que ça de voir le jeune cinglé aux cheveux bleutés. Celui-ci lui fit de grands mouvements de bras qu'Olek répondit par un sourire et un hochement de tête obligé avant de revenir à sa momie. Elle dandinait, de droite et de gauche, accroupie et les bras tendus à la recherche de sa tête, malheureusement pour elle, Olek fut plus rapide. Il l'attrapa d'une main, la calla au creux de son coude contre les côtes et partit en sprint dans la direction opposée. Le pirate sentit son corps vibrer alors que la bouche emmaillotée du roi hurlait par delà son aisselle :

- RÉCUPÉREZ MA TEEEEEEEEEEEEEEEEETE ! ATTRAPEZ-LEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !

Comme un seul homme, ses généraux arrêtèrent instantanément leurs combats avec les aventuriers et se mirent à pourchasser le colosse. Virage à droite, esquive rotative, saut périlleux, rien n'y fit, il fut très vite acculé de part et d'autre dans un coin de la pièce. Misant le tout pour le tout, il percuta à pleine vitesse le mur en face de lui, mais sans oublier de jeter la maudite tête dans les airs, qui fut réceptionnée in-extremis par le vieux roublard aux champignons. La moitié des momies, dont le roi, percutèrent le pirate et s'effondrèrent avec lui dans un nuage de poussière et de débris, tandis que les plus habiles des soldats, dans un dérapage contrôlé, repartirent dans le sens inverse et droit sur le chasseur de prime.

La légende raconte que l'ancêtre du célèbre sport de ballon "rubgy" naquit ce jour là.